1 Sur ce point voir notamment M. Fumaroli, La Diplomatie de l’esprit. De Montaigne à La Fontaine, Paris, Hermann, 1994, et R. Zuber, Les Belles infidèles, Paris, A. Colin, 1968.
2 Ce processus est notamment à l’œuvre dans l’Académie d’art poëtique de P. de Deimier, paru en 1609, et bien-sûr dans la réforme de la langue poétique proposée dans le commentaire de Desportes par Malherbe et pratiquée par l’activité critique des académies et des cercles de lecture. Sur cet aspect bien connu de l’histoire littéraire du siècle classique, voir la synthèse de F. Duval, A. Rey et G. Siouffi : Mille Ans de langue française. Histoire d’une passion, Paris, Le Grand livre du mois, 2007, p. 608-614.
3 Sur ce point voir C. Esmein, L’Essor du roman. Discours théorique et constitution d’un genre littéraire au XVIIe siècle, Paris, H. Champion, 2008. Sur la réception du style orné des romanciers comme contre-modèle rhétorique, voir, du même auteur, « “Parler roman”. Imaginaire de la langue et traits de style romanesques au XVIIe siècle », RHLF CIX, 2009, 85-99.
4 J.-L. G. de Balzac, « Lettre de M. de Balzac ecrite à une Dame de qualité ». Cette lettre est insérée dans le paratexte du roman qu’elle commente : F. Le Métel de Boisrobert, Histoire indienne d’Anaxandre et d’Orasie, Paris, Paris, F. Pomeray, 1629. Une version sensiblement différente en a également été publiée dans les œuvres complètes de G. de Balzac par V. Conrart : Paris, Louis Billaine, t. 1., Livre Septième, lettre VII, 1665, p. 275-276. C. Esmein commente cette lettre dans L’Essor du roman, op. cit., p. 77.
5 Id.
6 Voir à ce sujet C. Esmein, L’Essor du Roman, op. cit. Sur les multiples procédés d’hybridation générique qui caractérisent la poétique et la rhétorique du roman baroque, voir M.-G. Lallemand, Les Longs Romans du XVIIe siècle, Paris, Garnier, 2013.
7 Nous avons choisi, dans le cadre de cette brève étude, un corpus restreint afin de pouvoir cerner précisément le contexte poétique et rhétorique. Le processus d’hybridation poétique du genre romanesque s’inscrit cependant dans une durée beaucoup plus longue, comme le montre l’existence dès le XVIe siècle de romans sentimentaux revendiquant une prose poëtique. Voir à ce sujet J. Lecointe : « Naissance d’une prose inspirée : “Prose poétique” et néoplatonisme au XVIe siècle en France », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, n° 51, 1989/1, p. 13-57.
8 Nous reprenons la célèbre formule de Ronsard dans la préface de 1550 aux quatre livres des odes : « Style à part, sens à part, œuvre à part », Les quatre premiers livres des Odes. Le cinquiesme livre des Odes, éd. Paul Laumonnier, Paris, Société des Textes Français Modernes, 2001, p. 45.
9 Voir à ce sujet J.-Ch. Monferran, L’École des Muses : les arts poétiques français à la Renaissance (1548-1610). Sébillet, Du Bellay, Peletier et les autres, Genève, Droz, 2011.
10 Sur la construction théorique de l’ethos du poète inspiré à la Renaissance, voir J. Lecointe, L’Idéal et la différence. La perception de la personnalité littéraire à la Renaissance, Genève, Droz, 1991, T. Chevrolet, L’Idée de fable. Théorie de la fiction poétique à la Renaissance, Genève, Droz, 2007 et P. Galand-Hallyn et F. Hallyn (dir.), Poétiques de la Renaissance. Le modèle italien, le monde franco-bourguignon et leur héritage en France au XVIe siècle, Genève, Droz, 2001.
11 P. de Ronsard, « Préface sur la Franciade », (1587), Œuvres complètes, éd. J. Céard, D. Ménager, M. Simonin, Paris, Gallimard, t. 1, p. 1161-1162.
12 Sur cet aspect de la poétique de Ronsard, qui, selon T. Chevrolet, s’inscrit dans l’héritage théorique de Scaliger, voir L’Idée de fable, op. cit., p. 520.
13 Cette condamnation de la fiction est ancienne, mais elle est particulièrement vivace en France à compter des années 1570. Voir à ce sujet M. Fumaroli : L’Âge de l’éloquence. Rhétorique et « Res litteraria » de la Renaissance au seuil de l’époque classique, Genève, Droz, 2002.
14 G. Du Bartas, « Brief advertissement de G. de Saluste, Seigneur Du Bartas, sur quelques points de la Premiere et Seconde Semaine » [1584], cité dans l’édition moderne de La Sepmaine, éd. Y. Bellenger, Paris, Société des Textes Français Modernes, 1993, p. 353. Sur le style de Du Bartas, voir l’introduction d’Y. Bellenger : éd. cit., p. XXIII-XXXVII.
15 Sur cette mode éditoriale des « marguerites » ou « fleurs du bien-dire », petits livres destinés au public de la Cour et de la bourgeoisie qui compilaient de courtes pièces en prose, voir M. Magendie, La Politesse mondaine et les théories de l’honnêteté, en France, au XVIIe, de 1600 à 1660, t. 1, Genève, Slatkine, 1979 et la brève mais précieuse analyse de M. Fumaroli, L’Âge de l’éloquence, op. cit., p. 266. Nous nous permettons de renvoyer également à notre étude sur l’évolution de ce genre éditorial au XVIIe siècle : « De la marguerite aux pièces agréables : les choix de belles proses à l’âge baroque », dans C. Bonhert et F. Gevrey (dir.), L’Anthologie. Histoire et enjeux d’une forme éditoriale du Moyen Âge au XXIe siècle, Reims, Éditions et presses universitaires de Reims, 2014, p. 249-268.
16 H. Estienne, « Remonstrance aux autres courtisans, amateurs du François italianizé et autrement deguizé », Deux dialogues du nouveau langage françois italianizé et autrement desguizé, principalement entre les courtisans de ce temps, Anvers, G. Niergue, 1579, n. p.
17 Ibid., v. 1-8.
18 « Ego autem etiamsi quorumdam grandis, exornata vox est Poëtarum. Tamen in ea cum licentiam statuo majorem esse, quam in nobis faciendorum, jugendorumque verborum, Tum etiam nonnullorum voluptati vocibus magis quam rebus inserviunt. Nec vero si quid est unum intereos simile, id autem est judicium, electioque verborum, propterea caeterarum dissimilitudo intelligi non potest » (nous traduisons) : N. Caussin, Eloquentiae sacrae et humanae parallela libri XVI, Auctore P. Nicolao Caussino, Paris, S. Chappelet, 1619, livre I, chap. 8, p. 65.
19 Ce programme est inscrit sur la page de titre du Berger extravagant : Paris, T. du Bray, 1627.
20 Ch. Sorel, « Préface », op. cit., n. p.
21 Ch. Sorel, « Remarques sur le Ier livre du berger extravagant », Le Berger extravagant. Troisième partie, [1628], Rouen, J. Osmond, 1646 p. 29.
22 Ch. Sorel, « Remarques sur le IIe livre du Berger extravagant », op. cit., p. 45.
23 Sur ce point, voir l’ancienne étude de F. Brunot, La Doctrine de Malherbe. D’après son commentaire sur Desportes [1891] Paris, A. Colin, 1969. Sur la sévérité des critiques à l’égard de la métaphore, voir J. Rousset : « La querelle de la métaphore », L’Intérieur et l’extérieur. Essais sur la poésie et le théâtre au XVIIe siècle, Paris, José Corti, 1968, p. 57-72. Pour une lecture sociopolitique de cet épisode de l’histoire littéraire, voir l’analyse d’H. Merlin : La Langue est-elle fasciste ? Langue, pouvoir, enseignement, Paris, Éditions du Seuil, 2003, p. 124-125.
24 On citera à titre d’exemple le dictionnaire d’épithètes de M. de La Porte : Les Épithètes, Paris, G. Buon, 1571, et le recueil de l’universitaire J. Buchler, destiné à un public d’enseignant : Thesaurus phrasiarum poeticarum, J. Jansonnius, Amsterdam, 1636. Sur la pratique scolaire des recueils de lieux communs, qui invite les collégiens à distinguer les phrases de la prose et celles de la poésie, voir A. Moss : Les Recueils de lieux communs. Apprendre à penser à la Renaissance, Genève, Droz, 2002, p. 367.
25 Voir M. Riffaterre : « Fonctions du cliché dans la prose littéraire », Paris, CAIEF, 1964, n° 16, p. 81-95. Article repris dans Essais de stylistique structurale, Paris, Flammarion, 1971, p. 161-181. La thèse d’A.-M. Perrin-Naffakh adopte une analyse comparable, en opposant fortement l’usage rhétorique des clichés dans la littérature d’Ancien-Régime aux utilisations moins conventionnelles qui en sont faites à partir de l’époque romantique : Le Cliché de style en français moderne. Nature linguistique et rhétorique, fonction littéraire, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 1985.
26 Sur la notion d’amplification au XVIIe siècle, qui dans la plupart de ses emplois ne correspond pas à une dilatation quantitative de l’énoncé mais à l’intensification de ses arguments structurants par l’usage des lieux communs, des figures de pensée et de mots, voir l’étude de S. Macé : « L’amplification, ou l’âme de la rhétorique », dans Exercices de rhétorique, 4/2014 : revue disponible en ligne.
27 Pour une approche contextuelle de l’énoncé figurale comme saillance discursive, voir M. Bonhomme, Pragmatique des figures du discours, Paris, Champion, 2005.
28 Nous utilisons ici le terme de topos au sens que lui donne E. R. Curtius de thème traditionnel d’une culture littéraire donnée : La Littérature et le Moyen-Âge latin, Paris, PUF, 1956, t. 1, p. 149-186.
29 A. Rémy, L’Angélique, Paris, Antoine de Sommaville, 1626, p. 143-144. Nous soulignons.
30 Sur la codification du locus amoenus par la tradition rhétorique de l’éloge épidictique, voir E. R. Curtius, La Littérature et le Moyen-Âge latin, op. cit., t. 1, p. 301-327. Sur la circulation des topoï épidictiques dans la littérature poétique, voir A. Kibédy Varga : Rhétorique et littérature. Études de structures classiques, Paris, Didier, 1970.
31 P. de Caseneuve, La Caritée ou la Cyprienne amoureuse, Toulouse, D. et P. du Bosc, 1621, p. 9.
32 Sur la notion de merveille dans les poétiques maniéristes italiennes de la fin du XVIe siècle, voir T. Chevrolet, L’Idée de fable, op. cit.
33 P. de Caseneuve, La Carithée, op. cit., p. 247.