La définition des géants chez Giraud de Barri et quelques autres auteurs du Moyen Âge latin
p. 47-58
Remerciements
Je remercie chaleureusement M. l’abbé É. Jeauneau et MM. F. Dolbeau et P. Flobert pour leur relecture attentive et leurs ajouts nombreux. Merci à Myriam White d’avoir patiemment intégré ces derniers.
Texte intégral
1La formule « Nous sommes comme des nains juchés sur les épaules de géants » est célèbre de nos jours : elle figurait en exergue du programme du colloque Lire les Pères au Moyen Âge, qui s’est tenu les 27 et 28 mai 2005 à l’Institut catholique de Paris1, le dernier livre de Pierre Riché et Jacques Verger, paru chez Tallendier en mars 2006, s’intitule Des nains sur des épaules de géants. Maîtres et élèves au Moyen Âge et un article de Tullio Gregory paru en 2003 s’intitulait : « Nani sulle spalle dei giganti. Traduzioni e ritorno degli Antichi nel medioevo latino »2.
2Cette formule a connu une fortune considérable au fil des siècles3 et a fait couler beaucoup d’encre, non seulement à notre époque où plusieurs articles et même un livre lui ont été consacrés, mais déjà au Moyen Âge comme l’a montré Édouard Jeauneau dans un article très complet4. Le père de cette formule est Bernard de Chartres qui mourut sans doute aux alentours de 1126, après avoir été écolâtre puis chancelier. Ses écrits sont perdus, à l’exception d’un commentaire au Timée de Platon qui lui est attribué5, mais la formule de Bernard de Chartres se retrouve dans des gloses à Priscien écrites par son disciple Guillaume de Conches6. Toutefois, ce dernier la reprend sans citer son auteur, contrairement à son propre disciple Jean de Salisbury, évêque de Chartres de 1176 à 1180, qui mentionne explicitement le nom de Bernard de Chartres au livre trois de son Metalogicon, écrit vers 11597 :
Bernard de Chartres disait que nous sommes comme des nains juchés sur les épaules de géants, de telle sorte que nous puissions voir plus de choses et de plus éloignées que n’en voyaient ces derniers. Et cela, non point parce que notre vue serait puissante ou notre taille avantageuse, mais parce que nous sommes portés et exhaussés par la haute stature des géants8.
Cette formule fut reprise par de très nombreux auteurs médiévaux, y compris dans les milieux de l’exégèse rabbinique. Ainsi par exemple, elle fut utilisée par Isaïe de Trani au XIIIe siècle pour répondre à ses détracteurs qui lui demandaient comment discuter l’opinion des Anciens puisqu’ils sont plus savants que les modernes9.
3Si cette formule a été maintes fois reprise et commentée, c’est parce qu’elle est certes frappante, mais aussi ambiguë. En effet, en qualifiant ses contemporains de « nains » et les Anciens de « géants », Bernard de Chartres semble vouloir dire que les auteurs antiques ont une envergure intellectuelle bien plus grande que lui-même et ses contemporains et qu’ils sont les modèles indépassables dont les auteurs médiévaux doivent s’inspirer. Mais en même temps, par la position supérieure des nains par rapport aux géants, Bernard de Chartres semble donner la prééminence aux médiévaux. Pour reprendre les mots d’Édouard Jeauneau : « Sorti de son contexte, (...), le mot de Bernard de Chartres peut illustrer et justifier les thèses les plus opposées. On peut y voir une mise en valeur du modernisme (...) : les modernes voient plus loin que les anciens. On peut y découvrir, au contraire, la marque d’un culte excessif pour l’antiquité : quoi qu’ils fassent, les modernes sont et restent des nains ; les géants, ce sont les anciens »10.
4Ce n’est pas le lieu ici de m’étendre à mon tour sur cette formule subtile. Si je l’ai rappelée, c’est parce qu’elle prouve que les auteurs médiolatins pouvaient utiliser le mot géant au sens figuré que nous employons encore couramment11. Le sens non figuré, celui d’être humain d’une taille anormalement grande, était également bien connu au Moyen Âge. Ainsi le Liber monstrorum, œuvre anonyme qui date probablement du VIIIe siècle, énumère cinquante-six monstres au nombre desquels figurent au cinquante-quatrième rang les Géants :
Quant aux Géants assurément, leur stature si démesurée les grandissait tellement que l’on raconte qu’il leur était possible de traverser toutes les mers à pied. Pour preuve de leur grandeur considérable, on a souvent découvert, lit-on, leurs ossements sur des rivages et dans des refuges terrestres12.
5Le sens du mot géant en Genèse 6, 4 que nous a expliqué Jean-Marc Vercruysse13, était également bien connu et commenté. Ainsi, au VIIIe siècle, Bède le Vénérable commenta son emploi dans son Commentaire sur le début de la Genèse14. On notera toutefois que Bède, après avoir noté l’emploi négatif du terme géant en Genèse 6, 4 souligne que parfois ce mot est connoté positivement, comme au verset 6 du Psaume 18 : « il s’élança comme un géant pour faire sa route en courant »15. On retrouve ce sens positif sous la plume de Bernard de Clairvaux parlant de saint Malachie : « il exultait comme un géant qui fonce dans toutes les directions »16.
6Quant au sens mythologique antique17, les auteurs médiévaux le connaissaient forcément par la copie des manuscrits de Lucrèce, Cicéron, Virgile, Horace, Hygin, Ovide ou encore Claudien, pour ne citer que les principaux auteurs latins antiques ayant parlé de géants.
7Bref, les médiévaux connaissaient les quatre sens principaux que nous donnons aujourd’hui au mot géant. Pourtant, la lecture de la Description de l’Irlande de Giraud de Barri montre qu’il existait aussi une autre définition de ce terme.
8Giraud de Barri, également appelé Giraud le Cambrien, naquit vers 1145 dans le Sud-Ouest du Pays de Galles, dans le comté de Pembroke. Son père appartenait à la noblesse normande et sa mère, d’ascendance galloise, avait pour frères les FitzGerald qui conquirent l’Irlande dès 1169. Après avoir étudié à Paris, notamment auprès de Pierre le Mangeur (Petrus Comestor), puis enseigné dans cette même ville, Giraud se rendit deux fois en Irlande, la première en 1183 auprès de son oncle Robert FitzStephen, la seconde fois en 1185, comme conseiller de Jean, le fils du roi d’Angleterre Henri II. De retour dans sa patrie en 1186, Giraud rédigea deux ouvrages sur l’Irlande, la Topographia Hibernica, achevée en 1188 et l’Expugnatio Hibernica en 118918.
9La troisième partie de la Description de l’Irlande est consacrée aux Irlandais et Giraud commence par exposer quels furent les premiers habitants de l’île. Il raconte qu’une première vague d’envahisseurs menée par Cessair, petite-fille de Noé, fut engloutie par le Déluge. Trois cents ans plus tard, une seconde vague conduite par Partholon arriva en Irlande et y prospéra jusqu’à ce qu’elle livrât bataille contre des « géants ». Partholon et les siens furent victorieux, mais succombèrent à une épidémie soudaine, « causée peut-être par les émanations pestilentielles des cadavres des géants qui avaient été tués ». Suite à cette hécatombe, « le pays demeura assez longtemps privé d’habitants » jusqu’à ce que le Scythe Nemed abordât avec ses quatre fils aux « rivages déserts » de l’Irlande. Malgré l’affirmation du caractère désertique de l’île à cette époque, Giraud ajoute que Nemed dut livrer quatre batailles victorieuses contre les « pirates qui ravageaient l’Irlande en ce temps-là », puis que ses descendants durent combattre fréquemment des « géants qui étaient en ce temps-là très nombreux dans l’île »19. Ces derniers firent de grands massacres et finirent par contraindre à l’exil les survivants. Par la suite, l’Irlande demeura « inhabitée » pendant deux cents ans et Giraud souligne une nouvelle fois que les envahisseurs suivants, les fils de Dela, trouvèrent le pays « inhabité ». Quels sont donc ces géants « très nombreux » qui semblent sortis de nulle part et qui, alors que l’Irlande est explicitement dite inhabitée, font périr ses envahisseurs successifs ?
10Pour tenter de répondre à cette question, il faut se reporter à la source de Giraud. Celui-ci écrit en effet au début du premier chapitre de la troisième partie qu’il suit « les récits irlandais les plus anciens »20 et à la fin de son « Introduction à la lecture publique », il précise :
Pour les deux premières parties, je n’ai trouvé absolument aucun renseignement dans les écrits irlandais, je n’ai pas eu recours à la moindre aide extérieure, si ce n’est le zèle même de mon enquête. Pour la troisième seule, sur les habitants de l’île et l’origine des peuples, j’ai tiré des informations de leurs chroniques. Cependant ce qu’ils avaient amoncelé dans le plus grand désordre et la plus grande confusion – avec bon nombre de notations superfétatoires et superficielles – et transcrit dans un style rude et grossier, je l’ai, avec la plus grande peine, comme on trie et recueille des pierres précieuses dans le sable de la mer, entièrement ordonné, je l’ai abrégé et clarifié autant que j’ai pu, et j’en ai embelli le style dans le présent ouvrage21.
En fait, Giraud s’est inspiré de la compilation pseudo-historique intitulée Lebor Gabála Érenn, Livre de conquête de l’Irlande. Il s’agit d’un texte protéiforme qui ne compte pas moins de quatre rédactions différentes et qui recueille des traditions orales plus anciennes. Écrite en irlandais moyen, cette compilation fait alterner des passages en prose avec des poèmes plus anciens22. L’édition en cinq volumes de R.A.S. Macalister est difficile à utiliser parce que, pour un passage donné, elle fait alterner les recensions : les comptes rendus ont souligné ses insuffisances23. La plupart des manuscrits subsistants sont du XIVe ou XVe siècle et n’ont donc pas pu être consultés par Giraud. Seul un manuscrit, le Livre de Leinster, Dublin, Trinity College, MS H. 2. 18, fol. 1-26, date du milieu du XIIe siècle et aurait donc pu être utilisé par Giraud.
11Toutefois, il est fort douteux qu’il s’agisse d’un travail de première main. En effet, Stefan Zimmer24 vient de montrer que Giraud, en dépit de ses prétentions, avait une connaissance très superficielle du gallois, qu’il considérait comme une langue barbare. C’était un érudit normand écrivant en latin et pensant en français. Dans ces conditions et vu la description peu flatteuse que Giraud donne des Irlandais, il est peu probable qu’il ait eu une connaissance suffisante de l’irlandais pour pouvoir lire par lui-même le Livre de Leinster. Il est plus vraisemblable que Giraud a retranscrit des récits oraux, à moins qu’il n’ait eu recours à un traducteur irlandais.
12Quoi qu’il en soit, voici la traduction française de ce que l’on peut lire dans le Livre de conquête de l’Irlande pour Partholon : « La troisième année, première bataille livrée en Irlande, que Partholon remporta à Slemne de Mag Itha contre Cichol à la jambe torse des Fomóires : ce sont des hommes avec un seul bras et une seule jambe qui livrèrent bataille contre lui »25. Plus loin, on lit que Partholon mourut avec cinq mille hommes et quatre mille femmes suite à une épidémie qui dura une semaine. Pour Nemed, on apprend que celui-ci livra bataille aux deux rois des Fomóires et qu’il les tua. Plus loin, on lit encore qu’il gagna trois batailles contre les Fomóires, c’est-à-dire les pirates. Après sa mort, ses descendants furent soumis à un tribut très lourd et livrèrent une bataille acharnée aux Fomóires. Finalement, ils furent presque tous tués et les rescapés durent s’exiler.
13Comme on le voit, Giraud a conservé l’essentiel de la légende, même s’il a rationalisé un peu le récit en invoquant la putréfaction des cadavres des géants comme cause de l’épidémie. Le récit irlandais également tente de rationaliser la légende en prêtant aux Fomóires des rois et en les assimilant à des pirates, référence anachronique probable aux Vikings qui ravagèrent longtemps les côtes irlandaises. On constate toutefois que le texte irlandais ne dit pas que les Fomóires avaient une grande taille. Il insiste sur leur monstruosité et spécifie qu’ils n’avaient qu’un bras et qu’une jambe. Le Lebor Gabála Érenn et Giraud insistent en outre sur les défrichements auxquels procédèrent Partholon, Nemed et leurs descendants. Ce faisant, ceux-ci agressèrent le sol d’Irlande et Giraud souligne l’arrachage des arbres et le labour des champs : sous Partholon quatre forêts furent défrichées, « les arbres furent arrachés avec les racines », et sous Nemed, « de nombreux bois et de vastes forêts furent aplanis et transformés en champs »26.
14Dans ces conditions, les Fomóires apparaissent comme des émanations personnifiées de la terre qui se venge contre ses agresseurs. Les Fomóires sont inachevés, ils n’ont qu’un seul bras et une seule jambe, car ce sont des êtres en pleine génération spontanée. Le Lebor Gabála leur confère des attributs humains, mais ce ne sont pas des êtres humains, c’est pourquoi ils ne comptent pas au nombre des habitants de l’Irlande. Bernard Sergent27 les a comparés aux démons grecs qu’on appelle les Telkhines. Selon Marie-Louise Sjoestedt, leur nom est composé de la préposition « fo », qui signifie « sous » et de la racine que l’on retrouve dans le nom de la Mahr germanique, démon qui oppresse la poitrine des dormeurs et qui est présent dans l’allemand « Nachtmahr », l’anglais « nightmare » et le français « cauchemar ». On retrouve également cette racine dans le nom de la Morrigain irlandaise, la reine des Mahr. Les Fomóires sont donc des « démons inférieurs ou sous-jacents », des « puissances autochtones éternellement refoulées en marge du monde aménagé par les races civilisatrices (...) »28.
15Selon le Lebor Gabála, les Fomóires ne sont nullement des géants, au sens usuel du terme, mais un peuple d’êtres difformes issus de la terre d’Irlande. Pourquoi Giraud les qualifie-t-il donc de « géants » ? Probablement parce qu’ils correspondent à la définition des géants d’Isidore de Séville et d’Hugutio de Pise entre autres. Au livre XI de ses Étymologies, dans le chapitre trois intitulé De portentis, c’est-à-dire Des monstres, Isidore classe les géants parmi les monstres29. Selon lui, comme dans chaque peuple il y a des hommes monstrueux, dans le genre humain également, il y a des peuples monstrueux tels que les Géants, les Cynocéphales, les Cyclopes, etc. Isidore donne ensuite plusieurs éléments de définition : les Géants tirent leur nom d’une étymologie grecque, selon laquelle ils sont nés de la Terre (γηγενεῖς, id est terrigenas), parce que selon la légende, leur mère, la Terre, les aurait enfantés à sa ressemblance à partir de sa masse immense. En effet en grec γῆ signifie la terre et γενος l’enfantement. Toutefois, il ne faut pas confondre avec l’expression populaire « fils de la terre » qui désigne ceux dont la naissance est incertaine. Enfin, Isidore s’oppose catégoriquement à ceux qui pensent que des Géants, c’est-à-dire des hommes extraordinairement grands et forts, sont nés des amours des anges prévaricateurs avec les filles des premiers hommes avant le Déluge et qu’ils ont rempli la terre. Selon Isidore, ceux qui sont de cet avis se trompent (falso opinantur) et ils ne connaissent rien dans les Écritures saintes30.
16Il est étonnant de voir Isidore prendre parti contre la plupart des Pères de l’Église, mais c’est parce que leur interprétation n’a aucun fondement étymologique. Or, selon Isidore, seule la connaissance de l’étymologie d’un mot permet de saisir le sens profond, l’essence de ce mot31. Suivant l’étymologie grecque indiquée, Isidore ne fait pas de la grande taille le trait caractéristique des Géants. Au contraire, il insiste sur le fait qu’ils sont nés de la Terre. Il aboutit de ce fait à une définition beaucoup plus large que la définition mythologique habituelle des Géants. En effet, stricto sensu, la mythologie antique faisait la différence entre les nombreux enfants de la Terre qui comprenaient outre les Géants, les Titans et les Titanides, les Cyclopes, les Hécatonchires, Typhon, Antée32... Au sens précis du terme, les Géants sont nés de la Terre lorsque celle-ci fut fécondée par le sang d’Ouranos mutilé par Cronos et leur nombre est bien délimité33. Toutefois, dès l’Antiquité, certains auteurs ne faisaient pas toujours une distinction aussi nette entre les divers enfants de la Terre.
17Les Étymologies d’Isidore connurent un grand succès au Moyen Âge, parce qu’elles furent pendant longtemps la seule encyclopédie disponible. L’étymologie isidorienne du nom des géants fut donc largement répandue. On la retrouve par exemple sous forme abrégée dans des gloses à Boèce de Guillaume de Conches. Celui-ci interprète en effet le nom gigantes comme ge-gantes, c’est-à-dire « engendrés de la terre »34. L’étymologie d’Isidore fut également reprise par Hugutio de Pise († 1210) dans ses Derivationes, où le mot géant est discuté dans l’article fleuve « Gè », terre35. Il n’y est fait aucune mention de leur grande taille. Hugutio publia son ouvrage vers 1160-1170. Il n’est donc pas exclu que Giraud ait connu les Derivationes, qui eurent une diffusion importante, puisqu’on en compte aujourd’hui encore plus de deux cents manuscrits. Les sources principales d’Hugutio sont Isidore et Osbern de Gloucester, qui composa un glossaire également appelé Derivationes36. On aurait pu croire que Giraud tirait sa définition de cet ouvrage anglais antérieur, mais le glossaire d’Osbern n’a pas de rubrique « géant ». La définition donnée à la fois par Isidore et Hugutio s’est maintenue jusqu’à la fin du Moyen Âge, puisqu’on la retrouve dans le Dictionnaire latin-français de Firmin Le Ver (1370/75-1444)37 terminé le 30 avril 1440.
18En conclusion, il me semble que, malgré l’absence du terme dans certains glossaires, on peut dire que, globalement, l’étymologie médiévale faisait dériver le mot géant du nom grec de la Terre, Gè, et définissait les Géants comme des êtres nés de la Terre. Cette étymologie n’est plus retenue aujourd’hui par les dictionnaires étymologiques : selon A. Ernout et A. Meillet le mot latin gigas, emprunté au grec, est « d’origine inconnue »38 et selon Pierre Chantraine le terme grec « pourrait être un vocable de substrat »39, c’est-à-dire d’origine pré-indo-européenne.
19La consultation du CD-Rom Library of Latin Texts indique huit cent dix-sept occurrences du mot géant sous toutes ses formes dans les textes latins antiques et médiévaux. Je ne prétends donc nullement avoir présenté un tableau exhaustif des définitions des géants pendant le Moyen Âge latin.
20Cette définition médiévale au sens large des géants se retrouve dans la généalogie parodique que Rabelais présente au début du Pantagruel, puisqu’on y trouve entre autres les Titanes, le Cyclope Polyphème, « Briare qui avoit cent mains », Antée et même le géant biblique Goliath. Cette généalogie, en grande partie empruntée à l’Officina de Ravisius Textor40, ne correspond pas à la définition plus restrictive des Géants dans la mythologie classique, même si Rabelais n’ignore pas celle-ci, comme il le montre en s’amusant au début du Pantagruel. Ainsi, au lieu de naître de la Terre fécondée par le sang d’Ouranos conformément à la légende antique, les Géants chez Rabelais naissent de la terre fécondée par le sang d’Abel et leur naissance n’est pas directe : elle doit se faire par la médiation des « grosses Mesles » qui firent croître la taille du corps de certains hommes et certaines femmes « de celluy temps »41.
Notes de bas de page
1 On trouvera le programme à l’adresse Internet suivante : http://www.icp.fr/icp/pdf/pgm_peres_eglise.pdf. Il est illustré par la reproduction partielle de la lancette qui se trouve à l’extrême droite sous la rose sud de la cathédrale de Chartres. Ce vitrail représente l’évangéliste Marc sur les épaules du prophète Daniel : cf. Y. Delaporte et É. Houvet, Les vitraux de la cathédrale de Chartres. Histoire et description, Chartres, 1926, p. 432 et vol. 3 des planches : planches VIII en couleurs et CIC-CC en noir et blanc. Le rapprochement entre la formule et le vitrail est certes séduisant, mais récusé par R. Klibansky, « Answer to Query n° 53 — “Standing on the shoulders of giants” », Isis 26, 1936, p. 147-149. Il est en effet difficile de voir en l’évangéliste Marc un nain, même au sens figuré. Ce vitrail, parmi d’autres, illustre plutôt la continuité de l’Ancien et du Nouveau Testament et la supériorité de ce dernier.
2 Paru dans un numéro spécial, dédié à C. Leonardi, de Studi medievali, 3e série, 44.3, décembre 2003, p. 1053-1075.
3 Ainsi, dans une lettre du 5 février 1675 / 1676, Newton écrivait à Robert Hooke : « If I have seen farther, it is by standing on the shoulders of giants » : cf. George Sarton, « Query n° 53 — “Standing on the shoulders of giants” », Isis 24, 1935, p. 107-109.
4 « Nani gigantum humeris insidentes. Essai d’interprétation de Bernard de Chartres », Vivarium 5, 1967, p. 79-99, repris dans É. Jeauneau, “Lectio philosophorum”. Recherches sur l’École de Chartres, Amsterdam, 1973, p. 53-73. Une première version de cet article avait été présentée lors du colloque de Cerisy-la-Salle, 21-30 juillet 1965. Elle a paru sous le titre « Nains et géants » dans les Entretiens sur la Renaissance du 12e siècle, éd. M. de Gandillac et É. Jeauneau, Paris et La Haye, 1968 (Décades du centre culturel international de Cerisy-la-Salle, n. s. 9), p. 21-38, discussion p. 39-52 et a été traduite en italien par Francesco Lazzari sous le titre Nani sulle spalle di giganti, Naples, 1969.
Outre les articles déjà cités de G. Sarton et R. Klibansky, on peut, à la suite d’É. Jeauneau, en ajouter deux autres au titre explicite : R. E. Ockenden, « Answer to Query n° 53 — “Standing on the shoulders of giants” », Isis 25, 1936, p. 451-452, et J. de Ghellinck, « Nani et gigantes », Archivum Latinitatis Medii Aevi, Bulletin Du Cange 18, 1945, p. 25-29. Citons enfin le livre de Robert K. Merton, On the Shoulders of Giants. A Shandean Postscript, New York, 1965.
5 Cf. P. E. Dutton, The Glosae super Platonem of Bernard of Chartres, Toronto, 1991 (Studies and Texts 107). On notera toutefois que l’attribution des Glosae à Bernard de Chartres a été contestée par S. Ebbesen dans Speculum 71, 1996, p. 123-125.
6 Cf. É. Jeauneau, « Deux rédactions des gloses de Guillaume de Conches sur Priscien », Recherches de théologie ancienne et médiévale 27, 1960, p. 212-247, repris dans É. Jeauneau, “Lectio philosophorum”, p. 335-370 : p. 357-359. Première rédaction, probablement antérieure à 1123, dans le manuscrit Florence, Bibliothèque Laurentienne, San Marco 310, XIIIe siècle, fol. 1vb-2ra : « (...) Vnde sumus quasi nanus aliquis humeris gigantis superpositus. Ille quidem aspicit longius gigante, non ex quantitate propria, sed ex quantitate suppositi. Similiter et nos plura uidemus antiquis, quia scripta nostra parua et magnis eorum operibus superaddita, sed non ex ingenio et labore nostro, immo illorum (...) ». Deuxième rédaction, dans le manuscrit Paris, B.N.F., latin 15130, début XIIIe siècle, fol. 2ra : « (...) Sumus enim nani super humeros gigantum, ex alterius qualitate multum, ex nostra parum perspicientes. »
7 Traduction française d’É. Jeauneau, L’âge d’or des écoles de Chartres, Chartres, Éditions Houvet, 2e éd. revue et corrigée, 2000, p. 36.
8 Jean de Salisbury, Metalogicon III, 4, éd. J. B. Hall avec K. S. B. Keats-Rohan, C.C.C.M. 98, Turnhout, 1991, p. 116 : « Dicebat Bernardus Carnotensis nos esse quasi nanos gigantum umeris insidentes, ut possimus plura eis et remotiora uidere, non utique proprii uisus acumine aut eminentia corporis, sed quia in altum subuehimur et extollimur magnitudine gigantea. »
9 Cf. J.-C. Attias, « Des nains voyant plus et plus loin que les géants ? Liberté exégétique et argument d’autorité à la fin du Moyen Âge », Pardès 12, 1990, p. 26-43.
10 « Nani gigantum humeris insidentes » dans “Lectio philosophorum”, p. 54.
11 Cf. le Trésor de la langue française. Dictionnaire de la langue du XIXe et du XXe siècle (1789-1960), t. 9, Paris, CNRS, 1981, p. 145, article Géant : « B - 1. Être humain d’une taille anormalement grande. Au figuré : Personne remarquable qui domine ses semblables par des qualités exceptionnelles. »
12 Ce texte a été édité, traduit et annoté en dernier lieu par A. Orchard, Pride and Prodigies. Studies in the Monsters of the Beowulf-Manuscript, Cambridge, D.S. Brewer, 1995, p. 254-320 (Appendices IIIa, IIIb et IIIc) : p. 286, I. 54 : « Gigantes enim ipsos tam enormis alebat magnitudo ut eis omnia maria pedum gressibus transmeabilia fuisse perhibeatur. Quorum ossa in litoribus et in terrarum latebris, ad indicium uastae quantitatis eorum, saepe conperta leguntur. » Ce passage n’a pas de source connue selon A. Orchard, p. 319 (on peut toutefois rapprocher Augustin, La cité de Dieu XV, ix, éd. B. Dombart, A. Kalb, G. Bardy et G. Combès, Œuvres de saint Augustin 36, Paris, Desclée de Brouwer, 1960, p. 70-72). Pour le détail des manuscrits et des éditions précédentes, cf. A. Orchard, op. cit., p. 86, note 1.
13 Cf. sa contribution dans le présent volume.
14 Cf. Bède, Libri quatuor in principium Genesis, éd. Ch. W. Jones, C.C.S.L. 118A, Turnhout, 1967, II, vi, 4, p. 100-101 : « Gigantes autem erant super terram in diebus illis. Gigantes dicit homines immensis corporibus editos ac potestate nimia praeditos, quales etiam post diluuium, id est temporibus Moysi uel Dauid multos fuisse legimus, qui nomen habent Grece ex eo quod illos iuxta fabulas poetarum terra genuerit. Videntur autem tunc fuisse progeniti, cum posteri Seth de stirpe Cain uxores sibi gratia pulchritudinis contra ius suae dignitatis elegerant ; nam sequitur : Postquam enim ingressi sunt filii Dei ad filias hominum, illaeque genuerunt. Isti sunt potentes a seculo uiri famosi. Notandum autem quod hoc in loco pro “gigantibus”, in Hebreo “cadentes”, id est “annasilim” leguntur ; facilisque atque absolutus est sensus, quia cadentes erant in terram homines in diebus illis, id est terrenis concupiscentiis adherentes, amisso statu Deo deuotae rectitudinis. Gigantes autem illorum lingua proprie “Raphaim” nominantur. Ponitur uero et “gigans” aliquando in bono, ut est istud de Domino, Exultauit ut gigas ad currendam uiam (Ps. 18, 6), sed hoc pro potentia singulari qua ceterum genus humanum iure transcendit, dispositumque incarnationis sacramentum mirabili uirtute peregit, sicut etiam “leo” aliquando Dominum, aliquando diabolum designat. »
15 Cf. Biblia sacra iuxta vulgatam versionem, éd. R. Weber, Stuttgart, 1975, p. 790, Ps 18, 6 : « exultauit ut gigans ad currendam uiam suam. » Il s’agit du Psautier traduit selon la Septante. La traduction iuxta Hebraeos donne « ut fortis » au lieu de « ut gigans ».
16 Cf. Bernard de Clairvaux, Vie de saint Malachie III, 6, éd. et trad. par P.-Y. Emery, « Sources chrétiennes » n° 367, Paris, Cerf, 1990, p. 198-199 : « Exultabat ut gigas ad discurrendum ubique. »
17 Cf. Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, P.U.F., 1951,81986, p. 164-165, et J.-C. Belfiore, Dictionnaire de mythologie grecque et romaine, Paris, Larousse, 2003, p. 284-286 : « Parfois confondus avec les Titans (...), les Géants sont nés, selon Hésiode, de Gaia (la Terre) et du sang d’Ouranos (le Ciel) (...) lorsque ce dernier est émasculé par son fils Cronos... »
18 Cf. l’introduction de J.-M. Boivin, L’Irlande au Moyen Âge : Giraud de Barri et la Topographia Hibernica (1188), Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge 18, Paris - Genève, Champion - Slatkine, 1993.
19 Traductions de J.-M. Boivin, op. cit., p. 239-240. Cf. Giraldi Cambrensis Topographia Hibernica, éd. James F. Dimock, Giraldi Cambrensis opera, vol. V. Rerum britannicarum medii aevi scriptores or Chronicles and memorials of Great Britain and Ireland during the Middle Ages, Londres, 1867, p. 141 : « Tandem uero in bello magno quod cum gigantibus gessit... », p. 142 : « ... ex aeris forte corruptione de interemptorum gigantum cadaueribus exorta... », p. 143-144 : « Bellis namque frequentibus, quae cum gigantibus gesserant, quibus tunc temporis abundabat insula... ». D’une façon générale, les géants sont nombreux dans les pays celtiques, Irlande, Pays de Galles et Bretagne : cf. Bernard Merdrignac, « Saints et géants dans l’hagiographie armoricaine du Haut Moyen Âge » dans Bretagne, Pays de Loire - Touraine - Poitou à l’époque mérovingienne. Actes des VIe journées nationales de l’Association Française d’Archéologie Mérovingienne (Rennes, juin 1984), éd. Xavier Barral i Altet, Paris, Errance, [1987], p. 21-32, et Pierre Flobert, La Vie ancienne de saint Samson de Dol, Sources d’histoire médiévale publiées par l’I.R.H.T., Paris, C.N.R.S. Éditions, 1997, p. 65, note 90.
20 Éd. J. F. Dimock, p. 139 : « Iuxta antiquissimas igitur Hibernensium historias... ».
21 Trad. cit., p. 158.
22 Pour une présentation plus détaillée de ce texte, cf. J. Carey, A New Introduction to Lebor Gabála Érenn, Dublin, Irish Texts Society, Dublin, 1993 et notre article « D’Orose au Lebor Gabála Érenn : les gloses du manuscrit Reg. lat. 1650 », Études celtiques 31, 1995, p. 205-208.
23 R. A. S. Macalister, Lebor Gabála Érenn, The Book of the Taking of Ireland, 5 vol., Irish Texts Society 34, 35, 39, 41 et 44, Dublin, 1938, 1939, 1940, 1941 et 1956. Comptes rendus de P. Walsh dans Irish Historical Studies 2, 1940-1941, p. 88-91 et 330-333 (réponse de Macalister, p. 208-210) et D. Binchy dans Celtica 2, 1952, p. 195- 209.
24 « A medieval Linguist : Gerald de Barri », Études celtiques 35, 2003, p. 313-350 : p. 347-348.
25 Lebor Gabála Érenn, éd. R. A. S. Macalister, t. 2, p. 270 : « Isin tres bliadain íarsain, cet chath Hérenn ro briss Partholon i Slemnaib Maige Ítha for Cichol nGricenchol d’Fhomórchaib : 7 fir con óen-lámáib 7 con óen-chossaib ro fersat friss in cath. » Traduction, p. 271 : « In the third year thereafter, the first battle of Ireland, which Partholon won in Slemna of Mag Itha against Cichol Clapperleg of the Fomoraig. Men with single arms and single legs they were, who joined the battle with him ».
26 Trad. cit., p. 238-239.
27 « Les Fomóire et les Telkhines » dans Le livre des dieux. Celtes et Grecs, II, Paris, Payot, 2004, p. 541-574. Cette étude, qui constitue le chapitre V de la deuxième partie du livre, avait déjà été publiée comme article sous le titre « Celto-Hellenica VIII : les Fomóire et les Telkhines » dans Ollodagos. Actes de la Société Belge d’Études celtiques 7.2, 1995, p. 135-194. Les Fomóires sont « des démons à forme humaine » selon C.-J. Guyonvarc’h, Textes mythologiques irlandais I, Rennes, 1980, Celticum 11/1, p. 6, qui traduit des extraits de la troisième rédaction du Lebor Gabála.
28 M.-L. Sjoestedt, Dieux et héros des Celtes, Rennes, rééd. Terre de Brume, 1993, p. 22-24.
29 C’est également ce que fait C. Lecouteux dans son livre, Les monstres dans la pensée médiévale européenne, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, Paris, 1993 (Cultures et civilisations médiévales X), qui consacre un chapitre aux géants, p. 66-70 et les pages 96-97 aux Fomóires.
30 Isidore, Etymologiae XI, iii. 12-14, éd. W. Lindsay, Oxford, 1913, t. 2 : « Sicut autem in singulis gentibus quaedam monstra sunt hominum, ita in universo genere humano quaedam monstra sunt gentium, ut Gigantes, Cynocephali, Cyclopes, et cetera. Gigantes dictos iuxta Graeci sermonis etymologiam, qui eos γηγενεῖς existimant, id est terrigenas, eo quod eos fabulose parens terra inmensa mole et similes sibi genuerit. Γῆ enim terra appellatur : γένος genus ; licet et terrae filios vulgus vocat : quorum genus incertum est. Falso autem opinantur quidam inperiti de Scripturis sanctis praevaricatores angelos cum filiabus hominum ante diluvium concubuisse, et exinde natos Gigantes, id est nimium grandes et fortes uiros, de quibus terra conpleta est ».
Isidore s’inspire partiellement de Jérôme, In Esaiam VI, xiv, 7 / 11, éd. M. Adriaen, C.C.S.L. 73, Turnhout, 1963, p. 239 : « Gigantes, pro quo alii Raphaim, alii Titanas transtulerunt. Gigantes autem uocantur iuxta ethnicorum consuetudinem, qui eos terrigenas aestimant, quos terra genuerit. Nos autem gigantes, iuxta Graeci sermonis etymologiam, eos appellare possumus, qui terrenis operibus seruierunt. » Jérôme et Isidore sont les deux principaux auteurs qui développèrent l’étymologie du nom des géants selon Robert Maltby, A Lexicon of Ancient Latin Etymologies, ARCA 25, Leeds, 1991, p. 259.
31 Cf. Etymologiae I, xix. 2 : « Nam dum uideris unde ortum est nomen, citius uim eius intellegis ».
32 Cf. le tableau généalogique des nombreux enfants de la Terre (Gaia) chez P. Grimal, op. cit., p. 162.
33 Cf. le catalogue complet des Géants à la fin de l’article « Giganten » dans Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, Supplementband III, Munich, 1918, réimp. 1974, col. 655-759 : col. 737-759 et les listes plus succinctes dans les articles « Giganten » dans Ausführliches Lexikon der Griechischen und Römischen Mythologie, éd. W. H. Roscher, Leipzig, 1884-1890, vol. 1, col. 1639-1673 et « Gigantes » dans Lexicon iconographicum mythologiae classicae, vol. IV. 1, Zurich et Munich, 1988, p. 191-270.
34 Cf. les gloses du manuscrit Troyes 1381, fol. 68v : « Gigantes dicuntur quasi gegantes, id est geniti a terra – ge enim est terra – et hec sunt corpora humana que ex terra genita sunt quia plus terre habent quam aliorum elementorum », et fol. 71v : « Vnde nascuntur gigantes id est cura temporalium. Ge enim est terra », citées par É. Jeauneau, « L’usage de la notion d’integumentum à travers les gloses de Guillaume de Conches », Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge 24, 1957, p. 35-100, repris dans “Lectio philosophorum”, p. 127-192 : p. 133, notes 3 et 4. Pour la première glose, Lodi Nauta préfère la leçon « geogantes » dans son édition des Glosae super Boetium, III, prosa 12, C.C.C.M. 158, Turnhout, 1999, p. 196, l. 67, mais ce choix paraît contestable. La seconde glose citée correspond dans l’édition Nauta à metrum 12, p. 212, l. 291- 293. À partir de l’étymologie d’Isidore, Guillaume de Conches propose deux lectures allégoriques différentes des géants.
35 Uguccione da Pisa, Derivationes II, éd. E. Cecchini et alii, Florence, 2004, p. 514- 519 : « G 39. [1] Ge grece, latine dicitur terra (...). [50] Gigno vel genitus componitur cum ge, et dicitur hic et hec gigas -ntis. Et dicuntur gigantes quasi gegantes, id est de terra geniti ; vel gigantes quasi gegines, id est terrigene, quia filii terre dicuntur fuisse : ge terra, gines genus esse dicitur ; unde giganteus -a -um ; [51] et componitur cum machia, quod est pugna, et dicitur hec gigantomachia, quod est pugna gigantium aduersus deos ».
36 Cf. Osberno, Derivazioni, dir. F. Bertini et V. Ussani jr, 2 t., Spolète, 1996.
37 Firmini Verris Dictionarius, éd. B. Merrilees et W. Edwards, C.C.C.M. Series in-4° I, Lexica Latina medii aeui 1, Turnhout, 1994, p. 195b, l. 58-60 : « Gigas, gigantis — gayant homo maxime stature et componitur a ge, quod est terra et genitus, quasi de terra genitus ». Pour la date du dictionnaire, cf. p. 543b, l. 39-41.
38 A. Ernout et A. Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine. Histoire des mots, Paris, 1932,41959, p. 275.
39 P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots, Paris, 1968, réimp. 1999, p. 221. On trouvera chez F. Vian, La guerre des Géants. Le mythe avant l’époque hellénistique, Paris, 1952, p. 283-284, une liste de toutes les étymologies sans fondement proposées par les Anciens et les Modernes.
40 Cf. A. Lefranc, « La généalogie de Pantagruel », Revue des études rabelaisiennes 5, 1907, p. 193-194.
41 Rabelais, Pantagruel, chapitre 1, « De l’origine et antiquité du grand Pantagruel », éd. M. Huchon avec la collaboration de F. Moreau, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1994, p. 217-222.
Auteur
Université de Picardie Jules Verne Centre d’études sur le Moyen Âge et la Renaissance
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