La proposition à fonction « sujet » du roumain et ses équivalents français. Regard spécial sur les constructions conjonctives : se spune că (on dit que) / se pare că (il paraît que) / e posibil să (il est possible que) + P
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Texte intégral
Introduction
1La fonction sujet se définit par rapport au verbe et à sa matrice de traits syntactico-sémantiques. Même si le sujet appartient à la classe des compléments matriciels (compléments d’objet direct ou indirect, compléments prépositionnels), il représente néanmoins un « complément privilégié » : il est lié au verbe par des restrictions bilatérales, car le sujet impose au verbe l’accord en genre et en nombre. Par exemple : Copilul (El) simte pericolul / Copiii (Ei) simt pericolul. – L’enfant (Il) sent le danger / Les enfants (Ils) sentent le danger.
2Le roumain appartient aux langues de type pro-drop, admettant la non-expression du sujet. Celui-ci peut être inclus et récupéré des désinences verbales (ce qui est de règle pour la première et la deuxième personne) ou bien sous-entendu et récupéré du contexte, de manière anaphorique (à la troisième personne). En outre, il existe aussi un sujet indéterminé ou nul (la position du Sujet reste vide, impossible à saturer par un nominal) qui caractérise les verbes météorologiques, à valence zéro : ø Tună - Il tonne ; ø Plouă - Il pleut, les verbes impersonnels (ayant une ou deux déterminations actancielles, sans que celles-ci occupent la position « sujet ») : Îmi merge bine. – litt. « Me (= datif) va bien » (Tout va bien pour moi) ou certaines tournures verbales impersonnelles (pronominales ou non), suivies ou non d’une proposition : ø Se călătorește mult vara. – On voyage beaucoup en été.
3La proposition sujet est classée parmi les propositions subordonnées qui ne sont pas circonstancielles, parce qu’elle occupe toujours la position syntaxique du sujet (ou bien, on peut dire aussi qu’elle assure la fonction syntaxique de sujet). On peut la considérer comme un complément matriciel du verbe régissant. C’est une proposition conjonctive qui appartient aux classes de substitution des éléments pouvant occuper la position du sujet au niveau de la phrase. En roumain, à la différence du français, la proposition sujet apparaît bien plus souvent et joue un rôle capital dans le bon fonctionnement du terme régissant dans le cadre de la phrase.
4Nous nous proposons de faire une analyse contrastive de quelques types de phrases roumaines complexes, formées d’une principale et d’une proposition conjonctive à fonction « sujet ».
5Compte tenu des limites éditoriales, nous avons restreint notre analyse au verbe régissant, situé dans la proposition principale et se trouvant en emploi pronominal impersonnel, transitif ou intransitif : Se zice că m-a minţit. – On dit qu’il m’a menti. (la proposition conjonctive est S en roumain et COD en français) ; Se cuvine să plecăm. – Il convient que nous partions. ; Se pare că e bolnav. – Il paraît qu’il est malade. (à la subordonnée S2 du roumain correspond en français un terme complétif du sujet /une séquence impersonnelle) ; le terme régissant est un verbe impersonnel ou une expression verbale impersonnelle qui, du point de vue pragmatique, exprime un jugement modal épistémique, déontique ou évaluatif-appréciatif : Trebuie să plecăm imediat. – Il faut que nous partions tout de suite. ; E mai bine să acceptaţi schimbarea. - Il vaut mieux que vous acceptiez le changement.
1. Quelques points théoriques
6Dans la terminologie grammaticale roumaine le terme propoziţie (proposition) désigne l’un des trois niveaux d’organisation syntaxique de la triade phrase – proposition – groupe syntaxique. L’existence d’un verbe à un mode personnel, qui joue le rôle de prédicat3, est la condition pour la constitution de la proposition minimale.
7Pour la prédication verbale ou nominale (la dernière a pour support un verbe copule) sont obligatoires les morphèmes de mode (personnel) et de temps (auxiliaires et suffixes grammaticaux) ; de personne et de nombre quand il faut faire l’accord entre le sujet et le verbe-prédicat (désinences) :
(1) Elevul văzuse / Elevii văzuseră filmul. - L’élève avait vu (?) / Les élèves avaient vu le film.
1.1. Les termes propoziţie (proposition) et frază (phrase) en roumain : définitions
8La proposition minimale correspond soit à une unité syntaxique indépendante ayant un seul prédicat verbal (Ion îşi pregăteşte lecţiile. - Jean prépare ses devoirs.) ou nominal (Mama este profesoară. - Maman est professeure.), soit aux différents membres constitutifs de la phrase, chacun ayant à son tour un seul prédicat. « La proposition est une communication réalisée à l’aide d’un seul prédicat. Elle comprend le sujet et le verbe comme constituants principaux, l’attribut et le complément comme constituants secondaires » (n.t.)4. L’indépendante peut entrer en relation de coordination avec une autre proposition.
9Le prédicat exprime une action faite par le sujet ou bien il exprime un état ou une caractéristique / qualité du sujet (Metea, 1995 : 127). De manière prototypique, il se réalise par un verbe à une forme finie, mais en l’absence des morphèmes de prédicativité, d’autres mots appartenant à des classes lexico-grammaticales différentes peuvent fonctionner comme prédicats, par exemple certaines interjections ou des adverbes prédicatifs, liés par une conjonction au reste de la phrase :
(2) | Şi pleosc ! o palmă peste faţă. – Et vlan ! une tape en pleine figure.5 |
(3) | Fireşte / Negreşit / Probabil că va veni mâine. – Naturellement / Sans doute / Probablement qu’il viendra demain.6 |
10« La phrase est l’unité syntaxique supérieure à la proposition, formée de deux ou de plusieurs propositions, dont l’une, au moins, est principale » (n.t.)7. Dans le cadre de la phrase, on fait la distinction entre une proposition régissante et une ou plusieurs propositions subordonnée(s) :
(4) Agripina ştia că mai erau pe acasă şi alte gospodine,[2]/ care trebuie[3] să fi fugit[4]/ cum fugise şi ea,[5]/ prin pădure[4]/ şi[6]turcii[7]/ negreşit[6]/ că se luaseră după ele.[7] (Galaction, La vulturi) – Agripina savait qu’il y avait encore d’autres femmes qui auraient dû avoir pris la fuite, comme elle l’avait fait, à travers la forêt et sans doute que les Turcs étaient-ils sur leurs traces.
11L’analyse grammaticale nous fait découvrir dans le texte roumain les types de proposition suivants : 1 – principale et régissante (matrice) pour 2, subordonnée COD ; 3 – relative et matrice pour 4 qui est une proposition sujet, puisque trebuie (= il faut) est un verbe impersonnel, à sujet inexistant en roumain ; 4 est matrice pour 5, « modale comparative » ; la proposition 6, dont le prédicat est exprimé par un adverbe prédicatif, negreşit (= sans doute), est une complétive directe coordonnée avec 2 ; enfin, 7 est une subordonnée sujet (S) pour la proposition matrice 6. Pour les deux propositions sujet en roumain évoquées plus haut (4 et 7), il n’y a pas de proposition sujet correspondante en français.
1.2. La relation proposition / phrase / énoncé (en roumain)
12Pour la Gramatica de bază a limbii române8 (2010 : 29), l’énoncé – unité fondamentale de la communication – assure le passage du niveau strictement syntactico-sémantique (propre aux concepts de proposition et de phrase) au niveau extralinguistique de l’énonciation. L’énoncé, unité de type discursif-pragmatique en référence avec les notions traditionnelles de proposition et de phrase, peut se réaliser du point de vue syntaxique sous trois formes : comme proposition indépendante ; comme groupe de propositions coordonnées ; comme ensemble de propositions « qui renferme une ou plusieurs propositions-matrice (appelées aussi régissantes), dont l’une est obligatoirement principale […], auxquelles peuvent s’associer aussi des propositions-matrice subordonnées »9 (n.t.).
13Dans la méthodologie roumaine actuelle10, on emploie de préférence les termes de proposition (finie, non-finie, indépendante, principale, régissante ou matrice, subordonnée), d’énoncé et de groupe syntaxique11.
1.3. Les termes de proposition et de phrase complexe en français. Y-a-t-il en français un modèle canonique de la phrase ?
14Les grammairiens français signalent tous la grande diversité des énoncés effectifs, ce qui rend difficile toute tentative de définir « les régularités valant pour toute phrase » (Riegel et al., 2011 : 211), parce que « les propriétés formelles et interprétatives des phrases varient avec leur type » (id.), « dans les phrases complexes une structure phrastique peut apparaître à l’intérieur d’une structure du même type » (id.) et enfin, parce que « des facteurs contextuels, situationnels ou stylistiques permettent de ne pas exprimer certains éléments de la phrase » (id.). Alors, pour faciliter l’analyse et la description syntaxiques, il faut recourir à une forme (structure) propositionnelle prototypique, appelée forme ou proposition canonique, qui puisse sous-tendre toute la diversité des phrases réalisées. Celle-ci est assimilée à la phrase déclarative simple et neutre (elle n’est ni négative, ni emphatique, ni passive, ni exclamative) :
(5) Le Mont Saint-Michel se dressait fièrement à l’horizon.
15La « phrase canonique » est « une entité purement théorique » (Riegel et al., 2011 : 212) qui correspondrait à la formule : (CC)-Sujet- (CC)-Verbe- (CC)- Complément(s) / Attribut- (CC), dans laquelle (CC) symbolise le complément circonstanciel facultatif et mobile. Au niveau des fonctions syntaxiques, ce schéma exprime et développe les groupes syntaxiques de la règle de réécriture : P → GN + GV + (GPrép), où P est le noyau.
16La proposition à fonction sujet fait partie d’une phrase complexe, concept méthodologique semblable au concept de frază des grammaires traditionnelles du roumain. La phrase complexe « a un type et l’unité mélodique correspondante, s’interprète comme une structure prédicative et peut constituer un énoncé complet » ; en plus, « elle comprend un constituant qui, ayant lui-même la structure d’une phrase (P → GN + GV) se trouve ainsi être en relation de dépendance ou d’association avec une autre structure de phrase » (Riegel et al., 2011 : 780). Les phrases constituantes d’une phrase complexe s’appellent propositions, notées P1, P2, etc. Entre celles-ci, il peut y avoir différents types de relation : de juxtaposition, coordination, insertion, subordination. « Il y a subordination lorsque la phrase complexe est construite sur le rapport de dépendance orientée entre une proposition dite subordonnée et une proposition principale ou régissante (la subordonnée dépend le plus souvent d’un constituant de la proposition principale) » (Riegel et al., 2011 : 781). Cette dernière définition s’applique (avec des réglementations supplémentaires) dans le cas de la relation entre une proposition sujet et la proposition qui la régit comme dans les exemples :
(6) | Qu’il mente n’étonne plus personne. - Că minte nu mai miră pe nimeni. |
(7) | Qui s’excuse s’accuse. – Cine se scuză se acuză. |
17En règle générale, la relation de subordination est marquée par des conjonctions, des pronoms relatifs, des mots interrogatifs12.
2. Quelques considérations sur le roumain, langue de type « pro-drop »
18La GBLR (2010 : 416) considère que le roumain est une langue de type « pro-drop », puisqu’il ne lexicalise pas obligatoirement le sujet à partir du moment où il possède une flexion verbale riche :
L’un des traits caractéristiques du roumain est de ne pas lexicaliser / exprimer de manière obligatoire le sujet, soit que l’information qu’il apporterait est récupérable dans le contexte, soit qu’elle reste non récupérée. Ce trait connu sous le nom de « chute du sujet »/ « sujet nul »/ « langue de type pro-drop » est étroitement lié à un autre trait, de type flexionnel, à savoir la richesse flexionnelle du verbe roumain.13 (n.t.)
19D’autres langues romanes de type « pro-drop » sont l’espagnol, le portugais, le catalan, l’occitan et l’italien. Telle était la situation en latin aussi ; les formes verbales expriment, par leurs suffixes, les auxiliaires et les désinences, le mode, la forme active/passive, le temps, la personne et le nombre de l’agent, sans que la position syntaxique du sujet soit occupée par un élément lexical (pronom personnel surtout) susceptible d’y apparaître.
20Compte tenu des multiples sens du concept de sujet - utilisé tantôt par des logiciens, tantôt par des grammairiens, tantôt par des pragmaticiens -, il est nécessaire de préciser comment il sera utilisé dans notre étude. Nous partons du principe que le sujet, catégorie universelle, fait partie de la structure profonde de toute proposition : P → GN - Flex - GV ; par conséquent, la position sujet (marquée par le sigle GN) doit être remplie dans toute construction et à n’importe quel niveau de représentation. Pourtant, comme on le verra plus loin, en roumain, il y a des situations où le sujet est inexistant. D’autre part, il y a des classes de substitution très riches (groupes nominaux, pronoms personnels ou autres, propositions conjonctives, etc.), capables de fournir des entités susceptibles d’occuper cette position. Parmi les critères de classification des sujets, on distingue celui de la possibilité (ou non) de l’exprimer lexicalement. Le sujet occupe, par rapport au verbe, la position d’un complément « matriciel », puisqu’il est demandé ou refusé par la grille syntaxique du verbe ; de plus, il est « un complément matriciel privilégié », car il est le seul, parmi les autres compléments matriciels, à être lié au verbe par des restrictions bilatérales. (D’après le Dicţionar de Ştiinţe ale Limbii14, 2005 : 509-511 et GBLR, 2010 : 407).
21L’absence de pronoms similaires à l’indéfini on, à l’impersonnel il, l’emploi, en français, des pronoms personnels pour l’expression du sujet, ainsi que les particularités flexionnelles du verbe roumain, l’importance des formes verbales pronominales ou pronominales de sens passif et impersonnel, l’usage fréquent du subjonctif là où, en français, on a de préférence ou même obligatoirement l’infinitif expliquent - on le verra plus loin - pourquoi, en roumain, la proposition sujet acquiert une importance syntaxique beaucoup plus grande qu’en français.
3. La proposition sujet du roumain et quelques constructions correspondantes en français
22Après toutes ces considérations théoriques préliminaires, nous allons présenter maintenant les principaux types de propositions « sujet » en roumain ainsi que les constructions correspondantes en français, selon une approche linguistique contrastive.
233.1. Le verbe (prédicat) régissant la « subjective » a le trait [+transitif] et se trouve en emploi pronominal impersonnel : ø + se admite – on admet, se aude – on entend, se povesteşte – on raconte, se presupune – on suppose, se spune / zice că – on dit, se stabileşte – on établit / se vede – on voit que, etc.
(8) Mi ø s-a spus că aş avea o problemă de comunicare cu colegii […] (Dana, www.psychologies.ro/sfatulexpertulu i) – On m’a dit que j’aurais un problème de communication avec mes collègues […].
24Les verbes énumérés plus haut et leurs correspondants français ont deux actants : [+agent] avec les traits [+animé, +humain] et [+patient]. L’agent se réalise de manière différente d’une langue à l’autre, à savoir, en français, il s’exprime par l’indéfini « on » (qui représente toujours un [+animé, +humain] ne pouvant occuper que la position « sujet », tandis qu’en roumain, la position sujet reste vide, l’agent est indéterminé15 et le verbe se trouve à la forme pronominale et impersonnelle, qui reçoit une interprétation passive. On considère que le pronom réfléchi clitique se est une marque impersonnelle extra-verbale ; de plus, il y a une restriction contextuelle imposée par se : les verbes ne sont employés qu’à la troisième personne du singulier. Si en roumain, après de telles constructions verbales, on a une proposition sujet introduite par la conjonction că, en français on a une complétive directe introduite par la conjonction que :
(9) On dit que les enfants aiment démolir. – ø Se spune că le place copiilor să dărâme. (Carrière, Le vin bourru, p. 35)
25L’interprétation passive concerne le cas [+patient] qui s’exprime, en français, par la subordonnée complétive : « Le fait (que les enfants aiment démolir) est affirmé / dit ».
263.2. Le verbe régissant la proposition sujet a le trait [-transitif] et se trouve en emploi pronominal impersonnel : ø + se pare că + ind – il paraît / semble que + ind / subj ; ø + (mi) se întâmplă să + subj – il arrive que + subj / il m’arrive de + inf ; ø + se poate să + subj – il se peut / est possible que + subj / de+ inf ; ø +se cuvine să – il convient que + subj / de+ inf ; ø + se impune (ca…) să + subj – il s’impose de + inf, etc.
27Le morphème se sert à transformer certains verbes intransitifs, voix active, tels a părea, a cădea, a impune en verbes employés de manière impersonnelle à la 3e personne du singulier (ils sont dépourvus d’interprétation passive) et pronominale ; ils sont suivis, en roumain par une proposition sujet, tandis qu’en français il y a une proposition conjonctive appelée « terme complétif du sujet » (Grevisse, 1988, Béchade, 1986) comme dans les exemples :
(10) Mi se pare că plouă. – Il me semble qu’il pleut.
28Plus rarement, sans le clitique réfléchi se :
(11) Părea că mă aflu într-un mare oraş. – Il semblait que je me trouve / J’avais l’impression de me trouver dans une grande ville.
29Nous remarquons, pour le français, la possibilité pour l’infinitif d’apparaître (en proposition infinitive) comme complément du nom impression, constituant d’une locution verbale (impression de me trouver). Mais, à la différence du roumain, en français le verbe régissant est toujours doté d’un sujet. En roumain, cette construction personnelle est possible, mais avec l’indicatif : Aveam impresia că ma aflam…
30Le verbe a se cuveni – convenir est intransitif et pronominal (réfléchi) et peut connaître l’emploi unipersonnel : se cuvine, quand il exprime une obligation morale :
(12) Se cuvine / se cade să fim respectuoşi cu părinţii. – Il convient / il sied d’être respectueux envers nos parents.
31On a le subjonctif en roumain, dans la proposition conjonctive, tandis qu’en français le verbe régissant est suivi par un infinitif propositionnel. La personne visée par le jugement modal (de l’Expérimentateur), première du pluriel, incluse dans la désinence verbale en roumain, est récupérée, en français, par l’adjectif pronominal nos.
32Mais la structure : il convient que + subjonctif est également possible :
(13) | Se cade ca noi să stăm pasivi ? – Est-ce qu’il convient que nous restions passifs ? |
(14) | (Mi) s-a întâmplat să fiu de faţă. – Il (m’) est arrivé d’y être présent. / Il arriva que j’y sois présent. |
33Si, en roumain, on a le subjonctif dans la proposition sujet, en français on trouve une proposition infinitive ou une subordonnée conjonctive au subjonctif, les deux ayant le rôle d’expliciter le sujet impersonnel il.
(15) | Ce sont des contes, et vous-même, monsieur, vous êtes fabuleux. - Que je le sois devenu, dans la suite des âges, il se peut. (A. France, in TLFi) – Sunt nişte poveşti, şi Dumneavoastră înşivă, domnule, sunteţi fabulos. - Că aşa am devenit o dată cu trecerea timpului, se prea poate. |
34Le dernier exemple est intéressant parce que la subordonnée qui est le terme complétif du sujet impersonnel il précède la proposition régissante dont elle est séparée par une pause relative, destinée à « souligner » l’idée qu’elle exprime (reconnaissance d’une possibilité et acquiescement, confirmation). On voit clairement que le jugement modal épistémique de l’expression il se peut que s’applique à une constatation / affirmation contenue par la subordonnée. L’antéposition en roumain de la proposition sujet fait qu’elle est introduite par la conjonction că marquant ainsi, avec l’indicatif, la réalité du fait constaté, et une marque évidente d’emphase.
35Nous allons terminer ce paragraphe par quelques observations sur les verbes impersonnels (VI) et les constructions verbales impersonnelles (CI) en roumain et en français, puisque nous venons déjà de constater qu’il y a une certaine liaison entre impersonnel et proposition sujet.
36En roumain, selon la Gramatica limbii române16 (tome I, 2005 : 226 et II, 2005 : 140-143), il faut faire une distinction entre la voix impersonnelle et les différentes constructions impersonnelles (CI) caractérisées par un trait commun : l’absence de rapport à un sujet personne. La voix impersonnelle comprend des V [-transitif] et représente une construction syntaxique avec le trait de l’impersonnel acquis contextuellement (c’est la marque extra-verbale se = clitique réfléchi) :
(16) Nu se vine târziu. – On ne vient pas tard.
37Il y a donc pour les V intransitifs l’opposition de voix suivante : actif / personnel :
(17) Copiii merg pe jos la şcoală vs Se merge pe jos la şcoală17 – Les enfants marchent à pied à l’école vs On marche à pied à l’école18.
38À la différence du roumain, l’impersonnel est défini en français sur la base du pronom il en position préverbale. Les grammairiens reconnaissent sa vacuité référentielle, c’est un actant vide, « c’est-à-dire qui ne peut être explicité par aucun substantif : “il est dépourvu de contenu sémantique” » (Lazard, 1994 : 140-141, apud Scurtu, 2010 : 7). On parle d’une absence de sujet référentiel.
Maillard décrit même la phrase impersonnelle comme étant formée avec un prédicat asubjectal : les « formes proclitiques (il ou ça) sont davantage des morphèmes préfixés au verbe ou des flexis de personne que des pronoms proprement dits, occupant la place d’un constituant sujet ».19 (1994 : 48, apud Scurtu, 2010 : 8-9)
393.3. Le verbe « prédicat » régissant la proposition sujet est un verbe actif unipersonnel comme forme et impersonnel comme sens : ø + trebuie să - il faut que ; ø + rezultă / reiese că - il résulte / s’ensuit que :
(18) | Trebuie să se ştie adevărul. – Il faut que l’on sache la vérité.20 |
(19) | Cum trebuie să conduceţi ca să reduceţi poluarea ? (web) – Comment devez-vous / doit-on conduire pour réduire la pollution ? |
40Le verbe modal a trebui, exprimant souvent une modalité déontique (‘être nécessaire, indispensable, obligatoire, convenable’) est suivi en roumain soit d’une proposition sujet introduite par la conjonction să + subjonctif, (comme dans les exemples précédents), soit d’un participe avec lequel il forme un prédicat verbal composé ou complexe :
(20) Trebuie spus că aţi făcut multe greşeli în trecut. – Il faut dire que vous avez fait beaucoup d’erreurs dans le passé.
41Les équivalents français des structures roumaines trebuie să + subjonctif ou trebuie + participe passé sont il faut + infinitif (si l’agent est indéterminé) ou la structure formée du verbe modal personnel devoir + infinitif21.
42Pour exprimer une conclusion, surtout dans le style scientifique, on emploie les verbes impersonnels rezultă, reiese dans les structures : ø + rezultă/ reiese că – il résulte / ressort / s’ensuit que :
(21) Din documentele aflate în Arhivele Mitropoliei Banatului (…) rezultă că Episcopia din Caransebeş a fost restaurată în anul 1865 (Cilibia, Băile Herculane, p. 83). – Des documents qui se trouvent dans les Archives de la Métropolie du Banat, il résulte / il ressort que l’Évêché de Caransebeş a été rétabli en 1865.
433.4. Le terme régissant une proposition sujet est une expression verbale impersonnelle formée par : a) ø + a fi (verbe copule) + adverbe ou locution adverbiale ; b) (plus rarement) ø + a fi + verbe au supin :
a) ø + e / il est + adevărat – vrai / bine – bon / firesc – naturel / greu – difficile / posibil – possible / uşor – facile + că / să - que + indic / subj ; ø = e / il est + de mirare – surprenant / de folos – utile / de prisos – inutile + că / să – que + indic/ subj ; ø + e cu putinţă să (locution) + subj – il est possible que + subj.
b) ø + e/ il est + de dorit – désirable / de preferat – préférable / de neînţeles – incompréhensible să / că - que + subj / indic ; e de presupus – à supposer / de reţinut - à retenir că + indic / que + indic/ subj.
44En roumain, le verbe copule est suivi d’un adverbe (bine – bien, lesne – facile) ou d’un adjectif adverbialisé qui a une forme homonyme avec celle de l’adjectif au masculin singulier ; on peut avoir aussi une locution adverbiale ou un supin employé adverbialement (le supin est toujours introduit par la préposition de). Les adverbes proprement dits et ceux qui proviennent d’adjectifs par conversion remplissent, dans le voisinage du verbe copule, la fonction de nume predicativ (= nom prédicatif )22.
45Il y a une divergence d’interprétation entre les deux langues en ce qui concerne la structure de la CI : en français, le troisième constituant de la CI est considéré comme étant un adjectif attribut (il est bon, certain, difficile, douteux, évident, indécent, lamentable, paradoxal) ou une construction prépositionnelle équivalente : il est de bon ton, de bonne guerre, etc. (Riegel et al., 2011 : 751). Selon cette grammaire, une proposition terme complétif du sujet est appelée d’un terme générique complétive.
46À la conjonction que du français qui régit une subordonnée dont le verbe est à l’indicatif ou au subjonctif correspondent en roumain, principalement, deux conjonctions : că (< lat. qu[i]a) qui introduit l’indicatif et (ca…) să (< lat. si) qui demande le subjonctif. Les adverbes de cette structure se comportent donc comme de véritables opérateurs de phrase. De plus, les constructions verbales impersonnelles expriment une multitude de valeurs modales, puisqu’elles agissent aussi comme des opérateurs modaux23.
47La modalité épistémique est l’acte d’évaluation de la vérité d’une proposition, du degré de certitude du locuteur envers la réalité des faits décrits dans la proposition. Une série d’adverbes et de locutions adverbiales épistémiques (interprétables aussi comme adjectifs invariables) fonctionnent comme « noms prédicatifs » dans des constructions impersonnelles qui demandent une proposition sujet : les opérateurs modaux de certitude gouvernent une proposition introduite par că + indicatif : e – il est / (mai mult ca) sigur – (plus que) sûr / evident / adevărat - vrai / cert - certain / clar, limpede - clair / neîndoielnic - hors de doute / că / que + P. Les opérateurs modaux exprimant l’incertitude : e – il est / (im) probabil – (im) probable / (im) posibil – (im) possible / incert, nesigur – incertain subordonnent, en roumain, une proposition introduite par (că)… să – que + subj. :
(22) Este sigur că Ion va reuşi. – Il est certain que Jean réussira.
48Le verbe support est à l’indicatif.
(23) Era imposibil ca procesul lui Iuliu Maniu să fie drept. – Il était impossible que le procès de Iuliu Maniu fût juste. (Adevărul, 15- 17 mai 2015)
49Le verbe support est au subjonctif dans les deux langues. En roumain, on a le formant ca… să, puisque le GN sujet est placé avant le verbe au subjonctif.
50Pour exprimer la modalité déontique (dont les valeurs principales sont l’obligation, la permissivité, l’interdiction, le facultatif), on a des constructions impersonnelles comme : e / este : il est / necesar – nécessaire / obligatoriu – obligatoire / interzis – interdit / permis să + subj / a + inf. – que + subj / de + inf. :
(24) Este interzis pasagerilor să ia la bordul unui avion articole nepermise în bagajele de cabină. (web) – Il est interdit aux passagers d’emporter à bord d’un avion des articles prohibés dans leurs bagages de cabine.
51En français on préfère l’infinitif après la CI :
(25) Nu este imperios necesar să judeci public “cine ce a făcut” (Timpul, 2004). – Il n’est pas impérieusement nécessaire de juger publiquement “qui a fait quoi”.
52Enfin, il y a beaucoup de CI formées sur le même moule syntaxique, susceptibles d’exprimer les modalités appréciatives ou évaluatives :
– ø + verbe copule e /este + adverbe / adjectif / V au supin + că / să + proposition sujet (avec indicatif ou subjonctif)
53Exemples de CI : ø +(e) - il est / ciudat - étrange / bine - bon / rău - mauvais / de mirare - étonnant / că - que ;(e) mai bine să - il vaut mieux que ; ø +(e) - il est / curios - curieux / uşor - facile / greu - difficile / minunat - merveilleux / superb / surprinzător - surprenant/ paradoxal / regretabil - regrettable / trist / util / cinstit - honnête / important / semnificativ - significatif / esenţial - essentiel, etc.+ să - que + subjonctif ; ø +(e) – il est / de neiertat – impardonnable / de admirat - admirable / de regretat - regrettable că / să - que + indic. / subj.
54Il faut retenir qu’en roumain, la conjonction că gouverne l’indicatif et să le subjonctif. Voilà quelques exemples propositionnels (qui sont des phrases complexes) :
(26) Nu-i bine să fii îngâmfat – Il n’est pas bon / il ne convient pas d’être bouffi d’orgueil.
55L’agent est indéterminé en français, on a donc l’infinitif.
(27) E mai bine să spui adevărul – Il vaut mieux que tu dises la vérité.
56L’agent est déterminé, c’est pourquoi on utilise le subjonctif.
57Comme on peut le constater, il y a une régularité remarquable en ce qui concerne l’emploi préférentiel du subjonctif (en roumain) et de l’infinitif prépositionnel en français. Un dernier exemple en ce sens :
(28) De multe ori avem şi emoţii negative - enervare, ruşine, tristeţe […]. E util să învăţăm să le gestionăm. Apoi este foarte important să ne implicăm în activităţi care ne fac plăcere, să ne oferim ajutorul celor care au nevoie de noi şi să fim recunoscători pentru lucrurile mărunte care ne înconjoară (Ş. Feldman psihoterapeut, Adevărul, mai 2015) – Il nous arrive, plus d’une fois, d’éprouver des émotions négatives : irritation, honte, tristesse […]. Il est utile de savoir les gérer. Il est très important ensuite de nous impliquer dans des activités qui nous font plaisir, d’offrir notre aide à ceux qui en ont besoin et d’être reconnaissants pour les menues choses qui nous entourent.
58Avant de tirer une conclusion, nous devrions faire quelques remarques finales sur les convergences et les divergences par rapport au roumain :
En français, on considère que les séquences impersonnelles sont formées de : il + est + adjectif attribut / construction prépositionnelle équivalente ; il est bon, certain, difficile, douteux, évident, indécent… / de bon ton… (Riegel et al., 2011 : 751) ;
les complétives et les constructions infinitives forment régulièrement le constituant postverbal d’une CI selon les schémas : Adj – Prép – Vinf et Adj – que – P : Il est nécessaire que Pierre parte / de partir (agent déterminé/ agent indéterminé) ;
« On ne saurait (…) décrire comme des compléments de l’adjectif des CI où la complétive (ou l’infinitif précédé de de) qui suit l’adjectif attribut représente en réalité un sujet postposé : Il est juste que Paul soit récompensé (= Que Paul soit récompensé est juste) – Il est dur de se quitter (= Se quitter est dur) (Riegel et al., 2011 : 628)24.
Conclusion
59La proposition « sujet » est classée parmi les propositions subordonnées conjonctives qui ne sont pas circonstancielles, parce qu’elle occupe toujours la position syntaxique du sujet. Elle appartient, par conséquent, aux classes de substitution des éléments pouvant occuper la position du sujet au niveau de la phrase.
60Les propositions à fonction sujet du roumain sont d’habitude classées selon deux critères principaux : primo, la nature du terme régissant (la nature du prédicat de la proposition régissante) et secondo, la nature du terme introducteur : conjonctions de subordination, telles că, să, ca… să - que, dacă - si ; pronoms, adjectifs ou adverbes relatifs.
61Il faut observer la relation qu’il y a en roumain entre transitivité / intransitivité d’une part et voix active / voix impersonnelle de l’autre et leurs conséquences syntaxiques – possibilité d’apparition de la proposition sujet. En français, la forme impersonnelle d’un verbe est suivie, dans le cadre d’une phrase complexe, d’une proposition ayant la fonction de terme complétif du sujet. La même différence d’ordre syntaxique existe entre les propositions conjonctives dont le terme régissant est une expression verbale impersonnelle exprimant un jugement modal et aussi dans le cas des propositions qui suivent les verbes impersonnels tels que : trebuie să - il faut que / se întâmplă ca… să - il arrive que / se cuvine (ca…) să - il convient que, etc.
62Compte tenu des contraintes éditoriales, nous n’avons pas pu analyser tous les types de propositions « sujet » du roumain. Nous espérons pouvoir compléter notre étude en prenant en compte, d’une part, d’autres types de prédicats régissant, en roumain, la proposition « sujet » et d’autres types d’éléments de relation introduisant la « subiectiva »/ « subjective », d’autre part. Quelques exemples en ce sens : Cine adună la tinereţe are la bătrâneţe – Qui amasse pendant sa jeunesse a (=jouit d’une bonne fortune) pendant sa vieillesse ; Dacă ø ţi-a trimis o scrisoare înseamnă că ø nu te-a uitat – S’il (Si elle) t’a envoyé une lettre c’est qu’il (c’est qu’elle) ne t’a pas oublié(e) ; Ţie îţi place să asculţi muzică – Tu aimes écouter de la musique (en traduction littérale : ø te plaît que ø écoutes de la musique) ; Fiind cald, ø îţi vine ø să te arunci în apă îmbrăcat - Par cette chaleur, on a envie de se jeter à l’eau / tu as envie de te jeter à l’eau tout habillé ; Poate că ø are dreptate - Peut-être qu’il a raison. Il s’agit, dans le premier exemple d’une proposition sujet introduite par un pronom relatif (situation similaire en français). Dans les trois exemples suivants, les verbes a însemna - signifier, a-i plăcea - aimer, plaire ; a-i veni – avoir envie, appartiennent à la classe formée par des verbes personnels employés avec des formes impersonnelles, accompagnées ou non d’un pronom personnel de forme conjointe en datif. Dans le dernier exemple, l’adverbe modal poate – peut-être suivi par la conjonction că est considéré comme prédicatif. Il régit donc une proposition sujet.
63L’examen de tous ces nouveaux cas devra suivre la même démarche propre à l’analyse contrastive.
Bibliographie
Bibliographie
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Notes de bas de page
2 « S » représente l’abréviation du mot « sujet ».
3 Même si l’on accepte une prédication réalisée d’une manière autre que par l’intermédiaire d’un verbe : La dreapta ! – À droite !
4 « Propoziţia este o comunicare făcută cu ajutorul unui singur predicat. Ea cuprinde ca părţi principale subiectul şi predicatul, iar ca părţi secundare atributul şi complementul » (Metea, 1995 : 232).
5 Les interjections équivalant aux formes verbales finies participent à la construction des propositions finies.
6 Les formes verbales non finies, celles de l’infinitif, du gérondif, du participe et du supin (a scrie, scriind, scris, de scris), autrefois appelées modes non personnels, n’expriment aucune signification modale et ne peuvent pas constituer le centre d’un énoncé autonome.
7 « Fraza este unitatea sintactică superioară propoziţiei, alcătuită din două sau mai multe propoziţii, din care cel puţin una este propoziţie principală » (Metea, 1995 : 234).
8 Dorénavant GBLR suivi du numéro de la page.
9 « incluzând una sau mai multe propoziţii-matrice (numite şi regente), dintre care una este obligatoriu principală […], la care se pot asocia şi propoziţii matrice subordonate » (GBLR, 2010 : 29).
10 Voir Guţu Romalo (2005) ; Pană Dindelegan (2010).
11 Le groupe syntaxique est une séquence de constituants organisés autour d’un centre / tête du groupe : nom et ses substituts, verbe, adjectif, adverbe, préposition, conjonction. La séquence est constituée en fonction des disponibilités combinatoires du centre.
12 Mais, comme le remarquent Riegel et al. (2011 : 781), il existe aussi des subordonnées sans termes introducteur, telles les infinitives, les participiales ou autres constructions dites « absolues ».
13 « Caracteristică limbii române este trăsătura acesteia de a nu-şi lexicaliza / exprima obligatoriu subiectul, fie că informaţia acestuia se recuperează contextual, fie că rămâne nerecuperată. Trăsătura cunoscută sub numele de “căderea” subiectului / “subiectul nul” / “limbă de tip pro-drop” este strâns legată de o altă trăsătură de tip flexionar, şi anume bogăţia flexionară a verbului românesc ».
14 Dorénavant DŞL, suivi du numéro de la page.
15 Le sujet indéterminé est un cas spécial de sujet non-exprimé, de 3e personne du singulier ou, plus rarement, du pluriel. La récupération référentielle du sujet est impossible dans le contexte donné, car le locuteur ne connaît pas l’auteur de la prédication, ou bien il croit qu’il n’est pas nécessaire de le spécifier : ø Spune la radio – On dit à la radio. ; Se caută grădinar. - On cherche un jardinier. Le sujet participe à des phénomènes syntaxiques comme la passivation et la réalisation des constructions impersonnelles. Au cours de la passivation, le sujet actif perd sa position de complément matriciel et occupe une position périphérique de complément prépositionnel (ou complément d’agent). La construction passive pronominale (le réfléchi passif avec le morphème se) est préférée quand le sujet actif (le complément d’agent) n’est pas lexicalisé : ø Se citesc numai cărţile bune. - On lit seulement les bons livres. La construction impersonnelle affecte les verbes intransitifs personnels : le sujet personnel est supprimé et sa position reste vraiment vide, tandis que le verbe perd une valence. Ainsi, s’il est monovalent, il devient zéro-valent : ø Se merge pe jos. – On va à pied. ; ø Se înoată în forţă. - On nage énergiquement. Si le verbe est bivalent, il devient monovalent : ø Se ajunge la disperare. – On arrive au désespoir. ; ø Se trece la experimentare. – On passe à l’expérimentation. (cf. GLBLR, 2010 : 419 et 421).
16 Dorénavant GALR, suivi du tome et du numéro de la page.
17 Les V [+transitif] admettent l’opposition voix active vs voix passive. Il y aussi l’opposition voix active vs voix impersonnelle : Ion aleargă în parc vs Se aleargă în parc. En tant que catégorie spécifique au verbe, la voix est une manifestation syntaxique, parce qu’elle suppose une réorganisation syntaxique de l’énoncé (sujet + verbe + (complément)) et une manifestation pragmatique : il y a un déplacement de l’intérêt de la communication depuis le Sujet-agent (voix active) vers le Sujet-patient (voix passive) ou bien vers le procès en soi, sans référence aux compléments (voix impersonnelle) (GBLR : 264-265).
18 Les autres CI renferment : les VI inhérents (intrinsèquement impersonnels) qui ont le trait syntaxique de l’impersonnalité en tant que trait matriciel du verbe : tună (il tonne), plouă (il pleut), burniţează (il bruine), trebuie – il faut ; le passif impersonnel (prototypique) : e ştiut că (trad. littérale : « il est su que ») ; le passif réfléchi : Se ştie / se crede ă a greşit. - On sait / On croit qu’il s’est trompé. (Voir supra le § 3.1.) ; les expressions verbales impersonnelles dont la structure est la suivante : e (3e pers. du singulier du verbe a fi) + adverbe (ou adjectif employé adverbialement) + că / să : e – il est / adevărat – vrai / bine – bon / evident – évident / firesc – naturel / greu – difficile / posibil – possible / uşor – facile / uimitor – étonnant, etc. + că / să - que+ P / de+ infinitif.
19 « Il impersonnel présente les propriétés de position et de rection caractéristiques à la position sujet, mais est dépourvu de la contrepartie référentielle propre aux sujets canoniques (…). En effet dans toutes ces constructions (i.e. constructions verbales impersonnelles, n.n.), le il impersonnel fonctionne comme une forme postiche (un pur régisseur verbal référentiellement vide) destinée à occuper la place canonique du sujet non pourvue ou devenue vacante » (Riegel et al., 2011 : 749-750 et 744-756, pour la typologie des verbes impersonnels, des locutions et des constructions verbales impersonnelles).
20 On peut thématiser la subordonnée ; il en résulte certaines réorganisations syntaxiques et intonatives : Să se ştie adevărul ! Trebuie ! - Que l’on sache la vérité ! Il le faut ! Le verbe modal impersonnel trebuie apparaît, dans ce cas, dans une proposition indépendante. La première proposition, toujours indépendante, exprime, par le verbe au subjonctif et grâce à l’intonation, un ordre.
21 Tout de même, quand, en roumain, le sujet nominal ou pronominal de la proposition subordonnée introduite par trebuie, précède ce verbe, le verbe devoir et l’infinitif s’imposent en français, à la place de il faut + subordonnée au subjonctif : Ion / Ei ar fi trebuit să plece mai devreme. – Jean aurait dû / Eux, ils auraient dû partir plus tôt.
22 Nous allons garder comme utiles du point de vue méthodologique les notions de prédicat nominal et de nume predicativ (nom prédicatif), employées dans la terminologie syntaxique traditionnelle. Le prédicat nominal est formé d’un verbe copule (a fi / a se face / a deveni / a rămâne - être / se faire/ devenir/ rester) suivi d’un nom prédicatif exprimé par un nom, un adjectif ou un adverbe : (El) este / ajunge profesor. – Il est / devient professeur. ; Sora mea se face tot mai frumoasă. - Ma sœur se fait de plus en plus belle. ; E uşor a critica pe alții. - Il est facile de critiquer les autres. Le groupe formé par une copule + nom prédicatif « réalise la dissociation des fonctions grammaticales et sémantiques spécifiques au prédicat… le verbe copule assure la réalisation des fonctions morpho-syntaxiques, puisqu’il porte l’information de temps, de mode, de personne et de nombre, tandis que le nom prédicatif véhicule l’information sémantique » (n.t.) (« realizează disocierea funcţiilor gramaticale şi semantice curente predicatului […] copulativul asigură realizarea funcţiilor morfo-sintactice […] purtând informaţia de timp, mod, persoană, număr, iar numele predicativ, informaţia semantică ») (GBLR, p. 349).
23 « La modalité est la catégorie sémantique partiellement grammaticalisée qui exprime la manière du locuteur de se rapporter à un contenu propositionnel, son attitude cognitive, volitive ou évaluative par rapport aux états de choses, réels ou potentiels, décrits par le langage » (n.t.). (« Modalitatea este categoria semantică parţial gramaticalizată, care exprimă raportarea locutorului la un conţinut propoziţional, atitudinea sa cognitivă, volitivă sau evaluativă, faţă de stările de lucruri, reale sau potenţiale descrise prin limbaj » (GALR, II : 677).
24 Les propositions complétives sont, selon Riegel et al. (2011 : 823), des propositions subordonnées qui se substituent à des GN constituants du GV, ou plus rarement au GN sujet, voire à des GN compléments de noms et d’adjectifs. On distingue les complétives introduites par que ou proposition conjonctives ; les groupes infinitifs compléments du verbe et les propositions interrogatives indirectes.
Auteur
Université de l’Ouest de Timişoara, Roumanie
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