Un nouveau critère d’évaluation du « genre » en obstétrique : les opuscules d’accouchement écrits par les femmes au XVIIIe siècle (1677-1800)
p. 51-65
Texte intégral
1Au siècle des Lumières‚ les arts d’accoucher nourrissent une guerre des sexes‚ dont l’enjeu principal est le pouvoir‚ mais surtout le contrôle du corps des femmes en tant qu’elles disposent de la capacité d’enfanter et dont il importe qu’il échappe aux femmes. Pourtant jusqu’à l’époque médiévale‚ l’accouchement est resté un art féminin. Les femmes ont eu le monopole de la pratique obstétricale en ville comme à la campagne. Cependant‚ la montée des compétences et la médicalisation progressive ont entraîné en l’espace de cinq siècles (XIIe-XVIe siècle) leur exclusion de la pratique et de la théorie du savoir gynécologique et une lutte d’influence entre les sages-femmes et les chirurgiens tant et si bien qu’à la fin du XVIIIe siècle‚ ce territoire gynocentré est devenu un territoire androcentré1. Les sages-femmes se sont alors trouvées reléguées à une place secondaire‚ devant travailler dans la dépendance des chirurgiens. Malgré ce statut‚ certaines ont joué un rôle dynamique dans l’histoire de l’obstétrique européenne2 en contribuant à sa diffusion et à sa construction par leurs pratiques et leurs productions écrites. Dans la France des Lumières‚ elles sont plusieurs à avoir écrit des opuscules‚ soit pour instruire leurs contemporains‚ soit pour faire part aux savants de leurs observations‚ soit pour défendre leur cause face aux accoucheurs qui tentaient de les déposséder de leurs prérogatives.
2L’objectif de cet article est d’étudier‚ à travers cette parole écrite des sages-femmes‚ les réalités genrées de l’obstétrique au siècle des Lumières. Il s’agit tout d’abord de définir leurs formes et leurs pratiques d’écriture‚ puis d’analyser les différentes représentations qui sont données du savoir et du savoir-faire de la sage-femme et de l’accoucheur‚ et enfin‚ d’examiner les différentes relations que ces sages-femmes ont pu entretenir avec leurs confrères masculins.
Les formes et pratiques d’écriture féminine en obstétrique entre 1677 et 1800
3Le XVIIIe siècle est une époque où l’industrie du livre obstétrical est en pleine croissance. Selon Jacques Gélis‚ 245 manuels auraient été publiés dans 13 pays européens entre 1668 et 1815‚ dont 56 en France. Ces écrits seraient la résultante d’une prise de conscience européenne de la nécessité de mieux former les sages-femmes pour sauvegarder la population‚ et la réponse à une politique de formation qui se met peu à peu en place à travers les cours d’obstétrique‚ en particulier en France ; l’écrit constitue alors un des supports privilégiés de l’apprentissage3.
4Dans cette bibliographie‚ les ouvrages écrits par les femmes sont peu nombreux et restent minoritaires par rapport à ceux des hommes. Après Louise Bourgeois4‚ nous n’avons recensé en France que onze femmes à avoir écrit entre 1677 et 1800 : parmi elles‚ dix françaises et une britannique ayant écrit en français. Ces auteures sont des sages-femmes exerçant à Paris ou en province‚ à l’exception d’Elizabeth Nihell (1723-1776) qui exerce à Londres. Deux d’entre elles donnent aussi des cours d’obstétrique : Marguerite de La Marche (1638-1706) s’est occupée de la formation des futures sages-femmes à l’école de l’Hôtel-Dieu‚ entre 1670 et 1686‚ et Angélique Du Coudray (1712-1792) a dispensé‚ entre 1759 et 1783‚ une soixantaine de leçons presque partout dans le royaume et a formé près de cinq mille accoucheuses et quelques centaines d’accoucheurs à l’aide d’une machine de son invention5.

5Si le nombre de leurs écrits quintuple en un siècle‚ aucune nouvelle production ne semble avoir été éditée par les femmes durant la première moitié du XVIIIe ; celle-ci reste marquée par l’ombre de deux sages-femmes du Grand Siècle‚ Marguerite de La Marche et Louise Bourgeois dont les livres (Instruction familière et utile aux sages femmes et Recueil des secrets) sont réédités en 1710 ; l’essentiel de leurs écrits se concentre sur les années 1757-1800. Ce sursaut d’intérêt pour l’écriture obstétricale est concomitant avec une époque où s’affirme une nouvelle intellectualité féminine‚ où les femmes publient de plus en plus de livres en littérature et en sciences6.
6Ces remarques préliminaires révèlent donc une dissymétrie dans la production obstétricale des hommes et des femmes. La faiblesse numérique des écrits féminins semble indiquer que la culture de l’écrit constitue durant cette période un sanctuaire masculin : ce sont les hommes de l’art qui théorisent le savoir tout comme ce sont eux qui écrivent l’histoire de la discipline. Les deux grands historiens de la médecine‚ Antoine Portal (1742-1832) et Pierre Sue (1739-1816) le confirment et véhiculent de l’écriture une image androcentrée7. Les sages-femmes citées dans l’Histoire de l’anatomie et de la chirurgie en cinq volumes d’A. Portal font pauvre figure à côté des hommes. Les deux derniers volumes‚ consacrés aux XVIIe et XVIIIe siècles‚ ne mentionnent pour la France qu’une seule sage-femme‚ la célèbre Louise Bourgeois. Le nom d’A. Du Coudray n’est pas évoqué alors qu’il s’agit d’une des plus illustres sages-femmes de la période. P. Sue ne cite pratiquement que des noms masculins dans son bilan des praticiens de la France moderne. À ses dires‚ les hommes ont en effet le monopole de la pratique depuis 1663‚ époque où le roi a fait appel à Julien Clément pour accoucher sa maîtresse‚ Mlle de La Vallière8. Depuis cette date‚ la parturition se serait masculinisée : la pratique de l’accouchement par un homme serait alors devenue une mode dans le grand monde.
7Selon J. Gélis‚ il existait deux types de manuels écrits par les hommes : le livre spécialisé et l’opuscule d’apprentissage conçu pour les élèves sages-femmes. En ce qui concerne les ouvrages féminins‚ nous avons identifié trois types d’écrits. Un premier groupe rassemble les écrits pédagogiques qui‚ à leur tour‚ se subdivisent en deux classes : il y a ceux qui exposent les principes théoriques et pratiques de l’accouchement‚ épousant la forme soit du catéchisme par questions et réponses (La Marche et Coutanceau)‚ soit de l’abrégé (Du Coudray) ; puis ceux consacrés à l’allaitement maternel (Le Rebours)‚ qui en exposent les méthodes dans le sillage du médecin Philippe Hecquet9 et du philosophe Jean-Pierre Crouzas10 durant la première moitié du XVIIIe siècle11.
8Dans le deuxième groupe de textes figurent les écrits spécialisés qui sont généralement de courtes observations faites au cours de leur expérience de praticiennes : à cette époque‚ observer est au cœur des préoccupations et des réflexions des savants12. L’observation constitue à la fois une méthode de pratique scientifique et une forme d’écriture en usage dans les académies et les journaux savants. Elle fait même l’objet d’un concours académique en 1769 à l’Académie de Haarlem et fait la matière de plusieurs livres et traités théoriques13. En science obstétricale‚ les accoucheurs publient aussi des observations issues de leur pratique quotidienne. Celles des sages-femmes sont présentées sous la forme soit d’un opuscule (Bellamy)‚ soit d’un article ou d’une lettre dans un périodique (Lunel et Reffatin). Elles n’ont pas toutes la même fonction : s’il s’agit toujours d’informer la communauté des hommes de l’art‚ certaines se donnent aussi pour mission de corroborer les théories masculines pour faire avancer la science obstétricale ; d’autres de dénoncer certaines de leurs manœuvres instrumentales comme la symphyséotomie pratiquée lors des accouchements difficiles mais trop souvent source de souffrances et de mutilations pour la femme et son bébé.
9Le troisième groupe de textes rassemble les écrits polémiques : l’obstétrique est l’objet de plusieurs controverses dans la communauté des hommes de santé auxquelles prennent aussi part les sages-femmes. Le partage des fonctions obstétricales fait débat. Alors que certains‚ comme le médecin Philippe Hecquet14‚ considèrent que l’accouchement doit être pratiqué par les femmes et qu’il est indécent pour un homme d’assister une femme en couches‚ d’autres‚ comme le chirurgien Guillaume de La Motte15‚ pensent a contrario que la pratique des accouchements doit être confiée aux hommes‚ les sages-femmes étant toutes des ignorantes et des incompétentes. Si cette querelle née à la Renaissance s’essouffle progressivement dans la France des Lumières‚ le débat reste vif en Angleterre16 où l’accoucheur est en effet pris pour cible dans les romans‚ les articles et les pamphlets : c’est dans cette polémique anti-accoucheurs que s’inscrit le texte d’Elizabeth Nihell17.
10Durant les années 1764-1765‚ le corps médical est aussi divisé sur la question concernant le terme de la grossesse. Selon les auteurs‚ le terme peut varier de plusieurs semaines‚ voire de plusieurs mois : certains‚ comme Antoine Louis et Michel Bouvard‚ reprennent la durée fixée par Hippocrate‚ à savoir neuf mois et dix jours sans dépassement possible ; d’autres‚ comme Jean Lebas et Antoine Petit, admettent la possibilité de naissances tardives. Cette question soulève un autre problème : pour ceux qui fixent le terme à neuf mois‚ les naissances après terme ne sont nécessairement que le fruit d’une infidélité féminine. Ce qui est aussi en jeu dans cette polémique‚ c’est donc l’honneur de la femme. On comprend pourquoi plusieurs sages-femmes engagées dans la controverse‚ entre autres Mme Plisson et Mlle Reffatin‚ ont pris parti pour Lebas et Petit‚ car admettre avec eux la possibilité de naissances tardives‚ c’était laver les femmes de tout soupçon.
11À ces différentes pratiques d’écriture répondent différentes manières d’écrire. Le style d’écriture des femmes varie en effet en fonction du type d’écrit et de son lectorat. Dans les écrits pédagogiques‚ les sages-femmes s’adressent à un lectorat sexué‚ composé de femmes enceintes‚ de parturientes et de sages-femmes : mais si M. de La Marche écrit pour les sages-femmes des villes‚ A. Du Coudray‚ M-A. Le Rebours et M. Coutanceau écrivent pour les sages-femmes de campagne‚ conformément à la volonté réformiste des autorités civiles‚ intellectuelles et politiques de perfectionner l’enseignement des femmes en milieu rural. Les formes littéraires choisies par les auteures se prêtent particulièrement à ce nouveau public. L’abrégé et le catéchisme sont en effet‚ par leur caractère synthétique et simplifié‚ deux formes rhétoriques adaptées au degré d’instruction de ces femmes sans formation médicale. Le catéchisme‚ utilisé dans l’enseignement de l’obstétrique dès l’Antiquité18 et repris par les hommes des Lumières dans leurs cours et manuels d’accouchement19‚ a en plus cet avantage d’être une forme populaire connue des femmes puisqu’il s’agit de la forme aussi employée « pour leur apprendre les premiers principes de religion »20. Par son caractère élémentaire et sa forme dialogique‚ il est aussi propice à l’acquisition du savoir obstétrical‚ car la traditionnelle succession de questions et de réponses en facilite la mémorisation21.
12Dans leurs manuels‚ les sages-femmes ont aussi adapté leur phraséologie au langage de leur lectorat. Jusqu’au milieu du XVIIIe‚ les manuels que les hommes de l’art adressent aux praticiens sont écrits dans un langage savant : en plus d’être volumineux‚ ces livres abondent en considérations historiques‚ en références bibliographiques‚ en termes scientifiques et en citations latines. Ces livres‚ destinés avant tout aux professionnels de la santé‚ s’avèrent donc inadaptés aux femmes‚ surtout celles du milieu rural. Les sages-femmes écrivent quant à elles en langue vulgaire‚ dans un langage accessible : elles utilisent un vocabulaire et une syntaxe simples « dégagé[s] de toute érudition et de tout système »22. Les termes techniques sont mis en italiques comme pour favoriser la mémorisation et sont généralement expliqués dans le corps du texte ou en notes lorsqu’ils sont jugés complexes. Les auteures s’appuient de surcroît sur leur vécu et sur leur expérience de femmes et de praticiennes‚ donnant à leurs écrits une intonation personnelle.
13Certaines sages-femmes y ont ajouté des illustrations pour faciliter la pénétration du discours obstétrical : A. Du Coudray a fait graver 26 estampes en couleurs qui décrivent visuellement les différentes phases de l’accouchement23. Ces images ne sont pas une nouveauté puisqu’il en existe aussi dans les traités des hommes ; mais celles d’Angélique sont différentes : parce qu’elle recourt au procédé nouveau de la gravure en couleur utilisé par le peintre graveur Gautier d’Agoty et parce que ses illustrations sont désexualisées. D’habitude‚ les planches qui représentent les organes sexuels des femmes sont inspirées par le réalisme de celles dessinées par Gérard de Lairesse dans le traité anatomique de Govard Bidloo (1685) : l’appareil génital est décrit dans toutes ses parties et dans des postures très érotiques : le sexe féminin apparaît avec le buste‚ les seins et les poils pubiens. Dans le manuel d’Angélique‚ les organes sexuels sont représentés avec pudeur et retenue : les parties érotiques sont retranchées. Ses illustrations sont aussi plus simples et schématiques conformément à leur visée mnémonique. Depuis le Moyen Âge‚ il est aussi fréquent de trouver sur les planches de chirurgie ou d’anatomie une ou deux main(s) représentée(s) : il s’agit de la main du patient ou du chirurgien désignant l’instrument qui va opérer‚ ou montrant l’organe à opérer ; ou alors de la main du maïeuticien qui coupe le cordon. Les planches de Du Coudray figurent la main d’une sage-femme qui indique comment manœuvrer pour la mise au monde : le but d’Angélique étant d’éduquer au geste et au toucher24.
14L’art d’écrire mis en œuvre dans les manuels polémiques et les articles spécialisés est différent‚ sans doute parce que le public visé n’est pas le même que celui des écrits pédagogiques. Certains textes sont d’ailleurs volumineux (473 pages chez Nihell contre 127 chez La Marche et 158 chez Du Coudray)‚ ce qui laisse supposer qu’ils sont destinés à un lectorat familiarisé avec la lecture. Ces écrits sont par ailleurs d’un niveau intellectuel plus élevé. Les ouvrages polémiques sont truffés de références historiques‚ juridiques‚ bibliques et médicales‚ et comportent de nombreuses notes infrapaginales à caractère historique ou bibliographique‚ commentatif ou explicatif. Dans les articles spécialisés‚ les femmes usent d’un langage plus technique et plus scientifique. Cet art d’écrire dénote un substrat culturel non seulement chez leurs auteures‚ mais aussi chez leurs lecteurs et laisse présumer un lectorat chevronné issu du corps des professionnels de la santé‚ ou tout au moins un lectorat éclairé‚ à même de comprendre les références qui lui sont adressées.
Un art sexué dans ses savoirs et ses pratiques
15Certains textes pédagogiques font observer différents niveaux d’énonciation‚ notamment un énoncé citant‚ qui représente la voix de la sage-femme‚ et un énoncé cité‚ où se trouve restituée la parole des parturientes et des hommes de l’art. Cette superposition des énoncés donne à ces écrits une dimension polyphonique. Ces différentes voix sont signifiées‚ ou par les marques typographiques et grammaticales habituelles dans le discours rapporté – emploi d’italiques‚ de guillemets et d’incises dans le cas du discours direct ; emploi de complétives dans le cas du discours indirect… – ‚ ou par une alternance des pronoms personnels. Ce jeu de voix et de pronoms permet d’introduire une distanciation et de pointer les différences de savoirs et de savoir-faire entre les acteurs de l’accouchement.
16Le savoir d’une sage-femme et d’un accoucheur n’est pas en effet homogène. Les hommes possèdent avant tout une connaissance théorique de l’art des accouchements ; leur savoir‚ acquis principalement par les livres et les institutions‚ est abstrait‚ érudit et spéculatif‚ et se distingue en cela de celui de la sage-femme qui est essentiellement empirique. Selon M. de La Marche et M-A. Le Rebours‚ celle-ci acquiert surtout ses connaissances par le biais de ses « observations » et de son « expérience »25. Selon E. Nihell‚ cette expérience pratique est plus importante que cette érudition théorique : « ni la théorie‚ ni […] les livres […] ne pourront jamais égaler [cette] expérience pratique »26. Toutes les spéculations ayant trait à la génération27‚ à l’anatomie de la matrice28‚ aux causes internes29 et aux traitements30 des maladies utérines‚ ne sont « nécessaires » qu’aux hommes de l’art‚ ajoute M. de La Marche‚ et sont « inutiles »31 aux sages-femmes dans leur pratique. D’après E. Nihell‚ le savoir est‚ chez la sage-femme‚ naturel et instinctif : une grande part de ses connaissances lui vient en effet de sa nature corporelle‚ intellectuelle et sexuelle. De son point de vue‚ la nature a procuré aux femmes une « vivacité d’esprit » ‚ un « instinct » ‚ une « douceur » ‚ une « patience » ‚ une « sympathie » ‚ une « tendresse » et « une « dextérité »32 que les hommes n’ont pas naturellement. Les sages-femmes ont aussi reçu un utérus qui‚ en leur donnant le pouvoir d’enfanter‚ leur permet d’avoir une connaissance intime de la parturition et leur sert de « guide »33 dans leur pratique. On le voit‚ cette auteure reprend les valeurs associées à la nature féminine et qui ont servi aux philosophes et aux médecins à ancrer culturellement et socialement la différence des sexes‚ et les érige en qualités indispensables à la pratique pour convaincre ses lecteurs que l’accouchement est une fonction naturellement propre aux femmes et inappropriée aux hommes.
17Leur savoir-faire n’est pas non plus identique. Selon le sexe‚ l’accouchement se fait avec des accessoires différents : le savoir-faire de la sage-femme est manuel‚ celui de l’accoucheur est instrumental. Selon E. Nihell‚ la sage-femme n’a pour instrument que sa « main naturelle »34. Son matériel obstétrical se limite à l’utilisation d’accessoires domestiques ou d’origine minérale‚ végétale et animale : à l’usage de différents corps gras pour s’en enduire les doigts (saindoux35‚ beurre frais‚ huile36 d’olive et d’amande douce37) ; de fils et de ciseaux non tranchants38 pour ligaturer et nouer le cordon ombilical ; de cure-dents39 et de grains de sel40 pour percer les membranes‚ et enfin de seringues pour ondoyer l’enfant dans le ventre de la mère41 et faire des injections42. La sage-femme peut parfois avoir recours à une sonde pour aider la femme à uriner43‚ à un pessaire en cire et en liège pour corriger certaines positions de l’utérus44‚ à un couteau ou un rasoir‚ quand‚ exceptionnellement‚ il lui est nécessaire d’effectuer une opération césarienne en l’absence du chirurgien45.
18À la différence de la sage-femme‚ l’accoucheur dispose d’instruments en fer et en acier. À cette époque‚ la chirurgie s’est enrichie de nombreux instruments utilisés aussi en obstétrique mais interdits aux sages-femmes46‚ comme le tire-tête‚ la tenette‚ le levier‚ le perforateur et‚ de plus en plus après 1770‚ le forceps… Ce perfectionnement instrumental a‚ en partie‚ médicalisé l’art des accouchements et l’a fait évoluer d’une pratique empirique à une science appliquée‚ plaçant l’obstétrique du côté des Arts et Métiers‚ pré carré masculin dès la fin du XVIIIe. Dans le même temps‚ il l’a androcentré en établissant une division sexuée des fonctions obstétricales. Selon E. Nihell‚ les instruments constituent un agent du pouvoir masculin et de la discrimination féminine. C’est en effet en mettant au point de nouveaux instruments pour terminer les accouchements difficiles‚ puis en statuant sur le droit et le non droit de les utiliser‚ que les hommes de l’art se sont arrogé la préférence sur les sages-femmes et ont écarté celles-ci de leurs anciennes prérogatives. En effet‚ avec cette interdiction‚ les sages-femmes se sont trouvées écartées de certaines pratiques obstétricales – notamment des accouchements dystociques – et confinées à un rôle dissymétrique et subordonné. Symboles du progrès‚ ces instruments ont parallèlement procuré aux accoucheurs une supériorité technique qui rassura les femmes en couches et les transforma auprès d’elles en sauveurs et demi-dieux47‚ faisant perdre aux sages-femmes une partie de leur clientèle des villes.
19D’après les auteures‚ le domaine d’intervention des sages-femmes et des accoucheurs n’est pas non plus similaire mais se trouve défini par le niveau de danger obstétrical auxquels sont exposés la mère et l’enfant. Selon M. de La Marche‚ la sage-femme n’intervient pas dans tous les accouchements‚ notamment « si la femme est en syncope‚ en léthargie ou en convulsion » ou si elle a « une perte de sang considérable‚ qui sont des accidents qui peuvent ôter la vie à la femme […] pour lors elle doit appeler du Conseil »48. Son champ d’intervention est donc principalement celui des accouchements eutociques. Elle intervient aussi dans le suivi de la grossesse normale. En revanche‚ dès qu’une grossesse ou un accouchement présente un risque majeur pour la vie de la femme et de son bébé‚ il est « de prudence »« d’avoir recours à un accoucheur »49 ou à un « médecin »50. Le domaine d’intervention du chirurgien concerne donc la dystocie. Il assure le suivi des grossesses pathologiques51 et extra-utérines52‚ des accouchements prématurés‚ laborieux et contre nature53. Il intervient quand il y a pathologies ou obstacles graves à la sortie de l’enfant‚ ou lorsque la délivrance nécessite l’emploi d’instruments et une opération chirurgicale (une « césarienne »54 ou une « symphysectomie »55). La sage-femme n’opère que dans des cas exceptionnels‚ quand une césarienne s’impose pour sauver l’enfant en l’absence du chirurgien56.
Les relations des sages-femmes et des accoucheurs : entre soumission‚ neutralisation et coopération
20La répartition des pouvoirs est également dissymétrique et inégalitaire : la sage-femme travaille dans la dépendance des hommes de l’art et se trouve limitée dans son champ d’action. Lors d’une grossesse ou d’un accouchement à risques‚ il est de son devoir de faire appel à un médecin ou un chirurgien et de mettre ses compétences au service de l’homme de l’art‚ d’effectuer si besoin les examens57 et d’établir les comptes rendus58. La sage-femme doit respecter ce rapport de dépendance inscrit dans le serment défini par le Rituel de l’Église catholique59 : celle qui‚ en cas de danger‚ se hasarderait à intervenir sans « l’avis du médecin ou de quelque autre personne de grande expérience » s’exposerait à des « reproches »60 ou encourrait le « blâme »« si la mort de l’un ou de l’autre arrivait »61‚ confient M. de La Marche et F. Reffatin. Il est aussi de son devoir de mettre ses compétences au service des juges‚ et de servir‚ dans certaines affaires judiciaires‚ de témoin oculaire pour juger de la virginité d’une femme62.
21On le voit‚ la sage-femme s’est donc trouvée durant cette époque enrôlée dans une entreprise de moralisation de la société et est devenue l’instrument d’une politique sociale répressive puisque‚ en plus d’assister les femmes en couches‚ son rôle fut aussi de contrôler les mœurs féminines63.
22Ce processus de hiérarchisation et de division des rôles n’a pas été perçu de la même manière par les sages-femmes : certaines ont saisi la plume pour essayer de combattre et neutraliser cette domination masculine. C’est le cas d’E. Nihell qui‚ dans le sillage de ses consœurs anglaises Jane Sharp en 1671 et Sarah Stone en 1732‚ s’est essayée à détruire la légitimité scientifique des chirurgiens-accoucheurs afin de rendre aux sages-femmes le pouvoir obstétrical. Pour discréditer ses adversaires‚ elle a noirci les traits de leur image en faisant d’eux des êtres lubriques‚ cupides et incompétents‚ des bouchers et des assassins‚ en exposant‚ comme l’auteur de la Petition of the unborn baby en 1751‚ la barbarie de leurs gestes et de leurs manœuvres instrumentales et en multipliant à outrance les tortures‚ les mutilations et les séquelles endurées par les femmes et leurs bébés au cours de leurs interventions. Mais les propos de son livre sont bien entendu à nuancer‚ car si les instruments ont en effet donné lieu à des expériences malheureuses et à de nombreux accidents‚ en particulier en milieu rural‚ ils ont aussi été un agent du progrès obstétrical.
23Il faut de même nuancer le caractère conflictuel des relations entre les acteurs de l’obstétrique qui n’étaient pas que des rivaux. Les écrits spécialisés indiquent que la science obstétricale a aussi été l’objet de collaborations intellectuelles et de partages d’expériences entre les sages-femmes et les chirurgiens. Plusieurs sages-femmes‚ on l’a vu‚ ont communiqué par le biais de lettres leurs observations aux hommes de l’art‚ dans l’espoir que celles-ci confortent leurs théories et les aident à trouver des techniques qui facilitent l’accouchement ou en diminuent les infirmités. Certains d’entre eux ont même été pour elles des maîtres à penser. Félicité Reffatin prétend avoir été beaucoup influencée dans sa pratique par les enseignements du célèbre accoucheur André Levret et avoir même expérimenté ses techniques obstétricales64. Inversement‚ bon nombre d’accoucheurs ont tiré profit des savoirs et savoir-faire féminins ; comme le fait remarquer M. Coutanceau‚ plusieurs professeurs avaient‚ dans leurs cours d’accouchement‚ adopté la méthode pédagogique de sa tante A. Du Coudray et se servaient de ses mannequins de démonstration65. Mmes Du Coudray et Coutanceau se plaisent dans leurs manuels pédagogiques à vanter auprès de leurs disciples les virtuosités et les succès des accoucheurs ainsi qu’à inciter celles-ci à user de leurs techniques‚ puis à faire preuve d’humilité et de docilité en les appelant en cas de danger66. N’oublions pas que Mme Coutanceau était l’épouse d’un chirurgien et qu’avec son mari‚ elle donna conjointement des cours et fonda la maternité de Bordeaux.
24Longtemps restée une affaire de femmes‚ l’obstétrique s’est donc progressivement imposée en territoire masculin. Sa médicalisation et sa professionnalisation ont en effet transformé les sages-femmes en auxiliaires d’une médecine androcentrée. Les hommes de l’art leur ont laissé la pratique‚ mais dans un rôle ancillaire‚ en s’emparant du domaine théorique et scientifique. Plusieurs sages-femmes se sont toutefois exprimées par écrit sur des questions obstétricales et ont entrepris de théoriser leur savoir et leur savoir-faire‚ mais elles sont rares et leurs productions ne représentent qu’une infime partie du corpus de textes obstétricaux. Pour autant‚ certains de leurs écrits ont connu un vif succès : les livres d’A. Du Coudray et de M-A. Le Rebours ont été quatre fois réédités en France et traduits en plusieurs langues : celui de Mme Du Coudray en flamand ; celui de Mme Le Rebours en allemand et en italien‚ preuve que leur lectorat ne se limitait pas à la France‚ mais s’étendait à l’Europe entière. Si‚ aujourd’hui‚ leurs écrits souffrent d’invisibilité à cause de leur faible proportion et d’une histoire des sciences qui a longtemps privilégié la production masculine‚ il ne faut pas les sous-estimer car ces textes ont le mérite d’avoir contribué à la formation des femmes en milieu rural‚ sinon à la production et à la diffusion du savoir obstétrical en Europe.
Notes de bas de page
1 Jacques Gélis‚ L’Arbre et le fruit. La naissance dans l’Occident moderne, XVIe-XIXe siècles‚ Paris‚ Fayard‚ 1984 ; La Sage-femme ou le médecin‚ Paris‚ Fayard‚ 1988 ; Lianne Mctavish‚ Childbirth and the display of authority in Early Modern France [La Naissance et la démonstration de l’autorité en France aux XVIe et XVIIe siècles]‚ Aldershot‚ Ashgate‚ 2005 ; Monica H. Green‚ Making Women’s Medicine Masculine : The Rise of Male Authority in Pre-Modern Gynaecology [Masculiniser la médecine féminine : L’essor de l’autorité des hommes dans la gynécologie avant l’époque moderne]‚ Oxford‚ University Press‚ 2008.
2 The Art of Midwifery : Early Modern Midwives in Europe [L’art obstétrical : sages-femmes dans l’Europe de la première modernité]‚ dir. Hilary Marland‚ Londres‚ Routledge‚ 1993.
3 La Sage-femme ou le médecin‚ p. 328 sq. Voir aussi « Sages-femmes et accoucheurs : l’obstétrique populaire aux XVIIe et XVIIIe siècles » ‚ Annales. Économies, Sociétés, Civilisations‚ 32e année‚ 5‚ 1977‚ p. 927-957.
4 Voir à ce sujet : Wendy Perkins‚ Midwifery and Medicine in Early Modern France. Louise Bourgeois [L’Art d’être sage-femme et la médecine dans la France de la première modernité : Louise Bourgeois]‚ Exeter‚ University Press‚ 1996 ; François Rouget‚ « De la sage-femme à la femme sage : réflexion et réflexivité dans les Observations de Louise Boursier » ‚ Papers in French Seventeenth-Century Literature‚ 48‚ 1998‚ p. 483-497 ; Valerie Worth-Stylianou‚ Les Traités d’obstétrique en langue française au seuil de la modernité : bibliographie critique des « Divers travaulx » d’Euchaire Rösslin (1536) à l’Apologie de Louyse Bourgeois sage femme (1627)‚ Genève‚ Droz‚ 2007 ; Jacqueline Vons‚ « La Parole d’une sage-femme : Louise Bourgeois (1563- 1636) » ‚ dans Femmes en médecine‚ dir. Véronique Boudon-Millot‚ Véronique Dasen et Brigitte Maire‚ Paris‚ BIUM‚ Collection Medic@‚ 2008‚ p. 223-238 ; Jacques Gélis‚ « Une sage-femme entre deux mondes » ‚ Histoire des sciences médicales‚ 2009‚ XLIII/1‚ p. 27-38 ; Bridgette Sheridan‚ « Whither Childbearing : Gender‚ Status‚ and the Professionalization of Medicine in Early Modern France » [Quid de la maternité : Genre‚ statut‚ et la professionnalisation de la médecine dans la France de la première modernité]‚ dans Gender and Scientific Discourse in Early Modern Culture [Genre et Discours scientifique dans la culture de la première modernité]‚ dir. Kathleen P. Long Farnham‚ UK‚ Ashgate‚ 2010‚ p. 239-258.
5 Outre les travaux de Jacques Gélis‚ voir ceux de Dominique Chambon‚ Madame Angélique Du Coudray‚ Paris‚ Broussais‚ 1979 ; Nina Rattner Gelbart‚ The King’s Midwife : an history and mistery of Madame Du Coudray [La sage-femme du roi : histoire et mystère de Madame Du Coudray]‚ Berkeley‚ UC Press‚ 1998 ; Michel Bénozio‚ Claire Beugnot‚ Sophie Demoy‚ Arlette Dubois‚ Caroline Durier‚ Jacques Gélis‚ Jacques Petitcolas‚ La « Machine » de Mme Du Coudray ou l’Art des Accouchements au XVIIIe siècle‚ en partenariat avec le Musée Flaubert et d’histoire de la médecine de Rouen‚ Bonsecours‚ Point de vues‚ 2004.
6 Adeline Gargam‚ Les Femmes savantes, lettrées et cultivées dans la littérature française des Lumières ou la conquête d’une légitimité (1690-1804)‚ Paris‚ H. Champion‚ 2013.
7 Antoine Portal‚ Histoire de l’anatomie et de la chirurgie‚ Paris‚ F. Didot‚ 1770-1773 ; Pierre Sue‚ Essais historiques, littéraires et critiques sur l’art des accouchemens ou recherches sur les coutumes, les mœurs et les usages des anciens et des modernes dans les accouchemens‚ Paris‚ J. F. Bastien‚ 1779.
8 Pierre Sue‚ Essais historiques… ‚ t. 1‚ p. 110.
9 De l’Obligation des femmes de nourrir leurs enfants‚ Paris‚ J. Étienne‚ 1708.
10 Nouvelles maximes sur l’éducation des enfans‚ Amsterdam‚ L’Honoré et Châtelain‚ 1718.
11 Cf. Histoire des mères du Moyen Âge à nos jours‚ dir. Yvonne Knibiehler et Catherine Fouquet‚ Paris‚ Montalba‚ 1980 ; Yvonne Knibiehler‚ Gérard Neyrand‚ Maternité et parentalité‚ Rennes‚ ENSP‚ 2004.
12 Carole Huta‚ « Jean Senebier (1742-1809) : un dialogue entre l’ombre et la lumière. L’art d’observer à la fin du XVIIIe siècle » ‚ Revue d’histoire des sciences‚ 1998‚ t. 51‚ n° 1‚ p. 93-106.
13 Jean Senebier‚ L’Art d’observer‚ Genève‚ C. Philibert et B. Chirol‚ 1775 et Essai sur l’art d’observer et de faire des expériences‚ Genève‚ J.-J. Paschoud‚ 1802 ; Benjamin Carrard‚ L’Art d’observer‚ Amsterdam‚ M.-M. Rey‚ 1777.
14 De l’Indécence aux hommes d’accoucher les femmes‚ [1707]‚ Paris‚ Côté-femmes‚ 1990.
15 Dissertation sur la génération, sur la superfétation et réponse au livre intitulé : « De l’Indécence aux hommes d’accoucher les femmes, et sur l’obligation aux mères de nourrir leurs enfans de leur propre lait » ‚ Paris‚ L. D’Houry‚ 1718.
16 Pam Lieske‚ Eighteenth-Century British Midwifery [L’obstétrique dans le XVIIIe siècle britannique]‚ Londres‚ Pickering et Chatto‚ 2007 ; Sophie Vasset‚ « La Querelle des accoucheurs et des sages-femmes en Grande-Bretagne : l’exemple d’Elizabeth Nihell » ‚ Littératures classiques‚ 2013/2‚ n° 81‚ p. 243-255.
17 Avant d’être traduit en français‚ ce traité parut d’abord à Londres chez A. Morley en 1760 sous le titre A Treatise on the Art of Midwifery Setting Forth Various Abuses Therein, Especially as to the Practice with Instruments.
18 Par un médecin romain du VIe siècle‚ Moschion‚ dans l’optique de former les sages-femmes.
19 En particulier par Jacques Ménard (en 1743)‚ Jean-Louis Baudelocque et Augier du Fot (en 1775)‚ puis Jacques Telinge (en 1776). Cette forme est aussi utilisée en philosophie et en politique durant la seconde moitié du XVIIIe siècle lorsque se laïcise le catéchisme. Cf. Jean-Charles Buttier‚ « Peut-on catéchiser la Révolution ? (1789- 1848) » ‚ La Révolution française‚ 4‚ 2013‚ Pédagogies, utopies et révolutions (1789- 1848)‚ mis en ligne le 23 juin 2013 et consulté le 2 octobre 2013.
20 Marguerite Coutanceau‚ Instructions sommaires, théoriques et pratiques sur les accouchemens‚ Bordeaux‚ A. Levieux‚ 1800‚ p. 1.
21 Hans Robert Jauss‚ Pour une herméneutique littéraire‚ Paris‚ Gallimard‚ 1988 ; Jacques Audinet‚ « Le Modèle catéchisme‚ fonction et fonctionnement » ‚ dans Aux origines du catéchisme en France‚ dir. Pierre Colin‚ Paris‚ Desclée‚ 1989‚ p. 261-271.
22 M. Coutanceau‚ Instructions sommaires… ‚ p. 1.
23 Nina Rattner Gelbart‚ « Books and the birthing business : the midwife Manuals of Madame Du Coudray » [Les livres et le commerce de l’accouchement : les manuels pour sages-femmes de madame Du Coudray]‚ dans Going Public. Women and publishing in Early Modern France [L’accès à la sphère publique : Les femmes et la publication dans la France de la première modernité]‚ dir. Elizabeth C. Goldsmith et Dena Goodman‚ Cornell University Press‚ 1995‚ p. 79-96 et « Delivering the Goods : patriotism‚ property and the midwife mission of Madame Du Coudray » [Transmission des biens de l’humanité et de l’État français : le patriotisme‚ l’hygiène et la mission de la sage-femme Madame Du Coudray]‚ dans Early modern conceptions of property [Les conceptions de l’hygiène à l’époque de la première modernité]‚ dir. John Brewer et Susan Staves‚ Londres‚ Routledge‚ 1995‚ p. 467-480 ; Jérôme Van Wijland‚ « Enluminer les accouchements‚ éclairer l’enseignement. Les Planches de l’Abrégé de l’Art des accouchemens de Madame Du Coudray » ‚ Histoire des sciences médicales‚ t. XLVI‚ n° 4‚ 2012‚ p. 403-414.
24 Jérôme Van Wijland‚ ibid.‚ p. 410-411.
25 Marguerite de La Marche‚ Instruction familière et utile aux sages femmes pour bien pratiquer les accouchemens‚ Paris‚ L. d’Houry‚ 1710‚ p. iv ; Marie-Angélique Le Rebours‚ Avis aux mères qui veulent nourrir leurs enfants‚ Paris‚ T. Barrois‚ An VII‚ p. 15.
26 Elizabeth Nihell‚ La Cause de l’humanité référée au tribunal du bon sens et de la raison ou traité sur les accouchements par les femmes‚ Londres‚ 1771‚ p. 80.
27 M. de La Marche‚ Instruction familière… ‚ p. 62.
28 Ibid.‚ p. 37.
29 Ibid.‚ p. 28.
30 Ibid.‚ p. 85‚ 92-93.
31 Ibid.‚ p. 3.
32 E. Nihell‚ La Cause… ‚ p. 60-71.
33 Ibid.‚ p. 79.
34 Ibid.‚ p. 425.
35 Marguerite Coutanceau‚ Éléments de l’art d’accoucher‚ Bordeaux‚ M. Racle‚ 1784‚ p. 57.
36 Angélique Du Coudray‚ Abrégé de l’art des accouchements‚ Paris‚ Th. Barrois‚ 1785‚ p. 61.
37 M. de La Marche‚ Instruction familière… ‚ p. 66 ; M. Coutanceau‚ Éléments… ‚ op. cit.‚ p. 75.
38 M. Coutanceau‚ Instructions sommaires… ‚ p. 70 ; A. Du Coudray‚ Abrégé… ‚ p. 62.
39 M. Coutanceau‚ Instructions sommaires… ‚ XX‚ p. 100.
40 A. Du Coudray‚ Abrégé… ‚ p. 64.
41 M. de La Marche‚ Instruction familière… ‚ p. 103 ; M. Coutanceau‚ Éléments… ‚ p. 71-72.
42 M. Coutanceau‚ Éléments… ‚ p. 96 sq.
43 A. Du Coudray‚ Abrégé… ‚ p. 69.
44 Ibid‚ p. 150 ; M. Coutanceau‚ Instructions sommaires… ‚ VIII‚ p. 10.
45 M. Coutanceau‚ Instructions sommaires… ‚ XX1‚ p. 15.
46 Si‚ avant 1660‚ à l’Hôtel Dieu‚ la maîtresse-sage-femme utilisait les instruments usuels dans les accouchements dystociques en présence des élèves sages-femmes (Cf. Henriette Carrier‚ Les Origines de la Maternité de Paris, les Maîtresses Sages-Femmes et l’Office des Accouchées de l’ancien Hôtel Dieu‚ Paris‚ G. Steinheil‚ 1888)‚ l’édit de Marly (18 mars 1707‚ art. XXVI) et l’arrêté du 19 avril 1755‚ leur ont interdit de pratiquer les interventions chirurgicales‚ et la loi du 19 ventôse an XI (art. 33)‚ d’employer des instruments durant les accouchements laborieux. Cf. Bertrand Hoerni‚ « À propos de la loi du 19 ventôse an XI à l’occasion de son bicentenaire » ‚ La Presse médicale‚ vol. 32‚ n° 22‚ 2003‚ p. 1014-1015 ; Jean-François Lemaire‚ « La Loi du 19 ventôse an XI‚ texte fondateur et expédient provisoire » ‚ Bulletin de l’Académie Nationale de Médecine‚ t. 187‚ n° 3‚ 2003‚ p. 577-586.
47 Mireille Laget‚ Naissances. L’Accouchement avant l’âge de la clinique‚ Paris‚ Seuil‚ 1982‚ p. 201-226 ; Scarlett Beauvalet Boutouyrie‚ La Population française à l’époque moderne. Démographie et comportements‚ Paris‚ Belin‚ 2008‚ p. 199-200.
48 M. de La Marche‚ Instruction familière… ‚ p. 75.
49 M. Coutanceau‚ Éléments… ‚ p. 21-24.
50 A. Du Coudray‚ Abrégé… ‚ p. 94.
51 M. Coutanceau‚ Instructions sommaires… ‚ IV‚ p. 4-15.
52 Ibid.‚ XX‚ p. 61.
53 A. Du Coudray‚ Abrégé… ‚ chap. X ; M. Coutanceau‚ Instructions sommaires… ‚ XX.
54 M. Coutanceau‚ Instructions sommaires… ‚ XXI‚ p. 10.
55 Ibid.‚ II‚ p. 6.
56 Ibid.‚ XXI‚ p. 12.
57 M. de La Marche‚ Instruction familière… ‚ p. 15.
58 A. Du Coudray‚ Abrégé… ‚ p. 105‚ 147.
59 [Mgr Louis-Albert Joly de Choin‚ évêque de Toulon]‚ Rituel romain, pour l’usage du diocèse de Toulon‚ Lyon‚ les frères Perisse‚ 1778‚ p. 348-349.
60 Félicité Reffatin‚ « Lettre à M. Levret sur l’obliquité de la matrice‚ comme conséquence de l’implantation du placenta sur l’orifice interne de cet organe » ‚ Journal de médecine‚ chirurgie et pharmacie‚ Paris‚ Didot‚ Juillet 1762‚ t. XVII‚ p. 359.
61 M. de La Marche‚ Instruction familière… ‚ p. 75 et 80.
62 Ibid.‚ p. 15.
63 J. Gélis‚ La Sage-femme… ‚ I‚ chap. II.
64 F. Reffatin‚ « Lettre à M. Levret… » ‚ p. 356-357.
65 M. Legrand en Picardie ; M. Tourte dans le Dauphiné ; M. Moreau en Touraine ; M. Chevreul en Anjou. Cf. M. Coutanceau‚ Éléments… ‚ p. x.
66 N. Rattner Gelbart‚ « Books and the birthing business… » ‚ op. cit.‚ p. 79-96.
Auteur
Institut d’Histoire de la Pensée classique, UMR 5037
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