1 Courier républicain du 24 pluviôse an III (12 février 1795), cité dans Alphonse Aulard, Paris pendant la réaction thermidorienne et sous le Directoire. Recueil de documents pour l’histoire de l’esprit public à Paris, t. 1, Paris, Librairie L. Cerf et Librairie Noblet, 1898, p. 475.
2 La première représentation le 3 février 1795 de cette comédie en un acte et en prose, écrite par René Périn et le « maratiste » Nicolas Cammaille-Saint-Aubin, avait été extrêmement houleuse. Voir Patrick Berthier, Le Théâtre en France de 1791 à 1828. Le Sourd et la Muette, Paris, Honoré Champion, 2014, p. 169-170.
3 Le titre du journal est assez trompeur : il fut saisi avec d’autres journaux royalistes après l’insurrection du 13 vendémiaire an III (5 octobre 1795). Voir Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral et Fernand Terrou (dir.), Histoire générale de la presse française, t. 1, Paris, PUF, 1969, p. 521.
4 Sur ces derniers, voir la thèse de François Gendron, La Jeunesse dorée. Épisodes de la Révolution française, Québec, Presses de l’Université du Québec, 1979.
5 Bronislaw Baczko, Comment sortir de la Terreur. Thermidor et la Révolution, Paris, Gallimard, 1989 ; Françoise Brunel, Thermidor. La chute de Robespierre, Bruxelles, Editions Complexe, 1989 ; Loris Chavanette, Quatre-vingt-quinze. La Terreur en procès, Paris, CNRS éditions, 2017 ; Jean Tulard, Les Thermidoriens, Paris, Fayard, 2005.
6 Voir le tableau récapitulatif détaillé en annexe (seul le titre sera donc donné en note infrapaginale). Nous nous sommes ici imposé ce choix restrictif, tout comme celui de nous limiter à l’exemple de la capitale. Pour un panorama d’ensemble sur le théâtre à l’époque de la Convention thermidorienne, voir P. Berthier, Le Théâtre en France…, op. cit., p. 151-176.
7 C’est le cas en particulier du citoyen alsacien Joseph Cange, commissionnaire de la prison de (Saint)-Lazare auquel sept pièces sont consacrées (liste complète dans P. Berthier, Le Théâtre en France…, op. cit., p. 687-688). La « lettre d’un franc républicain » à l’Abréviateur universel du 7 frimaire an III (27 novembre 1794) débute ainsi : « Il nous pleut à verse des Canges, mon cher concitoyen ». Cité dans A. Aulard, Paris pendant la réaction…, op. cit., p. 276.
8 Théodore Muret, L’Histoire par le théâtre, t. 1, Paris, Amyot, 1865, p. 145. L’auteur, vaudevilliste prolixe sous la monarchie de Juillet, conclut de façon contestable : « Au moins, les auteurs qui se signalèrent le plus dans ces exécutions théâtrales, ne furent pas de ceux dont on lit les noms en tête des pièces à bonnet rouge, et c’était une passion sincère qui les animait ». Hyacinthe Dorvo serait le parfait contre-exemple avec ses deux comédies créées au Théâtre de la République : Le Patriote du 10 août (1792) et Les Contre-révolutionnaires jugés par eux-mêmes (1794). Hector Chaussier est quant à lui l’auteur de L’Arrivée de Marat aux Champs-Elysées, vaudeville créé au Théâtre de la Cité le 21 mai 1794.
9 Voir le rituel qui ouvre solennellement la séance des Jacobins dans L’Intérieur des comités révolutionnaires. S’adressant à ses accusateurs, Dufour père déclare refuser de s’en coiffer « depuis que vous en avez fait un signe de sang » (Acte II, scène 5).
10 Voir la description savoureuse du tailleur dans Le Souper des Jacobins (scène 10).
11 La Pauvre femme (scène 2) et Les Suspects (scène 16).
12 Le tailleur du Souper des Jacobins, ruiné par une commande massive de pantalons que les Jacobins n’ont pas payée, ne sait comment se défaire de sa marchandise : « Un rustre seulement la marchande… pour faire / Quoi !... des épouvantails » (scène 10).
13 Le vaudeville de Martainville et Chaussier est une réponse à la comédie de Périn et Cammaille (cf. note 2).
14 Voir les exemples de Raffilard dans Le Faux député (Acte I, scène 7) ou du trio Aristide, Scévola et Caton dans L’Intérieur des comités révolutionnaires (Acte I, scènes 1 et 2).
15 C’est l’un des ressorts de L’Intérieur des comités révolutionnaires. Voir aussi Le Faux député (Acte II, scène 7) ; Le Souper des jacobins (scène 9) ; Les Jacobins aux enfers (scène 12). Soulignons enfin que le Jacobin du Concert de la rue Feydeau s’appelle précisément Brise-Scellé !
16 On retrouve logiquement dans les pièces de théâtre un thème incontournable des pamphlets ou des discours à la Convention. Voir Michel Biard, « Après la tête, la queue ! La rhétorique antijacobine en fructidor an II-vendémiaire an III » dans Michel Vovelle (dir.), Le tournant de l’an III. Réaction et Terreur blanche dans la France révolutionnaire, Paris, CTHS, 1997, p. 201-214 et B. Baczko, Politiques de la Révolution française, Paris, Gallimard, 2008, p. 149-164.
17 Voir Le Faux député (Acte II, scène 7) ; Le Concert de la rue Feydeau (scène VI) ; On respire (scènes 12, 13 et 16) ; Le Souper des Jacobins (scène VI) ; Les Jacobins aux enfers (scène 1) ; L’Intérieur des comités révolutionnaires (Acte I, scène 12 et Acte II, scène 5).
18 Le Souper des Jacobins (scène 10). Voir aussi le couplet d’Arlequin dans Les Jacobins aux enfers (scène VI).
19 Le terme « vampire » est explicitement employé dans L’Intérieur des comités révolutionnaires (Acte III, scène 9) mais outre cette pièce, la métaphore est filée dans On respire (scènes 3, 14 et 15), Le Souper des Jacobins (scènes 6 et 14) et Les Jacobins aux enfers (scènes 8 et 14).
20 Voir les qualificatifs d’« anthropophages » ou de « cannibales » dans Le Concert de la rue Feydeau (scène 7) ; Les Bustes ou Arlequin sculpteur (scène VI) ; On respire (scène 3) ; L’Intérieur des comités révolutionnaires (Acte I, scènes 11 et 12).
21 Cet oxymore est employé par Marguerite pour présenter Raffilard dans Le Faux député (Acte I, scène 7).
22 Voir Le Faux député (Acte III, scène 2) ; La Pauvre femme (scène 8) ; On respire (scène 12) ; Le Souper des Jacobins (scène VI).
23 « Ils ourdissaient la trame de leurs forfaits dans les ténèbres », « les traîtres encore cachés dans l’ombre », « les antres les plus profonds » (On respire, scènes 10, 12 et 16), ou encore « l’antre de Cacus » (L’Intérieur des comités révolutionnaires, Acte I, scène 12).
24 Voir « l’acte de confrairie » excipé par le jacobin Mortifer devant Pluton dans Les Jacobins aux enfers (scène VI) et « les statuts de votre confrairie » évoqués par Fanchette dans L’Intérieur des comités révolutionnaires (Acte III, scène 4).
25 Le Faux député (Acte II, scène 7, Acte III, scènes 1 et 3) ; Les Bustes ou Arlequin sculpteur (scène 8) ; Les Jacobins aux enfers (scènes 5 et 10) ; Les Suspects (scènes 4, 14, 16 et 20) ; Les Suspects et les Fédéralistes (scène 7), L’Intérieur des comités révolutionnaires (Acte I, scène 3 ; Acte II, scènes 6 et 8 ; Acte III, scènes 3, 5 et 6).
26 Voir l’embarras de l’Administrateur (jacobin) pour expliquer au maire Mathurin et à Claudinet la notion de « suspect » et celle de « fédéraliste » dans Les Suspects et les Fédéralistes (scène 7).
27 Les Jacobins aux enfers (scène 12).
28 Le Faux député (Acte I, scène 7).
29 On respire (scène 3).
30 L’Intérieur des comités révolutionnaires (Acte II, scène 5).
31 Cette périphrase pour caractériser le persiflage est employée par Rivarol dans les Actes des apôtres. Voir le chapitre « Le persiflage et la logomachie révolutionnaire » dans l’essai d’Élisabeth Bourguinat, Le Siècle du persiflage, 1734-1789, Paris, PUF, 1998, p. 183-194.
32 C’est la base de la motion déposée par Caton dans L’Intérieur des comités révolutionnaire (Acte II, scène VI).
33 Voir parmi d’autres les exemples de Raffilard dans Le Faux député (Acte II, scène 2) ou Aristide dans L’Intérieur des comités révolutionnaires (Acte III, scène 6).
34 Souligné par nous.
35 Le Concert de la rue Feydeau (scène 6).
36 Le bis des deux derniers vers accentue le sens du propos.
37 Le Concert de la rue Feydeau (scène 1).
38 La Pauvre femme (scène 2).
39 Scène 15.
40 Acte III, scènes 8 et 9.
41 « Si j’ai fortifié l’horreur des bons citoyens contre les anarchistes et les buveurs de sang, j’ai reçu la seule récompense que j’attachois à mon travail. Echauffons l’opinion publique contre nos oppresseurs, et nous parviendrons peut-être à précipiter l’action trop lente des loix contre des hommes qui étoient bien moins scrupuleux pour nous égorger, qu’on ne l’est aujourd’hui pour les punir ».
42 Scène 4. Germain répond au sentiment d’injustice exprimée par sa belle-sœur Julie.
43 Périphrase qui désigne le noyau dur de la jeunesse dorée employée par La Gazette française du 27 vendémiaire an III et citée par Antoine de Baecque, « Rire après la Terreur. Alphonse de Martainville, comique muscadin » dans Alain Vaillant (dir.), Ésthétique du rire, Nanterre, Presses universitaires de Paris Ouest, 2012, p. 169. Voir aussi l’article biographique illustré de Barbara T. Cooper, « Martainville, journaliste et auteur de théâtre (1776-1830), ou la politique entre presse et scène » dans Olivier Bara et Marie-Eve Thérenty (dir.), Presse et Scène au XIXe siècle, consultable et téléchargeable à l’adresse suivante : http://www.medias19.org/index.php?id=2937.
44 A. Aulard, Paris pendant la réaction…, op. cit., p. 266. Rapport du 3 frimaire an III.
45 Cf. infra.
46 A. Aulard, Paris pendant la réaction…, op. cit., p. 416. Rapport du 4 pluviôse an III.
47 Il en va de même d’une caricature qui circule dans la salle Feydeau et interrompt momentanément le concert donné le 29 mars 1795. Seule la légende énigmatique du dessin est retranscrite : « Je courrai pour rien ». A. Aulard, Paris pendant la réaction…, op. cit., p. 617. Rapport du 10 germinal an III.
48 Arrêté du Comité de sûreté générale du 24 pluviôse an III (12 février 1795) cité par Jacques Hérissay, Le Monde des théâtres pendant la Révolution, Paris, Perrin, 1922, p. 287.
49 A. Aulard, Paris pendant la réaction…, op. cit., p. 410-411. Rapport du 2 pluviôse an III. Il existe différentes versions : celle que nous donnons dans l’iconographie (et non datée précisément) est la plus courte.
50 On notera dans la version reproduite ici le « vive la République » précédant la signature de Gaveaux. Quant à Souriguère, il ne s’était pas encore engagé ouvertement en faveur du royalisme, ce qu’il fera dès l’année suivante en collaborant à la rédaction du Miroir, supprimé après le coup d’État du 18 fructidor an V. Voir Joseph-François Michaud et Louis-Gabriel Michaud (dir.), Biographie universelle, ancienne et moderne, t. 39, Paris, C. Desplaces, 1858, p. 709.
51 Voir également Le Cri du peuple, écrit et mis en musique par le citoyen l’Élu, et créé à Feydeau le 23 juin 1795. Il est imprimé dans Le Messager du soir du 9 messidor et retranscrit par A. Aulard, Paris pendant la réaction…, op. cit.., p. 32-33. À la différence du Réveil du peuple, sa vogue semble très éphémère.
52 Le terme est employé à l’égard de Michaux (sic) dans le rapport du 4 germinal an III. Cf. A. Aulard, Paris pendant…, op. cit., p. 596.
53 Cf. A. Aulard, Paris pendant la réaction…, op. cit., et J. Hérissay, Le Monde des théâtres…, op. cit., p. 299-313. L’auteur a souvent recoupé les rapports de police et la presse, mais il présente les faits selon une logique chronologique et spatiale aléatoire.
54 Cf. A. Aulard, « La querelle de la Marseillaise et du Réveil du Peuple », Études et leçons sur la Révolution française, 3e série, Paris, Alcan, 1902, p. 241-270. Par l’arrêté du 18 nivôse an IV (4 janvier 1796), le Directoire tente même d’imposer « les airs chéris des républicains » dans les théâtres de Paris et stipule qu’« il est expressément défendu de chanter, laisser ou faire chanter l’air homicide, dit le Réveil du peuple », désormais associé explicitement aux partisans d’un retour à la royauté (ibid., p. 264). Le 27 nivôse suivant, l’arrêté est étendu à tous les théâtres de la République. Voir aussi Laura Mason, Singing the french Revolution, Popular Culture and Politics 1787-1799, Cornell U.P., 1996.
55 Le Souper des Jacobins (scène 14).
56 L’expression « Dédéifier » utilisée dans notre intitulé se trouve employée à l’époque dans le chapitre C de Louis-Sébastien Mercier, Le Nouveau Paris, Paris, Mercure de France, 1994 [1798], p. 449.
57 Cf. Jean-Claude Bonnet, Naissance du Panthéon. Essai sur le culte des grands hommes, Paris, Fayard, 1998, p. 273-297.
58 A. Aulard, Paris pendant la réaction…, op. cit., p. 392, p. 397 et p. 402.
59 Ibid., p. 400.
60 « Il a la réputation d’avoir abattu le buste de Marat dans différents théâtres » peut-on lire dans le rapport du 16 pluviôse an III (ibid., p. 450). Voir également A. de Baecque, Rire après la terreur…, op. cit., p. 178-184.
61 Cette cérémonie, inaugurée au théâtre du Vaudeville à partir du 31 janvier ou du 1er février 1795, se répète aux théâtres Louvois, Cité-Variétés et Lazary le 3 février, et se clôt au théâtre de la Montagne [salle Montansier] le 9 février (A. Aulard, Paris pendant la réaction…, op. cit., p. 440-441, p. 443-444, p. 449-450 et p. 468). Rappelons que la panthéonisation de Rousseau, le 11 octobre 1794, avait suivi de près celle de Marat.
62 On retrouve au passage le thème du Jacobin-brigand à travers la filiation historique établie par Gilles qui avoue ne pas bien connaître ce qu’ont fait Marat et Chalier mais précise : « Avant de faire leur image / Je vendois celle de Mandrin » (scène 8).
63 Ce dernier avait déjà été mis en scène au théâtre par Martainville et Chaussier dans la scène 8 du Concert de la rue Feydeau.
64 La périphrase peut désigner en particulier l’égout de Montmartre. Cf. A. Aulard, Paris pendant la réaction…, op. cit., p. 445. Rapport du 14 pluviôse an III.
65 Scène 9. Le couplet est d’abord chanté par le Citoyen, puis repris par d’autres citoyens qui sont sans doute des muscadins, dont on peut supposer que la mise devait ressembler à celle de Cassandre. Dans la scène 6, celui-ci s’était adressé à sa fille Colombine en ces termes : « Je prétends que mon seul aspect / Inspire du respect. / Tu vois que ma barbe est faite, / Que j’ai fait une toilette ; / J’ai ma canne à bec, / Habit brodé, boutons de pincebec, / Culotte noire avec / Veste en velours d’Utrecht. /Le costume est, je crois, correct, /Pour n’être pas suspect ». La canne ou le bâton pouvaient servir au théâtre à détruire les bustes.
66 Sur le débat de 1797-1798, nous nous permettons de renvoyer à notre thèse : Sylvain Nicolle, La Tribune et la Scène. Les débats parlementaires sur le théâtre en France au XIXe siècle (1789-1914), t. 1, Université de Paris-Saclay, 2015, p. 42-47.
67 Cf. Philippe Bourdin, Jean-Claude Caron et Mathias Bernard (dir.), La Voix et le Geste. Une approche culturelle de la violence socio-politique, Clermont-Ferrand, PUPB, 2005.
68 B. Baczko, article « Thermidoriens » dans François Furet et Mona Ozouf (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française, t. 2, Paris, Flammarion, 1992, p. 447.
69 Sylvain Nicolle, La Tribune et la Scène…, op. cit., p. 484-498.