Argumenter et expliquer sur un chantier du B.T.P.
p. 23-32
Texte intégral
Introduction
1La parole sur un chantier du B.T.P. est une parole rare. C’est « une parole brève et peu fréquente, au sein d’une activité de routine à dominante matérielle, exécutée en coopération restreinte » (Lacoste, 1995 : 452). Elle survient à des moments précis, lorsqu’il s’agit d’assigner les tâches à chacun, lorsque le script d’action ne s’applique plus à cause des particularités du contexte ou d’imprévus, ou lorsqu’il n’est pas respecté, ce qui est le cas dans l’exemple étudié dans cet article.
2Cette parole est rendue rare, notamment pour des raisons de conditions écologiques, ainsi que le rappelle Boutet : « L’exercice du langage dans les univers de travail est fortement dépendant d’un ensemble de conditions de nature écologique, comme le bruit et le temps » (2005 : 21). Au bruit et au temps mentionnés dans la citation ci-dessus, il faut aussi ajouter la distance entre les locuteurs, paramètre non négligeable sur un chantier. Et le document sur lequel s’appuie cet article1 illustre parfaitement ces mauvaises conditions écologiques d’exercice de la parole qui rendent difficile la captation des échanges langagiers au point que certaines parties des échanges sont couvertes par les bruits.
3Dans ce passage (retranscrit en Annexe), moment d’une « histoire » au sens de Grosjean et Lacoste (1999) qui a commencé avant cet extrait et se poursuivra après, quatre personnes interagissent au sujet de malfaçons lors de la réalisation d’un coffrage pour couler un mur : le chef de chantier, le chef d’équipe, un compagnon et Francis, un maçon.
1. Caractéristiques générales de ces échanges langagiers
4Ces échanges langagiers sont fortement ancrés dans le contexte, d’où un langage indexical marqué par l’abondance d’expressions déictiques, vraisemblablement accompagnées de gestes désignateurs :
Viens dans le coin ! / La cale, la cale qu’on a mise ici, là, le joint / Le joint qu’on a mis là / Le trapèze que t’as mis/ Là, c’en est une que tu as démontée sur un mannequin ?/ Non, non. C’est une toute seule, ça./ Cette baguette-là/ En étant de là-bas.
5C’est un langage indissociable de l’action,
– action faite :
la cale, la cale qu’on a mise ici/ Le joint qu’on a mis là/ Là, c’en est une que t’as démontée sur un mannequin ?/ on croyait bien la remettre.
– mais surtout action à faire, et souvent dans l’urgence :
Ben, dis à Mickey qu’il la recule/ dis à Mickey qu’il la recule tout de suite, attends/ Y a deux centimètres à reculer / Qu’il recule tout de suite de deux centimètres/, « Viens dans le coin.
6Une action déclenchée par un langage jussif se concrétisant :
dans des actes d’ordre empruntant le subjonctif : « Qu’il recule tout de suite » ; l’impératif : « Viens dans le coin ! » ; l’assertion avec intonation impérative : « Francis ! / Non, tu la repousses de 2 centimètres, hein ? »
ou dans des modalités pragmatiques en « devoir » et en « falloir » (nombreuses dans ces échanges) :
il doit être inversé/ Faut mettre le biais à l’intérieur / T’aurais dû avoir un trapèze/ Cette baguette-là, faut la reprendre et faut la mettre debout/ Le côté peint faut toujours qu’il soit du côté du béton.
7Ces modalités pragmatiques voient leur pouvoir injonctif se renforcer par leur appui sur des scripts d’action qui constituent le « genre professionnel »2 (2008 : 102) leur conférant un caractère indiscutable et contraignant.
8Ces interactions sur un chantier sont donc intrinsèquement liées à l’action physique. Elles relèvent de ce que Lacoste appelait la « parole d’action » (1995 : 452), une parole qui « ne peut s’interpréter qu’en rapport avec des schémas, des cours d’action typiques, des règles de métier et d’autorité […] » (1995 : 453). Aussi l’étude de ces interactions doit-elle se faire dans le cadre de la pragmatique langagière étendue à l’action physique que développent notamment :
– Filliettaz (dans le prolongement des travaux de Roulet3) :
En effet, dès lors que l’on considère que les unités de la communication sont engagées dans un double processus de structuration, à la fois praxéologique et textuel, on doit admettre que l’organisation séquentielle et hiérarchique de l’interaction ne se réduit ni à l’accomplissement de mécanismes conversationnels, ni à l’émergence d’un parcours actionnel, mais qu’elle résulte d’une mise en relation de ces deux ordres de faits. (2002 : 246)
– et Vernant :
nous soutenons le caractère foncièrement hétéronome de toute forme d’échange langagier. L’analyse pragmatique des échanges linguistiques ne saurait se suffire à elle-même. L’interaction communicationnelle trouve son sens et sa finalité dans une transaction de nature non langagière. (2011 : 168)
9Ces interactions langagières sur un chantier sont indissociables d’une hiérarchie sociale qui ne peut être mise entre parenthèses comme le rappelait M. Ébel :
Le pouvoir de prendre la parole, d’approuver ou de contester ce qui est dit, mais aussi, l’impossibilité, sinon de prendre la parole, du moins de la prendre n’importe comment, sont fonction des rapports de force qui règlent les pratiques langagières, comme l’ensemble des pratiques sociales. (1981 : 19)
10Dans ce document, seuls le chef de chantier, et ici, plus encore, le chef d’équipe ont la possibilité d’initier des échanges, d’ordonner, d’asserter avec autorité, d’avoir le verbe haut !
11Ces échanges ne frappent pas par leur recours à un lexique spécialisé : en effet, hormis « banche/ biais, mannequin » qui ressortissent du lexique de la maçonnerie, cet échange relève du langage ordinaire. On est loin des « langages opératifs » décrits par P. Falzon, modelés par la pratique et qui ont pour but :
d’optimiser les échanges verbaux par la communication d’une quantité adéquate d’information, par la construction de termes référentiels elliptiques et par différentes simplifications des processus de production et de compréhension. (1989 : 52)
12Par contre, ce qui est remarquable dans ces échanges, c’est leur construction parataxique dénuée quasiment de tout organisateur et surtout de tout connecteur logique qui viendraient signaler une argumentation, alerter l’interlocuteur, baliser et faciliter le décodage d’un mouvement argumentatif.
13À partir de toutes ces remarques, il peut donc sembler pour le moins paradoxal de vouloir chercher des traces d’argumentation dans ces échanges. Et pourtant, elles sont bien présentes, même très présentes, ce que nous allons voir maintenant.
2. Argumentation et explication
2.1. Argumentation
14Mais avant de démontrer la présence de l’argumentation dans ce document, il convient de se doter d’une définition de l’argumentation.
15Plantin donne de l’argumentation une définition logique :
L’argumentation est ainsi une opération qui prend appui sur un énoncé assuré (accepté), l’argument, pour atteindre un énoncé moins assuré (moins acceptable), la conclusion. (1996 : 24)
16Une définition qu’il affine en lui donnant une dimension pragmatique :
Argumenter, c’est adresser à un interlocuteur un argument, c’est-à-dire une bonne raison, pour lui faire admettre une conclusion et l’inciter à adopter les comportements adéquats. (Idem : 24)
17On retrouve ce double mouvement chez Grize, d’approche logique de l’argumentation :
18« Argumenter, dans l’acception courante du terme, c’est fournir des arguments, donc des raisons, à l’appui ou à l’encontre d’une thèse. Ainsi argumenter renvoie à justifier, expliquer, étayer » (1990 : 40) doublée d’une approche pragmatique :
Mais il est aussi possible de concevoir l’argumentation d’un point de vue plus large et de l’entendre comme une démarche visant à intervenir sur l’opinion, l’attitude, voire le comportement de quelqu’un. (Idem : 40)
19Cette double conception de l’argumentation, que nous ferons nôtre, est résumée ainsi par Adam :
un discours argumentatif vise à intervenir sur les opinions, attitudes ou comportements d’un interlocuteur ou d’un auditoire en rendant crédible ou acceptable un énoncé (conclusion) appuyé, selon des modalités diverses, sur un autre (argument/ donnée/ raisons). Par définition, la donnée-argument vise à étayer ou à réfuter une proposition. (1991 : 104)
20Dans notre document, un premier échange semble relever de cette définition. En effet, la mauvaise réalisation d’un trapèze reçoit une double interprétation contradictoire :
en effet, pour le chef de chantier, elle relève du non-respect de la procédure : « Logiquement y a des baguettes… Toutes seules » ;
pour Francis, vite appuyé par un autre collègue, la cause de la malfaçon apparemment est extérieure : « des deux côtés ». Mais cet échange vraisemblablement argumentatif ne peut être étudié précisément, noyé qu’il est dans les bruits du chantier.
21Toutefois, un second mouvement argumentatif ressurgit très vite, toujours déclenché par le chef de chantier.
22À son origine, deux ordres de rectification d’un travail déjà fait, émis par le chef de chantier : « Cette baguette-là, faut la prendre et faut la remettre debout/ Le côté peint faut toujours qu’il soit du côté du béton », dont le second, indirect, énoncé comme une vérité générale, semble renvoyer à un savoir-faire professionnel très basique. Ces deux ordres, venant s’additionner aux reproches antérieurs (le joint mal mis ; le trapèze mal fait), sont reçus et interprétés par Francis comme les prémisses d’une conclusion implicite du chef de chantier sur la qualité de son travail, sur ses compétences, du genre : « Tu fais du mauvais travail », « T’es nul, mon gars, tu sais rien faire », une conclusion qui menace gravement sa face, au sens goffmanien du terme4. D’où, la réaction immédiate de Francis qui prend la forme d’un mouvement argumentatif, s’énonçant sur un mode collectif où le « nous », réaffirmé à plusieurs reprises, se dilue dans un « on » très vague : « Nous, nous, on savait pas, nous Alain, on croyait bien la remettre » et qui repose sur deux arguments :
l’ignorance : « Nous, nous, on savait pas, nous Alain. »
la bonne foi : « on croyait bien la remettre comme il était. »
23Ces deux arguments sont censés dégager la responsabilité de Francis et de ses collègues et, par conséquent, lever le jugement d’incompétence implicite contenu dans les reproches du chef de chantier.
24Grize rappelle que celui qui argumente « doit s’efforcer d’empêcher (son auditeur) de tenir un contre-discours » (1990 : 42) et, pour ce faire, il doit recourir soit à ce qui relève d’un vrai partagé entre le locuteur et son auditeur, soit à une vérité énoncée par une autorité scientifique, philosophique.
25Le moins que l’on puisse dire est que les deux arguments de Francis sont particulièrement faibles, aisément réfutables : ignorer une procédure basique et se fier à sa subjectivité au lieu de s’appuyer sur un savoir-faire maîtrisé sont difficilement acceptables d’une personne compétente et peuvent être facilement retournés contre le locuteur, à son désavantage.
26Mais le Chef de chantier, qui, visiblement, n’est pas là pour trouver des motifs de licenciement, s’empresse de valider ces arguments. Et, sur la base d’un syllogisme implicite dont les deux prémisses pourraient se présenter ainsi :
Un chef de chantier doit parer les dysfonctionnements involontaires sur un chantier ;
Or je reconnais que le trapèze mal fait, la baguette mal mise sont des actions involontaires
et, en sortant du cadre du jugement de la personne dans lequel s’était placé Francis pour se placer sur le plan purement professionnel du déroulement des travaux en conformité avec les procédures, il en arrive à cette conclusion : « C’est pour ça que j’suis venu te voir. En étant de là-bas, j’y ai pensé, j’ai dit merde », une conclusion qui, sous la forme d’un simple rapport de causalité entre la présence d’anomalies et sa venue, annule tout jugement de valeur négatif.
27Ce qu’il convient de souligner, c’est qu’un ouvrier comme Francis, qui bien souvent se contente d’être réactif dans les échanges, se limitant à un « ouais » d’acquiescement, se met à argumenter dès que sa face professionnelle est en danger, dès que son emploi est en jeu.
2.2. Explication
28Dans ce document, l’argumentation est présente sous une autre facette, celle de l’explication.
29Grize, dans un premier temps, distingue nettement l’explication de l’argumentation en affirmant : « posons en première approximation que, expliquer, c’est répondre à un pourquoi » (1981 : 8). L’explication est présentée comme l’établissement d’une relation causale entre deux objets de savoir, et comme une activité purement cognitive : « expliquer est une activité pour comprendre quelque chose, la faire comprendre ou tout au moins permettre de la comprendre » (1981 : 13), alors qu’argumenter, nous l’avons vu, « c’est intervenir sur l’opinion, l’attitude, voire le comportement de quelqu’un » (Grize, 1990 : 40), c’est-à-dire une action sur les croyances, les attitudes. Mais cette distinction voit ses contours s’estomper puisque, et nous l’avons vu aussi, Grize, parlant de l’argumentation, affirme : « Ainsi argumenter renvoie à justifier, expliquer, étayer » (1997 : 40). De plus, dans l’explication, Grize distingue trois conduites explicatives (1981 : 8) :
où le pourquoi d’une affirmation est classé comme justification, comme « une certaine façon de preuve » (1981 : 8), c’est-à-dire comme apparentée à une démarche argumentative.
30Aussi pouvons-nous dans notre recherche de segments argumentatifs dans notre document inclure la justification et intégrer dans les échanges argumentatifs déjà relevés l’énonciation suivante, toujours du chef de chantier, provoquée par le non-respect d’un schème d’action : « Faut mettre le biais à l’intérieur. Le but c’est d’avoir un trapèze », qui est une justification et qui donc s’apparente à de l’argumentatif. En effet, le chef de chantier ne se contente pas d’une injonction généralisante : « Faut mettre le biais à l’intérieur ». Répondant à un pourquoi implicite, il tient à justifier son énonciation jussive, − de plus son statut de chef de chantier lui permet de remplir une des conditions pour tenir un discours explicatif/ justificatif qu’énumère M.J. Borel (1981 : 17 et sq) – en se plaçant sur un plan objectif (une autre des conditions de production d’un discours explicatif), par un rappel de la finalité de l’action : « Le but c’est d’avoir un trapèze », une finalité qu’il suppose partagée par Francis d’où le « tu sais », (mais le « ah ouais » d’étonnement de Francis semble prouver le contraire).
31Là aussi, on constate que le chef de chantier interprète son rôle de chef de chantier non selon une modalité répressive, mais formative : il est là, non pour sanctionner, mais pour former, pour que le cours d’action se déroule en conformité avec les procédures réglementaires, sans heurts, ni conflits.
Conclusions pour la didactique du FOS
32Notre document illustre bien la présence, dans les échanges sur un chantier, du discours argumentatif, étendu à la justification. Mais un document d’une minute 19 ne constitue pas une preuve irréfutable. Il reste à confirmer cette constatation sur un corpus plus élargi et ensuite à étudier quand on argumente/ justifie, pourquoi, avec qui (l’argumentation/ justification entre pairs existe-telle ?), selon quelles modalités ?
33Si l’on se place maintenant sous l’angle de la didactique du français à des publics spécifiques, professionnels, quelles conclusions rapides et à confirmer, là encore, peut-on tirer de ce document ?
– L’enseignement du français dans les métiers du bâtiment ne peut se limiter à un lexique spécialisé, cela on le sait depuis longtemps, mais se doit donc d’intégrer les conduites argumentatives, dans leur réception (elles sont rendues difficiles par l’absence de connecteurs), et dans leur production.
– Intégrer les conduites argumentatives n’a pas que des enjeux langagiers, comme nous l’avons vu dans ce document, mais des enjeux de face, de maintien dans l’emploi. L’argumentation s’insère dans cette « dimension critique » du langage que, à la suite de Grünhage-Monetti (2007) rappelle Mourlhon-Dallies :
Une certaine prise de conscience de la portée de la parole doit ainsi s’effectuer par le biais même de la formation à dominante linguistique. Est-il possible de parler ? Est-il utile d’écrire ? Est-il obligatoire de transmettre ? (2008 : 101)
34Et, j’ajouterai : puis-je argumenter ? justifier ? à quel moment ? pour quoi ? / avec qui ?
Bibliographie
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– Enfin, si l’on fait du couplage langage et action un postulat de recherche, alors l’argumentation dans l’étude de ce couplage doit avoir toute sa place, non plus comme suscitant l’action physique, scandant son déroulement, ou la commentant, mais en position « méta », comme la justifiant, comme confirmant les acteurs dans leur rôle ou justifiant leur exclusion de l’action.
Références bibliographiques
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FALZON Pierre, Ergonomie cognitive du dialogue, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1989.
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GOFFMAN Erving, Les rites d’interaction, Paris, Les Éditions de minuit, 1974.
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— , Logique et langage, Paris, Ophrys, 1990.
GRÜNHAGE-MONETTI Matilde, « Former en langue des salariés immigrés dans l’entreprise : nouvelles orientations didactiques », Le Français dans le monde, Recherches et Applications, Paris, FIPF et CLÉ International, n° 42, 2007, p. 32- 44.
GROSJEAN Michèle et LACOSTE Michèle, Communication et intelligence collective, Paris, Presses Universitaires de France, 1999.
LACOSTE Michèle, « Paroles d’action sur un chantier », VÉRONIQUE, Daniel, VION, Robert, (Éds), Des savoir-faire communicationnels, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 1995, p. 451-461.
MOURLHON-DALLIES Florence, Enseigner une langue à des fins professionnelles, Paris, Didier. 2008.
10.3917/puf.plant.2005.01 :PLANTIN Christian, L’argumentation, Paris, Seuil, 1996.
VERNANT Denis, Introduction à la philosophie contemporaine du langage, Paris, A. Colin, 2011.
Annexe
Vidéo 59 suite problème de trapèze, chef de chantier (C.C.), chef d’équipe (C.E.) et compagnon -+ Francis - (durée 01’19)
(C.E.) – Ben dis à Mickey qu’il la recule / dis à Mickey qu’il la recule tout de suite, attends/ Y’a deux centimètre à reculer/Qu’il recule tout de suite de deux centimètres /
(C.C.) – Francis ! /
(C.E.) – Francis ! /
(C.C.) – Francis ! /
(Francis) : Ouais/
(C.C.) – Viens dans le coin !
(C.E.) – La cale, la cale qu’on a mise ici, là/le joint/
X – incompréhensible
(C.E.) – Il est où Francis ?/ Francis ! / Regarde en haut ! / Le joint qu’on a mis là/ il doit être inversé, hein/
(C.C.) – Le trapèze/
(C.E.) – du côté de la banche/
(C.C.) – Le trapèze que t’as mis / y’a un plat et un trapèze avec un biais./ Faut mettre le biais5 à l’intérieur/ Le but c’est d’avoir un trapèze/
Francis – Ah ouais/
(C.C.) – tu sais/ Logiquement y’a des baguettes… toutes seules/Là, c’en est une que t’as démontée sur un mannequin6 ?/
(Francis) – Non, non. C’est une toute seule, ça.//
(C.C.) – T’aurais dû avoir un trapèze//
Passage inaudible… « des deux côtés/ cela dit cela dit/ c’est pour çà/ ben voilà c’est pour çà »
(C.C.) – Cette baguette-là, faut la prendre et faut la remettre debout/ Le côté peint faut toujours qu’il soit du côté du béton/
(Francis) – Nous, nous, on savait pas, nous, Alain, on croyait bien la remettre/
(C.C.) – C’est bien pour ça/
(Francis) – Comme il était/
(C.C.) – c’est pour ça que j’suis venu te voir/ En étant de là-bas, j’y ai pensé, j’ai dit merde, en fin de compte, sa banche7 elle est déjà mise, (????) /
X – incompréhensible
C.E.) – Bon, tu vas la repousser un peu, Mickey ?/
(Mickey) – J’vais la retirer alors/
(C.E.) – Non, tu la repousses de 2 centimètres, hein// Non, non, laisse tout ça//
Notes de bas de page
1 Extrait d’un corpus établi par J.M. Mangiante et ses étudiants de Master 2 Pro dans le cadre d’un projet de constitution d’un référentiel de compétences pour les métiers du bâtiment.
2 Clot définit un genre professionnel ainsi : « Ce sont des règles de vie et de métiers pour réussir à faire ce qui est à faire, des façons de faire avec les autres, de sentir et de dire, des gestes possibles et impossibles dirigés à la fois vers les autres et sur l’objet. Finalement, ce sont les actions auxquelles nous invite un milieu et celles qu’il désigne comme incongrues ou déplacées » (1999 : 44).
3 Roulet, Eddy, La description de l’organisation du discours, Paris, Didier, 1999.
4 Goffman définit ainsi la face : « la valeur sociale positive qu’une personne revendique effectivement à travers la ligne d’action que les autres supposent qu’elle a adoptée au cours d’un contact particulier » (1974 : 9).
5 Biais = côté oblique.
6 Mannequin = un modèle.
7 Banche : coffrage/ moule à béton.
Auteur
Université de Bourgogne et de Franche-comté, LASELDI
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