Divorce à la française !
Factums et scandale conjugal dans la haute robe parisienne à la fin du règne de Louis XIV
p. 163-176
Texte intégral
1Pour trouver un équivalent au XVIIe siècle au sens actuel du terme « privé », il faut regarder le mot « particulier », mot qui confond d’ailleurs l’individuel, le segmentaire et l’acte privé. Par l’adjectif « privé », on entendait dans un champ sémantique encore très médiéval, le familier, l’espace domestique, c’est-à-dire ce qui se passe dans la maison. Mais un autre sens affleure dans le Dictionnaire de l’Académie de 1694, celui de « secret », de ce qui est obscur et celé, tenu caché pour des raisons déclinées dans un large arc de sens, allant de la praxis politique à la civilité. En contrepoint de ce « privé », la recherche a montré qu’il existait des entités collectives « publiques », constituées à partir de la Renaissance autour de pôles d’activités artistiques, comme la littérature et le théâtre, et auxquelles s’adressaient les œuvres lues ou représentées dans les cercles curiaux, aristocratiques et bourgeois1. Il existait aussi une entité nommée « public » par le droit, instance de jugement collectif d’origine romaine et aussi vestige du peuple électeur du roi. Car, ne nous y trompons pas, dans cette lexicographie de la fin du XVIIe siècle, l’espace public est d’abord l’espace où s’exerce l’autorité du prince. Ces sens vont se métamorphoser, se transformer entre la fin du règne de Louis XIV et la seconde moitié du XVIIIe siècle. L’objectif des extraits de l’étude de cas qui vont suivre est de permettre de réfléchir aux modalités de ces transformations et à leurs enjeux.
2En effet, à l’intersection des deux pôles majeurs de publicité du XVIIe siècle que sont l’activité judiciaire et la littérature, se produisent à Paris des conflits conjugaux débouchant sur des demandes en justice de séparation de corps, qui causent de véritables scandales publics2. On entendra par le terme scandale, ce qui s’alimente de la rumeur, qui, de notoriété publique, est contraire aux normes et peut être à ce titre saisi par l’institution justiciaire. Fait nouveau, ces scandales sont alimentés par des productions imprimées, les factums, type ancien d’écrit judiciaire qui font appel à la conviction des juges et à l’opinion du public par des argumentations de plus en plus amplifiées et travaillées, empruntant au registre littéraire. Ils sont lus, commentés, médités et... conservés par les parties prenantes. Constituant une spécificité française, ils ont accompagné le développement de la justice laïque et royale. Comme sources d’histoire, ils doivent être pris comme des objets complexes pour lesquels une approche spécifique doit être élaborée. Leur publication croissante a accompagné l’augmentation des demandes de « divorces » parisiens qui devint un véritable phénomène en milieux urbains à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle3.
3Un de ces procès, survenu dans la haute robe à la fin du règne de Louis XIV, expose sans ménagement les mésententes du couple formé par l’intendant Jean-Baptiste de Pommereu et son épouse, Marie-Michelle Bernard, à partir d’un conflit de projet successoral. Survenu en 1704, ce procès porté au Parlement de Paris fit suite à la plainte de Mme de Pommereu pour mauvais traitements répétés et aggravés d’une extorsion de ses propres (300 000 livres tournois), en vue de constituer une donation de 150 000 livres tournois en faveur du fils aîné du couple, donation qu’elle affirmait avoir été forcée de consentir sous la pression de ses beaux-parents Pommereu. Pour ces raisons, elle demandait une séparation de biens et de corps à la justice civile qui, en région parisienne, traitait ce type de cas. De ce procès, ressort un dramatique dialogue des parties en procès qui déconstruit les compétences conjugales telles que les valeurs communes du temps les façonnaient, qui débat aussi des compétences parentélaires, en exposant et interrogeant la correspondance entre ces deux types de liens.
4Avant que d’essayer de comprendre comment et par quels moyens juridiques et scripturaires est mis en scène l’espace d’intimité, ou de non-intimité, du couple, entité nouvelle, jamais nommée en tant que telle, mais objet de tous les débats, il faut considérer l’histoire des ancêtres de ce couple, telle qu’elle a été collectivement fabriquée, puisque ce récit quasi mythologique intervient dans l’argumentaire de la querelle.
Les attaques d’une Précieuse contre l’institution familiale (1654-1662)
5La médiatisation de ce qui se passe chez les uns et chez les autres provient d’abord, dans les usages communément reçus, de l’antique fama, la rumeur, formée dans la proximité, et d’abord le voisinage par le colportage des ragots. Elle formait d’ailleurs une catégorie agissante en justice4. Au XVIIe siècle, par un sens dérivé, elle se métamorphose en « réputation », un terme omniprésent dans la littérature morale du temps, laquelle s’obtient par un travail de soi, soi individuel et soi collectif par la reconnaissance des groupes d’appartenance. La réputation est un medium essentiel de distinction sociale ; elle est théorisée en tant que telle par les contemporains.
6Relisons ainsi un fragment du récit que le vieux cardinal de Retz fait de sa folle jeunesse ambitieuse et frondeuse. Il évoque ainsi une liaison passée, qui avait connu ses belles heures à la fin de la guerre civile entre 1675 et 1677, alors qu’il était coadjuteur de Paris :
Je crois que les leçons [de chasteté] que je recevais tous les soirs chez Mme de Pommereu la fortifiaient beaucoup pour le lendemain. Ce qui est admirable est que ces leçons, qui n’étaient plus secrètes, ne me nuisirent point dans le monde. La dame eût été bien fâchée que l’on ne les eût pas sues ; mais elle les mêlait, et à ma prière et parce qu’elle-même y était assez portée, de tant de diverses apparences, où il n’y avait pourtant rien de réel, que notre affaire, en beaucoup de choses, avait l’air de n’être pas publique, quoiqu’elle ne fut pas cachée. Cela paraît galimatias ; mais il est de ceux que la pratique fait connaître quelquefois et que la spéculation ne fait jamais entendre. J’en ai remarqué de cette sorte en tout genre d’affaires.5
7Les « diverses apparences » en question doivent être traduites par « liaisons amoureuses apparentes ». Cette tactique libertine de Mme de Pommereu a été confirmée par Tallemant dans quelques-unes des Historiettes qu’il a consacrées à cette précieuse habituée du salon de Rambouillet. En narrant cela, Gondi en appelle à l’expérience sociale mondaine infra-théorique de son lecteur pour établir la pertinence de son propos : il décrit une liaison extra-maritale qui n’est ni publique, ni cachée mais qui se tient donc dans un espace entre-deux, cet écart laissant du champ au bavardage et aux potins mondains. Dans un autre passage des Mémoires, il précise qu’un certain nombre de meneurs de la Fronde viennent le rencontrer chez cette Mme de Pommereu, dans son hôtel de la rue Vieille-du-Temple, qui est en fait, la maison de son mari. On retrouve ici la symbolique du cocuage analysée par Maurice Daumas : le cocu est trompé par un homme de rang social équivalent ou supérieur, dans un jeu de rivalité masculine, brouillé ici cependant par l’attitude de l’épouse adultère qui défie son mari dans l’espace même qui était soumis à son autorité de chef de maison.
8Cette Mme de Pommereu, née Denise de Bordeaux, provenait du monde de la finance par son père, intendant des finances. Il l’avait contrainte d’épouser François de Pommereu, veuf déjà père de famille, magistrat de belle carrière issu d’une lignée anoblie alors depuis moins d’un demi-siècle dans l’exercice des charges, alors que le choix de la jeune femme se serait fixé sur Fromont, autre officier, mais venu de la finance comme elle. Femme connue pour son fort caractère, elle suscita divers engouements amoureux et trompa donc son mari avec beaucoup de constance et de rage, du moins si l’on en croit les hommes de lettres et beaux esprits qui ont immortalisé son souvenir. Selon eux, Denise de Bordeaux, mariée contre son gré, était condamnée à tromper son mari. Retz abondait dans le même sens : ces deux amants avaient commencé par refuser l’un comme l’autre leur état, ecclésiastique et matrimonial, assigné par la décision du père. Ils devaient dissimuler leurs turpitudes pour satisfaire à la morale officielle, mais pas trop tout de même, afin de manifester leur rébellion contre l’ordre familial et institutionnel. N’était-ce pas une façon transgressive de se dire au-dessus des lois communes ?
9Les factums, issus d’une action en justice, font valoir les aspects de cette liaison tus et laissés de côté par nos spirituels hommes de lettres. Denise de Bordeaux conçut, en effet, une petite fille de sa liaison adultérine et fut, à partir de 1654, attaquée par son époux en vue d’une séparation. Elle perdit ce procès et, ipso facto, la partie de ses conventions matrimoniales impartie à la communauté des biens administrée par son époux ; elle obtint la garde de sa fille (l’ensemble du procès constituait de la part de son époux un désaveu de paternité de ce bébé) et... résista à l’exécution des sanctions ! Elle occupa la maison Pommereu, en fit partir son mari, battait les domestiques et, alors que la police vint la prier de déguerpir, elle emporta quelques meubles par la fenêtre de derrière « en faisant, dit l’un des factums, un étrange fracas ». On imagine l’hilarité dans les salons ! Après la mort de son mari, elle renouvela ses procédures contre ses héritiers, y compris ses propres enfants, et obtint gain de cause en 1662, ce qui atteste de l’indulgence des juges à l’égard des jeunes femmes aux riches dots.
10La fabrique de la légende Pommereu devait continuer ensuite, grâce à l’activité fébrile des plumes de nos infatigables hommes de lettres de la fin du Grand Siècle. Quoi de plus affriolant qu’un jouvenceau amoureux transi de sa belle-mère, femme fatale et femme de lettres ? Ce fut donc le sort littéraire du fils du premier lit de François de Pommereu que d’être dépeint, par Tallemant des Réaux, comme un nouvel Hippolyte, épris de cette Amazone. Le seuil entre vie privée et existence publique était ténu puisque l’écriture, qui instituait ce champ du public, s’orientait simultanément vers le privé comme objet d’investigation et de réception privilégié, pour dévoiler les secrets des familles et procéder à une déconstruction des valeurs traditionnelles, en d’interminables débats qui alimentaient les salons et les conversations des avertis. Voilà qui fait songer aux propos de Michel Foucault dans Surveiller et Punir, pour qui la famille était devenue au XVIIIe siècle, un « point nodal [de quadrillage disciplinaire] et d’articulation du public et du privé, des parents et des enfants, des individus et de l'État6 ». Soulignant le rôle des femmes comme agent de cette « disciplinarisation » des familles, il prenait l’exemple de Mme Jourdain, le personnage de Molière, femme vaguement castratrice, qui menaçait son mari d’une action en justice, s’il s’en prenait à ses droits. Mais ensuite le grand philosophe et historien avoua son embarras devant une lecture trop univoque de la position des épouses, en raison du fait massif de la domination masculine qu’il pointait durant la même époque, problème interprétatif auquel devait ensuite se confronter avec résolution l’histoire des femmes et du genre7.
11En fait, il s’agit aussi pour les contemporains du procès Pommereu de pointer la maison, comme lieu matériel qui abrite des secrets constitués autour de l’alliance, nœud intriquant les relations économiques, affectives et sexuelles, parce que l’alliance agit sur deux leviers puissants de la reproduction sociale, la filiation et la transmission. Et désormais, les acteurs principaux du mariage en étaient de moins en moins les familles marieuses mais les époux eux-mêmes8. C’est ce qu’atteste l’étude du procès en séparation survenu entre le petit-fils de François de Pommereu, Jean-Baptiste, et son épouse, Marie-Michèle Bernard, à la fin du règne de Louis XIV.
La reprise du scandale : l’affaire Pommereu (1704-1709)
12Ce procès du couple Pommereu fut une épreuve publique qui opéra à l’inverse du scandale conjugal des années 1660 : les postures des protagonistes s’inversèrent de façon symétrique. Cette symétrie est un élément structurant dans la construction du discours social qui s’exprime dans cette mythologie. En 1704, c’était l’épouse qui portait plainte et s’estimait bafouée et maltraitée par son mari brutal, spoliateur et hautain ; elle quittait donc la maison Pommereu pour sauver sa peau ; elle se trouvait injustement dépouillée de ses biens par son mari ; son fils aîné la maltraitait, tout comme ses domestiques, une servante allant même jusqu’à prendre sa place. Grâce à la justice, c’était à son tour d’obtenir d’emblée gain de cause contre son mari, aux torts duquel les séparations de biens et de corps furent prononcées. Le point commun résidait dans le fait que le scandale, là encore, éclatait par la femme, épousée contre son gré et issue du monde de la finance. Ainsi, comme dans la majeure part des séparations de corps, c’était bien par les dames Pommereu que se défaisait l’unité de la maison comme espace familial et économique, alors qu’elles proclamaient leur dignité d’héritière d’une lignée désormais concurrente de celle du mari.
13Alors que le perdant Jean-Baptiste de Pommereu, disgracié après la mort de son père en 1702, était considérablement fragilisé, d’autres attaques en justice contre sa personne succédèrent jusqu’au procès de 1709 : essentiellement, ce furent des actions qui contestaient les inégalités de la transmission successorale, pratiquées par les chefs de la famille Pommereu en dépit des règles coutumières de partage des propres (avec léger préciput d’aînesse)9. Tout d’abord, fut remise en cause la succession d’Auguste-Robert de Pommereu, père de Jean-Baptiste, dont celui-ci avait été en tant que fils aîné, le bénéficiaire, puis ce fut au tour des dispositions que lui-même avait établies pour ses propres enfants par son testament de 1732, en vue d’avantager son second fils : à chaque fois, les frères et sœurs contestèrent l’injustice des décisions prises et obtinrent des compensations. Le premier de ces procès fut encore perdu par Jean-Baptiste qui se suicida (apparemment) le jour où lui en parvint la nouvelle, parce qu’il ne parvenait pas à faire respecter l’ordre patriarcal dans sa famille, ni le projet dynastique d’une dévolution successorale de mâle aîné en mâle aîné, dont il faut convenir qu’il pesait lourdement sur le destin des individus.
14Les procès Pommereu étaient connus des juristes du XVIIIe siècle ; ils constituaient des cas qui étaient rapportés dans les livres glosant la jurisprudence10. Les affaires successorales de la maison Pommereu étaient éminemment publiques. Cependant, comme le niveau des mariages ultérieurs des enfants Pommereu en capital réel ou symbolique l’attestent, ces scandales n’entachèrent en rien la fortune de cette maison. Ils contribuèrent plutôt à amplifier et publiciser sa puissance sociale.
15Tout se passe donc ici comme si l’historien assistait à la formation d’un mythe familial, élaboré sur plusieurs générations. Celle-ci articule l’identité d’une Maison à la genèse de nouveaux modèles de relations familiales, à la capacité des femmes à décider de leur sort et à la mise en discussion de ce nouvel assortiment des genres. L’action en justice constitue un dispositif d’amplification considérable de ce débat, car la publicisation de l’histoire familiale fait naître dans les discours une forme d’espace privé. Lorsque le conflit dans la parenté sort de celle-ci pour se porter devant la machine judiciaire, il devient vite une affaire publique11. Ce sont vingt-quatre imprimés, résultats d’enquête et factums constituant le dossier de la BnF, qui documentent le déroulement de la procédure civile12 : ils font le récit des faits et raisons qui alimentent les requêtes des parties opposées en établissant une fiction littéraire destinée à argumenter et emporter des décisions de justice13. Dans ses factums, Mme de Pommereu parle à la première personne : elle est la victime, sincère et naturelle, ni belle ni sophistiquée, demandeuse de la restauration de ses droits d’épouse et de mère. M. de Pommereu est farcesque et assume l’artificialisme et le volontarisme de sa situation de père de famille qui cherche à établir un héritier en obéissant à la volonté du père. Le tout est suspendu à un appel à l'attention du public, obtenu en suscitant au cours des témoignages d’enquête un véritable maelstrom émotionnel qui alimente un climat réellement sadomasochiste. De nombreux médiateurs donnent cette matière au procès14 : les procureurs des parties et les avocats, qui signent d’ailleurs par obligation les mémoires judiciaires depuis le début du XVIIIe siècle et se livrent à un talentueux duel scripturaire (Louis de Sacy, avocat très réputé de M. de Pommereu était chancelier de l’Académie française et fréquentait le salon de Mme de Lambert). Interviennent aussi les amis des parties, qui les ont incitées au procès, et travaillent à étendre le cercle des lecteurs des factums. Enfin, des écrits parallèles circulent, madrigaux et épigrammes. Les Grands en prenent leur part : le prince de Conti s’intéressait à l'affaire et soutint vraisemblablement Mme de Pommereu. Les juges du Palais, quant à eux, conservent une position d’arbitres et sont invoqués comme les ultimes interlocuteurs des factums, dont ne sont jamais remis en cause les décisions, si ce n’est de façon oblique bien entendu.
16Dans ce cadre institutionnel fort, la publicisation du procès est utilisée comme argument à charge par les deux parties, qui se jettent à la tête l’accusation réciproque de se donner en spectacle et de commettre des gestes tout faits pour alimenter la rumeur et le scandale publics. Marie-Michèle Bernard accuse Monsieur son mari d’avoir fait imprimer 2 000 exemplaires de son premier factum et d’avoir autorisé l’imprimeur de le publier à son propre profit ; en contrepartie, son époux lui reproche de prendre à partie tout un public en inondant de ses productions imprimées « tous les lieux » et « toutes les maisons ». Elle énumère en retour toutes « les personnes qu’[il a fait venir] aux audiences publiques » et l’accuse de calomnier délibérément et publiquement sa propre famille, en mettant à profit leur différence de rang. Cependant, au cours de ces échanges acerbes, jamais les deux époux fâchés ne s’accusent explicitement d’atteinte à la vie privée. La dénonciation mutuelle est plutôt d’excéder ainsi les besoins de l’appareil judiciaire comme pour le déborder et le circonvenir.
17Néanmoins, malgré toutes ces dénégations, en filigrane ou de façon très explicite (on n’est pas à une contradiction près dans ce jeu d’affrontement des contraires), s’exerce certes bien un appel à une opinion publique. Les factums s’adressent nominalement au « public » et au « juge », l’un et l’autre rapprochés et confondus jusqu’à paraître en miroir l’un pour l’autre, avec le danger que l’image du public, décrit par les avocats comme un ensemble de groupes de pression, ne devienne le vrai juge. Mais il est aussi annoncé que, grâce aux factums, le magistrat peut se forger une opinion « dans le secret avant que de le rendre public », exerçant ainsi sa raison individuelle dans une intériorité qui apparaît bien comme la première forme d’espace privé nécessaire à l’accomplissement d’une tâche publique.
La création de l’espace privé
18Pour créer un tel scandale et cette occasion d’étaler au grand jour les mésententes des Pommereu, afin de quitter un mari, il fallait que le contexte s’y prête. Celui-ci fut à chaque fois suscité par l’actualité du gouvernement royal. La liaison cardinal de Retz-Denise de Bordeaux surgit à la fin de la Fronde, comme un ultime chahut et dernier défi lancés à l’ordre moral et politique qui se rétablissait ; la plainte de Marie-Michelle Bernard, autre Mme de Pommereu, était déposée et retenue par les juges au moment de la mort d’Auguste-Robert de Pommereu, grand commis d’État, qui avait fait une très belle carrière et dont la disparition entraîna la disgrâce de son fils qui se démit de ses fonctions d’intendant de Champagne. Il devint alors possible de dévoiler les indignités de l’espace domestique, certes dissimulé aux regards des autres, mais qui apparaît comme un enjeu de pouvoir.
19En avril 1705, répondant aux requêtes de Marie-Michelle Bernard, les juges ordonnèrent par sentence contradictoire la tenue de seize audiences publiques où les parties pourraient plaider sur les témoignages recueillis au cours d’enquêtes menées par les autorités à charge et à décharge à Paris, où étaient domiciliés les Pommereu, et dans les génénalités d’Alençon et Chalons, où Jean-Baptiste avait exercé ses fonctions d’intendant. C’est ainsi la très ancienne pratique judiciaire de la preuve par le témoignage oral qui est à l’origine de la prise de parole des uns et des autres sur la vie de cette famille15. Ces propos de témoins très codifiés furent répertoriés puis imprimés à l’instar de factums. Tous les témoins interrogés (environ 180 personnes) distinguaient deux sphères de vie du couple et de leurs familles : le domestique et le monde. Le genre auquel appartenait chaque plaideur déterminait la catégorie à laquelle appartenait les témoins. Pour Mme de Pommereu parlèrent en majorité des domestiques, mais aussi des femmes de notables, des ecclésiastiques et quelques officiers subalternes. Pour M. de Pommereu, intervinrent en majorité des officiers de justice et de finance qui témoignèrent en la faveur de leur supérieur hiérarchique, ainsi qu’une domesticité de rang supérieur (secrétaire, maître d’hôtel). Les témoignages favorables à Mme de Pommereu, qui faisaient presque tous état d’incidents survenus dans la maison, formèrent pour la plupart des faits qualifiés et retenus par les juges pour expliquer leur sentence finale de 1708 : tous prouvaient la négation et le non-respect de la dignité de la plaideuse. Ipso facto, la décision des juges valorisa la parole des domestiques dont on sait qu’ils étaient les grands intermédiaires entre leurs maîtres.
20Les relations décrites sont inversées : les factums font état de réactions haineuses provoquées par M. de Pommereu vis-à-vis de son épouse, Marie-Michelle Bernard. Autorisés, voire même encouragés par lui, ses enfants l’insultent, ses beaux-parents la tyrannisent, et sa domesticité ne la respecte pas ; une servante, la Macé, est chargée de la surveiller et d’exercer une forme d’autorité déléguée sur elle. Cependant, aucune liaison n’est prêtée à cette domestique avec son maître : les factums, de façon toujours implicite, s’efforcent de faire état d’une forme d’impuissance de celui-ci que le lecteur est chargé de supposer à l’origine de sa fureur et de sa cruauté.
21La parenté de Marie-Michelle Bernard intervient dans ces factums, mais avec la même discrétion opprimée. Sa mère la soutient, mais ne peut la voir et lors de son décès, M. de Pommereu, trop méprisant pour recevoir sa belle-famille dans sa maison, ne porte pas son deuil. D’ailleurs, les accusations de Mme de Pommereu vont plus loin. En exigeant le règlement anticipé de clauses de succession, les Pommereu sont à l’origine de la ruine de M. Coquille, le grand-père financier qui avait généreusement assuré des donations pour augmenter la dot de sa petite-fille : excès de pouvoir et de rapacité de ces hommes du Conseil royal qu’il faut venger... L’avocat de Mme de Pommereu explique que quoique l’époux maltraitant la force ainsi à défendre la réputation de sa famille, cela ne devrait pas être : il s’agit d’« une affaire qui ne doit estre uniquement qu’entre lui et moi ». Ainsi s’affirme la volonté de centrer le conflit sur cette unité neuve, le couple. C’est cette dimension qui fait la spécificité de l’affaire Pommereu et son intérêt auprès du public contemporain.
22Si l’épouse attaque de cette manière son mari sur son comportement dans l’espace que nous qualifierions de « privé », à l’inverse, les témoignages en faveur de M. de Pommereu s’en prennent à Madame au sujet de son comportement dans le « monde » : sont pointés sa passion pour le jeu, la frivolité de ses dépenses, son addiction pour la galanterie et sa liaison supposée avec un officier du Bureau des finances parfois qualifié de Trésorier général, un manieur de deniers donc. Ce dernier, sans finesse ni élégance, incapable de s’en tenir au registre platonique autorisé par les valeurs mondaines, pousse bien trop loin la privauté auprès d’une Marie-Michelle au reste demandeuse. Il évoque crument les relations sexuelles qu’il entretient avec Mme de Pommereu dans une correspondance amoureuse fabriquée de toutes pièces.
23Dans le but d’étayer les raisons des parties en présence, les factums discutent abondamment les témoignages de domestiques qui décrivent l’espace de la maison, dérobé ordinairement aux regards du plus grand nombre, qui n’est pas celui de l’intimité mais de la violence permanente. Premier lieu du rassemblement de la famille et de l’outrage général, la salle à manger ou grand-salle, où Marie-Michelle Bernard ne peut paraître, insultée et menacée par ses enfants, ni par conséquent se nourrir. L’espace de violence à porte fermée est la chambre conjugale, la « grande chambre » appelée aussi « chambre de M. de Pommereu » où elle est battue par son mari. Alertés par les cris, trois laquais regardent par la fenêtre de façon insistante, pour assister à la scène, en une sorte de scène primitive paroxystique. Le lieu de relégation est ensuite la chambre de l’éplorée, qui n’est pas non plus un espace d’intimité, l’endroit étant parasité par la proximité de sa belle-mère, femme impérieuse dévouée à son fils, dont elle partage l’antichambre et dans la ruelle de laquelle la première est obligée de recevoir sous le regard de la seconde ses rares visites. Parfois, selon les moments et les versions, Mme de Pommereu est évacuée de sa propre chambre : elle dort dans un fauteuil plutôt que de rejoindre le lit de Jean-Baptiste, ou bien encore, elle est logée dans une chambre « qui sert de passage [à celle] où couche la Macé » et ce réduit mal meublé est situé entre un petit garde-meuble et la chambre des domestiques.
24Elle ne peut se promener dans le jardin mais à Alençon, lorsqu’elle attrape la petite vérole, c’est dans un pavillon du jardin qu’elle est reléguée par son époux, par peur de la contamination. Á Paris, elle peut sortir parfois pour aller à la messe et en profite pour rencontrer à la dérobée son confesseur et des dames qui la soutiennent. Littéralement, l’un des personnages clefs, qui ferme la maison aux regards d’autrui, est le portier : selon l’épouse brimée de l’intendant, il interdit même à l’évêque de Chalons de lui rendre visite. Selon M. de Pommereu, ce portier n’a reçu ordre que « de ne laisser entrer personne qui pourroient venir demander les filles ou gens de la maison » ; il exerce donc une forme de police privée sur un endroit pourtant semi-public puisqu’y entre aussi le personnel administratif de l'intendance. C’est en trompant la surveillance de ce portier, parti boire un verre d’eau-de-vie, que la future plaideuse peut s’enfuir aux aurores d’un jour d’avril 1704.
25Deux lieux de la maison sont semi-publics : le cabinet de M. de Pommereu, où les officiers subalternes rencontrent à l’improviste Madame son épouse, descendue matinalement d’un escalier dérobé en déshabillé, qui cause « de bonne amytié avec lui ». Lorsque les témoignages sont favorables à celui-ci, elle est en effet écoutée ou sollicitée parfois pour un avis par M. de Pommereu, alors dans l’exercice de sa mission. Selon la partie adverse, au contraire, elle est chassée sans ménagement par celui-ci avec cette imprécation : « Allez, Madame, vous faire foutre dans votre chambre ! » Le deuxième lieu de la maison ouvert au monde est la table où l’on joue et cause fort tard dans la nuit. À Reims, cette table pour dîner ou souper est prévue pour quinze personnes ; elle atteste que l’intendant et sa femme vivent noblement. Trop retiré d’après Mme de Pommereu, son époux aurait par conséquent mal rempli les devoirs de sa charge et se serait fait admonester par son père, le conseiller d’État, pour ouvrir plus largement sa maison à la bonne société de sa généralité.
26On le voit, la maison et l’espace domestique mis en scène dans cette littérature judiciaire constituent un espace de conflit d’autorité et un espace avant tout soumis au pouvoir abusif du père. Pouvoir sans autorité légale pourrait-on dire de façon paradoxale, puisque la doxa répète à l’envie que le père dispose d’une quasi souveraineté absolue sur la maisonnée. Néanmoins, la coutume de Paris ne porte pas de semblables dispositions, notamment à l’égard de la transmission des patrimoines qui est au fondement d’une telle autorité en pays de droit écrit. Mais à propos du père, la donne s’est complexifiée. Ce qui fait problème, c’est la relation du couple et de couple, et la relation de ce couple avec la parentalité. La question est soumise au public au moyen de l’affaire Pommereu. Comment s’effectue l’intégration de l’épouse dans la maison de l’époux ? Quelles sont ses prérogatives vis-à-vis des autres adultes de la maison et des enfants ? Les juges n’ont pas soutenu cette volonté du père de famille, pourtant magistrat, d’étendre une volonté absolue sur les siens, quelqu'en soient les justifications. Ils ont rétabli Mme de Pommereu dans ses droits intégraux et l’ont fait sortir, selon ses vœux, de la maison Pommereu, qu’elle réintègrera pleinement en 1733 après la mort de son époux. Par des affaires telles que celle-ci a été étendue la réflexion sur ce que pouvait être la liberté individuelle, expression de la dignité sociale d’une femme de condition, de sa capacité économique et de sa volonté, intangible en la matière. Mais était aussi mise en avant la liberté individuelle de la raison du juge exercée dans la solitude de la lecture, avant le débat avec ses pairs, et garantie de la justice souveraine de la monarchie absolue. Cette intériorité posait le fondement en droit d’une vie privée. Mais celle-ci était en même temps un champ pratique créé et suscité sous et par le regard du public occupé à secréter une réputation autour de ce qui devait rester secret et en était l’autre fondement : la relation sexuelle. À ce registre empruntait la mythologie élaborée autour de l’histoire mouvementée des couples Pommereu en vue d’élaborer de nouveaux rapports entre lignées et entre époux, unis par des échanges interindividuels complexes. De ce point de vue, ils formaient une avant-garde sociale et culturelle.
Bibliographie
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Walch Agnès, Histoire du couple en France, Rennes, Ouest-France, 2003.
—, Histoire de l’adultère (XVIe-XIXe siècle), Paris, Perrin, 2009.
Notes de bas de page
1 Hélène Merlin-Kajman, Public et littérature en France au XVIIe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 1994.
2 Voir par exemple Agnès Walch, Histoire de l’adultère... op. cit. ; Pierre Darmon, Le Tribunal de l'impuissance..., op. cit. ; Maurice Daumas, Au bonheur des mâles... op. cit. ; S. Hanley, « Social Sites of Political Practice in France : Lawsuits, Civil Right and the Separation of Powers in Domestic and State Govemement 1500-1800 », The American Historical Review, v. 102, no 1, fév. 1997, p. 27-52 ; Claire Chatelain, Chronique d’une ascension sociale. Exercice de la parenté chez de grands officiers (XVIe-XVIIe siècles), Paris, éd. de l'EHESS, 2009 et : « Le mari violent et la femme insoumise : entre conflits d’intérêts et théâtralité des genres, le procès Pommereu », Épreuves de noblesse. Les expériences nobiliaires de la haute robe parisienne (XVIe-XVIIe siècle), Robert Descimon et Élie Haddad (dir.), Paris, Les Belles Lettres, 2010.
3 Bibliographie consultable dans le numéro spécial « Famille et justice dans l’Europe moderne », Annales de démographie historique, no 2, 2009. Peu d'études sur Paris même, si ce n’est Arlette Farge et Cécile Dauphin, De la violence et des femmes, Paris, A. Michel, 1997. Le terme de « divorce » était utilisé par les contemporains qui reprenaient là une catégorie du droit romain, mais avec un sens qui ne recouvrait pas entièrement l’actuel sens de ce terme, identique au sens antique : la rupture pure et simple de tous les effets du mariage civil, – sauf les devoirs de parentalité – appelé pour cette raison à l’âge moderne « divorce parfait ». Dans le langage courant, divorce était synonyme de séparation de domicile, décision que pouvait prendre soit l'officialité soit le tribunal du baillage. Dans tous les cas, le mariage, exclusivement sacrement religieux, n’était pas rompu, bien que les époux ne soient plus soumis aux devoirs matrimoniaux liés à la vie commune ; ainsi, ils n’avaient pas le droit de se remarier : il fallait obtenir pour cela une annulation du mariage, décision qui était sous le monopole de la justice ecclésiastique. En revanche, la séparation de corps entraînait la suppression des effets civils du mariage, c’est-à-dire des conventions matrimoniales.
4 Arlette Farge et Michel Foucault, Le Désordre des familles. Lettres de cachet des archives de la Bastille, Paris, Gallimard, 1982 ; Arlette Farge, Dire et mal dire, l’opinion publique au XVIIIe siècle, Paris, Seuil, 1992 ; Julien Théry, « Fama. L’opinion publique comme preuve judiciaire. Aperçu sur la révolution médiévale de l’inquisitoire (XIIe-XIVe siècles) », La Preuve en justice de l’Antiquité à nos jours, Rennes, PUR, 2003 ; Cyril Lemieux, « L’accusation tolérante. Remarques sur les rapports entre commérage, scandale et affaire », Luc Boltanski, Élisabeth Claverie, Nicolas Offenstadt, Stéphane Van Damme, Affaires, scandales et grandes causes, Paris, Stock, 2007.
5 Cardinal de Retz, Mémoires, éd. de S. Bertière, Paris, Garnier, 1987, 2 v., t. I, p. 271.
6 Cité par Michelle Perrot, Les Femmes ou le silence de l’Histoire, Paris, Flammarion, 1998 ; voir également Christine Bard, Cécile Dauphin et Arlette Farge, op. cit.
7 Collectif, « Culture et pouvoir des femmes. Essai d’historiographie », Annales ESC, mars-av. 1986, no 2, p. 280 et suiv. ; Françoise Thébaud, Écrire l’histoire des femmes, Paris, ENS éd., Paris, [1998], 2007.
8 André Burguière, Christiane Klapish-Zuber, Martine Segalen et Françoise Zonabend (dir.), Histoire de la famille, Paris, Seuil, 1986 ; Francis Ronsin, Le Contrat sentimental ; débats sur le mariage, le divorce, de l’Ancien Régime à la Restauration, Paris, Aubier, 1990 ; Agnès Walch, Histoire du couple... op. cit.
9 En cela, les chefs de famille Pommereu sont très représentatifs d’une tendance largement attestée pour cette période en France et dans le reste de l’Europe : celle-ci tend à accentuer les effets de la dévolution des biens en primogéniture masculine, à exclure les filles dotées de la succession et à restreindre la descendance. En fait, cela équivaut à établir un ordre patrilinéaire strict, établissant une véritable caste nobiliaire et puisant son modèle dans la noblesse d’épée la plus repliée sur la détention de biens nobles. Voir les travaux de Gérard Delille, Robert Descimon, Christophe Duhamelle, Elie Haddad, Joseph Morsel, Michel Nassiet, François-Joseph Ruggiu.
10 Par exemple : Causes célèbres, curieuses et intéressantes de toutes les cours souveraines du royaume, avec les jugements qui les ont décidées, Paris, Lacombe, 1773-1786, 76 v., t. 17, p. 83 ; Le Grand Vocabulaire françois, Fanckoucke, audit hôtel de Thou, Paris, 1771, t. 15, p. 485.
11 Luc Boltanski, Elisabeth Claverie, Nicolas Offenstadt et Stéphane Van Damme, op. cit.
12 BnF, Cab. des manuscrits, dossiers bleus 532, Pommereu.
13 Marion Lemaignan, « Les factums : une écriture sans modèle ? Avocats et actions d’écriture entre droit et discours social au XVIIe siècle », Laurence Giavarini (dir.), L'Écriture des juristes, XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Garnier, 2010 ; Sarah Maza, op. cit. et Claire Chatelain, « L’époux violent... », op. cit.
14 Voir Claire Dolan (dir.), Entre justice et justiciables : les auxiliaires de la justice du Moyen Age au XXe siècle, Québec, Presses de l’Université de Laval, 2005 ; Hervé Leuwers, L’Invention du barreau français 1660-1830. La construction nationales d’un groupe professionnel, Paris, éd. de l’EHESS, 2005.
15 Renaud Dulong, Le Témoin oculaire. Les conditions sociales de l’attestation personnelle, Paris, éd. de l’EHESS, 1998 ; Benoît Gamot, Les Témoins devant la justice. Une histoire des statuts et des comportements, Rennes, PUR, 2003.
Auteur
CRH/EHESS.
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