La bibliothèque de Claude Mauriac : de la collection à la création dans Le Temps immobile et La Marquise sortit à cinq heures
p. 447-460
Texte intégral
1Chez les Mauriac père et fils, la bibliothèque, comme l’écriture, est une affaire de famille : elle est en effet d’abord le lieu où est rassemblée leur œuvre respective, comme l’écrit Claude Mauriac à propos des dix tomes du Temps immobile, composés de 1953 à 19871 :
Le Temps immobile, qu’en trente ans maintenant j’aurai donc mené de la petite déflagration créatrice du 23 mai 1953, à ce qu’il est aujourd’hui de réalisé, d’imprimé, de lisible, de disséminé un peu partout dans les librairies, les bibliothèques et qui n’est pas rien.
Et il ajoute : « S’il ne reste rien de ce dont il est né : la vie des François Mauriac, ma vie »2. Claude Mauriac souligne ainsi un des paradoxes de la bibliothèque, ce tout né à partir de rien et qui rassemble, en un lieu unique, les traces éparses d’un passé révolu.
2Or la bibliothèque n’est pas seulement la destination, mais aussi l’origine de l’œuvre de Claude Mauriac, et notamment du Temps immobile et de son roman La Marquise sortit à cinq heures. Le jeu intertextuel caractérise en effet ces deux œuvres qui ont été composées suivant les mêmes principes : Claude Mauriac a édifié Le Temps immobile en recopiant et en montant, à la manière d’un cinéaste, les cahiers de son journal intime, tenu de 1927 à 1987 ; il alterne les plongées dans le passé et la chronique de sa vie au moment de l’énonciation ; de plus, il mêle à son journal d’hier et d’aujourd’hui des citations empruntées aux livres de sa propre bibliothèque et de celle de son père, François, lus à divers moments de leur vie. De ces fragments épars de vies et de lectures naît ainsi une œuvre unique que Claude Mauriac qualifie de « roman »3 au même titre que les textes de fiction composés parallèlement. Parmi ces œuvres de fiction, le troisième roman du Dialogue intérieur, La Marquise sortit à cinq heures, obéit aux mêmes règles de montage : l’usage de la citation est légitimé par la création d’un personnage, Claude Desprez, libraire, archiviste et marchand d’autographes qui collectionne des livres sur la Révolution française et des autographes, comme l’a fait Claude Mauriac depuis l’enfance4. Il ne s’agira pas d’analyser ce jeu des citations dans Le Temps immobile et dans La Marquise sortit à cinq heures5 mais de considérer la bibliothèque dans sa matérialité, comme un meuble, un bateau, un écrin, une pièce, un édifice magiques permettant, dans un premier temps, au lecteur et au collectionneur Claude Mauriac de voyager dans le temps individuel, familial et historique, et dans un deuxième temps, au romancier Claude Mauriac de découvrir un trésor secret.
La bibliothèque, bateau et écrin
3Concrètement, les nombreuses bibliothèques qui sont mentionnées dans Le Temps immobile sont des meubles où sont rangés les livres de François Mauriac, de son fils Claude et d’autres membres de la famille : elles sont ancrées dans les demeures familiales et chargées du poids du passé, comme celle de Vémars qui entraîne Claude Mauriac dans un voyage temporel :
J’ai l’impression d’être un mort au pays des morts dans ce jardin sinistre, dans cette maison où seules les odeurs retrouvées (lorsque j’ouvre la bibliothèque du petit salon, par exemple) me ravissent – (m’emportent dans ce long, lointain passé ressuscité).6
Désancrée plus tard de son lieu d’origine, la même bibliothèque, « cette ravissante bibliothèque romantico-gothique »7 est comparée à une épave échouée à Paris comme les autres meubles rescapés des partages familiaux après la mort de François Mauriac.
4La bibliothèque est pour Claude Mauriac un chronotope au sens où le définit Bakhtine, c’est-à-dire une « fusion des indices spatiaux et temporels en un tout intelligible et concret », une « condensation du temps qui devient visible » et une « entrée de l’espace dans le mouvement du temps, du sujet, de l’Histoire »8. Grâce à une autre armoire-bibliothèque, évoquée dans le dixième tome du Le Temps immobile, Claude Mauriac peut voyager dans sa propre histoire, depuis son enfance avec son cousin Bertrand (mort prématurément en 1928) jusqu’à son présent en 1987 avec son dernier fils Gilles devenu adulte :
Et à Goupillières, toujours, je regardais avec émotion dans la petite chambre de Gilles (où il ne vient plus désormais) cette armoire pour moi sans prix, celle qui était à Vémars, dans la chambre de Bertrand, et où nous avions rangé les dix ou quinze livres de notre « Bibliothèque ». Je m’étonnais de sa taille relativement modeste, alors qu’elle était si haute dans mon souvenir.9
Dans sa matérialité même, la bibliothèque est un repère spatial et temporel à partir duquel peut être mesuré le temps d’une vie. Elle permet à Claude Mauriac d’embrasser sa propre histoire personnelle du début à la fin parce que, contrairement à certaines de ses connaissances qui ont perdu leur bibliothèque, il a gardé sa vie durant « tous [ses] livres ici à portée de sa main » :
Livres lus sur une durée de trente ans et plus (parfois même beaucoup plus comme ce Besenval qui fait partie de ces Mémoires relatifs à la Révolution française recueillis par MM. Berville et Barrière vers 1820, dont mon père me donna les nombreux volumes aux reliures usées dans le tout début des années 30 […]. Livres lus, relus et qui contiennent tous des feuillets annotés par moi et renvoyant aux passages clefs des œuvres, notamment aux questions qui n’ont cessé de me préoccuper (le temps, par exemple).10
5La bibliothèque est sans doute un des moyens les plus simples pour définir la permanence de son identité dans le temps, son ipséité, pour reprendre le concept élaboré par Ricoeur. La plongée dans la bibliothèque personnelle est d’ailleurs jalonnée de points de repères divers qui en redoublent la signification temporelle : les Mauriac, père et fils, y laissent des traces11, comme la photographie du jeune François Mauriac en 194012, ou, bien plus tard, en 1965, le dessin d’anniversaire offert par sa fille à Claude13. Toutes ces traces – images, photographies, dessins mais aussi livres annotés – jalonnent le voyage immobile que Claude Mauriac accomplit dans l’épaisseur de sa propre vie.
6La bibliothèque de Vémars déjà évoquée plus haut est aussi ce bateau qui remonte le courant de l’histoire familiale, à la recherche d’un trésor inaccessible :
Si propre et si nette, avec invisible, odorante et flottante l’impalpable poussière de siècles, la bibliothèque entrouverte… Il y avait, à Vémars, d’autres bibliothèques, mais seule celle des plus beaux livres, écrin de bois clair, me prenait à son bord (accoudé sur son bord) et voguait, vogue à jamais sur la mer du temps.14
La double isotopie du bateau et de l’écrin mythifie le statut de la bibliothèque à la fois simple enveloppe renfermant des trésors cachés, les livres, et trésor elle-même capable de voyager dans le temps.
7La bibliothèque ne permet pas seulement à Claude Mauriac de remonter dans sa propre histoire personnelle et familiale ; elle est surtout le bateau-écrin de son expédition dans la Révolution française pendant son adolescence, et dont son œuvre future de romancier garde la trace :
La Révolution, pourtant, n’était pas dans cette bibliothèque [l’écrin en bois clair], mais dans deux des quatre autres, dont celle non vitrée, aux étagères hautes, où le Larousse du XIXe siècle inépuisablement me livrait ses richesses. La Révolution où je vivais, que je vivais et dont le sang, les horreurs, la Terreur m’étaient tolérables sinon même m’exaltaient, qui en occultent aujourd’hui pour moi la grandeur à laquelle mon adolescence était seule sensible.15
Mais en même temps que Claude Mauriac évoque ces voyages temporels dans et par la bibliothèque, il constate avec lucidité à quel point ces images sont des lieux communs : « impalpable poussière des siècles », « mer du temps », « me livrait ses richesses », « tenter de faire du neuf avec des lieux communs ».16
8En fait, la double isotopie du bateau et de l’écrin occulte et banalise la nature même du projet de Claude Mauriac ; il ne s’agit pas tant d’un voyage dans les temps du passé grâce à la bibliothèque que d’une mise en relation par la bibliothèque de ces différents temps : la bibliothèque n’est pas un simple outil mais un véritable agent. La présence dans la bibliothèque de La Révolution française de Michelet, en 1979 comme en 1930, fournit sans doute la clé du phénomène : en relisant en 1979 cet ouvrage majeur, Claude Mauriac revient à la fois à sa lecture d’adolescent et à l’époque de la Révolution française, avec « l’impression », écrit-il en 1979,
de me retrouver dans ce Paris révolutionnaire où j’avais moi-même vécu, il y a si longtemps : non point deux cents années, bientôt, mais celles qui me séparent de mes seize ans, cinquante ans déjà, ou presque. Ce qui me permet de mesurer à quel point cette Révolution si lointaine pour nous est relativement proche.17
Si à tous les moments de sa vie, et notamment en 1930 et en 1979, Claude Mauriac peut se replonger dans cette époque, le temps ne coule plus pour le lecteur qu’il est toujours ; ces deux dates s’équivalent dans l’épaisseur d’un présent qui est celui de la lecture :
Interrompant ma lecture de Michelet, hier, je m’aperçois que j’ai vécu ce que j’ai lu. Rien de plus banal ni de plus familier. Rien de plus étrange, pourtant, et de plus exaltant. Au moment où je lis, je suis avec Danton, face à Billaud et à Robespierre. Et je puis écrire, dans le même double temps immobile, celui du présent de ma vie, celui du présent de mon voyage dans le temps : « La Révolution… je crois y vivre », le 21 octobre 1979 comme le 9 novembre 1930.18
La bibliothèque où Claude Mauriac collectionne les ouvrages sur la Révolution française tout au long de sa vie lui fournit ainsi magiquement la possibilité de revenir à tous les instants antérieurs de sa vie de lecteur, de les embrasser simultanément sans les inscrire dans un déroulement chronologique réducteur. Claude Mauriac cite d’ailleurs dans Le Temps immobile l’ouvrage d’Armand Hoog, Le Temps du lecteur, où l’auteur montre que le temps du lecteur est « Kairos » et non « Kronos »19, puisque les livres lus s’éclairent les uns les autres pour le lecteur, indépendamment de leur ancrage dans une époque particulière. Claude Mauriac ajoute « Ce qu’Armand Hoog appelle le temps du lecteur, c’est ce que j’appelle moi, le temps immobile, ou c’en est un des aspects. »20.
9Cependant, même si Claude Mauriac revit chaque fois, par la lecture, les événements de la Révolution française, et peut ainsi rapprocher ces divers moments de lecture à divers moments de sa vie en court-circuitant Kronos, ces événements historiques restent pourtant irrémédiablement coupés de sa vie parce qu’il ne les a pas vécus : en d’autres termes, la bibliothèque ne résout pas pour autant l’aporie majeure du temps (où le temps vécu, le temps de l’âme selon saint Augustin et le temps cosmique sont séparés et ne peuvent se rejoindre21). En effet, la bibliothèque, en même temps qu’elle s’ouvre sur des lectures, se referme sur des livres : Claude Mauriac circonscrit la Révolution française spatialement et temporellement, elle appartient à son passé d’adolescent et occupe un espace défini dans les rayons de la bibliothèque familiale, comme si lui était assigné un lieu coupé du présent vivant.
10La bibliothèque du lecteur Claude Mauriac est donc un lieu (étagères, meuble, pièce, immeuble) qui est du temps, un temps personnel, familial, et historique, en ce qu’elle le ramène à une époque antérieure dans sa propre vie et dans sa famille.
La bibliothèque, matrice de la création romanesque
11Mais la bibliothèque des Mauriac père et fils n’est pas seulement un espace-temps de la lecture ; elle est véritablement un lieu de création romanesque, comme celle de Camp-long évoquée dans le journal du 31 août 1967, « cette bibliothèque où j’ai écrit, il y a neuf ans, une partie du Dîner en ville, où je me souviens d’avoir travaillé à la Marquise, où j’ai composé, cette année, plusieurs scènes du Cirque ». Claude Mauriac y découvre
que les bords du temps se cicatrisent lorsque l’on retrouve, après une longue absence, les mêmes lieux. Impression que j’ai eue confusément ici, en ce mois d’août qui a rejoint ceux d’autrefois et s’est confondu avec eux (mon père, penché sur les mêmes livres policiers, au même endroit ; ou, à la fin de ses vacances, écrivant sur ses genoux, dehors, son premier Bloc-notes, avant que je le tape à la lisière japonaise et onduleuse des pins).22
L’isotopie de la lisière, des bords, de la cicatrice exprime l’obsession de Claude Mauriac ; il s’agit de rechercher dans cet espace-temps de lectures et de création familiales qu’est la bibliothèque le point de suture entre le présent et le passé : quand le présent cesse-t-il d’être présent pour basculer dans le passé ? Ou pour reprendre les concepts élaborés par Husserl, à quel moment s’opère le glissement entre rétention (ou souvenir vif) qui fait encore partie du présent vif et ressouvenir (ou souvenir secondaire) exclu du présent vif23 ? Comment le souvenir secondaire qui appartient au passé révolu peut-il faire entendre la « rumeur des distances traversées »24 en remontant dans le présent ?
12C’est la bibliothèque qui lui permet de retrouver simultanément tous les moments où il a composé ses romans et même tous les moments où son père écrivait en ce lieu même. À partir de ce lieu et de cette conscience uniques s’effectue un déplacement dans le temps en arrière et en avant25, comme si la conscience se coupait du fil chronologique qui l’enchaîne au temps calendaire pour trouver une nouvelle perspective : celle de la simultanéité. La bibliothèque où tous les livres sont présents en même temps fournit ainsi une matrice à la composition des dix volumes du Temps immobile qui procède par juxtaposition de citations de livres, d’extraits de journaux intimes, d’archives diverses ; c’est d’ailleurs en des termes architecturaux que Claude Mauriac décrit cette entreprise :
C’est le mot perspectives, que j’employais en commençant, qui dit le mieux ce qu’en vain j’essaye de retrouver, d’exprimer. Suite de salons immenses, de chambres, de bureaux, de bibliothèques, de pièces petites ou grandes de toutes sortes, dont l’agencement compose l’édifice du Temps immobile, où l’on ne cesse de se perdre et de se retrouver […].26
13En d’autres termes, suivre le fil de Kronos où les dates s’enchaînent spatialement dans la continuité du calendrier, c’est aplanir tous les moments de la vie, s’y retrouver pour se perdre ; en revanche, suivre Kairos, ou recomposer les moments de sa propre vie suivant leur parenté secrète, c’est creuser des perspectives, des reliefs, accepter de se perdre pour mieux se retrouver. On a vu les enjeux identitaires d’une telle entreprise pour Claude Mauriac lecteur, mais quels sont les enjeux pour la création romanesque ? En concevant Le Temps immobile comme un édifice dont l’agencement ne suit pas l’ordre chronologique, Claude Mauriac compose ce qu’il appelle un « roman », il monte un dispositif contre l’usure du temps, un lieu qui serait en même temps une œuvre, où seraient rassemblés simultanément tous les instants de sa vie, tous les livres lus, où le passé coexisterait avec le présent sans être irrémédiablement coupé de lui. La bibliothèque pourrait ainsi être, comme le labyrinthe du Temps immobile, une des manières de répondre à la question « où ? » qui hante tous les explorateurs du temps de Platon à Augustin, de Bergson à Husserl : où sont les souvenirs ? où est passé le passé ? Elle pourrait être en effet un des « palais de la mémoire »27 évoqués par saint Augustin, où seraient emmagasinés les souvenirs du passé. Elle fournirait ainsi à Claude Mauriac le modèle d’une création romanesque niant le temps chronologique.
14Mais ce topos de l’« ubi sunt » est une illusion, un leurre, puisque le passé n’est nulle part : le passé est, comme l’écrit Bergson dans Matière et mémoire, « ce qui n’agit plus »28, il est latent, la question étant de savoir comment – et non où – il survit29. Selon Ricoeur, qui reprend cette analyse de Bergson, c’est l’inconscient qui permet cette survivance et c’est dans « cet ailleurs de l’action qu’est le rêve »30 qu’il faut se transporter pour saisir la chaîne qui relie notre présent actuel à notre passé. Claude Mauriac cite à ce propos plusieurs textes surréalistes dont celui de Robert Desnos :
Le stéréoscope traditionnel qui superpose sans cesse de nouveaux plans au passé, certains d’entre nous l’ont brisé. Robert Desnos d’il y a deux minutes est contemporain de Charlemagne et d’Andromaque. À chaque fraction de temps qu’il nous plaît de considérer entre nos cils s’accomplissent la fin du monde et la genèse. Le monde date de maintenant et le passé n’est pour nous qu’un dossier informe et plat comme un miroir où notre souffle fait apparaître le givre du rêve quand nous y constations notre vie, où l’avenir se reflète si nous nous plaçons hors de son champ. J’ai mis au monde ainsi un certain nombre de personnages historiques et d’événements fabuleux. Je suis l’auteur, entre autres choses, de tous les livres qui constituent ma bibliothèque.31
Dans le rêve, le poète surréaliste parvient ainsi à être simultanément tous les êtres et tous les personnages qu’il a été et qu’il sera ; il tient sous son regard en même temps tous les livres de sa bibliothèque ; il en est le lecteur et l’auteur. Bergson ne déclare pas autre chose dans Matière et mémoire : « Un être humain qui rêverait son existence au lieu de la vivre tiendrait sans doute aussi sous son regard, à tout moment, la multitude infinie des détails de son histoire passée »32. Proust, dont Claude Mauriac est l’héritier à bien des égards, fait écrire à son narrateur tout au début d’À la Recherche du temps perdu :
Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes. Il les consulte d’instinct en s’éveillant et y lit en une seconde le point de la terre qu’il occupe, le temps qui s’est écoulé jusqu’à son réveil ; mais leurs rangs peuvent se mêler, se rompre.33
15La bibliothèque n’est donc pas tant pour Claude Mauriac un lieu où seraient entreposés des livres, un écrin ou un bateau qui contiendrait un trésor : elle est un rêve puisqu’elle présente virtuellement en même temps livres, documents et archives et peut réveiller ici et maintenant le passé ; c’est en ce sens qu’elle fournit à Claude Mauriac la matrice de sa création romanesque, et notamment de son roman, La Marquise sortit à cinq heures, qui est, comme Le Temps immobile, pour une bonne part composé de citations empruntées à divers ouvrages historiques, à des romans, à des autographes, des lettres, des récits oraux retranscrits, etc. Claude Mauriac l’avoue d’ailleurs avec humour en prêtant sa voix au romancier mis en abyme dans le roman, Bertrand Carnéjoux : « Gageons qu’il se trouvera un critique (il ne m’aura pas lu jusqu’ici) pour dire que le meilleur, dans mon livre, ce sont les citations, en quoi il n’aura pas tort »34. Claude Mauriac a collectionné tous les ouvrages se rapportant au lieu unique où se situent les multiples actions présentes et passées de son roman, le carrefour de Buci, au cœur de Saint-Germain, à Paris ; la collection de livres qu’il a ainsi patiemment constituée lui permet d’embrasser sous un même regard tous les événements qui se sont déroulés au carrefour de Buci. À la croisée des époques et des routes, le carrefour et les ouvrages sur ce carrefour ont été choisis au hasard, comme si une sorte d’inconscient de la bibliothèque présidait à la constitution de la collection, indépendamment de son auteur :
Et à ce hasard de la localisation qui m’obligeait à recueillir les seuls faits qui avaient eu lieu à ce carrefour, s’en ajoutèrent d’autres assez troublants par leur nombre et par leur convergence, comme si j’avais été aidé à faire ce livre. Je sais bien que, là encore, je divague, mais il n’en reste pas moins que mon roman n’aurait pas été ce qu’il est, si je n’étais tombé, par hasard, oui, dans les boîtes des quais sur certains ouvrages.35
Claude Mauriac insiste d’ailleurs sur le hasard quasi surnaturel qui lui a permis d’ajouter à sa collection des exemplaires rarissimes d’ouvrages épuisés :
Ce n’est pas tout. Je connaissais l’existence, j’avais même utilisé, mais indirectement, un ouvrage tiré à cent exemplaires (cent !) en 1907, livre dont j’avais été surpris quelques jours auparavant d’apprendre par Jacques Hillairet l’existence, et au sujet duquel il m’avait confié ses notes, La Rue de Buci, ses maisons et ses habitants, par P. Fromageot. Et voilà que je tombe, tout près de chez moi, dans une boîte, sur un exemplaire très bien relié et d’une fraîcheur extrême de cet ouvrage si rare – que j’aurais peut-être, mais ce n’est pas sûr, été consulter dans une bibliothèque (ce n’est que tout à la fin de ma composition que j’ai été à plusieurs reprises hier encore à la bibliothèque de la Ville de Paris, rue de Sévigné, là même où j’allais si souvent entre 16 et 18 ans), livre qui semblait avoir juste été apporté pour que je l’achète aussitôt – car je connais bien mes boîtes, il n’y était pas la veille, il n’y avait jamais été, et il était visible, étant donné sa propreté qu’il n’avait pas traîné un seul jour sur les quais, qu’il sortait de la bibliothèque où depuis plus de 50 ans il m’attendait, ayant juste passé chez le bouquiniste le temps que je le voie et que je l’achète. (p. 443)
Ces hasards troublants qui manifestent l’inconscient de la bibliothèque sont racontés en détail dans le tome 6 du Temps immobile : il s’agit par exemple d’un article de François Mauriac sur Rimbaud donnant à Claude Mauriac « l’idée de vérifier s’il n’était point passé rue de Buci » (p. 443), ce qui fut le cas, ou bien d’« une lecture par Marie-Claude [l’épouse de Claude Mauriac] de Manon Lescaut [lui] fournissant, pour ce siècle-là, la référence romanesque qui [lui] manquait » (p. 443-444) ; à ces hasards étranges s’ajoutent de singulières coïncidences : la découverte, par exemple, dans la Bibliothèque de la rue Sévigné, du récit d’un crime au carrefour de Buci dont l’assassin s’appelait Mauriat (p. 444). Or ce sont les citations de ces divers ouvrages authentiques trouvés au hasard qui vont constituer le corps de La Marquise, lui donnant « la même coloration de stupre et de sang » (p. 442), puisque Claude Mauriac n’a trouvé sur ce carrefour de Buci « à de très rares exceptions près […] que des crimes contre les corps, contre les cœurs, contre les âmes »36. En recomposant la collection d’ouvrages qui mentionnent le carrefour de Buci, Claude Mauriac transforme le hasard en nécessité, la bibliothèque en roman : il relie ces documents divers et hétérogènes et leur donne un sens.
16Dans La Marquise sortit à cinq heures, la constitution de cette collection est confiée à un historien maniaque, Claude Desprez, qui habite dans ce carrefour de Buci et observe ses contemporains du haut de son balcon. Comme Claude Mauriac, Claude Desprez collectionne les autographes et les archives authentiques sur le carrefour de Buci. Mais l’exigence d’exhaustivité qui préside à la constitution de cette collection est mise en échec par le foisonnement du réel, même si le réel se limite en l’occurrence à un petit carrefour parisien. Tel est le constat que dresse Claude Desprez :
Archives de mon carrefour, documents si nombreux qu’il a fallu des années de travail à des chercheurs différents, se succédant de génération en génération et de siècle en siècle, pour les recenser, sans qu’aucun ait pu espérer les découvrir tous. L’insuffisance de nos moyens ne doit pas nous tourmenter. C’est moi qui suis défaillant, non le réel foisonnant où prennent rang à leur place chronologique, mais aussi dans la simultanéité du révolu, les faits dont l’ensemble défie le temps et l’annule.37
En constatant son échec, il affirme en même temps avec force le principe qui préside à la constitution de sa bibliothèque : la volonté d’embrasser tout le temps en un seul instant et de nier la succession chronologique grâce au simultanéisme. En faisant de son personnage un délégué à l’échec, Claude Mauriac sauve en même temps son entreprise ; il ne s’agit pas pour lui de faire œuvre d’historien ou d’épuiser le réel en collectionnant tous les ouvrages qui ont été écrits depuis l’origine sur le carrefour de Buci, mais d’explorer, grâce à cette collection jamais achevée, une autre dimension du temps, encore inconnue des scientifiques selon C. Mauriac, mais que les romanciers ont déjà mis en œuvre : le synchronisme. C. Mauriac découvre, le mercredi 24 décembre 1980, la même idée exprimée par Witold Gombrowicz, dans son journal :
dans deux cents ans ou dans mille ans naîtra une nouvelle science qui établira des rapports entre les individus d’une même époque et on découvrira alors que ce qui est arrivé à un tel n’est pas sans relation avec ce qui est arrivé au même moment à cet autre... Et cette synchronisation des existences nous ouvrira des perspectives…
Cette synchronisation [ajoute Claude Mauriac], je l’ai tentée à ma manière en plusieurs passages du Temps immobile. Notamment en des temps analogues et autres, une même date chaque fois séparée par un siècle, 19 octobre 1660, 18 octobre 1760, 1860, 1960 (Le Temps immobile 1).38
C’est cette même synchronisation qui a présidé à la composition de La Marquise sortit à cinq heures.
17La bibliothèque est donc ce puissant dispositif contre le temps et la mort qui forme la matrice du Temps immobile et de La Marquise sortit à cinq heures. En disposant les citations des livres lus, Claude Mauriac compose son œuvre romanesque selon le principe du synchronisme ou du simultanéisme : il rassemble, dans « la simultanéité du révolu et du présent »39, les œuvres du passé et celle qui est en train de s’écrire.
Rêve de bibliothèque confronté à la réalité des bibliothèques
18Cependant, ce puissant dispositif contre Kronos est rattrapé par Kronos, et la bibliothèque subit l’usure du temps, l’injure des pillages : nombreux sont les récits de ces naufrages dans Le Temps immobile. Par exemple, la précieuse bibliothèque de Vémars, que j’ai évoquée en commençant, est démâtée, éventrée40, comme le rapporte Claude Mauriac dans son journal en utilisant curieusement la troisième personne : « Il était là, par hasard, chez sa mère, lorsque arrivèrent de Vémars ces caisses de livres, tous les livres de Vémars, déménagés en hâte après ce vol qui ne sera peut-être pas le seul »41.
19À la mort de François Mauriac, c’est sa bibliothèque qui est « écrémée » par ses enfants :
J’ai été, hier après-midi, écrémer une dernière fois la bibliothèque de mon père, avenue Théophile Gautier, le peu qui en reste après nos partages et passages successifs. Livres morts qui aussitôt arrivés quai de Béthune revivent – ne serait-ce que pour le temps qui me reste. Car la plupart de ceux que j’ai eu la chance, le bonheur de trouver, ne peuvent intéresser que moi.42
Cependant, tel un phénix, la bibliothèque renaît de ses cendres. Même les caisses de livres qui arrivent à Paris après le naufrage de Vémars, contiennent encore des trésors susceptibles de reformer et de recréer la bibliothèque de l’enfance :
Le seul autre livre dont il se saisit, un moment, parce qu’il était sur le dessus d’un carton ouvert, était dépenaillé, et pourtant dans la fraîcheur ineffaçable de l’enfance, ce Robinson suisse qui était à l’origine même des enchantements arboricoles de ses douze ans et de ceux de son cousin – qui avait eu dans les mains, qui avait lu ce même livre à demi détruit et pourtant indestructible.43
C’est dans ce paradoxe du « à demi détruit et pourtant indestructible » qu’il faut sans doute lire le secret de la bibliothèque de Claude Mauriac. Les livres perdurent parce qu’ils sont à moitié détruits, comme ceux qu’il récupère dans la bibliothèque de son père :
Parce qu’ils avaient appartenu à François Mauriac, que c’était lui, qui, jeune homme, à force de les lire, les avait mis dans cet état (dépenaillés, sans couvertures) (Claudel, Bloy, Huysmans…), ce qui ne leur donne pas seulement cette irremplaçable valeur, mais ressuscite d’une certaine manière, hors du temps, leur possesseur lui-même, François Mauriac, à tous les âges de sa vie et dont (héritant d’une partie de ses rayonnages de chêne) je vais reconstituer, pour le temps de ma vie, une partie de la bibliothèque.44
La bibliothèque familiale se défait et se recompose sans cesse, subit les injures du temps tout en survivant comme si elle était éternelle. Les livres que Claude Mauriac garde de son père semblent lui permettre de garder le contact avec l’absent, comme si ce dernier devenait immortel :
Éprouvé le besoin d’avoir mon père près de moi, dans la mesure (qui n’est pas petite) où il peut encore se trouver à mon côté et me parler : je range sur ma bibliothèque tournante ses œuvres les plus personnelles (bloc-notes, mémoires intérieurs) pour les avoir à n’importe quel moment sous la main.45
Mais en fait, ce n’est pas d’immortalité, ni d’éternité qu’il s’agit, mais d’une entrée, grâce à la bibliothèque, dans une autre dimension du temps, où le passé, le présent et l’avenir coexistent dans le même instant.
20Comme le carrefour ou la rencontre permettent de définir un sous-genre romanesque pour Bakhtine, la bibliothèque est sans doute le chronotope qui définit le mieux le genre de roman qu’a voulu écrire Claude Mauriac avec Le Temps immobile et La Marquise sortit à cinq heures pour ne citer que ces deux œuvres : c’est un espace-temps de rencontres entre le lecteur et les livres, entre le romancier et ses lecteurs, entre le père et le fils, etc. Mais la bibliothèque est aussi un édifice où se côtoient simultanément des ouvrages de tout temps, lus à diverses époques de sa vie : elle ouvre sur une autre dimension du temps qui n’est plus chronologique mais synchronique. C’est peut-être ce qui explique un des paradoxes de la bibliothèque mauriacienne : sa faculté de renaître de ses cendres.
21Pour le romancier Claude Mauriac, le secret ou le trésor des bibliothèques n’est pas dans la bibliothèque mais c’est la bibliothèque elle-même. Elle lui fournit en effet la matrice du Temps immobile et de La Marquise sortit à cinq heures, parce qu’elle fait coexister à un moment donné et dans un lieu donné tout le passé, le présent et le futur dans un même instant. Or dans Le Temps immobile Claude Mauriac a cherché à restituer dans leur présent vivant, grâce au montage de ses journaux intimes, tous les instants de sa vie ; dans La Marquise sortit à cinq heures et dans L’Agrandissement, il a poursuivi, avec des moyens sensiblement différents, le même projet, celui de faire exister simultanément tous les événements qui se sont produits au carrefour de Buci en restreignant le plus possible le temps de la diégèse : une heure de la vie du carrefour dans La Marquise sortit à cinq heures, deux minutes dans L’Agrandissement. Il rêve d’un livre où pourraient être racontés, dans la fulgurance de l’instant, tous les moments d’une vie. À la bibliothèque qui reste quand même un meuble soumis à Kronos, peut-être pourrait-on substituer, pour décrire ce rêve de Claude Mauriac, le bibliocosme tel que l’imagine Kermode, qui ouvrirait sur un temps virtuel, « the virtual time of books », une sorte de modèle anthropocentrique du temps du monde (« a kind of man-centred model of world time »46) et où les livres seraient pris comme modèles du monde.
Notes de bas de page
1 Éditions de référence : Claude Mauriac, Le Temps immobile, Grasset, 1974, t. 1 ; Grasset, « Le Livre de poche », 1985-1993, t. 2 à 10. La dernière date du journal est mentionnée dans le t. 10 (Claude Mauriac a commencé à écrire en 1922 environ, voir t. I, p. 142) ; il s’agit du samedi 10 octobre 1987, p. 101 : « voici sans doute, chronologiquement, les dernières pages du Temps immobile, que je suis soulagé d’avoir achevé, enfin ».
2 Le Temps immobile, t. 8 [1985], Penthièvre, lundi 18 juillet 1983, p. 179.
3 Le Temps immobile, t. 3 [1976], p. 262.
4 Le Temps immobile, t. 10 [1988], p. 51 et p. 79.
5 Voir l’article de Michèle Raclot, « Jeux et enjeux intertextuels dans Le Dîner en ville de Claude Mauriac », Roman 20/50, n° 36, Décembre 2003, p. 15-30.
6 Le Temps immobile, t. 6 [1981], Mercredi 24 juillet 1968, p. 331.
7 Le Temps immobile, t. 10, Samedi 3 janvier 1987, p. 155.
8 Mihail Bakhtine, Esthétique et théorie du roman [Moscou, 1975], Gallimard, « Tel », 1996, troisième étude : « Formes du temps et du chronotope dans le roman (essais de poétique historique) », p. 237.
9 Le Temps immobile, t. 10, p. 155.
10 Le Temps immobile, t. 7 [1983], Mercredi 24 juillet 1968, à propos des bibliothèques perdues de Bernard Frank, p. 514.
11 Traces au sens où l’entend Paul Ricoeur dans Temps et récit : « La trace indique ici, donc dans l’espace, et maintenant, donc dans le présent, le passage passé des vivants ; elle oriente la chasse, la quête, l’enquête, la recherche. » (Seuil, « Points Essais », t. 3, 1985, p. 219).
12 Le Temps immobile, t. 6, Saint-Cyr, caserne Charles-Renard, mercredi 27 mars 1940, p. 362 : « Nous allâmes dans sa bibliothèque voir si les Trois contes s’y trouvaient. (Après avoir relu Madame Bovary, L’Éducation sentimentale, tout en continuant la prodigieuse et purifiante correspondance, je lis ces jours-ci le Flaubert de Thibaudet). Une photo était là, sur un rayon, à laquelle je n’avais jamais prêté attention. On y voyait Eusèbe de Brémond d’Ars, Paule, Robert et Georges Vallery-Radot, et puis un beau jeune homme penché dans une pose un peu romantique, “tel, vraiment, que j’étais alors”, François Mauriac ».
13 Le Temps immobile, t. 6, Lundi 26 avril 1965, p. 298 : « Comme tous les 25 avril, Natalie a joint hier à son bouquet des fleurs dessinées – qui remplacent ou plutôt recouvrent sur un des rayons de ma bibliothèque, entre les livres, celles de l’année, des années précédentes ».
14 Le Temps immobile, t. 7, p. 155.
15 Ibid., p. 156.
16 Ibid.
17 Ibid., Paris, samedi 20 octobre 1979, p. 162.
18 Ibid., Paris, lundi 22 octobre 1979, p. 170.
19 Sur la distinction entre Kronos et Kairos, voir Frank Kermode, The Sense of an ending, Studies in the theory of fiction, New York, Oxford University Press, 1966-1967, p. 46 sq. : Kronos, c’est le temps qui passe (« passing time or waiting time »), qui ne sera plus, selon L’Apocalypse ; Kairos, c’est la période, le point dans le temps chargé de signification dérivant de sa relation avec la fin (« a point in time filled with significance, charged with a meaning derived from its relation to the end »).
20 Le Temps immobile, t. 4 [1977], Paris, samedi 21 juin 1975, p. 378, citation d’A. Hoog : « Et il va de soi que Kairos peut se glisser insidieusement dans le lit de Kronos, dérangeant les coordonnées historiques qui cessent d’être proportionnelles à l’éloignement. Si je lis l’extraordinaire Journal d’un bourgeois de Paris que rédigea dans la première moitié du XVe siècle un chanoine de Notre-Dame (hostile à Jeanne d’Arc, cette agitatrice en blue-jeans) le sentiment que j’y prends des émeutes parisiennes est actualisé par des œuvres postérieures : La Satire Ménippée ou les chapitres des Misérables qui racontent l’insurrection de 1832 (aussi bien que par le souvenir du 6 février ou celui des journées de la Libération de Paris). » (en italiques dans le texte).
21 En effet ces deux temps sont fondamentalement différents : le temps vécu, épais, temps de l’âme, se distingue du temps cosmologique mesuré par les dates et le calendrier.
22 Le Temps immobile, t. 6, p. 328-329.
23 Edmund Husserl, Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps : « Mais on doit alors distinguer nettement entre la conscience de passé (rétentionnelle, et aussi celle qui re-présente “à nouveau”) en qui se trouve un objet temporel immanent comme objet d’une conscience antérieure, et la rétention, ou la “reproduction” remémorante (selon qu’il s’agit du flux originaire de la modification de la sensation, ou de sa représentation à nouveau) de la sensation originaire antérieure. » (Puf, Épiméthée, 1964, p. 104). Cette analyse est reprise par P. Ricoeur (op. cit., t. 3, p. 238).
24 Marcel Proust, Du côté de chez Swann [Grasset, 1913], dans À la Recherche du temps perdu, Gallimard, « La Pléiade », 1973, t. 1, p. 46 ; Claude Mauriac reprend cette formule en titre de la quatrième partie du premier tome du Temps immobile (p. 385 sq.).
25 P. Ricoeur, op. cit., t. 2, note 1 p. 197.
26 Le Temps immobile, t. 7, p. 499.
27 Paul Ricoeur, La Mémoire, l’histoire, l’oubli, Seuil, « Points Essais », 2000, p. 563.
28 Henri Bergson, Matière et Mémoire [1939], Puf, « Quadrige », 1990, p. 270. Cité par P. Ricoeur, La Mémoire, l’histoire, l’oubli, op. cit., p. 562.
29 P. Ricoeur, La Mémoire, l’histoire, l’oubli, op. cit., p. 563.
30 Ibid., p. 564.
31 Le Temps immobile, t. 4, p. 347, citation de Robert Desnos (1922).
32 H. Bergson, Matière et mémoire, op. cit., p. 295. Cité par P. Ricoeur, La Mémoire, l’histoire, l’oubli, op. cit., p. 564.
33 M. Proust, Du côté de chez Swann, op. cit., p. 5.
34 La Marquise sortit à cinq heures [A. Michel, 1961], Gallimard, « Folio », 1984, p. 295.
35 Le Temps immobile, t. 6, p. 442.
36 Ibid. Ces mêmes termes sont repris par le romancier qui prend la parole à la fin de La Marquise sortit à cinq heures, op. cit., p. 314.
37 La Marquise sortit à cinq heures, p. 206.
38 Le Temps immobile, t. 7, p. 506.
39 Le Temps immobile, t. 6, p. 445.
40 Le Temps immobile, t. 7, p. 596.
41 Ibid., Paris, vendredi 26 février 1982, p. 594.
42 Le Temps immobile, t. 8, p. 611-612.
43 Le Temps immobile, t. 7, Paris, vendredi 26 février 1982, p. 594.
44 Le Temps immobile, t. 8, p. 617.
45 Le Temps immobile, t. 6, vendredi 4 décembre 1970, p. 387.
46 F. Kermode, The Sense of an ending, op. cit., p. 52 (ma traduction). F. Kermode montre qu’Augustin, par son exemple de la récitation d’un psaume, devance toute la critique moderne qui se demande comment un livre peut être en même temps présent comme une image et étendu dans le temps.
Auteur
Maître de conférences, Université d’Artois, EA 4028 « Textes & cultures », F-62030 Arras – roman français des XXe et XXIe siècles.
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