Dialogue avec un interlocuteur fictif sur la nature des souffrances de l’amour (v. 482-829)
p. 63-75
Texte intégral
– Quel désagrément pouvait-il donc résider en cela ?
Sur mon âme, je ne vis jamais
ni n’entendis évoquer par personne
quoi que ce soit de nuisible
où il y eût une perfection semblable
à celle que vous venez de m’exposer ici.
Dites-moi donc quel désagrément
il y avait dans cette poire ; je suis
quelque peu impatient de l’apprendre.
Vous m’avez dit ici même sans hésitation
qu’elle était plus douce que miel
ou que nulle chose perceptible à nos yeux.
Je ne pensais pas qu’il y eût [17 v]
dans la douceur quelque chose de nuisible,
car vous m’allez racontant ici
que parfum de rose ou de baume
ne sentait pas si bon.
Voilà à présent que vous l’accusez
sans raison et sans méfait,
et que vous vous plaignez qu’elle vous a causé
je ne sais quel mal en je ne sais en quel endroit.
Mais, sur ma tête, il conviendrait
d’expliquer avec des arguments précis et sûrs
comment elle est malsaine et saine,
comment elle peut faire du bien et du mal.
Méfait et bienfait, ce sont deux contraires
et vous les associez
comme s’ils formaient un tout !
Ce n’est ni juste ni correct ;
si on les juge selon leur nature,
je n’y vois point de similitude.
Vous devez nous dire comment
s’associent l’une et l’autre propriétés. [18 r]
– Ecoutez donc, ce qui, à mon sens,
fait l’harmonie et la dissemblance :
dans cette poire était plantée,
avec un chèvrefeuille, une camomille puante1.
Il est bien sot celui qui goûte quelque chose,
sans savoir définir précisément la saveur.
Quand je mange du pain de froment,
je prends toujours bien soin avant
qu’il n’y ait rien de désagréable,
car je me souviens de la fois où j’ai mordu dans la poire :
Chat échaudé craint l’eau froide2.
Prenez l’exemple plein d’enseignement3
du petit poisson que l’on veut attraper
alors qu’il s’active en quête de nourriture ;
dès qu’il a senti l’hameçon
se ficher en lui si acéré et si piquant,
il s’enfuit à toute allure,
et s’il advient par hasard
qu’il trouve une bonne nourriture,
il aura toujours la crainte [18 v]
que ce ne soient des hameçons.
– Mais je n’ai pas encore compris
que vous m’ayez ici expliqué
comment un goût amer
puisse être contenu dans cette poire
qui était si savoureuse.
Dites-le vite sans tarder,
comment elle peut être nocive
alors qu’elle était si remplie de douceur.
– Écoutez donc le fond de ma pensée !
Aussi vrai que je demande à Dieu de m’accorder la rédemption,
il ne vous en sera pas menti d’un mot.
Par cette poire j’ai ressenti
toutes les souffrances du mal d’amour,
et de ce fait je peux bien appeler amertume4,
ce mal qui se trouvait à l’intérieur.
– Comment ! Ne le dites plus jamais, cher ami,
qu’il y ait la moindre amertume :
car, si Amour a pour coutume
de faire payer chaque amant, [19 r]
ce n’est pas pour autant que la poire est amère.
– Amère, elle l’était sans aucun doute,
car d’elle m’est venue une maladie
sous le sein, en plein cœur,
et qui jamais n’en sortira d’aucune manière
si la belle n’en a pitié :
je serai mort avant par amour pour elle,
et je désire ne jamais guérir ;
je préfère ainsi mourir pour elle
plutôt que de recouvrer la santé par quelqu’un d’autre,
si ce n’est par sa volonté5.
– Maintenant je vois parfaitement bien
sans gloser ni conter par le menu,
qu’il a pu y avoir de la douleur :
mais je ne peux pas comprendre
qu’il y eût la moindre douceur ;
comment s’accordent ensemble
deux choses aussi discordantes ?
le bien est doux, le mal est mordant ;
la douceur soulage, la douleur brûle ; [19 v]
la douceur allège, la douleur accable.
Elles ont des pouvoirs contraires,
et vous nous dites qu’en une seule demeure
les deux étaient hébergées,
et qu’étaient compagnes joie et souffrance !
Comment pouvaient-elles être ensemble,
quand l’une et l’autre sont si dissemblables ?
Je ne sais pas comment cela peut être.
Vous non plus, je crois, cher maître !
– Bien sûr que si ! Je le sais parfaitement,
par expérience personnelle, non par autrui :
assurément, je n’aurais pu le savoir autrement ;
mais j’en ai fait l’expérience, je le garantis.
Le mal d’amour frappe sans mesure ;
mais Espérance, qui ne souhaite pas
qu’un amant parfait meure dans une telle détresse,
m’apporte plaisir et réconfort.
Espérance me donne de la joie :
c’est le bien dont je parlais,
c’est le plaisir, c’est la douceur, [20 r]
qui m’apaise mes douleurs,
car quand Amour me jette dans la peine
et qu’Espérance fait revenir en moi
un penser doux et nouveau,
je ne voudrais pas être roi,
s’il fallait pour cela en être privé.
Ainsi, je suis pris et capturé,
et je me réjouis dans mon malheur :
il n’est rien qui me plaise autant
que le bonheur que j’espère.
C’est pourquoi je dis qu’en cette poire
peuvent résider également,
le bien enclos avec le mal.
Le mal me rend pensif et abattu,
et contre le mal se dresse
la joie de bonne Espérance
qui m’a, de son côté, juré sa foi
qu’elle me soutiendrait jusqu’au bout ;
c’est pourquoi les souffrances sont moins pénibles.
Ainsi j’ai bonheur et malheur sans faille. [20 v]
En moi se livrent une bataille
Amour et Espérance :
l’une me défend, l’autre m’assaille ;
Espérance me comble et me flatte,
et Amour m’aiguillonne et me pique ;
Espérance me sert et me protège,
Amour me frit, me cuit et me transperce6 ;
Espérance veut mon bien,
car quand Amour m’étreint et me saisit dans ses liens,
Espérance desserre les liens ;
et me redonne un immense plaisir,
outre Espérance, Franchise
qui m’a aussi promis son aide.
Je vais tout vous raconter sans mentir :
je ne pensais pas connaître un jour
le mal d’aimer, ni la peine ni la souffrance ;
mais maintenant je les ressens, car un péril
aussi grand que la mort
m’a totalement ravi ma pensée.
– Ta pensée ? – Assurément. – En quelle manière ? [21 r]
N’as-tu pas ta pensée première
et ta sagesse et ta puissance ?
Que te manque-t-il donc, et que cherches-tu ?
– Je ne me plains pas de manquer de sagesse
ni de la puissance nécessaires ;
mais je me demande avec étonnement comment
j’ai quitté mon premier penser
pour un nouveau qui m’angoisse autant.
Dans le premier il n’y avait point d’angoisse
ni de douleur ni de détresse.
Mais ce nouveau penser me blesse
et me torture si bien que les maux
m’en descendent dans le cœur,
si bien que je ne sais plus où j’en suis,
et que je m’en oublie moi-même pour autrui :
j’ai changé la courroie pour la corde7.
Entre ces deux pensers il y a un grand désaccord :
le premier penser est sain,
tandis que l’autre que la belle m’a mis dans le cœur
est plein de tristesse.
Il m’étreint et me torture, [21 v]
si bien que tout mon cœur et tous mes membres
frémissent quand il me revient à l’esprit.
Personne ne sait, sur l’âme de mon père,
ce qu’est Amour, avant de l’avoir chèrement payé
et s’il n’a été maté dans l’angle de l’échiquier8 ;
tout le monde en parle et en discute,
aussi bien les jeunes que les vieux,
et chacun dit qu’il sait mieux
ce qu’est Amour que son voisin ;
mais personne n’en connaît rien, s’il n’a été auparavant frappé
en plein cœur d’un javelot
qui le fait aimer. C’est pourquoi, si l’on entend
parler d’amour ici ou là,
on n’y connaît rien, tant que l’on n’a pas été par Amour
instruit et initié.
Tout le monde croit être expert,
mais personne ne l’est et personne n’y connaît rien.
– En êtes-vous certain ? – Oui, parfaitement :
existe-t-il un homme au monde qui puisse connaître
le mal qui n’a ni fond ni rive,
s’il ne le ressent pas ou ne l’a pas ressenti9 ? [22 r]
Comment connaîtra-t-il la puissance
qui fait blêmir et pâlir les gens ?
Les pensées, les soupirs, les pleurs et les plaintes,
les passions et les ardeurs,
et plus de cent mille aventures
qui toutes courent d’un même élan,
aucun homme vivant ne peut les connaître,
si Amour ne lui montre la voie,
tout comme moi je n’y connaissais rien
avant que je n’eusse fait connaissance
de ma dame, qui m’a été si bienfaisante.
J’étais fermement convaincu, auparavant,
que serait fariboles et balivernes,
tout ce que j’entendais dire par les gens :
à quel prix peut s’élever Amour,
comme disent les plus âgés,
qu’il n’y a au monde médecin,
aussi savant et expérimenté soit-il,
grâce auquel le mal d’amour puisse être guéri.
À la suite de ces vieilles gens, [22 v]
les plus expérimentés disaient à leur tour :
le mal d’amour a pour effet coutumier
que plus on en fait l’expérience, plus on s’enflamme.
Le mal d’amour est d’une nature telle
que nul ne peut trouver de remède
ni par art ni par enchantement.
Nul ne peut guérir à moins
que n’y mette et n’y applique son cœur
celle qui lui a infligé la blessure ;
car si celle-ci n’y met du baume,
jamais les maux n’en seront ôtés.
Plus d’un disaient aussi
que nul ne sera aussi brisé,
aussi atteint ou abattu
que celui qu’Amour tient en son pouvoir.
Aucun art ne peut guérir du mal d’amour.
Que soit comparé d’un côté Amour
et de l’autre tous les maux angoissants,
il sera plus puissant à lui tout seul
que tous les autres réunis ensemble : [23 r]
c’est ce que montre l’exemple d’un jeune homme
qui vivait jadis à Babylone,
comme on le trouve écrit.
Le jeune homme était Pyrame,
qui aima de toutes ses forces
et se frappa de son épée
pour Thisbé, si bien qu’il en mourut.
Quand Thisbé vit que son ami
s’était ainsi tué par amour pour elle,
elle prit son épée à deux mains,
et s’est de même tuée à son tour ;
elle s’effondra sur le corps de Pyrame.
Le sang qui jaillit des plaies
du jeune homme et de la jeune fille
a si bien teint la racine
du mûrier qui se trouvait au-dessus d’eux
que les fruits blancs qui ressemblaient
à des mûres en devinrent tout noirs.
Ce n’est pas un mensonge, c’est au contraire la pure vérité,
selon le témoignage d’Ovide, un homme sage, [23 v]
dans le quatrième livre de sa grande œuvre10.
Les rameaux du mûrier ainsi que les mûres,
devinrent noirs, alors que jusqu’à ce moment-là
ils avaient été tout blancs ;
telle est la puissance des amours douces et nobles.
Ainsi parlaient d’amours parfaites
ceux qui les joies suprêmes,
le péage et le tribut
en avaient souvent connu.
Et moi, qui les entendais dire,
j’avais l’habitude de m’en moquer et d’en rire
comme un sot et comme un novice.
J’avais bien des plaisirs
avant d’être pris dans les lacs d’Amour
et aucune douleur ne me venait de lui.
Au contraire, ceux qui se disaient
entre eux qu’ils voyaient
leur amie durant leur sommeil, la nuit,
je les prenais tous pour des menteurs.
C’est pourquoi je sais d’expérience [24 r]
qu’il faut ressentir d’abord le mal d’amour
pour le connaître ;
personne ne peut le connaître sans angoisse
ou avant d’en être tourmenté.
Pour cette raison, je dis que vous mentez,
vous, les médisants, pleins d’hypocrisie.
Vous n’y connaissez rien, quoi qu’on dise,
à moins d’être un loyal ami,
pas plus que je ne m’y connaissais jadis,
en croyant qu’Amour serait
envers moi ou envers autrui
aussi inoffensif qu’un mouton ;
je ne faisais aucun cas de lui.
Mais à présent il m’a bien instruit :
depuis qu’il m’a assiégé
dans la haute tour orgueilleuse,
il ne s’est pas passé un seul jour
que je ne subisse son assaut ;
et je n’ai pu trouver aucune issue, par Dieu,
pour m’en sortir, [24 v]
tant il m’a fait subir de fréquents assauts
par des centaines et des milliers
de soldats et de chevaliers11.
– Quels chevaliers ou quels soldats
peut bien avoir Amour, et de quelles personnes s’agit-il ?
Sont-elles d’un rang élevé ou d’humble origine ?
Si vous le savez, dites-le moi,
vous qui mentionnez ce fait.
Je crois que vous avez bu
de la sauge, du persil ou d’un vin fort
qui a fait de vous un nouveau devin.
Vous avez bu du cidre, ou de l’armoise12,
pour dire qu’Amour a une compagnie :
c’est la sottise qui vous fait dire cela,
et il est normal que l’idiot dise
ce qui lui passera par la tête.
Mais cependant on verra bien
quelle allure et quelle taille
ont ces gens. – Je vous dis sans hésitation
que dans cette compagnie figurent parmi
[toutes les belles personnes [25 r]
les plus belles et les plus nobles,
et qu’il n’y a rien à critiquer en elles.
Si l’on voulait le justifier dans le détail,
il faudrait y consacrer énormément de temps.
Mais une autre complication me presse,
qui me blesse et me fait souffrir sérieusement.
Je vais raconter en bref
par quelle force et par quels moyens
j’ai été fait prisonnier à l’intérieur de cette tour.
Au premier rang de la compagnie
vinrent quatre personnes qui portent
toujours la bannière d’amour :
ce furent Beauté et Courtoisie
accompagnées de Noblesse et de Franchise
qui hait et méprise les orgueilleux13.
Elles vinrent à la tour à bride abattue
et trois d’entre elles venaient en chantant.
– Dites-moi donc, devant Dieu,
si chacune d’elles chantait une chanson différente,
ou si les trois chantaient la même. [25 v]
– Certes, chacune d’elles chantait une chanson particulière.
Et cela n’était pas sans raison,
car par leur chant elles formaient le nom
de ma dame, qui se trouve ainsi énoncé
sans que j’aie jamais osé le révéler14.
Mais il sera révélé si subtilement
que les gens mal intentionnés,
les médisants ou les calomniateurs,
les faux amants inconstants ne pourront le comprendre.
Il est dissimulé au tout venant ;
mais il sera compris des amants parfaits,
qui le citeront en secret :
ce qu’ils peuvent comprendre est bien caché.
Notes de bas de page
1 Le terme d’ancien français amerote est la désignation de l’anthemis cotula ou anthémis fétide. Connue sous le nom de maroute, camomille des chiens, œil-de-vache, elle pousse communément l’été dans les champs et autour des habitations. À son odeur désagréable est prêtée une vertu répulsive pour les insectes et les petits rongeurs.
2 Nous avons traduit par un proverbe moderne voisin, l’aphorisme du vers 525 : eschaudez d’eaue chaude crient (« Échaudé par l’eau chaude se méfie »), répertorié sous une forme plus synthétique par Joseph Morawski, Proverbes français antérieurs au xve siècle, Paris, Champion, 1925, n° 710, p. 26 : « Eschaudez eve creint. » (« Échaudé par l’eau se méfie »).
3 Le mot essample (« exemple ») est le calque du latin exemplum, terme usité dans la prédication religieuse et qui désigne, selon la définition qu’en a donnée Jacques Le Goff en 1984, « un récit bref donné comme véridique et destiné à être inséré dans un discours, en général un sermon, pour illustrer une leçon salutaire. » (C. Brémond, J. Le Goff, J.-C. Schmitt, L’Exemplum, Tumhout, Brepols. Typologie des Sources du Moyen Âge Occidental, fasc. 32, 1984, rééd. 1996, p. 37-38). Par extension le terme essample est employé dans les textes littéraires pour dénommer un récit bref, inséré dans un récit principal et destiné à servir son propos moral et didactique.
4 Le jeu de mots qui associe le verbe amer (« aimer ») et ses homonymes en ancien français : l’adjectif amer, les substantifs amer (« amertume ») et la mer, est un lieu commun de la littérature amoureuse, utilisé pour exprimer les tourments de l’amour. Attesté chez Ovide, il figure dans l’épisode du philtre d’amour bu en mer dans le Roman de Tristan de Thomas d’Angleterre (Voir Tristan et Yseut, Les premières versions européennes, éd. cit., fragment inédit de Carlisle, édité et traduit par Ian Short, p. 123-124), ainsi que dans le roman de Cligès (éd. cit., v. 533-557, p. 17-18) de Chrétien de Troyes. On le retrouve jusqu’au xiie siècle dans un sonnet de Marbeuf (1596-1645), « Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage... ».
5 Deux thèmes de la lyrique courtoise s’entrelacent ici : celui de l’amour maladie, hérité de la poésie ovidienne, et celui de la dame médecin du mal d’amour.
6 Métaphore culinaire héritée du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris (éd. cit., v. 2329-2330, p. 72) pour exprimer le désir brûlant : et saches que dou regarder /feras ton cuer frire et larder. (« et sache qu’en la regardant tu feras frire et transperceras ton cœur. »). Le verbe larder que nous avons traduit par « transpercer » signifie « introduire un morceau de lard ou des épices dans une viande » et par extension « piquer », « transpercer ». Voir aussi l’édition du Roman de la Rose d’Armand Strubel, Paris, Le Livre de Poche, « Lettres Gothiques », 1992, v. 2340-2356, et note p. 169.
7 Expression d’allure proverbiale signifiant « j’ai fait un mauvais échange ».
8 L’expression mater en (l’) angle apoursens « mater au coin de l’échiquier » et par métaphore « pousser à bout ».
9 L’idée qu’on ne peut conter d’Amour sans en avoir fait la douloureuse expérience a déjà été énoncée en introduction (v. 352-356).
10 Sous l’expression la grant somme, c’est-à-dire « la grande histoire », l’auteur désigne Les Métamorphoses d’Ovide. Il se réfère ici explicitement au Livre iv qui contient la légende de Pyrame et Thisbé (v. 55-166), dont il résume les péripéties essentielles et le dénouement après avoir, lors d’une précédente évocation (v. 161-180), présenté la situation narrative et les circonstances de l’action. La métamorphose finale du mûrier et de ses fruits illustre le pouvoir merveilleux de l’amour, qui peut se transférer par un effet de communication sympathique à un arbre et ses fruits. L’exemple ovidien confirme ainsi a posteriori la vertu magique prêtée au poirier et à la poire de Saint-Riule dans la péripétie du mors de la poire (v. 398-403 et 471-481).
11 La métaphore de l’assaut de l’année d’Amour contre une forteresse, outil principal de la psychomachie qui symbolise la difficile conquête de l’objet d’amour, est largement exploitée par Jean de Meun dans la seconde partie du Roman de la Rose, dans laquelle l’armée d’Amour s’attaque à la forteresse de Jalousie, qui emprisonne les rosiers et le bouton de rose convoité.
12 L’armoise est une plante herbacée à variétés aromatiques (absinthe, estragon, génépi...). L’auteur du Roman de la Poire semble posséder certaines connaissances en botanique comme en témoignent la mention de ces herbes aromatiques et celle de la camomille puante (amerotë) au vers 518.
13 Dans le Roman de la Rose Beauté (v. 992), Franchise (v. 1189) et Courtoisie (v. 1227) sont des personnifications de la carole de Déduit, le maître du jardin où se trouve le bouton de rose. Deux flèches d’or du carquois du dieu d’Amour sont également nommées Beauté (v. 938) et Franchise (v. 942).
14 Annonce du procédé de l’acrostiche qui, par le souci de discrétion dont il témoigne, se rapproche du senhal, terme désignant le pseudonyme traditionnellement donné à la dame par le troubadour dans son chant. Trois des personnifications (Courtoisie, Beauté et Noblesse) vont chanter et la première lettre du premier mot de leur chant entrera dans la formation du nom de la dame. La composition du nom sera achevée par Amour et Doux Regard.
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