Interprétation et traduction en roumain de la phrase On achève bien… : perspective linguistique et didactique
p. 129-144
Texte intégral
Introduction
1La phrase On achève bien… est utilisée en langue française suite à l’énoncé On achève bien les chevaux, la version française du titre du roman noir They Shoot Horses, Don’t They ? d’Horace McCoy, paru en 1935. La traduction en français, due à Marcel Duhamel, a été publiée en 1999 chez les éditeurs Gallimard et Folio. La version roumaine, Şi caii se împuşcă, nu-i aşa ?, est parue en 2012 aux éditions Humanitas, sous la plume de Dan Croitoru.
2Le roman, rédigé après la crise de 1929, présente un fragment de la vie d’un couple désemparé qui décide de s’inscrire à un marathon de danse dans l’espoir de gagner la récompense. Le roman focalise sur l’épuisement physique et moral des candidats qui devaient danser durant six jours, avec seulement dix minutes de pause toutes les heures. Le titre crée une analogie avec les chevaux atteints physiquement qu’il faut abattre pour abréger leurs souffrances. L’intrigue dénonce, d’une part, le rêve américain, symptôme de la dépression économique dans laquelle était plongée l’Amérique des années 1930, et d’autre part, la crise morale d’un pays en proie aux contestations et remises en cause.
3La présente étude s’inscrit dans la lignée des travaux d’Antoine Culioli (1990 : 136-139) consacrés à l’analyse de l’adverbe bien dans l’énoncé On achève bien les chevaux. L’étude fait porter la réflexion sur l’interprétation et la traduction en roumain d’occurrences dérivées de la phrase On achève bien…, exploitée dans des contextes discursifs divers, allant de la littérature jusqu’à la presse d’information générale et spécialisée, touchant aux chroniques (littéraires, cinématographiques, théâtrales) et aux points de vue des journalistes sur des aspects divers liés aux principaux domaines de la vie : société, politique, éducation, culture, technique, environnement, sport et santé.
4Le cadre théorique et méthodologique est emprunté à la linguistique de l’énonciation relative à l’interprétation des valeurs référentielles des énoncés, par des calculs faits sur le sens des énoncés, et au jugement d’équivalences, par la mise en équivalence des contenus source et cible, lors des reformulations en roumain des énoncés sélectionnés. Le corpus est constitué de 40 énoncés-titres, classés par domaine, cités en Annexe, à la fin de l’article.
5L’article est structuré en trois parties. La première partie décrit un mode de raisonnement interprétatif possible sur des occurrences dérivées de la phrase On achève bien…, à partir des exemples du corpus. La deuxième partie engage la réflexion sur la mise en équivalence des énoncés-titres source et cible considérés, alors que la troisième partie fournit une perspective didactique sur l’interprétation et la traduction en roumain d’énoncés comportant la structure on achève bien.
1. On achève bien… : calculs interprétatifs
1.1. Cadre théorique et méthodologique
6Dans ce qui suit, nous proposons une lecture énonciative d’occurrences dérivées de la phrase On achève bien…, qui feront l’objet de calculs interprétatifs et d’équivalences contextuelles en langue roumaine. La perspective énonciative repose sur l’interprétation de faits de langue jugés comme étant problématiques pour le domaine français-roumain, assimilant les « points de vue énonciatifs sur la traduction » (Pop, 2012 : 35) énoncés par des linguistes français (Culioli, 1987 : 4-10) et roumains (Cristea, Cuniță, 1983 ; Cristea, 2000).
7Le syntagme « calcul interprétatif » est emprunté à Antoine Culioli (1985, 1990, 1999). Le linguiste a utilisé ce concept dans ses travaux fondés sur la théorie des opérations énonciatives (TOE), centrée sur le repérage énonciatif. Cette théorie a été à l’origine du « système de représentation métalinguistique », de réflexion sur la langue, conçu par lui pour se représenter les phénomènes linguistiques (Culioli, 1985 : 5 et sv., 1990 : 21 et sv.). Dans nos recherches (Pop, 2012 : 37), nous avons considéré que la théorie du repérage pouvait fonder un « modèle du repérage » servant à la construction du sens, dans une perspective « constructiviste » (Franckel, 1998), liée à la reconstruction des valeurs référentielles des énoncés par un sujet interprétant et/ou traduisant.
8Le calcul interprétatif permet d’« établir des relations entre des termes » de manière à engendrer un « produit » jugé en termes d’« acceptabilité » et validé par des « procédures réglées », telles que les calculs interprétatifs, les gloses ou les paraphrases (Culioli, 1985 : 15).
9Les linguistes de l’énonciation sont unanimes à reconnaître que les énoncés ne sont pas isolés, mais situés dans un espace énonciatif « muni d’un système de coordonnées subjectives et spatio-temporelles, pris dans un champ inter-sujet » (Culioli, 1990 : 116). Énoncer signifie « construire un espace, orienter, déterminer, établir un réseau de valeurs référentielles, bref, construire un système de repérage » (Culioli, 1999 : 44).
10Les énoncés comportent des déterminations à deux niveaux : prédicatif (construction d’une relation prédicative) et énonciatif (mise en relation d’une relation prédicative avec un sujet et un temps-lieu de l’énonciation) (Robert, 1997 : 35). Le travail sur les formes contribue à la construction des valeurs d’un énoncé : « … dans l’activité de langage, les unités n’apparaissent jamais seules, elles sont toujours prises dans un énoncé. Or l’énoncé est le lieu d’une construction du sens selon un processus dynamique. La mise en énoncé produit alors un travail sur les unités » (Robert, 1997 : 30).
11La notion d’« équivalence » est utilisée avec la signification d’« équivalence sémantique » par les linguistiques de l’énonciation qui associent l’équivalence au concept de « paraphrase » : « Qui dit paraphrase dit « équivalence » (et non pas pure et simple identité), c’est-à-dire conservation d’un invariant, modulo certaines modifications sémantiques, corrélatives de changements formels » (Fuchs, 1982 : 53).
12La définition de la paraphrase (intralinguale) comme « relation d’équivalence sémantique », fondée sur l’existence d’un « noyau sémantique commun sur lequel se greffent des différences sémantiques secondaires » (Fuchs, idem) peut être appliquée également lors de la traduction (interlinguale). Cette signification est retenue également par les études traductologiques d’orientation linguistique, voire par des recherches de date récente (Cartagena, 2016 : 132) : « Ce qu’on appelle “équivalence sémantique” renvoie (selon le cas) à l’équivalence pragmatique, l’équivalence contextuelle ou l’équivalence traductologique ».
13Nous utiliserons la méthode du « calcul interprétatif » afin d’analyser la phrase On achève bien… dans différents contextes, en faisant appel aux acquis de la linguistique énonciative relatifs à la détermination des unités linguistiques et aux procédures de validation des valeurs référentielles des énoncés. Nous ferons appel au principe de l’« équivalence » afin de réfléchir sur l’acceptabilité des choix traductifs lors de la reformulation des énoncés.
14En travaillant au niveau prédicatif et énonciatif, nous proposerons un parcours interprétatif et traductif sur des occurrences contextuelles dérivées de la phrase On achève bien… afin de valider les calculs interprétatifs et les procédures de mise en équivalence des contenus source et cible considérés.
1.2. Analyse de la configuration « on achève bien »
15Les exemples du corpus renferment la configuration on achève bien, suivie d’un complément d’objet direct doté du trait [+ animé] ou [- animé].
16Les compléments d’objet direct dotés du trait [+ animé] réfèrent à des sujets faisant partie de la catégorie des humains : sujets individuels (E21) On achève bien Claude Poirier, ou sujets collectifs représentant des catégories socio-professionnelles (On achève bien les écoliers / les inspecteurs du travail / les disc-jockeys / les chômeurs / les mineurs / les banquiers / les journalistes / les médecins / les profs / les boxeurs).
17D’autres énoncés renvoient à des sujets qui impliquent une évaluation « au niveau d’un groupe social assimilable à un sujet énonciateur collectif », appelés « subjectivèmes socialisés » ou « institutionnalisés » (Cristea, Cuniţă, 1983 : 102), qui sont perçus positivement ou négativement en fonction de la place qu’ils occupent dans le « système des représentations collectives » (Kerbrat-Orecchioni, 1980 : 77) : (E39) On achève bien les héros, (E40) On achève bien les vieux. Dans d’autres exemples, les compléments d’objets animés réfèrent à des animaux en danger qu’il faut protéger : (E32-E36) On achève bien les poissons / les bélugas / les pingouins / les macaques.
18Les compléments d’objet direct dotés du trait [-animé] réfèrent à des objets sur lesquels l’énonciateur focalise afin d’attirer l’attention, de sensibiliser l’opinion ou de faire réagir : On achève bien les livres / les journaux / l’argent des contribuables / les cabines téléphoniques / les hippodromes / le club équestre / les écoles publiques / les symboles (les statues, en l’occurrence) / les avions / les Moto2 / les rivières / les cèdres. Dans ces énoncés, l’article défini, qui est la trace formelle d’une opération de fléchage, renvoie soit à un générique (les livres / les journaux / les avions…), soit à un spécifique (les Moto2 / le club équestre).
19Dans l’énoncé (E26) On achève bien le club équestre, l’article défini le permet l’identification du référent (« le club équestre de Strasbourg ») uniquement suite à la lecture du texte :
En phase de liquidation judiciaire, le club équestre de Strasbourg cessera ses activités mercredi prochain. La seule monitrice en activité fait l’objet d’un licenciement économique. Et une vingtaine de chevaux et poneys auront besoin de nouveaux abris.
20Dans d’autres cas, le déterminant marque la différence entre des énoncés presque identiques : On achève bien nos vieux (E4) et On achève bien les vieux ! (E40). Le premier énoncé est le titre d’un livre témoignage d’un infirmier qui nous fait partager l’horreur, les souffrances et les émotions des habitants d’une maison de retraite banale. L’adjectif possessif nos est une marque de l’adhésion par laquelle le locuteur renvoie à l’opinion commune (« nous inclusif ») (Cristea, Cuniță, 1983 : 25). L’énoncé (E40) On achève bien les vieux ! est le titre d’un article illustrant le point de vue de l’auteur sur l’excès de médicaments que les médecins prescrivent aux personnes âgées. Dans ce cas, l’article défini les imprime à l’énoncé une valeur générique (« les vieux, en général »).
21Dans certains énoncés (E16, E27, E30, E31, E32, E36, E38), les indicateurs spatiaux (en Espagne, à l’école, à l’aéroport, chez Red Blue Motorbikes, à Hollywood, à Chaouen, à Sainte-Livrade) servent à localiser, à situer les énoncés, à spécifier l’espace de déroulement des faits, comme dans l’exemple (E16) En Espagne, on achève bien les chômeurs.
1.3. « On achève bien… » : parcours interprétatif
22L’interprétation d’un énoncé comportant la configuration on achève bien est liée à la signification associée à l’adverbe bien, variable suivant les contextes.
23L’interprétation de l’adverbe bien est – remarque Culioli (1990 : 157) – une « opération complexe par laquelle (a) on construit un domaine notionnel (intérieur centré, frontière, extérieur), (b) on situe un terme (une occurrence) par rapport à un autre terme (une autre occurrence) dans un domaine. Selon le terme en cause, on sera amené à travailler sur une propriété, sur une suite discursive ou sur une relation prédicative ».
24Dans les contextes où l’adverbe bien est incident d’une relation prédicative, bien peut porter soit sur un prédicat modalisant (Je vois bien qu’il pleut « Cela ne vaut pas la peine de me le rappeler »), jouant le rôle d’« adverbe de prédicat modalisant » (Martin, 1990 : 87), soit sur la phrase entière, fonctionnant comme adverbe de phrase (Il a bien raté son examen « Il a effectivement raté son examen »). Dans ces emplois « épistémiques » (Pop, 2012 : 164), l’adverbe bien fonctionne « comme un élément qui permet d’accentuer le sémantisme du verbe dans le sens d’un accomplissement sûr » (Cristea, 1977 : 369).
25Les analyses effectuées par les linguistes ont mis en évidence le comportement linguistique de l’adverbe bien et les effets de sens correspondants. Il convient de rappeler les études de Culioli dans la perspective de sa théorie du repérage énonciatif (1990), les travaux de Martin (1990) relatifs à l’examen de l’adverbe bien en combinaison avec des verbes de modalité et l’ouvrage de Péroz (1992) visant la « systématique des valeurs de bien en français contemporain », nos propres analyses sur l’interprétation et la traduction en roumain d’énoncés extraits de chroniques de presse comportant l’adverbe bien de sens épistémique, dans des configurations diverses (Pop, 2004 : 734-747 ; Pop, 2012 : 164-193).
26Dans des contextes où l’adverbe bien se combine avec des formes verbales au présent, on peut lui assigner trois interprétations fondamentales (Pop, 2012 : 177) : bien inférentiel de type consécutif, bien inférentiel de type concessif et bien confirmatif.
a) Bien inférentiel de type consécutif : puisque e1 pourquoi pas e2 ou bien p, donc q
27Nous mentionnons les exemples de Culioli (1990 : 136-139) et les paraphrases correspondantes : On achève bien les chevaux (« Puisqu’on achève les chevaux, alors pourquoi pas les humains ? ») et Tu lis bien des romans policiers, toi ! (« Puisque tu lis des romans policiers, pourquoi n’aurais-je pas le droit d’en écrire ? », etc.). Martin (1990 : 86) illustre cette valeur par l’énoncé Tu vas bien au cinéma, pour lequel il construit le schéma bien p, donc q. Dans ce cas, « les conséquences sont d’ordre déontique » (Martin, idem) : « J’ai donc le droit d’y aller aussi / J’ai donc le droit de regarder un peu la télé / Tu as l’obligation d’admettre que… ».
b) Bien inférentiel de type concessif : bien p, mais q
28Dans d’autres contextes, l’adverbe bien imprime à l’énoncé un effet de sens concessif, comme dans l’exemple examiné par Martin (1990 : 86) : Nous avons bien de quoi vivre (« Mais enfin ce n’est pas une raison de ne pas travailler »). Dans cet exemple, bien p – remarque Martin (idem) – constitue une assertion vérifiée, admise par le locuteur (« J’admets évidemment que p ») sans tirer de p la conséquence q (« Mais il n’y a pas lieu d’en tirer la conséquence q »).
c) Bien confirmatif : e1 → e2
29Nous renvoyons aux énoncés Il y a bien Jacques et C’est bien le train pour Londres ?, cités par Culioli (1990 : 144), où bien admet la glose « effectivement » et réalise la valeur de confirmation. Martin (1990 : 85) considère que bien (de « confirmation ») marque « le passage d’une proposition hypothétique à une proposition pleinement vraie ». Dans l’exemple mentionné par Martin (1990 : 85), J’ai bien reçu votre lettre du…, le sujet confirme un état de choses – la réception d’une lettre postée à une date inconnue – (« Je vous confirme que votre lettre du… m’est effectivement parvenue »).
30Les modèles d’interprétation conçus par les linguistes peuvent servir d’appui pour l’analyse d’énoncés comportant la configuration on achève bien.
31Considérons le premier exemple du corpus (E1) On achève bien les chevaux que nous proposons d’analyser selon le modèle culiolien (cf. Culioli, 1990 : 139) :
à partir de e1, on construit un énoncé e2 (énoncé voisin dérivé, explicite ou non) ;
on obtiendra une classe d’énoncés de formes équivalentes ;
on parcourt la classe des occurrences possibles et on sélectionne une seconde occurrence e2, qui est posée comme appartenant au voisinage de e1.
32La suite On achève bien les chevaux correspond à une interprétation de type consécutif (puisque e1 pourquoi pas e2) et aux paraphrases intralinguales suivantes :
(P1) | « On achève bien les chevaux, alors pourquoi pas les humains ? » |
(P2) | « Puisqu’on achève les chevaux, pourquoi n’achèverait-on pas les humains ? » |
33Les énoncés du corpus, cités de (E2) à (E40), sont considérés comme des énoncés dérivés, voisins de (E1), et correspondent aux paraphrases intralinguales suivantes :
(P1) | « On achève bien les chevaux, alors pourquoi pas les chômeurs / les écoliers / les inspecteurs du travail / les médecins…? » |
(P2) | « Puisqu’on achève les chevaux, pourquoi n’achèverait-on pas les chômeurs / les écoliers / les inspecteurs du travail / les médecins…? ». |
34Les paraphrases intralinguales formulées à partir de l’énoncé de base On achève bien les chevaux permettent de postuler des équivalences de traduction pour les énoncés dérivés.
2. On achève bien… : équivalences contextuelles en roumain
35Les calculs interprétatifs faits sur l’énoncé de base On achève bien les chevaux servent à l’établissement d’une relation d’équivalence entre les énoncés source et cible.
36En ce qui concerne le jugement d’équivalence, le roumain exploite la signification originale du titre original (They Shoot Horses, Don’t They ? / Și caii se împușcă, nu-i așa ?). L’allusion au titre américain est gardée dans tous les exemples identifiés lors d’une étude sur l’exploitation de l’expression en langue roumaine.
37Exemples :
Și senatorii se împușcă, nu-i așa ? [On achève bien les sénateurs] (Evenimentul zilei, 24 septembre 2014) Caii se împușcă, iar mașinile se schimbă… nu-i așa ? [On achève bien les voitures] (Motorsport, 19 août 2010)
38En ce qui concerne les exemples cités sous E1 et E’1, la relation de reformulation (paraphrase) interlinguale s’instaure et fonctionne entre les sémantismes associés aux énoncés français et roumains, d’une part, et roumains et anglais, d’autre part, étant basée sur la « parenté sémantique intrinsèque entre ces énoncés » (Fuchs, 1994 : 82).
39Dans ce cas, l’adéquation sémantique doit être doublée par une adéquation des contenus culturels des énoncés de base (E1 et E’1), qui fonctionnent comme des unités culturellement marquées, porteuses d’informations culturelles (Martinet, 1991).
40À partir des calculs interprétatifs, on peut proposer le parcours traductif suivant, qui peut être appliqué lors de la traduction d’énoncés renfermant la configuration on achève bien :
41a) mise en équivalence des énoncés de base, français et roumain (E1 et E’1) : (E1) On achève bien les chevaux = (E’1) Și caii se împușcă, nu-i așa ?
42b) restitution du contenu culturel des énoncés dérivés :
43b1) explicitation de l’allusion culturelle, dans la première partie de l’énoncé cible, et de l’énoncé dérivé, dans la deuxième partie :
(P’1) | Și caii se împușcă, de ce nu ar fi împușcați și școlarii / inspectorii de protecția muncii / medicii…? |
(P’2) | Și caii se împușcă, de ce nu și școlarii / inspectorii de protecția muncii / medicii…? |
44b2) restitution du contenu culturel implicite et recréation de l’énoncé cible :
45(P’3) Și școlarii / inspectorii de protecția muncii / medicii… se împușcă, nu-i așa ?
46[On achève bien les écoliers / les inspecteurs du travail / les médecins…]
47Les deux premières paraphrases interlinguales (P’1 et P’2) permettent d’expliciter l’allusion culturelle par la restitution de l’énoncé de base et peuvent être utilisées lorsque le sujet traduisant présuppose inconnu le fait culturel chez le destinataire de la traduction. La paraphrase citée sous (P’3) est plus implicite et rend compte de la fonction du titre à l’intérieur du texte (Pop, 2013 : 187), allusive, dans ce cas (susciter l’intérêt par l’allusion à un fait culturel connu par le grand public) :
Il est évident que le message des titres allusifs est étroitement lié à la culture dans laquelle il est enraciné ; voilà la raison pour laquelle les titres dits allusifs mobilisent une grande quantité de faits culturels. La signification du message doit passer par un contexte socioculturel que le lecteur est présupposé connaître. (Pop, 2013 : 136)
48L’énoncé (E13) « On achève bien les chevaux » au Public a un contenu elliptique et met à la fois en jeu les compétences extralinguistiques du sujet interprétant : le substantif Public, avec majuscule, réfère au Théâtre Public français ayant mis en scène une adaptation du roman dont le titre est d’ailleurs mis entre guillemets, marques de la citation, dans ce cas. La traduction de l’allusion s’accompagne de l’explicitation du localisateur au Public (« première au Théâtre Public de France »), qui fonctionne également comme référence culturelle, afin de rendre compréhensible l’énoncé pour les lecteurs roumains :
(E13) « On achève bien les chevaux » au Public
(E’13)„ Și caii se împușcă, nu-i așa ?”, premieră la Teatrul de Stat din Franța
[ « On achève bien les chevaux », première au Théâtre Public de France]
49Dans l’énoncé cité sous (E32), À Hollywood, on achève bien les chevaux, l’allusion coïncide avec la réalité qui fait l’objet du commentaire : la maltraitance envers les animaux lors des tournages des films à Hollywood. La traduction de l’énoncé (E’32) repose sur la restitution de l’allusion culturelle contenue dans l’énoncé de base (E’1) :
(E32) À Hollywood, on achève bien les chevaux (E’32) Și caii se împușcă la Hollywood, nu-i așa ?
[On achève bien les chevaux à Hollywood]
3. On achève bien… : perspective didactique
50Le raisonnement interprétatif décrit peut être appliqué en didactique de la traduction lors de l’interprétation et la traduction d’énoncés contenant des allusions culturelles qui intègrent la problématique de la traduction d’unités porteuses d’informations culturelles.
51Les allusions culturelles sont généralement difficiles à identifier et à interpréter et, par conséquent, à traduire, notamment par des étudiants débutants dans la pratique de la traduction :
Les allusions culturelles réfèrent à des faits de culture et de civilisation, présupposés être connus par le public, que l’auteur d’origine « déforme » pour répondre à son intention signifiante. Les allusions sont intégrées dans le « dire » d’origine et font partie d’un contrat de lecture conclu entre l’auteur d’origine et ses lecteurs. Les allusions sont difficilement repérables et, par cela, difficiles à restituer lors de la traduction. (Pop, 2013 : 166)
52Dans certains textes du corpus, l’allusion culturelle est posée explicitement. Les textes fournissent des indices servant à guider les sujets interprétants dans le travail de décodage de l’allusion, comme c’est le cas de l’exemple (E16) En Espagne, on achève bien les chômeurs. Le texte renferme une photo du film qui reprend la scène de l’épuisement physique des protagonistes. La note placée sous la photo « Les chômeurs espagnols devront-ils bientôt danser jusqu’à la mort, comme dans le film de Sydney Pollack “On achève bien les chevaux”, pour obtenir un job ? » est censée expliquer l’allusion culturelle contenue dans le titre.
53La photo qui accompagne l’article peut amener les sujets traduisants sur une piste interprétative correcte, dans le sens de l’association entre l’épuisement des danseurs et des chômeurs, mais insuffisante en dehors de l’information culturelle véhiculée par l’énoncé source. Le travail de documentation permet de réaliser l’adéquation sémantique et culturelle entre les contenus source et cible de l’énoncé de base (On achève bien les chevaux / Și caii se împușcă, nu-i așa ?), ainsi que la formulation de paraphrases interlinguales, suivant le parcours traductif précédemment décrit :
(P’1) | Și caii se împușcă în Spania, de ce nu ar fi împușcați și șomerii ? |
(P’2) | Și caii se împușcă în Spania, de ce nu și șomerii ? |
(P’3) | Și șomerii se împușcă în Spania, nu-i așa ? |
54Dans d’autres textes, l’allusion culturelle est posée implicitement : l’auteur laisse le lecteur faire son propre travail de décodage, comme c’est le cas, par exemple, de l’énoncé cité sous (E35) Météo : on achève bien les pingouins. En l’absence d’indices censés faciliter la compréhension, l’identification de l’allusion culturelle représente le principal obstacle à la traduction, susceptible de conduire au transcodage.
55L’analyse de la phrase Météo : on achève bien les pingouins ne fournit pas d’indices pertinents pour son interprétation et traduction si l’on a recours aux seules significations enregistrées par les dictionnaires. L’emploi achever un cheval est attesté dans les dictionnaires du XIXe siècle dans son acception concrète : Achever un cheval. Le dresser entièrement (Littré dans TLFi) ; [l’être animé est un animal] Porter un coup mortel à un animal déjà atteint physiquement ; donner le coup de grâce (TLFi). Les significations linguistiques peuvent conduire les étudiants sur une piste interprétative erronée (« En Angleterre, sur la côte du Yorkshire balayée par les tempêtes, on tue les pingouins que la météo a rendus neurasthéniques »), contraire à la signification contextuelle, véhiculée par le texte : « En Angleterre, on donne des antidépresseurs aux pingouins que la météo a rendus neurasthéniques ».
56Dans ce cas, le raisonnement interprétatif illustré et le travail de reformulation intra- et interlinguale peuvent fournir des pistes pour l’interprétation et la traduction de l’énoncé-titre par référence aux indices fournis par le texte :
(P’1) | Meteo : și caii se împușcă, de ce nu ar fi împușcați și pinguinii ? |
(P’2) | Meteo : și caii se împușcă, de ce nu și pinguinii ? |
(P’3) | Meteo : și pinguinii se împușcă, nu-i așa ? |
57Dans les deux cas présentés, où l’allusion culturelle est posée explicitement et implicitement, l’enseignant a le rôle de guider les étudiants dans les activités de reformulation intra- et interlinguale afin de réaliser l’adéquation sémantique et culturelle entre les contenus des énoncés source et cible. Les exercices de décodage et de reformulation sont censés stimuler la capacité des étudiants à identifier, à interpréter et à traduire des énoncés associant des faits linguistiques et culturels.
Conclusion
58En partageant le point de vue énonciatif relatif à la construction du sens des énoncés, nous avons mis en évidence, à l’issue de nos analyses, l’importance de la prise en compte de la dimension énonciative lors du processus d’interprétation et de traduction de la phrase On achève bien… et de ses réalisations contextuelles.
59Les calculs interprétatifs décrits à la lumière des modèles d’analyse issus de la linguistique de l’énonciation permettent d’intégrer la phrase mentionnée dans des contextes énonciatifs particuliers allant de la littérature, de la cinématographie et du théâtre à la presse d’information générale et spécialisée traitant de domaines divers (économie, politique, éducation, sport, etc.).
60Les versions française et roumaine de l’allusion culturelle contenue dans le titre du roman They Shoot Horses, Don’t They ? (On achève bien les chevaux / Și caii se împușcă, nu-i așa ?), mais aussi les réalisations contextuelles de la phrase On achève bien… en langue française et leurs équivalences en roumain indiquent le fait que la phrase étudiée échappe au cadre théorique traditionnel, pouvant être interprétée comme un « produit culturel » (Béguelin, 2000 : 49).
61Le parcours interprétatif et traductif proposé démontre l’importance du travail de reformulation intralinguale en didactique des langues ainsi que l’intérêt de l’application des acquis linguistiques dans le domaine de l’enseignement de la traduction, notamment lors des activités de reformulation intra- et interlinguale.
Bibliographie
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MARTINET André, 1991, Éléments de linguistique générale, Paris, Armand Colin.
PÉROZ Pierre, 1992, Systématique des valeurs de « bien » en français contemporain, Genève-Paris, Droz éditeur, coll. « Langue et Cultures ».
POP Mirela, 2004, « Valeurs modales de l’adverbe bien dans les textes de presse », Analele Universităţii din Oradea, Fascicula Limbi şi Literaturi străine, Partea a II-a, Oradea, Editura Universităţii din Oradea, p. 734-747.
POP Mirela-Cristina, 2012, Repérage et traduction. Pour une approche énonciative de la traduction des modalités : les épistémiques, Craiova, Universitaria, coll. « Études françaises ».
— , 2013, La traduction. Aspects théoriques, pratiques et didactiques, Timișoara, Orizonturi universitare.
— , 2015, « Voir et l’opération de négation : parcours interprétatif et équivalents en roumain », in Jan GOES et Mariana PITAR (éds), La négation. Études linguistiques, pragmatiques et didactiques, Arras, Artois Presses Université, coll. « Études linguistiques », p. 83-96.
ROBERT Stéphane, 1997, « Variation des représentations linguistiques : des unités à l’énoncé », in Catherine FUCHS et Stéphane ROBERT, (éds), Diversité des langues et représentations cognitives, Paris/Gap, Ophrys, p. 25-39.
*** Trésor de la Langue Française informatisé (TLFi), [Online], http://atilf.atilf.fr/tlf.htm (consulté le 5 mars 2015).
Annexe
Annexe – Source des exemples cités, classés par domaines
(E1) On achève bien les chevaux
Version française du titre du roman They Shoot Horses, Don’t They ? (Horace McCoy, 1935), traduction par Marcel Duhamel (Gallimard, coll. « Folio », 1999).
(E’1) Şi caii se împuşcă, nu-i aşa ?
Version roumaine du titre du roman They Shoot Horses, Don’t They ?, traduction par Dan Croitoru (Humanitas, 2012).
1. Livres
(E2) On achève bien les écoliers (Peter Gumbel, Grasset, 2010).
(E3) On achève bien… les inspecteurs du travail (Gérard Filoche, éd. Jean-Claude Gawsewitch, 2004).
(E4) On achève bien nos vieux (Jean-Charles Escribano, Marie-Thérèse Cuny, Oh Éditions, 2007).
(E5) On achève bien les disc-jockeys (Didier Daeninckx, éd. Pocket, 2013).
(E6) On achève bien les héros (Patrick Florès, éd. Mon Petit éditeur, 2013).
(E7) On achève bien les tonneaux (Jean-Pierre Alaux, Noël Balen, Fayard, 2012).
2. Cinématographie / Théâtre
(E8) On achève bien les livres
Version française du titre du film américain Pulp Fiction - essai cinématographique écrit, réalisé par Bruno Deniel-Laurent, produit par Hélène Badinter.
(E9) On achève bien les anges. Élégies - festival du Théâtre équestre Zingaro du Fort d’Aubervilliers ; conception, mise en scène, scénographie : Bartabas (Les Nuits de Fourvières, le 23 mars 2015).
(E10) On achève bien les hommes – spectacle de théâtre contemporain, Théâtre municipal Les Arts, Cluny, le 17 avril 2015.
3. Presse
3.1. Chroniques (livres, films, théâtre)
(E11) On achève bien… les inspecteurs du travail, par Gérard Filoche (Alternatives Économiques 232, janvier 2005).
(E12) On achève bien les écoliers, par Peter Gumbel (Louis Maurin, Alternatives Économiques 295, octobre 2010).
(E13) « On achève bien les chevaux » au Public (AZ-ZA.be, 12 mai 2015) – spectacle au Théâtre Public.
(E14) « On achève bien les livres » : une chorégraphie exterminatrice (Alain Dreyfus, Marianne 882, 14-20 mars 2014).
(E15) On achève bien les boxeurs (Nelly Kaplan, Mensuel 441, avril 2005, p. 14).
3.2. Société / Politique
(E16) En Espagne, on achève bien les chômeurs (Lucia Martin, myeurop.info, 20 mars 2014).
(E17) On achève bien les mineurs zambiens (Jean-Christophe Servant, Le Monde diplomatique, mai 2009).
(E18) On achève bien les médecins ! (Béatrice Sergent, Boulevard Voltaire, mai 2015). (E19) On achève bien les banquiers allemands ! (Latribune.fr, 20 juin 2014).
(E20) On achève bien les journalistes (John R. MacArthur, Marianne.net, 16 novembre 2013).
(E21) On achève bien Claude Poirier (François Doré, Le Journal de Québec, 7 avril 2015).
(E22) On achève bien les journaux… (filpac-cgt.fr, 23 février 2015).
(E23) On achève bien l’argent des contribuables (Yves Mont-Rouge, clicanoo.re, 15 mai 2015).
(E24) On achève bien les cabines téléphoniques (Catherine Pelletier, La Nouvelle République.fr, 12 décembre 2014).
(E25) On achève bien les hippodromes (Haget Henri, L’Express.fr., 16 décembre 1993).
(E26) On achève bien le club équestre (P. Séjournet, Dna.fr, 5 février 2015).
3.3. Éducation / Culture
(E27) Violence à l’école : on achève bien les profs (Jean-Rémi Girard, Le Figaro.fr, 12 mars 2014).
(E28) On achève bien les écoles publiques (Josée Legault, Le Journal de Montréal, 17 décembre 2014).
(E29) On achève bien les symboles (Ali Bahmane, elwatan.com, 23 avril 2015).
3.4. Technique
(E30) Aéroport. On achève bien les avions (La Nouvelle République.fr, 31 janvier 2013).
(E31) Chez Red Blue Motorbikes, on achève bien les Moto2 (GPinside.com, 13 mars 2015).
3.5. Environnement
(E32) À Hollywood, on achève bien les chevaux (François-Luc Doyer, Libération.fr, 23 novembre 2013).
(E33) On achève bien les poissons (Jean-Pierre Canet, Jean-Marie Michel et Daniel Vercaemer, rts.ch, 9 octobre 2010).
(E34) On achève bien les bélugas (Vincent Marissal, la presse.ca, 25 septembre 2014).
(E35) Météo : on achève bien les pingouins (mouv.fr, 13 février 2014).
(E36) A Chaouen, on achève bien les macaques (média24.com, 02 février 2015).
(E37) On achève bien les rivières ou l’histoire désolante d’une destruction ordinaire (Alain-Claude Galtié, reporterre.net, 3 avril 2014).
(E38) À Sainte-Livrade, on achève bien les cèdres (Jérôme Schrepf, Ladépêche.fr, 17 septembre 2014).
3.6. Sport / Santé
(E39) Handball : on achève bien les héros ! (Renaud Dély, Le Nouvel Observateur.fr, 1er novembre 2012).
(E40) On achève bien les vieux ! (Yves Rasir, néosanté.eu, 18 février 2015).
Auteur
Université Politehnica de Timișoara, Roumanie
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