1 Novalis, Grains de pollen n° 104 (1798), dans Novalis, Semences, trad. O. Schefer, Paris, Allia, 2004, p. 92 et 295.
2 J. de Maistre, Considérations sur la France (1797), X, dans Œuvres, publ. P. Glaudes, Paris, Laffont, 2007, p. 276.
3 J. de Maistre, Discours à Madame la marquise de Costa (1794), dans Œuvres complètes, Lyon, Vitte, 1884-1886, t. VII, p. 273. Le thème selon laquelle la Révolution est une « grande époque » est au cœur des premiers chapitres des Considérations sur la France.
4 Sur ce point, Marx ne pensait pas autrement que Maistre : « Napoléon fut le dernier combat du terrorisme révolutionnaire […]. Il accomplit le terrorisme en mettant à la place de la révolution permanente la guerre permanente » (K. Marx et F. Engels, La Sainte Famille, 1845, trad. E. Cogniot, Paris, Éditions sociales, 1972, p. 149-150).
5 J. de Maistre, lettres de 1806, 1810 et 1812, Œuvres complètes, op. cit., t. X, p. 229, XI, p. 517-518, XII, p. 78.
6 Propos tenu par Rivarol en septembre 1795 et rapporté par Chênedollé (dans Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littéraire sous l’empire, édition par Maurice Allem, Paris, Garnier, 1948, p. 132-133).
7 Le terme est revendiqué par J. de Maistre dans la préface de son Essai sur le principe générateur des constitutions politiques (1814), Œuvres, op. cit., p. 364.
8 Selon les termes de J. de Maistre, Essai sur le principe générateur…, LXI, et Soirées de Saint-Pétersbourg (1821), 2e entretien, Œuvres, op. cit., p. 399 et 485. Dans son ouvrage Du fanatisme dans la langue révolutionnaire, en 1797, La Harpe a décrit la langue révolutionnaire comme un bouleversement du langage qui inversait et falsifiait toutes les significations de manière à accréditer les crimes les plus horribles tout en calomniant la vertu : « les mots, comme les choses, ont été des monstruosités ».
9 Pour des formulations éclatantes de cette thèse, voir J. de Maistre, Considérations sur la France, V, et Essai sur le principe générateur…, LXVI, Œuvres, op. cit., p. 226 et 401. La société, écrit pour sa part Burke en 1790, doit offrir à Dieu « l’État en oblation » (Réflexions sur la Révolution de France, trad. P. Adler, Paris, Hachette, 1989, p. 125).
10 L. de Bonald, Législation primitive (1802), Discours préliminaire, dans Œuvres complètes, Paris, Migne, 1859-1864, t. I, p. 1133.
11 En 1819, Bonald écrit à Maistre que leur accord essentiel tient à la capacité « de considérer la religion dans la politique, et la politique dans la religion » (J. de Maistre, Œuvres complètes, op. cit., XIV, p. 336). Il faut traiter « la politique en théologien, et la religion en politique », disait-il dès 1796 dans la Théorie du pouvoir (Part. I, Liv. IV, ch. V, dans Œuvres complètes, op. cit., t. I, p. 327).
12 Bonald perd confiance lorsque la Restauration échoue à ses yeux à rétablir la société sur ses véritables bases : « Ce que je vois de plus clair dans tout ceci… est l’Apocalypse », écrit-il à Maistre en 1817 (dans J. de Maistre, Œuvres complètes, op. cit., t. XIV, p. 322). Mais cette crainte reste extérieure à la théorie bonaldienne : Bonald ne théorise pas la possible signification apocalyptique de la Révolution, parce que celle-ci équivaut à l’impossibilité de la théorie. Ou bien la Révolution est passible d’une théorie sociale qui l’analyse comme une sorte de crise d’adolescence de la société, ou bien « la France république » annonce « la fin de la civilisation, de la religion, de la politique, la fin de la société, la fin de tout » (L. de Bonald, Réflexions sur la Révolution de juillet 1830, publ. Jean Bastier, Paris, Duc/Albatros, 1988, p. 105), et en ce second cas il ne reste rien à théoriser.
13 L. de Bonald, Essai analytique sur les lois naturelles de l’ordre social (1800), ch. VI, Œuvres complètes, op. cit., t. I, p. 1046.
14 L. de Bonald, Théorie du pouvoir, Part. I, liv. III, ch. V op. cit., p. 255. Le période, au masculin, désigne non pas un laps de temps, mais le moment précis où quelque chose se produit.
15 L. de Bonald, Législation primitive, Part. I, Liv. II, ch. 8, op. cit., p. 1197, 1200.
16 Sur le caractère essentiellement guerrier de la démocratie, voir L. de Bonald, Théorie du pouvoir, Part. I, liv. V, ch. V, op. cit., p. 360 sq.
17 « Le commencement de la sagesse en philosophie, c'est le mépris des idées anglaises » écrit Maistre à Bonald en 1814 (dans J. de Maistre, Œuvres complètes, op. cit., t. XII, p. 476).
18 Lettre à Ouvaroff sur le projet d’une académie asiatique, dans S. Ouvaroff, Études de philologie et de critique, 2e éd. revue et corrigée, Didot, Paris, 1845, p. 54.
19 E. Burke, Speech on the Army Estimates (February 9, 1790), dans Works, London, Nimmo, 1887, t. III, p. 216-218.
20 E. Burke, Réflexions sur la Révolution de France, op. cit., p. 17, 33 et 112. Selon les Lettres sur une paix régicide de 1796 (dans Réflexions, op. cit., p. 556), la « conséquence des droits de l’homme » est « que tout gouvernement non démocratique est une usurpation, que tout roi comme roi est un usurpateur ».
21 J. de Maistre, Mémoire sur les prétendus émigrés savoisiens, dédié à la nation françoise et à ses législateurs, s.l., 1796, 80 p. Voir aussi Œuvres complètes, op. cit., t. VII, p. 40-41, 46-56, 72-73 ; t. XIV, p. 73.
22 Ces thèmes sont constants chez Maistre : voir Œuvres complètes, op. cit., t. XI p. 260, XII p. 213 et 445, XIII p. 42. On a « droit de se combattre, de s’exterminer sur le champ de bataille, mais non de se juger » (t. VII, p. 68).
23 J. de Maistre, Mémoire sur les intérêts de S.M. le Roi de Sardaigne et de l’Italie en général (18 décembre 1813), dans Œuvres complètes, op. cit., t. XII, p. 407.
24 E. Burke, Lettres sur une paix régicide, op. cit., p. 563.
25 J. de Maistre, lettre de mars 1807, Œuvres complètes, op. cit., t. X, p. 325.
26 J. de Maistre, Soirées de Saint-Pétersbourg, 7e entretien, op. cit., p. 658.
27 L’expression « guerre totale » n’est apparue qu’après la première guerre mondiale. Elle a été appliquée aux guerres de la Révolution et de l’Empire par certains historiens, tel David Bell (The First Total War, Napoleon's Europe and the Birth of Warfare as We Know It, Boston & New York, Houghton Miflin, 2007). Pour un débat sur cette utilisation rétroactive (et contestée) du terme, voir David Bell, Annie Crépin, Hervé Drevillon, Olivier Forcade et Bernard Gainot, « Autour de la guerre totale », Annales historiques de la Révolution française, n° 366/2011, p. 153-170.
28 J. de Maistre, lettre d’avril 1814, Œuvres complètes, op. cit., t. XII, p. 424. Jean-Clément Martin n’hésite pas à parler de « guerre civile mondiale » à propos de la guerre commencée en 1792 (Contre-Révolution, Révolution et Nation en France 1789-1799, Paris, Seuil, « Points », 1998, p. 128-129).
29 E. Burke, Letter to Richard Burke on Protestant Ascendency in Ireland, 1793, dans Works, op. cit., t. VI, p. 398-399.
30 J. de Maistre, Considérations sur la France, V, op. cit., p. 229. Dans la même page, Maistre souligne l’enjeu « apocalyptique » de ce combat : « tout vrai philosophe doit opter entre ces deux hypothèses : ou qu’il va se former une nouvelle religion, ou que le christianisme sera rajeuni de quelque manière extraordinaire. »
31 C. Schmitt, La Notion de politique (1927-1932), trad. M.-L. Steinhauser, Paris, Calmann-Lévy, 1972, p. 98-99.
32 C. Schmitt, Théorie du partisan (1962), dans La Notion de politique, op. cit., p. 218. Ce grand récit est développé par Schmitt dans Le Nomos de la Terre, paru en 1950 (trad. L. Deroche-Gurcel, Paris, Puf, 2001).
33 E. Burke, Lettre à un noble lord (1796), dans Réflexions…, op. cit., p. 469.
34 E. Burke, Lettre à un membre de l’assemblée nationale de France, dans Réflexions…, op. cit., p. 359 (trad. modifiée). La traduction de Rivarol atténue considérablement ce passage.
35 J.-C. Martin, Contre-Révolution, Révolution et Nation en France, op. cit., et 300. J.-C. Martin va jusqu’à parler d’une antériorité de la Contre-révolution sur la Révolution (p. 15-17).
36 E. Burke, Lettres sur une paix régicide, op. cit., p. 579, 524, 581, 599 (trad. modifiée).
37 Ibid., p. 520-521, 554 (trad. modifiée).
38 Ibid., p. 554-555, 564-565 (trad. modifiée).
39 Ibid., p. 555.
40 Edward John Payne le notait déjà dans son édition des Four Letters on the Proposals for Peace with the Regicide Directory of France, Oxford, Clarendon, 1892, p. 362-363. Voir de même Jennifer M. Welsch, Edmund Burke and International Relations, Londres, Palgrave Macmillan, 1995, p. 141-166.
41 J. de Maistre, Considérations sur la France, II, op. cit., p. 207-208.
42 Ibid., III, p. 213-216.
43 J. de Maistre, Soirées de Saint-Pétersbourg, 7e entretien, op. cit., p. 655-667.
44 J. de Maistre, Considérations sur la France, III, op. cit., p. 217.
45 J. de Maistre, Soirées de Saint-Pétersbourg, 7e entretien, op. cit., p. 655-657 et 661.
46 C’est ainsi que, chez Maistre, la rhétorique du sublime s’applique légitimement au mystère d’un événement terrible où Dieu se manifeste par « les instruments les plus vils » (Considérations sur la France, I, op. cit., p. 202). Burke, qui refuse explicitement toute interprétation providentielle des faits, n’a pas cette ressource. Comme le note Pierre Glaudes (« Maistre et le sublime de la Révolution », Revue des études maistriennes, 14/2004, p. 183-200), alors même que Burke avait lié le sublime à l’expérience de la terreur dans sa Recherche philosophique sur l’origine de nos idées du sublime et du beau de 1757, il évite toute mention du sublime dans ses descriptions du phénomène révolutionnaire − comme s’il refusait de créditer celui-ci d’une grandeur associée à l’effroi. Avec ce résultat paradoxal que Burke doit user d’un style sublime pour dénier le sublime de la Révolution. Cf. Patrick Thierry, Burke. Le futur en héritage, Paris, Michalon, 2010, p. 105-116.
47 J. de Maistre, Considérations sur la France, I et II, op. cit., p. 205, 201.
48 J. de Maistre, lettre de 1817, Œuvres complètes, op. cit., t. XIV, p. 29. Voir aussi t. XIII, p. 188 (1815) : « La Révolution française est satanique dans son principe ; elle ne peut être véritablement finie, tuée, exterminée, que par le principe contraire, qu'il faut seulement délier (c'est tout ce que l'homme peut faire) ; ensuite il agira tout seul ».
49 J. de Maistre, lettres de 1815, Œuvres complètes, op. cit., t. XIII, p. 156 et 189.