« Car ton sang c’est mon sang, c’est le sang des summers »1. La problématique sacrificielle dans la fantasy vampirique : un merveilleux transcendantal ?
p. 245-258
Texte intégral
L’ouvrage de fiction le moins fiable est tout aussi bien reçu et compris que celui qui s’efforce d’évoquer scrupuleusement le visage du concret. [...] Et si depuis déjà un certain temps les romans de chevalerie se sont fait rares, les grands romans populaires (des Mystères de Paris au Chevalier Pardaillan) et, plus récemment, les films comme La Guerre des étoiles et Le Seigneur des Anneaux s’empressent de prendre leur place.2
1Quiconque a lu la saga de La Maison de la Nuit, celles de La Communauté du Sud ou des Vampires de Manhattan, ou encore les nombreux tomes de la série diariste de Lisa Jane Smith Le Journal d’un vampire, sait à quel point les concepts de vie et de mort, généralement absolutistes dans nos realia, y sont au contraire parfaitement labiles, flottants, réversibles, traversés de nuances, d’états intermédiaires, de catabases indéfiniment renouvelées… au point de blaser les plus émotifs des lecteurs et d’émousser la désespérance qui avait étreint les millions de spectateurs lors du fameux 22e épisode de Buffy, 5e saison : entre crises de nerfs et crises de larmes, l’ensemble du Buffyverse avait en effet communié dans le sacrifice christique de l’héroïne, offrant sa vie pour refermer l’abîme du Mal – et sauver sa petite sœur, Dawn3.
2De résurrection en résurrection, de seconde chance en épiphanie, les héros de la fantasy sont, d’une certaine façon, réinitialisés comme dans un jeu vidéo, ou dans un monde alternatif : tel personnage, mort dans la fiction première, reparaît en pleine forme lors d’un épisode dérivé4, laissant bien sûr s’installer un malaise considérable dans le ressenti du spectateur/lecteur, qui avait fait, parfois douloureusement, son deuil du protagoniste, et en qui se réactivent à la fois le plaisir des retrouvailles et l’angoisse renouvelée du dénouement : car la plupart du temps ce n’était qu’un leurre, une ruse du malin génie, ou, ce qui revient au même, un mauvais tour du showrunner5.
3On le constate : dans le legendarium vampirique, la mort (des héros) n’est presque jamais une fin. Rebaptisée « transformation », « création » ou « métamorphose », elle mène à un autre état, souvent qualifié de « mystique » (vampire, fantôme, demi-dieu, immortel…) qui permet la manifestation de nombreux superpouvoirs et la visite guidée de mondes édéniques ou infernaux, où nous côtoyons un mixte des mythologies les plus diverses, réarrangées pour la circonstance. Une constante se fait jour cependant : le fil rouge du sacrifice parcourt toute la fantasy vampirique, et même l’ensemble des littératures de l’imaginaire, essentiellement anglo-saxon. Il est clair que Harry Potter « meurt », même pour un court instant – cœur de cible oblige – avant de revenir sauver ce qui peut l’être des griffes de l’imperium. Il est tout aussi patent qu’Aragorn, prenant le chemin des morts, accomplit plus qu’une prouesse coutumière. Mais nous, nous éprouvons ces récits avec notre sens de la finitude, nos ressorts habituels d’attachement, notre conditionnement anthropologique au destin sur mesure dont parle Camus dans L’Homme révolté (1951) ; l’hiatus entre cet habitus « réaliste » et les époustouflantes péripéties de nos communautés vampiriques a de quoi épuiser toute notre charité herméneutique. Pourtant, la promesse rédemptoriste n’est jamais loin, dans le monde semi-fantastique mais plausiblement réaliste du show ; que de moments, en effet, platement triviaux, entre deux explosions d’attaques surnaturelles, ou d’amours vouées à la damnation !
4Fortement adossés à une problématique « romantique » (dans le sens de Johann Friedrich von Meyer et de Novalis, qui firent du romantisme allemand l’une des expressions de la théosophie amoureuse), les Dieux de Buffy prennent les grimaçants visages d’improbables « Maîtres », ou « Unique », ou « Force »… qui pérennisent l’enfer sur terre, et poussent chacun à ausculter ses limites et ses failles ; les champs-contrechamps bergmaniens de la saison 6 (Buffy et Willow se confessant l’une à l’autre, sans se dévoiler tout à fait, leurs mortelles tentations), évoquent le huis-clos de Persona6, à la fois mystique, mais aussi ordurier, et parfois même obscène. La petite croix œcuménique au cou de Buffy ne rassure ni ne trompe personne : là où les cimetières vomissent leurs morts-vivants, l’espérance est éteinte. Pourtant la transcendance rouvre peu à peu la porte au désir d’Éternité, au salut – Spike mourant sous le feu de la grâce, au recommencement ; les dernières images, d’un petit matin qui aurait pu ne jamais naître, évoquent l’arche après le déluge, où les survivants se contemplent en saluant silencieusement dans le visage de l’Autre leur humanité restaurée. Il s’agit, on s’en doute, de merveille plus encore que de merveilleux…
5C’est pourquoi nous proposerons trois rubriques pour cerner la portée et les modalités de cette cérémonie sacrificielle : nous mettrons dans un premier temps en lumière la mort comme poétique des arrière-mondes, puis nous nous interrogerons sur la nécessaire solitude ultime de l’élu, enfin nous soulignerons combien le fantastique de la réversibilité permet pour les héros une perpétuelle jouvence, autrement dit un merveilleux tout pétri de réminiscences mythiques et archétypiques.
« Seule la Mort peut m’arrêter »7
6Popularisé par le titre du film de Murnau, le « Nosferatu » (le « non-mort », l’innommable8) est la matrice mille fois exploitée et déclinée de l’être pris entre deux mondes, déjà passé de l’autre côté mais cependant obstinément encore sur terre. On lui prête alors une force de prédation surnaturelle et l’éternité qui se déroule devant lui lui offre matière à sacrifier bien plus qu’une vie humaine « normale » : l’immortalité… C’est bien ce que se résout à faire Spike, le vampire peroxydé de Buffy, qui s’offre en holocauste à la fin de la 7e saison ; brûlé par le talisman qu’il porte, il sacrifie son éternité par amour pour la Tueuse, pour racheter le don qu’elle avait fait de sa vie deux saisons auparavant. La mort miséricordieuse devient paradoxalement une consolation et non un châtiment, tandis que la survie vampirique est décrite la plupart du temps comme une abomination, à l’instar de ce court passage tiré de La Communauté du Sud :
She turned him that night. […] I couldn’t imagine how shattered Bill must have been. Everything gone in the blink of an eye: his whole life taken and altered and given back to him in a terrible form.9
7En effet, aussi imparfait et critiquable que soit le quotidien de nos héros humains, il est systématiquement présenté comme hautement préférable à toute mutation magique, ou paranormale ; dans Retour au chaos, une des novélisations tirée de BtVS, le maître du Chaos suppose que l’éradication de Sunnydale entraînerait celle de Buffy ; ailleurs, par un retournement dialectique assez savoureux, c’est Buffy elle-même qui, après un combat terrible contre une « tueuse-vampire » s’imagine en vampire chasseuse de… vampires, tout en sachant que son amant maudit, Angel, la tuerait aussitôt :
« What would you have done », Buffy asked Angel later, when they were alone again, « if I hadn’t… made it? » […]
« I wouldn’t have interfered… but I would have been your second ».
« You would have killed her ».
« Yes ». There was a beat of silence. « And then you ».10
8Si l’isolat de la « small town » a tant de charme, c’est aussi parce qu’il offre une douceur contrastant avec tout ce qui le suit ou le précède : la familiarité heureuse et paisible d’une soirée télé entre amis, d’un petit-déjeuner familial plein de gaufres et de pancakes (mêmes brûlés) fonctionne comme une balise de normalité, entre deux déchaînements de violence. C’est l’ancrage des héros dans leur quartier, leur lycée, leur bar favori, leur famille même dysfonctionnelle qui donne son prix au sacrifice consenti… et solidaire. Ainsi, pour vaincre Adam, l’hybride créé par « L’Initiative », une organisation paramilitaire dirigée par une scientifique devenue démente, Buffy fait-elle appel à toute son énergie mystique, prête à mourir à la tâche s’il le faut, soutenue par l’union sacrée du scooby gang ; elle l’emporte in extremis, en faisant intervenir une magie plus ancienne encore que la mythologie grecque et latine – mixte de sagesse hébraïque et d’ésotérisme chaldéen. Otta Wenskus insiste beaucoup sur cette synergie de tous les savoirs, liant cet épisode à celui de la résurrection de Buffy en début de 6e saison :
Die Magie der Kabbala, aber vor allem die Ägyptens, ist eben eher noch finsterer als die in lateinischer Sprache; die Assoziation Ägyptisch/ Wiederbelebung von den Toten wurde vermutlich in Falle von Buffy durch den großen Erfolg des (sehr witzigen) Remakes von The Mummy verstärkt, das kurz von den entsprechenden Buffy-Folgen erstmals aufgeführt wurde.11
9Dans sa très belle fiction dérivée de Twilight, L’Appel du sang, Stephenie Meyer s’attache à Bree Tanner, un personnage secondaire de la saga, qui est anéanti sous nos yeux par les gardiens du dogme vampirique ; on lui a pris, brutalement, sa vie terrestre, puis on lui reprend aussi cette « seconde vie » (vampirique) à laquelle elle commençait juste à s’habituer. Elle aussi, au fond, s’éveille à la mort sans regret, comme le Dracula du film de Coppola : « It was like she was discussing someone else. I didn’t care that she was talking about killing me. I knew the yellow-eyes couldn’t stop her. She was the vampire police »12.
10Cette problématique de la réanimation fugace du cadavre, en vue d’une réitération sacrificielle, constelle aussi particulièrement la série de La Maison de la nuit, où vampires, zombies, demi-dieux et autres entités métissées s’affrontent en des combats épiques : être vampire, c’est avoir gagné l’immortalité ; lorsque cette dernière est retirée, par violence ou par abnégation, au héros « titulaire », le déchirement est plus grand encore, puisqu’il aurait pu ne jamais avoir lieu ; l’ampleur du sacrifice consenti mesure – souvent – la profondeur de la passion ressentie par celui qui abdique ce bien pourtant si précieux ; c’est le chemin que va prendre Stark, le jeune héros de Brûlée :
« — Is it true you died and where resurrected? » the queen asked.
— Yes. Starck said the word quickly, hoping she wouldn’t question him more on that subject. […]
— I’m sure that High Council […] have explained to you that a shattered soul is a death sentence for the High Priestess, and quite often for her
Warrior as well. […].
So yer willing tae die for her […].
— Yes, I’d die for her ».13
11Ne cessant de périr, de ressusciter, de perdre et de retrouver ses deux amoureux vampires, la jeune Elena Gilbert de Vampire Diaries parcourt elle aussi plusieurs fois tout l’orbe de la parousie christique, vivant une passion que la tradition n’autorise généralement qu’une fois :
[…] drawing Stefan’s head so that his mouth rested on her neck, « Please », she said. « Oh, Stefan, please ». Then she felt the quick sacrificial pains, and then Stefan was drinking her blood.14
12Son adieu à l’autre grand maudit de la série, le beau Damon Salvator au nom agréablement oxymorique, recolore tragiquement ce qui serait sinon une bluette adolescente perdue dans le flot des clichés du genre. Redevenu un enfant martyr pour expier ses fautes, il sanglote dans la nuit :
The child showed her a pitiable picture of himself covered by coil after coil of heavy chains. In his mouth, gagging him. Pinning his arms to his sides and his legs to the ball. Moreover, the chains were spiked so that everywhere they dug into the child’s soft flesh, blood flowed.15
13On le voit : la sérialité induit des parcours et des variations qui banalisent peu à peu la rencontre avec la Mort, peu ou prou assimilée à une péripétie comme une autre, à peine plus grave qu’une chute de cheval ou qu’un accident de mobylette. Tout l’art du merveilleux transcendantal tient à la fabrication des nuances diégétiques compliquées entre survie, limbes, non-mort, rêve éveillé, présence spectrale, hallucination pure et simple… quand ce n’est pas le surgissement scénariquement époustouflant d’un personnage jusqu’alors complètement inconnu dans l’intimité du héros pendant quatre saisons : la fameuse « petite sœur » de Buffy, Dawn, qui s’incruste et s’inscrit en un instant, devant nos yeux ahuris, dans le cours de l’histoire… et dans le passé supposé de la série. Son « sang » (qui donne son titre à cette étude), n’est pas humain16 à l’origine, mais l’amour inconditionnel que lui voue Buffy la réévalue en être de chair, elle qui n’était qu’une boule d’énergie déguisée en adolescente. Ainsi, chacun des protagonistes est appelé à faire l’expérience de la finitude ou de l’hybridation, de l’altérité et de l’altération.
« Death is a lonely business »17
14La mort est un bien étrange et solitaire ouvrage, suggère Ray Bradbury dans son titre fameux ; la tonalité profondément gothique de la fantasy vampirique se ressent par exemple dans la fréquence des scènes de cimetière, de crypte, de descente dans les gouffres, dans la récurrence également des cadrages de tombes, d’épitaphes, de cercueils. Quand elle n’a pas d’autre endroit où aller se réfugier, Buffy erre dans un des cimetières de Sunnydale :
Her mom was buried here, and every now and then, when she felt like she could deal, Buffy would go by the grave […] wondering about things like life and death and forces in the universe that kept a dead person walking and talking and feeling, but that took a terrible price for it. […] somehow souls were brought back and reinserted, and at times it seemed ludicrously easy, like no more than reshelving a borrowed library book.18
15Le lien mère/fille, ou grande sœur/petite sœur, paraît être l’un des plus puissants vecteurs de la transmission sacrificielle qui s’accomplit dans ces différentes occurrences, comme dans la saga des Vampires de Manhattan, qui sous la plume de Melissa de la Cruz, nous familiarise avec le destin hors norme de Theodora Van Allen, l’outcast née des amours interdites d’un humain et d’une vampire ; elle découvre peu à peu l’étendue du renoncement de sa mère, qui meurt d’inanition mais se refuse à toute ingestion pour elle criminelle :
When your father died, Allegra swore never to take another human familiar, to preserve their love. […] She exists between life and death. She refuses to take the Red Blood to keep her alive.19
16Aux appétits féroces et jouisseurs des prédateurs de Anne Rice, ou de certains personnages de True Blood, le merveilleux vampirique pour jeunes adultes de BtVS substitue des questionnements éthiques et psychologiques en rhizome, avec des dédoublements en miroir (Angel versus Angelus), des versions « alternatives » des héros (Willow versus Dark Willow, ou Buffy versus La Force, qui prend son apparence pour mieux inciter les autres au mal), et même des robots, créés à l’image des femmes désirées mais inaccessibles, mais qui aussitôt excèdent leur condition et se condamnent alors à une fin déchirante (Buffy, 6e saison, 1er et 2e épisodes). Ajoutons les échanges de corps (Buffy versus Faith), les spectres manipulateurs, et l’on comprend que la série associe mysticisme et pragmatisme avec brio. Lors de la journée d’étude du 26 juin 2009 consacré à Buffy contre les vampires20, Guy Astic eut à cœur de reprendre sa mystérieuse devise, « Death is my gift » (la mort est mon cadeau), pour une communication intitulée : « Mort et tuerie dans Buffy the Vampire Slayer ». Dans une histoire adolescente marquée par de récurrents massacres21, il est juste de s’interroger sur le retentissement d’une fiction qui allie la violence institutionnelle d’une mission exterminatrice au féminisme sans cesse réaffirmé du casting et de l’argument. Son double littéraire, Anita Blake, exprime les mêmes doutes et les mêmes déchirements :
I’ve got over eighty kills. Most of them actually legal. I feel like I’m putting them out of their misery, or did once, when I believed vampires were truly dead.22
L’ange courroucé, thème récurrent de tant de fantasy (Katniss, de Hunger Games, en est un exemple canonique), nous apparaît nimbé de solitude, conscient de son irrémédiable souillure : il tue pour préserver l’humanité, mais il s’en sépare aussi à jamais. Il arrive cependant que victime et bourreau atteignent une forme de grâce partagée, rare acmé d’une conflictualité enfin résolue ; c’est la grande leçon du Dracula de Syrie James, qui réunit dans la mort (celle qu’on donne, celle qu’on reçoit) les amants Mina et Nicolae :
I will always love him. I will never forget him. He changed me for ever, and I will be for ever grateful. My life is filled with infinite sweetness both because I knew him, and because he let me go.23
17Dans une récente communication24, Anne Berthelot insistait sur les conventions de la fantasy médiévale : arthurienne et non carolingienne, souvent liée à une Angleterre proto-normande, plongée dans les âges obscurs. La fantasy vampirique, elle, reprend ces caractéristiques, en les transformant en individuation légendaire ; se proclamant descendants de Lilith, vampire originel, les « enfants de la nuit » transportent l’obscurité avec eux, et contaminent tous les espaces, toutes les civilisations, l’immortalité leur conférant une omniscience et une omnipotence qui leur font traverser siècles et peuples avec une même aisance. Le sacrifice n’en est que plus radical, plus profond : en chacun d’entre eux, meurt une mémoire encyclopédique, reflet perverti de l’homme de Vitruve.
« N’être plus là, mais revenir »25…
18Les survivants, les ressuscités, les vampires, les super-héros, les cyborgs… ont tous une histoire compliquée, avec la nécessité de choisir entre une immortalité de doute et de crime et une fin pacificatrice mais irréversible : pour que l’histoire soit crédible (au sens de l’horizon de réception), comment imaginer des stratégies de persuasion qui amènent un immortel – ou un éternel – à renoncer à un bien si exorbitant qu’il transcende tous les enjeux humains connus ? Le problème est posé très explicitement par les personnages de Vampire Diaries :
The trouble with you, Stefan, is that you don’t understand death. […]
— Tell me what death is then, I said.
— Where do I begin? Katherine asked, running her tongue over her pointed teeth.26
19Alors intervient l’adynaton, la textualisation de l’impossibilium :
When I next opened my eyes, I knew I was dead. I didn’t feel pain. I didn’t fell anything. The blackness enveloped me in the way that was almost comforting; was this what hell was ?27
20Miracle ou magie ? Il convient de ne choquer aucun lectorat, au sens des cultures partagées. Ce mélange constant des morts et des vivants, ces retours inusités, devenus monnaie courante, ce flux ésotérique qui brasse les mythes rédemptoristes indo-européens satisfait en fait l’œcuménisme de la mondialisation, en permettant toutes les lectures symboliques ou psychanalytiques, des plus basiques aux plus sophistiquées ; la magie, la parole magique, ne profane aucune croyance en les synthétisant toutes, et en les habillant de détails new age propres à séduire ce que Frédéric Martel nomme les générations « mainstream »28.
21La régie des métamorphoses occupe bien sûr une grande place dans la narration ; il faut « vraisemblabiliser » autant que faire ce peut des êtres totalement improbables, mais qui vont paradoxalement sembler familiers, proches et fraternels aux jeunes lecteurs. La multiplication des détails réalistes, se fondant dans la trame fantastique, crée une réverbération suffisamment puissante du réel, pour que l’étrangeté intrinsèque du propos s’efface peu à peu, submergée par le naturalisme, voire la crudité des scènes rapportées : « Though the transition to vampirism had eased all of his infirmities, he’d still died in poor physical condition, and he still bore the marks of age »29.
22La mise en scène des « résurrections » ou des « annulations de sortilèges » confine souvent au morceau de bravoure, car c’est là où l’on attend le talent, la persuasion, la force de conviction du romancier, ou du réalisateur. Les jointures meurtries de Buffy, examinées par Spike, en disent plus sur son éveil terrible au sein du tombeau que des heures de filmage (6e saison, 2e épisode) ; hagarde, hirsute, mutique, la ressuscitée apparait à ses amis comme le Christ aux pèlerins d’Emmaüs, d’abord incrédules, puis fous de joie ; mais la véritable nature de son sacrifice – revenir sur Terre est en fait une torture – ne sera révélée que peu à peu. « J’étais aimée, j’étais en paix », avouera-t-elle à Spike, en lui enjoignant aussitôt le silence. Plus que jamais, Buffy est « un Dieu tombé qui se souvient des Cieux »30. Elena Gilbert éprouve à peu près les mêmes regrets, la même désillusion : c’est au prix du retour de la guerre civile américaine, et de ses spectres terribles, qu’elle parvient à éliminer son pire ennemi, Klaus :
He was obeyed by all, Confederate and Union soldiers alike. They were rising, flowing, dissolving into mist again, a dark mist with a hundred hands. It bore down on Klaus like an ocean wave, dashing itself on him and engulfing him. […] In seconds he was obscured by them, surrounded, swallowed by the dark mist.31
23Mais ce « game over » généralisé, s’il satisfait le fan un peu lassé de voir débouler à tout instant loups-garous, fantômes malveillants, vampires originels ou je ne sais quelle autre entité, invalide aussi toute identification trop marquée : aucune possibilité n’existe, pour le lecteur lambda, de faire revenir les morts ou d’effacer le passé ! Ainsi, par sa nature même, la sérialité induit une réitération des anecdotes qui s’oppose à la qualité de singularité, de monade insécable, que possèdent les personnages de l’âge d’or du roman ; la litanie des titres (français) de La Maison de la nuit annonce la couleur : « Marquée, Choisie, Rebelle, Brûlée, Tentée, Trahie… ». Ces participes passés, isolés et féminins, jouent sur les registres du Même et de l’Autre, laissant cependant suffisamment de débat sémantique pour re-séduire à chaque fois le lectorat, lui aussi « tenté et marqué » par les anneaux diégétiques en perpétuelle rétroaction qui forment le récit du sacrifice de Zoey Redbird.
24Même Joss Whedon ressuscite le vampire Spike dans la série Angel, alors que son sacrifice terrible et rayonnant avait donné la plus émouvante et la plus parfaite des fins à la 7e saison de Buffy : il est décidément difficile de se séparer d’un caractère aussi extraordinaire, même si la « rentabilisation » du charisme du personnage (et, disons-le, de l’acteur !) finit par toucher au pathétique… Notre « lexique intérieur » aime à reconnaître la grandeur de l’absolu, mais ne sait plus comment traiter ces ressurgissements systématiques parfois inopportuns, qui choquent en nous l’un des pactes fictionnels les mieux ancrés : le « jour le plus triste de notre vie »32 se doit d’être celui de la mort de la Cathy Linton d’Emily Brontë (Hurlevent des Monts, 1847), mais pas tous les jours des morts successives de Spike, Buffy (BtVS), Zoey (La Maison de la Nuit) ou Elena Gilbert (Journal d’un vampire)… Voilà pourquoi la forte parole de Dracula, menaçante mais sereinement absolutiste, a de quoi nous convaincre davantage :
Mina, do you have any idea what I have gone through on your behalf? If you die, it will only be at my hand, to be reborn. I have waited four hundred years to find you! I will nor give you up now!33
25Le sacrifice et sa possible réversibilité rappellent la nature profondément paradoxale du mythe du vampire : créature à la fois immortelle et condamnée, conjuguant solitude et nécessité de tuer pour survivre, elle suscite par là même un engouement qui transcende le simple goût pour le surnaturel et le merveilleux, très présents depuis toujours dans les lectures adolescentes. Une véritable addiction vampirique s’est manifestée, fondée sur une problématique du sacré et de sa transgression, qui nous semble renvoyer anthropologiquement aux plus complexes et profonds questionnements sur notre « devenir-humain », notre inscription, comme singularité et comme communauté, dans le vivre – et le mourir – ensemble.
26Rejoignant, sous des atours gothiques, les grands invariants Éros et Thanatos, et par là l’eschatologie de nos fins dernières, les récits sacrificiels fascinent les adolescents parce qu’ils sont les balises mystérieuses d’un pays sans nom, et qu’à ce titre ils promettent un espoir : celui de l’amour et du don de soi, plus forts que la peur et la mort.
Bibliographie
Bibliographie
Corpus
Cast Phyllis-Christine et Kristin, Burned, New York, St Martin’s Griffin, 2010 ; La Maison de la Nuit : Brûlée, trad. Julie Lopez, Paris, Pocket Jeunesse, 2012.
Cruz Melissa (de la), Blue Bloods, New York, Hyperion Paperbacks, 2007 ; Les Vampires de Manhattan, trad. V. le Plouhinec, Paris, Livre de Poche, 2011.
Gardner Craig Shaw, Return to Chaos, Londres, Pocket, 1998 ; Retour au Chaos, trad. Isabelle Troin, Paris, Fleuve Noir, 2000.
Hamilton Laurell K., Incubus Dreams, New York, Jove Books, 2005 ; Rêves d’incube, trad. Isabelle Troin, Paris, Milady- Bragelonne, 2010.
Harris Charlaine, Dead Reckoning, New York, Ace Books, 2011 ; Mort de peur. Communauté du Sud, vol. 11, trad. Anne Muller, Paris, J’ai Lu, 2011.
— , Dead in the Family, New York, Ace Books 2002 ; Une mort certaine. Communauté du Sud, vol. 10, trad. Frédérique le Boucher et Anne Muller, Paris, J’ai Lu, 2010.
James Syrie, Dracula my love, The secret journals of Mina Harker, New York, Harper Collins, 2010 ; Dracula mon amour, trad. Luc Rigoureau, Paris, Hachette, 2010.
Meyer Stephenie, The short second life of Bree Tanner : an Eclipse novella, New York, Little, Brown and Company, 2010 ; L’Appel du sang, trad. Luc Rigoureau, Paris, Hachette, 2010.
Navarro Yvonne, Tempted Champions, New York, Pocket Books, 2002 ; Les Portes de l’Éternité, trad. Isabelle Troin, Paris, Fleuve Noir, 2003.
Smith Lisa Jane, Vampire Diaries : The Return, The Fury and Dark Reunion, New York, Harper Teen, 2007 ; Journal d’un vampire, t. 2, trad. Isabelle Tolila, Paris, Hachette, 2009.
— , Vampire Diaries : Shadow Souls, Londres, Hodder’s Children’s Books, 2010 ; Journal d’un vampire, t. 4, trad. Maud Desurvire, Paris, Hachette, 2010.
Williamson Kevin et Plec Julie, d’après Lisa Jane Smith, Stefan’s Diaries, vol. 4, The Ripper, New York, Harper Teen, 2011 ; Journal de Stefan, t. 4, trad. Aude Lemoine, Paris, Hachette, 2012.
— , Stefan’s Diaries, vol. 1, Origins, New York, Harper Teen, 2010 ; Journal de Stefan, t. 1, trad. Aude Lemoine, Paris, Hachette, 2011.
Critique
Grivel Charles, « Écriture, feu d’enfer, Paul Féval et le roman », Revue des sciences humaines, n° 234, avril-juin 1994.
Pavel Thomas, « Fiction et perplexité morale », XXVe conférence Marc Bloch de l’EHESS, prononcée le 10 juin 2003, mis en ligne le 29 octobre 2009, URL : <http://cmb.ehess.fr/59>. Consulté le 25 juin 2012.
Wenskus Otta, « Die dunkle Seite des Fachs. Latein und andere magische Sprachen » [Le côté obscur de la discipline : latin et autres langues magiques], Wolfgang Pöckl, Ingeborg Ohnheiser et Peter Sandrini (dir.), Translation, Sprachvariation, Mehrsprachigkeit [Translation, variation linguistique, plurilinguisme], Berlin, Peter Lang, 2011, p. 429-442.
Notes de bas de page
1 « Ultima verba » de Buffy Ann Summers, la Tueuse, au moment de mourir pour sauver le monde. Buffy the Vampire Slayer (désormais abrégé : BtVS), Joss Whedon, saison 5, épisode 22.
2 Thomas Pavel, « Fiction et perplexité morale », XXVe conférence Marc Bloch de l’EHESS, prononcée le 10 juin 2003, mis en ligne le 29 octobre 2009, URL : http://cmb.ehess.fr/59. Consulté le 25 juin 2012.
3 Suzanne Collins se souviendra de cet amour sororal pour motiver sa Katniss, la combattante des Hunger Games.
4 Le « retour » de Joyce Summers, la mère de Buffy, dans un épisode de la 6e saison (Normal again, 17e épisode) alors qu’on l’a vue morte et enterrée dans la 5e saison, est attristant, troublant, en partie parce que sa mort, comme celle de Tara, n’a rien de fantastique ou de mystique : elle est victime d’un anévrisme, tandis que Tara meurt sous les balles d’un psychopathe ; la banalité même des ces disparitions les rend paradoxalement plus bouleversantes que les innombrables résurrections vampiriques, d’ailleurs traitées sur un mode grotesque ou burlesque (Harmony, la compagne de Spike, est particulièrement servie de ce point de vue !).
5 Les « showrunners » sont les maîtres à penser, et les maîtres d’œuvre, des séries américaines ; ils dirigent les autres scénaristes et supervisent la cohérence des propositions fictionnelles ; on se reportera aux documentaires télévisés de Virginia Vosgimorukian et Anthony Dubé, Showrunners (France, 2012-2013), qui présentent et commentent cette fonction encore peu connue dans les séries françaises.
6 Film de Ingmar Bergman (Suède, 1966).
7 I’ll sleep when I’m Dead, film de Mike Hodges, 2005.
8 « Nosferatu », en roumain, est très proche de « Nesuferitu », autrement dit le « sans-nom », l’innommable, comprendre : Satan. Il est tentant de le rapprocher de l’anglais « Undead », le « non-mort »… le vampire est ce qui ne peut ni être nommé, ni mourir.
9 Charlaine Harris, Dead in the Family, Ace Books, New York, 2002, p. 266. « Elle l’a vampirisé la nuit même. [...] Je n’arrivais même pas à imaginer la douleur de Bill. Il avait dû être complètement anéanti. Tout ce qu’il aimait, disparu en un clin d’œil. On lui avait tout pris, même la vie qu’on avait dénaturée pour la lui rendre sous une forme ignoble, terrible » (trad. Frédérique le Bouche et Anne Muller, Une mort certaine. Communauté du Sud, vol. 10, Paris, J’ai lu, 2010, p. 336).
10 Yvonne Navarro, Tempted Champions, Pocket Books, New York, 2002, p. 239. « – Qu’est-ce que tu aurais fait si je… n’avais pas réussi ? demanda Buffy à Angel un peu plus tard, quand ils furent de nouveau seuls. – Je ne serais pas intervenu, mais j’aurais été ton second. – Tu l’aurais tuée. – Oui, et toi ensuite » (trad. Isabelle Troin, Les Portes de l’Éternité, Fleuve Noir, 2003, p. 220).
11 Otta Wenskus, « Die dunkle Seite des Fachs. Latein und andere magische Sprachen » [Le côté obscur de la discipline : latin et autres langues magiques], Wolfgang Pöckl, Ingeborg Ohnheiser et Peter Sandrini (dir.), Translation, Sprachvariation, Mehrsprachigkeit [Translation, variation linguistique, plurilinguisme], Berlin, Peter Lang, 2011, p. 438. C’est moi qui traduis : « La magie de la kabbale, mais précisément surtout de l’égyptienne, est encore plus sombre que celle du latin. L’association “égyptien- retour d’entre les morts” a probablement été renforcée dans le cas de Buffy par le grand succès du remake (très drôle) de La Momie, sorti sur les écrans très peu de temps avant la série dont nous parlons ».
12 « C’était comme si elle évoquait le sort de quelqu’un d’autre. Je me fichais qu’elle soit en train de parler de ma mise à mort. Je savais que Les yeux jaunes ne réussiraient pas à l’en empêcher. Elle représentait la police des vampires », Stephenie Meyer, L’Appel du sang, trad. Luc Rigoureau, Paris, Hachette, 2010, p. 209. Le titre original du spin-off de Hésitation est infiniment plus parlant et plus subtil : The short second life of Bree Tanner : an Eclipse novella, 2010, New York, Little, Brown and Company, p. 176.
13 Phyllis-Christine et Kristin Cast, Burned, St Martin’s Griffin, 2010, p. 197-198. « Est-il vrai que tu es mort et que tu as ressuscité ? demanda la reine. Oui, répondit-il, espérant qu’elle ne l’interrogerait pas plus en détails sur ce sujet. [...] Je suis sûre que le conseil supérieur t’a expliqué qu’une âme brisée est une condamnation à mort pour une grande prêtresse, et bien souvent pour son combattant également. [...] Alors tu es prêt à mourir pour elle. [...] Oui, je mourrais pour elle », trad. Julie Lopez, La Maison de la Nuit : Brûlée, Paris, Pocket Jeunesse, 2012, p. 248-249.
14 Lisa Jane Smith, Vampire Diaries : The Return, Shadow Souls, Hodder’s Children’s Books, 2010, p. 478. « Attirer le visage et la bouche de Stefan vers son cou fut la seule réaction dont elle fut capable. – Je t’en prie, Stefan, murmura-t-elle. Enfin elle sentit la douleur fugitive du sacrifice quand il s’abreuva de son sang », trad. Maud Desurvire, Journal d’un vampire, t. 4, Paris, Hachette, 2010, p. 562.
15 Lisa Jane Smith, op. cit., p. 322. « L’enfant lui transmit une vision misérable de lui, étouffé sous plusieurs épaisseurs de chaînes, bâillonné, les bras cloués au corps et un boulet aux pieds. Ses chaînes étaient garnies de pointes, si bien que partout où elles transperçaient sa peau tendre le sang ruisselait », Journal d’un vampire, op. cit., p. 380.
16 Dawn est « la clé » de passage entre les mondes ; afin de la protéger des appétits destructeurs des démons, les prêtres d’un ancien culte ont donné à l’énergie pure qui constitue cette clé l’identité et le visage d’une toute jeune fille, qui aussitôt envoyée dans la famille Summers s’inscrit miraculeusement dans la mémoire de tous… Plus prosaïquement, il fallait à Joss Whedon une adolescente de l’âge de son cœur de cible (13-16 ans), qui ne se reconnaissait plus dans le personnage de plus en plus complexe et sombre de Buffy.
17 Roman de Ray Bradbury (1985), traduit en français par : La Solitude est un cercueil de verre… (Emmanuel Jouanne, Flammarion).
18 Yvonne Navarro, Tempted Champion, op. cit., p. 74. « Sa mère y était enterrée. Quand elle s’en sentait la force, Buffy [...] s’interrogeait sur la vie, la mort et les forces de l’univers qui permettaient à un cadavre de continuer à marcher et à parler, mais exigeaient en échange un prix terrible. [...] des âmes étaient ramenées de l’au-delà et réintégrées dans ce monde, parfois avec autant de facilité qu’on replace un livre sur une étagère », trad. Isabelle Troin, Les Portes de l’Eternité, Paris, Fleuve Noir, 2003, p. 78.
19 Melissa de la Cruz, Blue Bloods, Hyperion Paperbacks, New York, 2007, p. 292. « Quand ton père est mort, Allegra a juré de ne plus jamais prendre de familier humain pour préserver leur amour. [...] elle existe entre la vie et la mort. Elle refuse de prendre du sang rouge pour rester en vie », trad. V. le Plouhinec, Les Vampires de Manhattan, Paris, Livre de Poche, 2011, p. 328.
20 Sous la double égide du CURAP d’Amiens et de l’IUT de Compiègne, colloque « Perception des valeurs », dir. Barbara Olszewska, François-David Sebbah et Sandra Laugier, 26 juin 2009.
21 L’avant-première américaine du Batman III de Christopher Nolan a été marquée par une tragédie : dans la nuit du 20 juillet 2012, James Eagan Holmes a abattu 12 personnes, déguisé en Joker, dans le cinéma Century 16, le multiplex d’Aurora, à Denver.
22 Laurell K. Hamilton, Incubus Dreams, Jove Books, New York, 2005, p. 638. « J’ai plus de quatre-vingt vampires à mon tableau de chasse. J’ai tué la plupart d’entre eux de manière légale. [...] J’ai l’impression de mettre un terme à leurs souffrances. Ou du moins j’en avais l’impression autrefois, du temps où je croyais que les vampires étaient vraiment morts », trad. Isabelle Troin, Rêves d’incube, Paris, Milady- Bragelonne, 2010, p. 672.
23 Syrie James, Dracula my love, The secret journals of Mina Harker, Harper Collins, 2010, p. 457. « Je l’aimerai toujours. Je ne l’oublierai jamais. Il m’a changée, ce dont je lui suis reconnaissante. Mon existence est bercée par une infinie douceur, tant parce que je l’ai connu que parce qu’il m’a laissée partir », trad. Luc Rigoureau, Dracula mon amour, Paris, Hachette, 2010, p. 545.
24 Communication au colloque international L’Antiquité gréco-latine aux sources de l’imaginaire contemporain : fantasy, fantastique et science-fiction, dir. Perrine Galand, Mélanie Bost-Fiever, David Nouvel et Sandra Provini, Université de Rouen et Paris, 7-9 juin 2012.
25 Charles Grivel, « Écriture, feu d’enfer, Paul Féval et le roman », Revue des sciences humaines, n° 234, avril-juin 1994, p. 29.
26 Kevin Williamson et Julie Plec, d’après Lisa Jane Smith, Stefan’s Diaries, vol. 4, The Ripper, Harper Teen, 2011, p. 153-154. « Le problème avec vous, Stefan, c’est que le concept de mort vous échappe. [...]
– Dites-moi ce qu’est la mort alors. [...]
– Par où commencer ? se demanda Katherine juste avant de passer sa langue sur ses dents pointues », trad. Aude Lemoine, Journal de Stefan, t. 4, Paris, Hachette, 2012, p. 167-168.
27 Kevin Williamson et Julie Plec, d’après Lisa Jane Smith, Stefan’s Diaries, vol. 1, Origins, Harper Teen, 2010, p. 221. « Au moment de rouvrir les paupières, je sus que j’étais mort. [...] Je ne ressentais aucune douleur. Ni rien d’autre du tout d’ailleurs. [...] La noirceur qui m’enveloppait me réconfortait presque. Était-ce ça, l’Enfer ? », trad. Aude Lemoine, Journal de Stefan, t. 1, Paris, Hachette, 2011, p. 231.
28 Frédéric Martel, Mainstream, enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde, Flammarion, 2010. On lira en particulier le prologue, p. 7-16.
29 Charlaine Harris, Dead Reckoning, New York, Ace Books, 2011, p. 301. « La transition vers l’état de vampire avait allégé ses faiblesses, mais il était malgré tout décédé en mauvaise condition physique, et portait les marques de son âge », trad. Anne Muller, Mort de peur. Communauté du Sud, vol. 11, Paris, J’ai Lu, 2011, p. 315.
30 Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques (1820), éditions Hachette, I, 1924, p. 123.
31 Lisa Jane Smith, The Vampire diaries, The Fury and Dark Reunion, Harper Teen, 2007, p. 502-503. « Tous obéirent à l’ordre, Confédérés et soldats de l’Union confondus. Ils se rassemblèrent en un nuage sombre qui déferla sur Klaus comme une immense vague. […] Il fut bientôt submergé, englouti, avalé. La brume noire finit par s’élever en tournoyant », trad. Isabelle Tolila, Journal d’un vampire, t. 2, 2009, p. 410-411. De nombreuses autres mentions explicites de « mort-et-résurrections-express » nervurent les épisodes (cf. Journal d’un vampire, t. 7, p. 15, 119, 425…).
32 Nous « adaptons » la déclaration prêtée par Oscar Wilde à l’un des protagonistes de son essai Le déclin du mensonge, disant que la mort de Lucien de Rubempré est l’un des plus grands drames de sa vie… (Œuvres, Gallimard, 1996, p. 782).
33 Syrie James, op. cit., p. 446. « Vous doutez-vous seulement de ce que j’ai enduré pour vous, Mina ? Si vous mourez, ce ne sera que pour renaître, sous mon égide. Je vous ai attendue quatre cents ans ! Je ne renoncerai pas maintenant ! », trad. cit., p. 532.
Auteur
Université d’Artois, E. A. 4028 « Textes et Cultures »
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