La duchesse de Portsmouth en ses portraits
p. 9-17
Texte intégral
1En cette rentrée universitaire, je remercie l’ensemble des participants d’avoir momentanément renoncé à leurs cours et à leurs recherches pour participer à ce colloque international, sous l’égide du CREHS et du Conseil général du Nord - Pas-de-Calais.
2Merci à celles qui ont traversé l’Atlantique et dont la présence marque le rayonnement que conserve encore la culture française. C’est un réel bonheur de savoir que des universités américaines et canadiennes s’intéressent à notre histoire et à notre littérature. Merci à ceux qui ont abandonné le soleil méridional et n’ont pas hésité à affronter les brumes du Nord dont ils verront à travers leur expérience de ces deux journées qu’elles se dissipent rapidement. Merci aux littéraires, aux historiens de l’art, à notre collègue des sciences de la communication qui ont porté leur regard pertinent et différent du nôtre sur un thème que les historiens n’ont guère investi encore. Et puis un grand merci collectif aux jeunes chercheurs, débutants ou confirmés, qui se sont généreusement adaptés à notre thématique et ont extrait de leur thèse, déjà soutenue ou future, une substantifique moelle. Grâce à tous ces concours, notre réflexion nous conduira de la pastorale religieuse au secret des familles italiennes en passant par la passion interdite, les désillusions du mariage, les scandales conjugaux et les affaires de mœurs.
3La médiatisation peut se définir comme la publicité donnée à un événement ou à un personnage à travers un support de diffusion. L’étude des liens entre les changements comportementaux et les modifications des techniques d’information a donné naissance à une nouvelle science, la « médiologie », apparue il y a une dizaine d’années alors que se développaient les pouvoirs des médias et des images. Leur développement a contribué à accroître les intrusions dans la vie privée et, très souvent, donné de la publicité aux scandales et aux transgressions. Ce sont justement les scandales et les affaires de mœurs qui sont à l’origine de notre rencontre. L’idée de ce colloque m’est venue à la suite d’un travail que j’ai conduit entre 2004 et 2007 sur l’adultère1. L’adultère, cette transgression des règles du mariage, est au fond assez banal. Il relève pourtant du secret, car aussi bien les amants, qui redoutent les conséquences de leur acte, que la victime, qui se sent humiliée, souhaitent en général le dissimuler le plus longtemps et le plus largement possible. Et pourtant, tout au long de l’Ancien Régime, des affaires d’adultère ont éclaté à l’initiative des cocus, en raison de l’intérêt qu’ils ont pensé tirer de la médiatisation de leur infortune. L’espoir d’obtenir des avantages, en général financiers, l’a emporté sur la honte ou le ridicule. Peu importe que l’on se moque d’eux pourvu que cela leur soit profitable. C’est dire que l’intimité n’est pas cet espace clos, imperméable et impénétrable, que l’opposition sémantique privé/public pourrait laisser croire. La confrontation entre la part du secret réservé à l’intimité, régie par des codes collectifs, et la volonté de faire savoir, issue des trajectoires individuelles, est féconde. Heureusement, car sans cette dialectique productrice d’archives, les historiens auraient beaucoup plus de difficultés à investir les champs de la vie privée, des mentalités et des représentations. Elle est, en effet, à l’origine de sources nombreuses et variées : des sources judiciaires, journalistiques, en passant par les autobiographies et la correspondance, jusqu’à l’iconographie et à l’image, devenues aujourd’hui les principaux vecteurs de la médiatisation.
4Aussi ai-je choisi comme affiche de ce colloque un tableau du XVIIe siècle dont la lecture attentive révèle comment il est possible de donner une large publicité à des faits d’ordre intime. Il s’agit d’un portrait, montrant une mère et son fils, dans le style mythologique qu’aime le Grand Siècle. Le peintre est Henri Gascard. Né à Paris en 1635, il se forme dans l’atelier d’un graveur, François de Poilly, mais des dispositions naturelles l’orientent vers la peinture qu’il étudie à Rome en 1659. Il est à Amsterdam en 1667, puis il travaille en Angleterre de 1674 à 1678 date à laquelle il revient en France2. En 1680, il entre à l’Académie des Beaux-Arts dirigée par Charles Le Brun3. Il voyage en Italie (Modène en 1681, Venise en 1686), en Pologne en 1691 et meurt à Rome en 1701.
5Outre un grand tableau d’histoire qui célèbre la paix de Nimègue4 et quelques figures religieuses, sont conservés de lui des portraits de Mme de Montespan5, du roi d’Angleterre Charles II, des dames de la cour d’Angleterre, dont la duchesse de Cleveland, maîtresse de Charles II. Sur le tableau reproduit pour notre colloque, Henri Gascard a peint une femme dont le coude repose sur un coussin, assise sur un meuble bas devant un paysage imaginaire et une tenture. Vêtue à l’antique, le sein gauche dénudé, elle tient entre ses mains une colombe. À ses pieds, un enfant qui lui ressemble, un bâton de commandement en main, regarde fixement le spectateur. Il s’agit donc du double portrait d’une mère et de son fils. Deux inscriptions permettent de reconnaître les personnages : la première située dans l’angle droit du tableau : « Mme la duchesse » et l’autre au-dessus du garçon : « M. le prince de Richemont son fils ».
6Quelle est la nature de cette représentation ? Il ne s’agit pas vraiment d’un portrait de Cour, puisque la dame est à moitié dévêtue, mais ce n’est pas non plus un portrait intimiste, dans la mesure où les deux personnages fixent avec aplomb le spectateur. Ce n’est pas non plus un portrait de famille, puisque manque un élément qui signalerait la présence du père6. Le garçon tient un bâton de commandement dans sa main gauche et le revers de sa cape dans sa main droite. Je rapprocherais son attitude de celle des portraits de princes et plus particulièrement du portrait équestre de l’infant Baltasar Carlos de Velasquez, où on le voit à six ans, à cheval, avec un bâton, coiffé d’un chapeau, l’air décidé. Le garçonnet a un air digne et autoritaire, comme sur un portrait royal, mais sa mère ne peut être une reine : elle tient certes une colombe, symbole de la fidélité en amour, mais sa gorge, trop dénudée, est le signe de son potentiel de séduction. Elle n’est à l’évidence pas une épouse légitime et son fils, tout prince qu’il soit d’après l’inscription, ne peut être qu’un bâtard. Qui est donc cette duchesse ? Et que célèbre ce tableau qui dit beaucoup de choses sans vouloir les dire, qui cache tout en montrant et qui montre tout en cachant ?
7L’enfant est Charles Lennox, duc de Richmond (1672-1723)7. Il est le fils illégitime du roi Charles II d'Angleterre qui règne de 1661 à 1685 après avoir restauré la monarchie. N’ayant pas eu de descendance de sa femme, Catherine de Bragance, le souverain a reconnu quatorze enfants illégitimes dont le duc de Richmond, né le 11 juillet 1672, reconnu en 1673 et titré en 1675. Vers 1678, date probable du tableau, il a six ans, l’âge où l’on sort des jupes de sa mère, ce qui lui donne cet air royal et énergique.
8Elle, c’est Louise-Renée de Penancoët de Keroual, duchesse de Portsmouth et d’Aubigny8. Née en septembre 1649, au château de Keroual en Guilers, à côté de Brest, elle appartient à une ancienne famille de noblesse bretonne, qu’elle prétend alliée aux familles régnantes d’Europe9. Son frère Sébastien, né en 1646, est mort enseigne de vaisseau à vingt-deux ans et sa sœur, Henriette Mauricette, née en 1655 et morte en 1725, a profité de la faveur de sa sœur pour épouser en premières noces un duc, le duc de Pembroke10.
9Louise est remarquée en 1666 par le duc François de Beaufort, grand-maître de la navigation et du commerce de France11. En juin 1669, elle accompagne son amant Beaufort dans un vaisseau à Candie, habillée en homme, vaisseau sur lequel sert son frère. Beaufort ne revient pas de l’expédition, mystérieusement disparu12. C’est alors sans doute par l’intermédiaire du beau-frère de Mme de La Fayette, également présent dans l’expédition de Candie, qu’elle devient fille d’honneur de Madame en 166913. Elle l’accompagne en Angleterre enjuin 1670 lors des négociations du traité de Douvres. Chargée de remettre un bijou au roi Charles, celui-ci aurait posé la main sur la sienne en disant : « Voilà le seul bijou que je désire ». Cette phrase ne passe pas inaperçue et, en dépit de la mort de Madame à son retour en France, Louise retraverse rapidement la Manche pressée de courir au-devant d’un destin qu’elle espère éclatant. Elle devient effectivement la maîtresse du souverain qui la nomme fille d’honneur de la reine, Catherine de Portugal. En une année, Louise prend un ascendant tel qu’en 1672 Charles rompt avec sa maîtresse officielle la duchesse de Cleveland. Le 19 août 1673, après la naissance de son fils, il la titre baronne de Petersfield, comtesse de Fareham et duchesse de Portsmouth. En décembre de la même année, le roi obtient de la France qu’elle reçoive la terre d’Aubigny. Dix ans plus tard, pour la remercier de ses loyaux services, Louis XIV élève la terre d’Aubigny en duché-pairie14.
10Louise est, en effet, l’agent secret de Louis XIV en Angleterre et son influence se fait sentir en politique étrangère, malgré une faveur en dents de scie, car d’autres femmes s’interposent entre elle et le souverain, telle Nelly Gwynn, une comédienne, et la duchesse de Mazarin, arrivée à Londres en 1675 mais dont l’étoile ne brille pas au-delà de 167715. Louise loge dans des appartements superbes à Whitehall ; en 1676, elle fait une fausse-couche et, au moment où le tableau est réalisé, elle est en train, à force de patience et de ténacité, de retrouver son ascendant auprès d’un roi doublement volage : il trompe la reine avec des amantes et ses maîtresses avec d’autres... Durant la guerre de Hollande, elle agit auprès de lui pour qu’il soutienne la France contre les Provinces-Unies.
11Le tableau est sans doute commandé, vers 1678, par Louise pour signifier son attachement indéfectible au roi, mais il n’en est tiré aucune gravure. En revanche, le peintre en a effectué au moins une réplique. Il semble bien que le message entre les amants revête ici un caractère semi privé, limité à l’espace curial. L’ancienne maîtresse qu’elle a évincée, la duchesse de Cleveland, a été répudiée, en 1672, pour avoir eu une fille que le roi soupçonna être de Churchill, duc de Marlborough. Ce double portrait veut donc signifier la fidélité constante de la maîtresse, traduite par l’enfant, naturel, mais reconnu et « légitimé » par la fidélité de sa mère. De manière symétrique, l’enfant donne une identité et un statut royal à sa mère qui peut s’enorgueillir d’avoir un enfant magnifique, qui pourrait venir combler le vide successoral du roi. Cette image est destinée à rappeler au roi qu’il a un splendide héritier et que la femme qui le lui a donné compte dans sa vie privée. D’ailleurs l’attrait physique qu’elle exerce sur Charles est suggéré par la poitrine dénudée. Dans le traitement de l’érotisme, Henri Gascard subit l’influence du peintre d’origine hollandaise, sir Peter Lely (1618-1680), son rival à la cour d’Angleterre dont il copie le style pour être apprécié de la bonne société et avoir des commandes. Or, Peter Lely, le grand portraitiste de la période de la Restauration, qui a représenté toute la cour de Charles II, n’a pas hésité à portraiturer plusieurs fois une autre maîtresse du roi, Nelly Gwynn, les seins nus. L’un de ses chefs d’œuvre est une femme entièrement dévêtue, une Vénus, avec un Cupidon, dont la tradition dit qu’il s’agit de Nelly Gwynn, mais que des experts ont récemment réexaminé, identifiant la duchesse de Cleveland. Qu’une comédienne s’affiche dans le plus simple appareil, rien de très choquant, mais qu’une aristocrate, issue d'une vieille famille anglaise, le fasse est plus insolite bien que cette expression artistique montre la pérennité de la tradition du nu antique, issue de la Renaissance. Toutefois, une telle représentation ne saurait qu’être destinée à un usage privé. Le tableau de la belle Vénus a effectivement été acheté par le roi qui l’a accroché dans sa chambre du palais de Whitehall. Nul doute qu’Henri Gascard s’est inspiré de cette production et de ce goût anglais dans sa volonté de représenter la duchesse et son fils en majesté, d’où l’ambiguïté de la peinture, qui est à la fois un portrait d’apparat et un portrait intime, porteur d’un message sentimental, sensuel et politique. Il est destiné à rappeler à Charles II son attachement pour sa maîtresse et son fils, exposant en image la vie privée du souverain, à un moment où l’étoile de la duchesse semble vacillante.
12Effectivement, la présence de la Française à Londres est mal tolérée. Les Anglais la surnomment « baby face », visage poupin, et Charles II « fubby », grassouillette, des qualificatifs élogieux qui ne parviennent cependant pas à faire oublier l’expression de « putain incestueuse » des gazettes16. Les Anglais ne lui pardonnent ni d’être catholique ni d’être une espionne et, c’est pourquoi, vitupérant contre elle, ils usent du qualificatif de « putain », qui est d’autant plus violent qu’elle est de vieille noblesse17. Ce vocabulaire est largement utilisé dans sa rivalité avec Nelly Gwynn. Mme de Sévigné rapporte à ce sujet une anecdote révélatrice, le 11 septembre 1675 :
Pour l'Angleterre, Kéroualle n’a été trompée sur rien. Elle avait envie d’être la maîtresse du roi ; elle l’est. Il couche quasi toutes les nuits avec elle, à la vue de toute la Cour ; elle en a un fils qui vient d’être reconnu, à qui on a donné deux duchés. Elle amasse des trésors et se fait redouter et respecter de qui elle peut, mais elle n’avait pas prévu de trouver en son chemin une jeune comédienne dont le roi est ensorcelé... Elle a un fils du roi et veut qu’il soit reconnu. Voici son raisonnement : Cette duchesse dit-elle fait la personne de qualité. Elle dit que tout est son parent en France ; dès qu’il meurt quelque grand, elle prend le deuil. Eh, bien puisqu’elle est de si grande qualité, pourquoi s’est-elle fait p... ? Elle devrait mourir de honte. Pour moi, c’est mon métier ; je ne me pique pas d’autre chose.
13Le décalage entre ses prétentions familiales et son statut de maîtresse est l’objet des plus vives railleries. En fait, il n’est un secret pour personne que Louise a de grandes ambitions. Ses parents, écrit Saint-Simon, la destinait à « être maîtresse ou épouse de roi ». Louise a le dessin de passer du premier état au second. En décembre 1671, Colbert de Croissy écrit à Louvois que « Mme de Keroualle ne sait pas se conduire, dans sa bonne fortune, s’étant mis en tête qu’elle pouvait devenir reine d’Angleterre, et parlant, à tous moments des indispositions de la reine comme si elles étaient mortelles ». Il faut dire qu’à peine arrivée, en octobre 1671, avait eu lieu une réception au cours de laquelle le roi avait fait semblant de célébrer son mariage avec elle. Cette mascarade et la mauvaise santé de Catherine de Portugal lui donnaient des espoirs... Ils furent vains : elle n’obtint que le tabouret ! Mais, pour se maintenir, il était souhaitable qu’elle exprime la supériorité de son fils sur les autres bâtards royaux18 et qu’elle redise la force de ses charmes, c’est ce qu’elle fait avec le concours de son compatriote, Henri Gascard, exposant par l’intermédiaire de l’image, toute l’étendue de l’intimité de sa liaison avec le souverain. Elle a toujours voulu exposer cette relation adultérine au grand jour, puisqu’il s’agit d’amours royales gratifiantes. C’est donc un tableau historique dans la mesure où il évoque à travers l’enfant l’histoire d’amour entre la duchesse et le roi, c’est aussi un tableau programmatique, qui exprime l’ambition de la duchesse à évincer les autres favorites, voir à devenir reine (elle en a l’aplomb et le port de tête). Sa beauté révèle son pouvoir de séduction qui fait déjà d’elle, malgré les critiques de la rue, la reine de cœur du souverain. Ce message semble avoir été compris par Charles II qui, en 1683, aurait dit à l’ambassadeur de France, Barillon, qu’elle et son fils étaient les deux personnes qu’il aimait le mieux au monde.
14La médiatisation de la vie privée et de l’intimité a donc inscrit dans la durée la liaison adultérine, a pérennisé le statut du bâtard et a légitimé la présence de la duchesse auprès du roi. Ironie de l’histoire, quatre cents ans plus tard, l’une des descendantes de Louise épouse le futur souverain d'Angleterre dont elle divorcera : il s’agit de lady Di, princesse médiatique s’il en fut jamais.
Bibliographie
Bibliographie
Boulaire Alain, Louise de Keroual, Rennes, Le Télégramme, 2011.
Huertas Monique de, Louise de Keroualle, Paris, Perrin, 1988.
Verge-Francesci Michel, Le Masque de fer, Paris, Fayard, 2009.
Walch Agnès, Histoire de l’adultère (XVIe-XIXe siècle), Paris, Perrin, 2009.
Notes de bas de page
1 Agnès Walch, Histoire de l’adultère (XVIe-XIXe siècle), Paris, Perrin, 2009.
2 L'hostilité des Anglais vis-à-vis des catholiques « papistes » lui vaut un moindre succès et il préfère rejoindre la France, d’autant qu’en 1678, un complot fictif dénoncé par Titus Oates provoque une vague d’intolérance religieuse qui débouche sur des massacres de catholiques.
3 Son morceau de réception est un portrait du peintre Pierre Sève (1623-1695), conservé au château de Versailles.
4 Louis XIV lui commande un tableau pour célébrer « la signature du traité de la paix de Nimègue entre la France et l’Espagne », conservé au musée Valkof à Nimègue, sur lequel apparaissent tous les plénipotentiaires des négociations de 1678.
5 Son tableau sans doute le plus célèbre, mais aujourd’hui non localisé, est un portrait d’apparat de la maîtresse de Louis XIV, dans un drapé qui rappelle le costume antique, illustrant la confusion du portrait royal et du portrait mythologique. La marquise de Montespan est à demi allongée sur un divan devant la grande galerie du château de Clagny, les cheveux bouclés défaits encadrant un visage d’une blancheur étincelante. Un autre tableau, conservé au musée Lambinet de Versailles, intitulé « Mme de Montespan en pénitente au château de Clagny », la représente dans une grotte ouverte sur un paysage de Palestine, allongée sur une natte de chanvre, lisant, la tête appuyée sur sa main droite, le sein gauche apparaissant légèrement découvert. Enfin, un tableau ovale conservé à Versailles, anciennement attribué à Pierre Mignard, est désormais attribué à Henri Gascard, en raison de l’aspect charnu et de la rondeur des traits du modèle.
6 Ainsi, lorsque le père est mort, son portrait, trônant au milieu du tableau de famille, évoque généralement sa mémoire.
7 Il est créé duc de Richmond et pair d’Angleterre, baron de Settringdon et comte de March le 9 août 1675, duc de Lennox et pair d’Écosse, comte de Damley et lord of Torbolton le 9 septembre 1675, chevalier de la Jarretière en 1681.
8 Voir Michel Vergé-Franceschi, Le Masque de fer, Paris, Fayard, 2009, p. 213-218, Monique de Huertas, Louise de Keroualle, Paris, Perrin, 1988 et Alain Boulaire, Louise de Keroual, Rennes, Le Télégramme, 2011.
9 Elle compterait parmi ses ancêtres un roi d’Angleterre et serait alliée aux Rohan, aux Lorraine et aux Bourbon. De fait, elle prend le deuil lorsque surviennent des décès royaux. Les Anglais ne se privent pas de se moquer de ces prétentions.
10 Elle se remarie avec le marquis de Thois.
11 Il succède dans cette fonction à son père, duc de Vendôme, en 1666, et l’exerce jusqu’à sa mort en 1669.
12 Michel Vergé-Franceschi pense qu’il a été assassiné, que le valet qui a assisté à cet assassinat est le masque de fer et que les agents royaux qui l’ont connu, comme Louise de Kerouaille, ont été grassement récompensés de leur silence. Louise a reçu sa vie durant d’importantes gratifications de la part de Louis XIV. Cf. Michel Vergé-Franceschi, op. cit., p. 184-185.
13 Cf. Michel Vergé-Franceschi, op. cit., p. 240. Rappelons que Mme de La Fayette est l’amie intime de Madame Henriette d’Angleterre, sœur de Charles II et belle-sœur de Louis XIV.
14 Aubigny sur Nère, dans le Cher, sur les coteaux de Sancerre, est une ville donnée par Charles VII à Jean Stuart, son allié, chef de l’armée écossaise pendant la guerre de Cent Ans (l'Auld Alliance). Jean Stuart y a construit le château d’Aubigny et celui de La Verrerie à Oizon. La ville et les terres sont offertes à Louise de Keroualle, élevée, en 1683, au rang de duché pairie en faveur de la duchesse et de son fils, le duc de Richmond, dans la famille duquel château reste jusqu’au milieu du XIXe siècle. Louise y fait construire un Hôtel-Dieu desservi par des religieuses. Après la mort du roi, en 1685, elle se partage entre Paris, où elle meurt le 14 novembre 1725, et le château de La Verrerie. Entre temps, elle a aussi acheté à Évry le château de Mousseau qu’elle est obligée de vendre pour payer ses créanciers. La paierie s’éteignit avec son fils car les lettres patentes de 1684 ne furent jamais enregistrées par le Parlement.
15 Hortence Mancini, nièce du cardinal Mazarin, fuit un mari jaloux et avare, le marquis de La Meilleray, devenu duc de Mazarin, épousé en 1661.
16 Le roi Charles II, comme le duc de Beaufort, son premier amant, descendent tous deux d’Henri IV, elle commet donc un inceste en ayant été la maîtresse de deux cousins.
17 Rien d’étonnant à ce que, dès la mort du roi, en février 1685, sa pension diminue et que la charge de grand écuyer soit retirée au duc de Richmond. Après l’exil du nouveau roi, Jacques II, lors de la Glorieuse Révolution, sa pension ne lui est plus versée. Heureusement pour elle, les largesses de Louis XIV compensent jusqu’à la fin de sa vie.
18 Charles II a huit fils illégitimes, dont trois sont nés entre 1662 et 1665 de sa liaison avec la duchesse de Cleveland et deux sont nés en 1670 et 1671 de sa liaison avec Nelly Gwynn.
Auteur
Maître de conférences habilitée à diriger des recherches en Histoire Moderne, Université d’Artois, CREHS.
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