Robert d'Artois et les angevins (1274-1302), d’après le chartrier des comtes d'Artois
p. 119-132
Texte intégral
1Une des particularités du chartrier des comtes d’Artois est de conserver, pour la fin du XIIIe siècle, un ensemble de documents ayant trait au long séjour que fit le comte Robert II, entre 1282 et 1291, dans le royaume angevin de Sicile. De nature très diverse (actes isolés, lettres missives, comptes, et même les pièces d’un procès de haute trahison), ces documents sont d’autant plus précieux que les centaines de « registres angevins », témoignage exceptionnel laissé par le gouvernement et l’administration de Charles 1er d’Anjou et de ses successeurs, ont été détruits par les Allemands en 19431. Les archivistes de Naples ont certes depuis lors reconstitué dans la mesure du possible les registres perdus2, mais la série A des Archives départementales du Pas-de-Calais apporte une belle gerbe de documents originaux qu’il n’est pas inutile de faire connaître aux spécialistes de l’histoire de la dynastie angevine3. Ce sont ces documents que je souhaite présenter ici rapidement, dans le cadre d’un travail de plus longue haleine sur Robert II d’Artois4.
2Robert II, comte d’Artois, eut toute sa vie un lien privilégié avec ses parents angevins, son oncle Charles d’Anjou, roi de Sicile (1265-1285), et son cousin Charles II (1285-1309)5. On ignore dans quelles conditions s’est noué ce lien privilégié. Avant de partir pour son expédition italienne, Charles d’Anjou avait-il repéré les qualités exceptionnelles de son jeune neveu, qui, en 1265, n’avait que seize ou dix-sept ans6 ? Une lettre par laquelle Charles d’Anjou déclarait donner sa protection à plusieurs marchands de Sienne est bien conservée à Arras, mais sous la forme d’un vidimus de l’official de Paris, daté de 1268 : on peut donc penser que Robert d’Artois n’en était pas le seul destinataire, et qu’il s’agissait d’une lettre envoyée à tous les princes français7. Il ne paraît pas d’autre part que Robert d’Artois ait suivi Charles d’Anjou dans la conquête du royaume de Sicile en 1265, même si on a pu le croire plus tard8. Il est certain en tout cas que, le 25 août 1270, en Tunisie, Charles, après avoir médité devant la dépouille de son frère Saint Louis qui venait de s’éteindre, se rendit immédiatement après dans la tente du comte d’Artois, et confia ses enfants à la comtesse, Agnès de Courtenay9. Les chroniqueurs s’accordent tous à faire de Robert d’Artois un des principaux héros de la croisade de Tunis. Philippe III, du reste, ne s’y trompa pas : le jour de son sacre, le 15 août 1271, il désigna son cousin germain pour porter l’épée « Joyeuse », un honneur qui devait revenir « au plus loyal et au plus prud’homme du royaume et de tous les barons, et à celui qui plus aime l’honneur et le profit du royaume et de la couronne »10. Charles d’Anjou, toujours désireux d’étendre sa puissance, avait un grand besoin d’hommes de guerre. On est libre d’imaginer alors que la familiarité entre Charles et son neveu se noua ou se renforça au cours du séjour à Tunis et lors des mois qui suivirent le départ pour la Sicile (novembre 1270). Les croisés malheureux s’attardèrent en effet deux mois dans le royaume angevin (décembre 1270-janvier 1271), avant de remonter toute la péninsule italienne. Le roi Charles les accompagna jusqu’à Viterbe, où se trouvaient alors les cardinaux, toujours incapables d’élire un successeur à Clément IV, pourtant disparu à la fin de 1268. Quelques années plus tard, Robert d’Artois est de nouveau en Italie, au service de son oncle, entre la fin de 1274 et les premiers mois de 127611. Pendant une absence de Charles, Robert fut même brièvement vicaire général du royaume de Sicile (fin 1275-début 1276)12. À la cour de Philippe Ill, Robert d’Artois représentait le « parti angevin », pour reprendre l’expression de l’historien du règne, Charles-Victor Langlois13. En 1276, par exemple, au retour de son séjour italien, Robert d’Artois entra dans une violente colère en apprenant que sa sœur Blanche, comtesse douairière de Champagne, avait été remariée, à Edmond, comte de Lancastre, frère du roi d’Angleterre, sans que Robert ait été consulté14. Quelles pouvaient être les raisons de la colère de Robert d’Artois ? Certaines, peut-être, nous échappent. Mais tout porte à croire qu’il avait surtout en vue les intérêts de son oncle Charles d’Anjou : celui-ci n’avait en effet rien à attendre de la famille royale anglaise, acquise au parti de Marguerite de Provence, la reine-mère, son ennemie personnelle depuis que Charles l’avait dépouillée du comté de Provence15. En 1279, le fils aîné de Charles d’Anjou, le prince de Salerne, se rendit en France, pour présider aux négociations de paix entre les rois de France et de Castille. Une chronique rédigée peu de temps après les événements commenta ainsi le séjour du prince : « Et fut la France moult esbaudie tant comme le prince y fut ; mais il n’y fut pas longuement ; ainsi prit-il congé du roi et du conte d’Artois, son cousin, et s’en retourna en Provence et de là en Pouille16 ». Que notre chroniqueur anonyme ait pris soin de mentionner le comte d’Artois montre que le lien entre ce dernier et la famille angevine était de notoriété publique. C’est assez logiquement, par conséquent, que Charles d’Anjou, confronté au printemps 1282 à la révolte de ses sujets de l’île de Sicile, demanda à son neveu Philippe III de lui envoyer des hommes d’armes, à la tête desquels il souhaitait explicitement voir placé le comte d’Artois. Dans une lettre datée du 9 mai 1282 et conservée aux Archives nationales, Charles écrivait en effet : « Sire, nous vous faisons savoir que l’île de Sicile est révélée contre nous ; laquelle chose nous pourrait tourner à grand dommage si nous n’y mettions hâtif conseil : et pour cela, beau neveu, nous avons très grand besoin d’avoir avec nous grande quantité de bonnes gens d’armes... ». Le roi de Sicile demandait ensuite à Philippe III de laisser venir à lui le comte d’Artois, « avec quelque cinq cents hommes d’armes », et de prêter l’argent nécessaire à une telle expédition. La lettre se terminait ainsi : « Et nous avons mandé par nos lettres a notre cher neveu le comte d’Artois qu’il vienne à nous... et que vous lui ferez délivrer la monnaie dont il aura besoin17 ». Le roi Charles semblait donc certain que Robert ne lui ferait pas défaut : nouvel indice de liens privilégiés.
3Robert d’Artois, de fait, fit alors ses préparatifs, assez bien documentés par le « Nouveau cartulaire d’Artois » – en réalité un fragment de registre de la chancellerie de Robert d’Artois18. Ce fragment donne le texte de quelques conventions conclues entre le comte et quatre chevaliers : Jean de Brinveske (24 juin 1282), Jean de Brimeulieke (24 juin), Adam d’Estrelles (26 juin), et Eustache d’Havindancre (21 août)19. Le comte de Boulogne se joignit également à la suite du comte d’Artois20. Quelques pièces originales, surtout des quittances, rapportées d’Italie par le comte d’Artois, montrent que d’autres chevaliers étaient à son service. Le 9 septembre 1283, à « Nicastre en Calabre » (c’est-à-dire Nicotera), Robert reconnaissait devoir à Gui Broussart le reste de ses gages pour le service d’une année « pour la besogne de Sicile21 ». Quelques mois plus tard, c’était à Pierre de Wailly que le comte reconnaissait devoir de l’argent22. Sur place, Robert d’Artois retint à son service de nouveaux chevaliers, comme Béraud de Saint-Georges23 ou Ytier de Mignac24. Au moins un autre document nous renseigne sur la suite du comte d’Artois en Italie : en octobre 1283, son cuisinier Raymond reçut pour ses bons services 40 livres tournois25.
4Robert d’Artois et son cousin Pierre d’Alençon, un des frères de Philippe III, arrivèrent dans le royaume de leur oncle au cours de l’automne 1282. Le comte d’Artois devint rapidement le principal chef de guerre de l’armée angevine, en partie en raison des circonstances contingentes. Charles Ier, parti pour la France au début de 1283, pour y chercher des secours, demeura absent jusqu’en juin 1284. Alors qu’il était sur le chemin du retour, son fils, le futur Charles II, fut fait prisonnier au cours d’une malheureuse bataille navale livrée aux Siciliens dans le golfe de Naples. Le comte d’Alençon, quant à lui, était mort en avril 128326. D’abord comme capitaine général puis, à partir d’août 1284, comme vicaire général, Robert d’Artois assura donc dans une large mesure la défense du royaume angevin confronté à une crise potentiellement fatale. Charles Ier mourut le 7 janvier 1285. Sur son lit de mort, il désigna son neveu Robert d’Artois comme régent du royaume et gardien de ses petits-enfants – le prince de Salerne, toujours prisonnier, paraît écarté de la succession. Le pape Martin IV, très impliqué dans la guerre de Sicile et suzerain du royaume angevin, lui adjoignit le légat Gerardo Bianchi. Ce fut bien Robert d’Artois, cependant, qui demeura en charge de la guerre27.
5Charles II, libéré de captivité en 1289, se trouve souvent absent du royaume pour conduire les négociations censées conclure la guerre ouverte en 1282. De concert avec le nouveau prince de Salerne, Charles-Martel, futur roi de Hongrie, Robert d’Artois reste à la tête du royaume, avec, comme en 1284, le titre de capitaine général. Robert ne quitta le royaume angevin qu’à la fin de 1291, après y avoir vécu près de dix ans. Les registres angevins, tels qu’ils ont pu être partiellement reconstitués, fournissent quantité de renseignements sur les activités de Robert d’Artois tout au long de son séjour de Sicile : il y apparaît à chaque page ou presque. Mais c’est principalement la correspondance administrative qui a été transcrite dans les registres – à ce propos, on peut signaler qu’un registre composé uniquement d’actes émis par le comte d’Artois a miraculeusement survécu, parce qu’il fut de bonne heure déposé aux archives pontificales28. Les documents du chartrier donnent cependant un éclairage très différent et, à tout prendre, plus varié et ponctuellement plus détaillé, sur le séjour et les responsabilités du comte d’Artois29.
6Le dossier le plus important du point de vue de l’histoire politique est composé de trois pièces relatives au procès du comte d’Acerra, Adenolfo de Aquino (A 900, no 1-3)30. Le comte d’Acerra était issu d’une des principales familles de la noblesse autochtone, dont le ralliement à Charles d’Anjou avait été lent. Fait prisonnier en juin 1284 dans le golfe de Naples en même temps que le prince de Salerne, le comte d’Acerra avait été à sa libération, quelques mois plus tard, accusé de haute trahison et condamné à mort. L’intervention du pape Honorius IV avait suspendu l’exécution du verdict. Les trois documents du dossier sont, d’une part, deux versions de la longue sentence prononcée par le comte d’Artois en tant que régent du royaume et, d'autre part, un passionnant cahier où sont copiées les réponses des témoins interrogés au cours de l’enquête. Revenu en grâce après le départ du comte d’Artois, le comte d’Acerra connut une fin brutale peu de temps après, puisque, reconnu coupable de trahison et de sodomie, il « fut, de son derrière jusques à la bouche, en une broche de fer ardant transfiché, et après fut ars [brûlé]31 ».
7Beaucoup des documents « angevins » conservés à Arras ont trait aux biens possédés par le comte d’Artois dans le royaume de Sicile. Charles Ier et Charles II, en effet, ont comblé de biens leur principal chef de guerre. Dans un pays de conquête comme l’était l’Italie du sud, l’obligation de présence était très stricte : tout feudataire qui quittait le royaume voyait ses biens confisqués. Il semble que les services éminents rendus par Robert d’Artois aient justifié une exception en sa faveur et, même après son départ, celui-ci put conserver dans le Regno des biens importants, notamment des « massaries », c’est-à-dire des fermes32. La pièce la plus intéressante de ce point de vue est un registre33 – un des premiers registres en papier conservés en France34. Il s’agit des comptes des biens du comte d’Artois pour les 11e, 12e et 13e années de l’indiction, soit 1298, 1299 et 130035. Un autre document est très précieux : il s’agit du « compte monseigneur Thibaut de Mauregart, chevalier, estrait li quels fu envoiés du commandement monseigneur le conte d’Artois procureur es besoignes dudit conte de ses masses et des besoignes en Puille l’an de grace mil cc iiiixx et xv » ; le compte court en fait de mars 1296 jusqu’au 28 juillet 129936. Thibaud de Mauregart était le fils d’un proche du comte d’Artois, Simon de Mauregart ; comme le montrent deux comptes conservés aux Archives départementales du Nord, Thibaud avait eu, au moins entre 1292 et 1294, la charge des enfants de Philippe, le fils aîné du comte d’Artois37.
8Plusieurs autres documents conservés à Arras montrent tout le soin dont les Angevins entouraient les biens du comte d’Artois. Le 4 novembre 1291, par exemple, Charles-Martel, prince de Salerne, ordonnait à Flor de Venusio de prendre soin des haras du comte d’Artois38. Au moins deux autres mandements du prince sont adressés à ce personnage, qui portait le titre de maître des haras du comte39. Le 16 septembre 1292, le prince ordonnait à Roger de Costa de Venosa de payer certaines dépenses faites pour les chevaux que possédait le comte d’Artois40. Ce Roger de Costa, chevalier, était de fait le responsable, avec le titre de vicaire ou de magister massariorum, des fermes du comte d’Artois41 : le 26 novembre 1291, quelques jours avant de quitter le royaume, ce dernier lui donnait des ordres sur la conduite à tenir42. Quelques mois plus tard, le 25 juillet 1292, Jean de Montfort, chambrier du royaume, se préoccupa des animaux qui avaient été fournis au comte d’Artois43. De retour en France, Robert d’Artois continuait à expédier des ordres à Roger Costa : le 4 mai 1295, celui-ci était ainsi chargé de donner douze truies à la mère de Cal Jehan, le nain du comte44.
9En 1283-1284, Charles d’Anjou passa dix-huit mois en dehors de son royaume, particulièrement à la cour de Philippe III : venu d’abord pour chercher du secours contre les Siciliens et les Aragonais, Charles d’Anjou dut également peser dans les négociations qui tournaient autour de la dévolution du royaume d’Aragon à un fils de Philippe III. Avant de partir pour la France, le roi de Sicile avait désigné son fils, le prince de Salerne, pour gouverner à sa place, avec le concours de Robert d’Artois, chargé de la conduite des opérations militaires, et de Pierre d’Alençon. Au cours de son séjour en France, Charles d’Anjou fut amené à intervenir en faveur du comte d’Artois, dont les terres étaient administrées par deux lieutenants que Robert avait nommés avant de partir, un chevalier, Jean de Melun, et un clerc, Barthélemy de Montet. Le 5 mars 1284, depuis Paris, Charles d’Anjou ordonna à ces derniers de laisser procéder le comte de Boulogne à une vente de bois – l’autorisation des représentants du comte d’Artois était requise du fait que ce bois était compris dans le fief que tenait de lui le comte de Boulogne45.
10Il faut réserver une place particulière à une très belle pièce, en date du 7 novembre 129146. Ce jour-là, les principaux conseillers du roi de Sicile (Jean de Montfort, comte de Squillace et chambrier du royaume de Sicile, Narjot de Toucy, amiral, Othon de Toucy, maître justicier, Spararus de Baro, maître des comptes de la chambre royale, Guillaume L’Étendard, maréchal, Raynaud Galardus, maître panetier, Refortiatus de Castellana et Guillaume d’Aunay, chevaliers, conseillers et familiers du roi de Sicile, attestaient que Robert d’Artois n’avait rien voulu retenir pour lui de la subvention levée récemment : cette attestation avait sans doute pour but de dégager la responsabilité du comte d’Artois alors qu'il allait quitter le royaume. D’autres actes furent émis par le comte d’Artois lui-même : deux, du début de l’année 1291, concernent un notaire semble-t-il véreux, Donat de Florence, qui avait quitté le royaume47.
11De retour à la cour du roi de France, le comte d’Artois continua sans doute à veiller sur les intérêts de son cousin Charles II qui, de façon significative, s’adressait à Robert sicut patri, comme à son père – ce qui n’est pas anodin, surtout si l’on se remémore la personnalité exceptionnelle qu’était Charles Ier d’Anjou. C’est Robert d’Artois qui, pendant l’hiver 1292, dirigea l’ambassade chargée par Philippe le Bel de rejoindre à Gênes les envoyés de Charles II et du Sacré collège, pour y convaincre les autorités de la république de prêter leur concours à la guerre contre l’Aragon. Cette ambassade, qui comprenait aussi Pierre Flote et Pierre de Mornay, évêque d’Orléans, fut un échec, mais elle témoigne du zèle que mettait le comte d’Artois à la défense des intérêts de son cousin48. Par la suite, Robert d’Artois entretint des relations très étroites avec sa parenté angevine, qui semble de fait lui avoir voué une véritable vénération. Le 18 mars 1296, alors qu’il commandait l'armée royale en Aquitaine, Robert d’Artois envoya « au roi et à la reine de Sicile, à leurs enfants et à plusieurs barons » Henri A La Barbe et Robinet de Villacoublay, porteurs de lettres de statu et novis belli, « sur l’état [de santé] et les nouvelles de la guerre ». Les deux messagers reçurent pour cela cent livres49. On est en droit de penser qu’il existait entre le comte d’Artois et les princes angevins toute une correspondance, à peu près entièrement perdue, mais qui ne devait pas être très différente de celle qu’échangeaient, à la même époque, les rois de France et d’Angleterre, et dont il subsiste des traces non négligeables : des lettres de statu, c’est-à-dire relatives à l’état de santé de l’expéditeur et du destinataire, et sans doute d’autres dont le contenu était plus libre50. Une de ces lettres a d’ailleurs survécu. Expédiée par Charles-Martel, le fils aîné de Charles II, à Robert d’Artois, elle est d’un intérêt exceptionnel : après s’être réjoui des bonnes nouvelles envoyées par le comte dans sa dernière lettre, le prince l’assurait que sa famille et lui-même se portaient bien ; il lui demandait d’appuyer les affaires de son père auprès du roi de France et lui apprenait que sa mère, Marie de Hongrie, lui avait cédé ses droits sur la couronne de Hongrie, et qu’en conséquence il portait désormais le titre de « roi de Hongrie51 ». Robert d’Artois était par ailleurs généreux envers Catherine de Courtenay, fille de l’empereur titulaire de Constantinople Philippe de Courtenay et d’une fille de Charles d’Anjou, qui avait hérité de son père la couronne impériale et qui avait longtemps vécu à la cour de Naples avant d’être appelée en France par Philippe le Bel – elle finit par épouser Charles de Valois, en apportant à ce dernier le titre impérial52.
12Robert d’Artois était d’ailleurs entouré d’hommes et de femmes qui l’avaient suivi lors de son départ du royaume angevin53. On a vu passer plus haut son nain, « Jehan Cal », mais il faudrait signaler également une « Roberte la More », sans doute une Musulmane convertie et une filleule du comte d’Artois dont elle portait le prénom féminisé54. Toujours en vertu de la règle qui interdisait aux feudataires de quitter le royaume, Robert d’Artois dut solliciter du prince de Salerne l’autorisation pour plusieurs de ses proches de l’accompagner dans son voyage ; on connaît ainsi les noms de quelques-uns des membres de l’entourage de Robert d’Artois55. Plusieurs Italiens suivirent également Robert d’Artois : sur la demande de ce dernier, Charles Martel autorisa le 31 octobre 1291 Giovanni Pipino, maître rational, à accompagner le comte en France56. Le 3 novembre, une autorisation similaire fut donnée à Renaud de Villemain, chambellan du comte, chevalier et familier de la cour royale57. Celui qu’on connaît sous le nom francisé de Renaud Coignet de Barlète, conseiller et familier de Charles II, fit également partie de la suite du comte lors de son départ58. Il sera pendant plusieurs années le garde des terres du comte d’Artois, pendant les nombreuses absences de celui-ci. Un autre Italien, mais un Génois, cette fois, fit une belle carrière au service du comte d’Artois et du roi de France : il s’agit de Henri le Marquis59. Henri fut d’abord au service de Charles d’Anjou, dont il commandait peut-être le navire personnel60 ; « valet et familier du roi61 », il entre ensuite dans l’entourage du comte d’Artois, dont il est l’huissier et le familier vers 129062, tout en demeurant le familier de Charles II ; c’est d’ailleurs ce dernier qui l’arme chevalier et en fait le châtelain de Trani63. S’il suit Robert d’Artois lors du départ de celui-ci du royaume angevin, il semble être alors rentré à Gênes, où vinrent le chercher, avec d’autres marins expérimentés, des envoyés du roi de France64. Ses talents sont mis à contribution dans les années qui suivent, au cours de la guerre avec l’Angleterre, et son nom revient alors avec une grande régularité dans les comptes qui concernent « l’armée de la mer », dont il semble avoir été la cheville ouvrière65. Il participe également à la guerre d’Aquitaine, aux côtés d’un proche de Robert d’Artois, Othon de Toucy66. À la fin de 1298, il est nommé par Robert d'Artois prévôt et châtelain de Calais, très important port de mer. Henri le Marquis devint alors un personnage suffisamment considérable pour figurer dans les comptes de l’Hôtel royal - en octobre 1301, il était payé pour 87 jours passés à l’Hôtel67. Ses services furent richement récompensés par le comte d’Artois, qui lui donna en juillet 1298 une terre sise à Ivergny68, ayant appartenu à Baudouin de Saint-Georges, écuyer69. Après la mort de son protecteur, le comte d’Artois, Henri ne fut pas dépourvu d’employeur : en 1307 au plus tard, il entra au service de Charles de Valois qui l’envoya en Italie préparer sa grande expédition de reconquête de Constantinople70. On perd ensuite sa trace.
13Robert d’Artois fut tué le 11 juillet 1302 à la bataille de Courtrai. Quelque temps avant sa mort, il était toujours en rapport avec son cousin Charles II Au printemps 1302, celui-ci reconnaissait lui devoir quatre mille livres tournois, qu’il s’engageait à lui verser quand la guerre de Sicile serait finie71. Le 25 janvier 1303, Charles II ordonnait à ses représentants en Provence de payer au comte et à la comtesse d’Artois (Othon, comte de Bourgogne, et Mahaut) diverses sommes qu’il devait à leur père Robert d’Artois ; cet ordre fut répété le 11 avril suivant72. Le dernier document conservé dans le chartrier des comtes d’Artois concernant les rapports avec les Angevins est une lettre écrite, le 22 août 1303, par la comtesse Mahaut à Charles II Elle y exposait comment Renaud Coignet, pendant qu’il gouvernait l’Artois en l’absence du comte Robert, avait commis toutes sortes d’exactions, et que, cité à comparaître devant elle, il avait pris la fuite ; à toutes fins utiles, Mahaut demandait à Charles II de ne pas l’accueillir dans ses terres73.
14Les liens entre Robert II, comte d’Artois, et la branche angevine de la famille capétienne ont été très étroits. Tout au long de sa vie et singulièrement pendant les dix ans de son séjour en Italie, Robert II a été le soutien le plus fiable du royaume angevin, au point que Charles II et le fils aîné de celui-ci Charles Martel, s’adressaient à lui « comme à [leur] père ». Sans fournir, il s’en faut de beaucoup, autant de renseignements que les registres angevins reconstitués, les documents conservés aux Archives départementales du Pas-de-Calais ont une saveur particulière, qu’ils renvoient à des affaires capitales (le procès du comte d’Acerra) ou au contraire tout à fait secondaires (tel mandement au garde des « massaries »). Tous ces documents mériteraient d’être publiés. On pourrait même envisager de rechercher, dans les dépôts d’archives français, tous les documents relatifs à la première dynastie angevine, et en proposer la publication – comme les Angevins étaient également comtes de Provence, et que leur administration a laissé des traces importantes, il faudrait laisser de côté les fonds provençaux. Nul doute qu’une telle publication renverrait une image singulièrement enrichie des rapports entre les deux branches de la dynastie capétienne, à l’apogée de leur histoire.
Notes de bas de page
1 Jean Longnon, « Les registres de la chancellerie angevine de Naples et leur reconstitution », Journal des savants, 1959, p. 27-40 ; 1970, p. 128 ; 1974, p. 291-292.
2 Jole Mazzoleni, Storia della ricostruzione della cancellería angioina, Naples, Presso l’Accademia, 1987 ; depuis 1959, de très nombreux volumes ont paru sous les auspices de l'Accademia Pontaniana, sous le titre général I Registri della cancellería angioina ricostruiti da Riccardo Filiangieri, con la collaborazione degli archivisti napoletani, abrégé désormais RCA.
3 Il est facile de se repérer dans le chartrier des comtes d’Artois grâce aux deux tomes de l’inventaire rédigé par Jules-Marie Richard et au volume des Sources de l’histoire économique et sociale du Moyen Âge, mis au point par Robert-Henri Bautier et Janine Sornay, avec la collaboration de Françoise Muret, t. 2, Les Etats de la Maison de Bourgogne, volume 1, Archives des principautés territoriales, 2, Les principautés du Nord, Paris, Éditions du CNRS, 1984, p. 325-365.
4 J’ai utilisé un dossier d’actes tirés des cartons A 41 et 46 des Archives départementales du Pas-de-Calais dans « Délégation du pouvoir et contrôle des officiers. Les lieutenants du roi sous Philippe III et sous Philippe IV », publié dans Laurent Feller (dir.), Contrôler les agents du pouvoir. Actes du colloque tenu à Marne-la-Vallée en juin 2002, Limoges, Pulim, 2004, p. 169-190. Les conditions de la mort des deux premiers comtes d’Artois, Robert Ier et Robert II, m’ont retenu dans « “Vous êtes du poil du loup”. Genèse du récit de défaite, de Mansourah (8 février 1250) à Courtrai (11 juillet 1302) », dans JeanClaude Cheynet et Dominique Barthélemy (éd.), Guerre et société, Byzance-Occident (VIIIe-XIIIe siècle), Paris, 2010 (Centre de recherche et d’histoire et civilisation de Byzance, 31), p. 185-200.
5 Jusqu’à la parution toute récente du livre de Jean Dunbabin, The French in the Kingdom of Sicily, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, que je n’ai pas pu utiliser pour cette étude, le rôle de Robert d’Artois n’avait sans doute pas été assez mis en valeur : outre le remarquable ouvrage de synthèse de Émile G. Léonard, Les Angevins de Naples, Paris, Presses universitaires de France, 1954, on peut citer les travaux substantiels d’Andreas Kiesewetter, Die Anfänge der Regierung König Karls II. von Anjou (1278-1295), Husum, Matthiesen Verlag, 1994 et, du même auteur, une étude consacrée spécifiquement à la régence de Robert d’Artois et de Gerardo Bianchi après la mort de Charles d’Anjou, « Die Regenschaft des Kardinallegaten Gerhard von Parma und Roberts II von Artois im Königreich Neapel 1285 bis 1289 », dans Forschungen zur Papst-, Reichs- und Landesgeschichte, P[eter] Herde zum 65. Geburtstag von Freunden. Schülern und Kollegen dargebrach, éd. K. Borchardt et E. Bünz, Stuttgart, Hiersemann, 1998, p. 477-522. Sur le royaume angevin de Sicile, Giuseppe Galasso, « Il Regno di Napoli. Il Mezzogiorno angioino e aragonese (1266-1494) », dans Storia d’Italia, éd. Giuseppe Galasso, t. XV/1, Turin, UTET, 1992, particulièrement aux p. 15-109, et Jean Dunbabin, Charles I of Anjou, Londres-New York, Longman, 1998. Les travaux plus anciens n’ont de toute évidence pas perdu leur utilité : Paul Durrieu, Les Archives angevines de Naples. Etude sur les registres du roi Charles Ier, Paris, E. Thorin, 21., 1886-1887 ; Alain de Bouärd, Actes et lettres de Charles Ier, roi de Sicile, concernant la France (1257-1284), Paris, de Boccard, 1926 ; du même, Documents en français des archives angevins de Naples (règne de Charles Ier), Paris, deux vol. : 1. Les Mandements aux trésoriers, 1933 ; 2. Les Comptes des trésoriers, Paris, de Boccard, 1935. Je me permets enfin de renvoyer à mes deux articles : « Les relations entre Philippe III et Charles Ier d’Anjou dans la décennie 1270 », dans Jean Duma (dir.), L’Espace politique méditerranéen [édition électronique], 128e Congrès national des Sociétés savantes. Bastia, 2003, Paris, Éditions du CTHS, 2008, p. 33-46 ; et « Un problème d’équilibre européen ? La première maison d’Anjou et les rois de France (1265-1309) », dans Michel Pauly, avec la collaboration de Martin Urhmacher et Hérold Pettiau, Gouvernance européenne au bas Moyen Age. Henri VII de Luxembourg et l’Europe des grandes dynasties. Quinzièmes journées lotharingiennes, p. 325-349 (Publications de la Section historique de l’Institut Grand-ducal, CXXIV – Publications du CLUDEM, 27).
6 Marguerite Gastout, Béatrix de Brabant, landgravine de Thuringe, reine des Romains, comtesse de Flandre, dame de Courtrai (1225 ?-1288), Louvain, 1943, (Université de Louvain. Recueil de travaux d’histoire et de philologie. 3e série, 13e fascicule), p. 165, note 1, a établi que Robert II était né le 18 décembre 1248. Sa démonstration tient en trois points : 1. Enceinte, Mahaut de Brabant ne put accompagner son mari à la croisade de 1248 ; Mahaut et son fils se joignirent à Alphonse de Poitiers qui rejoignit l’armée en août 1250. 2. En 1268, l’abbesse du Vivier, au diocèse d’Arras, déclara qu’elle ferait célébrer une messe chaque année pour le comte, le 18 décembre, jour de sa naissance. 3. Robert d’Artois fit hommage au roi en décembre 1269, alors qu’il venait d'atteindre la majorité, fixée à 21 ans.
7 Arch. dép. Pas-de-Calais, A 16, no 9 (les lettres de Charles datent du siège de Poggibonsi, le 8 novembre 1267 ; le vidimus est daté du mardi 3 juillet 1268).
8 C’est le cas du curieux roman intitulé Baudouin de Flandre, dont la dernière version date du XVe siècle, et qui a été récemment édité et traduit par Elisabeth Pinto-Mathieu, Paris, Librairie générale française, 2011 (coll. Lettres gothiques).
9 Primat, Recueil des historiens des Gaules et de la France [désormais RHGF], Paris, t. XXIII, 1876, p. 57-58.
10 Grandes chroniques de France, éd. Jules Viard [désormais Grandes chroniques], Paris, Société de l’histoire de France, t. VIII, 1934, p. 39-40.
11 Auguste de Loisne, « Itinéraire de Robert d’Artois », Bulletin philologique et historique du Comité des Travaux historiques et scientifiques, année 1913, p. 362-383.
12 Emile G. Léonard, Les Angevins de Naples, p. 118 ; Gennaro Monti, La dominazione angioina in Piemonte, Milan, 1930, p. 46.
13 Charles-Victor Langlois, Le Règne de Philippe III le Hardi, Paris, Hachette, 1887, p. 35.
14 Guillaume de Nangis, RHGF, Paris, t. XX, 1840, p. 501 ; Charles-Victor Langlois, Le Règne de Philippe III, p. 36-37.
15 La mère d’Édouard Ier, Aliénor de Provence, était la sœur de Marguerite et de Béatrice, épouses respectivement de Saint Louis et de Charles d’Anjou. Sur Marguerite, demeure toujours utile Edgar Boutaric, « Marguerite de Provence, son caractère, son rôle politique », Revue des Questions historiques, t. 3, 1867, p. 417-458 ; on peut citer également Gérard Sivery, Marguerite de Provence, Paris, Fayard, 1987 ; sur sa sœur Aliénor ou Eléonore, Margaret Howell, Eleanor of Provence. Queenship in ThirteenthCentury England, Oxford, Blackwell Publishers, 1998.
16 « Chronique anonyme finissant en 1286 », RHGF, Paris, t. XXI, 1855, p. 96 ; sur la venue du prince de Salerne, Louis Carolus-Barre, « Les grands tournois de Compiègne et de Seniis en l’honneur de Charles, prince de Salerne », Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1978-1979, p. 87-100.
17 Arch, nat., J 513, no 49 ; éd. Alexis De Saint-Priest, Histoire de la conquête de Naples par Chartes d'Anjou, frère de Saint Louis, t. IV, Paris, Amyot, 1849, p. 204-205. Assez curieusement, cette pièce faisait partie des « papiers d’État » retrouvés du domicile de Guillaume de Plaisians à sa mort (Charles-Victor Langlois, « Les papiers de Guillaume de Nogaret et de Guillaume de Plaisians au Trésor des chartes », notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, 39-1, p. 211-254, sous le no 512).
18 Arch. dép. Pas-de-Calais, A 1, « Nouveau cartulaire d’Artois », fol : 2, 4v, et 10 ; cf. Robert-Henri Bautier, « Cartulaires de chancellerie et recueils d’actes des autorités laïques et ecclésiastiques », dans Olivier Guyotjeannin, Laurent Morelle et Michel Parisse (éd.), Les Cartulaires. Actes de la table ronde organisée par l’Ecole des Chartes et le GDR 121 du CNRS (Paris, 5-7 décembre 1991), Paris, École nationale des Chartes, 1993, p. 363-376, aux p. 367-368.
19 J’ai donné l’édition de ces textes dans les pièces justificatives de ma thèse, L'Ost de France. La guerre, les armées, la société politique au royaume de France (fin du règne de Saint Louis – fin du règne de Philippe le Bel), dir. Jacques Verger, Université Paris-Sorbonne, 2004, p. 1028-1029 et 1030 ; cf. également, p. 1030, l’acte par lequel Robert d’Artois autorise Guillaume d’Aunay à vendre une partie de ses biens pour financer sa participation à l’expédition du comte en Italie (A 1, fol. 11).
20 Arch. dép. Pas-de-Calais, A 1, fol. 8v ; éd. X. Hélary, L’Ost de France, p. 1029-1030.
21 Original, Arch. dép. Pas-de-Calais, A 29, no 24 ; éd. X. Hélary, L Ost de France, p. 1031.
22 Original, Arch. dép. Pas-de-Calais, A 30, no 2 (1284 n. st., 7 février, Nicotera) ; éd. X. Hélary, L Ost de France, p. 1031.
23 Original (endommagé), Arch. dép. Pas-de-Calais, A 30, no 6 (1284, 1er mars, Nicotera) ; éd. X. Hélary, L’Ost de France, p. 1031-1032.
24 Original, Arch. dép. Pas-de-Calais, A 30, no 9 (1284, 16 mars [Nicotera]) ; éd. X. Hélary, L’Ost de France, p. 1032.
25 Original (endommagé), Arch. dép. Pas-de-Calais, A 29, no 26 (1283, mardi après la Saint-Denis, Nicotera) ; éd. X. Hélary, L’Ost de France, p. 1032.
26 Xavier Hélary, « La mort de Pierre, comte d’Alençon, fils de Saint Louis, dans la mémoire capétienne », Revue d’histoire de l'Eglise de France, t. 94, 2008, p. 5-22.
27 Sur tout cela, Émile G. Léonard, Les Angevins de Naples, p. 159-160, et Andreas Kiesewetter, « Die Regenschaft des Kardinallegaten Gerhard von Parma und Roberts II. von Artois im Königreich Neapel 1285 bis 1289 », art. cit. plus haut (note 4).
28 Archivio Segreto Vaticano, Armadlo XXXV, t. 150, publié par Bianca Mazzoleni, I Registri della cancellería angoina, vol. XXIX, Naples, 1969.
29 On trouve cependant des pièces qui relèvent sans conteste de la correspondance administrative, comme par exemple cette demande présentée par Charles-Martel à Robert d’Artois pour que soit dispensée du service féodal une dame qui s’était retirée en Provence avec Marie de Hongrie (A 34, no 12, 1288, 24 juin) ; cf. aussi le mandement intitulé au nom de Robert d’Artois et du même Charles Martel, en date du 11 août 1290 (A 35, n° 25).
30 Le procès du comte d’Acerra a fait l’objet d’une belle étude par Jean Dunbabin, « Treason, sodomy and the fate of Adenolfo IV, count of Acerra », Journal of Medieval History, t. 34, 2008, p. 417-432 ; quelques mois avant la publication de cet article, et sans en avoir connaissance, j’avais présenté, de pair avec Alain Provost, une communication sur le dossier au séminaire de Jacques Chiffoleau à l’École des Hautes études en sciences sociales (EHESS) ; voir Xavier Hélary et Alain Provost, « “Exécrable sodomite et traître envers son seigneur”. La sentence portée contre Adenolfo d’Aquino, comte d’Acerra », dans Benoît Garnot et Bruno Lemesle (dir.), Autour de la sentence judiciaire, du Moyen Age à l’époque contemporaine, Dijon, 2012, p. 143-152.
31 Grandes chroniques, t. VIII, p. 153-154.
32 Cf. Raffaele Licinio, « Le masserie regie in Puglia nel secolo XIII. Ambiente, attrezzi e tecniche », Quaderni Medievali, t. 2, 1976, p. 73-111.
33 Arch. dép. Pas-de-Calais, A 154 (1298-1300).
34 Je dois cette information à Caroline Bourlet, de l’Institut de recherche et d’histoire des textes, qui a mené d’importants dépouillements sur les documents en papier conservés dans les archives françaises.
35 L’indiction est un cycle de quinze années, utilisé par certaines chancelleries dans la datation des documents.
36 A 147, no 1.
37 Arch. dép. Nord, B 13587 (1292-1293, Lens et Aire) et 13588 (27 novembre 1293-25 avril 1294) ; ces comptes ont été rendus par Thibaut de Mauregard ; le 21 février 1296, Thibaut déclara avoir reçu des officiers du comte « depuis que il et me sires mes peres conterent a Paris a mon signeur d’Artois dusques au jour que ceste letre fut donnée, pour la cause des enfants mon signeur Phelippe d’Artois », 10161 £ 2 s. 7 d. p. que Renaud devra porter en compte (A 140, no 11).
38 A 36, no 12.
39 A 37, no 42 (1292, 8 novembre, Naples) : le prince de Salerne mande à Roger de Costa de Venosa de fournir à Flor de Venosa, maître des haras du comte d’Artois, pour la nourriture des gardes des chevaux du comte d’Artois, la quantité de blé nécessaire ; cf. également A 38, no 1 (1293, 12 janvier).
40 A 37, no 31 ; sur les écuries de Robert d’Artois, voir Ludovic Notte, « Les écuries de Robert II, comte d’Artois (vers 1292-1302) », Revue du Nord, t. 81, 1999, p. 167-188.
41 RCA, t. XLIII, p. 88, no 459 ; Roger Costa porte le titre de magister massariorum dans l’acte cité plus bas du 4 mai 1295 (A 139).
42 A 36, no 13.
43 A 37, no 27.
44 A 139.
45 A 31, no 9.
46 A 36, no 11.
47 A 37, no 5 (1291, 14 février, San Gervasio) et no 12 (1291, 3 avril, même lieu).
48 Le résumé du compte de cette ambassade est conservé : Robert Fawtier, avec le concours de François Maillard, Comptes royaux (1285-1314), t. I, Comptes généraux, Paris, Imprimerie Nationale, 1953, no 207-214 (elle coûta plus de 7000 £ t.) ; voyez aussi les Annales Januenses, Monumenta Germaniae Historica, Hanovre, t. XVIII, 1863, p. 344-345 ; sur l'ambassade, Georges Digard, Philippe le Bel et le Saint-Siège, Paris, Sirey, 1.1, 1937, p. 155.
49 Compte de Thierry d’Hirson pour l'ost d’Aquitaine de 1296, Comptes royaux, t. III, no 30310.
50 Xavier Hélary, « Les liens personnels entre les cours de France et d’Angleterre sous le règne de Philippe III, 1270-1285 », dans Janet Burton, Philip Schofield et Bjorn Weiler (ed.), Thirteenth Century England. Proceedings of the Gregynog Conference, XII, 2009, p. 75-89 ; je prépare, pour les actes du colloque sur l'Épistolaire politique, organisé par Bruno Dumézil et Laurent Vissière, une étude sur ce que nous savons de la correspondance politique au temps de Saint Louis et de Philippe le Bel.
51 A 37, no 35 ; je me propose de consacrer une étude particulière à cette lettre.
52 Joseph Petit, Charles de Valois, Paris, A. Picard, 1900, p. 55 : Robert d’Artois donna à Catherine 1000 £ t. (A 2, fol. 21v) ; elle vécut auprès du comte et de la comtesse au printemps 1298 (ibid., fol. 31v).
53 Cf. Auguste de Loisne, « Une cour féodale vers la fin du XIIIe siècle. L’Hôtel de Robert d’Artois », Bulletin historique et philologique du Comité des Travaux historiques et scientifiques, 1918, p. 84-143 ; Malcolm Vale, The Princely Court. Medieval Courts and Culture in North-West Europe, Oxford, Oxford University Press, 2001.
54 Elle est mentionnée dans plusieurs quittances, dont une en date du 28 mai 1301 (A 173).
55 RCA, t. XL, p. 48-49, no 116 (Baudouin de Charpigny, chevalier) ; no 117 (Renaud, chambellan du comte) ; no 118 (Jean de Petris, chevalier) ; no 119 (Raoul d’Aunay, chevalier) ; no 120 (Petrus Johannis) ; no 121 (Artur de Monteleone) ; no 122 (Guillaume d’Aunay) ; no 123 (Gautier de Villaines, clerc du comte). Les lettres sont toutes sous la même forme ; elles sont datées du 8 juin 1292. Il faut y ajouter un autre Français, Simon de Cinq-Ormes, qui était en 1290 garde des pas des Abruzzes (RCA, t. XXXV, p. 163, no 17) ; Simon fut un des plus fidèles serviteurs de Robert puis de sa fille Mahaut. Signalons pour finir qu’un Jean de Domfront était garde du palais de Dordona (RCA, t. XXXV, p. 189, no 117) (la seigneurie de Domfront appartenait à Robert d’Artois).
56 RCA, t. XXXVIII, p. 12, no 36.
57 RCA, t. XXXVIII, p. 12-13, no 38.
58 Noble homme Raynaldus Cugnetus de Barolo, chevalier, est autorisé à partir pour la France, à la demande du comte d’Artois : (licentiam... eundi et morandi ibidem ad servicia ejusdem comitis supradicti usque ad voluntatem nostrum) (5 juin 1291) (RCA, t. XXXV, p. 255, no 423). Renaud Coignet était possessionné dans la terre de Bari : il est parmi les feudataires de cette circonscription convoqués par Charles II au Parlement de Melfi à son retour dans le royaume de Sicile (RCA, t. XXXII, p. 21, no 110). Charles II l’envoya en décembre 1290 en mission auprès de Jacques, roi d’Aragon et de Sicile (RCA, t. XXXV, p. 205, no 162) ; garde des ports d’Apulie, il accomplit une mission à la curie romaine (RCA, t. XXXV, p. 209, no 179).
59 J’ai donné quelques éléments sur ce personnage dans ma thèse, L’Ost de France, p. 1273-1274.
60 RCA, t. XXVI, p. 189, no 597, dont l’interprétation n’est pas évidente.
61 RCA, t. XXVI, p. 88, no 8 ; voyez également la provision à Henri dit Marchisio, valet et familier du roi, pro armatione ejus galeonis existentis in tarsienatu Salerni (ibid., p. 164, no 406).
62 RCA, t. XXXV, p. 151, no 26.
63 RCA, t. XXXVIII, p. 58, no 256 ; cf. aussi no 257 et t. XLVII, p. 274, no 122 ; Henri le Marquis était chevalier avant le 26 août 1290, date d’un acte dans lequel il est qualifié de dominus (RCA, t. XXXII, p. 103, n° 53).
64 Frantz Funck-Brentano, « Document pour servir à l'histoire des relations de la France avec l’Angleterre et l’Allemagne sous le règne de Philippe le Bel », Revue Historique, t. 39, 1889, p. 326-348, à la p. 326.
65 Mignon, no 2330.
66 Jules Viard, Les Journaux du Trésor de Philippe le Bel, Paris, 1940, no 2905.
67 Comptes ordinaires, VIII, 24.
68 Ivergny, Pas-de-Calais, arr. Arras, cant. Avesnes-le-Comte.
69 Arch. dép. Pas-de-Calais, A 2, fol. 11v ; au fol. 13v, se trouve copié l’ordre donné par le comte à tous ses hommes qui tenaient de lui en fief ou en arrière-fief des dépendances de la terre qui fut à Baudouin de Saint-Georges, au terroir d’Ivergny, de faire hommage à Henri le Marquis.
70 Joseph Petit, Charles de Valois, p. 110 ; Henri Moranville, « Les projets de Charles de Valois sur l’empire de Constantinople », Bibliothèque de l’École des Chartes, t. 50, 1890, p. 63-81, à lap. 74.
71 A 46 (1302, 30 avril).
72 Les lettres du 25 janvier sont perdues, mais le contenu en est repris dans celles du 11 avril (A 49).
73 A 49.
Auteur
Université Paris Sorbonne - Paris IV - Centre Roland Mounier (UMR 8596).
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