Connaître le secret des femmes : Louise Bourgeois (1563-1636)‚ sage-femme de la Reine‚ et Jacques Guillemeau (1549-1613)‚ chirurgien du Roi
p. 113-126
Texte intégral
1Revendiquant sa place dans le domaine exclusivement masculin de la publication médicale‚ Louise Bourgeois était‚ selon ses propres mots‚ « la premiere fēme de [s]on art qui mette la plume en main pour descrire la cognoissance que Dieu [lui] en a donnee‚ tant pour faire cognoistre les fautes qui s’y peuuent commettre‚ que les moyens plus propres‚ pour le bien exercer »1. C’est avec beaucoup d’audace qu’elle publie en 1609 ses Observations diverses‚ un manuel d’obstétrique et de gynécologie écrit pour les sages-femmes‚ les médecins‚ les chirurgiens et les femmes lettrées. Deux autres tomes paraissent en 1617 et 16262. Dans une remarque de sa préface « Av lecteur » ‚ de nature plutôt provocatrice‚ elle semble dire qu’en médecine‚ les écrivains de sexe masculin utilisent souvent « un labyrinthe de paroles » afin de cacher leur ignorance sur le système reproducteur de la femme ; elle déclare : « aussi ne luy [c’est-à-dire‚ à son livre] ay-ie donné pour tout fard que la verité‚ pour raison que l’experience‚ ny pour tesmoin que tout nostre sexe‚ qui ressentant en soy-mesme ce que i’en escry ne dementira jamais ma plume »3. C’est ainsi que Louise Bourgeois revendique pour elle-même un savoir obstétrique particulier‚ fondé sur sa propre expérience de sage-femme lettrée et de mère.
2L’objet de cet article est d’examiner ce savoir particulier‚ tout en se demandant dans quelle mesure Louise Bourgeois peut en fait y prétendre4. Pour ce faire‚ il s’agit d’abord d’analyser quelques-uns des cas médicaux – et autres récits du même ordre – mentionnés par Louise Bourgeois‚ en confrontant ceux-ci à ceux que le chirurgien du roi Jacques Guillemeau inclut dans son manuel d’obstétrique‚ l’année où paraît le premier tome de Louise Bourgeois. Il s’agit ensuite d’examiner de façon succincte les opinions que deux autres médecins ont exprimées à ce sujet dans leurs écrits‚ celles du médecin et chancelier de l’Université de Montpellier‚ Laurent Joubert‚ et du chirurgien‚ Jacques Bury‚ qui exerçait au début du XVIIe siècle.
3La comparaison des manuels de Louise Bourgeois et de Jacques Guillemeau est intéressante car tous deux ont mené une carrière à la cour et travaillé dans le même milieu parisien. Louise Bourgeois fut la sage-femme attitrée de la reine Marie de Médicis : elle participa à la mise au monde de ses six enfants‚ dont le dauphin Louis XIII en 1601‚ et à celle de nombreux enfants de l’aristocratie et de la famille royale pendant plus de trois décennies. Jacques Guillemeau fut‚ quant à lui‚ le chirurgien ordinaire des rois Henri II‚ Henri IV et Louis XIII : il exerça aussi dans les cercles aristocratiques comme accoucheur (cela dit‚ le mot accoucheur n’existait pas encore). Il fut également présent lors de la naissance du dauphin. Louise Bourgeois et lui ont été fortement influencés par les écrits et les pratiques du célèbre chirurgien-barbier Ambroise Paré qui a réintroduit en 1549 la « version podalique » et contribué‚ grâce à cette manœuvre‚ à une baisse de la mortalité infantile et maternelle dans les quatre siècles qui ont suivi.
Bourgeois et Guillemeau : similarités et différences
4Louise Bourgeois et Jacques Guillemeau ont les mêmes buts en publiant leurs textes. Ils désirent informer des techniques efficaces en matière d’accouchement compliqué et instruire leurs lecteurs sur la façon de mieux diagnostiquer et de mieux maîtriser les grossesses et les accouchements difficiles ainsi que les problèmes associés à la période post-partum et néonatale. L’un et l’autre prétendent convaincre que le savoir et la compétence doivent l’emporter sur les opinions des autres qui sont présents à la naissance‚ c’est-à-dire‚ les parentes et les amies de la parturiente. Les deux auteurs critiquent souvent les membres de la famille qui veulent différer l’intervention d’une sage-femme ou d’un chirurgien compétents lorsqu’une femme souffre d’un travail prolongé‚ d’une hémorragie ou de convulsions. Cependant‚ l’un comme l’autre recommande à l’accoucheur de laisser « la nature suivre son cours » et de procéder avec une grande douceur. Avant tout‚ ils découragent toute intervention prématurée au cours du travail et de l’accouchement. Tous deux font preuve d’une grande compassion envers la femme en couches et font de leur mieux pour lui permettre de suivre ses propres instincts – par exemple‚ en la laissant bouger pendant le travail afin qu’elle trouve une position confortable pour accoucher. Les deux auteurs incluent des histoires de cas – ou ce que Valerie Worth-Stylianou appelle des « récits de naissance » – pour instruire leurs lecteurs autant que pour démontrer leur propre expertise5.
5À la différence de Louise Bourgeois‚ Jacques Guillemeau insiste sur le besoin d’utiliser des instruments en cas de mauvaise présentation du fœtus. Les sages-femmes n’ayant le droit d’utiliser aucun instrument‚ Louise Bourgeois ne préconise pas directement qu’elles le fassent‚ quoiqu’elle décrive la façon dont elle s’est servie des pinces de son mari chirurgien pour enlever une pierre au rein de l’une de ses patientes6. De toute évidence‚ elle ne s’oppose pas à ce que les chirurgiens les utilisent si nécessaire : « ie conclus qu’il vaut mieux viure entre les mains dvn Chirurgien entendu & hardy‚ que de mourir en celles d’vne sage femme ignorante‚ & temeraire‚ qui croit que le temps luy doiuent apporter issue au mal‚ comme au bien »7.
La situation privilégiée de la sage-femme et les tabous sexuels
6Néanmoins‚ comme on l’a indiqué précédemment‚ la confiance de Louise Bourgeois envers les chirurgiens et les autres praticiens de sexe masculin a ses limites. Elle soutient que‚ en tant que femme‚ elle bénéficie d’un accès plus intime et immédiat à ses patientes qu’aucun homme. Elle a le sentiment qu’être femme la place dans une situation privilégiée à l’égard de ses patientes et que‚ par conséquent‚ sa compréhension des problèmes féminins concernant la reproduction est plus approfondie que celle de la plupart des hommes. En raison de cette relation privilégiée‚ fondée sur un accès plus direct aux organes génitaux de la femme et sur son expérience de son propre corps‚ elle pense que même les médecins et les chirurgiens les mieux éduqués et les mieux expérimentés ne peuvent connaître ce qu’elle sait elle-même concernant les soins à donner aux femmes. Louise Bourgeois ajoute que les tabous du corps féminin rendent la communication plus difficile entre un médecin et sa patiente durant la grossesse‚ l’accouchement et la période post-partum. De plus‚ elle souligne que lorsque des « erreurs » adviennent avant‚ pendant ou après l’arrivée d’un praticien‚ les sages-femmes se montrent réticentes à discuter avec lui ouvertement. Comme elle l’explique :
Lesdites fautes [concernant la détermination de la grossesse‚ la fertilité‚ etc la présentation de la face‚ l’extraction du placenta] estant le plus souuent incogneues aux plus doctes Medecins & Chirurgiens‚ à cause que l’oeuure est interieur‚ la curation de laquelle se doit faire selon qu’il est possible. Et qu’ordinairement la vergongne de nostre sexe ne peut permettre qu’ils en ayent la cognoissance que par rapport de celle qui opere‚ n’en faisant tousiours rapport veritable‚ quelques-fois par ignorance‚ & autrefois honte de vouloir confesser sa faute.8
7Il est vrai que ces tabous prescrivent que les femmes soient vêtues‚ et parfois drapées dans des draps pendant qu’elles accouchent9. Même lors d’une urgence obstétricale‚ lorsque le fœtus se présente mal‚ un chirurgien doit insérer sa main ou ses instruments « à l’aveugle » dans le col de la matrice de la femme en travail. De plus‚ l’apparition d’un chirurgien dans la salle d’accouchement peut remplir d’effroi le cœur d’une femme car cela signale généralement qu’un crochet ou un couteau va être utilisé pour extraire l’enfant emprisonné dans la matrice‚ une procédure qui tue toujours le fœtus. Et‚ si Louise Bourgeois elle-même admet que certaines jeunes femmes issues des couches supérieures de la société préfèrent que leur premier accouchement soit pris en charge par un chirurgien‚ il s’agit là d’une minorité10.
8Dans l’un de ses récits d’accouchement‚ elle décrit de façon dramatique comment la pudeur féminine et la peur du couteau et du crochet créent une mauvaise ambiance dans la chambre d’accouchement. Suppliée par trois amis de la patiente d’appeler un chirurgien‚ Louise Bourgeois accepte l’intervention d’un homme mais uniquement à une condition : « pourueu qu’elle ne le vid point‚ d’autant que ie sçauois que cela estoit capable de la faire mourir d’apprehension‚ & de honte »11. Elle décrit ensuite comment elle « mis le cheuet au milieu du lict‚ & abbatis le iour du lict du costé qu’il deuoit passer‚ & aux pieds il la toucha comme ie parlois‚ elle ne vid point‚ & accoucha sans artifice ny ayde‚ que de Dieu & de la nature »12. À propos de ce récit‚ Lianne McTavish soutient que cela « suggère que [Bourgeois] ne se souciait pas seulement du bien-être de la femme » et qu’« en se réservant le droit de voir la patiente‚ la sage-femme de la reine assurait le contrôle de la chambre d’accouchement‚ faisant écho au sentiment de l’époque selon lequel il était inapproprié pour un homme de porter son regard sur les organes génitaux de la femme »13. Que Louise Bourgeois ait appuyé ses décisions sur une évaluation correcte des sentiments de la femme ou sur un désir de protéger son propre territoire professionnel‚ ses actions empêchaient en tout cas la femme de savoir qu’un chirurgien était présent14.
9Jacques Guillemeau écrit lui-même au sujet du dilemme auquel doit faire face un chirurgien quand il intervient lors de l’accouchement difficile d’une femme entièrement vêtue ou drapée :
Mais il n’est pas ainsi de l’accouchemēnt des femmes : car si l’entree de la matrice est fermee‚ cōme il s’est veu en quelques vnes‚ soit que naturellement vne membrane fort & epoisse en ferme le passage‚ ou bien que quelque cicatrice qui s’y est faicte‚ ait maçōné & plastré les paroys du col d’icelle matrice‚ il est impossible à la nature de pouuoir separer & rompré ces empeschemēns… Si bien donc qu’il y faut apporter la main du Chirurgien‚ autremēt & la mere & l’enfant mourroient miserablemēt. On me pourra dire‚ que la mere eust elle-mesme ouuert la porte‚ deschirant la cicatrice‚ & brizant la membrane. Mais que me respondrez-vous‚ à celle qui a son enfant mal tourné‚ & en double dedāns son ventre‚ & qui a des conuulsions‚ ou flux de sang‚ ou tous les deux ensemble ? La mere ne le sçauroit tourner ny tirer‚ & moins celuy qui a la teste embarassee entre les os barrez : de la maniere qu’il est impossible de la tourner saine & sauue : Le Chirurgiē estant cōntrainct de la tirer auec son industrie. Or pour la dexterité‚ il n’y a rien de comparaison avec les autres operations : car il ne se faict aucunes oeuvres en Chirurgie‚ où il ne soit necessaire de veoir clair‚ soit par la lumiere‚ qui nous est donnée du jour‚ ou de la chandelle & que la partie que l’on traicte & manie‚ ne soit apparente & manifeste à l’oeil. Au contraire‚ en ceste operation‚ tant pour la presence de ceux qui assistent‚ que pour la crainte que pourroit avoir la femme‚ l’on est contrainct de cacher seulement l’entrée par laquelle il faut mettre la main‚ puis icelle y estant mise‚ il faut chercher l’enfant en quelque situation qu’il soit‚ sans le pouvoir voir : que s’il se trouve deux‚ trois‚ quatre enfans‚ voire cinq : ainsi qu’asseure Albert le Grand avoir veu en Allemagne‚ une femme avoir produict jusques au nombre de soixante-cinq‚ accoucheant toutes les années de cinq : Je vous laisse à juger de quelle dexterité doit user le Chirurgien afin que s’ils se presentent mal‚ il les aille chercher les uns après les autres.15
10Le maintien de la pudeur et le besoin de rester au chaud durant l’accouchement expliquent en partie la coutume de couvrir une mère en couches‚ que celle-ci soit entre les mains d’une sage-femme ou d’un chirurgien. En effet‚ toutes les naissances se font « à couvert ». Les accoucheurs‚ qu’ils soient hommes ou femmes‚ doivent avoir « des yeux au bout des doigts »16. Lianne McTavish montre dans son étude des manuels d’obstétrique français que les accoucheurs insistent sur leur dextérité manuelle et la décrivent comme une sorte de connaissance visuelle qui leur permet de « voir » sans regarder les organes génitaux des femmes17. Toutefois‚ malgré les tentatives des chirurgiens de se valoriser aux yeux de la mère en couches‚ maintes sources‚ parmi lesquelles celles de Louise Bourgeois‚ laissent entendre que l’apparition d’un médecin ou d’un chirurgien dans une chambre d’accouchement ou chez une femme lors d’une consultation à domicile est inconvenant ou indécent.
11Une indécence peut entraîner‚ pour la femme‚ la perte de son honneur et de sa vertu‚ autrement dit des qualités qui conditionnent l’accès à la respectabilité. Cette crainte empêche beaucoup de femmes‚ enceintes ou non‚ de solliciter l’aide d’un médecin homme18. Louise Bourgeois cite en exemple le cas d’une sage-femme qui contracte un virus herpétique mais refuse de demander à un médecin homme de la soigner parce « que jamais homme ne la verroit nuë‚ qu’elle aymoit beaucoup mieux mourrir que leuer le voile à l’honneur »19. Heureusement‚ un chirurgien‚ veuf et vieux‚ accepte de l’épouser avant de traiter sa maladie. Louise Bourgeois révèle le contraste d’attitude entre cette sage-femme et la jeune génération de l’élite parisienne qui n’hésite pas à demander l’aide d’un accoucheur pour une naissance même « normale ». Toutefois‚ lorsqu’une famille engage un chirurgien pour superviser un accouchement « normal » ‚ cela ne signifie pas qu’on lui permette de voir la femme entièrement dévêtue20‚ mais que ces femmes et leurs maris acceptent le risque d’un scandale afin d’avoir l’avis d’un chirurgien‚ parce qu’ils le jugent plus qualifié que n’importe quelle sage-femme.
L’argument de la modestie mise en question
12Il nous reste cependant des témoignages selon lesquels une femme pouvait‚ sous certaines conditions‚ se laisser examiner non seulement par une sage-femme mais aussi par un médecin ou un chirurgien. L’historienne du Moyen Âge‚ Monica Green‚ a trouvé dans des traités de gynécologie du XVe siècle‚ en France‚ en Italie et en Europe du nord‚ des traces d’un « nouvel empirisme » ‚ dans la mesure où des chirurgiens et des médecins pouvaient examiner eux-mêmes les organes génitaux féminins21. À la fin du XVIe siècle‚ le médecin Laurent Joubert‚ chancelier de l’Université de Montpellier‚ examine cette évolution dans la seconde édition de son célèbre livre Erreurs populaires paru en 1579‚ afin de répondre aux questions sur les tabous sexuels‚ formulées un an auparavant lors de la première édition22. Dans un passage‚ Joubert‚ s’adressant directement à son lecteur‚ répond notamment à la question qui a trait à la décence d’un examen pratiqué par un médecin :
Et quoy ? Il y a beaucoup de fames de bien & d’honneur‚ lesquelles affin qu’on reconnoisses plus exactemant quelque mal ou indisposicion de leur matrice‚ permettet bien (suiuant la raison qui le leur persuade) aus chirurgiens‚ presās les medecins‚ que leurs parties hōteuese soit decouuertes & de pres visitées‚ au moyen d’vn miroir matrical‚ qui nous fait voir iusques au fons du sac.23
13Ce passage suggère que dans certaines circonstances le regard masculin approche les organes génitaux de la femme sans aucune arrière-pensée sexuelle. Toutefois‚ il semble que ces situations soient encore assez inhabituelles. Quant au regard privilégié de la sage-femme‚ regard qui ne va pas à l’encontre des tabous de la modestie‚ Louise Bourgeois sous-entend aussi qu’elle-même ou une autre sage-femme peut parfois voir les organes génitaux ou les seins de la patiente. En décrivant par exemple la manière d’étancher un flot de sang‚ elle affirme : « I’ai veu aussi mettre chacune des aines‚ vn escheueau de fil cru moüillé en eau froide »24. Dans un autre passage‚ elle décrit comment elle a soigné les seins douloureux d’une femme :
Le cinquiesme iour de la couche ie la fus voir‚ & la trouuay en fiebure‚ & mesme que ce iour là‚ elle n’auoit rien voulu prendre ayant la veuë esgarée‚ auec des parolles qui ne suyuoient nullement‚ & me disoit qu’elle auoit beaucoup de resueries en l’esprit‚ ie donnay promptement vn clystere & voulu voir son sein‚ ie trouuay que la garde n’y auoit rien fait‚ & qu’il estoit fort dur‚ je luy fis vne embrocation dessus‚ d’huile rosat & de vin aigre‚ & dessus‚ des fueilles de choux rouges amorties sur le feu‚ & encores par dessus‚ vn cataplasme de bon miel commun‚ sur des estouppes.25
14Le chirurgien Jacques Bury explique comment une sage-femme sert d’œil à un médecin pour examiner les organes génitaux d’une femme et déterminer pourquoi elle est stérile :
[La sage femme] soit de bon iugement & bon esprit pour facilement comprendre toutes les choses necessaires à l’aide & secours des femmes enceinctes & en trauail d’enfant‚ que’elle aura apprises des Medecins & Chirurgiens‚ mesmes qu’elle soit vsitée en la cognoissance des parties genitalles de la femme‚ afin de bien & deuëment rapporter les causes qui empeschent que quelques femmes ne peuuent auoir enfant & aussi des choses qui apportent quelque difficulté à la sortie des enfants.26
15Il admet ainsi dans certains cas‚ en particulier lorsqu’il s’agit de déterminer les causes de la stérilité féminine ou la position du fœtus dans le cas d’un accouchement difficile‚ que la sage-femme ait le droit d’examiner les organes génitaux féminins.
Problèmes de communication avec les médecins et les chirurgiens
16De même‚ dans une atmosphère libre de toute arrière-pensée sexuelle‚ la parturiente et la femme enceinte auront moins à appréhender de discuter de sujets intimes concernant leur corps‚ ou de faire part de leurs petits soucis qui touchent leur situation actuelle. Laurent Joubert aborde indirectement ces questions dans la critique qu’il fait des sages-femmes appelées à examiner la virginité de certaines femmes. Il fait remarquer que :
Les matrones ou leuandieres s’attribuet cette prerogatiue‚ de sauoir mieus iuger du pucellage‚ que nous‚ ou que les chirurgiens : d’autāt qu’elles y sont plus exercées & duittes que les homes‚ ayans familiarité & access libre auec les filhes tāt antieres que corrompues‚ qui se communiquet plus volontiers aus sages fames‚ que aus hommes‚ ancor qu’ils soint plus sages.27
17Cette déclaration sous-entend que les sages-femmes sont chargées de cette responsabilité parce que les autorités se figurent que les femmes parlent plus librement entre elles et se soumettent plus facilement à l’auscultation d’une sage-femme que celle d’un chirurgien ou d’un médecin. Monica Green soutient cette idée mais de façon légèrement différente dans son examen des manuscrits médiévaux : selon elle‚ les tabous qui entourent le corps féminin sont une entrave à la communication des femmes avec leurs médecins ou leurs chirurgiens28. Elle explique que durant la période médiévale – et disons pendant au moins un siècle après – « la capacité du médecin ou du chirurgien à tirer partie de ses connaissances livresques et à les étendre à son observation empirique des maladies féminines et de leurs manifestations corporelles était réellement limitée »29.
18Certains des récits de naissance de Louise Bourgeois renforcent l’assertion de M. Green : les femmes qui ont de la réticence à parler au médecin ou au chirurgien de leurs problèmes quotidiens‚ ou à les laisser regarder leurs parties intimes‚ sont celles qui sont le plus à même de faire-part de leurs problèmes médicaux à une autre femme. Obtenir de telles informations permet à la sage-femme de mieux diagnostiquer la cause des problèmes. Louise Bourgeois décrit les tragiques conséquences d’une erreur de diagnostic par un médecin de la Cour‚ qui « eust faict faire des euacuations estranges » à une femme qu’il pensait atteinte d’hydropisie (une sorte d’œdème)30‚ mais qui était en réalité enceinte. On peut se demander si c’est dans la région abdominale de la femme que l’hydropisie se manifestait. Apparemment‚ la patiente n’avait pas prévenu le médecin qu’elle avait pris du poids‚ et lui ne l’avait pas remarqué non plus31. Quand la patiente commença à avoir des contractions :
Elle accoucha d’vn fils fort foible‚ & tout noir de sang‚ il pouuoit estres à sept mois & demy‚ il vescut trois heures ; lors que ce vint à la deliurer‚ ie fis ce que ie fais aux autres‚ rien n’y servuoit‚ lors que ie recogneus que toute ma peine estoit inutile‚ il me tomba au cœur‚ que le traictement qui luy auoit esté faict comme à vne hydropique pourroit auoir desseiché la arrierefais au fond de la matrice.32
19Une telle tragédie aurait pu être évitée‚ rapporte Louise Bourgeois‚ si elle-même ou une autre sage-femme s’était occupée de son cas‚ car l’une ou l’autre aurait constaté sa grossesse‚ soit en lui parlant‚ soit en l’examinant.
20Les différences entre les histoires de Louise Bourgeois et de Jacques Guillemeau ajoutent foi à l’hypothèse selon laquelle Louise Bourgeois jouissait d’une plus grande intimité psychologique et physique avec ses patientes. En effet‚ elle évoque fréquemment la façon dont les femmes discutent avec elle ou lui révèlent leur colère ou leur anxiété. Louise Bourgeois est préoccupée des émotions et des passions féminines‚ parce qu’elle croit que celles-ci affectent la santé de leurs fonctions reproductives. Cette attention portée aux états émotifs des femmes trouvent leur origine dans une doctrine ancienne. Les effets néfastes des passions fortes sur la femme enceinte sont clairement présentés dans les Maladies des femmes d’Hippocrate‚ où l’on peut lire :
Maintenant‚ je vais parler des maladies des femmes grosses… Il est encore bien d’autres périls qui compromettent le fœtus ; en effet‚ la femme enceinte peut avorter si elle est malade et s’affaiblit‚ si elle soulève un fardeau avec effort‚ si elle reçoit un coup‚ si elle saute‚ si elle est affectée d’anorexie ou de lipothymies‚ si elle prend beaucoup ou peu de nourriture‚ si elle a une frayeur‚ un tressaillement‚ si elle pousse des cris‚ si elle se livre à ses passions. La nourriture et beaucoup de sang sont causes d’avortement.33
21Suivant cette doctrine‚ Louise Bourgeois considère la colère comme la plus destructrice de toutes les passions‚ celle à laquelle les femmes enceintes doivent particulièrement faire attention. Elle lui attribue la cause de beaucoup de fausses-couches et de naissances prématurées : « autres [femmes] son si despitées estans grosses‚ qu’à la moindre chose qui les fasche‚ bouffant en elles-mesmes‚ tellement qu’elles viennent à s’ensfler‚ & pressant par ce despit la matrice‚ font qu’elle s’ouure‚ iettant l’enfant dehors à tous termes »34. Louise Bourgeois est allée jusqu’à défendre l’idée qu’« à la moindre colere ou esmotion il [le sang] sort de ses limites‚ & cause aussi l’accouchement auant le temps »35. Comme exemple‚ elle cite le cas de la femme d’un avocat‚ enceinte de sept mois. En apprenant qu’un métayer avait roué de coups un enfant sur sa propriété‚ celle-ci se mit dans une telle fureur qu’elle put sentir le fœtus « se tourn[er] » et craignit qu’il ne naisse peu après. Elle écrit :
J’y apportay tous les remedes qu’il me fut possible‚ la voyant presque tous les iours où ie la trouuoy‚ quand il n’alloit pas à son gré‚ contre cet homme‚ que la colere mettoit son enfant tout entre les os‚ ie luy representoy qu’elle se commandast‚ & que la colere la faisant accoucher qu’elle couroit hazard de sa vie aussi bien que l’enfant‚ & que ce n’estoit pas le moyen de se veoir vengée de son ennemy.36
22Cette description révèle une intimité à la fois psychologique et physique entre la sage-femme et la patiente. On ne trouve pas de tels passages dans le texte de Jacques Guillemeau. Ce récit montre aussi que Louise Bourgeois combine sa connaissance intime de la femme et sa connaissance de la doctrine hippocratique37. Jacques Guillemeau ne mentionne que rarement les effets des émotions sur les fonctions reproductives de la femme. Les cas sont décrits de façon plus brève‚ moins détaillée et plus clinique que ceux de Louise Bourgeois. Non seulement il mentionne rarement les émotions d’une femme mais il offre aussi rarement des détails sur la situation spécifique de ses patientes‚ sur ce qu’elles lui disent de leur état‚ sur sa relation avec elles ou sur la façon dont il est parvenu à son diagnostic. Soit il s’intéresse moins que Louise Bourgeois à la dimension sociale ou psychologique de la situation de la patiente‚ soit il ne considère pas ces détails comme pertinents. Le seul contre-exemple est une histoire dans laquelle il traite d’un problème d’hémorragie subite‚ causée par un choc soudain. Il écrit :
L’an 1600 il survint un flux de sang impetueux à une grande Dame‚ pour la frayeur qu’elle eut d’un grand esclat de Tonnerre‚ soudain il me fut commandé de l’aller visiter. Estant arrivé‚ je recogneu que son flux de sang estoit fort appaisé. Mais comme elle estoit contraincte de s’en aller à douze ou quinze lieues de Paris : et craignant que ledit flux de sang ne continuast‚ Monsieur Marchand mon gendre la conduict audit lieu par eau : ou estant arrivé le flux de sang luy reprint : ce qui fut cause qu’il en donna un mauvais jugement‚ contre l’opinion de Monsieur de La Rivière‚ premier Medecin du Roy‚ qui estoit audit lieu. Occasion que je fus mandé en poste avec Monsieur Renard medecin du Roy : ou estant arrivé‚ les affaires estoient en meilleur estat‚ le dit sieur de La Riviere s’achemina vers le Roy. Mais soudain ledit flux de sang recommança : ce qui fut cause que l’on envoya querir Messieurs Marescot‚ et Martin‚ Medecins du Roy‚ lesquels ne peurent si tost arriver qu’elle ne fust accouchée. Ce que les parens et amis de ladite Dame‚ ensemble Messieurs Renard‚ Marchand‚ et moy‚ fusmes d’advis de faire‚ pour la grande perte de son sang qu’elle faisoit‚ et les sincopes frequentes qui la prenoient : et si tost qu’elle fut accouchée‚ ledit flux de sang cessa.38
23La frayeur apparaît comme secondaire par rapport à la situation désastreuse qu’elle a causée. À la différence de Louise Bourgeois‚ Jacques Guillemeau ne fait aucune généralisation quant au pouvoir des émotions sur l’évolution de la grossesse. Cela veut-il dire qu’il n’entendrait pas ce que Louise Bourgeois entend lorsqu’une femme lui parle de sa détresse ? Ou cela signifie-t-il que les patientes de Jacques Guillemeau ne partageraient pas autant de choses avec lui qu’elles le feraient avec une femme ?
Conclusion
24Louise Bourgeois considère qu’en tant que femme‚ elle possède une meilleure compréhension des femmes et de leur corps que les médecins et chirurgiens. Nous nous sommes demandé si cela pouvait être vrai‚ étant donné que les tabous et les coutumes qui entourent le corps féminin impliquent que les femmes qui accouchent se vêtissent et souvent se couvrent39. Louise Bourgeois n’aborde jamais ce sujet et‚ en fait‚ dirige l’attention du lecteur sur la crainte des femmes d’être sexuellement compromises lorsque c’est un homme qui traite leurs problèmes médicaux‚ ainsi que sur leur crainte du couteau et du crochet. Elle examine aussi comment la pudeur rend les femmes réservées avec leurs médecins. Le récit de ses interactions avec les patientes semble ainsi suggérer que ces dernières partagent davantage de détails sur leurs problèmes et sont plus franches avec Louise Bourgeois qu’avec Jacques Guillemeau ; que Louise Bourgeois bénéficie d’une intimité psychologique avec elles‚ même si elle ne pose que rarement‚ voire pas du tout‚ le regard sur leurs organes génitaux.
Notes de bas de page
1 Louise Bourgeois (Boursier)‚ OBSERVATIONS // diuerses sur la sterilité‚ // perte de fruict‚ fœcondi //té‚ accouchements‚ et // Maladies des femmes‚ et enfantz nouueaux // naiz. // Amplement traittees // et heureusement praticquees // par L. BOURGEOIS dite Bour // sier SAGE FEMME de // la Roine // Oeuure vtil et necessaire // a toutes personnes‚ [1609] Paris‚ M. Mondiere‚ 1626 ; « À La Royne‚ » s.p. Selon Monica H. Green‚ Trotula de Salerne (XIIe s.) était l’une des deux femmes qui écrivaient en latin sur la santé féminine avant la Renaissance‚ l’autre étant Hildegarde de Bingen (1098- 1179)‚ dont les écrits‚ paraît-il‚ n’ont pas circulé en France. Voir Monica H. Green‚ Making Women’s Medicine Masculine : The Rise of Male Authority in Pre-Modern Gynaecology [L’Essor de l’autorité des hommes dans la gynécologie avant l’époque moderne]‚ Oxford‚ University Press‚ 2008‚ p. viii‚ p. 239 ; Monica H. Green‚ « ‘Traittié tout de mençonges’ : The Secrés des dames‚ ‘Trotula’ and Attitudes toward Women’s Medicine in Fourteenth- and Early-Fifteenth-Century France » [‘Traittié tout de mençonges’ : Le Secrés des dames‚ ‘Trotula’ et les attitudes envers la gynécologie dans la France des XIVe et XVe siècles]‚ dans Women’s Healthcare in the Medieval West : Texts and Contexts [La santé féminine au Moyen Âge occidental : textes et contextes]‚ dir. Monica H. Green‚ Burlington‚ VT‚ Ashgate/Variorum‚ 2000‚ p. 146 – 78 ; p. 177 n. 75. Voir aussi Wendy Perkins‚ Midwifery and Medicine in Early Modern France : Louise Bourgeois [L’Obstétrique et la médecine en France aux XVIe et XVIIe siècles : Louise Bourgeois]‚ Exeter‚ University of Exeter Press‚ 1996‚ p. 1-2.
2 Il n’existe encore aucune édition scientifique en français du texte complet des Observations diverses : je compte en faire paraître une‚ en collaboration avec Valerie Worth-Stylianou (Oxford University) et Stephanie O’Hara (University of Massachusetts Dartmouth). Pour une édition scientifique de la section autobiographique des Observations‚ voir Louise Boursier‚ Récit véritable de la naissance de Messeigneurs et Dames les enfans de France. Instruction à ma Fille et autres textes‚ dir. François Rouget et Colette H. Winn‚ Genève‚ Droz‚ 2000. Stephanie O’Hara et moi-même allons bientôt publier la première traduction complète en langue anglaise des Observations diverses‚ dotée d’un apparat critique important. Elle paraîtra dans la collection « The Other Voice in Early Modern Europe » ‚ éditée par le Toronto Center for Reformation and Renaissance Studies à l’Université de Toronto‚ en collaboration avec le Center for Medieval and Renaissance Studies de l’Université de l’Arizona (Toronto‚ Iter Academic Press ; Tempe‚ Arizona Center for Medieval and Renaissance Studies‚ 20xx). Pour cet article‚ nous nous référons à l’édition de 1626‚ et l’abrégeons en L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.
3 L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ « Au Lecteur » ‚ s.p.
4 Je remercie vivement Nicole Courtet de l’Alliance française de Berkeley (Californie)‚ d’avoir traduit le texte de ma conférence en français et Alice Le Goff‚ agrégée de philosophie‚ maître de conférences à l’Université Paris Descartes‚ d’avoir relu le texte de cet article. Je tiens également à exprimer ma reconnaissance à ma collègue Marie-France Morel‚ agrégée d’histoire‚ ancienne maître de conférences à l’École Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud‚ et présidente de la Société d’Histoire de la Naissance depuis 2005.
5 Voir son site électronique : http://www.birthingtales.org/ Page consultée le 15 novembre 2013.
6 L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ t. 1‚ p. 192. Voir Lianne McTavish‚ Childbirth and the Display of Authority in Early Modern France [La Naissance et la démonstration de l’autorité en France aux XVIe et XVIIe siècles]‚ Burlington‚ VT‚ Ashgate‚ 2005‚ p. 42‚ selon laquelle‚ en invoquant l’usage de pinces pour extraire une pierre de la vessie‚ Bourgeois sous-entend que les femmes peuvent légalement utiliser des instruments chirurgicaux.
7 L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ t. 1‚ p. 49.
8 Ibid.‚ « À la Reine » ‚ s.p. Le scandale résultant de mauvais résultats est analysé par Lianne McTavish‚ « Blame and Vindication in the Early Modern Birthing Chamber » [Le blâme et la justification : les chirurgiens et les sages-femmes dans la chambre d’accouchement à l’époque de la première modernité en France]‚ Medical History‚ t. 50‚ n° 4‚ 2006‚ p. 447-464.
9 Mireille Laget‚ Naissances. L’Accouchement avant l’âge de la clinique‚ Paris‚ Seuil‚ 1982‚ p. 211 et p. 208 pour une discussion sur la modestie.
10 L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ t. 2‚ p. 235.
11 Ibid.‚ t. 2‚ p. 236. L. McTavish‚ Childbirth… ‚ op. cit.‚ p. 57-58 évoque cette scène pour illustrer la résistance de la sage-femme à l’égard de cette intrusion : « la sage-femme est apparemment moins soucieuse de l’intervention manuelle de l’homme que de savoir qui sera vu par qui ». Cf. également L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ t. 2‚ p. 447-464‚ qui suggère que les sages-femmes font elles-mêmes appel à un chirurgien quand un accouchement devient problématique et pour éviter d’être blâmée si les choses se passent mal.
12 L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ t. 2‚ p. 236.
13 L. McTavish‚ Childbirth… ‚ op. cit.‚ p. 58.
14 Voir Michel Möring et Charles Brièle‚ Collection de documents pour servir à l’histoire des hôpitaux de Paris‚ Paris‚ Imprimerie Nationale‚ 1881‚ t. 1 : 1‚ p. 143-145 où la modestie féminine est discutée et protégée : « 4 février [1660] La Compagnie a aresté que La Bègue‚ compagnon chirurgien ordinaire‚ se retirera de la sale des acoucheés et que le sieur Portal y poura aller [sic] pendant trois mois‚ començans [sic] au premier jour de février dernier‚ et d’autant que monsieur Perreau a remarqué que telles permissions sont fort préjudiciables à la santé‚ mesmes à la vie des femmes en travail‚ y en aiant eu qui sont mortes par l’horreur qu’elles ont eu d’estre veues en cet estat par des hommes‚ et qu’il faudroit fermer plus tost entièrement la porte à ces permissions‚ que de soufrir des accidens funestes‚ la Compagnie a aresté dores en avant elle sera grandement réservées à acorder [sic] lesdites permissions‚ et que ceux à qui elle a permis et permetra cy après d’entrer en ladite sale ne pouront aprocher [sic] des femmes en travail qu’elles ne l’aient auparavant consenty‚ et pour cet effet la mère de l’ofice scaura desdites femmes leur sentiment‚ devant qu’elles soient en travail ».
15 Jacques Guillemeau‚ De l’heureux Accouchement des femmes‚ Paris‚ N. Buon‚ 1609‚ « Épistre liminaire‚ au lecteur ».
16 Je tiens ici à remercier Marie-France Morel d’avoir partagé ces informations avec moi.
17 L. McTavish‚ Childbirth… ‚ op. cit.‚ p. 63.
18 Voir Jacques Gélis‚ La Sage-femme ou le médecin : une nouvelle conception de la vie‚ Paris‚ Fayard‚ 1988‚ p. 49‚ qui explique que les femmes protestent davantage lorsqu’il s’agit d’un examen gynécologique et non d’une urgence.
19 L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ t. 2‚ p. 213.
20 Voir L. McTavish‚ Childbirth… ‚ op. cit.‚ p. 58‚ selon lequel le « regard masculin » à cette époque comprenait les génitaux féminins.
21 M. Green‚ Making… ‚ op. cit.‚ p. 249-265‚ et surtout p. 249-50.
22 Alison Klairmont Lingo‚ « Print’s Role in the Politics of Women’s Health Care in Early Modern France » [Les enjeux politiques de la gynécologie à l’époque de la première modernité en France : le rôle de l’imprimé]‚ dans Culture and Identity in Early Modern France [La Culture et l’identité en France aux XVIe et XVIIe siècles]‚ dir. Barbara Diefendorf et Carla Hesse‚ Ann Arbor‚ University of Michigan Press‚1993‚ p. 203-222.
23 Laurent Joubert‚ Erreurs populaires et propos vulgaires, touchant la medicine et le regime de santé‚ [1578] Bordeaux‚ S. Millanges‚ 1579‚ p. 488.
24 L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ t. 1‚ p. 121.
25 Ibid.‚ t. 1‚ p. 202-203.
26 Jacques Bury‚ Le Propagatif de l’homme et secours des femmes en travail d’enfant‚ Paris‚ M. Mondiere‚ 1623‚ p. 70-71 discuté par L. McTavish‚ Childbirth… ‚ op. cit.‚ p. 58. Voir également dans cet ouvrage « Risking Exposure : The Visual Politics of Childbirth » [Les enjeux politiques du regard lors de l’accouchement : la parturiente‚ la sage-femme‚ et le chirurgien]‚ p. 57-72.
27 L. Joubert‚ Erreurs populaires‚ p. 489. C’est nous qui soulignons.
28 M. Green‚ Making… ‚ op. cit.‚ p. 314-317.
29 Ibid.‚ p. 314.
30 L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ t. 3‚ p. 23.
31 Voir les excellentes analyses de McTavish sur ce cas dans « Blame and Vindication » ‚ art. cit.‚ p. 453-455.
32 L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ t. 3‚ p. 27-30. Bourgeois nous rend sensible le danger qu’il y a pour elle ou toute autre sage-femme à se rendre blâmable. Voir aussi les analyses de Wendy Perkins sur ce cas dans Midwifery and Medicine‚ op. cit.‚ p. 114-115.
33 Voir Hippocrate‚ Des Maladies des femmes‚ dans Œuvres complètes‚ trad. Émile Littré‚ t. 7‚ Amsterdam‚ Kakkert‚ 1979‚ 1 : 65-67‚ paragraphe 25. Louise Bourgeois peut avoir lu de telles idées dans les Œuvres d’Ambroise Paré‚ Paris‚ G. Buon‚ 1585 ; Jean Liébault‚ Trois Livres appartenans aux infirmitez et maladies des femmes [1582]‚ Lyon‚ J. Veyrat‚ 1597.
34 L. Bourgeois‚ Observations‚ op. cit.‚ t. 1‚ p. 35.
35 Ibid.
36 Ibid.‚ t. 1‚ p. 208.
37 Ibid.
38 http://www.birthingtales.org/text.php?id=20#e111. Page consultée le 15 novembre 2013.
39 Sylvie Arnaud-Lesot‚ « Pudeur et pratique obstétricale au XIXe siècle » ‚ Histoire des sciences médicales‚ t. 43‚ n° 1‚ 2009‚ p. 39-48.
Auteur
University of California
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