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Résumés

p. 179-184


Texte intégral

1Il s’agit ici de replacer la diversité des pratiques de recherche illustrée par le recueil dans le cadre de la réflexion contemporaine sur les relations de la traductologie avec ses disciplines limitrophes. Alors que cette dernière s’est longtemps définie comme une discipline « importatrice » (Kaindl 1997) de concepts et de méthodologies exogènes, les développements récents de la recherche dans certains sous-domaines de la traductologie témoignent d’un début de rééquilibrage des rapports interdisciplinaires. De cette dernière tendance se dégage un nouveau profil disciplinaire pour la traductologie comme champ de recherche à l’identité bien définie, mais ancrée dans une dynamique d’ouverture et d’échanges méthodologiques et conceptuels.

2Mots-clés : traductologie ; interdisciplinarité ; réciprocité ; profil disciplinaire ; méthodologie.

3Depuis la publication de « The Name and Nature of Translation Studies » (Holmes 1972), les recherches traductologiques sont hantées par la question de la méthode. Parfois, cette méthode est empruntée à des disciplines ayant fourni les bases théoriques pour la réflexion proposée. D’autres fois, cette méthode est moulée sur la base de l’objet qu’on cherche à étudier. Souvent la méthode conçue est de nature plurielle, c’est-à-dire qu’elle intègre les outils de plusieurs disciplines dont les voix résonnent dans les approches et les contributions avancées. Cet article fait la chronique des choix méthodologiques faits pour étudier la traduction philosophique au Mexique entre 1940 et 1970. Il sera question de présenter les conséquences de ces choix et les réflexions liées à l’emprunt des outils des disciplines telles que la sociologie, l’histoire, l’analyse du discours et la traductologie. En somme, il s’agira de penser la méthode traductologique comme un récit polyphonique.

4Mots-clés : traductologie ; méthode ; polyphonie ; traduction philosophique ; Mexique ; interdisciplinarité.

5Plus ou moins quarante-cinq ans après sa conception, la traductologie présente encore l’aspect d’une discipline intellectuelle constamment à la recherche d’une identité qui lui est propre et d’objectifs précis et bien définis. En raison de l’indétermination épistémologique et programmatique de la discipline, un examen critique des plus récents avatars théoriques s’impose. De fait, le discours traductologique contemporain semble davantage animé, dans un rythme d’ailleurs de plus en frénétique, par une incessante succession de turns, de réorientations à l’allure parfois arbitraire ou stochastique, d’approches ad hoc axées sur l’intégration rapide et partielle de disciplines externes, de dialogues plus ou moins fructueux entre des disciplines variées, que par la mise en place d’un solide dispositif analytique reposant sur des fondements conceptuels à la fois rigoureux et productifs issus d’une heuristique féconde. À la suite du philosophe allemand Jürgen MittelstraB, nous défendons une conception de l’interdisciplinarité forte. De manière concrète, en traductologie cela se traduit par une attitude épistémologique à la fois plus forte et plus ouverte que celle proposée par Snell-Hornby et al. (integrated approach).

6Mots-clés : traductologie ; interdiscipline ; épistémologie de la traduction ; virages épistémologiques ; identité disciplinaire.

7Au fil des dernières décennies, l’analyse du discours politique (ADP) s’est taillé une place de choix en sciences humaines. Véritable carrefour de disciplines, l’ADP a désormais ses propres revues (notamment Les Mots et le Journal of Language and Politics) et les monographies sur ce sujet sont de plus en plus nombreuses. Cependant, comme l’a souligné Christina Schäffner en 2004, l’ADP pourrait davantage tirer profit de la traductologie qu’elle ne l’a fait jusqu’à présent. C’est en particulier vrai dans un pays bilingue comme le Canada, où les discours politiques des dirigeants sont traditionnellement prononcés dans les deux langues officielles, le français et l’anglais. Dans le cadre de cet article, nous passons en revue les grandes contributions de l’ADP (en français et en anglais) afin de bien évaluer l’apport de la traductologie dans ce domaine. Ensuite, à l’aide d’exemples tirés de discours politiques traduits, nous montrons comment la traduction peut modifier la portée d’un message, en fonction du destinataire. En guise de conclusion, nous proposons des pistes de solution pour favoriser une véritable interdisciplinarité entre la traductologie et l’analyse du discours politique.

8Mots-clés : Traductologie ; Analyse du discours politique ; discours traduits ; bilinguisme officiel ; Canada ; Premier ministre.

9Desiderio Navarro est un polytraducteur cubain qui a traduit depuis les années 1960 un énorme volume de textes théoriques russes et d’Europe de l’Est. Il l’a fait malgré les obstacles qui lui ont été imposés par la doxa néostalinienne en ex-URSS et à Cuba. Navarro a également publié une œuvre critique inspirée des nombreux textes théoriques qu’il a traduits. Cet article a pour but d’explorer les questions relatives à la trajectoire du traducteur et à l’appropriation de la théorie à travers la traduction, et de montrer comment les textes traduits par Navarro représentent, d’un côté, une lutte permanente contre des doxas tant nationales qu’internationales, et de l’autre, un effort soutenu de diffusion des nouvelles théories et de stimulation de la création théorique et artistique à Cuba.

10Mots-clés : Desiderio Navarro ; Cuba ; traduction post-coloniale ; activisme ; transculturation.

11Cet article analyse l’expérience d’écriture du traducteur italo-canadien Marco Micone comme un phénomène de catharsis identitaire et culturelle. Micone approche la traduction comme une manière de récupérer le capital littéraire (et linguistique) manquant : le travail traductologique sur le théâtre engagé l’aide à dépasser le traumatisme causé par l’émigration. Je propose ici le néologisme « dér-ac-imilation », pour expliquer le fait que les étapes de l’écriture miconienne passent à travers trois phases : le déracinement (raison pour laquelle il aborde l’écriture) ; l’acceptation (du nouveau contexte phénoménologique, grâce au pouvoir cathartique de l’écriture théâtrale) ; et finalement, l’assimilation, qui ne suppose guère la suppression du passé immigrant mais qui, au contraire, existe dans la mesure où celui-ci reste incorporé dans le présent. Cet article offre une réflexion sur la traduction comme espace littéraire où renégocier et redéfinir le paradigme identitaire, sans nécessairement renoncer à la culture source, pour mieux s’intégrer dans la société d’accueil. Ce serait une assimilation qui voit dans la traduction, et donc, dans l’apport de nouveau capital littéraire et symbolique (dans ce cas, la traduction de pièces engagées italiennes), un moyen pour l’émigré d’ennoblir et de réhabiliter sa figure. Un véritable passeport qui lui donnerait le droit de circuler ailleurs et d’exporter sa propre « marchandise intellectuelle culturelle ».

12Mots-clés : autotraduction ; Marco Micone ; identité migrante ; écriture bilingue ; déracimilation.

13Cet article traite de la notion de voix qui, quoiqu’employée par de nombreux écrivains ou critiques, n’est que rarement ou partiellement définie, peut-être car elle est au carrefour de diverses disciplines. Il aborde la voix de l’auteur, pour saisir plus précisément ce qu’est la voix du traducteur, en prenant l’exemple des cinq traductions du Hamlet de Shakespeare par le poète contemporain Yves Bonnefoy. Il rapproche la voix du traducteur de la notion de ré-énonciation telle que la développe Barbara Folkart dans Le Conflit des énonciations, pour finalement la définir comme la trace d’une subjectivité ré-énonciative, matérialisée dans une série de décalages avec le texte de départ. Dès lors, il fait apparaître que dans la traduction de la poésie plus particulièrement, ainsi dans la traduction de Hamlet par Bonnefoy, l’acte traducteur peut se faire non plus ré-énonciation mais recréation, c’est-à-dire écriture d’un poème nouveau, dans une autre langue, et dans lequel la voix du traducteur sera audible, de même que sa poétique propre sera sensible. Si bien que la traduction de la poésie engage, plus que tout autre type de traduction littéraire, la voix du traducteur, qui s’inscrit comme sujet dans son texte, et plus encore s’il est poète lui-même.

14Mots-clés : Hamlet ; Bonnefoy ; voix ; retraduction ; poétique ; ré-énonciation.

15Dans le monde du savoir, où l’interdisciplinarité est au centre de la discussion, on peut se poser la question suivante : comment traductologues, chercheurs en sciences de l’éducation et experts en psychologie cognitive peuvent-ils profiter d’un travail conjoint pour favoriser l’apprentissage chez les étudiants ? Déjà, des traductologues se sont intéressés à l’aspect cognitif de la traduction, comme en font notamment état les travaux de Tirkkonen-Condit (1989), de Jääskeläinen (1996, 1998) et de Gile (2005). Les recherches accomplies en ce sens ont permis non seulement de pousser la réflexion sur l’activité des traducteurs, mais également de donner des repères aux formateurs. Les chercheurs ont aussi abordé les méthodes d’évaluation et le sujet de la compétence traductionnelle. Mais que reste-t-il à accomplir ? Dans cet article, nous abordons entre autres certaines études liées à la formation et à l’apprentissage réalisées en psychologie cognitive, plus spécifiquement en cognition musicale, qui pourraient inspirer des recherches conjointes entre les traductologues, les chercheurs en sciences de l’éducation et les experts en sciences cognitives.

16Mots-clés : enseignement de la traduction ; musicologie ; psychologie cognitive ; compétences des traducteurs ; métacognition.

17Depuis que la traduction est entrée dans le contexte universitaire, les traductologues tentent de proposer la meilleure manière de former les futurs traducteurs, montrant ainsi leur souci de faire de leur discipline un champ de recherche en constant développement. Au Canada, cette préoccupation pour l’innovation est très présente dans la formation des traducteurs. Malgré d’excellents progrès dans ce sens, la recherche en pédagogie de la traduction pourrait bénéficier du lien interdisciplinaire qui peut s’établir entre la formation des traducteurs et la riche tradition de recherche en sciences de l’éducation. L’objectif de notre réflexion est, d’une part, de présenter quelques arguments en faveur d’une consolidation des liens interdisciplinaires entre la traductologie et les sciences de l’éducation, et d’autre part, d’insister sur l’importance de fonder la formation des traducteurs sur une meilleure collaboration entre les formateurs de traducteurs et les fournisseurs de services de traduction au Canada.

18Mots-clés : formation des traducteurs ; pédagogie de la traduction ; sciences de l’éducation ; compétences des traducteurs ; recherche-action.

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