Description de la beauté de la dame et énigme sur son nom (v. 1580-1826)
p. 111-121
Texte intégral
C’est elle qui peut me réconforter ;
en elle est ma mort et ma vie1,
je l’aime et l’ai tant désirée,
je l’écoute et la regarde avec tant de plaisir,
mes sentiments pour elle sont si purs et si sincères,
que je préférerais être toujours avec elle
plutôt qu’avec le roi céleste,
elle me plaît et me séduit tant,
qu’elle ressemble, quand elle sort de sa chambre,
joyeuse et souriante,
au soleil qui se lève à l’Orient,
quand on le voit au petit matin
clair et rayonnant, pur et net.
Car le soleil, à son lever,
qui dissipe obscurité et nuée,
illumine toute la contrée
qu’il a de ses rayons frappée :
ainsi quand elle arrive quelque part, [46 r]
elle fait resplendir toute chose par l’éclat de son visage
et elle illumine l’endroit
comme le fait le soleil au matin.
Savez-vous comment elle est après avoir dormi ?
Quand je l’observe et la contemple,
elle semble, quand elle s’éveille,
le bouton de rose frais et vermeil
qui s’épanouit au matin ;
tout mon coeur s’en réjouit.
Quand j’admire le teint de son visage,
j’en oublie toute ma souffrance
et, à présent, cela ne me coûterait pas du tout,
si je pensais en venir à bout,
de décrire sa beauté.
Mais je crains de ne jamais y parvenir
si je m’attaque à un si noble sujet,
et je ne voudrais pas abîmer
sa beauté par mes pauvres mots.
– Mais tu es injurieux et sot
de ne pas vouloir t’ingénier [46 v]
à parler de ses beaux cheveux.
– C’est parce que je n’ai pas l’intelligence suffisante,
et que j’aurais tôt fait d’essuyer des moqueries.
Je ne me sens pas assez habile
pour réussir à exprimer ne serait-ce que
la dixième partie de son éclat2.
Il faudrait que j’y travaille d’arrache-pied,
car si vous me demandez la vérité à ce propos,
je vous dirai que l’or le plus pur,
ne reluit pas plus, ni même autant.
Pourquoi m’attarder sur ce point ?
Il n’y eut pas plus beaux cheveux au monde
que ceux d’Yseut la Blonde ;
mais les siens sont plus clairs, plus dorés et plus blonds,
je vous le jure3.
Dans son front, sans pareil,
tant il est poli, clair et lisse,
son ami pourrait se mirer4 ;
car Nature de ses deux mains
le fit et en modela les proportions [47 r]
en y mettant sa douceur et sa grâce :
elle a façonné les sourcils à merveille.
Jamais ne naquit sa pareille
depuis le temps de sainte Elizabeth5.
Ses sourcils sont beaux et délicats,
hauts, arqués et bien séparés par un large espace.
Maintenant je vais vous parler de ses yeux :
ils sont resplendissants et pétillants ;
ils sont si lumineux que si Lucifer6,
la plus brillante qui soit
parmi toutes les étoiles, quittait
son séjour céleste
pour leur lancer un défi,
elle perdrait en vain toute sa peine ;
elle ne pourrait se comparer à eux,
pas plus qu’une étoile obscure et terne
ne peut rivaliser avec la clarté de la lune.
Elle avait le nez droit et charmant ;
ce n’était pas l’œuvre d’un apprenti,
mais le fruit d’une création parfaite et habile. [47 v]
À présent je vais décrire avec plaisir
son beau visage, tendre et lumineux.
Nature ne fut pas chiche ni avare
en beauté à son égard7 ;
elle lui en donna tant que la journée ne me suffirait pas
pour la passer en revue.
Son visage n’était ni pâle ni livide,
mais sa carnation était plus claire et rosée
que n’est en mai la fleur sur l’ente,
parée d’une teinte fraîche et pure,
qui embrase et illumine
la blancheur disposée en dessous,
tout comme la rose
illumine et embrase le lis
qui est disposé sous la rose.
Avec elle nulle autre femme ne peut rivaliser ;
mais personne au monde
n’aurait assez de mots pour parler de sa petite bouche ;
on se serait plutôt lassé trois fois
avant de l’avoir dépeinte à moitié ; [48 r]
j’aurais vraiment bien réussi ma tâche,
si ma parole aidée de tous mes moyens intellectuels
pouvait dire ce que je pense.
Dire ! Ce serait impossible,
on verrait les morts renaître8
avant que j’aie détaillé à propos de sa bouche
la douceur qui me touche le cœur,
tant elle est petite et riante ;
tout le cœur me frémit
quand je me souviens des petites lèvres
vermeilles et légèrement charnues.
Vermeilles, certes, plus que la fraise !
Son souvenir m’en embrase le cœur
d’un amour parfait et sincère.
Mais je raconterais volontiers
par une confidence sans détour,
pourquoi elles sont légèrement charnues :
c’est pour mieux recevoir le baiser.
Dieu ne pourrait mieux me combler
avec tout son paradis [48 v]
que si j’avais selon mes souhaits
la bouche de ma très douce dame.
La douceur de son haleine,
plus raffinée et plus saine
que l’écriture ne saurait l’exprimer
parviendrait bien à apaiser la brûlure de mon cœur.
Qui, par chance, la respirerait le lundi,
au petit matin,
pour tous les jours de la semaine
pourrait être fortifié et protégé,
et ni médisant ni malheur
ne pourrait ainsi l’atteindre ou le blesser.
Eh, Dieu ! Quel plaisir de pouvoir
sentir sur soi une telle bouche !
Car si vous aviez la possibilité
de voir briller les dents de sa bouche,
vous croiriez, sans faille, qu’elles sont toutes
d’ivoire ou d’argent ;
tout le monde penserait cela,
tant elles sont belles et bien faites. [49 r]
Mais je ne vous ferai pas de commentaire,
sinon très laconique, à propos de son menton ;
car la sagesse de Platon
pourrait à peine suffire pour venir à bout de sa description.
Sans prétendre décrire la forme et l’apparence,
je dirai ceci :
aucune créature n’eut si beau menton,
ni oreilles si bien faites ;
comparées aux siennes,
les autres ne sont rien.
Elle n’avait pas un cou flétri,
mais blanc, rosé par le sang vif, d’une couleur saine,
potelé sans trop, modérément long,
façonné par Nature du mieux qu’elle put ;
elle-même, qui forge tout,
ne pourrait pas décrire en détail
semblable cou ni semblable gorge,
quelque effort qu’elle y consacrât ;
car à vrai dire, sans mentir,
l’on tiendrait le cristal pour trouble [49 v]
à côté de la pureté de sa gorge9.
Pour conclure sur sa beauté :
je pourrais jurer sur l’autel
de mon seigneur saint Pierre de Rome
qu’elle ne naquit pas d’homme de ce monde,
mais que Dieu la façonna de sa main10.
Quoi d’étonnant si je l’aime ?
Même si tous les prêtres et tous les moines
qui vivent jusqu’à Babylone,
les évêques et les abbés
m’en avaient tous ridiculisé,
je ne pourrais pas en détourner mon cœur.
Eh, Dieu ! Que pourrais-je faire
si j’étais séparé d’elle ?
Rien ! Mon cœur serait brisé en deux moitiés
[dans ma poitrine
plutôt que tel dessein pénètre mon cœur ;
je préférerais subir le martyre pour elle
plutôt que d’abandonner
l’amour parfait que je lui porte.
Elle est si courtoise et si élégante [50 r]
qu’elle doit être chérie par dessus tout.
Chérie par dessus tout, parfaitement,
car on ne pourrait rien trouver en elle
qui fût déplaisant ou sinistre ;
si vous voyiez quand elle s’habille
comme elle a noble allure !
Jamais personne n’entendra parler
d’allure aussi séduisante.
Elle est un modèle pour les dames
d’allure élégante et honnête,
et j’ose vous l’affirmer
sans plaisanter ni exagérer :
dans le boire et le manger,
il n’y avait pas femme plus sobre.
Mon récit s’éterniserait,
si je vous disais
toutes les qualités que je pourrais énumérer11 ;
car elle est si généreuse et si intelligente,
et d’une telle noblesse de cœur,
qu’elle n’a pas moins de valeur qu’Alexandre [50 v]
par sa générosité, par sa prodigalité12.
Que jamais personne ne me contredise,
car dans tout l’empire
où soufflent les quatre vents13
ne naquit ni ne fut éduquée sa pareille,
c’est impossible.
Mais je préférerais être attaché
à la queue de chevaux et écartelé
plutôt que de révéler son nom,
tant je le trouve doux et noble.
– Il serait bon de le révéler !
– Ce ne serait pas loyal
car après Courtoisie et Beauté,
Noblesse, Amour et Doux Regard,
je serais bien sot de le prononcer14.
Et j’observe la plus grande prudence à ce sujet ;
ce nom ne sera donc ni tu ni prononcé par moi.
Vous qui savez lire,
jamais aucun nom plus artistiquement élaboré
ne fut mieux porté par une dame ; [51 r]
il compte jusqu’à six lettres :
quand je soupire, j’en mets une
qui n’est pas courante,
et en retire une,
pour embarrasser les curieux.
Ils ne le découvriront pas, cela les agace énormément,
quand ils le verront écrit en peu de mots15.
C’est pourquoi je veux m’ingénier
à tromper ceux qui se font passer maîtres
dans l’art de deviner et de connaître
les amours d’autrui.
Je le fais avec la permission d’Amour,
qui m’a enjoint de le faire.
Savez-vous comment et en quelle occasion ?
Quand Amour m’assaille et me harcèle,
me tourmente et me torture davantage,
il me fait m’étendre. Alors je bâille,
et en soupirant je déplore l’absence
de celle qui est si jolie,
et pour laquelle je souffre un tel martyre. [51 v]
Dans un soupir il me fait dire : « Han !
Ne pus rester en vie16,
je le jure,
dès l’instant que je vous vis.
Dès lors je fus pris à l’hameçon ;
et quel était l’appât ? Votre allure
discrète et élégante ; c’est l’amadou
qui dévaste et brûle mon corps,
et qui se nourrit de lui,
si bien que je ne cesse de penser à elle. »
Notes de bas de page
1 Le vers 1581 (en U est ma mort et ma vie) rappelle par son balancement de célèbres formules de la légende tristanienne. Voir Tristan et Yseut, Les premières versions européennes, éd. cit., en particulier ces deux vers en ancien français inclus dans le Tristan et Isolde de Gottfried de Strasbourg : Ysot, ma drue, Ysot, m’amie, /en vus ma mort, en vus ma vie ! (p. 631). Dans une note (p. 1469, note 5), Danielle Buschinger rapproche ces deux vers de ceux qu’on relève dans des fragments conservés du roman de Thomas d’Angleterre, notamment des vers 1215-1216 du fragment de Turin (éd. cit., p. 157) : La bele raine, sa amie, / En cui est sa mort e sa vie (« La belle reine, sa bien-aimée, de qui dépendent sa mort et sa vie ») et des vers 2865- 2866 du fragment Douce (éd. cit., p. 200) : Cum a dame, cum a s’amie /En qui main est sa mort e sa vie (« à vous qui êtes sa dame, sa bien-aimée, et de qui dépendent sa mort et sa vie »).
2 L’évocation de la beauté de la dame enfile très habilement tous les topoi rhétoriques du portrait élogieux. À travers la confession de l’incapacité du poète à traiter le sujet, on reconnaît le topos de l’ineffable, qui sera modulé ci-dessous à plusieurs reprises. Sur ce point, voir Ernst Robert Curtius, La Littérature européenne et le Moyen Âge latin, 2 vol., Paris, PUF, coll. Agora, 1956,t. I, p. 265-269.
3 Le topos de la surenchère, ornement rhétorique du portrait élogieux, compare l’objet de la description à un modèle qu’il surpasse. Voir E.R. Curtius, op. cit., p. 270-274.
4 La description de la beauté de la dame s’inspire visiblement du portrait d’Énide dans le roman d’Erec et Énide de Chrétien de Troyes, comme le suggèrent le réemploi de la comparaison de la chevelure de la dame avec celle, légendaire, d’Yseut la Blonde, celui du motif de la beauté semblable à un miroir dans lequel l’aimé peut se mirer, et la comparaison, certes classique, de l’éclat des yeux de la femme aimée à celui des étoiles. Voir Les Romans de Chrétien de Troyes, I, Èrec et Enide, éd. Mario Roques, Paris, Champion, CFMA, 1952, v. 424-441, p. 14.
5 Selon Christiane Marchello-Nizia, il s’agit soit de sainte Élizabeth, femme du grand prêtre Zacharie et mère de saint Jean-Baptiste (Luc, 39 à 56), soit de sainte Elizabeth de Hongrie (ou de Thuringe), morte en 1231 et canonisée en 1235. L’éditrice penche, avec raison, pour la première hypothèse, qui construit une hyperbole fondée sur une aura d’Antiquité (p. 137).
6 Lucifer est le nom de Vénus, dénommée aussi l’étoile du berger ou l’étoile du matin. C’est l’astre le plus brillant du ciel après le soleil et la lune.
7 Le cliché de la Nature personnifiée, créatrice de la beauté de l’être décrit, se retrouve dans de nombreux romans courtois, à commencer par ceux de Chrétien de Troyes, qui ont servi de modèle à notre auteur. Ce topos est un emprunt à la littérature médio-latine (voir Claude Luttrell, « The Figure of Nature in Chrétien de Troyes », Nottingham Mediœval Studies, XVII, 1973, p. 3-16). On se reportera à E.R. Curtius, op. cit., p. 297-299.
8 L’usage de Vadynaton, figure qui associe des choses incompatibles, présente un point de comparaison absurde qui renforce l’affirmation par un procédé d’emphase.
9 Le portrait élogieux de la dame suit un ordre préconisé par la tradition rhétorique : il se développe selon un ordre descendant, commençant par la chevelure, le front, les sourcils, le nez, la bouche (qui bénéficie ici d’un traitement subtilement détaillé en raison sans doute de l’épisode du mors de la poire), le menton, le cou, la gorge. Sur l’origine de cet ordre, on se reportera à Edmond Faral, Les Arts poétiques du xiie et xiiie siècle, recherches et documents sur la technique littéraire du Moyen Age, Paris, Champion, 1962, p. 79-81.
10 Nature agit sous l’autorité de Dieu lorsqu’elle façonne la beauté humaine, qui résulte de la collaboration voire de la rivalité de ces deux entités. Il s’agit d’un motif rhétorique largement représenté dans la littérature courtoise. On se reportera à ce passage du Chevalier au Lion (Yvain) de Chrétien de Troyes (éd. Mario Roques, Paris, Champion, CFMA, 1952, v. 1495-1503, p. 46), cité par E.R. Curtius, op. cit., p. 299 : Oïl voir, bien le puis jurer, / onques mes si desmesurer / ne se pot an biauté Nature, / que trespassee i a mesure, / ou ele, espoir, n’i ovra onques. / Comant poïst ce estre donques ? / Don fust si grant biauté venue ? / Ja lafist Dex, de sa main nue, / por Nature feire muser. (« Oui, vraiment, je peux le jurer : jamais Nature n’a pu atteindre la beauté suprême ; pourtant, elle s’est ici surpassée, à moins qu’elle n’y ait jamais travaillé. Comment est-ce alors possible ? Quelle était l’origine d’une si grande beauté ? C’est Dieu qui la façonna de ses propres mains pour ébahir Nature. »)
11 Après le portrait physique est élaboré, selon les règles de rhétorique, le portrait moral.
12 Alexandre le Grand (ive siècle av. J.-C.), très souvent cité dans les textes médiévaux pour sa largesse, qualité éminemment courtoise, sert souvent de point de comparaison pour louer la générosité d’un héros ou d’un souverain, en particulier chez Chrétien de Troyes. Voir par exemple le prologue du Conte du Graal dans lequel il compare la largesse d’Alexandre à l’esprit de charité du dédicataire, Philippe de Flandres (Les Romans de Chrétien de Troyes, édités d’après la copie de Guiot, V, Le Conte du Graal (Perceval), publié par Félix Lecoy, 2 vol., Paris, Champion, CFMA, 1973-1975,1.1, 51-59, p. 6-7).
13 Dans l’Antiquité grecque, on distinguait quatre vents : le vent du nord (Borée), le vent d’est (Euros), le vent du sud (Notos) et le vent d’ouest (Zéphyr). Le motif des quatre vents se retrouve dans l’Enéide de Virgile et dans les Fastes d’Ovide. Par métaphore, l’empire des quatre vents désigne la terre tout entière.
14 Ici sont récapitulées les cinq personnifications, qui, en chantant, ont formé le nom de la dame. Une seule personnification n’a pas chanté : Franchise dont le nom commence par F.
15 Dans son compte rendu de l’édition de Christiane Marchello-Nizia (Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, année 1987, volume 145, n° 2, p. 451- 453), Marie-Hélène Tesnière comprend l’expression « escrit en brief », que nous avons traduite par « écrit en peu de mots », comme une allusion à la lettre (brief) écrite « d’un soupir en sanglot de lerme » (v. 2757) que la dame adresse à l’amoureux. En effet « en sang (lot) » contient aussi l’anagramme de Angnes. Selon elle, la forme « Angneslot » serait un croisement ludique entre Angnesot, diminutif hypocoristique d’Alignes, et le mot agnellet, désignant un petit agneau (voir p. 452).
16 À l’articulation des vers 1818-1819 apparaît le nom de la dame déguisé : « Han /Nes ». Selon l’indication du vers 1799, la première lettre qui n’est pas courante est exprimée dans un soupir. Il s’agit du H. La première lettre du nom de la personnification qui n’a pas chanté est le F de Franchise. La lettre qui a été omise (v. 1801) est probablement celle qui se situe entre F et H, soit le G de ANGNES. Sur ce point, on se reportera à l’introduction de l’édition p. xxix.
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