La représentation des sages-femmes dans les factums de la fin de l’Ancien Régime
p. 81-95
Texte intégral
Les accusateurs aggravèrent leurs outrages, en
répandant un mémoire imprimé qui n’étoit qu’une
amplification odieuse de leur accusation. Le mensonge,
l’imposture y étoient partout à la place de la vérité.1
1Les factums ou mémoires judiciaires sont des documents rédigés en marge des procès. Les avocats y présentent la source du conflit en exposant les faits‚ puis s’emploient à défendre leurs clients en puisant divers arguments dans le droit‚ la jurisprudence et en développant une argumentation sensible. Ces documents‚ facilement imprimés et diffusés à la fin du XVIIIe siècle‚ pouvaient être vendus à plusieurs milliers d’exemplaires pour les causes les plus célèbres2. Les factums ont donc été étudiés par des historiens soucieux de l’évolution de l’opinion publique3. Une très grande part des affaires dépeintes dans les factums ayant trait à des conflits familiaux‚ les spécialistes de la famille se sont aussi penchés sur cette source4.
2Je m’intéresse plus particulièrement aux personnages féminins mis en scène dans ces factums. Les sages-femmes n’y sont pas absentes. Sur un corpus de 147 factums dépouillés dans le cadre d’une recherche sur la représentation des femmes‚ j’ai rencontré 15 factums dans lesquels elles sont mises en scène‚ ce qui représente 10 % du corpus5. Or‚ les professions des femmes présentes dans les factums sont loin d’être systématiquement précisées. De telles mentions sont très rares dans les intitulés. Le métier de sage-femme est donc particulièrement bien représenté‚ à peu près à part égale avec celui de nourrice qui figure dans 11 % de l’échantillon. L’étude des factums permet donc d’enrichir le corpus de sources habituellement utilisées pour faire l’histoire de la profession et de sa perception sociale‚ à une époque où la concurrence avec les chirurgiens est de plus en plus forte.
3Les sages-femmes dont il est question ne sont cependant que rarement présentes dès l’intitulé des factums. Elles ne sont pas les protagonistes principaux des procès évoqués. Seuls deux factums montrent des sages-femmes prenant part directement à un conflit judiciaire‚ mais l’accouchement n’est pas au cœur du conflit6. Une sage-femme peut ainsi être impliquée dans une affaire judiciaire sans que sa compétence soit au cœur de l’affaire.
4Les sages-femmes dont il est question ici sont donc avant tout des personnages secondaires. Si leur présence est liée à la naissance‚ elle l’est au sens large‚ car elles sont assez peu montrées en train d’effectuer réellement un accouchement7. Elles sont par contre présentes à des moments qui entourent la naissance. Cinq factums abordent la possibilité pour des femmes d’aller accoucher chez des sages-femmes‚ en particulier lorsque l’enfant qu’elles portent est illégitime8. Après l’accouchement‚ on a recours aux sages-femmes dans des cas fort divers : constatation d’infanticide‚ accusation d’enlèvement d’enfant‚ conseil relatif à l’allaitement‚ participation à la cérémonie des relevailles‚ traitement de saignements persistants9...
5À travers cette multiplicité de cas de figure‚ peut-on distinguer un cliché relatif à la sage-femme qui reflèterait les controverses de l’époque ? Christian Biet a‚ en effet‚ insisté sur l’importance de l’usage de clichés littéraires dans les factums pour caractériser les personnages10. Dans quelle mesure le rôle d’experte de la sage-femme peut-il être reconnu et valorisé devant la justice ? La figure de la sage-femme inspire-t-elle une confiance équivalente à celle accordée aux professionnels de santé masculins ? Quels clichés de genre retrouve-t-on dans les mémoires judiciaires en lien avec la pratique des sages-femmes ?
6Dans une première partie‚ il s’agira de montrer que les factums présentent les sages-femmes de manière positive‚ comme une figure familière qui inspire la confiance‚ puis de voir comment la compétence des sages-femmes peut être valorisée en examinant de quelle manière elle est comparée à celle des médecins et des chirurgiens. Enfin‚ seront analysés les éléments qui ressortent d’un discours de genre dans lequel on insiste sur les compétences masculines en remettant en cause les capacités féminines.
Des compétences valorisées
7La valorisation des compétences des sages-femmes passe par la mise en avant d’une relation de confiance‚ faisant de ce personnage une figure de la sphère intime. Son statut d’interlocutrice privilégiée en fait une rivale des médecins et des chirurgiens.
La sage-femme, figure de l’intimité
8La première représentation de la sage-femme qui ressort des factums est celle d’un personnage fortement relié à la sphère intime. Les factums insistent fréquemment sur la confiance qui est accordée à la sage-femme. Un mémoire rédigé en 1770 met ainsi en avant la force de cette relation qui unit sage-femme et parturiente‚ même lorsque l’accouchement se complique. La dame Potier‚ femme d’un marchand de Soissons‚ est morte des suites d’un accouchement difficile de jumeaux dont l’un est mort-né. Un médecin de la ville accuse son confrère d’avoir causé sa mort. Ce dernier se défend en faisant rédiger un factum dans lequel il accuse les sages-femmes qui sont intervenues avant lui :
Me de Pontcarré procède à un second examen ; & pour cette fois‚ il voit le danger imminent où se trouvoit cette femme infortunée. Il reconnoît‚ non-seulement que l’enfant présente la main‚ comme il l’avoit annoncé d’abord‚ mais encore que le bras est engagé jusqu’à l’épaule ; que le cordon ombilical accompagne ce bras jusqu’au coude ; que l’enfant est si étroitement pressé par le viscère‚ qu’il n’est pas possible de délivrer la mère dans cet état ; enfin‚ il parvient à s’assurer que l’enfant est sans vie. Il communique encore‚ comme il le devoit‚ tous ces faits à la malade & à sa famille. Il ajoute qu’avant de commencer le travail‚ il est nécessaire de tirer à la dame Potier deux palettes de sang‚ & de lui appliquer sur le bas-ventre quelques fomentations émollientes‚ afin de diminuer cette forte contraction du viscère‚ & de prévenir les suites d’un pareil accouchement. Ce conseil‚ qui étoit‚ comme les précédents‚ dicté par la plus saine doctrine (Voyez la consultation)‚ ne paroît pas d’abord déplaire à la malade ; mais il la jette dans quelque perplexité. Elle déclare qu’elle desireroit revoir la Lefevre‚ son accoucheuse. […] La Lefevre‚ comme on devoit s’y attendre‚ ne se trouve point d’accord avec lui sur la manière de terminer l’accouchement. Alors‚ la dame Potier dit à Me de Pontcarré que sa sage-femme a toute sa confiance ; & que puisqu’elle l’a accouchée du premier enfant‚ elle l’accouchera bien du second.11
9Malgré l’assurance de l’accoucheur‚ la parturiente rejette ses conseils et accorde sa confiance à la sage-femme. La compétence affichée passe ici au second plan face à la relation tissée dans le temps. La sécurité représente ce qui est connu et familier. On ne peut néanmoins y voir un rejet net de l’introduction d’un praticien masculin‚ mais plutôt une querelle entre l’ancien et le nouveau12.
10Les factums insistent en effet sur le rôle qu’occupe la sage-femme dans la vie quotidienne. Elle est une référente bien présente‚ au-delà du moment de l’accouchement. La femme Roquet‚ nourrice touchée par la vérole‚ prend ainsi conseil auprès de sa sage-femme pour identifier son mal mystérieux. La scène est relatée dans un factum où elle demande des dommages à son employeur‚ le marquis de Lupé‚ accusé d’avoir contaminé sa femme et son enfant. C’est la sage-femme qui pose le premier diagnostic :
Mais notre confidente la plus intime a été notre Sage-Femme‚ qui avoit accouché cinq fois ma femme. A qui pouvoit-elle plus naturellement s’adresser‚ pour s’orienter sur un mal dont elle éprouvoit la sensation la plus importune‚ sans avoir d’autre idée que celle de la bouche du petit de Lupé‚ d’où elle l’avoit pris ?13
11Si la sage-femme inspire confiance‚ c’est qu’elle fait partie du même environnement social. Elle est ainsi identifiée au cercle des amis : « Nous nous empressâmes de revoir le sieur Vermond‚ notre Sage-Femme & nos autres amis nous ayant dit qu’il n’y avoit plus à douter de la nature du mal »14. Tout comme les sages-femmes‚ les nourrices sont d’ailleurs mises en cause dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Le mari de la femme Roquet critique ainsi les médecins partisans du sieur de Lupé en montrant qu’ils sont partiaux et préfèrent défendre les élites à cause de leurs préjugés à l’égard des nourrices :
Pourquoi aussi Messieurs les consultants suspendent-ils un si beau début‚ & tous leurs grands raisonnements‚ pour se déchaîner contre les Nourrices ? […] Si l’on considère (disent-ils) que ces femmes‚ pour la plupart étrangères‚ ont des mœurs absolument inconnues. Ces traits ne peuvent point regarder ma femme : elle n’est ni étrangère‚ ni inconnue. […] Qu’il vérifie ses mœurs‚ par des déclarations authentiques de ses Supérieurs‚ de son curé‚ de ses voisins‚ & de ses égaux‚ comme ma femme l’a fait. Mais je ne puis pardonner à des Médecins‚ d’aussi vives sorties contre le métier de Nourrice.15
12La défense du métier de nourrice passe aussi par la valorisation de la sage-femme face à un pouvoir masculin présenté comme hostile. On sait‚ par exemple‚ que les médecins pouvaient devenir complices de certaines familles riches en les aidant à dissimuler un risque de contamination par la syphilis et en leur permettant ainsi de recruter des nourrices en bonne santé pour soigner leurs enfants infectés16.
13La sage-femme est donc valorisée comme étant la plus à même de faire preuve d’empathie face aux douleurs de la parturiente‚ et la plus apte à pouvoir adapter ses gestes en conséquence. Dans l’affaire évoquée plus haut‚ on oppose ainsi la pratique de Pontarré à celle de la Lefevre :
le sieur de Pontcarré s’est mis en devoir de l’accoucher‚ en lui faisant prendre différentes attitudes‚ & l’a provoquée par un travail lent & douloureux‚ & sans aucun succès ; & ce‚ nonobstant les plaintes & les cris de cette femme‚ qui lui reprochoit sa cruauté ; […] Que quelque temps après la sortie de Pontcarré‚ la sage-femme Lefevre fut appelée de nouveau ; & qu’à la suite de quelques douleurs qui ont précédé l’enfantement‚ elle l’a accouchée heureusement & en très-peu de temps ; mais que l’enfant étoit mort‚ ayant le cordon ombilical rompu & un bras meurtri ; & qu’on a pu connoître‚ tant par ces circonstances‚ que par l’état intérieur & extérieur de la malade‚ que cette suite fâcheuse étoit l’effet du travail violent qu’elle avoit éprouvé entre les mains du sieur de Pontcarré.17
14Pontcarré ne peut se défendre qu’en présentant la douleur comme normale : « Me de Pontcarré n’a pas plus qu’un autre médecin le secret d’accoucher les femmes sans douleur‚ & sans doute on n’exigera pas qu’il l’ait »18. Les souffrances de la parturiente sont néanmoins présentées de manière pathétique par les avocats et montrées comme intolérables. Ils s’inspirent sans doute des nombreux discours produits lors des controverses sur les crimes des matrones incapables ou des chirurgiens meurtriers19.
15Or‚ on sait à quel point ces débats sont vifs à la fin du XVIIIe siècle. La valorisation de la sage-femme comme digne de confiance va-t-elle systématiquement de pair avec une valorisation de ses compétences ? De quelle manière est-elle comparée aux médecins et chirurgiens sur le plan du savoir-faire ?
La sage-femme : un accoucheur comme les autres ?
16Les sages-femmes sont placées sous la tutelle des chirurgiens‚ conformément aux « Statuts et règlements pour les chirurgiens de province » édités en 173020. Cependant‚ ce rapport hiérarchique n’est pas systématiquement mis en avant dans les factums. Les deux fonctions peuvent apparaître comme substituables. Dans un factum rédigé en 1776 pour le sieur de Juillé‚ on peut ainsi lire :
il demande que « par un des commissaires de police‚ accompagné d’un huissier‚ il soit fait perquisition de la dame de Juillé‚ tant dans les communautés de filles‚ en parlant seulement à la supérieure‚ dont l’huissier porteur de l’ordonnance recevra la réponse & dressera procès-verbal‚ que dans l’intérieur des maisons particulières des maîtres & maîtresses de pension, accoucheuses, chirurgiens, & autres » […] Le roman en forme de libelle‚ publié sous le nom de la dame de Juillé‚ présente un récit aussi faux que révoltant des perquisitions faites chez les chirurgiens & les sages-femmes de la ville.21
17Les termes sage-femme‚ accoucheuse et chirurgien sont utilisés ici dans un ordre aléatoire22.
18L’égalité entre médecins et sages-femmes en matière de responsabilités est aussi mise en avant lorsque les avocats citent des exemples tirés de la jurisprudence. Ainsi dans un factum daté de 1780‚ on peut lire :
Harfdorfferus‚ Auteur Allemand‚ a écrit‚ qu’après le rapport des Sages-femmes & des Médecins de Montpellier‚ il y avoit eu Arrêt‚ au Parlement de Grenoble‚ qui adjugeoit les biens du défunt à ce posthume‚ comme à son héritier légitime.23
19Cette valorisation concerne les sages-femmes exerçant en ville‚ les factums étudiés n’évoquant pas de figure de matrone rurale. C’est bien la sage-femme urbaine reconnue par ses pairs et les autorités qui est mise en scène dans les mémoires judiciaires.
20Roquet souligne cependant que pour poser le diagnostic de la vérole‚ la conviction de la sage-femme ne suffit pas : « Il fallut alors consulter quelqu’un de plus instruit & plus tranchant que ne l’étoit notre intime confidente »24. Mais ces réserves sont vite effacées lorsque l’accoucheur qui a autorisé l’allaitement par la nourrice ainsi qu’un médecin confirment les soupçons de la sage-femme. Le factum insiste alors sur les compétences de cette dernière‚ la professionnalisation du métier en faisant l’égale des chirurgiens :
une sage-femme jurée & connue‚ que je puis regarder ici comme Membre de la faculté ; un autre de ses membres‚ qui nous a secourus de ses conseils ; le sieur Vermond‚ Accoucheur de madame de Lupé ; le sieur Dufouart son Chirurgien : tous ces gens sages‚ honnêtes & éclairés‚ auroient été subornés par nous ! Le Marquis de Lupé ne trouveroit-il pas aussi convenable de dire qu’ils auroient conseillé à ma femme de se plonger dans l’adultère‚ ou que nous avons séduit les Médecins & Chirurgiens du Châtelet ?25
21La sage-femme est présentée ici comme l’égale de ses homologues masculins26. Cependant‚ en dépit des discours plutôt égalitaires en ce qui concerne les compétences des accoucheurs et des accoucheuses‚ c’est le plus souvent à l’aune des premiers que les secondes sont jugées. Pour approfondir l’analyse des liens entre chirurgiens et sages-femmes dans l’exercice de leur métier au quotidien‚ il convient aussi de réfléchir à la fréquence des couples de chirurgiens et sages-femmes. Le respect mutuel que l’on peut retrouver dans les factums‚ au-delà des discours polémiques présents à l’époque‚ peut aussi être lié à une habitude de travail et de vie commune.
La sage-femme : une femme de chirurgien ?
22Les couples de sages-femmes et de chirurgiens semblent en effet courants. On peut citer l’exemple de Mme Coutanceau‚ nièce de Mme Du Coudray et fondatrice de la maternité de Bordeaux‚ qui a épousé un chirurgien. Les factums présentent aussi des couples de chirurgiens et de sages-femmes. Joachim Rigal‚ chirurgien-juré‚ est ainsi l’époux d’une sage-femme. Sa fille reprend le métier de sa mère. Elle est mise pour trois ans en apprentissage chez une maîtresse sage-femme de Paris‚ garantie par le Receveur en exercice du Collège des Maîtres en Chirurgie de Paris. Elle prend alors pour amant un médecin du roi et des armées‚ le sieur de Saint-Léger. La différence d’âge‚ de milieu social‚ de statut matrimonial ne permet pas de légitimer l’union. Le factum insiste sur la tentation qu’a pu avoir la fille Rigal d’entretenir cette liaison pour obtenir une bonne situation grâce à l’influence de son amant27.
23Le mari de la demoiselle Fréchou est aussi un chirurgien privilégié du roi ; elle-même est qualifiée de maîtresse sage-femme. Alors qu’elle est accusée par la rumeur d’avoir blessé la femme Collin‚ qui se disait guérie par un miracle attesté par le curé de Saint-Eustache‚ son mari prend sa défense et présente une requête auprès du lieutenant-criminel. Une visite de la femme Collin est effectuée par les Médecins et Chirurgiens du Châtelet. La demoiselle Fréchou porte ensuite plainte auprès du Magistrat pour obtenir le rapport que les chirurgiens avaient omis de déclarer au greffe. Ici‚ la demoiselle Fréchou s’oppose certes aux chirurgiens qui doivent évaluer sa pratique‚ mais elle est clairement protégée par son mari‚ lui aussi chirurgien‚ alors même qu’il n’apparaît pas dans l’intitulé28.
24Ces couples de chirurgiens et sages-femmes peuvent présenter des atouts pour leur clientèle‚ en proposant un exercice médical commun grâce à des pratiques complémentaires. La question du statut de l’épouse du médecin et du chirurgien a été étudiée pour la Suisse par Philip Rieder‚ qui montre que cette dernière peut jouer un rôle très important en l’épaulant dans son activité29. À la fin du XVIIIe siècle‚ Mme Odier‚ seconde épouse du médecin genevois Louis Odier‚ gère ainsi la pension de son mari et prodigue des soins aux malades. Les lettres de patients à Mme Odier témoignent qu’elle a pu être considérée comme une soignante à part entière.
25Les femmes de médecins et de chirurgiens sont néanmoins difficiles à repérer dans les sources. Les quelques cas disponibles gagneraient à être étudiés de plus près. La sage-femme permet-elle d’accroître la clientèle du chirurgien en s’assurant de la confiance des autres femmes ? Les factums‚ en insistant sur les compétences de ces praticiennes‚ confirment la pertinence des recherches menées dans cette direction.
La place du genre dans un discours produit par des hommes
26Malgré une certaine valorisation des sages-femmes dans les factums‚ il ne faut pas perdre de vue que ce type de texte a une vocation polémique. Les avocats‚ rédacteurs des factums‚ cherchent à défendre leurs clients en disqualifiant l’adversaire. Le choix des mots utilisés a donc un impact très important sur l’image qui en est donnée.
Matrone ou sage-femme ?
27Les avocats peuvent ainsi choisir d’entretenir délibérément le flou sur la terminologie désignant les sages-femmes. Si les praticiennes qui se défendent en justice n’hésitent pas à présenter leurs titres et compétences‚ leurs adversaires peuvent nier leurs capacités en ayant recours au qualificatif de matrone. Blondel‚ avocat de Jean-Baptiste Servat de Pontcarré‚ dévalorise ainsi les accoucheuses en les désignant de manière à nier leurs compétences médicales : ainsi quand il parle de « la nommée Lefevre‚ matrone. Celle-ci arriva chez la dame Potier‚ accompagnée de la Goupil avec laquelle elle fait ordinairement ses accouchemens »30. Or le factum adverse qualifie bien les accoucheuses de sages-femmes et non de matrones : « La dame Potier‚ enceinte de deux enfans‚ avoit mis au monde le premier‚ par les mains de deux sages-femmes. […] Elle redemande ses accoucheuses »31. À l’origine de l’inimitié entre Pontcarré et les accoucheuses : leur rivalité face aux autorités municipales sensées les rétribuer. « La Goupil‚ l’une des deux matrones‚ est précisément celle à laquelle les officiers municipaux ont ôté la pension des accouchemens pour la faire passer sur la tête de l’accusé ; raison de haine‚ de jalousie »32.
28Lorsqu’il y a conflit‚ le praticien masculin insiste sur l’incompétence de la sage-femme en la qualifiant de matrone. Néanmoins‚ le choix de ce qualificatif n’est pas forcément du fait du médecin ou du chirurgien‚ mais peut relever d’un choix stratégique de l’avocat. Pour montrer qu’une sage-femme a causé la mort d’une parturiente‚ un factum‚ daté de 1783‚ fait appel au rapport du chirurgien également présent lors de l’accouchement. Il évoque l’incompétence de la sage-femme :
Je soussigné Chirurgien examiné & approuvé‚ certifie à la Requête de Marie-Elisabethe Fiefs‚ femme du Sr. Mathieu‚ Officier en la Chancellerie près le Conseil & sœur de feue Anne-Marie Fiefs‚ en son vivant femme de Mathias Hug‚ Bourgeois-Cordonnier‚ que le 29 Décembre après midi‚ environ à trois heures & demie j’ai été appellé auprès de ladite Anne-Marie Fiefs‚ pour dans ses douleurs d’enfantement lui faire une saignée‚ que j’ai faite & que j’ai trouvé nécessaire d’appeler aussi le Médecin ; mais qu’ayant demandé à la Sage-femme‚ quelle est la situation de l’enfant‚ elle m’a dit qu’elle est très-bien‚ & quoique je ne l’ai pas touchée‚ j’ai néanmoins vu‚ qu’il est impossible qu’elle accouche‚ parce que la personne étoit d’une trop petite stature & hors d’état.33
29L’avocat va plus loin dans la disqualification de la sage-femme en choisissant de la désigner comme « matrone » et en jouant des sentiments de l’auditoire :
Qu’on ne s’attende pas‚ que je représente ici cette scène affreuse‚ où la Matrone s’empare seule de cette personne‚ qui mérite la commisération des ames même les plus endurcies. Son état‚ ses douleurs‚ ses sanglots‚ ses cris‚ ses convulsions‚ la rendent un objet digne de pitié ; elle arrache des larmes‚ & perce le cœur à tous ceux qui par nécessité ou par charité se trouvent présens à cet horrible spectacle.34
30À l’inverse des exemples évoqués dans la première partie de l’article‚ l’avocat utilise ici l’argumentation sensible au détriment de la sage-femme. Dans leur stratégie de disqualification‚ les avocats peuvent ainsi aller plus loin que les chirurgiens sollicités pour leur expertise. L’avocat adapte sa stratégie argumentative en fonction de son client‚ homme ou femme. Sage-femme et chirurgien peuvent être également accusés d’incompétence et de cruauté.
Le contrôle masculin sur les sages-femmes
31Dans les factums‚ les avocats relaient les avis des chirurgiens experts. Cet usage a tendance à masquer les expertises féminines‚ estimées moins légitimes devant l’institution judiciaire. Ainsi en est-il dans le factum qui défend Susanne Audebran‚ accusée d’infanticide. Si la sage-femme est amenée à constater le crime‚ son expertise est présentée comme secondaire par rapport à celle des chirurgiens qui autopsient le corps. Les principales controverses opposent ces derniers aux médecins et chirurgiens sollicités par l’avocat pour fournir une contre-expertise. La sage-femme n’est citée qu’en tant que témoin‚ mais ne fournit pas de rapport écrit à la justice35.
32On retrouve dans le fond des factums conservés à la BnF de nombreuses traces de ce processus de contrôle de la fonction de sage-femme par les chirurgiens. Les autorités prennent des décisions en ce sens‚ comme en témoigne la sentence du lieutenant criminel du Châtelet de Paris‚ destinée à être affichée36. Le document‚ daté de 1779‚ exige l’exécution d’arrêts du Parlement de 1726 et de 1728 et de sentences de 1742 et de 1746‚ en vertu desquels‚ pour pouvoir exercer‚ les sages-femmes doivent passer un examen à l’école de Saint-Côme‚ devant les chirurgiens‚ et prêter serment devant le Châtelet. Les Commissaires au Châtelet sont donc appelés à se transporter dans les maisons portant enseigne de sage-femme pour vérifier que leur situation est en ordre‚ sous peine de 300 livres d’amende. La fréquence des rappels prouve cependant que la législation n’est pas bien suivie.
33Selon Pontcarré‚ représenté par son avocat Blondel‚ ce contrôle des sages-femmes est justifié. Leur incompétence serait due à leur manque de formation‚ mais aussi à l’absence de qualités viriles telles que la force et le courage. C’est ce qui expliquerait ainsi que les accoucheuses n’accélèrent pas le travail de la dame Potier :
soit qu’ayant tenté de le faire‚ elles eussent manqué de force‚ d’adresse ou de courage‚ soit que par l’impéritie la plus grossiere elles crussent devoir attendre de nouvelles révolutions de la part de la nature‚ elles sortirent de la maison du sieur Potier.37
34Un peu plus loin dans le récit‚ l’avocat contredit néanmoins ce cliché de la « faible femme » en soulignant que les sages-femmes pratiquent des actes qui demandent plus de force que ceux accomplis par les médecins :
mais si l’on vouloit se livrer à des présomptions‚ on pourroit plus raisonnablement soupçonner la sage-femme d’avoir fait le mal que le médecin‚ par la raison que la sage-femme a tiré l’enfant‚ & qu’il faut pour cela faire sur son corps un effort bien plus grand‚ que pour examiner sa situation & préparer sa sortie‚ qui sont les seules choses que le médecin accoucheur soit accusé d’avoir fait.38
35Pour pouvoir reporter les accusations de violence sur les sages-femmes‚ l’avocat est amené à produire un discours ambigu39.
36Son mépris des sages-femmes s’exprime aussi lorsqu’il cherche à dévaloriser un autre médecin‚ son adversaire :
Si le médecin accusateur ignore ces choses, qui cependant sont connues des sages-femmes les moins instruites, il n’est point excusable de se faire un titre de son ignorance‚ pour accuser son confrere plus instruit que lui.40
37L’incompétence des femmes à prendre des décisions en matière d’accouchement est aussi mise en avant lorsque le sieur de Pontcarré s’adresse au sieur Potier pour lui signifier que sa femme a besoin d’un homme pour accoucher‚ bien que cette dernière ait clairement marqué sa préférence envers les femmes : « il avertit en particulier le sieur Potier‚ que sa femme est dans la situation la plus critique‚ que son accouchement sera des plus dangereux‚ & qu’il demanderoit la présence d’un homme consommé ». Le sieur Potier suit son conseil :
le sieur Potier, peu rassuré par la présence des deux matrones qui avoient précédemment abandonné sa femme ou par impuissance ou par impéritie, dépêche un exprès vers l’accoucheur de Couci-le-château.41
38Le sieur Potier‚ en tant qu’homme‚ partagerait ainsi la méfiance du sieur Pontcarré envers les femmes… Mais il s’agit là de la version de Blondel. Le factum rédigé par la partie adverse fournit une autre image de l’époux‚ qui chasse le médecin afin de répondre au souhait qu’a son épouse d’être accompagnée par les sages-femmes : « il [Pontcarré] ne l’a quittée qu’à la sollicitation de son mari & par son ordre »42. Le sieur Potier respecte donc les volontés de son épouse et accorde lui-aussi sa confiance aux sages-femmes.
Un discours genré à nuancer
39Les factums ne mettent pas clairement en évidence l’affrontement entre médecins et chirurgiens‚ d’une part‚ et sages-femmes et matrones de l’autre. Le factum rédigé pour le sieur Pontcarré attaque certes les compétences des sages-femmes‚ mais‚ en réalité‚ il s’oppose aux critiques du sieur Petit. Les deux médecins sont des rivaux en quête de clientèle. Ils ne peuvent pas se permettre de perdre leur crédibilité aux yeux de leurs éventuelles patientes. Le Soissonnais se caractérise en effet‚ dès les années 1760‚ par une arrivée précoce d’accoucheurs médecins‚ et non pas chirurgiens comme partout ailleurs dans le royaume43. Mettre en cause les sages-femmes permet à Pontcarré de se disculper‚ mais ce n’est pas la question de leur compétence qui est véritablement à l’origine du conflit. De même‚ si la demoiselle Fréchou est victime de propos diffamatoires‚ les auteurs ne sont pas des membres du corps médical. Au contraire‚ les Médecins et Chirurgiens du Châtelet concluent que la femme Collin est décédée de mort naturelle.
40Si la sage-femme d’Anne-Marie Fiefs est montrée comme incompétente et cruelle‚ cette figure n’est pas censée représenter l’ensemble des sages-femmes. L’avocat insiste sur la culpabilité de la sage-femme car‚ bien qu’incapable de maîtriser la situation‚ elle ne fait appel à aucune aide. Il ne dit toutefois pas qu’elle aurait dû appeler un chirurgien ou un médecin en priorité‚ une autre sage-femme aurait pu faire l’affaire : « Cependant ni la Matrone‚ ni Hug‚ ne pensent dans une situation aussi cruelle à demander l’assistance d’une autre Sage-femme ; à faire venir un Accoucheur ; à consulter un Médecin »44. Les factums évoquent ainsi quelques figures de sages-femmes malveillantes et incompétentes‚ mais les discours tendant à dévaloriser la profession dans son ensemble ou à présenter les hommes comme ayant des compétences supérieures ne sont pas dominants. Les avocats mettent en scène des personnages dont ils exaltent les qualités et les défauts en fonction de leurs besoins‚ mais évitent le plus souvent les généralisations.
41Dans ces factums‚ les sages-femmes dont la compétence est remise en question sont‚ en outre‚ rarement poursuivies par la justice. La femme Lefevre et la Goupil ne font pas l’objet d’une plainte. L’affaire n’est connue que par le procès en diffamation qui voit le sieur Petit et le sieur de Pontcarré s’affronter. Si la sage-femme d’Anne-Marie Fiefs est montrée comme particulièrement machiavélique‚ car conspirant avec le mari pour tuer l’épouse afin qu’il puisse récupérer son héritage‚ elle n’est pourtant pas mise en cause directement par le factum‚ écrit dans le cadre d’un conflit lié au partage de l’héritage entre le mari et la sœur de la défunte. La demoiselle Fréchou fait rédiger un factum‚ non parce qu’elle est poursuivie pour avoir tué la femme Collin mais pour faire taire les diffamations répandues dans l’opinion publique. Les factums ne fournissent donc pas de discours univoque sur les figures de sages-femmes.
Conclusions
42L’analyse de la représentation des sages-femmes dans les mémoires judiciaires ne doit pas faire l’impasse sur le fait que les factums produisent avant tout des discours opportunistes. Hervé Leuwers‚ dans un article récent‚ remet en cause l’engagement politique des avocats rédacteurs de factums à la veille de la Révolution‚ en montrant qu’ils représentent une frange minoritaire de la profession et en insistant sur leur objectif principal qui est de gagner des procès45. On peut élargir cette réflexion à la question du genre. Les avocats ne fournissent que rarement un discours sur les femmes et la nature féminine en général‚ mais mettent en scène des personnages féminins dont ils valorisent la compétence et l’autonomie (ou l’inverse) en fonction des enjeux du procès.
43Les factums ne semblent donc pas des documents privilégiés pour lire la Querelle des Femmes‚ tant les discours produits s’appuient sur des cas particuliers46. Il s’agit de défendre des individus devant la justice et non pas de fournir des discours théoriques destinés à exclure les femmes de fonctions prestigieuses. Les discours médicaux dévalorisant les femmes‚ très présents au XVIIIe siècle‚ sont peu repris dans les factums étudiés.
44Les quelques accouchements présentés en détails sont des accouchements problématiques qui impliquent de nombreux protagonistes. Les sages-femmes y occupent une place importante et si leurs compétences peuvent être contestées‚ elles peuvent aussi être valorisées. Le lien de confiance qui unit la sage-femme et la parturiente est particulièrement souligné‚ même dans les cas où il est injustifié47. L’échantillon met bien en avant la présence des sages-femmes‚ non seulement au moment de l’accouchement‚ mais en accompagnement de la parturiente avant et après la grossesse. La sage-femme apparaît ainsi comme le premier médecin des femmes de par la proximité et la confiance qui lui est accordée.
Notes de bas de page
1 Du Tillet de Loinville‚ Mémoire pour le sieur Jean-Étienne Roi… ‚ Paris‚ de Demonville‚ 1787‚ p. 73.
2 Sarah Maza‚ VIes privés, affaires publiques. Les causes célèbres de la France prérévolutionnaire‚ Fayard‚ 1997‚ p. 115-116.
3 Ibid. ; Tracey Rizzo‚ A Certain Emancipation of Women : Gender, Citizenship, and the Causes célèbres of Eighteenth-Century France [Une certaine émancipation des femmes : Genre‚ citoyenneté et causes célèbres dans la France du XVIIIe siècle]‚ Susquehanna University Press‚ 2004.
4 On peut citer‚ entre autres‚ Maurice Daumas‚ L’Affaire d’Esclans : les conflits familiaux au XVIIIe siècle‚ Paris‚ Seuil‚ 1987 ; Christine Dousset‚ « Au risque du veuvage. Veuves et conflits familiaux dans les mémoires judiciaires du Parlement de Toulouse à la fin du XVIIIe siècle » ‚ dans La Justice des Familles. Autour de la transmission des biens, des savoirs et des pouvoirs (Europe, Nouveau Monde, XIIe-XIXe siècles)‚ dir. Anna Bellavitis et Isabelle Chabot‚ Collection de l’École Française de Rome – 447‚ 2011 ; Jérôme-Luther Viret‚ « Le pouvoir dans la famille. Un mémoire judiciaire du Velay en 1787 » ‚ Histoire et société rurales‚ n° 26‚ 2006‚ p. 169-192.
5 L’échantillon traite principalement de la période 1770-1789. Voir aussi Géraldine Ther‚ « Les factums : une source pour l’histoire des femmes » ‚ La Revue du Centre Michel de l’Hospital. Découverte et valorisation d’une source juridique méconnue : le factum ou mémoire judiciaire. Journée d’études du 7 juin 2012‚ n° 3‚ avril 2013‚ p. 33-44.
6 Sanson du Perron‚ Mémoire pour le sieur Joachim Rigal… ‚ Paris‚ de Demonville‚ 1777 ; Gillet‚ Memoire a consulter, pour la Dlle Frechou‚ Paris‚ Didot‚ [s. d.]
7 C’est néanmoins le cas dans les deux factums suivants où leur compétence est remise en doute : Blondel‚ Défense de Me Jean-Baptiste Servat de Pontcarré… ‚ [s. l.]‚ P.-G. Simon‚ 1770 ; Steffan‚ Mémoire pour le Sr. Georges Mathieu… ‚ Colmar‚ J.-H. Decker‚ 1783.
8 Il s’agit des factums consultables à la BnF sous les cotes suivantes : MFICHE 4- FM- 13241 ; 4-FM-14413 ; 4-FM-14414 ; 4- FM- 35184 ; 4- FM- 28121 ; Ms. Joly de Fleury-1850‚ fol. 48
9 Dans l’ordre‚ je me réfère aux factums consultables à la BnF sous les cotes suivantes : 4-T18-121 (470) ; MFICHE 8- FM- 930 ; 4-FM-28274 ; 8- LD4- 2783.
10 Christian Biet‚ Droit et littérature sous l’Ancien Régime, le jeu de la valeur et de la loi‚ Paris‚ H. Champion‚ 2002.
11 Blondel‚ Défense de Me Jean-Baptiste Servat de Pontcarré… ‚ op. cit.‚ p. 10-11. Je souligne.
12 Voir Jacques Gélis‚ La Sage-femme ou le médecin. Une nouvelle conception de la vie‚ Paris‚ Fayard‚ 1988‚ p. 321-327.
13 Hennequin de Blissy‚ Second mémoire pour Jean-Marie Roquet et Marie-Anne Bignaux… ‚ [s. l.]‚ L. Cellot‚ 1770‚ p. 33. Je souligne.
14 Ibid.‚ p. 36. Je souligne.
15 Ibid.‚ p. 58.
16 Joan Sherwood‚ Infection of the Innocents Wet Nurses, Infants, and Syphilis in France, 1780-1900 [Contamination des innocents. Nourrices‚ nourrissons et syphilis en France‚ 1780-1900]‚ McGill-Queen’s University Press‚ 2010‚ p. 114-164.
17 Blondel‚ Défense de Me Jean-Baptiste Servat de Pontcarré… ‚ op. cit.‚ p. 19-21. Je souligne.
18 Ibid.‚ p. 52-53.
19 J. Gélis‚ La Sage-femme ou le médecin… ‚ op. cit.‚ p. 101-108‚ 208-216‚ 345-390.
20 Ibid.‚ p. 44-45.
21 Blondel‚ Réflexions pour René-Charles de Garsanlan de Juillé… ‚ [s. l.]‚ P.-G. Simon‚ 1776‚ p. 16-17. Je souligne.
22 On retrouve la même idée dans Du Tillet de Loinville‚ Mémoire pour le sieur Jean-Étienne Roi… ‚ op. cit.‚ p. 47.
23 Des Granges‚ Second mémoire… ‚ Paris‚ Vve Hérissant‚ 1780‚ p. 19. Je souligne.
24 Hennequin de Blissy‚ Second mémoire pour Jean-Marie Roquet et Marie-Anne Bignaux… ‚ op. cit.‚ p. 34. Je souligne.
25 Ibid.‚ p. 68.
26 On peut aussi citer l’exemple de Marie-Anne Boivin qui incarne une certaine reconnaissance sociale des sages-femmes au début du XIXe siècle. Elle a été considérée comme l’égale des médecins. L’Université de Marbourg lui a décerné un diplôme de docteur honoris causa. Voir Anne Carol‚ « Sage-femme ou gynécologue ? M.-A. Boivin (1773-1841) » ‚ CLIO. Histoire, femmes et sociétés [en ligne]‚ 33/2011‚ mis en ligne le 01 mai 2013. URL : http://clirevues.org/inde10097.html.
27 Sanson du Perron‚ Mémoire pour le sieur Joachim Rigal… ‚ op. cit.
28 Gillet‚ Memoire a consulter… ‚ op. cit.
29 Philip Rieder‚ « La Pratique médicale‚ une activité de couple au cap du XIXe siècle ? » ‚ communication prononcée lors de la Journée d’études « Épouses de médecins et de chirurgiens‚ XVIIIe-XXIe siècle » ‚ Université de Toulouse II-Le Mirail‚ le 16 janvier 2014.
30 Blondel‚ Défense de Me Jean-Baptiste Servat de Pontcarré… ‚ op. cit.‚ p. 7.
31 Ibid.‚ p. 27.
32 Ibid.‚ p. 46.
33 Steffan‚ Mémoire pour le Sr. Georges Mathieu, … ‚ op. cit.‚ p. 29.
34 Ibid.‚ p. 5.
35 Falour Du Vergier‚ Pelletan‚ Philippe Jean‚ Mémoire pour Susanne Audebran… ‚ [s. l.]‚ L. Jorry‚ 1779.
36 Charles-Simon Bachois de Villefort‚ Sentence rendue par M. le lieutenant criminel au Châtelet de Paris… ‚ Paris‚ J.-C. Desaint‚ [s. d.]. Ce document n’est pas un mémoire judiciaire à proprement parler‚ mais il est conservé dans le fond des factums de la BnF. Ce choix est lié au caractère public du document et à sa fonction de médiatisation d’enjeux judiciaires‚ comme en témoigne l’introduction au catalogue des factums d’Augustin Corda : « La collection connue à la Bibliothèque nationale sous le nom de Collection des factums‚ et dont la partie antérieure à 1790 fait seule l’objet du présent catalogue‚ forme un ensemble d’environ 57‚000 articles‚ comprenant des documents assez divers‚ mémoires‚ consultations‚ plaidoyers‚ requêtes‚ jugements‚ arrêts‚ lettres‚ etc.‚ mais qui présentent tous ce caractère d’avoir été rédigés ou publiés en vue d’établir ou de réfuter les prétentions des plaideurs‚ de se rattacher par un lien quelconque à une affaire litigieuse » (Augustin Corda‚ Catalogue des factums et d’autres documents judiciaires antérieurs à 1790‚ tome premier‚ Paris‚ Plon‚ 1890‚ p. VII).
37 Blondel‚ Défense de Me Jean-Baptiste Servat de Pontcarré… ‚ op. cit.‚ p. 9.
38 Ibid.‚ p. 16/2. Je souligne.
39 Ibid.‚ p. 16/2.
40 Ibid.‚ p. 13/2. Je souligne.
41 Ibid.‚ p. 11. Je souligne.
42 Ibid.‚ p. 19.
43 J. Gélis‚ La Sage-femme ou le médecin… ‚ op. cit.‚ p. 325-326.
44 Steffan‚ Mémoire pour le Sr Georges Mathieu… ‚ op. cit.‚ p. 5.
45 Hervé Leuwers‚ « Les Avocats défenseurs des Lumières et de la liberté ? Problèmes d’analyse autour des factums » ‚ dans Les Parlements et les Lumières‚ dir. Olivier Chaline‚ Pessac‚ Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine‚ 2012‚ p. 213-224.
46 Revisiter la « querelle des femmes » : discours sur l’égalité-inégalité des sexes, de 1750 aux lendemains de la Révolution‚ dir. Éliane Viennot‚ Saint-Étienne‚ Publications de l’Université de Saint-Étienne‚ 2012.
47 La femme Hug s’engage dans une grossesse « ébranlée par la promesse qu’elle seroit heureuse et porteroit à terme ». Steffan‚ Mémoire pour le Sr Georges Mathieu… ‚ op. cit.‚ p. 3-4.
Auteur
Université de Toulouse-Jean Jaurès
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