La traduction « mimétique » : Pascal Quignard traducteur de Lycophron de Chalcis
p. 91-101
Résumé
Pascal Quignard relève le défi de traduire Alexandra de Lycophron, une œuvre réputée depuis l’Antiquité incompréhensible, et par conséquent intraduisible, pour en proposer une version qui mime les mots du poème tragique au lieu de les traduire. S’agit-il d’une imitation, d’une copie, d’une reproduction de l’original ? Ou plutôt d’une tentative d’imaginer sa traduction ?
En cherchant les réponses à ces questions, l’article situe cette expérience de traduction insolite par rapport à l’esthétique de la réception avant d’en dégager les enjeux traductionnels. Il essaie de montrer que la tâche de la traduction « mimétique » consiste à révéler la « chose » de l’original non en raison de l’exactitude de la copie, mais à travers les évocations suscitées par la « chose » elle-même. Somme toute, la traduction « mimétique » défait et refait le mot à mot du texte-source afin de reproduire ses effets dans la langue-cible.
Entrées d’index
Mots-clés : Alexandra de Lycophron, Lycophron, Quignard (Pascal), Théorie de la réception, Traduction « mimétique »
Extrait
On vit dans l’œuvre qu’on traduit comme Persée dans son loup.
Quignard (2010 : 149) Aux nymphes il [Persée] déroba les quatre objets magiques contre le rayon visuel de la mort. Le premier objet magique était la kunéè (le bonnet en peau de loup du dieu des morts qui rend invisible…)
Quignard (1996 : 109-110)
1Ces propos de Pascal Quignard mettent en valeur la dimension éthique de sa conception de la traduction : le traducteur devrait aspirer à atteindre l’invisibilité de Persée coiffé de la kunéè. Or, le messager divin Hermès, qui accompagnait d’ailleurs ce héros dans la recherche de la Gorgone, avait revêtu lui aussi, pendant la Titanomachie, le bonnet qui rendait invisible. Cet épisode du mythe d’Hermès me permet d’articuler ma réflexion sur la version quignardienne d’Alexandra de Lycophron par rapport à une approche herméneutique, à savoir la théorie de la réception.
2Avant d’aborder le vif du sujet, je voudrais poser la question suivante : pourquoi un écrivain éprouve-t-il le b
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