Illusions et désillusions du mariage dans la correspondance de Marie-Fortunée d’Este, princesse de Conti (1731-1803)
p. 63-77
Texte intégral
1Les longues et difficiles négociations menées de 1756 à 1759 pour conclure l’union matrimoniale entre Louis-François-Joseph de Bourbon-Conti, comte de La Marche, et sa cousine, Marie-Fortunée d’Este, fille de François III duc de Modène et de Charlotte-Aglaé d’Orléans, fille du Régent, offrent la chronique d’un divorce annoncé1. L’opposition du comte de La Marche à ce mariage est forte ainsi qu’il l’explique dans une lettre adressée au duc en juin 1757 :
Je témoignais suffisamment que mon Père me forçant de me marier j’avais toujours souhaité et n’avais changé d’avis d’épouser la princesse Mathilde2 et n’ai jamais voulu vous donner à entendre que je fusse content de la manière dont le choix contraire a été fait. Je crois vous avoir dit [...] combien de désagréments ce choix m’a apporté et qu'en général un mariage fait avec si peu de sûreté ne pouvait manquer de me rendre très malheureux ainsi que la princesse votre fille.3
2Malgré l’aversion du comte pour le mariage dont il ne se cache pas et qui est connue de toute la société parisienne, l’union est célébrée à Milan4 le 7 février, puis à Nangis-en-Brie le 27 février 1759, et la nouvelle comtesse de La Marche entre dans cette branche cadette de la famille de Bourbon. Le couple princier mène cependant une vie parallèle de 1759 jusqu’à sa séparation officielle en 1775. Au début du mois de novembre 1775, il décide de se séparer à la suite d’une dispute dont les termes ne sont pas connus. Trois semaines plus tard, une convention organise les conditions de la séparation de biens qui est officielle en juin 17775. Cette séparation de biens est de fait une séparation de corps car le 1er avril 1776, la princesse quitte le domicile conjugal, l’hôtel de La Marche, rue de Grenelle à Paris, et forme une maison indépendante. De 1776 à 1789, sa vie s’organise entre son hôtel parisien, rue Saint-Dominique, et le château de Triel en bord de Seine acquis en 1781. En juillet 1789, elle émigre et quitte la France pour Chambéry, Fribourg, Landshut, Presbourg et enfin Venise où elle meurt en 1803.
3La comtesse de La Marche – devenue en 1776 princesse de Conti – n’a guère suscité d’intérêt de la part de ses contemporains et passe relativement inaperçue dans le siècle. Seule la tenue de ses comptes de 1776 à 1789, conservés aujourd’hui aux Archives nationales6, offre un éclairage sur sa consommation quotidienne ou extraordinaire7. Une partie de sa correspondance a également été retrouvée. Elle est majoritairement adressée à sa famille restée en Italie et, tout particulièrement, de 1759 à 1780 à son père François III.
4Les correspondances familiales ont fait l’objet de nombreuses études historiques8 ou littéraires9 qui se sont particulièrement attachées à saisir la spécificité des pratiques féminines de la correspondance10. Elles ont également cherché à comprendre comment l’épistolaire pouvait apparaître comme une porte d’entrée vers le for intérieur ou comme une forme d’expression d’un moi parfois douloureux11. Or, si la lettre est privée, elle n’est pas forcément intime et la lettre familiale par sa forme, ses règles n’est guère le lieu de l’épanchement personnel. Cependant les sentiments, les émotions peuvent parfois affleurer et sont alors insérés dans les cadres, les normes du genre épistolaire12. C’est donc entre les lignes de sa correspondance familiale pourtant très normée et codifiée qu’il faut examiner comment la princesse évoque – principalement à son père – les aspects les plus privés de son existence et exprime ses émotions face à l’échec de son mariage. Si les sources évoquent majoritairement les cas de désaccords conjugaux les plus violents, les ruptures les plus scandaleuses, cette correspondance permet de s’intéresser à la façon dont la princesse exprime dans le cadre familial les difficultés ordinaires et quotidiennes de son mariage puis sa réaction lors l’officialisation d’une rupture conjugale latente depuis quinze ans. Après avoir mesuré la place de l’intimité dans les correspondances princières, il convient donc d'identifier les circonstances qui suscitent ces épanchements puis de voir comment la princesse passe de l’idéalisation du mariage à l’expression de sentiments douloureux face à l’échec de son union matrimoniale.
Une pratique de civilité aux épanchements limités
5Les correspondances de la princesse de Conti sont majoritairement tournées vers la famille d’Este et la société des princes européens. Dès lors, elles prennent la forme d’une pratique de civilité marquée par le respect des règles de l’étiquette qui n’exclut cependant pas l’expression des sentiments.
Une vaste correspondance
6L’ample correspondance de Marie-Fortunée, composée de 205 missives entre 1742 et 1 803, est organisée inégalement autour de trois périodes : avant 1759 et son départ de Modène, elle rédige 59 lettres13 à son père ; de 1759 à 178914, c’est-à-dire pendant la période française, 111 lettres ont été conservées dont 35 lettres d’émigration de 1789 à 1803. Deux années sont particulièrement bien représentées et correspondent aux deux grandes césures de son existence, l’arrivée en France et la séparation : en 1759, elle écrit 14 missives et 9 en 1775. Ces lettres sont principalement adressées à la famille d’Este (174 missives sur 205) et 144 à son père qui est le principal destinataire. L’analyse du contenu de cette correspondance montre qu’elle s’efforce de maintenir un lien avec sa famille éloignée et de prendre de ses nouvelles. La correspondance passive n'a pu être retrouvée. Il faut mentionner la conservation de lettres échangées entre Marie-Fortunée d’Este, son époux et leur beau-frère, le duc de Penthièvre15, qui joue le rôle d’intermédiaire pour organiser les conditions de la séparation conjugale en 1775-177616.
Une correspondance codifiée
7Dès lors, cette correspondance majoritairement destinée à la famille des princes est extrêmement codifiée selon les normes diffusées par les manuels épistolaires17 ou secrétaires qui se multiplient aux XVIIe et XVIIIe siècles18. Elle s’apparente à une conversation bienséante selon les règles de la civilité. Elle est entourée d’un cérémonial qui varie selon le statut du destinataire. Les courriers adressés au père sont particulièrement cérémonieux et évoquent une soumission respectueuse d’une fille à son père. La suscription est très marquée, surtout avant 1759, et différentes formules marquent la déférence comme par exemple l’expression « serenissimo padre » ou la souscription « très humble, très respectueuse et très obéissante fille et servante », même si, après 1759, quelques légères transformations – le « serenissimo padre » devient mon « cher papa » et le terme de servante qui a une valeur de soumission très forte est ôté – traduisent le nouveau rang de la princesse du sang et son statut de femme mariée. Si l’analyse des correspondances de 1742 à 1802 montre une bonne connaissance de l’italien et du français qui témoigne d’un apprentissage précoce de ces deux langues, la princesse n’écrit cependant plus qu’en français à partir de 1759. L’orthographe est bonne alors que de nombreuses études ont souligné le caractère parfois phonétique de l’écriture féminine et son archaïsme orthographique et graphologique19. Au contraire, l’écriture de la princesse est régulière. Cette rigueur dans la graphie peut souligner l’apprentissage de l’écriture par une posture rigide qui rappelle celle du courtisan : le buste doit être droit, l’écriture fine et régulière20. Ainsi, la correspondance de la princesse est une pratique de civilité, un rituel social qui se distingue par un style convenu, codifié par les règles de la bienséance. On retrouve tout au long des courriers adressés à son père les mêmes formules évoquant son respect et son dévouement.
La place des sentiments
8Malgré ce ton formel, ses correspondances peuvent être empreintes de sentiments et d’émotions. La plupart des missives traduit le sentiment d’isolement et d’abandon de la princesse éloignée de sa famille et mal à l’aise dans la société aristocratique parisienne. Toutefois, seule une minorité de lettres – quasi-exclusivement adressées à son père – évoquent ses problèmes conjugaux mais ces neuf missives sont concentrées sur deux moments. En premier lieu, quatre lettres d’avril 1759 à avril 1760 décrivent les déconvenues de son arrivée en France. Elles sont cependant suivies d’un silence de plus de quinze ans, car cette thématique ne réapparaît qu’en décembre 1775, avec quatre lettres rédigées pendant ce seul mois, et une autre en décembre 1776 au moment où la princesse s’installe dans son nouvel hôtel. Ces neuf missives abordent cette intimité conjugale en insistant sur le souci de la princesse de préserver les convenances et sur la thématique du masque. Mais en dépit de sa volonté de se contenir, la correspondance donne lieu à des confidences qui traduisent les souffrances d’une femme ignorée de son mari. Elles se devinent sur le papier par une moindre attention portée aux règles de civilité : les formules de politesse, les espaces sont réduits, l’écriture est dense, les lettres mal formées et témoignent du trouble et de l’agitation de la princesse qui oublie parfois de noter la date. Enfin, les lettres adressées au duc de Penthièvre pendant le règlement de la séparation sont davantage déclinées sur le mode de la confidence. Tout d’abord, la princesse lui adresse la copie d’une lettre rédigée au comte de La Marche le 6 novembre 177521. Elle répond à celle envoyée par le comte22 qui confirme par écrit les reproches formulés à sa femme lors d’une dispute qui semble avoir eu lieu lors du voyage de la Cour à Fontainebleau. La seconde lettre adressée au duc de Penthièvre est datée du 6 mars 1776. Marie-Fortunée d’Este qui doit quitter le domicile conjugal le 1er avril demande à son beau-frère de plaider sa cause auprès de son époux et de le faire revenir sur sa décision.
9L’ample correspondance de la princesse est donc avant tout formelle et s’inscrit dans un processus social marqué par un ensemble de règles. Réguliers en 1759-1760, les échanges s’espacent et témoignent de la tiédeur des relations entre Marie-Fortunée et sa famille. Cette impression est renforcée par le contenu épistolaire qui ne laisse guère de place aux épanchements. Néanmoins, les relations de la princesse avec son époux sont évoquées dès son arrivée en France. Si en 1759, le discours est optimiste et montre son désir d’une vie conjugale harmonieuse, l’échec de son mariage, qui éclate aux yeux du public à la fin de l’année 1775, la conduit à exprimer son désarroi face à son nouveau statut d’épouse séparée.
Des épanchements circonstanciés
10L’évocation de sa vie conjugale est donc rare. Elle n’est motivée que par des circonstances spécifiques. L’arrivée en France en février 1759 et la découverte de son nouvel époux sont commentées par la princesse. Au moment de la séparation en 1775-1776, elle doit expliquer à son père sa nouvelle situation.
L’arrivée en France d’une jeune mariée
11Les mariages princiers sont des événements d’importance dans la vie curiale française et suscitent de fait des descriptions et des commentaires. L’arrivée de la princesse d’Este en France, les cérémonies du mariage et sa présentation aux souverains sont dépeintes par ses contemporains23 ou les gazettes ou journaux24. Son entrée dans la société aristocratique et dans la famille Conti sont décrites par la princesse à son père. Le passage de frontière au Pont-de-Beauvoisin en février 1759, qui symbolise son entrée en France aussi bien que dans la famille Conti, apparaît comme un rite de passage : elle quitte son entourage italien pour une maison française et une famille déchirée car le prince de Conti et son fils sont brouillés depuis la négociation du mariage. Or, ce changement d’état est concomitant de la découverte de la situation familiale : elle confie alors à son père qu’elle aura beaucoup de « fatigue et d’études à servir un milieu dans une famille où ne règne que trop la discorde25 ». Aux difficultés familiales s’ajoutent l’indifférence voire l’hostilité de son mari. Toutefois, les premières lettres de la princesse à son père se distinguent par un ton optimiste. Malgré la prise de connaissance de la répugnance du comte de La Marche pour le mariage, les premiers mois sont marqués par l’espoir d’une vie maritale sinon heureuse du moins respectueuse. Elle décrit le 20 avril 1759 son séjour à Vauréal avec un époux « dans la meilleure grâce du monde26 », puis le 16 mai 1759 « l’uniformité d’humeur et de la façon de penser que nous nous découvrons » ou encore elle explique en juin 1759 qu’elle ne peut se plaindre de son mari : « il ne manque point aux égards et à l’amitié que je suis en droit d’exiger de lui ». L’emploi du mot amitié qui a une forte charge affective27 semble traduire l’existence de sentiments amoureux forts et partagés entre les époux28.
12Ce discours est cependant nettement nuancé dès le printemps 1759. Les tensions sont évoquées pudiquement par une périphrase : elle est « sensible à ce qui blesse toujours une femme29 ». Cette timide présentation est liée au fait que la princesse n’a pas l’initiative de cet épanchement qui est suscité par une lettre de son père. Lui-même se fait l’écho d’une interrogation au sujet de la bonne entente des deux époux qui lui a été soumise par le prince de Conti. La première année de vie conjugale et l’installation des deux époux dans l’hôtel de La Marche nouvellement aménagé à la fin de l’année 1759 accentuent les tensions. Les lettres du début de l’année 1760 se distinguent par une gradation dans l’expression des émotions de la princesse. Le 28 février 1760 elle se plaint à son père « de l’éloignement du comte de la Marche » et elle évoque rapidement « son affliction ». La lettre d’avril 1760 développe sur une page et demie ses émotions. Les termes employés sont plus forts car elle y décrit « le chagrin de [s]a situation », « [s]on malheur », son « sentiment de tristesse30 » et confirment le malaise croissant de la princesse. L’échec de son mariage est vécu douloureusement, d’où l’emploi de termes comme « malheur » qui viennent en contrepoint de son espoir déçu de bonheur conjugal.
13Ainsi, les premiers courriers adressés par la princesse à son père évoquent largement sa vie maritale entre espoirs et désillusions. Si cette correspondance paraît dans un premier temps placée sous le signe de l’épanchement, de l’intimité, les lettres rédigées à partir de 1761 sont plus formelles, plus espacées, deux lettres sont adressées à son père en 1769 comme en 1774 et taisent les difficultés conjugales.
Une séparation à expliquer
14Il faut en effet attendre le mois de décembre 1775 pour voir réapparaître dans ses lettres l’évocation des tensions conjugales. Cet épanchement est imposé par la séparation réglée en quelques semaines en novembre 1775. Si la convention est dans un premier temps un acte notarié privé31, le déménagement de la princesse, son indépendance financière vis-à-vis de la maison Conti, l’absence de responsabilité du prince pour les dettes contractées par sa femme, qui est diffusée auprès des marchands et des fournisseurs, assurent une certaine publicité à la séparation. Au printemps 1776, la comtesse de La Marche entreprend une demande de séparation officielle qui aboutit à une sentence du maître des requêtes de l’hôtel du roi le 12 juin 177732, confirmée par un arrêt de la Cour le 21 août 1777 qui reprend et officialise les conditions de séparation prévues par la convention de séparation. Il garantit ses droits sur sa dot, la succession de sa mère mais également en cas de mort du prince de Conti. Dès lors, la princesse doit expliciter la situation à son père. Toutefois, elle ne lui rend pas directement compte de sa séparation mais attend que celle-ci soit négociée et scellée. Les premières lettres sont adressées au duc de Modène en décembre 1775. La princesse doit alors se justifier, s’expliquer et les lettres décrivent principalement les raisons de la séparation – la répugnance du mari au mariage, le rôle des domestiques, les dépenses de la princesse – et les modalités de celle-ci. Elle aborde tout d’abord les motifs de son silence : « Permettez-moi de vous répéter, mon cher Papa, que ce n’est pas par manque de confiance que je ne vous ai pas rendu compte de désagréments que j’éprouvais de temps en temps de la part de monsieur le comte de La Marche33 ». Elle décrit ensuite les conditions de séparation : la rédaction de la convention ; la pension de 50 000 livres accordée par le roi ; la nouvelle installation de la princesse tout d’abord chez le duc de Penthièvre à Passy puis dans son nouvel hôtel rue Saint-Dominique à partir de décembre 1776. Elle exprime alors un sentiment de déclassement. À partir de 1776, elle dispose de revenus autonomes et limités. Elle est à ses yeux « réduite à vivre comme une particulière n’ayant pas moyen d’avoir avec cette somme34 une maison convenable à [s]on rang35 ». La séparation n’est donc majoritairement décrite que dans ses aspects économiques et sociaux, c’est-à-dire dans sa dimension publique et le duc de Modène semble – à travers les lettres de sa fille – se montrer particulièrement sensible à la conservation du rang et du statut de la princesse du sang.
15La vie intime de la princesse n’affleure donc qu’à deux grands moments : l’arrivée en France et la séparation qui met fin à quinze ans de souffrances silencieuses. En effet, parce qu’elles s’inscrivent dans une correspondance civile marquée par le respect de la bienséance, les lettres princières ne sont le lieu de l’épanchement qu’à la faveur de circonstances particulières. Elle n’évoque que les conséquences publiques de ces événements privés comme la description de la conservation de ses prérogatives et de son rang de princesse du sang en 1776. Plus largement, l’existence de la princesse est placée sous le signe du secret.
Des émotions contenues
16En effet, dès son arrivée en France et la découverte des premières tensions avec son mari, elle prend pour décision de ne rien laisser paraître publiquement ou à son époux. Sa posture renvoie à celle du courtisan et aux normes de la civilité36 qui imposent retenue, mesure dans les attitudes et les émotions. C’est plus spécifiquement le reflet d’un discours normatif qui incite les honnêtes femmes à faire taire leurs plaintes ou leurs pleurs pour ne pas irriter leur mari. On le retrouve sous la plume de femmes telle que madame du Châtelet37, qui invite les malheureuses à « renoncer aux reproches et aux larmes », ou encore madame de Puiseux qui décrit les efforts et les sacrifices d’une épouse pour conserver l’attachement de son mari38. Marie-Fortunée d’Este écrit dès mars 1759 son souci « de ne confier à personne ce qui se passe dans mon esprit enfin de n’ouvrir mon cœur qu’à mon cher papa39. » La correspondance apparaîtrait alors comme le seul lieu de l’épanchement mais cette idée est démentie par le contenu des lettres car à partir d’avril 1760, il n’est plus fait mention de ses difficultés conjugales. Ce silence de plus de quinze ans montre les difficultés pour cette femme d’exprimer ses souffrances intimes à celui qui est l’artisan de son mariage. Dénoncer cette union mal assortie serait s’opposer à la volonté paternelle mais aussi manquer à ses devoirs d’épouse comme elle le souligne en décembre 1775 : « J’ai cru d’ailleurs que le devoir d’une femme prudente était de renfermer en elle-même ses chagrins domestiques et de s’interdire toute plainte contre celuy à qui le sort l’a liée40 ». Peut-être faut-il également voir dans ce silence la réponse aux critiques de son père qui ne semble guère goûter aux épanchements comme le prouve le reste de la correspondance. Plus largement, la correspondance peut traduire la difficulté pour la femme du monde à exprimer son désir d’être aimée ou considérée41. Enfin, l’arrêt des mentions de ses difficultés conjugales au printemps 1760 est à relier au fait que le comte de la Marche entretient une relation suivie avec une comédienne. Elle se concrétise par la naissance d’un fils en 176142 qui sonne le glas des espoirs de sa femme tout autant qu’elle est source d’humiliations. Sa correspondance à l’image de son existence se caractérise par sa retenue et son silence. Ainsi qu’elle l’explique à son père, elle doit « faire bonne mine », « prendre sur [elle] », taire ses souffrances pour que personne ne puisse « apercevoir ny dans [ses] discours ny dans [son] extérieur la moindre trace de ce qui se passait en [elle]43 » et que la séparation apparaisse « d’un commun accord, du moins aux yeux du public44 ».
17L’expression de sa vie privée n’affleure que lorsqu’elle est sollicitée par son père-comme dans la lettre du 10 juin 1759-ou quand elle est suscitée par la séparation qui expose sur la scène publique la mésentente du couple princier. Entre ces moments, la vie privée, intime de la princesse est tue, occultée. De 1761 jusqu’en décembre 1775 et à partir de janvier 1777, Marie-Fortunée n’évoque jamais cette thématique et ses silences témoignent de sa difficulté, de son incapacité à dire et écrire ses émotions et ses souffrances qui ne sont exprimés qu’en 1759 et 1775.
L’expression de souffrances intimes
18La princesse profite de la présentation de sa situation maritale – elle est une jeune mariée en 1759 et une nouvelle épouse séparée en 1775 – pour décrire ses souffrances face à l’échec de son mariage. Ces lettres sont déclinées sous le mode de la douleur qui démontre son idéalisation des relations conjugales.
L’espoir déçu du bonheur conjugal
19Sa volonté de connaître une forme de bonheur marital qu’elle exprime dès ses premières lettres peut être vue comme le parachèvement de toute l’entreprise de valorisation du mariage effectuée par l’Église depuis le XVIIe siècle45. Les moralistes chrétiens traduisent en effet dans leurs traités cette aspiration à la félicité conjugale46 par la parution de manuels conjugaux et familiaux particulièrement de 1640 à 174047. François de Sales dans son Introduction à la vie dévote insiste sur le devoir d’amour entre les conjoints. Le discours de Marie-Fortunée d’Este développé dans sa correspondance traduit l’émergence du « mariage amoureux48 » et témoigne de la valorisation du bonheur terrestre et des émotions au cours du XVIIIe siècle49. Pour elle, son bonheur passe par l’entente conjugale. Elle exprime cette idée avec un certain lyrisme :
Je passerai le reste de mes jours dans l’affliction et la douleur car je vous le répète encore mon cher papa la plus grande liberté, le rang le plus distingué, la maison la plus brillante et remplie du monde du matin jusqu’au soir, les divertissements les plus grands et les plus variés dont on ne manque pas en ce pais-cy, tout cela ne saurait me rendre contente sans le cœur de mon mari.50
20Ces phrases passionnées témoignent de la diffusion de l’expression des sentiments dans la lettre familiale dans un contexte préromantique51. Cependant, l’introduction du sentiment dans la cellule conjugale entre en contradiction avec la pratique du mariage arrangé telle qu’elle a été vécue par la princesse de Conti et crée dès lors une situation intolérable, insupportable et de vives souffrances. Or, malgré les tensions et la froideur de son mari à son égard, elle espère encore en 1759 « être heureuse avec lui » et elle s’emploie dans la première année de son mariage, à accéder à l'harmonie conjugale. Elle se fait un devoir de ramener son mari dans le droit chemin et se crée un plan de conduite car dit-elle à son père : « Je suis convaincue que c’est peut-être un des seuls moyens de ramener un esprit jeune52 et fort dissipé », et poursuit : « Je pourrai peut-être un jour le gagner entièrement53 ». Cet espoir nourrit son attitude pendant la durée du mariage et elle évoque encore en 1775 « l’espérance que je conservais toujours de le ramener54 ». Au moment de quitter l’hôtel de la Marche, elle exhorte son beau-frère, le duc de Penthièvre, de ramener le comte de la Marche à la raison et d’intercéder en sa faveur :
Que vous lui témoigniez comment je me suis repentie et dès les premiers jours de la trop grande sensibilité qui m’avait poussé à lu faire la proposition qui a donné lieu à cet événement [...] que vous lui disiez enfin que le moment-cy je suis prête à sacrifier mon bien, mon bonheur et même une partie de ma vie pour rester avec lui et obtenir son amitié.55
21Cet espoir d'un retour à la vie maritale qui anime la princesse pendant toute son existence56 traduit l’importance pour elle des engagements associés au mariage. C’est une union voulue par Dieu et décidée par leur père ; elle impose des devoirs réciproques aux époux. Sa volonté de former une union heureuse met en lumière la diffusion des ouvrages abordant les problèmes conjugaux. Ces traités, publiés à partir des années 1640, considèrent que ces tensions peuvent être surmontées à l’aide de la grâce. Les moralistes et les théologiens insistent sur le rôle des femmes pour ramener leur époux dans le mariage57. Ces auteurs s’appuient sur la lettre de Saint-Paul aux Corinthiens : « Le mari infidèle est sanctifié par la femme fidèle58 ». Par ses prières, par sa tendresse, une dévote peut convertir le mari volage, assurer son salut et celui de son époux comme le prouvent les multiples exemples de saintes. De même, cette thématique est valorisée dans la littérature. Dès lors, la princesse suit cet exemple : son devoir d’épouse et de chrétienne est de ramener son mari à la raison. En retour, elle attend de lui qu’il se comporte comme ses devoirs d’époux l’exigent, c’est ainsi le sens de la formule qu’elle emploie dans sa lettre du 10 juin 1759 : « l’amitié que je suis en droit d’exiger de lui ».
La douleur de la séparation
22En décembre 1775, en sus des dispositions qui organisent sa nouvelle vie d’épouse séparée, Marie-Fortunée dépeint dans ses courriers toute la souffrance d’une femme qui s’est sentie trahie, rejetée, isolée dans une société aristocratique à laquelle elle ne semble pas avoir été préparée et qu’elle ne maîtrise pas : elle était par exemple « devenue une étrangère dans [sa] propre maison59 ». Sa douleur est aussi physique car elle tombe malade à la fin de l’année 1775 et pendant une grande partie de l’année 1776. Elle évoque ainsi à son père « le fâcheux état de sa santé [en raison de son] cruel chagrin » et se plaint de ses maux dans une lettre du 6 mars 1776 adressée au duc de Penthièvre : « J’étais si souffrante qu’il m’est impossible de tenir une plume à la main. Je tousse sans discontinuer ».
23Les termes employés pour décrire sa situation témoignent plus profondément de la violence et de la profondeur de sa tristesse et de ses douleurs. Elle évoque alors son « malheur », son « malheureux sort », la « cruelle catastrophe » sa « cruelle position », ses « chagrins domestiques ». Le choix des mots souligne les souffrances de cette femme qui sont vues comme des signes divins par l’emploi du terme « sort60 » ou de « catastrophe » terme qui initialement a le sens de drame personnel, de fin funeste et malheureuse. Cette idée rejoint la thématique de la Providence, particulièrement présente dans sa correspondance lors de l’émigration. Les malheurs de la princesse apparaissent à ses yeux comme des épreuves voulues par Dieu, des voies qui lui permettront d’assurer son salut. Le bonheur terrestre se solde par un échec ; pour Marie-Fortunée d’Este, seule la félicité céleste semble possible. Dès lors, la religion est un réconfort face aux blessures de la vie, une consolation pour une existence où le bonheur semble absent. La correspondance familiale de la princesse permet ainsi d’entrevoir un autre aspect de sa vie privée : la force de sa foi et de sa piété.
24Ainsi, ses souffrances conjugales, ses déboires intimes n’apparaissent dans les écrits de la princesse qu’à la faveur de circonstances limitées. Ce n’est qu’aux moments où sa vie privée est exposée sur la place publique : lors du mariage ou de la séparation, qui sont de fait des actes officiels connus de l’ensemble de la société aristocratique, qu’elle évoque ses sentiments. Cependant, ils ne sont dévoilés qu’à un nombre de destinataires restreint : son père et le duc de Penthièvre qui joue le rôle de médiateur entre le comte et la comtesse de la Marche au moment de la séparation. Elle ne décrit guère sa vie privée à sa tante Bénédicte avec qui elle entretient pourtant une correspondance suivie de 1759 à 1777. Dans cet échange de courriers ne sont relatés que les événements familiaux et les propres dissensions entre les Este. De même, elle ne se confie pas à l’agent du duc de Modène, l’abbé Contri, dont elle est pourtant très proche. La correspondance diplomatique61 très précise sur sa santé n’évoque jamais cet aspect de sa vie privée et Marie-Fortunée doit en décembre 1775 justifier les silences de l’abbé Contri auprès de son père. Princesse discrète, sa vie n’est guère décrite par ses contemporains. Seules son arrivée en France et la séparation ont suscité quelques réactions. En 1776, elles portent majoritairement sur la question des pensions accordées à la princesse séparée. Marie-Antoinette confie à sa mère l’impératrice les démarches entreprises par Marie-Fortunée d’Este par l’entremise de la princesse de Lamballe, sa nièce, pour obtenir du roi une pension de princesse du sang veuve62. Bachaumont évoque dans ses Mémoires secrets la question de l’obtention de la pension royale et s’attarde sur les raisons de la séparation. S’il s’agit tout d’abord pour lui d’« un arrangement économique », il évoque ensuite « le dédain de la princesse envers un fils que son auguste époux a de Caroline cette actrice émérite de la comédie italienne et qu’il avait désiré de prendre sous ses yeux et de présenter à madame la Comtesse de la Marche ; ce qu’elle a refusé avec la plus grande hauteur et ce qui a provoqué la résolution du Prince63 ». Plus largement, les déboires conjugaux de la comtesse de La Marche sont moqués que ce soit dans les Mémoires de Bachaumont64 ou dans les correspondances de son entourage, comme celle de sa nièce la duchesse de Chartres65. Ces commentaires sur les déboires matrimoniaux de la princesse ont largement contribué à laisser de Marie-Fortunée d’Este l’image d’une épouse délaissée, d’une femme austère et malheureuse.
Bibliographie
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Servais Paul et Van Ypersele Laurence (dir.), La lettre et l’intime : l’émergence d’une expression du for intérieur dans les correspondances privées, XVIIe-XIXe siècles, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant, 2007.
Walch Agnès, La Spiritualité conjugale dans le catholicisme français. XVIe-XXe siècle, Paris Cerf, 2002.
Notes de bas de page
1 Archivio di Stato di Modena (désormais ASMo), carteggio principi estensi, Casa e Stato, 383, Fortunata Maria d’Este, tractations en vue de son mariage 1756-1759.
2 Mathilde d’Este, sœur cadette de Marie-Fortunée.
3 ASMo, carteggio principi estensi, Casa e Stato, 383, Fortunata Maria d’Este, tractations en vue de son mariage 1756-1759, lettre du comte de la Marche à François III d’Este, 12 juin 1757.
4 Lieu de résidence du duc de Modène, gouverneur de la Lombardie depuis 1753.
5 Arch. nat., V4 1117, minutes de l’acte de séparation entre le prince et la princesse de Conti, 12 juin 1777.
6 Arch. nat., R3/172-185, dépenses particulières de Marie-Fortunée d’Este, 1776-1789.
7 Qui fait l’objet de ma thèse de doctorat d’histoire moderne : « Une consommation aristocratique et féminine à la fin du XVIIIe siècle : Marie-Fortunée d’Este, princesse de Conti (1731-1803) », sous la direction de Michel Cassan, soutenue en novembre 2010 à l’Université de Limoges.
8 Cécile Dauphin, Pierrette Lebrun-Pezerat et Danièle Poublan, Ces Bonnes lettres, une correspondance familiale au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1995.
9 Mireille Bossis (dir.), La Lettre à la croisée de l’individuel et du social, Paris, Kimé, 1994 ; Paul Servais et Laurence Van Ypersele (dir.), La lettre et l’intime : l'émergence d’une expression du for intérieur dans les correspondances privées, XVIIe-XIXe siècles, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant, 2007.
10 L’Epistolaire, un genre féminin ? Études réunies et présentées par Christine Plante, Paris, H. Champion, 1998 ; Brigitte Dias et Jürgen Siess, L'Épistolaire au féminin : correspondances de femmes, XVIIIe-XXe siècle. Colloque de Cerisy-la-Salle, 1er-5 octobre 2003, Caen, Université de Caen-Basse-Normandie, 2006
11 Patrick Laurence, François Guillaumont (éd.), Les Écritures de la douleur dans l'épistolaire de l'Antiquité à nos jours, Université François Rabelais, collection Perspectives littéraires, 2010.
12 Roger Chartier, « Préface », Cécile Dauphin, Pierrette Lebrun-Pezerat et Danièle Poublan, Ces Bonnes lettres... op. cit., p. 14.
13 ASMo, carteggioprincipi estensi, Casa e Stato, 271, lettres de Marie-Fortunée d’Este à son père 1742-1758.
14 ASMo, carteggio principi estensi, Casa e Stato, 1567/12, lettres de Marie-Fortunée d’Este à son père Francesco III 1759-1764 et 1764-1779 ; lettres de Marie-Fortunée d’Este à sa tante Bénédicte (Benedetta), 1759-1777 ; lettre de Marie-Fortunée d’Este à son frère Ercole III 1780.
15 Louis-Jean-Marie de Bourbon est veuf de Marie-Thérèse-Félicité d’Este, sœur aînée de Marie-Fortunée.
16 Arch, nat., 300 AP III 1, papiers Toulouse et Penthièvre, lettres sur la séparation du comte et de la comtesse de la Marche, 12 lettres, 1775-1776.
17 Jean Puget de La Serre, Le Secrétaire de la Cour, ou la Manière d’écrire, selon le temps, augmenté des compliments de la langue françoise, Paris, La Coste, 1631 (réed. 1656) ; Le Secrétaire des dames pour apprendre à écrire de belles lettres en langue française, Troyes, Garnier, 1759 ; Louis Philipon de La Madeleine, Modèles de lettres sur différents sujets, choisis dans les meilleurs auteurs épistolaires, avec une courte instruction à la tête de chaque espèce de lettres, précédés de quelques réflexions sur le style épistolaire en général, sur le caractère des auteurs en ce genre, et du cérémonial des lettres, Lyon, P. Bruyset-Ponthus, 1767.
18 Maurice Daumas, « Manuels épistolaires et identité sociale (XVIe-XVIIIe siècle), Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 40-4, octobre-décembre 1993, p. 529-556.
19 Marie-Claire Grassi, L’Art de la lettre au temps de La nouvelle Héloïse et du romantisme, Genève, Paris, Slatkine, 1994.
20 Dena Goodmann, Becoming a woman in the age of letters, Ithaca, Cornell University Press, 2009.
21 Arch. nat., 300 AP III 1, papiers Toulouse et Penthièvre, lettres sur la séparation du comte et de la comtesse de la Marche, copie d’une lettre de Marie-Fortunée d’Este au comte de La Marche, 6 novembre 1775.
22 « J’ai différé jusqu’à aujourd’huy de répondre à votre lettre », écrit-elle le 6 novembre 1775 à son époux mais celle-ci n’a pu être retrouvée.
23 Comte de Sade, Papiers de famille, t. I, Le règne du père : 1721-1760, Maurice Lever (publiés par), Paris, Fayard, 1993, lettre no DCCXCX, au comte de Sade, Paris, le 6 mars 1759, p. 830 ; Institut de France, Ms 1833, « Livre journal des événements remarquables ou mémoires de la lune », 1756-1766.
24 Gazette de France, 3 mars 1759.
25 ASMo, cartegegio principi estensi, Casa e Stato, 1567/12, lettres de Marie-Fortunée d’Este à son père Francesco III, lettre du 10 mars 1759.
26 Idem, lettre du 20 avril 1759.
27 Marie-Claire Grassi, « Un révélateur de l’éducation au XVIIIe siècle : expressions de la vie affective et correspondances intimes », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 38, janvier-mars 1981, p. 174-185.
28 « Affection que l’on a pour quelqu’un et qui d’ordinaire est mutuelle », Dictionnaire de l’Académie française, 4e édition, 1762, « amitié », p. 65.
29 ASMo, carteggio principi estensi, Casa e Stato, 1567/12, lettre du 10 juin 1759.
30 Idem, lettre du 28 avril 1760.
31 Arch. nat., 300 A.P., I, 82, succession Conti, pièce no 169, acte du 21 novembre 1775.
32 Arch. nat., V 41117, requêtes de l’hôtel, minutes des sentences et arrêts civils, 1573-1791, sentence du 12 juin 1777 ; V4 1210, requêtes de l’hôtel, feuilles d’audience, 1603-1791, 12 juin 1777.
33 Idem, lettre du 27 décembre 1775.
34 Elle obtient deux pensions d’un montant total de 180 000 livres par an.
35 ASMo, carteggio principi estensi, Casa e Stato, 1567/12, lettre de décembre 1775.
36 Elles sont diffusées par les manuels de civilité qui se fondent sur l’ouvrage de Baldassare Castiglione, Le Livre du courtisan, publié en italien en 1528, à l’instar d’Antoine de Courtin, Nouveau traité de la civilité qui se pratique en France parmi les honnestes gens, Paris, H. Josset, 1671.
37 Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil marquise Du Chatelet, Discours sur le bonheur, éd. critique et commentée par Robert Mauzi, Paris, Les Belles lettres, 1961.
38 Madame de Puiseux, Conseils à une amie, s.l., 1749.
39 ASMo, carteggio principi estensi, Casa e Stato, 1567/12, lettres de Marie-Fortunée d’Este à son père Francesco III, lettre du 10 mars 1759.
40 Idem, lettre de décembre 1775.
41 Marie-Claire Grassi, « Un révélateur de l’éducation au XVIIIe siècle... », art. cit.
42 Louis François Véronèse (1761-1785), chevalier de Vauréal.
43 Idem, lettre du 10 décembre 1775.
44 Idem, lettre de décembre 1775.
45 Agnès Walch, La Spiritualité conjugale..., op. cit.
46 Agnès Walch, Histoire du couple en France de la Renaissance à nos jours, Rennes, Ouest-France, 2003.
47 Ibid., p. 64.
48 Maurice Daumas, Le Mariage amoureux, Paris, Colin, 2004.
49 Robert Mauzi, L’Idée du bonheur dans la littérature et la pensée françaises au XVIIIe siècle, Paris, A. Michel, 1960 (réed. 1994).
50 ASMo, carteggio principi estensi, Casa e Stato, 1567/12, lettres de Marie-Fortunée d’Este à son père Francesco III, lettre du 28 avril 1760.
51 Marie-Claire Grassi, L'Art de la lettre..., op. cit.
52 Né en 1734, le comte de La Marche est plus jeune que son épouse.
53 ASMo, carteggio principi estensi, Casa e Stato, 1567/12, lettres de Marie-Fortunée d’Este à son père Francesco III, lettre du 10 juin 1759.
54 Idem, lettre de décembre 1775.
55 Arch. nat., 300 AP III 1, lettre du 6 mars 1776.
56 En 1803, la première disposition de son testament est adressée à son époux : « Je prie M. le prince de Conti mon mari d’être persuadé que je n’ai pas cessé d’avoir pour lui les sentiments que je lui devais, je lui demande pardon des mécontentements que j’ai pu lui avoir donnés et je l’assure que j’emporte en mourant le regret de n’avoir pu me réunir à lui », Arch. nat., 300 AP I 82, succession de la princesse de Conti.
57 Agnès Walch, La Spiritualité conjugale..., op. cit., p. 208-213.
58 Saint Paul, Première épître aux Corinthiens, VII, 11.
59 Idem, lettre du 10 décembre 1775.
60 Sort : « C’est dans le sens des Anciens, La destinée, en tant que cause des divers événemens de la vie », Dictionnaire de l'Académie française, 4e édition, 1762, p. 742.
61 ASMo, Cancellería ducale, Carteggio Ambasciatori Francia, 212-227, 1759-1789.
62 Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et le comte de Mercy-Argenteau, avec les lettres de Marie-Thérèse et de Marie-Antoinette, Paris, Firmin-Didot, 1874.
63 Bachaumont, Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France depuis 1762 jusqu’à nos jours, ou Journal d’un observateur, t. VIII, 30 novembre 1775, p. 303 et 4 décembre 1775.
64 Bachaumont rapporte la parution d’un pamphlet sur les dames de la cour qui lui décerne le titre de « catafalque vivant » précisant alors « tout le monde sait que son mari n’a jamais voulu coucher avec elle », Mémoires secrets, t. XXV, 15 janvier 1784, « publication de la Bibliothèque des dames de la cour avec de nouvelles observations », décembre 1783.
65 La duchesse de Chartres souligne que les déboires conjugaux de la princesse sont la risée de son entourage : « M. le comte de la Marche n’est pas venu ici [à Chantilly] ; il a fait dire qu’il était malade. Tout le monde trouve cela fort impertinent cela allonge encore le visage de Mme la comtesse de la Marche ce qui a pensé nous faire mourir de rire », Archives du ministère des Affaires étrangères, Mémoires et documents, 319, 1771-1775, copies de lettres de divers à divers sur les affaires de la cour, lettre no 32, de la duchesse de Chartres à la comtesse de Genlis, 4 juillet 1772.
Auteur
ATER, Université de Reims, CERHILIM-GERHICO Limoges.
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