Présentation
p. 11-12
Texte intégral
1Cet ouvrage rassemble les communications présentées et discutées au cours de la journée du 2 avril 1998 qui fut consacrée par l’université d’Artois et son centre de recherches (équipe « Des Anciens Pays-Bas à l’Eurorégion »), à la commémoration du 4ème centenaire de l’Edit de Nantes.
2L’Edit de Nantes ne fut pas la seule « paix de religion » cherchant à mettre fin aux affrontements confessionnels qui déchirèrent au XVIe siècle la Chrétienté occidentale. La paix de Cappel, dès 1531, dans la Confédération helvétique, la paix d’Augsbourg, dans l’Empire en 1555, s’efforcèrent de trouver des réponses à la crise religieuse. En France, sept édits royaux tentèrent vainement de mettre fin à la guerre civile qui ravagea le royaume entre 1562 et 1598. C’est Henri IV, souverain « aussi savant dans le calvinisme que le catholicisme » qui, avec sagesse et avec la ferme volonté de sauvegarder les intérêts supérieurs de l’Etat, parvint en 1598 à promouvoir un règlement durable qui devait rétablir la paix dans le royaume et établir une coexistence entre des sujets qui furent invités à « vivre paisiblement ensemble comme frères, amis et concitoyens ». Tout n’était pas aussi simple cependant. L’Edit signé par le « bon roi » Henri ne faisait que reprendre en les consolidant de nombreuses dispositions déjà contenues dans les édits précédents et il allait, assez vite, faire l’objet d’interprétations contradictoires. Edit de tolérance ou simple compromis ? Une lecture attentive du texte révèle, en effet, l’existence d’un certain nombre d’ambiguïtés et de contradictions qui devaient donner naissance, pour longtemps, à une grande diversité d’analyses. Dans l’immédiat, ces ambiguïtés et ces contradictions allaient permettre à des autorités réticentes d’appliquer à l’économie les clauses de l’Edit. Une lecture restrictive de ces clauses devait peu à peu réduire les droits d’une société protestante qui eut de plus en plus de difficultés pour s’intégrer dans une société française qui restait majoritairement catholique. Mme Solange Deyon, M. le recteur Joutard, M. Benoit et moi-même nous interrogeons donc sur la genèse de l’Edit, sa signification et son devenir.
3Par ailleurs, l’Edit de Nantes suggère à certains une autre réflexion : il aurait fait apparaître à la fin du XVIe siècle, une « exception française » en matière de coexistence religieuse. Or, si le protestantisme fut assez rapidement combattu dans l’Espagne moderne pour ne devenir qu’une affaire « d’étrangers », la question de la coexistence confessionnelle allait faire l’objet de réflexion et de tentatives de conciliation plus ou moins abouties dans d’autres pays européens comme le montrent à la suite les professeurs A. Lottin et B. Vogler, Ch. Giry-Deloison et A. Morgado-Garcia. On vit, par exemple, se mettre en place dans l’Angleterre d’Elizabeth Ière une « bigarrure religieuse » qu'on aurait pu rapprocher de l’expérience polonaise de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe.
4Alors, possible, impossible tolérance ou, plus prosaïquement, équilibre confessionnel construit sur le principe du « cujus regio, ejus religio » tel qu’il fut défini dans l’Empire étudié par le professeur B. Vogler ? Le débat est ouvert.
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L’Edit de Nantes (1598), la France et l’Europe
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