Cujus regio, ejus religio ?
L’Angleterre et ses minorités religieuses à l’époque d’Elisabeth 1ère
p. 81-93
Texte intégral
1Le 5 novembre 16021 Elisabeth 1ère fit publier A proclamation against Jesuits and Secular Priests par laquelle elle affirmait avec force que toutes les rumeurs concernant un prétendu projet « to grant toleration of two religions within our Realme » étaient totalement infondées car cela « would not only disturbe the peace of the Church but bring this our State into confusion »2. Elisabeth mettait ainsi fin aux espoirs de ceux qui, parmi les Catholiques anglais, pensaient pouvoir obtenir de la reine un compromis religieux sur le modèle de l’Edit de Nantes.
2La proclamation royale s’inscrit dans le contexte de l’affaire des Appelants, c’est-à-dire de la controverse qui opposa, au sein du clergé catholique anglais, certains prêtres séculiers aux jésuites. Connue aujourd’hui sous le nom de Archpriest Controversy, elle avait débuté en 1598 lorsque deux prêtres, William Bishop et Robert Charnock, avaient pétitionné Rome pour obtenir le retrait de George Blackwell qui venait d’être nommé par le Cardinal Enrico Caetani3, archiprêtre en charge du clergé séculier d’Angleterre et d’Ecosse. Bishop et Charnock soupçonnaient Blackwell d’être une créature des jésuites et craignaient que ces derniers ne parviennent à imposer leur autorité à l’ensemble de la communauté catholique anglaise4.
3Mais la proclamation illustre aussi le fait qu’en 1602 encore, la situation religieuse en Angleterre est loin d’être clarifiée. A l’évidence, ni le Settlement de 1559, ni les nombreuses lois du Parlement pour imposer l’unité n’ont atteint leur objectif.
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4Deux actes votés par le premier parlement du règne d’Elisabeth, celui de 1559, établissent les principes religieux qui doivent dorénavant gouverner l’Eglise d’Angleterre et la religion des Anglais.
5L’acte de Suprématie5 déclare que la reine est le « Gouverneur Suprême » de l’Eglise d’Angleterre (article 9) et qu’elle a le pouvoir de nommer des commissions royales pour conduire des visites pastorales (article 8). Ce faisant, la suprématie papale est abolie. L’acte impose qu’un serment de Suprématie soit prononcé par les membres du clergé, les officiers de la Couronne, les juges et toute personne rémunérée par la reine, ainsi que les étudiants en théologie (article 9). En 1563, l’obligation de serment est étendue aux membres du Parlement, à l’ensemble de l’Université et aux maîtres d’école6.
6L’acte d’Uniformité7 impose l’utilisation du Livre de Prières Communes de 1552 avec deux changements dont le texte de la loi minimise, vraisemblablement à dessein, l’importance8. Le premier est la suppression de la dénonciation des « detestable enormities of the Bishop of Rome ». Sa portée est surtout symbolique. En revanche, le second est fondamental car il concerne les paroles prononcées lors de la consécration du pain et du vin. Les formules de 1552 sont conservées mais elles sont désormais introduites par celles de 1549 : « The body of our Lord Jesus Christ which was given for thee, preserve thy body and soul into everlasting life : and take and eat this in remembrance that Christ died for thee, and feed on him in thine heart by faith, with thankesgiving » et « The blood of our Lord Jesus Christ, which was shed for thee, preserve thy body and soul unto everlasting life : and drink this in remembrance that Christ’s blood was shed for thee, and be thankful »9. Si elle ne constitue pas un retour à la doctrine de la transsubstantiation, la nouvelle forme permet néanmoins aux fidèles de croire, certes avec un peu d’imagination, en la présence du Christ lors de l’Elévation. Quoiqu’il en soit, c’est bien ce flou théologique quant à la nature de l’Eucharistie qui permit le vote de l’acte à la Chambre des Lords par trois voix de majorité.
7L’acte d’Uniformité stipule également que les régies de 1549 concernant les ornements des églises et les vêtements des desservants sont remises en vigueur (article 13)10. Dans les semaines qui suivent, plusieurs injonctions royales viennent compléter ce texte : Bible en anglais dans toutes les églises ; interdiction de vénérer les images ; destruction de tous les objets de superstition et d’idolâtrie ; mais aussi agenouillement lors de la communion...
8Les mesures législatives de 1559 sont parachevées en 1571 par le vote de l’acte d’Adhésion (Subscription Act)11. Celui-ci donne force de loi aux trente-neuf articles qui définissent la nouvelle doctrine et auxquels tous les membres du clergé doivent prêter serment.
9Mais, il est bien connu que si ce Settlement est de caractère nettement protestant, il ne convient en réalité ni aux Catholiques, ni aux Protestants. Dès lors, la via media élisabéthaine crée deux minorités religieuses, voire trois. En effet, et surtout au début du règne, jusqu’au milieu des années 1570, à côté des Popists (les « Catholiques ») et des Godly (les « Protestants »), on constate que nombre de personnes se déclarent nulla fidian « sans foi ». En d’autres termes, il est clair que les revirements religieux des années 1549-1559 (passage du protestantisme de Edouard VI au catholicisme de Marie puis à ce que l’on nommera après l’anglicanisme) a totalement dérouté une bonne part de la population anglaise, celle qui n’avait ni les capacités, ni les moyens, ni probablement l’envie de comprendre les subtilités des débats théologiques.
10Je suis tenté de distinguer une quatrième minorité : ceux qui, en 1560-1580, croient à la nouvelle forme de religion !12 Ceci explique en grande partie le très fort absentéisme aux services religieux, même dans les régions où le protestantisme est bien implanté. L’anglicanisme demeure encore une nouveauté mal comprise. Ainsi, lorsqu’en novembre 1575 Edmund Freke est nommé évêque de Norwich, le seul allié qu’il trouve dans sa lutte contre les puritains est la gentry conservatrice13.
11A ces minorités autochtones, il convient d’ajouter les Protestants étrangers, français et hollandais, venus trouver refuge en Angleterre14. Leur nombre et leur importance ne sont pas à sous-estimer. Entre 1540 et 1600 plus de cinquante mille s’installèrent à Londres et dans les villes et villages du Kent et de l’East Anglia. A Cantorbéry et à Norwich, ils représentaient le tiers de la population15. Dans les années difficiles du début du règne, ces réfugiés protestants volent au secours de la politique d’Elisabeth. A Londres, l’Eglise française16 accueille ceux chassés de France après le massacre de la Saint-Barthélémy et finance très largement les opérations militaires anglaises aux Pays-Bas en 157217. A l’été 1578, à Norwich, lors du royal progress à travers l’East Anglia, c’est un pasteur hollandais qui prêche devant la reine et les ambassadeurs français. Son sermon est à la gloire d’Elisabeth, protectrice de la vraie religion18.
12Mais on observe également un éclatement de ces minorités catholiques et protestantes. Chez les premiers, il faut distinguer les papistes, ennemis de tout compromis, de ceux qui pratiquent leur religion dans le cadre de la Réformation henricienne et qui, très souvent, se conforment, en gestes et en apparences, à l’anglicanisme. Il faut aussi distinguer les laïcs des clercs, en particulier il semble bien que la gentry catholique continue à considérer et à traiter le prêtre comme un domestique à son service (même si quelques séminaristes sont issus du même milieu social). Cet état d’esprit, hérité du passé, explique que la gentry ne participe pas à l’Archpriest Controversy et croit —tout au moins certains— possible de dissocier religion et politique. Ainsi, en 1585 Sir Thomas Tresham et d’autres soumirent à Elisabeth un texte (la Petition Apologetical), sorte de déclaration collective d’allégeance, dans lequel ils défendaient l’idée qu’un gentilhomme pouvait maintenir un prêtre catholique dans sa maison tout en restant totalement loyal à la reine19.
13Dans les milieux protestants, de ceux qui acceptent le Settlement à ceux qui le refusent, parce que trop marqué de papisme, l’éventail des attitudes est encore plus large20. Ceci est le résultat de l’histoire politique et religieuse mouvementée de l’Angleterre entre 1530 et 1558. Parce que la religion d’Etat a changé plusieurs fois avant l’accession d’Elisabeth, le protestantisme anglais n’a jamais eu le temps de se développer autour d’une doctrine spécifique. Dés lors, si en 1558 l’empreinte du lollardisme n’est plus visible21, il existe en revanche des différences au sein de la communauté protestante restée en Angleterre, mais aussi entre cette communauté et ceux qui, réfugiés sur le Continent, notamment à Francfort, furent en contact avec la deuxième génération de réformés calvinistes et s’engagèrent dans des débats théologiques souvent complexes. Que ces hommes expérimentèrent ces nouvelles voies religieuses dans des conditions difficiles renforça sans aucun doute leur sentiment d’exclusion et d’appartenance à une élite mais aussi, chez certains, la volonté de se séparer d’une Eglise dans laquelle, même avec le Settlement, ils ne pouvaient se retrouver. C’est dans ces conditions que se développent le puritanisme et, en quelque sorte à sa gauche, les mouvements séparatistes, dont certains étaient déjà apparus durant les règnes de Edouard VI et Marie 1ère. Les Anabaptistes, les Familists, les Brownistes, les Presbytériens en sont les composantes les plus connues. Elles témoignent d’une réelle atomisation du protestantisme anglais, même si le calvinisme est évidemment prédominant22. La complexité de la situation est renforcée par l’absence d’unité et de clarté dans l’attitude du clergé exilé à l’égard du pouvoir politique. A un Edmund Grindal qui accepte de devenir évêque pour contribuer à l’installation d’un protestantisme même édulcoré, d’autres déclinent des postes de responsabilité au sein de l’Eglise par refus de ce qu’ils estiment être une compromission23.
14Pour tous, Catholiques comme Protestants, le rapport à l’autorité royale devint d’autant plus source d’interrogation, voire d’angoisse, que, dès le départ, la question religieuse fut inextricablement liée à la politique étrangère anglaise et que toute critique à l’égard de l’Eglise établie fut assimilée à une attaque contre le régime et à une trahison.
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15Pour le pouvoir, la question de fond est de savoir comment, c’est-à-dire par quels moyens mais aussi jusqu’à quel point, il faut combattre les minorités. Rappelions ici une donnée fondamentale : nul ne conçoit en Angleterre que la religion puisse être séparée du politique et, partant, du pouvoir royal. L’historien élisabéthain William Camden l’affirme avec force « There can be no seperation between religion and the Commonwealth »24. De surcroît, l’idée, en tout cas avant l’Edit de Nantes (mais quelle influence celui-ci a-t-il eu en Angleterre ?), que plusieurs religions puissent coexister dans un même royaume est inacceptable et ce refus du pluralisme religieux dépasse les clivages protestants/catholiques. Ainsi Sir William Cecil, Lord Burghley déclare « that State could never be in safety, where there was toleration of two religions »25. En 1602, Elisabeth dira en tous points la même chose dans la Proclamation against Jesuits and Secular Priests.
16Depuis Henri VIII et la Reformation Parliament de 1529-1536, toute réforme de l’Eglise et de la religion passe obligatoirement par le Parlement. Une loi ne peut être modifiée ou annulée que par une autre loi et les actes du Parlement contrôlent l’orientation et le rythme des changements. Marie en fit l’amère expérience en 1553-1554 lorsqu’elle tenta de légiférer par injonctions royales. Le recours au Parlement est une incontestable contrainte pour le gouvernement mais, en contrepartie, celui-ci en retire un réel avantage politique : c’est avec l’assentiment des représentants élus du peuple qu’il impose le principe du Cujus regio, ejus religio, non contre eux. Elisabeth convoqua plusieurs fois le Parlement pour obtenir des mesures contre les opposants et dissidents religieux et répondre aux menaces venues du Continent. En 1581 deux actes sont votés au moment où l’on craint une invasion jésuite26. Quatre ans plus tard, deux autres donnent autorité au gouvernement d’exiger le départ de tous les prêtres catholiques et d’interdire l’entrée des séminaristes. Les peines encourues sont particulièrement sévères27. En 1593 à nouveau deux lois importantes sont votées, l’une contre les Puritains qualifiés de « seditious sectaries and disloyal persons » (Act to retain the Queen’s subjects in obedience, parfois appelé Conventicle Act), l’autre contre les Catholiques (Act against Popish Recusants)28.
17Toutefois, dès 1559, le Parlement apparaît comme une arme à double tranchant. Ainsi, en février 1559, le gouvernement échoua dans sa tentative de faire passer trois projets de réforme et Elisabeth dut le proroger pour une seconde session. On sait qu’à celle-ci, l’acte d’Uniformité n’eut que trois voix de majorité aux Lords. Par ailleurs, si la menace catholique disparaît grâce au remplacement des évêques, la pression puritaine est en revanche extrêmement forte, en particulier dans les années 1570-1580. Une véritable crise puritaine secoue les Parlements de 1571, 1572 et 1576 durant lesquels plusieurs projets de lois, pour mettre fin au statu quo du Settlement, sont déposés. En 1572, deux pamphlets particulièrement virulents attaquent l’Eglise anglaise. Le premier, An Admonition to the Parliament. A View of Popishe Abuses yet remaining in the Englishe Churche, est l’œuvre de Thomas Wilcox et John Field, deux jeunes prêtres londoniens, presbytériens notoires. Ils sont immédiatement arrêtés à sa parution en juin puis condamnés, en octobre, à un an de prison29. Mais, au mois de novembre paraît A Second Admonition to the Parliament qui exige la réorganisation de l’Eglise sur le modèle presbytérien30. Le débat fut considérable et le gouvernement demanda à John Whitgift (le futur archevêque de Canterbury, 1583-1604), alors doyen de Lincoln et président de la Chambre basse de la Convocation, de mener la contre-offensive. Son Answer to the Admonition31, paru en avril 1573, est certainement la meilleure défense de l’anglicanisme avant les Laws of Ecclesiastical Polity de Richard Hooker, publiées en 1593 au moment même où l’on débat au Parlement du Conventicle Act.
18Le maniement du Parlement ne fut donc pas chose aisée pour le pouvoir royal et, jusqu’au début des années 1590, la forte minorité puritaine aux Communes et ses attaques, notamment par voie de publications (ainsi les sept Marprelate Tracts de 1588-1589), furent un constant souci pour le Privy Council. Ce n’est guère avant le Parlement de 1597 que la présence des Puritains diminua en nombre et en influence.
19Le gouvernement fit également usage des peines prévues dans les différents actes. Amendes, emprisonnements, bannissements, interdictions d’exercer telle ou telle fonction et, bien entendu, exécutions furent le lot de nombre de Catholiques. Certains Puritains et séparatistes, les plus militants d’entre eux, ceux considérés comme les plus dangereux, subirent aussi les rigueurs de la loi. Ainsi Henri Barrow, John Greenwood et John Penry, trois séparatistes, furent condamnés et pendus en 1593 pour avoir fait circuler des livres séditieux32. Il est clair que ces mesures coercitives touchèrent beaucoup plus les Catholiques que les membres de sectes protestantes. Pour autant, il ne faut pas exagérer le nombre de victimes catholiques même s’il y eut un très net durcissement de la répression après 158133 : entre 1586 et 1603, cent quarante-six Catholiques furent exécutés, dont trente-sept en 1588 et quatre-vingt-huit entre 1590 et 160334, mais seulement quatre en 1581 et onze en 158235, tous n’étaient d’ailleurs pas des prêtres. De même, sur les huit cents prêtres formés dans les séminaires anglais sur le Continent avant 1603, cent vingt-trois seulement furent pendus (soit 15,4 %)36. Il est vrai que nombre d’autres croupirent en prison (50 % ?) et certains furent également torturés.
20L’application de la sentence dépendait à la fois de la diligence des autorités locales, du statut social du récusant, de ses opinions politiques et du contexte international. Il faut rappeler que, dans les années 1590, le gouvernement avait ouvert deux camps d’internement pour les Catholiques dans l’East Anglia, à Wisbech Castle et à Framlingham. Là, les prisonniers purent recréer en toute impunité et avec l’accord tacite des autorités des prisons, une communauté religieuse, assister à la messe et s’employer à évangéliser leurs visiteurs37. C’est d’ailleurs à Wisbech que les rapports entre clergé séculier et jésuites s’envenimèrent et que prit naissance le mouvement des Appelants38. De même, sur les huit cents récusants présentés devant les assises à Lancaster en 1592, seuls deux cents furent condamnés, et onze uniquement payèrent une amende39.
21Le gouvernement s’essaya également aux conversions forcées, principalement d’ailleurs par la simple application des lois et injonctions de 1559. Au début, elles furent confiées aux autorités ecclésiastiques et, localement, aux marguilliers (churchwardens). A partir de 1581, ce sont les justice ofpeace et les shérifs qui prennent le relais sans que ce transfert de pouvoir aux autorités civiles ait donné des résultats beaucoup plus probants. Ainsi en 1580-1582, le gouvernement lança une vaste opération contre les Catholiques dans le Nord (Yorkshire, Cheshire, Lancashire) : quelques quatre mille récusants et non-conformistes furent débusqués (trois mille dans le Yorkshire) et, selon John Aveling, la moitié abandonna la religion catholique, définitivement semble-t-il40. Il convient néanmoins de considérer ces chiffres avec précaution. Par exemple, K. Wark ne dénombre que deux cents récusants environ dans le Cheshire pour une population qui avoisine soixante-trois mille huit cents habitants41.
22La reconquête pastorale connut aussi un relatif échec. Tout au long du règne, les comportements anti-cléricaux et blasphématoires à l’intérieur même des édifices cultuels persistèrent et l’absentéisme fut chronique. Seul Pâques attire encore 80 à 85 % de la population. Dans le Kent, pourtant converti au protestantisme, 1/5 de la population ne met pas les pieds à l’église42.
23Ce problème est amplifié par la très grande difficulté de recruter un clergé compétent, en particulier au cours de la première décennie durant laquelle les évêques durent recourir aux ordinations en masse pour remplir les cures vacantes. En 1559, le niveau de formation des prêtres est tombé si bas qu’à la fin du règne encore, le pourcentage de diplômés de l’Université demeure très faible. En 1602-1603, dans le diocèse de Coventry et Lichfield, ils ne comptent que pour 24 % du clergé. L’absence de prêcheurs est un autre aspect des difficultés dans lesquelles se débat l’Eglise anglicane. Le plus souvent, les pasteurs se contentent de lire des sermons imprimés, rédigés à leur intention43. Dans les premières décennies du Settlement, nul n’aurait osé affirmer comme le fera Joseph Hall en 1624 : « Stupor mundi clerus Britannicus »44. Mais au-delà de ce problème, le désintérêt pour l’Eglise tient aussi à la chute vertigineuse des revenus des bénéfices ecclésiastiques. Selon John Guy, ceux-ci seraient passés, inflation comprise, de £81.836 en 1501-1510 à £1.790 en 1591-1600, soit une baisse de près de 98 % !45. En 1585 encore, John Whitgift se plaint que sur les plus de neuf mille bénéfices, seuls six cents assurent un revenu décent46.
24Enfin le gouvernement tenta de jouer sur la désunion qui régnait chez ses différents opposants. Ce fut le cas en 1600 lorsque, aidé par le favori de la reine, Robert Devereux, comte d’Essex, il encouragea un ancien jésuite, Thomas Wright, à faire croire aux Catholiques que ceux d’entre eux qui dénonceraient les jésuites et prêteraient serment d’allégeance à la reine ne seraient plus inquiétés47. Ce fut aussi le cas l’année suivante lorsqu’il autorisa le départ d’une délégation de Catholiques pour Rome (dont des prisonniers de Framlingham), dans le cadre de l’affaire des Appelants48. Comme le remarque justement l’historien Arnold Meyer, il s’agissait là, entre le pouvoir et ses ennemis catholiques, d’une « alliance contre nature »49.
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25Pour la société anglaise, le premier et le principal résultat de la politique élisabéthaine fut la paix civile. A aucun moment le royaume ne fut menacé de sombrer dans une guerre de religion, même si de nombreux complots furent ourdis par des Catholiques, aidés de près ou de loin par les Espagnols. C’est là une réussite considérable dont, au regard des événements qui se déroulaient au même moment sur le Continent, on ne saurait sous-estimer l’importance. Que cette réussite soit due à une politique souvent hésitante dans son élaboration et sa mise en œuvre n’est en rien une contradiction. Bien au contraire : le désintérêt d’Elisabeth pour le débat théologique, son souci de s’en tenir à la dimension politique du religieux permirent, sans nul doute, d’éviter une dangereuse radicalisation de ceux qui n’étaient pas des extrémistes.
26La politique royale aboutit également, mais cela n’est que logique, à la disparition du catholicisme du sein de l’Eglise d’Angleterre. Elle entraîna aussi, nous l’avons vu, des clivages au sein de la communauté catholique, en particulier dans les milieux cléricaux, à propos des séminaristes et des jésuites. Cette désunion porte à la fois sur la question de l’organisation de l’Eglise catholique anglaise et de la place des séminaristes et des jésuites, mais aussi sur l’allégeance et la loyauté à l’égard de la Couronne.
27La très grande majorité des Catholiques s’accommoda du nouveau régime et refusa toute dépendance à l’égard de l’étranger. Ainsi, la bulle Regnans in Excelsis, qui excommuniait Elisabeth en 1570, n’entraîna guère de réactions. De même, en 1588 au moment de l’invincible Armada, de nombreux récusants firent connaître leur désir de se battre contre les Espagnols. En revanche, en dépit de toutes les mesures répressives, certains, surtout les jésuites, tentèrent régulièrement de soulever les Anglais contre leur reine. Des presses catholiques en Angleterre et sur le Continent sortirent des dizaines de pamphlets, tracts et livres appelant à la rébellion. La plupart était rédigée par les dirigeants jésuites et mêlaient injures, considérations théologiques et réflexions politiques. Ainsi William Allen fit paraître en 1588 A Declaration of the sentence and deposition of Elizabeth the usurper and pretensed Queen of England dans laquelle il qualifie Elisabeth lère de « bâtarde incestueuse, fille d’une courtisane infâme »50. La même année, dans un autre pamphlet, il défendit la bulle Regnans in Excelsis et appela les Anglais à accueillir les soldats espagnols51. De même en 1594, Robert Parsons et d’autres publièrent sous le pseudonyme R. Doleman, A Conference about the Next Succession, dans lequel ils réfutaient la théorie du droit divin des monarques et soutenaient qu’à la mort d’Elisabeth, la couronne devait passer à la fille de Philippe II, l’Infante Isabelle Claire Eugenie52. En réalité, le clergé catholique resta fermement du côté du pape et la « protestation d’allégeance » du 31 janvier 160353, qui tentait de régler la question des Appelants, ne fut signée que par treize des quatre cents prêtres catholiques. Thomas Bluet, celui qui avait organisé le second appel au pape en 1601-1602, n’en était pas54.
28Ainsi, ni le gouvernement ni les autorités religieuses ne parvinrent à éradiquer le catholicisme. Dans le nord du royaume, il se développa même, sous une forme un peu différente, celle du household catholicism, grâce à la gentry locale et à ses réseaux de patronage qui pouvait cacher les prêtres, mais également grâce aux familles paysannes qui continuèrent à pratiquer leur foi55. En 1600, il y avait probablement quelques mille cinq cents récusants dans le Yorkshire, deux mille dans le Lancashire et le Cheshire et six cents plus au nord. Aux pratiquants connus, il faut ajouter tous les sympathisants, soit au total 1,5 % de la population anglaise et, surtout, environ 25 % de la gentry56.
29La lutte contre le catholicisme n’alla pas sans incidents surprenants, voire comiques. Ainsi, Elisabeth, envoyée en East Anglia par son Privy Council à l’été 1578 pour réaffirmer l’ancrage protestant de son royaume et contrer la résurgence du papisme dans la province, fut reçue et fêtée par Master Rookewoode, gentilhomme catholique. L’entourage de la reine ne s’en rendit compte que le lendemain. On ne sait la réaction d’Elisabeth, mais on imagine la stupeur et l’embarras de ses conseillers protestants, que l’autodafé qui s’en suivit ne put cacher...57
30En réalité, à partir des années 1580, le gouvernement paraît admettre que les récusants sont une composante permanente de la société anglaise et, dès lors, commence à considérer les avantages financiers qu’il pourrait en tirer. C’est en ce sens qu’il faut comprendre les augmentations massives des amendes et le fait qu’elles deviennent permanentes : à partir de 1581, tout récusant doit payer £20 par mois (en fait £260 par an car l’année était réputée avoir treize mois !)58. En 1587, un nouvel acte aggrave les peines : dorénavant celui qui ne payerait pas ses amendes aurait les deux tiers de ses terres saisis59.
31Pour les Puritains et séparatistes protestants, l’arrivée de John Whitgift à la tête de l’archevêché de Cantorbéry en 1583 marque un tournant60. En mars 1585, en réponse à une pétition des députés puritains, Elisabeth s’adressa aux Communes, par la voie du Speaker, en des termes sans équivoque : « She knows, and thinks you know, she is Supreme Governor of this Church, next under God [...] Resolutely, she will receive no motion of innovation, not alter or change any law whereby the religion or Church of England standerh established at this day »61. Dès lors, les autorités religieuses durcissent considérablement leur lutte contre toutes les divergences et le Parlement, notamment en 1593 (Conventicle Act), prend des mesures draconniennes à leur encontre. A la fin du règne d’Elisabeth la menace d’une radicalisation protestante paraît avoir disparue. Mais en réalité, Protestants, séparatistes et Puritains ont porté leur attention ailleurs. Dans les années 1590, chacun sait que le règne d’Elisabeth arrive à sa fin et que le trône doit revenir à Jacques VI d’Ecosse, dont les penchants presbytériens sont connus de tous. Dès lors, plutôt que de chercher un affrontement inutile, ils vont attendre une succession qu’ils espèrent bénéfique pour eux62. En ce sens, plusieurs courants vont ressurgir à l’avènement de Jacques 1er. Ainsi, le Familism, qui semblait avoir disparu après les procès des années 1580, réapparut en 1606 à l’occasion d’une réponse au Basilikon Doron de Jacques 1er63.
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32Si la comparaison avec la France de 1598 s’impose, ce d’autant que Henri IV et son ambassadeur à Londres, Christophe de Harlay, sieur de Beaumont soutiennent la cause des Appelants et que, par ailleurs, le 3 mai 1600, la faculté de théologie de l’université de Paris rend une décision en faveur des mêmes Appelants dans la querelle qui les oppose à Blackwell, Elisabeth se trouve toutefois dans une position radicalement différente de celle de son cousin français. En effet, l’Angleterre n’est pas en proie à un conflit religieux et, surtout, il n’existe qu’une seule Eglise et qu’une seule religion en son royaume. Que celle-ci ait varié plusieurs fois depuis la fin des années 1520 ne change rien au fait que les Anglais, contrairement aux Français, ne peuvent se prévaloir d’un quelconque choix : leur religion est et ne peut être que celle de leur souverain du moment.
33En 1598, il revenait à Elisabeth et au Privy Council de faire appliquer les actes qui établissaient la nature de la religion, c’est-à-dire les actes de Suprématie et d’Uniformité de 1559 et les actes subséquents, notamment celui de 1571 (Subscription Act) relatif aux trente-neuf articles. Il ne s’agit donc pas pour la reine de mettre fin à un conflit — qui d’ailleurs n’a jamais eu lieu — mais bien de faire respecter les lois du royaume. En ce sens, la situation d’Elisabeth est bien plus comparable à celle de Louis XIV après l’édit de Fontainebleau d’octobre 1685, qu’à celle de Henri IV après l’Edit de Nantes. Les problèmes auxquels Elisabeth 1ere et Louis XIV se trouvèrent confrontés à cent ans d’intervalle sont, toutes proportions gardées, très similaires. De même, les voies empruntées par les deux souverains pour imposer l’unité et les résultats qu’ils obtinrent dans leur lutte contre les séparatistes de tout bord sont également comparables. L’article 12 de l’Edit de Révocation, « Pourront, au surplus lesdits de la R.P.R., en attendant qu’il plaise à Dieu les éclairer comme les autres, demeurer dans les villes et lieux de notre royaume [...] à condition, comme est, de ne point faire d’exercice, ni de s’assembler sous prétexte de prières... », rappelle tout à fait le pragmatisme du gouvernement anglais dans les années 1580. Le réalisme de Vauban, qui déclarait en 1689 : « Les rois sont bien maîtres des vies et des biens de leurs sujets, mais jamais de leurs opinions, parce que les sentiments intérieurs sont hors de leur puissance, et Dieu seul peut les diriger comme il lui plaît »64, n’est, somme toute, pas si éloigné que cela des sentiments d’Elisabeth au moment du Settlement de 1559 et, surtout, du tournant de 1581-1585.
34La politique religieuse d’Elisabeth a permis d’éviter la guerre civile mais, l’un est le pendant de l’autre, elle a laissé des « corps étrangers » survivre dans la société anglaise. En cela, elle porte en elle tous les ingrédients de futurs conflits. L’archevêque William Laud et les rois Stuarts se chargeront du reste.
35En fin de compte, l’anglicanisme, peut-être grâce à Elisabeth, s’accommode de bien des choses. En mars 1998, le prêtre d’une petite église près de Witney dans l’Oxfordshire, afin d’achever quelques travaux, vend le dimanche des billets de tombola à l’entrée de l’église puis tire le numéro gagnant, devant ses fidèles, à la fin du service. Voltaire avait raison : les Anglais vont au Ciel par le chemin qui leur plaît65.
Notes de bas de page
1 Ancien style ; nouveau style : 15.
2 Arnold O. Meyer, England and the Catholic Church Under Queen Elizabeth, Londres, Kegan Paul, Trench, Trübner & Co., 1916, p. 451-453.
3 Protecteur de l’Angleterre.
4 Sur le débat historiographique à propos de l’affaire de l’Archpriest Controversy, voir Arnold Pritchard, Catholic Loyalism in Elizabethan England, Londres, Scolar Press, 1979.
5 An Act restoring to the Crown the ancient jurisdiction over the State ecclesiastical and spiritual, and abolishing all foreign power repugnant to the same, 1 Eliz. I, c. 1.
6 An Act for the assurance of the Queen’s Majesty’s royal power over all estates and subjects within her Highness’dominions, 5 Eliz. I, c. 1.
7 An Act for the uniformity of Common Prayer and Divine Service in the Church, and the Administration of the Sacraments, 1 Eliz. I, c. 2.
8 Article 2 : « [...] that all and singular ministers [...] be bounden to say and use the matins, evensong, célébration of the Lord’s Supper and administration of each of the sacraments, and all their common and open prayer, in such order and form as is mentioned in the said book so authorised by Parliament in the said fifth and sixth year of the reign of King Edward the Sixth, [...] and the form of the Litany altered and corrected, and two sentences only added in the delivery of the sacraments to the communicants, and none other or otherwise... », cité dans The Tudor Constitution. Documents and Commentary, Ed. Geoffrey R. Elton, Cambridge, Cambridge University Press, 1988 (2ème éd. 1982), p. 411.
9 Citées par William J. Shells, The English Reformation 1530-1570, Londres & New York, Longman (Coll. « Seminar Studies in History »), 1989, p. 93-94.
10 La célèbre Ornaments Rubric est aussi un compromis en ce qu’elle laisse entendre qu’elle n’est que provisoire : « That such ornaments of the Church and of the ministers thereof shall be retained and be in use [...] until other order shall be therein taken by the authority of the Queen’s Majesty, with the advice of her commissioners appointed and authorized under the Great Seal of England for ecclesiastical causes, or of the Metropolitan of this realm », citée dans Select Statutes and Other Constitutional Documents Illustrative of the Reigns of Elizabeth I and James I, Ed. George W. Prothero, Oxford, Clarendon Press, 1965 (4ème éd. 1913), p. 20.
11 An Act to reform certain disorders touching Ministers of the Church, 13 Eliz. I, c. 12. Les trente-neuf articles de la Religion sont ceux approuvés par la Convocation de 1563 et qui reprennent pour l’essentiel, à l’exception de l’article 29 sur l’« Eucharistie », les quarante-deux articles de 1553, mis en forme par Thomas Cranmer. Elisabeth avait refusé, lors du Parlement de 1563, que le projet de loi contenant ces articles déjà approuvés par la Chambre des Communes fût débattu dans celle des Lords, sous prétexte qu’elle n’avait pas été consultée au préalable, Norman Jones, The Birth of the Elizabethan Age. England in the 1560s, Oxford, Blackwell (Coll. « A History of Early Modem England »), 1996 (1993), p. 64-65. Geoffrey Elton explique le refus d’Elisabeth par son désir de ne pas indisposer les puissances européennes, England under the Tudors, Londres, Routledge, 3ème éd. 1991, p. 289.
12 William Bullein distingue quatre sortes de religion parmi ses contemporains, avec une différence néanmoins : « Catholic [Henrician], Papist, Protestant and Nulla Fidian », cité par Norman Jones, op. cit., p. 19.
13 Diarmaid Mac Culloch, Suffolk and the Tudors. Politics and Religion in an English County 1500-1600, Oxford, Clarendon Press, 1986, p. 193.
14 Sur la question des réfugiés calvinistes, voir Ole P. Grell, Calvinist Exiles in Tudor and Stuart England, Aldershot, Ashgate, 1996.
15 Andrew Pettegree, « ’Thirty Years on’ : progress towards integration amongst the immigrant population of Elizabethan London », in English rural society, 1500-1800. Essays in honour of Joan Thirsk, Ed. John Chartres et David Hey, Cambridge, Cambridge University Press, 1990, p. 297.
16 « Chapel of St. Anthony on Threadneedle Street », une communauté de mille huit cents personnes en 1568 et en croissance.
17 Andrew Pettegree, Foreign Protestant Communities in Sixteenth-Century London, Oxford, Clarendon Press (Coll. « Oxford Historical Monographs »), 1986, p. 182 et 255-257.
18 John Nichols (ed.), The Progresses and Public Processions of Queen Elizabeth, Londres, John Nichols and Son, 1823, 3 vols., vol. II, p. 150-154.
19 Voir John Bossy, The English Catholic Community 1570-1850, Londres, Darton, Longman & Todd, 1975, p. 37-38 ; Alan Dures, English Catholicism 1558-1642, Londres, Longman (Coll. « Seminar Studies in History »), 1983, p. 38-39 et Arnold Pritchard, op. cit., p. 49-53.
20 Voir Patrick Collinson, The Elizabethan Puritan Movement, Londres, Jonathan Cape, 1971 (1967), p. 21-28.
21 Christopher Hill voit au contraire un lien réel entre le lollardisme et le mouvement des Levellers du XVIIème siècle, « Lollards to Levellers », Rebels and their Causes : Essays in Honour of A.L. Morton, Ed. Maurice Cornforth, Londres, Lawrence and Wishart, 1978. Voir également, Robert J. Acheson, Radical Puritans in England 1550-1660, Londres & New York, Longman (Coll. « Seminar Studies in History »), 1990, p. 1-4.
22 Voir à ce propos la synthèse de Robert J. Acheson, op. cit., p. 10-18.
23 Par exemple, Laurence Humphrey en 1573 qui néanmoins admet qu’il y a « no sin to desire the good work of a true bishop. The name and the work are both commendable in Scripture », cité par Patrick Collinson, The Elizabethan Puritan Movement, op. cit., p. 120-121.
24 William Camden, Annales rerum anglicarum et hibernicarum regnante Elizabetha, Londres, 1615, vol. I, préface. Traduit et cité par David M. Palliser, The Age of Elizabeth. England under the later Tudors 1547-1603, Londres & New York, Longman (Coll. « Social and Economic History of England »), 1985 (1983), p. 327. La phrase en latin est « inter religionem enim, et rempublicam divortium esse non potest ».
25 Francis Peck (éd.), Desiderata Curiosa, Londres, 1732-1735, 2 vols., vol. I, p. 44, cité dans David M. Palliser, op. cit., p. 327.
26 Act to retain the Queen’s Majesty’s subjects in their due obedience, 23 Eliz. I, c. 1 ; An Act against seditious words and rumours uttered against the Queen’s most excellent Majesty, 23 Eliz. I, c. 2.
27 Act for provision to be mode for the surety of the Queen’s Majesty’s most royal person and the continuance of the realm in peace, 27 Eliz. I, c. 1 ; An Act against Jesuits, seminary priests and such other like disobedient persons, 27 Eliz. I, c. 2.
28 35 Eliz. I, c. 1 et c. 2.
29 Voir Patrick Collinson, The Elizabethan Puritan Movement, op. cit., p. 118-119.
30 Extraits des deux textes dans Geoffrey R. Elton, The Tudor Constitution, op. cit., p. 448-452. George W. Prothero attribue, à tort, le premier à Thomas Cartwright et Thomas Sampson, op. cit., p. 199, η. 1. Geoffrey Elton. The Tudor Constitution, op. cit., p. 445, attribue le second à Thomas Cartwright, de retour de Genève où il s’était exilé deux ans auparavant après avoir été dépossédé de sa chaire de théologie à l’université de Cambridge. En revanche, Leland H. Carlson l’attribue à Job Throkmorton, qu’il désigne également comme l’auteur des Marprelate Tracts, Martin Marprelate, Gentleman. Master Job Throkmorton laid open in his colors, San Marino, Californie, Huntington Library, 1981, p. 324-328. Sur la question de l’émergence du presbytérianisme dans les années 1570 et sur l’importance des presses clandestines, voir Patrick Collinson, The Elizabethan Puritan Movement, op. cit., p. 131-145, qui attribue le Second Admonition à Christopher Goodman, ibid., p. 139.
31 Cartwright répondit immédiatement à Whitgift dans un pamphlet intitulé Replye, ibid., p. 139.
32 Voir Patrick Collinson, The Elizabethan Puritan Movement, op. cit., p. 428.
33 C’est bien l’arrivée des premiers jésuites en 1580 (Robert Parsons et Edmund Campion) et non l’excommunication de la reine en 1570 (22 février, bulle Regnans in Excelsis, Pie V) qui est à l’origine des mesures répressives très dures et, surtout, de leur application.
34 Alan Dures, English Catholicism 1558-1642, Londres & New York, Longman (Coll. « Seminar Studies in History »), 1984(1983), p. 32.
35 Ibid., p. 30. Bernard Basset estime à cent quatre-vingt-deux le nombre de Catholiques exécutés durant le règne d’Elisabeth 1ère, The English Jesuits. From Campion to Martindale, Londres, Burns & Oates, 1967, p. 109.
36 John C.H. Aveling, The Handle and the Axe. The Catholic Recusants in England from Reformation to Emancipation, Londres, Blond & Briggs Ltd., 1976, p. 61. En soi, ce chiffre est évidemment élevé mais, rapporté aux sanglantes répressions française et espagnole, il est très faible.
37 Dans les années 1590, la prison de Wisbech avait la réputation parmi les Catholiques d’être un lieu de sainteté. En 1599, le gouverneur découvrit que les domestiques de certains prisonniers étaient des fils de gentilhommes catholiques, placés là pour être instruits dans la religion catholique, Arnold Pritchard, op. cit., p. 79.
38 Arnold O. Meyer, op. cit., p. 400-403.
39 Alan Dures, op. cit., p. 32.
40 John C.H. Aveling, op. cit., p. 66.
41 K.R. Wark, Elizabethan Recusancy in Cheshire, Manchester, Manchester University Press (The Chetham Society), 1971, p. 131-132.
42 John Guy, Tudor England, Oxford, Oxford University Press, 1990 (1988), p. 296.
43 Rosemary O’Day, The English Clergy. The Emergence and Consolidation of a Profession 1558-1642, Leicester, Leicester University Press, 1979, p. 128.
44 Cité par Patrick Collinson, The Religion of Protestants. The Church in English Society 1559-1625, Oxford. Clarendon Press, 1985 (1982), p. 92.
45 John Guy, op. cit., p. 294.
46 Rosemary O’Day, op. cit., p. 127.
47 John Aveling, op. cit., p. 70-71. Voir aussi Arnold Pritchard, op. cit., p. 66-67.
48 Arnold O. Meyer, op. cit., p. 440.
49 Ibid., p. 435.
50 « An incestuous bastard, begotten and born in sin, of an infamous courtesan », cité par H.G. Alexander, Religion in England 1558-1662, Londres, University of London Press, 1968, p. 111.
51 An Admonition to the Nobility and People of England and Ireland, concerning the Present Wars.
52 Arnold Pritchard, op. cit., p. 18-27.
53 Ancien style.
54 Alan Dures, op. cit., p. 38. Voir, pour des extraits du texte, Arnold O. Meyer, op. cit., p. 456-457.
55 Voir à ce propos le débat entre John Bossy, qui considère qu’un nouveau catholicisme émergea après 1570 avec l’arrivée des séminaristes (op. cit., p. 12-15), et Christopher Haigh qui, au contraire, insiste sur l’idée de continuité (« The Continuity of Cathoiicism in the English Reformation », dans The English Reformation Revised, Ed. Christopher Haigh, Cambridge, Cambridge University Press, 1988 (1987), p. 176-208 et, plus récemment, English Reformations. Religion, Politics, and Society under the Tudors, Oxford, Clarendon Press, 1993, p. 285-295).
56 John Aveling, op. cit., p. 67.
57 « This Rookewoode is a Papyste of kynde newly crept out of his late Wardeshipp. Her Ma.ty, by some meanes I know not, was lodged at his house, Ewston, farre unmeet for Her highnes, but fitter for the blacke garde ; nevertheles (the Gentilman brought into her Ma.ty’s presence by like device) her excell.t Ma.ty gave to Rookewoode ordenary thanks for his badd house, and her fayre hand to kysse ; after w.ch it was brayved at : But my Lo. Chamberlayn [Thomas Radcliffe, Earl of Sussex], noblye and gravely understandinge that Rookewoode was excommunicated for Papistrie, cawled him before him [...] », lettre de Richard Topclyffe à George Talbot, comte de Shrewsburry, 30 août 1578, John Nichols, op. cit., p. 216.
58 Act to retain the Queen’s Majesty’s subjects in their due obedience, 23 Eliz. I, c. 1, article 4.
59 An Act for thè more speedy and due execution of certain branches of the Statute made in the twenty-third year of the Queen’s Majesty’s reign, intituled, An Act to retain the Queen’s Majesty’s subjects in their due obedience, 28 & 29 Eliz. I, c. 6, article 4.
60 Voir à ce propos, Patrick Collinson, The Elizabethan Puritan Movement, op. cit., p. 243-272.
61 Cité par Patrick Collinson, ibid., p. 285.
62 Ibid., p. 448-450.
63 Robert J. Acheson, op. cit., p. 16.
64 Cité par Jean Orcibal, Louis XIV et les protestants, Paris, Vrin, 1951, p. 156.
65 « C’est ici le pays des sectes. Un Anglais, comme un homme libre, va au Ciel par le chemin qui lui plaît », Voltaire, Lettres philosophiques (1734), Ed. Raymond Naves, Paris, Bordas (classiques Garnier), 1988, p. 23 (Cinquième lettre. Sur la Religion Anglicane).
Auteur
Maître de Conférences, Université d’Artois
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