Chapitre 4. L’entraînement, de l’improvisation empirique aux apports scientifiques issus de champs diversifiés
p. 325-348
Texte intégral
1Il convient d’apporter quelques précisions avant d’aborder la partie propre à l’entraînement. Nous avons déjà souligné quelques points importants inhérents à la fonction d’entraîneur, notamment la constitution de staffs de spécialistes dans les clubs qui influencent directement le fond, la forme et la philosophie de l’entraînement, ainsi que les compétences qui sont exigées de lui au plus haut niveau. De ce fait, pour éviter des redondances, certains points seront évoqués mais sans être détaillés une seconde fois.
1. S’entraîner davantage, mieux et plus durement
2La charte de 1973, en créant des centres d’enseignement du football, n’a pas seulement eu le souci de décliner les objectifs du football français, elle a également obligé les clubs à s’équiper d’infrastructures spécifiques destinées à améliorer les conditions d’entraînement. En effet, les clubs sont obligés de se doter de « terrains d’entraînement, de surfaces spécifiques (pour le circuit training, pour l’entraînement des gardiens), de salles de musculation… et de… 30 ballons en bon état ».1 La précision de ce dernier détail souligne à quel point la situation peut se révéler archaïque dans certains clubs avant 1973. Cependant, un progrès a déjà été enregistré depuis quelques années, car les joueurs français des débuts des années 1970 s’entraînent davantage, dans certaines dimensions, que les joueurs des années 1960. Telle est la position d’un des entraîneurs les plus respectés dans la profession, Jean Snella :
Quand je compare les joueurs français, homme par homme, à ceux de telle équipe étrangère, je ne les trouve pas tellement inférieurs. Et je crois honnêtement, qu’ils sont aussi bien entraînés. Peut-être ne possèdent-ils pas au même niveau qu’ailleurs le goût de l’effort et de la perfection. Nous avons des footballeurs intelligents, doués. Mais quelque chose leur manque qu’à 20 ans il est presque impossible de leur donner : c’est trop tard2.
3Ce ne sont pas la qualité, ni même la quantité d’entraînement dispensées qui justifient les faibles résultats du football français à l’échelon international. Mais implicitement, c’est l’absence de perfectionnement dont ont bénéficié les joueurs avant leur carrière professionnelle qui fait défaut. De ce fait, sans que Snella le mentionne, les centres d’enseignement de football peuvent être un élément de réponse aux problèmes de l’entraîneur professionnel : jusqu’en 1973, ce dernier accueille en effet, des joueurs à la formation incomplète. Avec la création des centres, il peut espérer améliorer l’entraînement en s’adressant à des joueurs qui ont déjà bénéficié de solides bases. La part de la contribution des centres doit donc être évaluée à plus longue échéance. Sur le court terme, néanmoins, des efforts sont visibles aux yeux des entraîneurs. Gilbert Gress, au RC Strasbourg, avoue : « Ce qui a changé, ce sont les joueurs. Ils sont en meilleure condition physique, ils sont beaucoup mieux entraînés, ils sont plus complets dans la façon dont ils s’expriment sur le terrain »3. Il est plus que probable que les centres de formation ont incité la DTN et les entraîneurs à se pencher davantage encore sur les problèmes liés à l’entraînement, puisqu’il y a désormais une formation à compléter sur un plus long terme.
2. Les modèles d’entraînement en France : 1970 à 2003
4Francis de Taddeo (2003), entraîneur du centre de formation du FC Metz, (1989-1992 et 1996-2003) distingue 3 principales périodes : des années 1970 à 1982, de 1982 à 1990 et de 1990 à 2003. Nous suivrons ce plan proposé par l’entraîneur messin afin de caractériser les évolutions de l’entraînement de haut niveau en France. Francis de Taddeo base sa périodisation sur les stages de recyclages qu’il a suivis chaque année à la FFF et qui sont mis en place par la DTN. Il se place dans la position d’un entraîneur qui aurait suivi chacun de ces recyclages, lesquels sont d’ailleurs obligatoires sous peine de voir le titre d’entraîneur invalidé, et n’aurait donc rien manqué des orientations proposées par la DTN de 1970 à 2003. Il faut se souvenir que la réflexion sur les contenus à développer dans les centres de formation est celle qui oriente les choix qui concernent l’ensemble de la carrière du joueur.
2.1. Le modèle physique et athlétique (1970-1982)
5La première période, 1970-1982, est caractérisée par la très mauvaise situation du football français au plan des résultats internationaux. Pour cette raison, l’idée force de la fédération française est de travailler dur et de développer une réelle mentalité de travail dans tous les domaines de la performance. Les entraîneurs perçoivent qu’en termes d’entraînement physique, le niveau français est beaucoup trop bas. De ce fait, aussi bien dans les centres de formation qu’au niveau professionnel, l’accent est mis sur la quantité de travail fourni, mais aussi la discipline et l’habitude au travail. Il faut se rappeler que les entraîneurs qui dirigent l’entraînement ont été formés dans les stages nationaux d’entraîneurs qui « conservent leur rigueur et leurs contraintes », d’autant que
l’intensité du stage et la hantise de l’examen confèrent à ce stage un caractère un peu initiatique qui se perpétue d’année en année et qui consiste en la formation morale des entraîneurs4.
6De ce fait, qu’ils le souhaitent ou non, consciemment ou non, les entraîneurs nouvellement formés ou bénéficiant de recyclages sont confrontés à un modèle empreint d’exigence voire d’intransigeance. Toutes les observations et analyses aboutissent à une position tranchée de la DTN qui ambitionne de développer, dans un ordre de priorité :
un énorme travail foncier sur les qualités physiques ; un gros travail à propos des facteurs psychologiques : repousser ses limites ; des contenus conséquents à propos de la compétitivité ; la place importante de répétitions techniques5.
7Il est indéniable qu’entre 1973 et 1982, un effort de réflexion conséquent a été fourni par la DTN et par les entraîneurs des équipes professionnelles. Même si parfois, les méthodes choisies font appel à l’empirisme, néanmoins, les entraîneurs restent à l’écoute des innovations et cherchent à parfaire leurs connaissances. De ce fait, la préparation physique du footballeur français évolue singulièrement, d’une part en quantité et d’autre part parce que les échanges entre entraîneurs, formels ou organisés, leur permettent de bénéficier d’expériences de certains collègues. Les apports de la physiologie, la meilleure prise en compte de découvertes récentes, permettent à des entraîneurs tels qu’André Menaut (Girondins de Bordeaux) ou Roger Lemerre (Red Star) d’affiner leurs connaissances pratiques en matière d’endurance, de VO2 max, et d’en faire profiter leurs collègues entraîneurs lors des séances annuelles de recyclage. Il apparaît en fait que l’entraînement fonctionne principalement sur les mêmes bases que celles qu’il a toujours adoptées : la condition physique. La plupart des entraîneurs sont intéressés par les nouveautés, et à l’affût de connaissances scientifiques. André Menaut6, des Girondins de Bordeaux, propose quelques pistes à ses collègues :
Je voudrais seulement faire part de quelques réflexions relatives à la préparation athlétique et qui me sont venues au fur et à mesure de mon expérience. La première est qu’on ne peut faire un travail sérieux et suivi dans ce domaine sans l’adhésion du joueur. Ensuite sur quelques principes pratiques : on parle souvent de VO2 max, mais je crois que les notions d’endurance sont complètement à revoir car nous sommes partis sur des bases insuffisamment élevées7.
8André Menaut soulève implicitement des problèmes de psychologie et plus particulièrement ceux liés à la motivation du joueur. S’il y a pu avoir consensus autour de l’idée d’un travail foncier plus soutenu, surtout en quantité, cependant, les moyens d’obtenir une préparation physique restent parfois empiriques. Néanmoins, les entraîneurs semblent désireux d’utiliser toutes les données à leur disposition pour améliorer la condition athlétique et, surtout, d’en vérifier les effets et les dosages. Ils utilisent donc l’analyse des expériences passées pour proposer des corrections :
La conservation de l’influx nerveux, de la fraîcheur, à l’issue d’un stage, d’une semaine de travail, d’une longue période de compétition. Comment faire pour garder ces qualités intactes ou tout au moins les retrouver avant chaque match ?8
9Il est évident que le premier effort a porté sur la quantité d’entraînement. Un athlète comme Guy Drut, champion olympique du 110 mètres haies aux Jeux olympiques de Montréal en 19769, est convié à participer à un entraînement des footballeurs de l’AS Saint-Étienne dirigé par Robert Herbin. L’entraînement comprend du travail de courses sur longueurs de terrain sous forme de fractionné, du saut à la corde, du medicine ball, puis des petits matches en 6 contre 6. Le médaillé olympique délivre un témoignage teinté d’admiration de cette expérience :
C’est costaud ce qu’ils font ! C’est incroyable ce qu’ils font ! Je ne m’attendais pas à ça. C’est costaud, très costaud. […] Là où je suis étonné c’est par leur temps de récupération, il est très court10.
10On peut s’attendre à ce qu’un athlète du standing de Guy Drut soit habitué à se confronter à des charges d’entraînement conséquentes. Sa surprise est révélatrice de la quantité d’efforts fournis par les footballeurs stéphanois. Par contre, sa remarque à propos de la récupération laisse entrevoir la possibilité d’une exploitation encore empirique des données relatives à l’alternance des temps de travail et des temps de repos. Tout en amenant les entraîneurs à imposer à leurs joueurs cet énorme travail foncier qu’elle juge indispensable, la DTN tente, par l’entremise de Georges Boulogne, de résoudre des problèmes inhérents au maintien de la forme des joueurs et à la planification.
Un calendrier rationnel doit prévoir : 1°) Un repos d’au moins deux semaines à l’intersaison. 2°) une période de préparation de deux semaines au moins avant tout match amical et de quatre semaines au moins avant les matches officiels…11.
11L’établissement d’un calendrier rationnel et cohérent n’est pas chose aisée à obtenir, d’autant que les compétitions européennes et internationales contribuent à surcharger l’agenda des meilleures équipes françaises. Mais on ne peut reprocher à la DTN d’avoir éludé ce problème, même si elle n’a pas eu tous les moyens de sa politique. Néanmoins, certains points du programme qu’elle présente commencent à être respectés à partir de la fin des années 1970. La préparation d’avant-saison des joueurs tend à s’allonger, avec les premiers matches amicaux de la saison qui débutent de moins en moins précocement par rapport à la date de reprise. La DTN commence à utiliser certaines données liées à une connaissance de plus en plus affinée des processus physiologiques depuis les années 1970, qui débouchent sur des théories de l’entraînement où la surcompensation devient un modèle universel (T. Terret, 20008). Le problème à résoudre reste celui qui est afférent aux sports collectifs : la programmation ne s’adresse pas à un seul individu, mais à divers équipiers qui n’ont pas tous les mêmes capacités et n’évoluent pas tous au même rythme. À ce titre, elle est plus délicate à mettre en œuvre que lorsqu’il s’agit de planifier l’entraînement d’un individu. La préparation athlétique demeure plus que jamais un point essentiel de l’entraînement. Guy Roux, entraîneur d’Auxerre, argumente :
Le football est un sport où il faut être prêt physiquement pour pouvoir aborder le reste… Cela veut dire qu’à Auxerre, on court beaucoup. On fait plus de cent kilomètres avant la saison, le maximum en forêt [… ]12.
12Selon la DTN les premiers résultats sont visibles à la fin des années 1970. L’équipe de France se qualifie pour la Coupe du Monde en 1978, parvient en demi-finale de la Coupe du Monde en 1982. En résumé, les axes de travail prévus par la DTN entre 1970 et 1982 (F. de Taddeo, 2003), ont été respectés. Le travail foncier sur les qualités athlétiques a été accompli, soutenu par des contenus conséquents à propos de la compétitivité ainsi que la faculté à repousser ses limites, qualité essentielle dans le but de supporter les charges d’entraînement demandées. Quant aux répétitions techniques, plus que jamais elles appartiennent à l’arsenal du footballeur durant les séances d’entraînement, ainsi qu’en témoigne l’entraîneur bourguignon Guy Roux : « Nous travaillons la technique toute l’année. Mais je suis contre la variété des exercices. Il s’agit de trouver quelques exercices fondamentaux et de les répéter »13.
2.2. Le modèle psychologique et tactique (1982-1990)14
13Cependant, la satisfaction de la DTN n’est pas complète. En effet, alors que les résultats sont nettement plus positifs, malgré tout, il est évident dès avant 1978 que l’équipe de France manque de titres. Elle pèche surtout par faiblesse mentale, selon l’analyse de la DTN, à l’image de la demi-finale de Coupe du Monde de Séville en 198215 où, en position favorable pour atteindre la finale, elle échoue près du but. Le mental des joueurs français n’est sans doute pas à la hauteur de leurs qualités techniques et physiques récemment reconnues. Il s’agit donc désormais de conserver les acquis sur le plan physique et technique, mais de les compléter par une approche psychologique importante, doublée de mises en place tactiques affinées. L’ordre de priorité s’est déplacé :
un énorme travail sur les contenus d’ordre psychologique ; de gros contenus à propos des habiletés tactiques ; un programme intensif d’introduction à la musculation ; le maintien du travail des qualités physiques.16
14Ce programme, développé dans les centres de formation, démarre aux alentours de l’âge de 15 ans et se prolonge jusqu’à l’âge de 20 ans environ. De ce fait, les joueurs qui arrivent dans les équipes professionnelles ont été habitués précocement à ces contenus. L’aspect psychologique n’est pas réellement nouveau. La DTN en avait déjà proposé une approche dans les années 1970, mais essentiellement sous forme de conférences lors des stages nationaux. Ainsi le professeur Bruce Ogilvie17 de l’Université de San José (Californie) est-il invité au stage de 1971 pour faire un exposé sur la psychologie de l’athlète dans l’entraînement et la compétition. Mais entre écouter des exposés et appliquer des notions de psychologie sur le terrain, il y a un pas que les entraîneurs français ne franchissent pas aisément dans les années 1970. Cependant, les entraîneurs ne peuvent plus ignorer certains aspects fondamentaux de leur tâche, liés au groupe ou à l’individu. Pierre Pibarot, directeur de l’INF Vichy, le souligne :
Nous devons travailler à partir de la personnalité du garçon. Nous ne pourrons d’ailleurs personnaliser son travail que si nous avons bien étudié les traits les plus marquants de ce qui fait sa personnalité18.
15Cependant, Pibarot ne révèle pas quels outils sont utilisés pour déterminer quelle est la personnalité de ces jeunes footballeurs, ni comment, concrètement, les entraîneurs de l’INF Vichy tiennent compte de ces observations. Il est vrai que le terrain de la psychologie est encore peu défriché dans le monde du football. Les entraîneurs qui se risquent à utiliser pleinement la psychologie sont rares. Paul Frantz (1975) introduit des notions de psychopédagogie :
L’entraîneur s’adresse au joueur en tant qu’un tout, certes constitué de différentes parties, qu’il faut quelquefois travailler séparément (physiques, tactiques…), mais toujours en se rappelant qu’elles sont liées les unes aux autres et que c’est la communion de toutes qui fait définitivement le joueur. Et dans un deuxième aspect, celui de l’intégration du joueur dans l’équipe, l’entraîneur doit voir le joueur avec ses problèmes d’adaptation.
16La formation de Paul Frantz, enseignant d’EPS est certainement un facteur d’influence primordial dans ses propositions, d’autant que cette discipline vient de développer de nouvelles approches, formalisées par les Instructions officielles (circulaire du 19 octobre 1967). Or ces dernières font justement une large place aux facultés d’adaptation de l’élève, ainsi qu’aux facteurs psychologiques et sociologiques de la conduite motrice. Même si dans le milieu du football professionnel, les enseignants d’EPS sont rares, néanmoins certains d’entre eux parviennent à entraîner de bonnes équipes, à l’instar d’André Menaut, entraîneur aux Girondins de Bordeaux, qui
est arrivé dans le football d’élite avec les idées très personnelles d’un professeur d’Éducation physique anti-conventionnel […] Le footballeur d’élite est de plus en plus un athlète technicien […] Il a une réelle autonomie sur le terrain19.
17On peut supposer que dans le milieu de l’EPS, André Menaut n’est pas forcément considéré comme anti-conventionnel, beaucoup moins en tout cas que dans celui du football. Par contre, le fait qu’il soit professeur d’EPS et entraîneur de Division 1, surtout lorsque l’on connaît les positions du DTN Georges Boulogne, détonne forcément. De surcroît, France Football souligne que Menaut est détenteur d’une licence de psychologie. Il est sûr que dans son cas, tout comme dans celui de Paul Franz, leurs propos ne cadrent pas vraiment les conceptions des années 1970, qui valorisent le travail athlétique et l’habitude à l’effort, plutôt que l’autonomie et les capacités d’adaptation du joueur. De ce fait, ces cas restent isolés et les orientations que préconisent ces deux hommes sont rarement suivies. L’introduction de la psychologie dans le milieu du football se répand cependant au début des années 1980 grâce à l’action de Jacques Crevoisier20. Ce dernier soutient en 1981 une thèse de doctorat de 3e cycle en sciences de l’éducation, intitulée : « L’entraîneur de football professionnel, et les facteurs psychologiques de la réussite sportive ». Et comme dès les années 1980, Jacques Crevoisier21 est invité à intervenir dans les stages nationaux, il peut donner aux stagiaires des contenus qui lient psychologie et football, psychologie et entraînement, psychologie et entraîneur professionnel. Crevoisier reçoit une oreille attentive, parce qu’il est « du milieu »22. Suite à ses interventions, L’Entraîneur français, l’organe officiel de l’Amicale des entraîneurs, publie à partir des années 1980 des articles basés sur la psychologie et le football, alors que lors des décennies précédentes, ce type de publication était rare. Ainsi, les numéros 179 (juin-juillet 1981), 180 (juin-août-septembre 1981) et 181 (octobre-novembre 1981) publient-ils des articles intitulés « stress et sport ». S’ensuit le traitement de sujets aussi divers que « Aspects psycho-physiologiques du comportement en jeu », « Psychomotricité et psychocinétique » de Jean Le Boulch, qui est une reproduction d’un article paru dans la Revue EPS, « Analyse des motivations à la pratique du football chez l’enfant », « Croissance et évolution de la performance motrice chez les adolescents » de H.C.G. Kemper et E. Van Praagh, « Le perfectionnement de la vision périphérique », « Concentration et distribution de l’attention en sport », « Analyse psychologique de la pratique du football »23. À travers ces nombreux exemples et même si les contributions de nature psychologique apportées à L’Entraîneur français sont moins nombreuses que celles qui concernent la physiologie ou les applications médicales, on peut vérifier que la parution de ces articles prouve qu’ils ont été jugés dignes d’intérêt par ses dirigeants, qu’ils répondent à des questions que se posent les entraîneurs français. Cependant, ces articles de fond sont parfois des traductions ou des reproductions d’articles parus dans d’autres revues, parfois scientifiques. Leur aspect n’est pas toujours circonscrit au football, ni même toujours très vulgarisé. De ce fait, comme cela a pu être le cas lors de la période précédente, les techniciens français peuvent éprouver des difficultés à en trouver une application pratique, même si certains entraîneurs se familiarisent avec certaines données. Mais les résultats obtenus par l’élite du football français vont contribuer à combler ces lacunes. Il est évident que le psychologue n’est pas devenu encore le compagnon de route de l’entraîneur, comme cela a pu être le cas en natation (T. Terret, 2008), mais dorénavant, les entraîneurs de football professionnel ne sont plus totalement hermétiques aux apports de sciences psychologiques. En effet, couronnement des années fastes, 1986 marque la dernière bonne performance de l’équipe de France qui atteint pour la seconde fois consécutive les demi-finales de la Coupe du Monde et se classe à la troisième place. De fait, ni en 1988 ni en 1990, la France ne se qualifie pour, respectivement, le championnat d’Europe des Nations et la Coupe du Monde. Contrairement aux décennies précédentes, la FFF et surtout la DTN ne mettent pas longtemps à saisir l’ampleur des maux lorsqu’ils s’insinuent. Alors que le football français a vu l’équipe de France se qualifier deux fois consécutivement pour les demi-finales de Coupe du Monde (1982 et 1986) et obtenir en 1984 le titre de championne d’Europe, il faut à peine plus d’une saison de contre-performances pour que la DTN prenne la mesure de nouveaux efforts à accomplir. Pourtant, à l’issue d’une période où le football français a obtenu les meilleurs résultats de son histoire, il aurait été aisé de se contenter d’expliquer les mauvais résultats comme passagers et dus à des aléas. Au contraire, la réaction est rapide :
Et surtout, il va falloir sortir l’équipe de France de cette situation. C’est d’un meilleur travail dans les clubs, de la formation à la compétition de haut niveau, que sortira le redressement […]. Les entraîneurs de haut niveau doivent participer à cet effet. La création d’un groupe technique de travail à la LNF s’impose à l’évidence pour aider à la recherche de solutions pour tout le football d’élite. Ce groupe permettra de réaliser une meilleure coopération des entraîneurs de haut niveau, entre eux, au bénéfice de leur propre club et de l’équipe de France24.
18De ce fait, la crise, si elle doit être résolue par tous les groupes d’acteurs du football français, concerne en premier lieu les entraîneurs, ceux des centres de formation comme ceux des équipes professionnelles. La création de ce groupe technique de travail va engendrer quelques transformations dans le football français. En effet, dès 1991, la DTN se lance dans un nouveau programme : la préformation. En effet, la formation initiale ne suffit plus. L’entraînement et le suivi des joueurs doivent commencer de plus en plus tôt, donc aux environs de l’âge de 13 ans. Simultanément, la DTN commence à mettre en place de nouveaux diplômes destinés à former des entraîneurs spécialistes. Dans le même temps, sur le terrain dans les pratiques professionnelles, les habiletés tactiques ont été développées comme le demandait la DTN. Cet aspect avait commencé à être mieux pris en compte au début des années 1970, comme le révèle Stefan Kovacs25 lors de ses adieux aux entraîneurs français :
On commence à répéter des mouvements tactiques. C’est bien. Les grands orchestres répètent des morceaux d’une œuvre entière. Il faut répéter des « morceaux » de match, 20 fois, 100 fois26.
19Même si ce ne sont que les prémices d’un réel entraînement tactique, l’avancée est réelle. Tout comme c’était le cas pour la préparation physique et athlétique, la mise en œuvre du travail tactique suscite de nombreuses interrogations. Au départ, il nécessite une définition claire, que la DTN s’emploie à la fournir :
L’entraînement technico-tactique […] est constitué de séquences de jeu dans lesquelles interviennent un ou plusieurs joueurs. Ce qui est essentiel dans cette forme d’entraînement, c’est de donner à chacun « l’information » la plus complète possible sur les « coups décisifs » jouables dans chaque zone ; ce sont les placements et les déplacements qui favorisent la meilleure relation de partenaire à partenaire et les enchaînements techniques les plus efficaces27.
20La tactique existe donc du point de vue de la théorie de l’entraînement. Cependant, elle semble ici reléguée à une formulation certes compréhensible, mais qui n’inclut pas la notion d’équipe dans son ensemble. Par contre, le rôle de l’entraîneur est mis en exergue, car c’est lui qui délivre l’information aux joueurs. Certains entraîneurs font-ils malgré tout preuve d’innovation, se laissent-ils aller à des exercices qui sortent de l’ordinaire dans la conduite de l’entraînement ? Aucune trace n’est réellement visible. Depuis les origines du football, les meilleures nations inspirent les autres, au moins depuis l’entre-deux-guerres (J.-P. Saint-Martin, 2000). Cependant, au début des années 1980, malgré les références aux autres pays, malgré les échanges développés en partenariat avec d’autres nations comme l’Allemagne, la théorie de l’entraînement tactique reste toujours enveloppée d’un certain flou. C’est l’impression qui se dégage des propos de Georges Boulogne : « Ces exercices tactico-techniques restent à préciser mais ils se situent sans aucun doute dans le jeu en mouvement et en opposition »28. Les orientations générales sont définies et elles témoignent d’une réelle permanence avec les années 1970. Mais les procédures d’application précise ne sont pas encore détaillées clairement. En maintenant des rapports suivis avec l’Allemagne, la DTN peut se baser sur des rapports tels que celui du congrès international d’entraîneurs de la fédération allemande et des enseignants du football, à l’école sportive de Duisbourg-Wedau, du 10 au 16 juin 1989. Dans un contexte qui voit le Président Mitterrand faire de l’Europe un élément central de sa politique étrangère (J.-J. Becker, 2002), il est logique que la DTN, qui avait déjà entretenu de bonnes relations avec l’Allemagne dès le début des années 1970, poursuive dans cette voie. Bodo Menze, conseiller technique de la ligue du Nieder Rhein du football, apporte des exemples concrets qui semblent directement applicables dans les centres de formation et dans la continuité au niveau professionnel :
21La formation du comportement tactique en groupe se déroule exclusivement sous forme de jeux. À la base se trouvent les formes de jeu : supériorité numérique contre infériorité numérique (p.e. 3 contre 1, 4 contre 2), égalité numérique contre égalité numérique (p.e. 2 contre 2, 3 contre 3), infériorité numérique contre supériorité numérique (p.e. 2 contre 3, 3 contre 4)29.
22Il s’agit de recréer des situations de jeu sous forme réduite, en grande partie parce que les aléas du jeu lors des matches produisent des rapports de force fluctuants, auxquels les joueurs sont invités à s’adapter. Bodo Menze poursuit en donnant du sens à l’action tactique, et en la situant dans un cadre encore plus systémique, puisque l’action d’attaque avec le ballon est anticipée avant l’entrée en possession de la balle par l’équipe :
L’attaque du but adverse commence avec la contrainte de la récupération du ballon. Ce n’est pas au moment où nous sommes en possession du ballon que commence notre attaque : elle commence là où l’adversaire a le ballon et où nous allons le récupérer30.
23Désormais, l’entraînement est pensé de façon contextualisée. Il doit forcément être programmé certes en vue du match qui se profile, mais également au regard des constats qui émergent de l’analyse de la dernière rencontre disputée. Bien entendu, l’analyse des grandes compétitions oriente les réflexions, notamment dans le domaine tactique. Ainsi, lors du congrès international des entraîneurs allemands en 1988, une analyse complète de l’Euro 198831 est effectuée. En matière de système de jeu, une prédominance pour un marquage de zone par rapport au marquage individuel est relevée dans les meilleures équipes.
On a pu voir que les équipes qui pratiquaient en défense individuelle avaient souvent des problèmes de relance, de contre-attaque, de construction, alors que les équipes évoluant en zone avaient plus d’aisance et de naturel pour passer de la défense à l’attaque32.
24Cette inclination pour la défense de zone n’est pas tout à fait nouvelle, mais elle prend de l’ampleur et est adoptée par de plus en plus d’équipes. De ce fait, elle questionne les entraîneurs français, qui doivent s’en approprier les principes, à la fois pour éventuellement les adopter, mais également pour pouvoir mieux contrecarrer les desseins d’une équipe adverse qui la pratique. Bien entendu, certaines équipes françaises ont déjà utilisé un tel dispositif, mais il s’agit de le vulgariser et de trouver les moyens de le peaufiner à l’entraînement. Comme les contenus d’ordre psychologique, les habiletés tactiques ont d’abord commencé par produire un champ de réflexions intenses et de questionnements divers, avant que des solutions concrètes n’émergent réellement à la fin des années 1980. Pendant ce temps, le travail des qualités physiques s’est poursuivi, mais bénéficie d’une analyse plus fine par rapport aux périodes précédentes. Le congrès international 1988 des entraîneurs allemands émet les conclusions suivantes lors de l’analyse de l’Euro 1988.
[…] il s’est avéré que la vitesse, surtout la vitesse explosive, était la qualité déterminante pour gagner les duels au sol ou en l’air […], il a été également prouvé que la somme des duels gagnés est décisive pour le résultat final du match33.
25Les recommandations en matière d’entraînement épousent donc ce constat et enjoignent les entraîneurs à multiplier les séances de duel aux entraînements, y compris lors des exercices techniques. En ce qui concerne le travail athlétique, des données très précises émanent des observations : « Importance des démarrages (moins de 5 m de course) et des sprints courts (5 à 10 m de course) par rapport à des sprints longs beaucoup plus rares »34. À nouveau, les entraîneurs de haut niveau se voient recommander d’utiliser ces données récentes dans la conception de leurs séances d’entraînement. Les paramètres à utiliser deviennent donc de plus en plus clairs, concis et chiffrés, ce qui contribue à faciliter la tâche des utilisateurs. Ces exercices ont été complétés par un travail de musculation entamé dans les clubs à partir des années 1990, mais exécuté de manière sans doute empirique. Nous en avons peu de traces car il n’apparaît pas de façon explicite dans les procès-verbaux de la DTN et dans les colonnes de L’Entraîneur français. Il est vraisemblable que des contenus structurés ont été mis en œuvre à partir du milieu des années 1990, dans un premier temps avec la généralisation des postes de préparateurs physiques dans les clubs, auxquels a échu cette tâche, puis avec la mise en place par la FFF en 2007 du diplôme de préparateur physique, dont les modules contiennent un volume important de musculation. En raison de performances modestes, voire de contre-performances relevées à la fin des années 1980, la DTN est contrainte de se tourner vers un modèle qui soit encore plus performant. En effet, l’équipe de France ne parvient à se qualifier ni pour les phases finales du championnat d’Europe des nations de 1988, ni pour celles de la Coupe du Monde de 1990.
2.3. Le modèle technique et tactique (1990-2003)
26Pour pallier ces résultats décevants, de nouveaux contenus de formation prévus dans le cadre de la préformation font apparaître les modalités suivantes : « un gros travail des habiletés techniques ; un gros travail des habiletés tactiques »35. De ce fait, à partir du milieu des années 1990, avec une formation qui démarre de plus en plus tôt et des joueurs professionnels désormais formés dans de plus nombreuses dimensions, l’entraîneur professionnel n’a plus à se préoccuper de la formation initiale des joueurs. Le témoignage de Guy Roux est éloquent.
Les joueurs s’entraînent plus et mieux. Sur le plan technique, la progression est identique. Je me souviens qu’à la Coupe du Monde de 1970, […] on s’ébahissait lorsqu’un arrière gauche faisait une transversale pour l’arrière droit. Aujourd’hui ça n’épate plus personne36.
27Ce qu’affirme Guy Roux ne repose pas seulement sur des impressions visuelles. Il dispose également de données chiffrées. Ses propos confirment que le travail qui a été effectué dans les centres de formation est complet. Il atteste ainsi que l’entraîneur des années 1990 dirige désormais un effectif de joueurs professionnels qui, même s’ils sont encore perfectibles, sont formés à de nombreuses dimensions du football. Certes après chaque compétition d’envergure, comme le championnat d’Europe des nations, la FFF, relayée à partir de 1970 par la DTN, se livre à des observations et des analyses du jeu produit par les meilleures équipes, puis soumet ses conclusions dans les colonnes de L’Entraîneur français. Mais ce n’est qu’à la fin des années 1980 que sont publiés des articles qui mettent réellement en relief des aspects tactiques, comme celui de Gaby Robert « Une étude sur le jeu défensif »37. Dans un article intitulé « Vous avez dit pressing »38, Ottmar Hitzfeld, entraîneur du F.C. Aarau, décortique cette dimension tactique du jeu, qui avait été mise à l’honneur par l’Ajax d’Amsterdam et l’équipe nationale de Hollande dans les années 1970. L’Entraîneur français élève le débat, en offrant à Daniel Jeandupeux, entraîneur de l’équipe nationale Suisse, une possibilité de réponse à l’article de Hitzfeld dans un papier intitulé « Contrer le pressing »39. Dans les deux cas, celui de l’acte tactique mis en jeu comme celui de la réponse à adopter, les arguments sont clairs, précis, illustrés de tableaux et directement abordables par les entraîneurs. Cette manière de procéder, à savoir un problème posé suivi de solutions fournies et de conseils, se retrouve dans « Orientations de l’entraînement technique et tactique, à partir des enseignements du haut niveau », du DTN Gérard Houiller40. Certes, les observations s’appuient à nouveau sur l’analyse d’une Coupe du Monde, celle de 1990. Mais cette fois-ci sont déterminés les incidences sur l’entraînement, des solutions pour la recherche d’efficacité dans l’entraînement technique et tactique, ainsi que des conseils argumentés à l’usage de l’entraîneur :
Vers un entraînement efficace : Maintenant, il faut conserver une certaine fraîcheur pour aborder le travail technico-tactique. Aussi, il ne faut pas hésiter à placer le jeu avant le physique41.
28Ainsi les conseils ne consistent plus en de vagues orientations, mais en de réelles consignes, non pas émises par rapport à des expériences ou des traditions, mais en vertu de l’analyse de données concrètes. Alors que durant des décennies, le jeu venait couronner une séance d’entraînement ou constituait une détente voire une récréation en fin de séance, désormais son statut a définitivement évolué. Les articles de fond qui concernent technique ou tactique, sans pour autant croître de façon exponentielle, deviennent plus nombreux. « Organisation de jeu. Tactique… Plan de jeu… » de Georges Boulogne42, « Remarques sur la tactique » de Gaby Robert43 ou encore « Jeu Individuel - Jeu Collectif » de Georges Boulogne44 en témoignent. « L’apprentissage tactique », qui est extrait de l’intervention orale d’Alain Perrin45 au XXIIIe symposium de l’UEFT organisé à Paris en novembre 2002, illustre le point de vue d’un entraîneur reconnu par ses pairs, sur des aspects tels que l’action individuelle du joueur, le choix du jeu, les phases du jeu, ou le type d’entraînement à mettre en place pour favoriser le perfectionnement tactique46. Lorsque le système de jeu du 3-5-2 du Brésil, champion du monde en 2002, est décrypté, l’analyse s’accompagne d’exercices tactiques et de formes jouées, schématisées en couleur, pour qui veut faire pratiquer à son équipe le même système de jeu :
un exercice de stop ballon à 3 contre 3, un exercice à 1 gardien de but et 3 défenseurs à plat contre 2 attaquants et un milieu, un jeu à vide à 11 contre 0, un exercice de 8 attaquants contre 1 gardien et 8 défenseurs […]
29soit en tout cinq situations de jeu dirigé proposées par Luc Rabat47 illustrées par neuf schémas en couleur. Depuis les années 1990, le travail tactique recherché aux entraînements ne relève plus d’orientations vagues ou floues. Il procède d’intentions précises et est souvent illustré par des situations de mises en œuvre claires, compréhensibles et détaillées. Bien entendu, ces nouveaux outils sont insuffisants pour garantir une exécution de qualité de la part des joueurs, car les explications, correctifs et remédiations relèvent toujours de l’intervention et de l’expertise de l’entraîneur sur le terrain. Mais depuis 1991 et la création du DEPF, la formation à l’intervention est de mieux en mieux assurée dans les stages nationaux. Désormais, les rapports qui suivent les grandes compétitions internationales, qu’ils soient rédigés par la DTN, l’UEFA ou la FIFA, sont épluchés par les techniciens français de haut niveau. Les tendances nouvelles inspirent de nombreux entraîneurs d’équipes de Ligue 1, de la même façon qu’elles influencent les sélectionneurs nationaux dans un processus d’uniformisation. Ainsi, lors du championnat d’Europe des nations 2008, baptisé Euro 2008 et disputé conjointement en Suisse et en Autriche, Andy Roxburgh48, directeur technique de l’UEFA, rapporte que « le marquage de zone a été l’option préférée de 14 équipes, qui ont utilisé chacune une défense à 4 »49. Il est certain que ces données intéressent au plus haut point les entraîneurs français, qui cherchent à s’en inspirer dans la mesure où les équipes nationales sont censées représenter la quintessence de ce qui se fait en matière de football, étant donné qu’elles sélectionnent les meilleurs joueurs. Ainsi les vœux de la DTN en matière de perfectionnement tactique ont été respectés. Mais ils concernaient également la poursuite d’un gros travail des habiletés techniques. Or il apparaît que de plus en plus, le travail technique s’inscrit dans un processus déjà engagé timidement dans les années 1970, mais poursuivi et développé lors des décennies ultérieures : l’imbrication avec le travail tactique et/ou le travail physique. Le DTN Gérard Houllier confirme que la séance d’entraînement, lorsqu’elle est bien conçue, contribue à mêler ces différents éléments, de sorte que la tactique et la technique sont indissociables, de même que la technique et le travail athlétique.
Travailler les éléments-clés dans les entraînements (contrôles, frappes, passes, centres, techniques défensives…) avec des temps faibles (répétitions), des temps forts (comme en match) avec le stress, la recherche de l’efficacité et la présence de l’adversaire. Travailler dans les zones de prédilection. La technique s’améliore aussi par le jeu50.
30Plus que jamais, la technique doit s’exercer dans des conditions qui se rapprochent le plus possible des conditions de compétition. Si les gestes et habiletés peuvent être peaufinés et répétés à vide, ils doivent également être exécutés sous pression temporelle, spatiale et humaine. De surcroît, en recommandant de travailler dans les zones de prédilection, Gérard Houllier induit une spécialisation des exercices, dictée par la spécificité des postes des joueurs. En effet, même si les joueurs savent désormais tout faire avec et sans ballon, ils évoluent néanmoins en fonction de leur poste et de leur rôle dans des zones préférentielles. Les éléments-clés que sont les gestes techniques (contrôles, frappes, passes, centres, techniques défensives…) représentent bien le versant technique de l’entraînement. Mêler aux variables d’exécution de ces gestes des temps faibles et des temps forts, des zones privilégiées, donc jouer sur l’incertitude temporelle et spatiale, c’est faire appel au versant tactique : quel geste choisir et réussir dans telle ou telle situation ? C’est également faire appel au versant physique et athlétique : à quel moment faut-il accélérer, ralentir, relâcher ou tonifier telle ou telle surface de contact avec la balle, raccourcir ou augmenter la longueur de ses appuis ? Enfin, faire identifier, choisir, programmer et exécuter ces gestes ou habiletés en situation de stress, c’est réellement faire appel au versant psychologique. Gérard Houllier conseille des moyens simples qui vont en ce sens :
L’entraîneur doit obtenir de ses joueurs : qu’ils deviennent des compétiteurs. Comment ? Exemples : vous avez dix minutes pour égaliser ; l’équipe qui marque reste ; ne pas perdre en infériorité numérique (3 contre 4)51.
31L’entraînement est réellement devenu un entraînement intégré à partir des années 1990. Au sein de la formation du DEF et du DEPF, les contenus spécifiques enseignés au candidat vont exclusivement dans ce sens. Aucune des composantes physique, technique, tactique et psychologique ne peut se concevoir sans lien avec toutes ou au moins une partie des autres. Au cours des deux dernières décennies un effort important a été consacré à l’amélioration des qualités techniques et tactiques du joueur de haut niveau, dès sa formation. Bien entendu, ces qualités sont soutenues au plus haut niveau par des capacités physiques et athlétiques ainsi que par des qualités psychologiques élevées. De ce fait, les entraîneurs des centres de formation initient les joueurs à l’entraînement tactique et technique et les entraîneurs professionnels n’ont pas devant eux des joueurs naïfs, et neufs, mais de jeunes joueurs qui maîtrisent déjà les aspects techniques et tactiques du footballeur. Le rôle de l’entraîneur professionnel est donc de faire peaufiner et d’harmoniser les qualités techniques du joueur avec l’organisation collective de jeu. Alain Perrin, manager de l’Olympique de Marseille, considère que la valeur d’un joueur est déterminée avant tout par ses aptitudes tactiques :
Pour distinguer un bon joueur, […] c’est surtout ses capacités d’analyse et la possibilité de faire les bons choix en fonction du contexte. Il doit adapter son comportement en fonction de l’histoire du match. C’est ce que j’appelle jouer juste52.
32Le regard sur la valeur accordée à un joueur s’est donc déplacé. Durant des décennies, les joueurs ont été jugés à l’aune de leurs qualités techniques, comme le prouvent les exemples de Raymond Kopa53 et de Michel Platini54 respectivement dans les années 1950 puis 1970, voire de certaines qualités physiques ou athlétiques lorsqu’ils occupaient des postes reculés, à l’image de Roger Marche55 surnommé « le sanglier des Ardennes » dans les années 1950 ou de Marius Trésor56 dont la carrière chevauche la décennie des années 1970 et celle des années 1980. Désormais c’est leur bagage tactique qui remporte les suffrages. Bien entendu, les grands techniciens sont toujours célébrés. Mais l’intelligence tactique louée chez certains joueurs permet à certains d’entre eux aux qualités techniques et athlétiques inférieures à celles de joueurs de tout premier plan de s’imposer comme des pièces maîtresses de leur équipe ou de leur sélection nationale, à l’image de Didier Deschamps, Emmanuel Petit ou Claude Makelele57. Bien entendu, il convient de préciser que leur technique individuelle est tout à fait en rapport avec leur standing d’international, simplement est-elle parfois inférieure à celle de certains de leurs partenaires. Ce qui caractérise ces joueurs, ce qui qualifie donc leur intelligence tactique, c’est leur capacité à s’adapter à toutes les situations et parfois, notamment dans le cas de Didier Deschamps, à servir de relais à l’entraîneur sur le terrain en anticipant même ses choix. Il appartient donc aux entraîneurs de haut niveau d’entretenir et peaufiner le bagage tactique qui a été inculqué aux joueurs lors de leur formation.
33En raison d’une familiarisation de plus en plus précoce avec les techniques d’entraînement, contrairement à ce qui pouvait se passer durant les décennies antérieures aux années 1970, la sélection nationale seniors A ne constitue plus l’unique baromètre du football français (ou quasi unique, puisque les résultats de quelques clubs engagés dans les compétitions européennes pouvaient attirer l’attention). De ce fait, une série de contre-performances de la part de l’équipe de France A, même répercutée sur plusieurs années, ne suffit plus à remettre en cause les progrès du football hexagonal. La situation a nettement évolué depuis les années 1960, époque qui voyait la corporation des entraîneurs professionnels désignés par la presse comme boucs émissaires. Les modifications structurelles dues à la Charte de 1973, dont ils ont su à la fois tirer parti et aussi améliorer constamment les modalités de fonctionnement, ont permis aux entraîneurs professionnels français, sans être forcément encensés, de ne plus subir les crises de la sélection nationale. Bien plus, les progrès du football français paraissent désormais tangibles pour l’opinion publique, qui ne songe pas à accuser les techniciens des carences véhiculées par les joueurs, puisque celles-ci sont de moins en moins perceptibles. Par ailleurs, ces progrès ont permis une stabilisation de la France aux premiers rangs du football mondial du milieu des années 1990 au milieu des années 2000, ponctuées notamment par les victoires en Coupe du Monde en 1998 et en championnat d’Europe des nations, dit Euro, en 2000, ainsi à un degré moindre une finale de Coupe du Monde en 2006.
3. Quelles orientations de 2003 à 2010 ?
34Nous manquons de données précises quant aux orientations privilégiées par la DTN depuis 2003. Tout porte à croire que, confortée par les bons résultats de l’équipe de France jusqu’au milieu des années 2000, elle n’a pas proposé d’orientation réellement novatrice, d’autant que la politique de formation française était louée et recopiée par d’autres pays européens. Cependant, Gérard Houllier promu à nouveau DTN en 2007, envisage quelques pistes de réflexion :
L’équipe doit posséder cette capacité à se propulser vite vers l’avant dès la récupération du ballon. Il s’agit peut-être du moment le plus crucial du match. Du coup, l’entraînement moderne vise à ce que la première passe soit une passe verticale vers l’avant. Aller vite, sur une passe « propre », pour empêcher le bloc adverse de se mettre en place : voilà le challenge !58
35Ces pistes induisent évidemment une réflexion plus globale sur la formation et sur le travail dévolu aux entraîneurs.
On en revient à la problématique de la formation : la recherche permanente de l’efficacité offensive. Mettre l’accent sur la qualité des passes et des centres, car plus les espaces se réduisent et plus le niveau technique doit s’élever. Là, je pense que nous arrivons à un carrefour : l’entraîneur français doit encore être meilleur au plan international et au plan domestique. […] Pour moi l’avenir appartient à ceux qui seront créatifs59.
4. Que deviennent la passe et le jeu de l’arrière ?
36Nous avons étudié lors des deux périodes précédentes l’évolution de la technique du contrôle orienté (auparavant blocage) et de la passe. Font-ils toujours partie de l’arsenal du footballeur ? Nous venons de vérifier que ces gestes techniques sont exécutés dans le cadre d’un entraînement intégré avec toujours plus de vitesse et de contraintes. Mais ils se définissent également en fonction des analyses du haut niveau.
37La passe sollicite également l’attention des observateurs et engendre également des analyses statistiques : « le nombre de passes sur actions de but » ou encore « la dernière passe », « la zone de dernière passe »60. Mais les différentes manières d’exécuter une passe ont été explorées lors des décennies précédentes. Les surfaces de contact avec le ballon ne varient pas. Mais « la vitesse de balle nécessaire à la réussite d’une passe d’élimination a considérablement augmenté » (Y. Kervella, 2006). Les motricités de passes rapides permettent d’accélérer la transmission du ballon et répondent ainsi aux contraintes infligées par les évolutions du jeu. Yann Kervella identifie en tant que facteur de progrès l’option du déséquilibre collectif, qui consiste à faire circuler le ballon dans une direction différente du déplacement de l’adversaire. Les joueurs ont développé pour ce faire « des frappes à angle », des motricités très brèves et explosives, où « le temps de frappe raccourci permet d’anticiper la reprise d’appui au sol et donc de conserver l’intégrité de la course et sa vitesse ». Tout porte à croire que ce sont les joueurs eux-mêmes qui ont trouvé ces procédés en réponse à des contraintes temporelles, et en tant que solutions à des problèmes posés par la densification des défenses. En masquant aux adversaires leurs intentions quant à la direction et l’intensité de la frappe, les joueurs sont obligés de recourir à des motricités sans amplitude et utilisent des dissociations segmentaires de la cheville jusque-là inusitées. On est passé d’une gestuelle de la « frappe accompagnée » à la « frappe intégrée » et à la « frappe fixée », modèles d’expressions plus modernes et plus idoines pour prétendre réaliser des passes à l’inverse du déplacement de l’adversaire. Les vitesses de passe ne cessent de croître, car les joueurs ont trouvé des modalités pour les exécuter à pleine vitesse, en réduisant le temps de préparation nécessaire à leur exécution sans dénaturer leur vitesse de course préalable. Dans les compétitions récentes, telles que le championnat d’Europe des nations 2008, l’équipe d’Espagne a réhabilité la passe, en vertu de sa « passion pour la possession »61. En effet, en termes de quantité et de qualité, l’Espagne arrive en tête avec plus de 450 passes en moyenne exécutées par match. La sélection ibérique enregistre également le plus fort taux de passes réussies de toutes les équipes présentes dans le tournoi62. Nul doute que la réussite de la sélection espagnole a impulsé des réflexions nouvelles quant à l’opportunité de conserver davantage le ballon au sein des équipes. En corollaire, car toute réflexion actuelle ne peut être que systémique, les analyses se prolongent sur le type de joueur à former et le type de système de jeu à privilégier dans l’optique de cette forme de jeu. À ce sujet, les exercices de conservation, qu’ils aient lieu à égalité numérique ou non, fréquemment utilisés dans les entraînements, font souvent partie intégrante de l’échauffement d’avant-match. Les jeux préconisés à l’entraînement sollicitent dorénavant la décision à prendre : où, comment, et quand déclencher la passe efficace, celle qui permet de résoudre le problème posé par la situation et de faire basculer le rapport de force en sa faveur.
38Comme pour les évolutions techniques et tactiques, le jeu au poste est un paramètre qui n’échappe pas à l’analyse des techniciens lors de tout grand rendez-vous international. Dès le congrès international des entraîneurs allemands en 1988, qui procède à l’analyse a posteriori de l’Euro 1988, il apparaît que l’évolution entamée au début des années 1970 s’est poursuivie. Les défenseurs doivent posséder un bagage de plus en plus complet qui les autorise à participer activement à toutes les phases de jeu de leur équipe. « Les défenseurs participaient pratiquement tous à l’attaque, à tour de rôle, avec le désir d’aller également jusqu’à la conclusion des actions offensives »63. De surcroît, des capacités techniques et mentales encore plus développées et donc des aptitudes de même nature que celles de leurs coéquipiers plus offensifs, sont exigées des défenseurs, car on ne parle désormais plus d’arrières.
Les défenseurs étaient techniquement très forts, capables de se sortir, balle au pied, des situations les plus délicates sans s’affoler. Ces défenseurs étaient également forts psychiquement, capables de résister à un pressing énorme et long, en gardant la même ligne de jeu. Les défenseurs participaient pratiquement tous à l’attaque, à tour de rôle, avec le désir d’aller également jusqu’à la conclusion des actions offensives64.
39Si un consensus s’est opéré c’est bien sur le rôle indispensable du défenseur. Alors que lors des périodes précédentes les attaquants étaient considérés comme les joueurs les plus importants de l’équipe, désormais, comme l’indique Andy Roxburgh, directeur technique de l’UEFA, les défenseurs sont considérés à l’égal des plus grands joueurs sans considération du poste occupé :
Certains des plus remarquables joueurs de la saison dernière ont été les gardiens de but et les défenseurs ; […] Les défenseurs de premier plan et leurs coéquipiers ont prouvé qu’un bon jeu défensif était la condition préalable pour qu’une équipe s’impose dans les grandes compétitions internationales65.
40Une tendance des années 2000 réside dans le choix délibéré de toutes les équipes de haut niveau en faveur de la défense en zone au détriment de la défense individuelle. Les équipes françaises ne procèdent pas autrement, y compris l’AJ Auxerre qui était célèbre pour pratiquer systématiquement une défense individuelle sous la houlette de Guy Roux jusqu’à l’année 200066. Ces organisations défensives en zone requièrent davantage d’intelligence de la part des joueurs et nécessitent de développer chez eux des qualités d’anticipation.
Elles impliquent un travail conséquent d’automatisation à l’entraînement. Il est probable que l’évolution du temps alloué au travail défensif dans le contexte d’entraînement ainsi que le recours de plus en plus régulier à des procédés d’entraînement modelé et de résolution de situations-problèmes ont largement permis de développer l’intelligence tactique des footballeurs (Y. Kervella, 2006).
41L’évolution des techniques de passe, de contrôle et de jeu du défenseur s’inscrit dans une approche culturaliste qui aborde l’angle de la production technique en lien avec « l’intelligence motrice placée au service de la victoire » (L. Robène, 2006).
5. Dimensions de l’organisation de l’entraînement
42Rappelons simplement que l’entraînement s’est individualisé, grâce notamment à la promotion de spécialistes tels que les entraîneurs adjoints, les entraîneurs des gardiens, les préparateurs physiques ou les kinésithérapeutes dans les staffs des clubs67. Une des tendances depuis les années 1990 consiste donc à diviser et spécialiser le travail des joueurs. L’entraîneur et son staff suivent des groupes plus restreints, qui bénéficient donc de ce fait d’une attention plus soutenue, à l’instar de ce que préconise le DTN Gérard Houllier : « L’organisation de sous-groupes de travail : tout le monde ne travaille pas de la même façon et dans la même zone (ex : tir au but) »68. D’autre part, l’entraînement moderne se déroule sur le mode de la compétition projetée, c’est-à-dire en alternant des rythmes différents comme le suggère Houllier : « Rôle du dosage et de l’alternance dans le travail ; veiller aux temps de récupération entre les temps de travail. Alterner temps forts et faibles (comme en match) »69. L’entraînement exige donc des joueurs modernes à la fois la création d’automatismes moteurs, une adaptation perpétuelle aux variations et fluctuations du milieu environnemental et humain, une analyse constante des facteurs d’exécution. Même lorsqu’on propose au joueur un travail physique, il est de plus en plus fréquent de voir apparaître des parcours de coordination qui associent vitesse de réaction ou explosivité à une précision de pose d’appui et des décisions urgentes à prendre. Les entraîneurs et éducateurs actuels ne manquent pas de données, d’autant que L’Entraîneur français publie régulièrement des carnets d’entraînement, qui détaillent les séances du programme hebdomadaire d’un club professionnel, tel que celui d’Alain Perrin à l’Olympique de Marseille70 ou de Joël Muller au RC Lens71. Mais davantage encore que lors des périodes précédentes, séances et exercices d’entraînement semblent faire partie d’une programmation à long terme dont il faut justifier la temporalité et la cohérence. Gérard Houllier illustre le passage d’un entraînement au cours duquel l’entraîneur pouvait se contenter de mettre ses footballeurs en activité à un entraînement hiérarchisé qui procède d’une réelle didactique. « Avant, vous entraîniez pour entraîner. Maintenant, il faut être capable d’expliquer ce que l’on veut faire et trouver des exercices qui se rapprochent des conditions du match »72. Quoi qu’on puisse en penser, l’évolution de l’entraînement, de ses méthodes, de ses contenus, n’enregistre toujours pas de stagnation. Au contraire, les questionnements autant que les remises en cause demeurent permanents et ressurgissent lors de chaque grande compétition internationale. Par rapport aux périodes précédentes, l’approche de l’entraînement de haut niveau en football se caractérise par un recours grandissant aux apports scientifiques, soutenu depuis les années 1990 par une analyse quantitative et qualitative des productions des joueurs, que ce soit en match ou à l’entraînement. La part d’empirisme propre aux entraîneurs subsiste toujours car les facteurs qui conditionnent l’entraînement ne relèvent pas forcément de données chiffrables, tangibles et quantifiables. Cependant, cette part est relativisée par des connaissances scientifiques en perpétuelle évolution et surtout vulgarisées de manière à être utilisables par les entraîneurs. Malgré tout, certains secteurs plus que d’autres semblent rencontrer des réticences au changement. Ainsi, selon Cécile Traverse (2009), le mental est
la seule arme légale tolérée par les journalistes lorsqu’il est convoqué pour justifier ce qui ne peut être expliqué par les entraîneurs et les joueurs en conférence de presse. Le mot mental seul est toléré. Accolé à un autre mot (préparation mentale) il fait peur.
43Ces propos illustrent le fait que peu de clubs professionnels ont franchi le pas du recours à un préparateur mental dans leur staff. Lorsque cela a été le cas, l’expérience est restée ponctuelle et isolée. Ainsi, plus que d’autres secteurs, le versant psychologique de l’entraînement semble susceptible de proposer des évolutions vraiment novatrices, car ses approches ont été empreintes de conservatisme, de tradition. Cela n’exclut pas le fait que les autres versants, qui durant cette période ont été moins imperméables aux apports scientifiques, continuent à évoluer, diversifier et affiner contenus, procédés, méthodes et philosophies.
Notes de bas de page
1 France Football officiel n° 1436, 21 novembre 1973.
2 France Football n° 1434, 25 septembre 1973.
3 France Football n° 1537, 24 juillet 1979.
4 L’Entraîneur français n° 189, juillet 1983. En gras dans le texte original.
5 F. de Taddeo. Communication orale au congrès de Lisbonne. French soccer evolution in youth development, 3 juin 2003.
6 André Menaut est également professeur d’EPS. Il entraîne les Girondins de Bordeaux de février 1974 à décembre 1976, et dirigera par la suite des clubs de Division 2. André Menaut est titulaire d’une licence de psychologie en 1974, ce qui lui confère un profil atypique dans le monde du football. Il est devenu un universitaire reconnu, professeur à l’Université de bordeaux.
7 Procès-verbal de la réunion des entraîneurs de première et deuxième divisions du lundi 12 avril 1976.
8 Ibid. Intervention de Georges Boulogne.
9 Guy Drut a également remporté la médaille d’argent du 110 mètres haies aux Jeux olympiques de Munich en 1972.
10 Football magazine n° 210, mars 1977.
11 L’Entraîneur français n° 148, décembre 1975.
12 France Football n° 1735, 10 juillet 1979.
13 Ibid.
14 F. de Taddeo, 2003, opus cit.
15 La France perd aux tirs au but la rencontre contre l’Allemagne, alors qu’elle menait sur le score de 3-1 au cours des prolongations.
16 F. de Taddeo, 2003, opus cit.
17 Bruce Ogilvie a publié avec Thomas Tutko un ouvrage intitulé Problem athletes and how to handle them en 1966. Cet ouvrage a été publié chez Vigot en 1981 sous le titre : Les athlètes à problèmes. Bruce Ogilvie (1920-2003) est considéré en Amérique du Nord comme l’un des pères de la psychologie du sport.
18 Procès-verbal des stages d’entraîneurs-formateurs des centres de formation des clubs de Première Division, avril 1975 et octobre 1975.
19 France Football n° 1528, 22 juillet 1975.
20 Jacques Crevoisier a été un très bon joueur amateur dans les années 1970, évoluant même en Division 2 à l’AS Besançon. Il a intégré la DTN en 1996 en tant que sélectionneur de l’équipe de France des 18 ans. Il quitte la DTN en 2000, devient adjoint de Gérard Houllier à Liverpool de 2000 à 2004. Il officie comme consultant au FC Sochaux depuis 2005.
21 Jacques Crevoisier publie par la suite son livre intitulé Football et psychologie. La dynamique de l’équipe. Paris, Chiron, 185. 230 p.
22 Francis de Taddeo. Entretien du 18 juillet 2003.
23 Respectivement dans les numéros 190 (août 1983), 192 (octobre-novembre 1983), 197 (mai 1984), 225 (mars 1987), 254, (mars 1990), 241 (novembre 1988) et 242 (décembre 1988).
24 G. Boulogne. Procès-verbal de l’assemblée générale de l’UNECATEF, 7 décembre 1987.
25 Stefan Kovacs est un entraîneur roumain qui a obtenu deux Coupes d’Europe des clubs champions à la tête de l’Ajax Amsterdam en 1972 et 1973. Il succède à Georges Boulogne en tant que sélectionneur de l’équipe de France en 1973 et accomplit un mandat de deux ans, sans résultat notable.
26 S. Kovacs. Procès-verbal de la réunion des entraîneurs de Division I (et Division II), lundi 22 septembre 1975, au GFP.
27 Procès-verbal des stages d’entraîneurs-formateurs des centres de formation des clubs de première et deuxième divisions, avril et septembre 1975.
28 L’Entraîneur français n° 189, juillet 1983.
29 L’Entraîneur français n° 249, septembre 1989.
30 Ibid.
31 Il s’agit du championnat d’Europe des nations disputé en RFA et remporté par les Pays-Bas devant l’URSS.
32 L’Entraîneur français n° 238, août 1988.
33 L’Entraîneur français n° 238, août 1988.
34 Ibid.
35 F. de Taddeo, 2003, opus cit.
36 France Football n° 2944, 10 septembre 2002.
37 L’Entraîneur français n° 235, avril 1988.
38 Ibid.
39 L’Entraîneur français n° 236, mai 1988.
40 L’Entraîneur français n° 270, octobre 1991.
41 G. Houllier. « Orientations de l’entraînement technique et tactique, à partir des enseignements du haut niveau ». L’Entraîneur français n° 270, octobre 1991.
42 L’Entraîneur français n° 271, novembre 1991
43 L’Entraîneur français n° 312, mai 1996.
44 L’Entraîneur français n° 315, septembre 1996.
45 Alain Perrin est entraîneur de l’Olympique de Marseille en 2002.
46 L’Entraîneur français n° 349, janvier 2003.
47 Luc Rabat, ancien joueur de football professionnel dans les années 1970, entre à la DTN en tant qu’entraîneur adjoint de l’équipe de France des moins de 16 ans en 1988. Après avoir pris en charge l’entraînement des équipes de France dans plusieurs catégories d’âge, il a terminé sa carrière en tant que sélectionneur de l’équipe de France des moins de 20 ans en 2009.
48 Andy Roxburgh, ancien joueur professionnel écossais a entraîné les sélections nationales écossaises de jeunes entre 1975 et 1986, puis a été sélectionneur de l’équipe d’Écosse de 1986 à 1993.
49 A. Roxburgh, directeur technique de l’UEFA. Rapport technique de l’UEFA, novembre 2008. Ce rapport est consultable sur le site http://uefa.com.
50 G. Houllier. « Orientations de l’entraînement technique et tactique, à partir des enseignements du haut niveau ». L’Entraîneur français n° 270, octobre 1991.
51 Ibid.
52 L’Entraîneur français n° 349, janvier 2003.
53 Raymond Kopa, 45 sélections en équipe de France de 1952 à 1962.
54 Michel Platini, 72 sélections en équipe de France de 1976 à 1987.
55 Roger Marche, 63 sélections en équipe de France de 1947 à 1959.
56 Marius Trésor, 65 sélections en équipe de France de 1971 à 1983.
57 Didier Deschamps, 103 sélections en équipe nationale de 1989 à 2000. Emmanuel Petit, 63 sélections de 1990 à 2003. Claude Makelele, 71 sélections de 1995 à 2008.
58 France Football n° 3207, 25 septembre 2007.
59 Ibid.
60 L’Entraîneur français n° 348, octobre 2002.
61 A. Roxburgh, directeur technique de l’UEFA. Rapport technique de l’UEFA, novembre 2008. Ce rapport est consultable sur le site http://uefa.com.
62 Ibid.
63 L’Entraîneur français n° 238, août 1988.
64 Ibid.
65 Rapport technique de l’UEFA, octobre 2006. Ce rapport est consultable sur le site http://uefa.com.
66 En 2000, Guy Roux est remplacé par Daniel Rolland à la tête de l’AJ Auxerre. Lorsqu’il reviendra sur le banc de touche auxerrois dès la saison 2001-2002, il conservera le système de jeu mis en place par son prédécesseur.
67 Consulter en troisième partie le chapitre 1.1. Rôle et fonction.
68 L’Entraîneur français n° 270, octobre 1991.
69 Ibid.
70 L’Entraîneur français n° 349, janvier 2003.
71 L’Entraîneur français n° 348, octobre 2002.
72 Ibid.
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