Le chartrier d’Alphonse de Poitiers
p. 205-223
Texte intégral
1La réputation de bon gestionnaire faite à Alphonse de Poitiers depuis le XIXe siècle tient surtout à l’abondance des archives qui sont parvenues jusqu’à nous1. Il s’agit bien sûr des actes reçus – notamment les lettres de reconnaissance de ses vassaux – mais surtout des documents produits par ses serviteurs qui semblent n’avoir jamais quitté le Trésor des chartes : minutes et originaux d’actes, registres de mandements, comptes, etc. Même en considérant à part les archives héritées de Raymond VII et du Midi, ce chartrier reste l’un des noyaux durs du Trésor des chartes pour le XIIIe siècle. L’ampleur même du fonds, autant que son contenu, incite à penser que les clercs du comte étaient particulièrement soigneux quant à la conservation des actes. Pour l’ensemble de la période, soit de 1241 à 1271, les seuls actes reçus concernant le Poitou et l’administration centrale du comte encore présents dans le Trésor des chartes sont près de 300. Si l’on ajoute les actes concernant les autres possessions alphonsines, l’Auvergne, le Midi toulousain et le Venaissin, le total double pratiquement.
2Pour autant, il ne s’agit pas d’un ensemble cohérent ni facile à appréhender, et cette relative abondance n’est pas la preuve définitive de l’efficacité de l’administration alphonsine. Auguste Molinier est d’ailleurs très critique à cet égard, et estime que les archives « des premières années du règne ne paraissent pas avoir été conservées avec beaucoup de soin »2. Il prend pour preuve la nécessité, en 1270, de recourir aux souvenirs d’anciens serviteurs pour établir l’assiette de l’aide à la croisade sur le modèle de celle de 1248. Cette dichotomie n’est évidemment qu’apparente, tant au XIIIe siècle les archives ne forment pas un tout uniforme. Une distinction assez nette est généralement faite entre les actes transitoires, les actes impérissables – qui fondent les droits du seigneur – et les outils de gestion que sont les terriers, comptes et autres registres. Il est donc normal de trouver des pratiques et un soin différenciés pour la conservation de tel ou tel ensemble de documents3.
3En l’absence de sources que l’on pourrait dire archivistiques, il n’est pas possible de comprendre véritablement la gestion des archives princières dans toute son ampleur. Il faut se contenter de quelques pistes, le plus souvent isolées, ou de quelques mentions dorsales pour deviner la manière dont les clercs conservaient et retrouvaient les actes. Toute conclusion en ce domaine est donc fragile, et mérite d’être nuancée. Quelques points semblent pourtant pouvoir être arrêtés avec plus ou moins de certitude, notamment en ce qui concerne l’organisation matérielle du chartrier. Car la question est double, puisqu’elle recouvre à la fois la conservation et l’exploitation matérielle des documents, et celles de l’information contenue. Ces deux axes peuvent servir à esquisser une politique d’archivage a minima, en commençant par montrer l’intérêt que l’administration comtale portait à ses propres archives.
I – L’administration comtale et ses archives
4Or, cet intérêt est bien réel et guidé par la nécessité. Les archives sont en effet au cœur des premiers temps forts d’une prise de pouvoir. La mainmise sur un chartrier est à la fois un geste symbolique et le moyen indispensable à tout gouvernement de préserver son bien dans une période de transition. Une collection d’actes bien conservés est l’assurance de pouvoir faire prévaloir ses droits et d’en étayer les fondements. En outre, toute prise de pouvoir s’accompagne d’une importante production documentaire : hommages, confirmations de privilèges, dons, etc. Ces actes, les premiers de tout gouvernement, sont à la fois adossés aux actes précédents, dont ils reprennent bien souvent le dispositif, et le noyau d’une nouvelle strate du chartrier.
5Il n’y a d’ailleurs rien de si pressé que de rédiger ces actes et de les mettre à l’abri. Sur 295 actes reçus par le comte de Poitiers en trente ans, 48 le sont entre 1241 et 1243, c’est-à-dire la période d’installation du prince dans son fief4. Cette abondance est la conséquence logique de l’inféodation, et les actes proviennent pour la plupart des nouveaux vassaux du comte. Il en va d’ailleurs de même en 1271, lorsque Philippe III fait saisir les terres méridionales de son oncle. Le sénéchal de Carcassonne, Guillaume de Cohardon, fait rédiger sur registres et authentifier par notaire les serments des nouveaux vassaux du roi5. Ces registres sont aussitôt déposés hors des terres en question, à Carcassonne même, et le sénéchal est invité à saisir les archives du Midi à Penne d’Albigeois6. Le lien est d’ailleurs explicitement exprimé à cette occasion entre la saisie du comté et de ses archives.
6Alphonse de Poitiers et ses clercs n’ont évidemment pas moins conscience de l’importance des archives, et le règlement de la succession de Raymond VII en est la parfaite illustration. Tout d’abord, parce qu’en 1250, Alphonse n’agit pas différemment de son neveu vingt ans plus tard, puisque les rôles d’hommages sont transférés à Paris7. Ensuite, en mars 1251, Thibaud d’Étampes, chapelain d’Alphonse de Poitiers, rapporte le déroulement de sa mission dans le Venaissin et fait le point sur une situation encore passablement embrouillée. La ville d’Avignon, appuyée par Barral des Baux, est alors en rébellion ouverte contre les comtes de Poitiers et de Provence. Parmi les points dont il rend compte, se trouve le transfert des archives du Venaissin, puisqu’il confirme les avoir récupérées des mains de l’évêque de Carcassonne8. C’est un certain Jean de Grazan, lieutenant de l’évêque, qui les avait visiblement rapportées et les conservait en sa maison au nom du comte de Poitiers9.
7Alphonse de Poitiers dispose pourtant d’un sénéchal sur place, Raymond Gaucelme, dont l’administration a vraisemblablement besoin de ces documents. Mais la situation politique, encore très incertaine à la fin de l’année 1250 et au début de l’année 1251, a sans doute décidé le comte à mettre les archives à l’abri. Autrement dit, il s’est empressé de mettre en sûreté les actes justificatifs de son pouvoir pour en éviter le pillage ou la destruction, préservant ainsi l’avenir. Exactement comme Philippe III vingt ans plus tard, il « dépayse » le fonds et le fait conserver par d’autres que les hommes théoriquement en place et compétents.
8Le cas est plus épineux dans le Toulousain. Là aussi, la tentative de récupération du chartrier est le premier acte de la prise de pouvoir, mais il s’agit d’un échec. Sicard Alaman, ancien sénéchal du comte Raymond VII, tient alors tout le Midi pour le compte d’Alphonse de Poitiers ; il est à la fois incontournable pour s’imposer dans le Midi, et l’homme de la continuité administrative. Thibaud d’Étampes, encore lui, est envoyé auprès de Sicard en compagnie de Pierre de Voisins, sénéchal de Toulouse, et sa lettre évoque les documents qu’il lui a été donné de voir : « tres cartas de Imperatore et unam de pie recordationis domino rege Francorum Philippo, in auro sigillatas ; item aliquas alias in cera sigillatas et multas alias astractas de cartulario tabellionum et publicorum notariorum »10. Les deux envoyés ont sans doute mandat d’emporter les titres mais, ces actes étant précieux ou bien ayant tout simplement du pouvoir, Sicard Alaman refuse de s’en séparer sans un ordre écrit du comte. Il en promet à défaut deux jeux de copies dans les huit jours.
9L’ordre écrit n’est sans doute jamais parvenu et les documents restent dans le Midi ; le mandement de Philippe III de saisir les archives du comte Raymond VII en 1271 à Penne d’Albigeois en est d’ailleurs la preuve. Mais comme l’affaire est d’importance, le comte de Poitiers envoie deux nouveaux serviteurs dans l’été 1251, l’archidiacre d’Agen et Pons Astoaud à Toulouse « pro videndo cartulario »11. Le chartrier des Raymondins fait ainsi l’objet d’une sorte de rapport de force entre le comte et l’homme fort du Midi. La question est vraisemblablement réglée par la rédaction de ce que l’on nomme improprement le « cartulaire de Raymond VII », peut-être rédigé à cette occasion sur l’ordre d’Alphonse de Poitiers, et qui transcrit les documents les plus importants du chartrier toulousain12. Il est en tout cas certain qu’un cartulaire est rédigé et déposé à Paris, puisqu’au bas d’un compte de la fin des années 1260 un clerc prend la peine de noter : « Memoria quod liber seu registrum litterarum comitatus Tholose est Parisius apud Hospitale cum coopertura rubea »13.
10Les archivistes de notre époque ont sans doute hérité du XIIIe siècle cette obsession pour le caractère presque sacré de l’original. Quand bien même on consent à donner accès à l’information, cela ne signifie pas que l’on accepte de communiquer ce fameux original, lequel fait un peu partie des murs. Pour la même raison, Alphonse de Poitiers paraît n’avoir récupéré du roi aucun acte concernant le Poitou antérieur à l’inféodation. C’est pourquoi les clercs ne travaillent pas nécessairement avec, ni sur les originaux, et font clairement la distinction entre la gestion de l’information et des documents eux-mêmes. La copie fait partie intégrante de la politique d’archivage et de conservation en cela qu’elle est privilégiée comme support de travail.
11Cela tombe sous le sens pour les documents uniques ayant vocation à s’appliquer dans de nombreux lieux. Les grâces apostoliques sont dans ce cas de figure, délivrées une seule fois, et dont les copies authentifiées sont expédiées dans tout le royaume. Les grâces accordées au comte de Poitiers en 1253 et en 1256 nous sont toutes parvenues en doubles voire en triples exemplaires. Mais c’est également vrai de certains documents à vocation unique. En Venaissin, Thibaud d’Étampes rapporte avoir remis à maître Pierre de Vezenobre « transcriptum litterarum papalium sigillo domini Carpentoratensis episcopi sigillatum »14. Les très nombreuses copies contemporaines des actes, authentifiées ou non, présentes dans le Trésor des chartes et ailleurs, attestent évidemment du recours massif à la copie. Cela tient peut-être à la fragilité des signes extérieurs de validation, à commencer par le sceau, qui garantissent la recevabilité de l’acte.
12Selon une logique un peu différente, le registre et le cartulaire participent de cette politique de ménagement de l’original. De très nombreux actes, généralement reçus plutôt que produits, y sont copiés pour en conserver la trace autant que pour accéder à l’information15. Car ces copies ne correspondent pas seulement à une logique mémorielle qui serait celle du cartulaire, puisqu’on y trouve parfois des actes transitoires, tels que des reconnaissances de dettes16. Elles correspondent à la nécessité pour une cour itinérante de disposer de l’information en tous lieux utiles, alors même que les originaux sont conservés en un lieu fixe : dans le cas d’Alphonse de Poitiers, Paris pour les archives du Poitou, Toulouse ou Penne d’Albigeois pour celles du Midi. Cette nécessité s’étend jusqu’en Orient, où le prince prévoit de se déplacer accompagné non de ses archives originales – à l’exception des contrats de retenues – mais du double de ses registres17. Il y a donc bien deux logiques à l’œuvre, peut-être héritées de l’expérience de Fréteval : la gestion précautionneuse des originaux et la circulation la plus immédiate possible de l’information.
II – La réalité documentaire du chartrier
13Si l’on en revient au chartrier lui-même, il nous reste à définir ce qu’il recouvrait comme réalité documentaire. Il faut comprendre à la fois la manière dont nous sont parvenus les actes, et déterminer ceux qui étaient volontairement écartés du chartrier dès l’époque de leur production. Or, s’il est certain que les archives du comte de Poitiers formaient un chartrier dès l’origine, ce chartrier tel que nous le connaissons aujourd’hui n’a plus grand chose en commun avec son état antérieur. Il est le fruit à la fois d’une sédimentation progressive de plusieurs ensembles distincts, et d’un démembrement du noyau originel. Pleinement incorporées au Trésor des chartes, les archives de l’administration d’Alphonse de Poitiers en ont connu le sort et les remaniements successifs. Il n’existe donc plus aucun chartrier d’Alphonse de Poitiers en tant que tel, et il faut le reconstituer à partir des actes présents dans le trésor.
14Les actes que l’on peut rattacher au gouvernement de ce prince proviennent de fonds différents. Une partie provient incontestablement de ce qui a été saisi en 1271 par le roi Philippe III dans l’hôtel du prince lors de la succession. Une autre partie provient de ce qui a pu être versé par les serviteurs du comte, qu’ils gardaient par devers eux, et dont nous ne savons pratiquement rien. Une troisième, sans doute importante, provient du chartrier des comtes de Toulouse, vraisemblablement transféré au trésor bien après la mort d’Alphonse de Poitiers, lors de la réunion en droit du Toulousain à la couronne en 136118. Enfin, une partie marginale provient des fonds récupérés sur certaines grandes familles vassales à mesure de l’accroissement du domaine royal, ou à l’occasion de rachats d’aliénations faites par le comte ou de rentes constituées19. L’ensemble a été redistribué dans les layettes selon une partition géographique et diachronique, mélangeant les actes du comte de Poitiers à ceux de ses prédécesseurs et de ses successeurs, les actes reçus aux actes expédiés. Pour l’essentiel, ces documents sont actuellement conservés dans les layettes intitulées « Poitou » et « Toulouse », et dans une moindre mesure « Auvergne », « Croisades » ou « Paris ». Pour être complet, il convient d’ajouter une masse importante de documents conservés dans la série des « sacs », c’est-à-dire les fonds complémentaires, composés essentiellement de comptes et d’enquêtes.
15En l’absence de cotation ou de mentions dorsales significatives et contemporaines des actes, toute enquête sur le chartrier du comte de Poitiers paraît donc lourdement compromise par ce mélange. Nous disposons néanmoins de deux documents exceptionnels qui peuvent donner des indications sur la tenue des archives. Ces deux documents sont deux inventaires des archives comtales, l’un de 1263, l’autre du premier tiers du XIVe siècle. La comparaison de ces documents entre eux, présentant deux états incomplets du fonds à plus d’un demi-siècle de distance, et surtout avec le chartrier tel qu’il est aujourd’hui, permet de tirer quelques conclusions sur l’importance et la manière de tenir le chartrier.
16Le premier inventaire, coté J 190 no°66, est un cahier de parchemin constitué de quatre bifeuillets et de deux feuillets orphelins, soit dix folios. La couvrure, si elle a existé, est manquante, et nous ne disposons d’aucune identification du document ni en tête ni en fin du cahier. Une mention postérieure, sans doute du XIVe siècle et peut-être de Gérard de Montaigu, le désigne comme un repertorium nullius valoris, selon la formule d’usage pour bon nombre de registres du Trésor des chartes. Faute de numérotation originelle des folios ou des actes indiqués, il est impossible de savoir avec certitude si le document est complet. En l’état, il comprend une liste de 220 documents, dont neuf doublons, répartis géographiquement et par localisation de rangement. Quoique les dates ne soient pas données, l’identification des documents originaux permet d’établir une fourchette chronologique allant de 1241 à 1263, cette dernière date devant être considérée comme celle de la rédaction du document, ou plutôt de sa dernière mise à jour20.
17Car la composition du document n’est pas homogène et plusieurs mains ont collaboré à son écriture. Le premier folio – recto et première moitié du verso – représente sans doute l’état le plus ancien : les 36 premiers items, d’une même main, concernent uniquement le Poitou et aucun acte n’est postérieur à 124921. Ce premier bloc se distingue également du reste du cahier par la présence de croix dans la marge gauche et par l’ajout de précisions sur le contenu de certains actes. Ces croix sont la marque d’un récolement postérieur du fonds ; deux mentions, correspondant à des actes disparus, ont d’ailleurs été biffées à cette occasion. L’une d’entre elles, no°26, est une reconnaissance de dette de Maurice de Belleville et de Jeanne de Luçon22. Les comptes des dettes d’Alphonse de Poitiers nous apprennent que Maurice de Belleville doit effectivement une forte somme d’argent avant la croisade. Il n’apparaît plus au titre d’aucune dette après la croisade, et la dernière occurrence de ce personnage dans les comptes généraux date de la Toussaint 1251, où il acquitte la somme de 140 livres. S’il s’agit bien de la dernière traite du remboursement, cela signifie que les lettres ont dû être retournées après cette date, et donc disparaître de l’inventaire. Cela implique une rédaction antérieure à la fin de l’année 1251, et un récolement postérieur. On peut néanmoins proposer la date de 1249 pour la création du document, qui correspondrait au départ pour la croisade.
18Dans la suite du cahier, aucun des actes identifiés ne dépasse le début de l’année 1263, date ante quem des dernières mises à jour du document. Cette date correspond d’ailleurs à une césure majeure dans le fonctionnement de l’administration centrale du comte de Poitiers, c’est-à-dire à la mort de Philippe, trésorier de Saint-Hilaire de Poitiers, et véritable bras droit d’Alphonse de Poitiers23. Cette date correspond également à la dernière mise à jour du seul registre connu des comptes généraux de l’administration alphonsine, et à l’apparition des premiers registres attestés de mandements. L’un des derniers ajouts, un ensemble de six documents, nos 186 à 191, évoque des lettres « Philippi quondam thesaurarii », ce qui permet de dater la dernière mise à jour peu après le printemps 1262, date probable du décès de Philippe24.
19En dehors de 1249, il est difficile de définir les différentes interventions qui ont amené à l’état que nous connaissons du cahier. Elles sont au moins au nombre de trois. La première (nos 37-84, et 91-119) a pu être rédigée en 1257, puisque le cahier a été poursuivi jusqu’au milieu du f° 4v sans qu’aucune charte ne dépasse cette date. Il ne s’agit pas de la même strate que celle de 1249, puisque certaines chartes y sont mentionnées en doublon (nos 43, 54, 56 et 64). En outre, le milieu du f° 4v correspond à la fois à un changement de main et à l’apparition de localisations plus précises des documents, et récurrentes par la suite : « in scrinio ad tale signum » et « in circuitu superiori cloaca ». La deuxième (nos 120-219) comporte des doublons de la première (nos 129, 130, 141, 156 et 159), ce qui semble conforter l’idée d’une troisième strate. À partir de cette deuxième intervention, des espaces blancs ont été ménagés entre chaque paragraphe, preuve que l’inventaire était destiné à être complété. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé, puisqu’une main distincte, peut-être postérieure et qui peut être considérée comme la troisième intervention, a rempli une partie des blancs, peut-être immédiatement après la mort du trésorier Philippe.
20Quoi qu’il en soit, les traces d’ajouts et le brusque arrêt des mises à jour en 1263 désignent clairement le document comme contemporain de l’administration du comte de Poitiers, c’est-à-dire comme l’inventaire ouvert du chartrier. La désignation des lieux de conservation et de symboles identifiant les coffres, plaident également en ce sens, de même que les signes de récolement et les mentions d’actes biffées25. Ces dernières correspondent toujours soit à un acte disparu, généralement une reconnaissance de dettes, soit à un doublon, présent un peu plus loin dans l’inventaire. Ces doublons témoignent vraisemblablement du remaniement du contenu des coffres d’archives. La plupart des mentions biffées concernent les actes nos 43 à 55, c’est-à-dire des mentions transcrites vers 1257, et concernent l’ensemble des terres d’Alphonse de Poitiers. Ces actes biffés ont ensuite été répartis dans d’autres coffres, dédiés à telle ou telle partie du domaine selon un classement géographique qui ne s’est imposé qu’ensuite en raison de la masse grandissante des documents.
21Le deuxième inventaire, coté J 190 no°67, est un rouleau de cinq peaux de parchemin cousues, datant vraisemblablement du début du XIVe siècle, et portant le titre « Littere tangentes comitem Pictavensem ». Il comprend les mentions de 120 documents datés de 1241 à 1270, soit une liste à la fois bien plus courte que l’inventaire précédent, et bien plus large dans le temps. Là encore, il est impossible de savoir si le document est complet. La dernière peau de parchemin est écrite sur toute sa longueur, mais son extrémité ne comporte aucun trou de couture permettant d’attester l’existence d’une sixième peau. Il est donc possible que le document soit complet en l’état, à défaut de couvrir l’ensemble du chartrier du comte de Poitiers.
22Ce document se distingue en plusieurs points du précédent. Tout d’abord, il propose une numérotation des actes. Il ne s’agit pas encore d’une cotation, puisque ce numéro n’est effectivement jamais reporté au dos des actes eux-mêmes26. L’inventaire est presque exclusivement consacré au Poitou, et seuls quelques documents concernent l’Auvergne (4), le Midi (3) ou l’administration centrale (3) ; d’autres, plus nombreux, concernent les possessions parisiennes du comte (17). Pour la période 1241-1261, il mentionne 65 actes, dont 9 ne figurant pas sur l’inventaire de 1263 ; sur les 120 documents, seuls 4 ne sont pas parvenus jusqu’à nous.
23De ces deux inventaires, celui de 1263 est évidemment le plus riche d’enseignements, notamment en ce qui concerne les conditions matérielles de conservation. Tout d’abord parce qu’il donne des indications sur le lieu : « in circuitu superiori cloaca ». Cette indication est difficile d’interprétation, mais elle incite à penser que les archives sont bien laissées en un lieu fixe, l’équivalent de la sainte-chapelle, en moins prestigieux. Elles ne suivent donc pas le prince dans ses déplacements, et l’on peut penser que le lieu de conservation n’est autre que l’hôtel parisien du prince, puisque l’apparition de ces indications, après 1257, correspond à peu près à l’acquisition de l’hôtel27. Il est néanmoins impossible de déterminer si les archives étaient conservées en un lieu fixe avant cette date.
24Parmi les points de convergence entre les deux inventaires, on peut remarquer qu’aucun ne cite de documents antérieurs à l’administration alphonsine, pas même pour le Midi. Il faut en conclure soit que le chartrier d’Alphonse de Poitiers ne contenait aucun de ces documents, soit que les clercs les ont volontairement écartés de leur inventaire. La première hypothèse semble mieux correspondre à la réalité, le chartrier toulousain étant resté à Toulouse de manière à peu près certaine. En 1262, c’est dans le Midi que le comte fait chercher par l’un de ses commissaires les lettres de reconnaissance prouvant que la mine d’Orzals faisait partie du domaine de Raymond VII28. Quant au Venaissin, l’inventaire de 1263 ne mentionne que quatre documents, tous relatifs à Barral des Baux, dont un datant de 1250 et trois de 1253. Or, les trois actes de 1253 ont été donnés à Vincennes, et non en Venaissin. De fait, le Trésor des chartes est assez pauvre en documents concernant cette sénéchaussée. On peut présumer que les chartes mises en sécurité à Carcassonne n’ont jamais été rapatriées à Paris, mais sont plutôt retournées à Avignon ou ont été incorporées au chartrier de Toulouse29. Enfin, le comte ne dispose visiblement d’aucun document transmis par le roi concernant l’administration du Poitou ou de l’Auvergne avant l’inféodation.
25Autre point important, les inventaires du chartrier d’Alphonse de Poitiers, J 190 nos 66 et 67, ne s’intéressent ni aux copies – à deux exceptions près concernant le collège des Bernardins à Paris et Charles d’Anjou –, ni aux cartulaires, ni aux registres. Seules deux mentions dans l’inventaire de 1263, les nos 103 et 104, décrivent un rôle et deux registres : « In saculo lineo sunt rotuli in quibus continentur juramenta baronium et militum et hominum terre tholosensis », et « duo paperii ad cooperturas rubeas qui videntur loqui de facto hereticorum ». Cela s’explique pour l’inventaire de 1263, puisque les copies et les registres sont des instruments quotidiens de travail pour les clercs comtaux, et qu’ils n’ont pas lieu d’être laissés dans le chartrier. Mais l’inventaire du XIVe siècle semble montrer que ces documents de travail, devenus caduques, n’ont pas intégré le chartrier pour autant. La conception même du chartrier se limite donc à certains actes, à savoir une partie des originaux seulement, à l’exclusion des actes de gestion, ce que confirme d’ailleurs la composition du cartulaire de Raymond VII. Il s’agit toujours d’actes reçus, et non produits par l’administration comtale, et pour l’essentiel sans limite de validité dans le temps. Toute la difficulté consiste à définir ce qui doit être conservé dans le chartrier, et ce qui fait encore partie des documents de gestion. Les contrats de retenue des deux croisades par exemple, emportés en originaux lors des deux expéditions, ont quasiment tous disparu.
26En cela, le chartrier d’Alphonse de Poitiers est l’exact reflet du Trésor des chartes. Son rôle n’est pas d’assurer la mémoire administrative, c’est-à-dire de permettre aux clercs comtaux de retrouver les informations nécessaires à la gestion du domaine. C’est aux registres, et dans une certaine mesure aux copies, qu’il revient de remplir ce rôle. Le chartrier est le dépôt soigneusement gardé des pièces les plus importantes du pouvoir comtal. S’il ne revêt pas le caractère véritablement sacré du Trésor des chartes du roi, il joue néanmoins le même rôle d’écrin ou de sanctuaire30.
27Pour autant, la fracture avec le registre est loin d’être consommée. Après 1257, les archives du prince sont définitivement organisées en fonction des ensembles géographiques qui composent le domaine comtal : Pictavia seu Xanctonia, Alvernia, Tholosa, Agenesium, Albigesium, Caturcium, Ruthenum, Venesinum et même Francia pour les acquisitions parisiennes. Ces regroupements s’étoffant avec le temps, les clercs du comte les fractionnent et en redistribuent une partie sous de nouvelles appellations non géographiques : littere munitionum castrorum, littere debitorum, littere communes et même littere nullius valoris. Chaque « dossier » se compose d’un ou de plusieurs coffres de rangement, chacun disposant d’un symbole pour l’identifier. En se laissant tenter par un peu d’anachronisme, nous pourrions parler de véritables séries pourvues de signes distinctifs en guise de cotation.
28Ce faisant, les clercs ne font que reproduire leurs méthodes de travail courantes, et appliquer à l’organisation d’un dépôt leurs propres regroupements intellectuels. Pour autant que nous puissions connaître les registres d’Alphonse de Poitiers, la proximité avec le classement des archives est patente. Les registres dits de correspondance administrative sont strictement organisés par sénéchaussées, quel que soit le destinataire, avec un système de renvoi pour les mandements généraux. Auguste Molinier relève également plusieurs mentions d’un registre de communes littere31. Enfin, dans son étude sur ce qu’il nomme le quatrième registre, il évoque clairement la structure en dossiers des registres32.
29Il est difficile de dater l’organisation des archives selon ces principes de répartition géographique et thématique, qu’il s’agisse des actes ou des registres. Le germe est présent en 1249, mais avec 35 actes, les clercs ne sont sans doute pas pressés d’organiser très méticuleusement un fonds assez maigre. Vers 1257 néanmoins, l’évolution semble acquise sous la pression de la documentation toulousaine et de l’accroissement de la production propre du comte. À cette date, il est assuré que le comte fait tenir plusieurs registres simultanément à cause de la croisade, et notamment des registres thématiques. Les clercs du comte font preuve d’innovation et précèdent de quelques années le changement des pratiques royales avec « l’apparition d’une nouvelle catégorie, celle des “affaires” (negocia), à base géographique : affaires de Flandre, affaires d’Albigeois [...] qui arrachent la matière à l’intemporalité du tableau des “ordres”, pour l’ancrer dans le déroulement de l’histoire »33. Dans les années 1260 les deux systèmes se rejoignent donc, partageant globalement les mêmes caractères et un même type d’analyse du document « directement dérivée des rubriques de cartulaire (absence de date), sans omettre l’absence totale d’ordre à l’intérieur des différentes sections »34.
III – Les archives du Midi
30Il faut s’attarder maintenant sur le cas des archives dites du Midi, à savoir essentiellement les archives des derniers comtes de Toulouse. Auguste Molinier considère que les archives d’Alphonse de Poitiers, dans leur globalité – Poitou, Auvergne et Midi – ont été installées dans la sainte-chapelle avec le Trésor des chartes au début du XIVe siècle au plus tard35. Henri-François Delaborde corrige cette idée en montrant que toutes les archives ne sont pas en fait déposées au même moment : celles concernant les comtés dépendant de Toulouse (Agenais, Quercy, Rouergue, Albigeois, Périgord et de Venaissin) seraient déposées avant 1286, alors que celles du comté même de Toulouse n’auraient quitté Toulouse que vers 136136. Pour étayer ce sort dissocié, il s’appuie notamment sur la remise aux envoyés du roi d’Angleterre, le 18 août 1286, de pièces d’archives concernant l’Agenais et le sud de la Saintonge et tirées du Trésor des chartes37. Il faut donc qu’à cette date ces archives aient déjà été déposées au trésor.
31Ce constat laisse entendre que les archives du Midi, hors comté de Toulouse, ont fait le voyage de leur lieu premier de conservation jusqu’à Paris. Or, rien n’est moins sûr, car toutes les archives concernant le Midi ne sont pas conservées dans les sénéchaussées. De très nombreux documents sont conservés à Paris, soit qu’ils y aient directement été produits, soit qu’ils y aient été portés par les sénéchaux lors des différents parlements comtaux. Il s’agit de documents de l’administration centrale, concernant des conventions ou des vassaux importants – comme dans le cas de Barral des Baux – à l’exclusion de documents antérieurs à 1241 pour le Poitou et l’Auvergne, et de 1249 pour le Midi. Les documents remis au roi d’Angleterre en 1286 relèvent de cette catégorie, et il est possible d’en faire la liste en indiquant le plus souvent la date de lieu38 :
- Hommage de Geoffroi de Mortagne, au camp près de Plène-Selve, août 1242 ;
- Hommage de Pons de Mirebeau, près de Pons, août 1242 ;
- Composition avec l’évêque d’Agen sur le château de Puymirol, Agen, 26 septembre 1246 ;
- Hommage de Renaud de Pons pour le fief de Constantin le Gras, au camp près de Marcillac, août 1242 ;
- Hommage de Geoffroi de Pons, fils de Renaud, Paris, mai 1248 ;
- Hommage de Guy de Lusignan pour Cognac et Merpins, Saint-Maixent, juillet 1248 ;
- Hommage d’Arnaud Othon de Lomagne pour le château d’Auvillars, Agen, 4 juin 1251 ;
- Composition avec l’abbé de Sablonceaux sur la possession du bois du Ment, juin 1260 ;
- Lettres de non préjudice de l’évêque d’Agen concernant le serment dû en raison du péage de Marmande, 13 juin 1269 ;
- Lettres de non préjudice de l’évêque d’Agen sur la remise des droits de péage à Marmande sur la circulation de ses propres biens, 13 juin 1269 ;
- Trois lettres de composition avec le prieuré de Port-Sainte-Marie, 1259 ;
- Sept lettres de composition avec le prieuré du Mas d’Agenais, Longpont, 17 janvier 1263 ;
- Hommage de prieuré de Port-Sainte-Marie pour la justice du lieu, Corbeil, 24 novembre 1259 ;
- Lettres pontificales sur le patronat de l’église paroissiale de Puymirol, mai 1247.
32Sur ces quatorze actes ou ensemble d’actes, trois ont été donnés au camp lors de la campagne militaire de 1242 (nos 1, 2 et 4), trois ont été donnés à la cour comtale (nos 5, 12 et 13), deux ont été donnés sur les terres du comte lors d’un déplacement de ce dernier sur place (nos 6 et 7), trois n’ont pas de dates de lieu (nos 8, 9 et 10), et un n’a pu être identifié (n ° 11). Seuls les actes de composition de 1246 et de 1247 font explicitement exception à la règle, puisqu’ils sont antérieurs à l’administration alphonsine dans le Midi (nos 3 et 14). Pour le reste, ces actes ont soit été produits directement dans l’entourage de la chancellerie comtale, soit lui ont été envoyés.
33L’argument de Delaborde n’est donc guère suffisant. La présence des actes de 1246 peut notamment s’expliquer par les négociations de 1269 avec l’évêque d’Agen, lesquelles s’appuient sur ce texte qui fonde les droits de l’évêque sur le péage de Marmande39. La présence de l’acte pontifical de 1247 est plus instructive, mais peut aussi s’expliquer. Pour le reste, tous ces documents ont donc été directement intégrés au chartrier parisien d’Alphonse de Poitiers, et versés au Trésor des chartes peu après 1271, faute de n’avoir jamais été conservés ailleurs. L’inventaire du 1263 confirme cette hypothèse : toutes les chartes antérieures à cette date, hors les nos 3, 8 et 14, s’y trouvent mentionnées40. On ne peut donc se fonder sur la translation de 1286 pour conclure à un sort dissocié des archives de l’Agenais et du Toulousain.
34Reste à déterminer quand les archives du Midi ont intégré le Trésor des chartes. Tout d’abord, il faut distinguer clairement deux ensembles : le chartrier des Raymondins, et les actes conservés dans les sénéchaussées. Ces dernières produisaient ou recevaient des reconnaissances d’hommage à l’occasion des serments prêtés au sénéchal par les vassaux de moindre importance. Ces documents, restés sur place, n’ont presque jamais intégré le Trésor des chartes et ont aujourd’hui disparu pour toutes les sénéchaussées, Poitou, Saintonge et Auvergne comprises. Quant au chartrier des Raymondins, Delaborde fixe sa translation à 1361 en raison du rattachement en droit du Toulousain au domaine, prononcé par le Parlement. Il s’appuie sur l’absence de mention dans les inventaires du Trésor des chartes pouvant correspondre à ce chartrier, et surtout sur un inventaire des actes des Raymondins, contemporain d’Alphonse de Poitiers et aujourd’hui conservé sous la forme de trois parchemins cotés J 314 nos 60 à 6241. Or, le no°62 porte au verso une mention postérieure à la date de la rédaction en occitan : « las cartas dels homatges del fieu del rei ». Cela semble exclure que l’inventaire ait pu être conservé à Paris avant 1271, et partant, les chartes elles-mêmes.
35Il est en réalité pratiquement impossible de se prononcer de manière définitive. Les inventaires du Trésor des chartes antérieurs à celui de Montaigu de 1371 sont trop parcellaires, ainsi que Delaborde le reconnaît lui-même, pour écarter toute possibilité de transfert du chartrier des Raymondins bien avant 1361. Quant au supposé inventaire de ce chartrier, il s’agit en réalité d’une table du « cartulaire de Raymond VII » dont il a été question plus haut. Les actes y sont listés sous la mention rubrice cartarum, terme qui désigne explicitement les parties d’un cartulaire ou d’un registre, quand les inventaires renvoient plus volontiers aux scrinia ou aux coffri. Le document ne comporte d’ailleurs aucune indication de lieu de conservation pouvant aider à retrouver les actes. Concernant le contenu, le pseudo-inventaire livre 187 analyses (dont un doublon) qui sont loin d’épuiser la totalité des actes méridionaux aujourd’hui présents au Trésor des chartes42. 180 de ces actes figurent au cartulaire43 ; seuls 11 actes présents dans le cartulaire ne sont pas listés dans le pseudo-inventaire44. Les analyses du pseudo-inventaire sont presque toujours rigoureusement identiques à celles qui accompagnent les transcriptions45. L’ordre des actes y paraît cependant différent : le pseudo-inventaire les liste par diocèses, quand le cartulaire ne présente aucun ordre apparent. Néanmoins, en de nombreux endroits, les actes se suivent exactement dans le même ordre sur le pseudo-inventaire et sur le cartulaire.
36L’analyse des différentes interventions sur le cartulaire confirme cette hypothèse. Trois notaires ont effectivement participé à sa rédaction, dont sans doute deux étaient méridionaux. Le premier, à qui on doit une large moitié des feuillets, règle soigneusement ses pages, fait précéder les transcriptions d’une analyse et laisse la place pour des initiales de couleurs qui n’ont jamais été réalisées. Le deuxième se caractérise par une réglure plus lâche, l’absence d’analyse et la place laissée pour des initiales ; il en a réalisé lui-même certaines à l’encre pour les actes les plus prestigieux. Le troisième notaire, intervenu plus tard et à l’écriture plus septentrionale, n’a pas utilisé de réglure, a réalisé les analyses manquantes, rajouté la mention des diocèses concernés par les actes à la suite des analyses déjà existantes, refait la numérotation et ajouté les transcriptions de 26 actes supplémentaires46. En définitive, il est très probable que ce troisième notaire soit aussi l’auteur du pseudo-inventaire, réalisé pour retrouver les actes par lieu, en parfaite concordance avec les pratiques observées chez les clercs de l’administration centrale d’Alphonse de Poitiers après 1257.
37Le pseudo-inventaire, en réalité table du cartulaire, n’a donc aucun lien organique avec le fonds d’archives lui-même, et ne peut nous servir à tirer aucune conclusion quant au lieu de conservation du chartrier. Il faut admettre que l’hypothèse d’une translation en 1361 ne repose donc sur aucun argument, et que la présence d’une mention en occitan peut, au mieux, nous renseigner sur le parcours du cartulaire. La question se pose d’ailleurs du lieu de la rédaction des transcriptions complémentaires : à Paris d’après des documents rapportés du Midi, ou à Toulouse par un clerc de l’administration centrale envoyé en mission auprès du chartrier. Seul constat qu’il est possible de faire, sur les 160 actes transcrits par les premiers notaires du cartulaire, 27 manquent aujourd’hui au Trésor des chartes, soit environ 17 %, alors que sur les 26 actes supplémentaires 19 ont disparu, soit 73 %. À l’évidence, les conditions de conservation se sont détériorées entre les deux rédactions, mettant en péril l’intégrité du fonds.
38Quoiqu’il en soit, aucun élément ne nous permet de connaître, même par approximation, la date de transfert des fonds méridionaux vers le Trésor des chartes. Il est assuré que certains documents, tels que les actes de 1246 et 1247 concernant Puymirol, sont transportés vers Paris assez tôt, peut-être au cours d’une des nombreuses tournées des enquêteurs et commissaires du comte de Poitiers. La détérioration du fonds laisse aussi croire qu’il a pu être démembré selon les besoins, et le chartrier saisi à Penne d’Albigeois en 1271 est peut-être déjà amputé de nombreux documents.
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39Du cas particulier d’Alphonse de Poitiers, il faut retenir que les archives d’un prince et son chartrier sont deux notions différentes. D’une part, le chartrier se constitue à partir du noyau central, à l’exclusion de ce que conservaient les sénéchaussées. D’autre part, face à un vaste ensemble de documents, les clercs appliquent une gestion différenciée, conduisant à isoler les documents identifiés comme les plus intéressants et qui forment le chartrier. Ceux-là font l’objet de transcriptions et d’analyses afin d’utiliser l’information sans recourir à l’original, et donc sans risquer de le dégrader. Les listes dont nous disposons pour le XIIIe siècle ne sont pas des inventaires au sens moderne du terme, qui supposeraient la description complète d’un fonds. Ils ne sont que les répertoires méthodiques des actes utiles, par opposition avec l’ensemble des documents conservés ou leurs copies.
40Les autres documents sont soit détruits, soit conservés sans plus de soin. Jugés sans intérêt immédiat ou d’utilisation courante, beaucoup sont pourtant parvenus jusqu’à nous, preuve que les critères d’élimination physique des actes n’étaient en rien calqués sur les méthodes de sélection des actes à décrire. Nous ignorons tout de leurs conditions de conservation : étaient-ils conservés avec le chartrier ? étaient-ils à part ? Il est impossible de connaître les méthodes de classement de tous ces documents que l’on pourrait dire anonymes. Leur lot est peut-être la juxtaposition désordonnée et, pour filer le parallèle avec les pratiques archivistiques actuelles, il s’agit de la même différence que nous ferions entre le stockage et l’archivage. Le stockage ne signifie pas que le document disparaît, mais qu’aucun outil n’est prévu pour le retrouver aisément.
41Autre constat, le chartrier comtal fait l’objet de nombreuses attentions et d’une organisation progressive et constante. Le perfectionnement des méthodes se fait par nécessité face à la masse croissante des documents. Plus généralement, il suit le mouvement de professionnalisation de l’écrit dans l’entourage comtal : la distribution des actes dans les coffres est directement influencée par la manière de compiler les informations elles-mêmes. Cette transposition aux archives des méthodes d’enregistrement montre qu’il existe une véritable unité intellectuelle entre le chartrier et ses compilations, entre la réalité pragmatique des coffres et le travail quotidien des clercs. Le cartulaire de Raymond VII en est une preuve supplémentaire, puisqu’il fait l’objet d’une sorte de remise en ordre, au moins théorique, pour lui appliquer les méthodes de classement en dossiers. La deuxième copie de ce cartulaire, celle conservée à la Bibliothèque Méjanes, se distingue de l’exemplaire des Archives nationales en ce qu’elle distribue déjà les actes selon l’ordre donné par les tables réalisées à part.
42Ce système trouve néanmoins ses limites : la pertinence du plan de classement disparaît avec l’utilisation des documents. L’inventaire du XIVe siècle est avant tout une liste brute, sans ordre ni division. Désormais déconnectés de toute pratique quotidienne, ces documents sont pratiquement passés de l’archivage au stockage, et leur ordre primitif a sans doute été rapidement mis à mal par les besoins des successeurs du comte de Poitiers.
Notes de bas de page
1 Bibliographie sélective sur Alphonse de Poitiers : Bélisaire Ledain, Histoire d’Alphonse, frère de Saint Louis et du comté de Poitou sous son administration (1241-1271), Poitiers, Oudin, 1869 ; Edgard Boutaric, Saint Louis et Alphonse de Poitiers : études sur la réunion des provinces du Midi et de l’Ouest à la Couronne et sur les origines de la centralisation administrative, Paris, Plon, 1870 ; Auguste Molinier, Étude sur l’administration de saint Louis et d’Alfonse de Poitiers dans le Languedoc, Toulouse, Privat, s. d. ; Pierre-François Fournier, Étude sur l’administration d’Alfonse de Poitiers dans la terre d’Auvergne, Paris, Picard et fils, 1911 ; Pierre-François Fournier et Pascal Guébin, Enquêtes administratives d’Alfonse de Poitiers : arrêts de son parlement tenu à Toulouse et textes annexes, Paris, Imprimerie nationale, 1959 ; Gaël Chenard, L’administration d’Alphonse de Poitiers en Poitou et en Saintonge, thèse de doctorat, Université de Poitiers, dir. Martin Aurell, 2014, 4 vol.
2 A. Molinier, Correspondance administrative d’Alfonse de Poitiers, Paris, Imprimerie nationale, 1900, vol. II, p. XXIV.
3 Sur le destin hasardeux des rôles d’enquête de Louis IX, voir Yann Potin, « Archiver l’enquête ? Avatars archivistiques d’un monument historiographique : les “enquêtes administratives” de Louis IX (1247-1248) », L’enquête au Moyen Âge, Claude Gauvard (dir.), École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome, 399 », 2008, p. 241-267.
4 Ce calcul ne tient compte que des documents conservés jusqu’à nos jours et présents dans le Trésor des chartes.
5 Yves Dossat, Saisimentum comitatus tholosani, Paris, Bibliothèque nationale de France, 1966, p. 1-5.
6 Ibid., p. 85, « Item, quod eis publicatis capiat dictus senescallus ad manum domini regis comitatum Tholosanum et totam aliam terram que fuit domini Raimundi, quondam comitis Tholosani, et instrumenta comitatus que sunt apud Penam Albigensii et alibi, [...] et de his omnibus faciat inventarium ad evitandam omnem fraudem, et quod ea a bonis personis faciat custodiri donec dominus rex suam inde mandaverit voluntatem ».
7 Arch. nat. (Paris), J 190, no°66, inventaire des archives comtales, item 104 : « In saculo lineo sunt rotuli in quibus continentur juramenta baronum et militum et hominum terre tholosensis ».
8 Charles-Victor Langlois, « Une lettre adressée à Alfonse de Poitiers (24 mars 1251) », BEC, t. 46, 1885, p. 589-593, ici p. 591 : « Item, scripta omnia terre vestre de Venesino, que recepit G., Dei gracia Carcassonensis episcopus, de domo domini G. de Grazano, tradidit michi idem episcopus, sicut dicit ».
9 Jean de Grazan apparaît dans le compte de l’Hôtel de la Toussaint 1251, BnF (Paris) ms. lat. 9019 : « Domino J [ohanni] de Grazano eunti in Venesino, 8 l. 18 s. » ; ce remboursement est sans doute fait à titre posthume puisque, au moment où Thibaud d’Étampes rédige sa lettre, Jean de Grazan est déjà mort, ce qui explique pourquoi il revient à l’évêque de remettre les archives au chapelain.
10 Ch.-V. Langlois, « Une lettre… », op. cit, p. 592 ; les chartes de l’empereur Frédéric II et celle de Philippe Auguste sont encore conservées au Trésor des chartes et concernent la garde de Figeac accordée par le roi de France (1195), l’inféodation de Carpentras et du Venaissin par l’empereur (1235).
11 G. Chenard, L’administration d’Alphonse de Poitiers…, op. cit, vol. IV, Comptes d’Alphonse de Poitiers, Compte de l’Hôtel, Toussaint 1251, no°37.
12 Arch. nat., JJ 19. Ce cartulaire fait penser à celui réalisé sur l’ordre du roi en 1245 à partir des actes de l’administration de Simon et Amaury de Montfort en Languedoc ; voir A. Molinier, « Catalogue des actes de Simon et d’Amauri de Montfort », BEC, no°34, 1873, p. 153-203. Le « cartulaire de Raymond VII » quant à lui, est sans doute rédigé vers la fin de l’année 1251, l’acte le plus récent transcrit datant du 5 juillet 1251 dans la version qui est conservée aux Archives nationales. Une copie, provenant de la Chambre des comptes de Montpellier, est également conservée à la Bibliothèque Méjanes d’Aix-en-Provence, ms. 671 ; cet exemplaire ne comporte aucun acte dépassant 1250.
13 Arch. nat., J 318 no°92 ; l’hôpital en question est peut-être celui de Corbeil, où Alphonse de Poitiers tient régulièrement ses parlements.
14 Ch.-V. Langlois, « Une lettre… », op. cit, p. 590.
15 Sur la question de la tenue des registres, Gaël Chenard et Jean-François Moufflet ont présenté une communication intitulée « La pratique des registres dans les chancelleries de saint Louis et Alphonse de Poitiers : regards croisés » lors de la journée d’étude sur « L’art du registre à la chancellerie des rois de France (XIIIe-XVIe siècle) », Archives nationales, Paris, mai 2009.
16 Joseph de Laborde, Layettes du Trésor des chartes, Paris, Plon, t. III, 1875, no°4310, à propos d’une dette contractée par le roi envers Alphonse de Poitiers avant le départ pour la croisade d’Égypte : « ut in litteris ejusdem domini regis patentibus, quas habet dominus comes, plenius continetur, quarum transcriptum est in registro, que date fuerunt anno Domini M CC XL octavo mense junio ».
17 Ibid., « Item memoria quod unus registrorum portetur Parisius ad remanendum in Francia, et alius retineantur ad defferendum ultra mare. Item privilegia domini comitis partiantur et quod medietas dimittatur in Francia et alia portetur ultra mare cum ipso. Item unus liber rubricarum et transcriptorum cartarum domini comitis et feudorum suorum dimittantur in Francia, alius defferatur ultra mare cum ipso. Item memoria quod omnes littere militum et servientum qui debent transfretare cum domino comite ponantur insimul in uno scrinio ad defferendum ultra mare cum ipso ».
18 Henri-François Delaborde, « Étude sur la constitution du Trésor des chartes et sur les origines de la série des sacs, dite aujourd’hui Supplément du Trésor des chartes », Layettes du Trésor des chartes, t. V, Ancienne série des sacs dite aujourd’hui Supplément, Paris, Plon-Nourrit, 1909, p. I-CCXXIV, ici p. XXVII-XXX ; voir infra pour une mise au point sur cette date.
19 Exemple parmi d’autres, deux actes originaux d’Alphonse de Poitiers, datés de 1270, J 303 no°24 et J 307 no°33, confirmant la vente de forêts dans le Midi par les commissaires comtaux, se retrouvent aujourd’hui dans le Trésor des chartes suite au rachat de ces forêts par Philippe III quelques années plus tard.
20 Pour l’édition de ce document voir G. Chenard, L’administration d’Alphonse de Poitiers…, op. cit., vol. II, « Inventaire (1249-1262) ». Le texte de présentation est légèrement erroné et propose la date de 1262 pour la rédaction de cet inventaire, faute d’avoir correctement identifié la date de l’item numéroté 133 ; je répare cette erreur ici.
21 Un seul acte peut paraître contredire cette datation, le no°4 : « Littere vicarie domini Guillelmi Maingot de scambio vigerie quam habebat apud Sanctum Johannem Angeliacensem ». Nous possédons un acte original concernant cet échange et daté de 1257 (Joseph de Laborde, Layettes du Trésor des chartes, op. cit., t. III, no°4386), mais donné par Guillaume Maingot lui-même, et non par une « vicaria » ; or, Guillaume Maingot, mineur au moment de la succession de son père, est placé sous la tutelle de sa mère, laquelle administre ses biens au moins jusqu’à l’automne 1246. Il est donc probable que l’inventaire fasse référence à un premier accord passé au moment de la minorité de Guillaume Maingot. L’acte de 1257 n’est alors que la confirmation, juridiquement nécessaire après la majorité du seigneur, de l’acte précédent aujourd’hui perdu.
22 Dans la comptabilité du XIIIe siècle, la notion de debitum recouvre une somme due, et non pas seulement une somme à rembourser à la suite d’un emprunt.
23 Gérasime Lecointre-Dupont, « Notice sur Philippe, trésorier de Saint-Hilaire, chapelain et intendant d’Alphonse, comte de Poitiers », Bulletin de la Société des Antiquaires de l’Ouest, t. 3, 1843, p. 407-414.
24 La liste des documents en question a été ajoutée postérieurement entre deux paragraphes par une main différente ; aucun des documents décrits ne nous ait parvenu ou n’a pu être identifié.
25 Sur l’usage de symboles comme éléments de cotation dans le Trésor des chartes, voir Alexandre Teulet, Layettes du Trésor des chartes, t. I, Paris, Plon, 1863, p. X.
26 La plupart des actes concernés présentent, en mention dorsale, un numéro en chiffres romains datant du XIVe siècle. Certains actes présentent une autre série de numéros d’une main antérieure, peut-être du XIIIe siècle, mais ne correspondant pas à l’inventaire en question.
27 Alphonse de Poitiers fait l’acquisition de plusieurs maisons contiguës au croisement de la rue des Poulies et de la rue d’Oteriche, près de Saint-Germain-l’Auxerrois. Les premières acquisitions interviennent en 1253 et 1254, et sont complétées entre 1260 et 1262. À la fin du XIIIe siècle, cet hôtel devient l’hôtel d’Alençon.
28 P.-F. Fournier et P. Guébin, Enquêtes administratives…, op. cit., no°35, p. 125-131, instructions du comte de Poitiers à ses commissaires, le sous-doyen de Tours et le trésorier de Saint-Hilaire-de-Poitiers, en tournée en Poitou et dans le Midi toulousain : « Per istos quorum nomina secuntur peterit inquiri ubi sit littera de recognicione quod terra ubi est mineria sit de domanio domini comitis et fuerit de domanio R [aimondi], quondam comitis Tholose : R [aimondus] de Podio, Girart Alemand, archipresbiterum de Montjoious ». Les documents liés à la mine d’Orzals ne font effectivement pas partie des actes transcrits dans le cartulaire de Raymond VII, ce qui explique que l’administration centrale ne dispose pas de l’information sur place.
29 La présence des bulles impériales concernant le Venaissin à Toulouse en 1250 semble accréditer la thèse de la tenue d’un seul chartrier pour l’ensemble des terres du comte de Toulouse, au moins jusqu’en 1249.
30 Yann Potin, La mise en archives du Trésor des chartes, thèse d’École nationale des Chartes, dir. O. Guyotjeannin, 2007, p. 186 : « La rupture politique provoquée par la Croisade est [...] encadrée par deux gestes antagonistes mais solidaires, qui achèvent le processus de maturation du chartrier royal : la désacralisation de l’unité du registre royal, par sa duplication au profit de l’administration déléguée en 1247, provoque, par voie de conséquence, la sacralisation du dépôt des anciens registres et des chartes, par leur association après 1254, au sein de la Sainte-Chapelle, aux insignes christiques d’une royauté transcendante. Le Trésor des chartes peut naître ».
31 A. Molinier, Correspondance..., op. cit., vol. II, p. XIX.
32 Ibid., p. VIII. On peut compléter la description de ce recueil factice, conservé à la Bibliothèque nationale de France (ms. lat. 10 918), composé de plusieurs épaves. Les trois premières unités relevées par Auguste Molinier (f° 14-15/16-19/20-22) sont en fait les extraits démembrés d’un seul et même document dont l’unité codicologique est très probable, et qui ne concerne que les affaires méridionales (1257-1266).
33 O. Guyotjeannin, « Les méthodes de travail des archivistes du roi de France (XIIIe-début XIVe siècle) », Archiv für Diplomatik, t. 42, 1996, p. 295-373, ici p. 304.
34 Ibid.
35 A. Molinier, Correspondance..., op. cit., vol. II, p. XXV.
36 H.-F. Delaborde, « Étude sur la constitution du Trésor des chartes… », op. cit.
37 Arch. nat. JJ 34, fo 26v-27 : « Originalia vero precedencium litterarum magistri Raymundus et Petrus, clerici illustris regis Anglie, habuerunt penes se et reportaverunt de archivis domini regis Francie per manum Nicolai de Carnoto et Roberti de Marchia, clericorum ipsius domini regis, de mandato Curie anno Domini M. CC. octagesimo sexto, dominica post Assumptionem beate Marie virginis. Eisdem die et anno, habuerunt et portaverunt tria paria litterarum de compositione facta inter Alfonsum comitem Pictavensem et Tholose et priorem beate Marie de Portu, Agenensis dyocesis ; item septem paria litterarum super compositione facta inter dictum comitem et priorem de Manso, ejusdem dyocesis, et super confirmationibus episcopi Agenensis et capituli de Manso ; item unam litteram sigillatam prioris de Portu super prestatione fidelitatis facte comiti predicto pro justicia de Portu ; item quandam litteram papalem super jure patronatus ecclesie parochialis Grandis Castri ».
38 La liste de ces documents se trouve consignée dans le registre JJ 34, fo 24-26v ; on retrouve la quasi totalité de ces documents, à deux exceptions près, dans un registre de la chancellerie anglaise conservé à la British Library sous la cote COTTON JULIUS E I, et édité par George P. Cuttino et Jean-Paul Trabut-Cussac, Gascon register A : series of 1318-1319, Londres, Oxford University Press, 1976.
39 Les actes de l’évêque sont encore conservés au Trésor des chartes et font expressément référence à l’acte de 1246 : « prout in litteris super hoc confectis liquere poterit manifeste » (Layettes du Trésor des chartes, t. IV, no°5546).
40 G. Chenard, L’administration d’Alphonse de Poitiers…, op. cit. ; les actes nos 1, 2, 4, 5, 6, 7, 11, 12 et 13 correspondent respectivement dans l’édition aux nos 18, 25, 14, 59, 63, 130, 132, 133 et 132 à nouveau.
41 Ces documents forment bien un seul et même ensemble qu’il faut lire dans l’ordre suivant : J 314 nos 60, 62 et 61.
42 De nombreux documents, y compris d’importance, sont aujourd’hui conservés au Trésor des chartes mais totalement absents du chartrier. Les manques concernent tout particulièrement les actes donnés par les comtes de Toulouse.
43 La différence de 7 actes s’expliquent peut-être par le fait que le cartulaire est un ensemble composite qui n’a jamais été achevé, et dont les cahiers, partiellement en désordre, ne sont peut-être pas tous parvenus jusqu’à nous.
44 Il s’agit d’un hommage de Bernard et Fortanier de Comminges de 1243 (acte no°16), de trois actes de Louis IX en faveur de Raymond VII de 1230, 1234 et 1239 (fo 166v-167v), de deux lettres d’Innocent IV de 1247 (fo 167v et 168v), d’un hommage de Pierre de Castille de 1190 (fo 168v), du testament d’Alphonse Jourdain de Toulouse de 1144 (f° 169-169v), du testament de Raymond VII de 1249 (fo 170-170v), d’une reconnaissance du même du château de Mornac à l’évêque d’Arles de 1240 (fo 182v) et du don de Simon de Montfort du château de Verfeuilh à l’évêque de Toulouse de 1214 (fo 182v).
45 Les différences sont un peu plus nombreuses par rapport aux analyses de la table liminaire du cartulaire, mais restent marginales.
46 La table liminaire du cartulaire, réalisée par l’un des deux premiers notaires, ne comprend d’ailleurs pas ces actes.
Auteur
Archiviste-paléographe, Directeur des Archives départementales des Hautes-Alpes.
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