Résumés
p. 301-310
Texte intégral
1 Fabio Barberini
2 “Os grandes encontros são sempre encontros de juventude”. Eugénio de Andrade traducteur de Federico García Lorca
3Dans l’activité poétique d’Eugénio de Andrade, la traduction (notamment des poètes) joue un rôle très important, de sorte qu’elle a mérité une section autonome dans la collection « canonique » des œuvres de l’Auteur. À Lorca, en particulier, le poète portugais a consacré un volume monographique qui est le résultat de trente ans de travail (de la première anthologie de traductions publiée à Coimbra en 1946 jusqu’à la dernière parue à Porto en 1976). Cette contribution essaie de montrer que le dialogue d’Eugénio de Andrade avec Lorca n’est pas seulement une infatuation de jeunesse. Les traductions lorquiennes ont en effet une valeur fondatrice non seulement pour le dialogue d’Eugénio de Andrade avec la tradition lyrique espagnole (et, lato sensu, ibérique), mais surtout pour sa réflexion sur sa propre poésie (parallèlement à l’aboutissement des traductions de Lorca). L’analyse de la traduction de deux poèmes lorquiens (« Encuentro » et « La balada del agua del mar ») servira de tremplin pour vérifier que la poésie de Lorca n’est pas seulement le point de repère de matériaux à emprunter dans l’imitation intertextuelle, mais qu’elle est surtout le point de rencontre des différentes expériences poétiques (espagnoles et portugaises) qu’Eugénio de Andrade met à profit dans sa propre poésie.
Mots-clés : de Andrade (Eugénio) – Poésie portugaise contemporaine – Lorca (Federico García) – Poésie espagnole – Traductions de Lorca au Portugal
4 Engin Beczi
5 Neutralité subjective. Traduire « Capitaine » d’Attilâ İlhan
6Cet article propose une étude de cas sur la traduction en français, par Engin Bezci, du poème intitulé « Capitaine » écrit au début des années 1950 par le poète turc Attilâ İlhan. Dans ce cas très particulier, d’un traducteur occasionnel mû par une motivation personnelle, l’opération traduisante se révèle comme une quête intime et compensatoire qui s’opère à plusieurs niveaux et en différents sens. Au-delà des considérations purement linguistiques ou traductologiques, cette étude est plutôt le fruit d’une remémoration réflexive et critique du processus de traduction, et ce, à partir des divers états du texte en travail et des notes destinées à « un journal de traduction ». Du choix du texte à traduire aux difficultés sur le plan sémantique et rythmique que pose la traduction poétique, l’auteur tente de réfléchir sur certaines questions cruciales de la traduction à travers son expérience.
Mots-clés : Traduction poétique, İlhan (Attilâ) – Capitaine – Kaptan – Poésie turque – Traduction comme recherche compensatoire
7 Corina Bozedean
8 La traduction comme « dialogue poétique » entre Gellu Naum et René Char
9Considéré comme l’une des figures les plus emblématiques du surréalisme roumain, Gellu Naum a été également un traducteur réputé des œuvres de plusieurs auteurs comme Diderot, Stendhal, Hugo, Dumas, Verne, Gracq, Prévert, Kafka, Beckett ou Char, sans que cette partie de ses préoccupations suscite l’intérêt des chercheurs. Pourtant, la traduction a occupé une place prépondérante dans sa vie et sa sensibilité, et sa rencontre avec une subjectivité poétique comme celle de rené Char a fait que son activité poétique en reste tributaire par endroits. Si, d’une part, Gellu Naum réinvestit le texte de Char de sa propre créativité, d’autre part, la traduction constitue une matière d’inspiration, en tant qu’elle nourrit son imaginaire créateur. Ainsi, le travail du poète-traducteur laisse lire à travers ses traductions et ses propres écrits une évidente familiarité avec l’œuvre de Char, dérivée non seulement d’une lecture et d’une interprétation attentives, mais aussi d’un même besoin de création et de compréhension du monde.
10Il apparaît que la traduction a représenté pour Naum un lieu d’élucidation et d’orientation vers une voie qui lui était propre, et le travail sur Char, cet appel inconscient d’une autre voix vouée à assurer la cohérence et la continuité de sa sensibilité poétique, réduite au silence pendant les années de la censure communiste.
Mots-clés : Traduction – Création – Dialogue poétique – Surréalisme
11 Roberto Deidier
12 (Ri) tradurre Keats : il prestito della lingua
13La poesia, per le sue caratteristiche precipue, è l’ambito in cui la lingua viene spinta all’estremo delle sue potenzialità ; ne deriva che il poeta è un continuo artigiano dell’espressione, poiché porta la lingua letteraria sempre oltre i suoi limiti. La lingua dei poeti è storicamente più avanzata rispetto a quella degli altri generi, nonostante la poesia, per la sua storia e per la sua notevole codificazione, possa sembrare al contrario l’ambito più conservativo. Con l’avvento della modernità la poesia conquista invece una libertà estrema di rimodulazione di lingua e sintassi, nonché di creazione di immagini e simboli ; per questo la traduzione en poète è anzitutto un prestito differito nel tempo, quando si applica ad autori del passato, che non avrebbe più senso tradurre in una lingua fittizia e simil-coeva. Un poeta del Duemila concede la sua lingua a un poeta del primo Ottocento ; forse è proprio questa diffrazione a mettere in rilievo come la figura di Keats, in questo caso, non sia pienamente riconducibile a certe linee portanti del romanticismo, che si mostra sempre più, a distanza di secoli, come una categoria generica e astratta. La traduzione come interpretazione : non solo delle singole immagini, ma del sistema complessivo al cui interno si sono formate.
Parole chiave : Poesia – romanticismo – Canone – ritmo – Immagine
14 Andrea D’Urso
15 « L’Amour et le Crâne » de Baudelaire :
16 quelques versions comparées et une traduction inédite
17Dans le sillage de Walter Benjamin, affirmant dans « La tâche du traducteur » que « la traduction est une forme » et qu’en tant que telle, elle se « transforme » au fur et à mesure de la « maturation posthume » de la langue de l’œuvre originale et des « douleurs d’enfantement » de la langue du traducteur, cette contribution propose une comparaison de plusieurs traductions italiennes du poème « L’Amour et le Crâne » de Baudelaire. Afin de susciter l’esprit critique du lecteur indépendamment du renom de tel ou tel traducteur, elle est présentée sous forme de « jeu » ne donnant les noms des différents auteurs des traductions qu’à la fin de l’article. Dans l’intention d’associer étude de cas et réflexion théorique, des analyses très détaillées des versions en prose ou en vers du corpus choisi feront état des difficultés communes aux trois niveaux de reproduction de la rime, du rythme et de la parole du poète. Afin de ne pas se borner à une critique théorique sur les traductions envisagées et de sortir de l’opposition stérile entre approche « scientifique » et approche « affective », l’ensemble se termine par une expérience personnelle de traduction de ce poème baudelairien sur un ton « empathique » tentant de restituer la rime, des vers brefs et la lettre de l’original.
Mots-clés : Baudelaire Charles – Traduction comparée – rime – rythme
18 Gökçe Ergenekon
19 L’enjeu traductologique du ryhtme dans « Capitaine » d’Attilâ Ílhan
20Cet article déploie une réflexion sur l’enjeu traductologique du rythme, illustrée par l’exemple d’un poème d’Atillâ İlhan, « Capitaine », traduit du turc en français par Engin Bezci. Dans la mesure où le rythme est une notion ambivalente qui participe à la fois de la singularité de chaque langue et d’un « universel poétique » (Henri Meschonnic), l’article propose d’examiner le parti-pris de la traduction dans la création d’un nouvel équilibre rythmique. Ce nouvel équilibre se situe alors à mi-chemin entre fidélité à la langue de départ et musicalité de la langue d’arrivée. À travers trois points qui étudient tour à tour le rythme lancinant de la mémoire, la métropole métronome et le parallèle entre rupture rythmique et rupture amoureuse, l’article cherche à analyser le rythme comme élément a priori intraduisible mais néanmoins constitutif de tout poème. Aussi, en écartant l’illusion de l’équivalence, le propos s’attache à faire de l’analogie la solution à l’impasse traductologique que constitue le rythme.
Mots-clés : İlhan (Attilâ) – rythme – Traduction – rupture – Analogie – Turc – restitution
21 Pauline Galli
22 Traduction et conversation : le modèle du dialogue à l’épreuve de Mallarmé
23Il semble facile d’assimiler la traduction à un dialogue : dialogue d’un auteur avec un autre, lien de deux subjectivités, échange fructueux dans l’intimité d’une écriture. Les traducteurs eux-mêmes emploient volontiers cette métaphore pour évoquer leur travail. Néanmoins, c’est une notion voisine que nous voudrions interroger : celle de « conversation », telle qu’elle a été théorisée par Mallarmé dans ses Notes sur le langage. Il s’agira donc tout d’abord d’exposer ce modèle tel que l’a pensé Mallarmé, pour ensuite l’appliquer au prétendu « échange » ayant lieu entre le traducteur et le poète qu’il traduit. Le dialogue entre le poète et son traducteur se révèle en effet bien plus complexe qu’il n’y paraît, traversé par d’autres voix, mais également travaillé par l’implicite et l’incompréhension mutuelle.
24Paradoxalement, la traduction, qui tente de résoudre le fameux « défaut des langues », utilise un schéma de fonctionnement – celui du dialogue – qui, précisément, ne fait qu’entretenir le défaut de communication. Nous examinerons ce paradoxe en œuvre chez un poète-traducteur, Paul Claudel, qui utilise lui-même l’image de la conversation pour évoquer son expérience de traduction des psaumes bibliques. La traduction, fondée sur le dialogue et la conversation, pourrait donc être le lieu privilégié où se laisse observer le fonctionnement paradoxal du langage, entre échange et incompréhension.
Mots-clés : Traduction – Conversation – Dialogue – Mallarmé Stéphane – Claudel Paul
25Patrick Hersant
26 Le traducteur, poète en abyme
27Faut-il vraiment, pour traduire la poésie, être soi-même poète ? Cette injonction étant aussi ancienne que rarement argumentée, on cherchera ici à la resituer dans son contexte critique et historique. Compilant les positions de divers poètes et traducteurs, je montrerai d’abord que cette fausse évidence s’est imposée de l’Antiquité à nos jours. J’examinerai ensuite l’une de mes propres traductions (de Seamus Heaney) pour comprendre ce qui est censé distinguer un traducteur poète d’un non-poète. À la lumière d’un second ensemble de citations, je renverserai enfin l’argument : travaillant sur l’œuvre d’un autre, le poète traducteur ne risque-t-il pas de lui imposer sa propre poétique ?
28 Mots-clés : Traduction poétique – Heaney (Seamus) – Intraduisible – Inspiration
29 Irena Kristeva
30 La traduction « mimétique » : Pascal Quignard traducteur de Lycophron de Chalcis
31Pascal Quignard relève le défi de traduire Alexandra de Lycophron, une œuvre réputée depuis l’Antiquité incompréhensible, et par conséquent intraduisible, pour en proposer une version qui mime les mots du poème tragique au lieu de les traduire. S’agit-il d’une imitation, d’une copie, d’une reproduction de l’original ? Ou plutôt d’une tentative d’imaginer sa traduction ?
32En cherchant les réponses à ces questions, l’article situe cette expérience de traduction insolite par rapport à l’esthétique de la réception avant d’en dégager les enjeux traductionnels. Il essaie de montrer que la tâche de la traduction « mimétique » consiste à révéler la « chose » de l’original non en raison de l’exactitude de la copie, mais à travers les évocations suscitées par la « chose » elle-même. Somme toute, la traduction « mimétique » défait et refait le mot à mot du texte-source afin de reproduire ses effets dans la langue-cible.
33 Mots-clés : Alexandra de Lycophron – Lycophron – Quignard (Pascal) – Théorie de la réception – Traduction « mimétique »
34 Francesco Laurenti
35 The Rime of the Ancient Mariner nelle traduzioni di Beppe Fenoglio e Mario Luzi
36Dopo una breve contestualizzazione della poesia di Coleridge e delle traduzioni della Rime of the Ancient Mariner di Luzi (1949) e Fenoglio (1955) nella tradizione letteraria italiana, attraverso richiami alla produzione in proprio, si analizzano gli influssi che l’incontro col poeta inglese produsse nella scrittura in proprio di Luzi e Fenoglio. Nei romanzi di Fenoglio, il testo coleridgeano si imprimerà veicolato dalla peculiare commistione linguistica tra italiano e inglese ; nel caso di Luzi invece, seppure influenti sul piano linguistico, le soluzioni generate dall’esercizio sul testo straniero costituiranno piuttosto una risorsa dal punto di vista simbolico. Quest’analisi pone in stretto rapporto la traduzione con la produzione in proprio dei due scrittori italiani, evidenziando come questi intendano tale esercizio, anche come una risorsa utilissima all’ispirazione e alla risoluzione di personali difficoltà di tipo tecnico-stilistiche.
Parole chiave : Traduzione – Fenoglio (Beppe) – Luzi (Mario) – Coleridge – Mariner
37 Marie Litsardaki
38 « Dans les coffres du texte » : les réflexions traductologiques d’Yves Bonnefoy à la lumière de sa philosophie poétique
39Les réflexions traductologiques, développées par Yves Bonnefoy dans des textes qui accompagnent ses traductions ou qui sont publiés séparément, dévoilent l’importance et la valeur que le poète-philosophe accorde à la traduction poétique : comme une activité proprement poétique qui vient répondre au besoin des lecteurs de partager la vérité exprimée par le créateur et de la sentir dans leur propre langue. Il y voit également l’occasion pour le traducteur de reconstruire, au moyen du langage, un moment d’authenticité et d’immédiateté de l’existence humaine que les grands poètes du moins nous transmettent par leurs œuvres poétiques. Inévitablement, la philosophie poétique de Bonnefoy, avec les notions-clés de « présence », de « plénitude », de « finitude », intervient à ce niveau et colore son activité et ses réflexions de traducteur, qui ne peuvent désormais être saisies qu’à travers sa conception du rôle que la poésie et le langage devraient jouer dans le rapport de l’homme au monde et la prise de conscience de son existence. En d’autres termes, il s’agit d’une dimension métaphysique et ontologique que Bonnefoy ajoute à l’acte traductif.
Mots-clés : Traduction poétique – Poétique – Philosophie du langage – Bonnefoy traducteur – Traductologie
40 Emanuela Nanni
41 Magrelli traduit De Chirico. Concordances dans les circuits du visible
42Les traductions des poèmes français de Giorgio De Chirico faites par Valerio Magrelli constituent le lieu d’une rencontre poétique entre la sensibilité d’un poète-traducteur fasciné par l’œil et un artiste qui désire entrer dans l’énigme solaire pour y bâtir un temple où des statues mutilées parlent des langues mystérieuses. Les vers chiriquiens s’affirment ainsi incontestablement comme l’écho de la production figurative du peintre. Le choix prépondérant de son traducteur, Valerio Magrelli, est celui d’en devenir le double poétique presque littéral. Toutefois, une comparaison systématique des deux tissus poétiques révèle que par moments, le traducteur a pris des décisions traductives courageuses, entre explicitations, archaïsmes et amplifications inattendues. Ces « figures de traductions » interviennent notamment lorsque Magrelli, tout en suivant l’expression du peintre, ne peut pas s’empêcher de laisser surgir son propre « poieîn ». C’est ainsi que l’on voit se dégager les points forts d’un dialogue entre deux auteurs et entre deux circuits du visible.
Mots clé : Fidélité – Circuit visuel – Figures de traduction – De Chirico (Giorgio) – Magrelli (Valerio)
43 Simona Pollicino
44 La fonction rythmique de la répétition lexicale : Bonnefoy traducteur de Pascoli
45Dans le cadre du texte poétique, le procédé stylistique de la répétition lexicale semble essentiel pour des finalités d’expression et de signification. Le cas des poèmes de Giovanni Pascoli nous montre que les répétitions, les reprises et les renvois disséminés partout dans le texte constituent une sorte de régime unique qui permet au lecteur – en l’occurrence au traducteur – d’entrevoir la cohérence de fond de son œuvre, à savoir son rythme singulier, tant au niveau sémantique qu’au niveau formel. Loin de calquer le poème italien dans son système complexe d’occurrences, en particulier lexicales, la traduction française d’Yves Bonnefoy semblerait de prime abord s’éloigner de l’original. Toutefois, notre étude se propose de montrer comment le traducteur français réussit en tout cas à assurer l’effet rythmique, non seulement par le moyen de solutions compensatoires, mais aussi grâce à une nouvelle combinaison de tous ces éléments qui concourent à la construction d’ensemble du poème.
Mots-clés : Bonnefoy (Yves) – Pascoli (Giovanni) – rythme – Poème – Répétition
46 Christine Raguet
47 Le traducteur-acteur
48Traduire en poète soulève le problème de la « création ». Comment accepter qu’un « simple » traducteur puisse traduire en poète, alors que la traduction d’un poète par un autre poète, dont la nature poétique ne peut être mise en doute, sera reçue comme œuvre poétique de poète ? Quel poète d’ailleurs ? Celui de l’original ou celui de la traduction ? Ce doute naît d’une idée reçue : celle de la fixité du poème, à laquelle s’ajoutent les interrogations sur la reconnaissance des capacités poétiques du traducteur. Or, si l’on conçoit qu’une œuvre ne peut être un objet absolu, figé, que chaque lecture renouvelle, on peut admettre que toute intervention sur le texte prendra une dimension créatrice. Semblable à celle du dynamisme qu’insuffle un acteur à un texte lors du passage en bouche. Alors, son jeu donne une part active à la (re)création par le biais de la mise en œuvre de nombreux organes sensoriels qui, eux-mêmes, agiront sur les récepteurs. Ainsi le poème devient-il une œuvre vivante, ouverte à autant de performances que chaque acteur-créateur, au fil du temps et des inspirations, pourra proposer. Chacune révélant quelques facettes de l’original et suscitant des émotions renouvelées lors de chaque représentation.
Mots-clés : Création – Acteur – Iconisme – Dynamisme – Sensoriel
49 Violaine Ribardière
50 Berceuses, rondes et comptines... Traduire le rythme des poèmes du recueil pour enfants de Cecília Meireles, Ou isto o aquilo
51À partir de quelques poèmes choisis parce qu’ils illustrent la poétique musicale du recueil Ou isto ou aquilo de Cecília Meireles, il s’agira de présenter quelques exemples de traduction vers le français d’un ouvrage considéré depuis sa parution en 1964 comme un classique de la littérature brésilienne pour enfants. Traduire le rythme au sens où l’entend Henri Meschonnic implique d’être attentif à la prosodie, aux rythmiques tant syntaxique que métrique et accentuelle qui sont celles de la langue portugaise, mais aussi des genres de la littérature enfantine et du discours de la poétesse dans ses poèmes pour enfants. Comptines, chansons, berceuses, rondes rendent plus que jamais cruciale la nécessité de traduire le rythme comme élément sémantique essentiel. réputés pour leurs jeux sur les sons et le sens indissolublement liés, les poèmes de Ou isto ou aquilo imposent, quand on entend les traduire, d’aller au-delà des dichotomies traditionnelles entre sens et forme, traduisible et intraduisible, et d’être à l’écoute du continu, le traducteur devant alors accepter et revendiquer le nécessaire travail d’écriture et, conjointement, de pensée de l’écrire et du traduire, à l’œuvre dans son travail de traduction. Il doit en outre le faire dans un rapport d’écoute positif et créateur avec l’altérité de l’original, point de départ et ultime recours de la traduction.
Mots clés : Meireles (Cecília) – Enfants (littérature pour) – Traduction – Continu – Musicalité
52 Andrew Rubens
53 Translating Benjamin Fondane : Modernity and its linguistic discontents
54This paper emphasises the correspondences between the activities of modernist poetry on the one hand and translation on the other, each overtly working at the limits of language(s). In a case study of the poet Benjamin Fondane (1898-1944), the metaphysical anxieties manifested in his major oeuvre Le Mal des Fantômes are brought to bear on the task of recreating the world in language, a task whose impossibility and endlessness is made evident in the work of the translator. I argue for the benefits of considering the translated poem as a poem about a poem, a paraphrase which interprets the source poem as its subject just as the source interprets a subject from reality, making explicit the source and translation’s complementary and always-unfinished attempts to reach behind language and towards a reality or meaning which is ultimately impossible to define in all its plenitude. Questions of rhythm and the interrelation of the different elements constituting the poem are brought to the fore to demonstrate the way in which modernist poetry and its translations stretch to breaking point Steiner’s assertion that ‘a poem concentrates... those energies of covertness and of invention which are the crux of human speech’ (After Babel, 1977).
Keywords : Fondane (Benjamin) – Language – Modernity – Existential disaster
55 Ornella Tajani
56 Rythme et rimes dans la poésie en vers d’Arthur Rimbaud : deux cas d’étude
57Cet article propose une analyse de traduction comparée de deux poèmes d’Arthur rimbaud : « Sensation » et « Vénus Anadyomène », datés de 1870. Les traductions italiennes considérées seront celles d’Ivos Margoni (Feltrinelli, 1964), de Gian Piero Bona (Einaudi, 1973) et la mienne, qui paraîtra en 2017 aux éditions Marsilio. En m’appuyant sur les études sur le rythme d’Henri Meschonnic, ainsi que sur ses propositions pour une poétique de la traduction, j’essaie de circonscrire des exemples d’application pratique de ses théories. Les objets d’étude abordés seront notamment : la conservation du rythme lorsqu’il devient impossible de respecter la métrique du texte de départ ; l’opportunité de garder ou non les rimes, la ponctuation, la division en vers et l’ordre des mots du texte français ; l’élimination occasionnelle de mots fonctionnels dans le texte d’arrivée ; les choix lexicaux en regard du respect des intentions de l’auteur.
Mots-clés : rimbaud (Arthur) – Meschonnic (Henri) – Traduction comparée – rythme – rime
58 Mathilde Vischer
59 Traduction poétique et mémoire implicite : traduire Donata Berrra
60Partant de l’observation que la traduction de la poésie consiste toujours en une métamorphose de la poésie, cet article explore les motivations personnelles et profondes, conscientes ou non, qui sont à l’œuvre dans les choix de traduction. Dans une première partie, le processus de traduction est abordé à partir de quatre points essentiels dont l’auteure relève l’importance dans son propre parcours de traductrice, et qui sont les lectures, les rythmes, les expériences et la « poéthique ». Si les œuvres lues constituent indéniablement la toile de fond du travail du traducteur, il est généralement difficile de comprendre comment se fait l’interaction, car elle se produit souvent dans la mémoire implicite. Quant aux rythmes, ils constituent le corps du poème, et celui-ci est nécessairement métamorphosé dans la traduction, puisque inscrit dans un espace et un temps nouveaux. Dans la deuxième partie, ces notions permettent à l’auteure d’observer ses propres traductions tirées du recueil A memoria di mare de Donata Berra, auteure italienne contemporaine vivant en Suisse. Après une présentation des spécificités des deux textes, Mallarmé s’impose comme la référence pertinente de la traduction, d’abord invoquée instinctivement puis confirmée. Le rythme et les sonorités, le passage du concret à l’abstrait (symbolique ou métaphorique), la syntaxe et les choix lexicaux sont examinés sous cet angle. La question des multiples strates de la mémoire est par ailleurs au cœur du second poème, dans la métaphore de la mer, révélatrice de la dimension éthique de la poésie et de son pouvoir de résistance.
Mots-clés : Traduction – Poésie – Langue italienne – Berra (Donata)
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Pour une interdisciplinarité réciproque
Recherches actuelles en traductologie
Marie-Alice Belle et Alvaro Echeverri (dir.)
2017
Le double en traduction ou l’(impossible ?) entre-deux. Volume 1
Michaël Mariaule et Corinne Wecksteen (dir.)
2011
Le double en traduction ou l’(impossible ?) entre-deux. Volume 2
Michaël Mariaule et Corinne Wecksteen (dir.)
2012
La traduction dans les cultures plurilingues
Francis Mus, Karen Vandemeulebroucke, Lieven D’Hulst et al. (dir.)
2011
La tierce main
Le discours rapporté dans les traductions françaises de Fielding au XVIIIe siècle
Kristiina Taivalkoski-Shilov
2006
Sociologie de la traduction
La science-fiction américaine dans l’espace culturel français des années 1950
Jean-Marc Gouanvic
1999