De l’inventaire de 1277 à celui de 1346 : L’évolution du statut de l’archive dans la principauté delphinale
p. 225-238
Texte intégral
11226-1349, telles sont les bornes qui peuvent être assignées à la courte226-1349 vie de la principauté delphinale indépendante, avant son intégration à la Couronne de France par l’épisode du Transport. Grand seigneur auparavant, petit-fils aîné, puis fils aîné de roi de France ensuite, les dauphins n’appartinrent donc au monde des « princes indépendants » que pendant six ou sept générations, tout au plus. Ce ne fut pas suffisant pour enraciner une mémoire durable qui eût cristallisé en une identité dauphinoise fière de ses fondateurs1. Cependant, le processus de constitution d’une memoria princière était bel et bien enclenché, depuis le début en fait, tant il est vrai qu’il s’agit bien là d’une dynamique concomitante de l’affermissement du pouvoir, dont elle participe grandement. C’est ce point qui fera l’objet de cette étude, plus particulièrement en son volet archivistique.
2Ainsi, en Dauphiné, est-il difficile de parler de pouvoir princier avant le principat du dauphin André (ou Guigues-André) (1192-1236) et de son fils Guigues VII (1236-1270), les deux premiers comtes d’Albon de leur lignée qui portèrent le nom princier de « dauphin »2. L’avènement d’un pouvoir princier neuf, au tournant du premier tiers du XIIIe siècle, est reconnue de loin, par la bouche de l’empereur qui confère au dauphin toutes sortes de prééminences, et à l’intérieur, par la voix des vassaux prestigieux dont le prince s’entoure désormais systématiquement. Sur le plan structurel, se repère également une curia peuplée d’officiers bien identifiés, avec un maréchal, un sénéchal, un ou plusieurs juges gradués et, surtout, un petit groupe de notaires3. Et c’est bien dès cette première période princière que s’agrège une memoria delphinale, autour des trois pôles très classiques que sont la nécropole, une « Sainte-Chapelle » et le « Trésor », regroupant les chartes comme les joyaux. Le caractère tardif et soudain de cette émergence princière explique peut-être que, ici, ces trois pôles se trouvèrent d’emblée étroitement associés, en la collégiale Saint-André, dédiée à son patron par son fondateur, le dauphin Guigues-André ; cela dit, cette coalescence de tous les volets de la memoria se retrouve aussi en bien d’autres principautés4.
3Une telle dynamique d’affermissement n’eut rien de linéaire et connut des coups d’arrêt voire des retours en arrière, notamment lors de la minorité de Guigues VII, de 1236 à 1249, ou bien celle de Jean Ier, de 1270 à 1277. Mais elle connut aussi des moment d’accélération et l’on peut considérer qu’une deuxième phase s’ouvrit, lorsque l’on inventa le vocable Delfinatus en 1282 : après le prince, la principauté était née, un avènement territorial qui s’accompagna d’une véritable intégration, intégration que l’on peut lire dans la transformation très rapide des vieilles appellations proto-carolingiennes (marquisat de Césane, principat de Briançonnais, comté d’Embrunais, baronnie de La Tour, etc.) en uniformes bailliages qui couvraient toutes les terres delphinales5. Avec Guigues VIII (1319-1333) et surtout avec son frère Humbert II (1333-1349), un troisième palier est franchi, qui voit le développement d’une comptabilité très envahissante. Celle-ci révèle que, très bons connaisseurs des modèles royaux napolitain et français, influencés aussi par ce qui se jouait à côté, à Aix-en-Provence et à Chambéry, dynamisés par la présence proche de la Curie pontificale depuis 1316, les deux frères ont conduit une politique de profonde reformatio. Un point d’aboutissement peut être repéré dans les Grandes Ordonnances d’Humbert II, en 1340, qui définissent et mettent en œuvre un programme politique très ambitieux, à la fois synthèse des modèles royaux cités, mais aussi œuvre originale où le dauphin fait preuve d’une vision politico-théologique très élaborée6. De cette vision, le départ en croisade en 1346 était bien partie intégrante, plus que la fantaisie mégalomaniaque dénoncée par les historiens positivistes. Ajoutons qu’à l’époque de Humbert II, l’administration paraît avoir atteint un haut degré de perfectionnement, auquel les grandes ordonnances donnèrent une touche finale plutôt complexe et sophistiquée7. Cela dit, tout ceci avait bien une tonalité de chant du cygne puisqu’en 1349, dépourvu d’héritier et converti (il prit l’habit dominicain), le dauphin décida de « transporter » sa principauté dans la main du roi de France. Du Transport, le Dauphiné ressortit avec un statut bien particulier, hors du royaume parce que dans l’Empire, mais néanmoins confié à la « Couronne », c’est-à-dire au roi personnellement, par l’entremise de l’aîné de ses petits-fils, Charles. Pendant ce deuxième et ce troisième temps de la vie de la principauté indépendante, la politique mémorielle des princes continua de s’arrimer à la collégiale de Saint-André, dont le rôle de nécropole et de sanctuaire du Trésor delphinal se confirma.
4Au fil de ce rapide panorama, ont été peu évoquées les sources puisqu’elles seront au cœur de ce travail. D’une certaine façon, à l’image de ce que l’on trouve en Savoie au même moment, les sources dauphinoises sont, par leur richesse et l’importance de ce qui en a été conservé, une chance inouïe, mais aussi un piège pour l’historien : leur ampleur, leur complexité croissent avec le temps, qui peuvent induire à un « réalisme » de l’approche de dépouillement qui n’est pas de bonne méthode, on le sait bien aujourd’hui ; et c’est aussi la raison pour laquelle nous insistons sur le caractère non linéaire des « progrès du pouvoir » que l’on croit déceler dans cette principauté. Comprendre la place de l’écrit dans cette histoire est donc important et ardu, et l’existence de ces deux inventaires, l’un, au début de la deuxième phase de l’histoire de la principauté que nous avons distinguée, en 1277, l’autre à la fin de la troisième, en 1346, autorise cette mise à distance de l’objet archivistique.
I – L’inventaire de 12778
5Le premier des inventaires se présente sous la forme d’un petit rouleau de parchemin. Il est composé de quatre peaux cousues, emplies d’une écriture très fine, très serrée mais bien lisible. Les feuilles ont été rassemblées après avoir été rédigées, chacune par un notaire différent. Quatre notaires ont donc travaillé à l’inventaire des documents « qu’ils ont trouvés dans l’armoire qui se trouve juste derrière l’autel de Saint-André »9, ainsi que le précise le préambule. Le statut du document est hybride puisque l’ordonnance enjoignant sa réalisation parle d’une « compilation avec intention et cause, pour faire mémoire perpétuelle »10, autrement dit, une sorte de cartulaire11. Structurellement, il est très proche de ce que l’on trouve au duché de Bourgogne à la même époque : les liens dynastiques et politiques, de voisinage aussi, qui unissent alors les deux principautés permettent sans doute d’expliquer le transfert du modèle12. En revanche, la situation serait assez différente de celle de la Savoie, pour laquelle les historiens distinguent une phase « seigneuriale », où le cartulaire a cours certes, puis une phase plus tardive où inventaire et politique mémorielle vont de pair13. Autrement dit, selon eux, la confection d’un cartulaire ne saurait tenir lieu de « politique mémorielle ». Les mots mêmes qu’utilisent les Dauphinois, « faire mémoire perpétuelle », incitent à comprendre les choses différemment ici.
6Le lieu de conservation des archives inventoriées est bien identifié, puisqu’il s’agit de cette église Saint-André de Grenoble, collégiale fondée depuis quarante ans, accolée au Palais princier qui borde l’Isère au nord-est de la cité14. Le travail de récolement des notaires commence par l’annonce selon laquelle les actes énumérés ont été « trouvés » (autrement dit un inventaire, les scribes prennent la parole...). Ils se sont réparti le travail et un plan d’ensemble leur a été donné, par l’ordonnance, qui distingue : 1) Reconnaissances de fiefs et autres aveux, 2) Achats, échanges, donations et autres acquisitions, 3) Privilèges pontificaux et impériaux, 4) Accords, arrangements, compromis, conventions, gratifications, 5) Garanties, obligations, promesses, engagements : tels sont les titres de chacune des parties du document. Les quatre notaires ont été commis par trois conseillers de la dauphine, deux religieux, Barthélémy, prieur de Saint-Laurent de Grenoble (de l’ordre de Saint-Chaffre) et frère Humbert, gardien des Frères Mineurs du couvent de Moirans (non loin de Voiron, sur la route de Lyon et Valence), ainsi qu’un juriste, Jacques de Ravenne15.
7L’un de ces notaires, Garnier de Correyo, a réuni sur « son » parchemin deux des rubriques mentionnées (les 2) et 3))16, mais sinon, chacune d’entre elles tient sur une feuille de parchemin : l’impression domine donc d’un ensemble extrêmement bien calibré et justifié. Ainsi, la finalité de ce travail n’est-elle certes pas la maniabilité ou la commodité d’utilisation, mais bien plutôt la qualité du rangement, de la conservation même, pourrait-on dire.
8Les actes mentionnés (environ trois cents au total) sont, quant à eux, présentés de façon pour le moins laconique mais, semble-t-il, selon la mode du temps. Leur forme diplomatique est précisée, carta ou instrumentum, mais rien n’est dit de l’éventuel scellement. Se trouvent ensuite indiqués leur objet (« reconnaissance, inféodation, paiement, fidéjussion, etc. ») et, au choix ou conjointement, les contractants et le lieu. Aucune date n’est jamais donnée, ce qui rend très difficile l’identification de l’original. Parfois c’est un simple prénom qui est donné : « Item carta Osesicce et filii super recognicione Castri de Montilons »17 ; d’autres fois, l’imprécision est absolue : « Item, carta domini de Turre de recognicione feudorum Viennesii et quibusdam aliis »18. Quand il s’agit d’arbitrages, l’arbitre est parfois nommé mais pas systématiquement, et bien souvent de manière très laconique : « Item carta composicionis facte inter dominum Flotam et filios suos »19 ou bien : « carta concordie facte inter dominum Guigonem dalphinum et dominum Dragonetum »20, mais aussi : « duo instrumenta composicionis facte per bastardinum de Monteferrato inter dominum Guigonem dalphinum et dominum Obertum Aurucii »21. Et, même si la présentation formelle est parfaite, les mentions d’actes sont parfois redoublées (à une dizaine de reprises), témoignage de la difficulté de la tâche qui consistait à manipuler des centaines de parchemins sans doute peu ou mal classés. D’un éventuel classement, en effet, on ignore tout. Enfin, tout à la fin de la dernière rubrique qui concerne les « engagements », le notaire qui s’en est chargé, Michel Ranulphe, a rassemblé en cinq articles « fourre-tout » : « deux volumes inutiles de citations, fidéjussions, paiements… car caduques – quarum utilitas jam finita est »22 ; « un sac d’actes de Pierre Lombard »23, l’ancien conseiller juriste de Guigues VIII, une « bourse de cuir blanc avec les dépenses faites à Crest et autres » (la guerre de Crest a eu lieu en 1268)24, un « sac avec lettres envoyées au dauphin »25, et, enfin, une « layette (ligatura) de fidéjussions anciennes des dauphins »26.
9Parmi les actes delphinaux de la période antérieure à 1277 qui nous sont parvenus et qui paraissent avoir toujours figuré dans les archives de la principauté, l’absence dans l’inventaire d’un certain nombre d’entre eux ne manque pas de frapper. On sait notamment que beaucoup d’officiers, notamment les bailes des terres delphinales méridionales, rendaient des comptes écrits27. Or la comptabilité ne figure pas du tout ici. Et si les comptes sont bel et bien mentionnés, c’est de manière indirecte, à trois reprises et sous la forme d’une composition « à leur sujet ». Ainsi, à propos d’Obert Auruce, peut-on lire : « carta facta de concordia domini Guigonis dalphini et Oberti Aurucii super computo administrationis »28. Un autre monument des archives delphinales actuelles datant de cette période brille par son absence : il s’agit du fameux Probus, ces trois grandes enquêtes de 1250, 1260 et 1265-1267 qui ont eu pour objet l’ensemble des terres dauphinoises d’alors. On en a conservé procès-verbaux (pour partie) et résultats, aujourd’hui classés dans le fonds de la Chambre des comptes29. Il est difficile d’imaginer, en tout cas, que ce lourd registre ait pu se trouver dans le sac qui est mentionné à la fin de l’inventaire de 1277.
10Précisons, en dernier lieu, que le rouleau a été annoté, essentiellement à la fin du XIVe siècle et au XVIIe siècle, en vue d’autres entreprises d’inventaires, nous y reviendrons.
II – L’inventaire de 134630
11Le document de 1346 est d’apparence très différente31. Il se présente, d’emblée, comme un inventaire en bonne et due forme, selon l’acception actuelle du terme. L’entreprise a concerné les « actes trouvés dans des “couffins” conservés dans la sacristie de Saint-André »32, et s’est achevée entre mars et mai 1346. Ses fruits en sont huit registres de papier, de belle taille et de belle facture, composés sans doute au début du XVIIIe siècle, ce qui suffit à montrer que la tradition de ces documents est pour le moins complexe. Les notaires ont soigné leurs lettrines, leur écriture, et bien aéré l’ensemble : s’il est peut-être utilitaire, le document est aussi de prestige. Les tables éventuelles ont disparu mais il y a fort à parier qu’elles ont existé.
12Ont été réalisés simultanément un original et un double, suivant un plan à la fois administratif et géographique, par bailliage. Explicitement, ce plan suit l’organisation même du fonds à Saint-André, dont les scofini sont mentionnés en début de chaque chapitre. À ce moment, l’heure n’est plus à la cartularisation. Aussi nombreux que leurs prédécesseurs du siècle précédent, quatre notaires ont cette fois-ci travaillé ensemble et non plus séparément, car leurs écritures alternent, non point en des cahiers distincts mais à la suite, toujours sous les ordres de deux conseillers, deux juristes, Étienne du Roux et Raymond Falavel, tous deux docteurs en droit33. Un chapitre, à part dans le registre consacré au Viennois, traite des privilèges « des empereurs et des souverains »34. Mais, en raison des vicissitudes de la tradition des registres eux-mêmes, impossible de dire, à première vue, si ces « privilèges » se trouvaient, à l’origine, avec le Viennois : ils sont, en effet, répertoriés sur des cahiers séparés. Seule une étude codicologique plus poussée permettrait de trancher ce point. À l’intérieur des chapitres, en revanche, l’ordre est, selon toute apparence, aléatoire. Et même si, en sous-titres, se trouvent mentionnés tel baron ou telle cité, il ne s’agit jamais d’une rubrique exhaustive à leur sujet, mais sans doute plutôt d’un point de repère pour d’éventuelles recherches ultérieures, à la manière de certaines mentions marginales de comptes35. Le fait que, ici, ce « Nota Bene » ne soit pas explicite et prenne la forme d’un titre ne doit pas faire illusion, il s’agit d’une présentation formelle soignée mais non pas d’un véritable classement. Celui-ci existe, certes, mais il ne descend donc pas au-dessous du niveau du bailliage, qui englobe ainsi les grandes baronnies. Fait exception néanmoins le chapitre (ou sous-chapitre) concernant les « privilèges des souverains » qui est, quant à lui, très ordonné : « pape » d’abord, « empereur » ensuite, puis « rois et princes » constituent de véritables rubriques de classement, au même niveau que les bailliages, même si, en fait, ils se trouvent inclus dans le registre du bailliage de Viennois.
13Les notices elles-mêmes sont beaucoup plus détaillées qu’en 1277, alors que l’ampleur de la tâche s’est considérablement accrue, avec près de mille sept cents actes. À n’en point douter, ces notaires sont bel et bien des professionnels de la conservation et de l’archive. En leur contenu, les notices de chaque document sont plutôt canoniques, au sens de l’archivistique de Mabillon : elles précisent, en effet, la forme diplomatique de celui-ci (c’est-à-dire, cette fois-ci, littera sigillata ou non sigillata ou, enfin, intrumentum publicum), son sceau éventuel donc, le nom du notaire et, surtout, sa teneur précise. Cependant, les traces d’hésitations et d’empirisme, où les notaires prennent la parole au style direct, demeurent assez nombreuses, montrant que la mise à distance diplomatique n’a rien de bureaucratique ou de scientifique à cette époque. Notons, à titre d’exemple, leur perplexité devant un ensemble de quarante-huit parchemins cousus « que l’on ne peut séparer » et dont « certains sont inutiles, d’autres non »36 : suit une liste numérotant et datant les actes de cette liasse mais sans mention de leur teneur, cette fois-ci, comme si l’on avait choisi de préserver l’intégrité des documents plutôt que de les lire. Retenons aussi ce second exemple de la mention d’un « vieux cahier d’instruments de la Terre de La Tour à reposer dans les archives de Saint-André... »37.
14Dans la mesure où les documents mentionnés dans le premier inventaire sont difficiles à identifier, il n’est pas aisé de déterminer le sort qui leur est réservé dans ce second inventaire. Seuls une soixantaine ont pu être repérés avec certitude. Notons d’emblée que ceux qui auraient pu être classés dans l’unique chapitre commun aux deux inventaires, celui des « Privilèges », ne le sont pas : si le travail de 1277 n’a pas été utilisé en 1346, il a, en revanche, été recopié, à la fin du volume qui concerne le Grésivaudan38. Cela signifierait qu’il était bien conservé à Saint-André, un choix bien imprudent si l’on donne à l’inventaire une fonction principale de sauvegarde en cas d’incendie ou autre destruction. En revanche, un autre inventaire fait partie des documents répertoriés en 1346, « inventaire dans l’inventaire » ; c’est celui de Robert Robert, notaire au Buis, dont on déplore qu’il n’ait pas fourni les originaux qu’il mentionne : son cahier est donc recopié (on développe donc l’inventaire dans l’inventaire…)39. Puis en 1359, un autre article ajoute que certains de ces actes ont finalement été rapportés du Buis40. Car, de fait, l’inventaire a été poursuivi et complété dans la deuxième moitié du XIVe siècle ; mais les actes concernés se limitent à une petite vingtaine.
15Comme pour l’inventaire de 1277, il faut tenter de comprendre quel type de documents a été ici recueilli, en cherchant notamment les lacunes parmi les archives qui sont parvenues jusqu’à nous. À nouveau, la comptabilité se remarque surtout par son absence. À quelques exceptions près néanmoins. Un certain nombre d’arrêts, de clôtures de comptes d’officiers centraux morts en fonction, figurent notamment dans l’inventaire41. Datée de 1339, se trouve également la « publication des comptes et revenus des châteaux de Grésivaudan, Champsaur, Césane, Terre de La Tour… ad eternam rei memoriam perhabendam, ne dicti redditus et obventiones possint depperire aliquathenus in futurum »42. Une telle formule mérite un commentaire approfondi, il faudra y revenir. Mais d’autres lacunes se laissent aussi repérer. C’est le cas des grandes ordonnances des dauphins, notamment celles, fameuses, des années 1336-134043. De même, on ne trouve point mention des enquêtes et sentences judiciaires (dont certaines furent retentissantes, par exemple celle qui fut conduite contre François de Bardonnêche en 1334 et 1344)44 à la notable exception des « enquêtes et sentences contre Jean Raymond en 1332, suite au jugement de Raymond Estoc commissaire en Grésivaudan »45. Pourtant, ces enquêtes ont été très nombreuses et systématiques entre 1328 et 1334, et sont regroupées en des registres bien connus des historiens46. Enfin, aucun des registres de chancellerie subsistant encore aujourd’hui n’est mentionné dans cet inventaire47.
III – Quel chartrier, quelles archives ? L’organisation des fonds documentaires delphinaux
16En 1277, à Saint-André, la Sainte-Chapelle delphinale, toute récente, pas même encore surmontée de son clocher, se trouve bel et bien le chartrier des princes ; presque la moitié des actes qu’il contient sont des hommages ou des reconnaissances. Les notaires y travaillent et ils y travaillent plutôt bien. D’autre part, il existe, dans le palais delphinal, chez les Mineurs de Grenoble ou de Moirans, ainsi que dans les sièges de bailliages, d’autres fonds plus utilitaires, comptables et d’enquêtes, telles que celles contenues dans le Probus. Il est très difficile d’imaginer une quelconque chancellerie en activité, au sens plus tardif du terme, et l’on ne saurait parler d’un « Trésor des chartes » de type parisien. Le rôle ancien et durable des notaires en Dauphiné semble encore largement se suffire à lui-même et cela durera encore longtemps.
17En 1346, les choses sont plus complexes mais la structure n’est pas fondamentalement différente. Saint-André demeure le réceptacle des « chartes » delphinales : on trouve cinq fois plus de documents qu’en 1277, mais cette inflation quantitative n’a pas modifié la répartition typologique des actes, qui reste sensiblement la même : pour la moitié, ce sont toujours des hommages ou des reconnaissances. On le sait, les archives comptables au sens large, y compris les enquêtes en tout genre, sont déjà soigneusement organisées en registres (eux aussi rangés selon les subdivisions administratives), mais elles ne sont pas conservées dans cette église. En outre, depuis 1328 au moins, est attestée l’activité d’une chancellerie organisée avec soin par l’ordonnance de 1340, sur un mode sans doute assez proche de la France, toutes choses égales d’ailleurs48. Comme en France, les actes émanés de cette chancellerie sont déposés à la « Sainte-Chapelle » dauphinoise, Saint-André.
18Cette ordonnance contient aussi de précieuses informations sur l’organisation respective des archives et de la chancellerie, soigneusement distinguées49. À l’article 26, le dauphin précise, en effet, que la chancellerie doit enregistrer et sceller tous les instruments « touchant à notre honneur et à notre état de Dauphiné » : le chancelier et le secrétaire s’en chargent ; à l’article 27, le chancelier, toujours aidé du secrétaire, est censé compléter son activité par la recherche active des actes de privilèges et hommages et autres « affaires » pour les reposer dans les « archives », in loco tuto, « selon ce qui sera plus tard ordonné » : le concept d’archives est donc bel et bien invoqué. Puis, dans les articles 30 et suivant, le dauphin précise l’organisation des registres de chancellerie prévue dans le 26, dont il semble évident qu’ils seront ensuite déposés dans ce « locum tutum ». Enfin, l’ordonnance évoque un autre type de registres, à propos du secrétaire et des notaires de chancellerie : celui des protocoles, que ces scribes ont pour devoir de constituer, chacun, avec copie de tous les instruments publics qu’ils ont été amenés à rédiger. Dans une contrée où cette forme diplomatique était très largement utilisée par le pouvoir souverain, il y avait là encore, un nouveau gisement d’actes d’« intérêt public » qui ne facilite pas une claire perception de l’organisation des fonds documentaires. Pour le dauphin, les choses paraissent claires cependant : il n’emploie le terme d’archives que pour une seule catégorie de documents intéressant « l’honneur et le statut du dauphin », et le terme sera à nouveau utilisé par les rédacteurs de l’inventaire de 1346, précisément à propos du fonds sur lequel il travaillait, celui de Saint-André. En d’autres termes, les registres de chancellerie au sens strict ont leur place dans un « locum tutum » ; en revanche, pour les protocoles de notaires, ce n’est sans doute pas le cas. Le fait que le dauphin n’ait pas désigné Saint-André comme « locum tutum » est un peu déroutant ; sans doute envisageait-il une restructuration de son Trésor, ainsi qu’il l’annonce dans l’ordonnance de 1340. Celle-ci n’eut cependant pas lieu, abandonnée au cours des quatre années qui suivirent, comme la plupart des décisions prises à cette date, et le Trésor delphinal demeura à Saint-André, où l’on décida de l’inventorier en 1346.
19Et si l’on peine tant à comprendre comment s’organisaient les fonds en 1346 et auparavant, c’est parce qu’ils ont été totalement remaniés après le Transport, notamment entre 1379 et 138450. Pendant ce court laps de temps, en effet, les Parisiens vinrent opérer une grande réforme institutionnelle à Grenoble. Celle-ci eut de profondes conséquences sur l’organisation des archives delphinales. L’ensemble de ce mare magnum fut alors littéralement aspiré par la Chambre des comptes, une institution « laboratoire » pour les Français en mission dans la principauté. Et ceci explique que toutes les archives d’avant le Transport se soient retrouvées classées dans les armoires de la Chambre, et naturellement aujourd’hui rattachées à la série B, même si elles n’avaient, pour un certain nombre d’entre elles, rien à voir avec la comptabilité. Ainsi, notamment, des registres de chancellerie ou des enquêtes réformatrices de la première moitié du XIVe siècle. Seuls nos deux inventaires surnagèrent, à part ; mais à Saint-André, il n’y avait plus d’actes, tous engloutis par les comptables tatillons à l’affût de tous les droits delphinaux. Pour le coup, la memoria delphinale s’était faite toute bureaucratique. Extraits de l’ex-Trésor de Saint-André, une poignée d’actes, très réduite et dont le choix paraît un peu arbitraire, a été intégrée au Trésor des chartes français dès la fin de l’année 1349, en même temps que les joyaux delphinaux, anneau de Saint-Georges et bannière, dont on connaît le lien congénital avec les archives des Saintes-Chapelles. Autrement dit, loin d’assister à une autonomisation des fonds comptables par rapport à la matrice générale du chartrier, on observe ici plutôt une fusion d’un ensemble disjoint en une énorme machinerie documentaire, celle de la Chambre des comptes, de ses futurs mémoriaux et autres « Livres de Copies ». Une telle évolution tient d’abord au fait que, à partir de 1349, le prince n’est plus à Grenoble mais à Paris : sans perdre sa souveraineté, la principauté perd bien, cependant, son « âme » et ne dispose plus de Trésor. Cela dit, pendant trente ans, le fonds subsiste, presque intègre, amputé seulement des quelques actes que les conseillers royaux avaient jugés indispensables au Trésor de la monarchie ainsi que des joyaux delphinaux. Le fonds ne disparaît donc véritablement que dans les années 1380, phagocyté par la toute-puissante raison comptable qui s’est alors imposée à Grenoble.
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Fonction et statut des inventaires : du cartulaire à l’inventaire d’archives, du chartrier aux archives
20Peut-on, en forme de conclusion provisoire, poser la question de la fonction politique de ces inventaires et du fonds qu’ils concernent ? On se contentera ici de quelques remarques mais la réflexion vise à être développée, notamment autour de la notion « d’archives » et de ses articulations complexes avec le droit51. Dans son sens antique, le mot désignait un ensemble documentaire plus restreint qu’aujourd’hui, renvoyant en même temps au pouvoir et à son origine : l’idée « d’archives courantes » faisait même figure de non-sens.
21On peut postuler que l’on a affaire, dès 1277, à une réelle volonté de constituer un fonds mémoriel : « archives », « Trésor des chartes », aucun mot n’est encore choisi pour le désigner ; seule la mémoire perpétuelle et sa nécessaire préservation sont évoquées. En 1346, ceci se confirme amplement, et l’ordonnance de 1340 est venue le rappeler, en reprenant pour la première fois le mot antique d’« archives ». Certes, il s’agit bien, comme pour tous les documents écrits, de pouvoir « opposer un droit » le cas échéant, et le fait même que des juristes supervisent les deux opérations le confirme largement. De plus, il est sans doute absurde de séparer la part mémorielle de la part juridique dans ces affaires archivistiques : les deux volets s’interpénètrent largement. Cependant, on peut sans doute considérer que la première l’emporta un tout petit peu sur la seconde chez le prince lorsqu’il demanda que l’on compose ce fonds, à Saint-André ; le fait qu’il use du terme d’archives pour ce seul fonds, donc dans son sens antique, plus restrictif qu’aujourd’hui, pointe bien cette spécificité (et l’on mesure aussi à quel point la mémoire a tout envahi par la suite). Dans les inventaires, ceci apparaît clairement ; c’est la mémoire que l’on cultive, pour la grandeur « en soi » du prince, ce qui n’est pas exactement le cas des autres fonds documentaires (protocoles de notaires, comptabilité, etc.). Ceci se lit dans les ordonnances prescrivant la rédaction de ces documents mais aussi lorsque, par hasard, au fil du texte, les notaires prennent la parole. Cette mémoire s’appuie sur une conception du pouvoir déjà politiquement sophistiquée en 1277 : le plan d’ensemble de cet inventaire ne doit, en effet, rien au hasard même s’il n’est pas rationnel. En 1346, c’est la rigueur de l’organisation politico-administrative qui ressort plutôt.
22Enfin, se pose aussi la question des motivations qui poussèrent à la rédaction de ces inventaires à ces moments-là, précisément. Peut-être peut-on souligner qu’il s’agit de moments de faiblesse du pouvoir, après une période de grandeur et de progrès : en 1277, la minorité de Jean Ier s’éternise, dans des conditions difficiles ; en 1346, le dauphin est en croisade et laisse le Dauphiné en proie à des créanciers très avides. Menacé, le pouvoir semble, en son cœur, se recueillir, se rassembler pour mieux subsister. La mémoire s’érigerait alors surtout « sur la défensive », ce qui en dit long sur les méandres sinueux et inattendus des prétendus progrès de l’administration et de l’État. Plutôt que de batailler sur le fait de savoir si progrès il y eut ou non, n’y aurait-il pas là une voie pour l’historiographie, par l’étude de ce « cheminement non linéaire », à laquelle nous convient les heuristiques retours aux sources ?
Notes de bas de page
1 Voir à ce sujet les remarques de Dominique Poulot et Vital Chomel dans L’Esprit des lieux. Le patrimoine et la cité, Daniel J. Grange et Dominique Poulot (dir.), Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1997.
2 La bibliographie à ce sujet est un peu ancienne : voir en dernier lieu Bernard Bligny, « Note sur l’origine et la signification du terme “dauphin” (de Viennois) », Le Monde animal et ses représentations au Moyen Âge (XIe-XVe siècles). Actes du XVe Congrès de la Société des Historiens Médiévistes de l’Enseignement Public, Toulouse, Presses de l’Université de Toulouse – Le Mirail, 1985, p. 155-156 ; le travail le plus complet demeure Georges de Manteyer, Les Origines du Dauphiné de Viennois, d’où provient le surnom de baptême reçu par le dauphin Guigues IX, comte d’Albon (1100-1105), Gap, Impr. Jean et Peyrot, 1925. Sur le Dauphiné au XIIIe siècle, deux ouvrages majeurs doivent être mentionnés : Gérard Giordanengo, Le Droit féodal dans les pays de droit écrit. L’exemple de la Provence et du Dauphiné, XIIe début XIV e siècle, Rome, École française de Rome, « Bibliothèque des Écoles françaises de Rome et d’Athènes, 266 », 1988 ; et Henri Falque-Vert, Les Hommes et la Montagne en Dauphiné au XIIIe siècle, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1997.
3 Sur ces aspects, nous nous permettons d’ajouter notre thèse, pour sa partie encore inédite, De la principauté delphinale à la principauté royale. Structures et pouvoir en Dauphiné au XIVe siècle, Grenoble, 2000, vol. 1, p. 19 et suiv.
4 Sur cette collégiale, A. Lemonde, « Au cœur du pouvoir : les gens du prince et la collégiale de Saint-André de Grenoble (XIIIe-XVe siècle) », Les Lieux de sociabilité religieuse à la fin du Moyen Âge. Les cahiers du CHRIPA, no°9, Pierrette Paravy et Ilaria Taddei (dir.), Grenoble, 2003, p. 61-74.
5 Ibidem, chapitre introductif.
6 Nous avons analysé ces ordonnances dans « Des libertés au droit public, le processus juridique en Dauphiné (1340-1410) », L’Enquête en question. De la réalité à la « vérité » dans les modes de gouvernement (Moyen-Âge-Temps modernes), Anne Mailloux et Laure Verdon (dir.), Paris, CNRS éditions, 2014, p. 231-240.
7 Voir, en dernier lieu, A. Lemonde, « “Compter et ordonner”. Les effectifs des serviteurs des dauphins (1336-1340) », Les Entourages princiers à la fin du Moyen Âge. Une approche quantitative, Alexandra Beauchamp (dir.), Madrid, Casa de Velázquez, Collection de la Casa de Velázquez, 134, 2013, p. 31-42, et A. Santamaria-Lemonde, « Non est enim potestas nisi a Deo, les fondements contractuels du pouvoir en Dauphiné à la lumière du Statut de 1349 », Avant le Contrat social : le contrat politique dans l’Occident médiéval (XIIIe-XVe siècle), François Foronda (dir.), Paris, Publications de la Sorbonne, 2011, p. 291-325.
8 L’inventaire est conservé aux Archives départementales de l’Isère sous la cote Inv. 26. Il a été édité par Ulysse Chevalier, Inventaire des archives des Dauphins à Saint-André de Grenoble en 1277, Paris, A. Franck - Lyon, A. Brun, « Documents historiques inédits sur le Dauphiné, 1 », 1869 (dorénavant, Inventaire 1277).
9 « Inventa fuerunt in armario Sancti Andree Gracianopolis, post altare ipsius ecclesie », Inventaire 1277, p. 7.
10 « ad perpetuam memoriam et ne possint de facili deperire », Inventaire 1277, p. 7, original peau no°1.
11 Les recherches sur le cartulaire ont été nombreuses dans les dernières décennies. Voir notamment Paul Bertrand, Caroline Bourlet et Xavier Hélary, « Vers une typologie des cartulaires médiévaux », Les Cartulaires méridionaux, Actes du colloque organisé à Béziers les 20 et 21 septembres 2002 par le Centre de recherche et d’études médiévales sur la Méditerranée occidentale (EA 3764, Université Paul-Valéry – Montpellier III), Daniel Le Blévec (dir.), Paris, École nationale des Chartes, « Études et rencontres de l’École des chartes, no°19 », 2006, p. 7-20. Voir également Paul Bertrand (dir.), CartulR – Répertoire des cartulaires, Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, « Ædilis, Publications scientifiques, 3 », 2006, http://www.cn-telma.fr/cartulR/. Plus anciennement, Olivier Guyotjeannin, Laurent Morelle et Michel Parisse (dir.), Les Cartulaires. Actes de la table ronde organisée par l’Ecole Nationale des Chartes, Paris, Droz et Champion, « Mémoires et documents de l’École des chartes, 39 », 1993, ainsi que Adam J. Kosto et Anders Winroth (dir.), Charters, cartularies and archives : the preservation and transmission of documents in the medieval west : proceedings of a colloquium of the Commission internationale de diplomatique (Princeton and New York, 16-18 September 1999), Toronto, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, « Papers in Mediaeval Studies, 17 », 2002.
12 Sur les archives bourguignonnes, Jean Richard, « Les archives et les archivistes des ducs de Bourgogne dans le ressort de la chambre des comptes de Dijon », BEC, t. 105, 1944, p. 123-169 (notamment p. 125 pour le cartulaire des fiefs du dernier quart du XIIIe siècle).
13 Bernard Andenmatten et Guido Castelnuovo, « Produzione documentaria e conservazione archivistica nel principato sabaudo, XIII-XV secolo », Bollettino dell’Istituto Storico Italiano per il Medio Evo, t. 110/1, 2008, p. 279-348.
14 Sur la géographie de Grenoble à cette époque, voir Alain Badin de Montjoye et A. Lemonde, « La ville delphinale », Grenoble, histoire d’une ville, René Favier (dir.), Grenoble, Glénat, 2010, p. 40-53.
15 Inventaire 1277, p. 7.
16 Inventaire 1277, p. 10-13.
17 Les numéros des actes mentionnés sont ceux attribués par U. Chevalier dans son édition. Ici : charte 3.
18 Acte 19.
19 Acte 129.
20 Acte 128.
21 Acte 123.
22 Acte 289.
23 Acte 290.
24 Acte 291. La guerre « de Crest » s’est déroulée en 1268 et a opposé le dauphin au comte de Valentinois.
25 Acte 292 : Item et quidam alius saccus cum litteris missis ad dominum dalphinum.
26 Acte 293.
27 Voir notamment à ce sujet A. Lemonde, « Entre honor, engagement et service du prince. La fonction châtelaine en Dauphiné (1308-1456) », De part et d’autre des Alpes. Les châtelains des princes à la fin du Moyen Âge, Guido Castelnuovo et Olivier Mattéoni (dir.), Paris, Publications de la Sorbonne, 2006, p. 289-314.
28 Acte 153.
29 Sur le Probus, H. Falque-Vert, Les hommes et la montagne en Dauphiné, op. cit., et Nicolas Carrier, « Les enquêtes delphinales du milieu du XIIIe siècle dans le contexte des Alpes occidentales », Quand gouverner c’est enquêter. Les pratiques politiques de l’enquête princière (Occident, XIIIe-XIVe siècles), Thierry Pécout (dir.), Paris, De Boccard, « Romanité et modernité du droit », 2010, p. 195-210.
30 L’inventaire est conservé aux Arch. dép. de l’Isère sous les cotes : Inv. 27 (Grésivaudan) ; Inv. 28 (Viennois) ; Inv. 29 (Terres de La Tour) ; Inv. 30 (Gapençais) ; Inv. 31 (Baronnies) ; Inv. 34 (entre autre, Faucigny). Manquent donc l’Embrunais et le Briançonnais. Répertoriés dans A. Prudhomme, Inventaire-sommaire des Archives départementales antérieures à 1790. Archives civiles, série B, t. 3, Grenoble, Impr. de Allier frères, 1899, p. 102.
31 L’inventaire a également été publié par U. Chevalier, Inventaire des archives des Dauphins de Viennois à Saint-André de Grenoble en 1346, Lyon, A. Brun, « Documents historiques inédits sur le Dauphiné, 2 », 1871 (dorénavant, Inventaire 1346). Une « notice préliminaire » nourrie présente les registres et leur tradition (ainsi que les pertes supposées), aux p. V à XVII.
32 « … repertis in quibusdam scofinis in revesterio Sancti Andree Gracianopolis… » Inventaire 1346, p. 2.
33 Inventaire 1346, p. 2.
34 La numérotation des actes reprend, à nouveau, celle d’U. Chevalier. Ici, actes 1 à 61.
35 Ainsi de la mention De facto Viana, acte 137, puis à nouveau 421 à 424, « Du fait de la princesse d’Orange », actes 1329 et 1330, « Du comte de Genève », actes 1610 à 1691, etc.
36 Acte 1164 (avec sous-numérotation, ensuite, par parchemin).
37 Acte 435.
38 Jean-Joseph-Antoine Pilot de Thorey, Inventaire-sommaire des Archives départementales de l’Isère antérieures à 1790. Archives civiles, série A et B, t. 1, Grenoble, Impr. de Allier et frères, 1864, p. 23.
39 Actes 1314 à 1424.
40 Acte 1425.
41 Acte 592 : « compte et arrêt des héritiers de André Zuppi pour le bailliage de Grésivaudan » ; la formulation laisse clairement entendre qu’il ne s’agit pas d’un compte ordinaire, mais bien d’un compte de clôture post mortem, de l’officier et qui concerne sa propre gestion. André Zuppi était un créancier très important du dauphin et un conseiller de premier ordre.
42 Acte 827.
43 A. Lemonde, « Une université dans le désert ? La signification politique de la création de 1339 », De l’école de droit à la faculté de droit de Grenoble (1806-2006), héritages historiques et enjeux contemporains, Martial Mathieu (dir.), Grenoble, PUG, p. 25-34.
44 A. Lemonde, « De la révolte aux libertés. L’intégration politique modèle d’un bailliage montagnard : le Briançonnais au XIVe siècle », Montagnes médiévales. Actes du XXXIVe Congrès de la SHMESP, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 137-150.
45 Acte 1212.
46 Cf. A. Lemonde, « Non est enim potestas, nisi a Deo... Les fondements contractuels du pouvoir en Dauphiné, à la lumière du Statut de 1349 », op. cit.
47 Arch. dép. Isère, B 3217, B 3255, B 3244, B 3245.
48 Pour une comparaison avec la situation française, O. Guyotjeannin, « Les méthodes de travail des archivistes du roi de France (XIIIe-début XVIe siècle) », Archiv für Diplomatik, t. 42, 1996, p. 295-373.
49 L’ordonnance est publiée et analysée par Chantal Reydellet-Guttinger, « La chancellerie d’Humbert II dauphin de Viennois (1333-1349) », Archiv für Diplomatik, t. 20, 1974, p. 241-383.
50 Sur tous ces aspects, voir A. Lemonde, Le temps des libertés en Dauphiné. L’intégration d’une principauté à la Couronne de France, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2002.
51 Voir la réflexion novatrice sur les archives et la croissance de l’État florentin conduite par Lorenzo Tanzini, Alle origini della Toscana moderna. Firenze e gli statuti delle communità soggette tra XIV e XVI secolo, Florence, L. S. Olschki, 2007.
Auteur
Maître de conférences à l’Université Pierre Mendès France - Grenoble II – Centre de recherche en histoire et en histoire de l’art. Italie, Pays alpins (CRHIPA, EA 599).
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