Discussions
p. 104-105
Texte intégral
1• M. Robert Hennart : Que s’est-il passé en Saxe au XVIIIe siècle lorsque les rois de Saxe sont devenus aussi roi de Pologne et sont donc aussi devenus Catholiques ?
2Question : On a beaucoup parlé de guerres de religion mais dans votre dépliant on parle aussi de guerres civiles. Or, souvent c’est une guerre civile mais on a du mal à faire une distinction. Une guerre civile qui ne concerne qu’une élite, alors que la « majorité silencieuse », elle, ne participe pas.
3• M. Jean-Pierre Duteil : Est-ce qu’il y a une différence entre calvinistes et luthériens en ce qui concerne la sainteté, la perception de la sainteté ? Par exemple, en ce qui concerne les prénoms vétéro-testamentaires, des noms de lieux débaptisés, etc...
4• M. Bernard Vogler : Concernant la Saxe au XVIIIe siècle, je voudrais dire qu’il y a une différence entre les clauses de 1555 et de 1648. En 1555, on a défini le principe de « tel prince, telle religion », alors qu’en 1648 on a défini le territoire de chaque confession et à partir de là si un prince change de confession, il ne peut plus obliger les sujets à le suivre. C’est-à-dire que la géographie confessionnelle est désormais fixée, elle a même été fixée par le Traité de Westphalie à la date du 1er janvier 1624. Ce qui fait, parce que au XVIIIe siècle la question se posa non seulement en Saxe mais aussi au Wurtemberg, que c’est la Diète qui devait régler le problème du statut confessionnel en chargeant un chef théologique d’assurer le rôle « d’évêque » puisque le prince ayant passé au catholicisme il ne pouvait plus jouer ce rôle. Le partage géographique est donc stabilisé et il ne peut plus bouger.
5Concernant la question « guerre civile/guerres religieuses », je voudrais dire qu’entre 1555 et 1618, aussi bien à Strasbourg qu’à Cologne par exemple, c’était un affrontement entre de petites troupes, mais la population en tant que tel ne bougeait pas. La Guerre de trente ans eut au début une connotation religieuse puis elle devint une guerre entre puissances. De sorte que la dimension religieuse a très vite été évacuée et d’ailleurs, la meilleure preuve c’est au début de la Guerre, des troupes saxonnes ont lutté avec l’Empereur contre l’Electeur palatin, et que la Hesse-Darmstadt, luthérienne, était avec l’Empereur, alors que la Hesse-Cassel, réformée, était au contraire hostile à l’Empereur.
6Enfin, en ce qui concerne la question du sacré, il s’agit justement de l’un des points de friction entre luthériens et calvinistes. Il faut savoir que les luthériens ont exactement gardé tout l’environnement qui existait, et il faut dire qu’au XVIe siècle, pour le paysan analphabète, le passage à la réforme luthérienne ne s’est traduit, d’une part, par le fait que l’office se faisait désormais en allemand, et deuxièmement, que la célébration de la cène se faisait sous les deux espèces. Mais que pour tout ce qui concerne la toponymie, tout ce qui concerne le mobilier des églises, on n’y a pratiquement pas touché. Tandis que là où la population a réagi violemment c’est quand on a remplacé l’autel par une banale table en bois, qu’on a remplacé l’hostie par un simple morceau de pain, et le calice qui était souvent une œuvre d’art, par un banal gobelet. Je vais vous dire que dans le vocabulaire rural, et en particulier encore dans le dialecte alsacien, les jours des saints ont été conservés à travers les siècles.
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