Les circonstances de l’élaboration du cartulaire de Bourgogne
p. 181-203
Texte intégral
1Le Cartulaire des comtes de Bourgogne, contemporain de ceux de Chalon1 et de Montfaucon2, fut élaboré dès 1318 à partir des actes conservés au château de Grimont-sur-Poligny, sur ordre du roi de France Philippe V, époux de la comtesse de Bourgogne, Jeanne. Rédigé en triple exemplaire, il réunit les documents déterminants de l’histoire politique du comté, depuis le règne de Frédéric Barberousse jusqu’aux premières années du XIVe siècle (1166-1321)3. Furent recopiés, entre autres, les actes qui assurèrent la transmission du pouvoir dans la Maison de Méranie, puis dans celle de Chalon, ainsi que ceux qui réglèrent les parts des cadets. Le Cartulaire fait connaître les acquisitions des comtes de Bourgogne et montre comment ils cherchèrent à créer l’unité dans leurs possessions et à consolider leur autorité. Ce document, comme l’exprime Jules Gauthier, avait un double but4 : fournir un inventaire précis permettant de recourir aux chartes, elles-mêmes numérotées et classées par liasses rangées dans des coffres5, tout en offrant aux officiers du domaine un instrument de recherche facile, permettant d’étudier et de rappeler à des vassaux « oublieux », leurs devoirs et leurs obligations. Le folio 1 contient une table des fiefs du comté de Bourgogne appartenant au roi de France et à la comtesse Mahaut d’Artois. Le folio 2 en donne une autre par ordre de transcription des chartes du Cartulaire, avec renvoi aux liasses qui contenaient les originaux. Cette première tentative d’élaboration d’un document qui s’inspirait de la pratique des archives royales et de la Chambre des comptes de Paris ne fut pas poursuivie par les trésoriers ou gardiens des chartes de Grimont.
2Le premier des trois exemplaires – le plus soigné – fait partie du fonds Bouhier, à la Bibliothèque de Dijon. Daté de 1318, il est copié sur vélin6. Les deux autres, reproduits sur papier, sont conservés aux Archives départementales du Doubs sous les cotes B1 et B2 et semblent de peu postérieurs7. Une copie de ce cartulaire fut exécutée au XVIIIe siècle pour le Dépôt des chartes par Nicolas-Eugène Droz, conseiller au Parlement de Besançon8.
3En 1882, J. Gauthier entreprit un travail d’édition et imprima 144 chartes avant 1905. Son travail fut poursuivi jusqu’en 1907 par Joseph de Sainte-Agathe et Roger de Lurion qui y joignirent un index onomastique et une introduction en trois parties9. Celle-ci renseigne sur les circonstances de l’édition de 470 chartes sur les 513 reproduites sans ordre chronologique dans le Cartulaire original. Elle donne encore des indications sur la vie politique dans le comté et sur les diverses matières du document. La plus importante est celle des traités de paix, alliances, accords, contrats de mariage, testaments, partages, douaires, droits de battre monnaie. Le règne d’Otton IV fournit divers documents consacrés à ses démêlés successoraux avec ses frères et à des règlements en argent avec son beau père, Philippe de Savoie. Mais les séries des actes les plus importantes sont celles concernant les hommages (172 actes), et comme il apparaît sous le graphique ci-dessous, celles des règnes d’Otton IV (1279-1303) et de sa mère Alix de Méranie (1248-1279) qui gouverna successivement avec Hugues de Chalon († 1266), puis avec son second mari Philippe de Savoie dès 1267.
4Cette édition ne respecte pas l’ordre des pièces du cartulaire original et opte pour une disposition chronologique, fréquente dans les publications du XIXe siècle. Un supplément (p. 437 à 448) rassemble 16 actes datés de 1135 à 1303, dont un concerne le partage des fiefs fait après la mort d’Otton IV entre sa veuve Mahaut d’Artois et le futur Philippe V, roi de France et comte de Bourgogne, du fait de son mariage avec la fille du défunt. En effet, Otton IV, ayant souhaité affermir la position des siens en Bourgogne face au roi des Romains et à son oncle et rival, Jean de Chalon-Arlay11, entrevit pour sa fille Jeanne, née vers 1290, la nécessité d’un mariage princier avec un fils de France. Cette alliance présentait l’intérêt – compte tenu de l’instabilité politique que connaissait le comté mais aussi de l’âge déjà avancé du comte – d’engager la génération suivante dans une entente avec la France et de rendre pérenne celle déjà conclue avec le roi en 1285 par le mariage du comte avec Mahaut d’Artois. C’est pourquoi, le 9 juin 1291, par le traité d’Évreux, Otton IV promit avec l’assentiment de son épouse, de marier leur fille Jeanne, soit à l’aîné, soit au cadet des fils de Philippe IV, de lui donner en dot la baronnie de Salins avec, le cas échéant, la moitié du comté d’Artois12. En l’absence d’héritiers mâles, Jeanne recevrait la totalité des comtés de Bourgogne et d’Artois13, mais au cas où naîtrait un fils, la princesse épouserait le deuxième fils du roi et son frère recevrait le comté paternel. Philippe IV réussit à s’attacher également le soutien d’Hugues, frère du palatin, qui entra en lutte contre Jean de Chalon-Arlay14. Après la mort d’Otton IV († 1303) et celle de son fils Robert survenue en 1317, Jeanne de Bourgogne devint l’héritière incontestée du comté. C’est l’année suivante que Philippe V prit soin de réunir en un cartulaire les titres pouvant servir à défendre les droits de son épouse.
I – Acquisitions et inféodations : une politique de consolidation
5Il faut remonter à 1273 avec l’accession de Rodolphe de Habsbourg au pouvoir dans l’Empire pour comprendre les circonstances lointaines qui conduisirent à l’ordre de Philippe V de rédiger le Cartulaire. Face aux souverains occidentaux, le nouveau roi des Romains réaffirma ses prétentions sur le royaume d’Arles. Or, les positions françaises s’étaient confortées en Provence et étendues en direction de la vallée du Rhône, par suite des mariages de Louis IX et de Charles d’Anjou – beau-frère de Jean de Chalon-Auxerre15 – avec deux des filles de Raymond Bérenger, vassal de l’Empire. Le roi d’Angleterre Édouard Ier s’estimait lui aussi légitime à exercer son emprise dans ces territoires en raison de l’union contractée par son père Henri III († 1272) avec Éléonore de Provence. Il reçut à la fois l’appui de la reine Marguerite, veuve de Louis IX, et le soutien de l’ennemi traditionnel des Habsbourg, Philippe de Savoie, époux de la comtesse de Bourgogne Alix de Méranie, dont les rêves d’expansion au nord du Léman se trouvaient menacés par l’élection du Habsbourg. Vassal de l’Empire, le comte Otton IV s’efforça de minimiser son engagement. En 1279 ou quelque peu avant, il abandonna les armes « de gueules à l’aigle d’argent » qu’il portait jusqu’alors au profit du lion dressé et couronné16. Le comté de Bourgogne, partie septentrionale du Royaume d’Arles, se trouva engagé dans les conflits des puissances surplombantes, mais entra aussi en conflit avec les principautés voisines, notamment avec le duché homonyme.
6La région de Dole était exposée aux ambitions des ducs de Bourgogne qui voyaient grandir les intérêts savoyards vers les limites sud de leur principauté. Dès 1273, la comtesse, soutenue par son époux Philippe de Savoie, multiplia les acquisitions, endiguant la progression visible depuis 1265 des ducs dans cette zone géographique17. Ainsi, en mai 1276, elle acheta au duc Robert II pour 1 000 l. t. le village de Saint-Ylie18, en contrepartie d’une prestation d’hommage19. Dès lors, les acquisitions se multiplièrent : Fraisans20, Chatenois qui lui fut cédé par l’abbaye de Saint-Vincent21, la Grande-Loye et la Vieille-Loye, ainsi que des droits sur la foresterie de Chaux22. En 1277, Philippe de Vienne, seigneur de Mirebel, lui céda pour 400 l., tous ses droits de propriété à Baverans et dans la banlieue de Dole23. En 1278, alors qu’elle s’affairait à la rédaction de ses testaments, elle acquit encore pour 100 l. des droits de Perrin de Foucherans sur la motte de Champvans24. Le graphique ci-dessous rend compte partiellement de l’intérêt de la comtesse pour Dole à travers les quarante-deux actes recensés par J. Gauthier, J. de Sainte-Agathe et R. de Lurion.
7L’intérêt d’Alix de Méranie pour Dole se précisa encore, lorsqu’elle y transféra en 1278 la « chenoinie » fondée en 1248 à Poligny par son frère, le comte Otton III de Méranie. Les chanoines de Dole furent déclarés par elle ses clercs « especialx », ainsi que ceux des comtes25. Les acquisitions d’Alix de Méranie se déroulèrent pour la plupart d’entre-elles dans un temps relativement court : ainsi que le montre M.-Th. Allemand-Gay, « les 4/5 des actes [furent] passés au début du règne de Rodolphe de Habsbourg de 1273 et 1276 et une somme de 2000 l. fut dépensée à cet effet »26.
8Après la mort de la comtesse, son héritier, Otton IV poursuivit cette politique d’acquisitions, notamment dans la région doloise. Les 30 actes collectés par J. Gauthier, J. de Sainte-Agathe et R. de Lurion rendent mal compte de cette réalité. Otton recueillit à son avènement un domaine qui s’étendait du pied des Vosges à Poligny27 et Orgelet sur 90 km de long. « Les montagnes étaient le domaine de ses rivaux » et « il s’en fallait de beaucoup, comme l’écrit Marie-Thérèse Allemand-Stauffenegger, que le nouveau comte puisse [les] contrôler ainsi que les routes »28. De grands vassaux comme le comte de Montbéliard ou les abbés de Lure et Luxeuil qui étaient princes d’Empire échappaient encore à sa souveraineté. La vicomté d’Auxonne s’était orientée de longue date (1237) vers le duché et la plus grande partie du vignoble était contrôlée par les Chalon qui se partageaient encore le Haut-Jura avec les Montfaucon et les Joux. Néanmoins, Alix avait étendu le domaine comtal en direction de Vesoul, Fondremand, Gray, Dole ou Arbois et Grozon. Elle avait pris pied solidement sur le Val de Saône et dans la vallée de l’Ognon et ne s’était pas désintéressée de Pontarlier en contact avec le domaine des Joux29.
9Otton souscrivit à cette politique de regroupement des possessions comtales et l’amplifia30. Alors qu’Alix avait effectué 30 opérations d’acquisitions en 30 ans de règne, le nouveau comte en réalisa 40 en à peine 15 ans31. Comme sa mère, il acheta terres et droits et fit porter son effort sur les possessions du Nord-Ouest, essentiellement dans la vallée de la Saône. Il renforça dès 1279 ses positions à Gray dont il fit sa résidence préférée en achetant à Renaud de Saint-Seine ses droits sur la vicomté32. Ne négligeant pas les zones proches des centres névralgiques des Chalon, il passa un accord en 1280 avec son oncle Jean de Chalon-Arlay au sujet des limites respectives des seigneuries de Jougne et de la paroisse de Pontarlier, ainsi que du chemin créé par ce dernier de Mont-Sainte-Marie à La Rivière33. Mais surtout comme sa mère, il s’intéressa particulièrement à Dole et à ses alentours. Dans ce but, il obtint l’hommage de Mathieu de Chaussin, qui entretenait jusque là des relations étroites avec le duc de Bourgogne34. Il renforça sa position sur Salins et les salines, acquit des biens dans vallée de la Loue, jouxtant ainsi les positions des Montfaucon et des Joux35 et s’intéressa aux péages d’Augerans, Belmont, La Loye et Dole. C’était la voie « salneresce » qui, de Salins, gagnait Dole et la Saône36. Mais, aux acquisitions, Otton préféra les inféodations nombreuses, même acquises contre de fortes sommes d’argent37. À titre d’exemples, celles des Vienne38, du seigneur gessois Jean de Grailly39, du comte Thiébaud de Ferrette40, de Thiébaud de Belvoir41 et de Renaud de Dole pour un domaine à Broye-les-Pesmes42. Le comte s’attacha plus surement la fidélité d’Odon de Poligny43 et de son oncle Jean de Chalon-Auxerre qui lui prêta hommage pour tout ce qu’il tenait sur la rive gauche de la Saône, « deçay la Saone en l’Empire ». Enfin, en novembre 1279, Otton IV conclut à Rans une alliance avec l’archevêque de Besançon Eudes de Rougemont (1269-1301) qui s’engagea à empêcher l’adhésion de Besançon à toute coalition hostile au comte.
10Cependant, à la suite du décès d’Alix de Méranie survenu le 8 mars 1279 et dans les années qui suivirent jusqu’en 128144, le comté fut le théâtre de vives tensions, notamment entre le nouveau comte de Bourgogne et Philippe de Savoie. Le litige portait sur le remboursement d’une dette contractée en 1269 par Otton, pour effectuer le rachat de droits sur le comté, cédés par sa tante Béatrix d’Orlemünde45 au duc Hugues IV contre 12 000 l. t.46. Ce conflit fut aggravé par la rivalité qui confronta le comte à ses frères, notamment à Renaud, Alix de Méranie n’ayant pas véritablement organisé sa succession47. C’est progressivement qu’Otton acquit la prééminence sur ses cadets et que sa situation se trouva précisée48. Le 3 juin 1279, Renaud reconnut la transmission du comté par ordre de primogéniture49 et admit pouvoir hériter du comté uniquement si son frère venait à mourir sans lignée50. Or à cette date, la question de la descendance comtale se posait de manière cruciale – le comte n’avait qu’une fille – et rendait Otton vulnérable face à ses rivaux. Dans ce contexte, en novembre 127951, toujours brouillé avec le comte de Savoie, il rompit avec la politique savoyarde de sa mère et scella une alliance avec Robert II par la promesse du mariage de sa fille unique, Alix, avec Jean, fils aîné du duc52. Il s’obligea à donner au couple le château de Montrond53, 1 000 l. de rente au puits de Salins et une somme de 10 000 l. en deniers. Des clauses, qui complétaient cet accord, envisageaient, dans le cas de la naissance d’un héritier mâle, de céder, à Jean et Alix, Bracon, la baronnie et le puits de Salins, Château-Chalon et Blandans. À défaut de fils, ils recevraient toute la succession. En 1281, Otton, n’ayant toujours pas de descendance masculine, fit au duc une donation entre vifs de toute la partie du comté délimitée à l’ouest par la Saône, au Nord par l’Ognon, au sud par le Doubs, à l’est par une ligne joignant Saint-Vit à Ruffey, y compris Dole et les fiefs en relevant, ainsi que l’héritage de Jean de Chalon. Cet acte devait être révoqué si un fils naissait d’une deuxième union54. Le traité de mariage participa au rapprochement du comte Otton avec la France55 et favorisa une entente sur la durée entre le duc et le comte. Le 16 septembre 1280, Robert II, qui s’apprêtait à suivre le roi de France « fors de [sa] terre », confia la garde du duché au Palatin56. Cette entente fut encore concrétisée par une participation commune en Italie et en Aragon57 et par l’engagement d’Otton à la suite du duc dans les guerres de Dauphiné.
II – Conflits et rivalités entre le royaume et l’Empire
11La période qui suivit l’avènement du comte Otton IV fut en effet propice à la naissance de conflits qui déstabilisèrent la zone de l’ancien royaume de Bourgogne et qui engagèrent le comte Otton et son rival Jean de Chalon-Arlay dans des camps opposés. En 1278, Rodolphe de Habsbourg, ayant vaincu son rival Ottokar II de Bohème, intervint successivement dans la succession de Provence et les affaires de Dauphiné et entreprit une guerre contre la Savoie. Il songeait dès 1278 à faire son fils Hartmann – déjà comte de Habsbourg, de Kibourg et landgrave d’Alsace –, un roi de Bourgogne58. En Dauphiné59, il rejoignit la cause d’Humbert de la Tour-du-Pin60, sénéchal du royaume d’Arles et de Vienne, et son épouse Anne d’Albon qui réclamait pour son mari l’héritage delphinal en vertu du testament de son père Guigues VII, ce que lui contestaient le duc de Bourgogne en tant que représentant mâle de la famille d’Albon et le comte Philippe de Savoie en raison des difficultés de passages générées entre Bresse et Savoie.
12En prévision d’une guerre, les deux camps se cherchèrent des alliés : le Dauphin, placé sous la protection de Rodolphe de Habsbourg, reçut l’aide du rival d’Otton IV en comté, Jean de Chalon-Arlay, d’Aymar de Poitiers-Valentinois, du sire de Thoire-Villars, de l’évêque et du comte de Genève. Le duc de Bourgogne fut appuyé quant à lui par Otton IV de Bourgogne et son frère Hugues61, par Philippe de Savoie62, par Louis, futur baron de Vaud et par l’abbé d’Ambronay. La prétention de Robert II au Dauphiné et l’implication de la Savoie dans le conflit occasionnèrent divers combats sanglants et plusieurs sièges, durant lesquels Renaud de Bourgogne, comte de Montbéliard depuis 1282, prit sous sa garde l’abbaye de Saint-Oyend et en conduisit les hommes63. Le sire de Thoire-Villars attaqua le Revermont du côté de Treffort, le comte Philippe assiégea le château de Saint-Germain-de-Joux dans le Nord du Bugey et dut faire face à une multitude d’agressions au nord-ouest de la Bresse commises par des gens du comte de Chalon, alliés d’Humbert de la Tour64. En 1283, le duc de Bourgogne dévasta le Revermont, prit Treffort, puis se rendit à Bourg où l’attendait le prince Amédée. En octobre de la même année, le comte palatin Otton de Bourgogne arbitra des négociations à Lyon, qui furent rompues peu après. Le comte de Savoie assiégea et prit Saint-André-en-Revermont, tandis que le duc dévasta le Dauphiné.
13Un second conflit d’importance – dont l’enjeu était toujours le royaume d’Arles – éclata en Savoie dès 1281. Opposant Rodolphe de Habsbourg au comte Philippe, il se poursuivit jusqu’en 1283, date du traité de Payerne. Le comte de Savoie se rapprocha d’Otton IV et demanda le secours d’Édouard Ier d’Angleterre65, alors qu’une coalition se formait autour de Rodolphe de Habsbourg ; elle aboutit dans le Pays de Vaud à la ligue de Versoix qui groupait les ennemis frontaliers du comte de Savoie : Béatrix de Faucigny, le Dauphin du Viennois, le comte Amédée II de Genève (1280-1308) et l’évêque Robert de Genève (1276-1287)66. Le roi des Romains reçut également le soutien de Jean de Chalon-Arlay et des Vienne en 1283 ainsi que celui de Charles Ier d’Anjou. Dès cette date, Rodolphe de Habsbourg, anticipant le décès de Philippe de Savoie, se préoccupa de la succession savoyarde. Le vieux comte, n’ayant pas d’enfants, laissait plusieurs neveux en droit de réclamer le comté, dont Amédée et Louis, et une nièce, Béatrix, qui n’avait pas accepté le règlement de l’héritage de son père au profit de Philippe de Savoie. Il se rapprocha de Louis de Savoie et après la mort du comte (août 1285), favorisa la création pour lui d’un apanage vaudois67.
14Tout en continuant à accorder sa protection au Dauphin Humbert, Rodolphe effectua dès 1284 un rapprochement avec le duc de Bourgogne Robert II en l’investissant des comtés d’Albon et de Viennois68 ; la même année, il épousa sa sœur Isabelle. « Puisqu’il ne parvenait pas à reprendre pied dans le royaume d’Arles », écrit Cyrille Debris, il essaya par ses alliances « de consolider son influence » en direction du royaume capétien69. Dans le comté de Bourgogne, cette union fit de Rodolphe le beau-frère de Jean de Chalon-Arlay et son plus sûr allié en comté70, d’autant plus que le roi des Romains tenta « de retenir la Comté dans la mouvance impériale en jouant la carte des Chalon, ceux-là même par l’action desquels, quelques quarante ans auparavant, le pays avait commencé à basculer dans la sphère d’influence française »71. Ces circonstances rendirent Otton IV de Bourgogne plus que jamais vulnérable : l’alliance française fut une réponse et le mariage avec Mahaut d’Artois, petite-nièce de Louis IX, fut décidé. Pour les rois de France, cette union entrait dans leur dessein car s’ils « considéraient le royaume de Bourgogne comme une zone d’expansion prochaine »72, ils se trouvaient contrariés dans leurs intentions par la politique arlésienne de Rodolphe de Habsbourg. Otton de Bourgogne constitua à sa jeune épouse un douaire centré sur Salins, Ornans, Arbois et Dole, contrôlant les principaux axes de communication et équivalent à la moitié de ses revenus comme c’est l’usage dans la noblesse du comté73. Dans les années qui suivirent, entre 1289 et 1291, Otton multiplia à son égard les donations et ordonna des prestations d’hommage à son égard.
15Une autre raison explique ce remariage. En 1285, Otton IV n’avait toujours pas d’héritier et, à l’approche de la vieillesse, il espérait par cette union avec une toute jeune femme, à la fois assurer la descendance qui lui faisait défaut et garantir la tranquillité de sa principauté. Dans le comté de Bourgogne, ce risque dynastique était amplifié par les rivalités politiques, comme en témoigne la complexité des alliances nouées dans l’entourage du Palatin. Depuis le remariage d’Alix de Méranie74 avec Philippe de Savoie en juin 1267, le comté de Bourgogne était arrimé à la Savoie et par suite, à la cause anglaise. Les oncles d’Otton IV défendaient d’autres partis. Le comte Jean de Chalon-Auxerre suivait Charles Ier d’Anjou dont il était devenu le beau-frère en 1268. Jean de Chalon-Arlay, bien évidemment, était pour sa part allié à Rodolphe de Habsbourg.
16En 1288, cherchant à sortir de son isolement, Otton IV se rapprocha de Louis de Vaud, lequel manifestait une hostilité grandissante à la politique du roi de Germanie ainsi qu’à celle de Jean de Chalon-Arlay et tentait d’étendre son influence de ce côté du Jura. Un accord fut passé entre les deux princes, aux clauses des plus inamicales dirigées contre les « Alemans ». La conséquence immédiate de ce rapprochement, fut une reprise par le roi Rodolphe d’une politique résolument anti-savoyarde. Le comte de Savoie réagit en 1289 et se déclara l’allié d’Otton IV, s’obligeant à l’aider contre tous, excepté les rois d’Angleterre et de France, le roi des Romains, le duc de Bourgogne, le seigneur de Beaujeu et les enfants de Thomas de Savoie75. Le comté de Bourgogne devint zone de querelle76. Otton IV rechercha des alliances. En 1285, il avait reçu le soutien de Jean de Chalon-Auxerre, chef de son conseil77. Le Palatin resserra également autour de lui et de son épouse les réseaux de fidélité permettant à cette dernière de faire face à une éventuelle régence. J. Gauthier, J. de Sainte-Agathe et R. de Lurion ne rendent pas compte de cette réalité dans leur édition. Les vassaux de Mahaut s’engagèrent dans les clauses de leur hommage à rester loyaux envers les descendants du comte après un éventuel décès de ce dernier78. Ainsi, c’est sur ordre du comte que Jean de Montbéliard, seigneur de Montfaucon, Jean de Chalon-Auxerre et Gauthier de Montfaucon jurèrent leur foi à Mahaut d’Artois79. D’autres fidélités de même nature furent prêtées à la comtesse en 1290 par Étienne d’Oiselay, Aymon de Faucogney80, Girard d’Arguel81 et Jean de Vergy, sénéchal de Bourgogne. Si de nombreux hommages furent prêtés à proximité du domaine comtal, le réseau des vassalités du comte dépassa largement les frontières traditionnelles du comté. Le tissu de dépendance s’étendait sporadiquement jusqu’aux alentours de Lyon avec Beauregard et Montluel82, mais il était limité outre-Saône comme sur l’autre versant du Jura. Les chaînes jurassiennes semblaient former un écran et les vassaux du comte outre-Jura étaient en nombre très limité. En revanche, les fiefs du Palatin étaient plus nombreux aux confins des terres champenoises et barroises, à l’intérieur d’une bande qui s’étendait de Châteauvillain à Vignory83.
17Face au comte palatin, Jean de Chalon-Arlay tissa lui aussi un réseau de clientèle vassalique, vassaux parmi lesquels figuraient Jacques de Chavagne, Jean de Vienne, seigneur de Mirebel et Thiébaut d’Oricourt. Il fut en outre – tout comme le comte de Genève – comblé de privilèges impériaux par Rodolphe de Habsbourg. Ce dernier lui concéda le droit de prélever un péage sur toutes les marchandises transitant par Jougne et transportées par les voies jurassiennes et rhodaniennes jusqu’au duché de Bourgogne. Ce privilège s’étendit sur une très large assise territoriale englobant les diocèses de Besançon, Lyon, Vienne et Valence. Le Dauphin de Viennois confirma cet acte. Tout un jeu diplomatique de confirmation de ces droits de péage garantit le sire de Chalon et ses héritiers des prétentions savoyardes. Les cols des Alpes et les péages du Chablais allaient certes, à Amédée, mais le péage de Jougne et celui des Clées dont le détenteur était Louis de Vaud, verrous sur la voie internationale reliant l’Italie aux Flandres84, dépendaient du moins, jusqu’en 1288, d’alliés du roi de Germanie85, date à laquelle Louis Ier de Vaud se rapprocha de manière durable d’Otton IV et de Jean de Montfaucon-Montbéliard qui détenait des droits sur Orbe.
18La guerre, inévitable, éclata. Une ligue se forma au début du mois de juillet 1289, autour des comtes de Montbéliard, de Bourgogne et de Ferrette ainsi que des sires de Rougemont et de Neuchâtel, destinée à lutter contre « le roy d’Allemaigne »86. Rodolphe de Habsbourg, qui dirigeait alors le siège de Berne, réunit contre cette coalition ses vassaux suisses et alsaciens, et aussi les seigneurs du comté qui lui étaient fidèles, tels Jean de Chalon-Arlay ainsi que Jean et Gauthier de Montfaucon. La région s’embrasa : le comte palatin reçut l’appui de l’abbé de Luxeuil, Thiébaut III de Faucogney87. En outre, il obtint le soutien de Louis de Vaud, du comte de Savoie Amédée et de Jean de Chalon-Auxerre. Solidaires d’Otton IV, les Bisontins se trouvèrent également engagés dans le conflit. Dès le début de la campagne militaire, Montbéliard tomba aux mains des Impériaux et sa région fut dévastée. L’ensemble de l’armée gagna ensuite les abords de Besançon88. Faute de soutien venu de France, Otton IV ne put résister longtemps et la victoire revint en comté à la branche cadette des Chalon. Le 3 septembre 1289, Jean de Chalon-Arlay, représentant le roi des Romains, fit promettre au comte de prêter l’hommage à Rodolphe avant le 13 septembre, sous peine d’une amende de 15 000 marcs d’argent89. Le serment eut lieu le lendemain90. Jusqu’ici, le comte usait d’arguments spécieux pour ne pas donner sa foi en affirmant devoir seulement la fidélité à l’empereur et ne pouvoir la jurer qu’au roi des Romains91. Le 20 septembre suivant, à Bâle, Rodolphe absolvait Otton IV de toutes les sentences et prescriptions fulminées contre lui92 ; le comte dut en retour accorder à Jean de Chalon-Arlay l’exécution intégrale du privilège de péage qui lui avait été accordée par le roi des Romains. Jean de Chalon-Auxerre fut évincé en 1291 de la terre de Saint-Oyend. La garde en fut confiée au Chalon-Arlay, placé ainsi en position d’intervenir sur la scène genevoise et de contrôler les cols de la Faucille et de Givrine. « Pour le grandir en gloire et honneur », Rodolphe lui donna encore le droit de battre monnaie par toute sa terre ; l’acte stipulait qu’il pouvait frapper des pièces « ad valorem denariorum parisiensium ». Le siège de Besançon se poursuivit jusqu’en avril 1290, date de la conclusion d’une paix entre Rodolphe de Habsbourg et les Bisontins, qui se firent reconnaître leurs droits municipaux93. Le 3 juin, Jean de Chalon-Arlay, plénipotentiaire de son beau-frère, suspendit les hostilités moyennant le versement d’une indemnité de 8 000 l. et confirma les franchises urbaines94. Dans le camp adverse, des négociations entre le comte vaincu et humilié et Philippe le Bel s’engageaient, lesquelles aboutirent au traité dit d’Évreux en juin 1291.
III – Le comté dans l’aire d’influence française
19La disparition de Rodolphe de Habsbourg le 15 juillet 1291 provoqua une onde de choc en Occident, accrue par les tensions de plus en plus vives entre la France et l’Angleterre. Le défunt roi n’avait pas réglé le problème de sa succession. Sans doute avait-il caressé l’idée d’une séparation des différents domaines qu’il aurait souhaité attribuer à ses fils : à Hartmann, le royaume de Bourgogne, à Albert, l’Autriche et à Rodolphe II la Bohême95. Des circonstances tragiques rendirent ses projets impossibles : en 1281 puis en 1290, Hartmann et Rodolphe moururent prématurément. Restait l’aîné, Albert, que les Électeurs choisirent d’écarter pour porter leur choix sur Adolphe de Nassau, un prince médiocre sans fortune personnelle. En comté, le nouveau roi poursuivit la politique de son prédécesseur, conforta Jean de Chalon-Arlay dans ses privilèges et chercha « à humilier par tous les moyens possibles le comte palatin »96. Les troubles reprirent. Le comte de Savoie Amédée V et son frère Louis, alliés d’Otton IV, repartirent à la conquête des terres perdues. La France et l’Angleterre se cherchèrent des soutiens : le comte Henri III de Bar, qui se montrait préoccupé des avancées de la France en Argonne, entra dans l’alliance anglaise en 1293, de même que le comte de Flandre Gui de Dampierre, le duc Jean de Brabant († 1294) et le comte de Savoie Amédée V, qui se trouvait confronté à Lyon en 1292 à la politique expansionniste du roi de France. Dans le parti du roi d’Angleterre, on dénombrait également le nouveau roi des Romains, Adolphe de Nassau qui, dans une lettre datée de 1294, défiait Philippe le Bel et lui reprochait ses empiétements sur la frontière de l’Empire97. Le comté de Bourgogne ne pouvait rester étranger à l’intensification de ces tensions et il est possible de penser que, dès 1293-1294, Otton IV s’enferma davantage dans l’alliance française. Le 23 octobre 1293, il émit des réserves lors de sa prestation d’hommage au roi des Romains, protestant être tenu de le rendre aux empereurs uniquement après leur couronnement. Dans le même temps, Adolphe de Nassau renforça ses liens avec Jean de Chalon-Arlay en lui accordant l’investiture de la mairie de Besançon98. Cette décision, qui mit dans les mains du comte de Chalon la justice et l’administration de la cité, attisa les querelles et cristallisa toutes les rancœurs, puisque Hugues de Bourgogne, frère d’Otton, en réclamait lui aussi l’investiture. La position du palatin était par ailleurs bien affaiblie et son poids politique en comté s’amenuisait ; il ne conservait que peu de fidélités, parmi lesquelles celle de Louis de Vaud99, de Hugues de Bourgogne et d’Eudes de Fouvent. Aux rares fidélités, « ajoutons, comme l’écrit Frantz Funck-Brentano pour expliquer la faiblesse du comte, les ennuis suscités […] par son voisin le duc de Bourgogne » qui regardait à nouveau vers la région de Dole100.
20En 1295, des guerres éclatèrent partout de la Flandre au Dauphiné, sans épargner la Guyenne et la Gascogne. Le comté de Bourgogne fut également touché. Philippe IV s’attira l’alliance de l’évêque d’Autun, de l’évêque de Châlons, des procureurs du chapitre de Langres et de l’official de Mâcon. Il obtint encore le soutien le duc de Lorraine, qui envoya son fils Thiébaut rejoindre son armée avec un contingent101. Enfin et surtout, on retrouve dans son sillage deux autres puissants vassaux de l’Empire, Albert de Habsbourg et Otton IV, anciennement lié aux comtes de Bar par son mariage avec Philippa, sœur d’Henri III. En mars 1295, Otton IV conclut à Vincennes un second traité avec Philippe le Bel, qui sembla à priori une mise à jour de celui d’Évreux102. Son aînée Jeanne fut promise à nouveau à l’un des deux premiers fils du roi103 ; en contrepartie, Philippe IV s’engageait à doter et établir convenablement les enfants susceptibles de naître encore de l’union d’Otton et de Mahaut d’Artois. Par ce mariage princier, le comte entendait renforcer la position de sa femme en Bourgogne, tout en pensant sans doute recevoir pour lui-même le comté d’Artois. En présence de l’archevêque de Paris, il octroya pour dot à sa fille tout son comté, sa baronnie, ses terres, ses châteaux, ses hommages libres de toute dette et sans en rien retenir ni pouvoir retrancher104. Lors de cette cession, il abandonna au roi l’administration de son comté en échange d’une somme de 100 000 l., d’une rente annuelle de 10 000 l. et d’une rente viagère de 2 000 l.105. Il lui laissa également la garde de l’abbaye de Luxeuil. Quelques années plus tard, en 1301, Philippe le Bel renouvela officiellement le traité de 1258 qui associait le comte de Champagne à l’administration de la terre de Luxeuil106. Dans un état des fiefs remis au roi, Otton IV déclara que l’abbaye de Lure était tenue en garde pour lui par le comte de Ferrette et que son revenu est évalué à 1 000 l. de rente. à la suite du traité de Vincennes, Otton IV fit rédiger à l’intention du roi de France un état des fiefs où il proclama son droit sur ses biens et les déclara non soumis à partage : « La baronnie du comté de Bourgogne est si franche que nulle partie le conte n’est tenue de donner ne a seur ne a frere »107. Les revenus des principaux vassaux du comté furent évalués et Otton, en les énumérant, précisa les terres que tous tenaient de lui ; les représentants des plus hauts lignages y furent mentionnés. Le comte y cita les biens d’Église et y fit une étude détaillée des revenus du domaine bourg par bourg. Les prestations en nature furent indiquées avec leur équivalent en argent. De son propre aveu, Otton percevait annuellement 28 600 l. contre 30 000 l. environ pour le duc de Bourgogne et davantage pour le comte de Champagne. Cette somme, comme l’écrit M.-Th. Allemand-Gay, le mettait « en bonne place, aussi bien par rapport aux autres princes territoriaux, qu’à l’égard de ses vassaux »108. Depuis le règne d’Alix, les comtes de Bourgogne avaient considérablement accru leurs revenus en même temps qu’avaient évolué leurs domaines. La politique comtale, dispendieuse dans un premier temps, s’était révélée profitable à plus longue échéance. En effet, les comtes avaient acquis des droits utiles qui leur assuraient des ressources régulières. La plupart des revenus étaient affermés, ce qui leur permettait des rentrées stables. Par ailleurs, les bénéfices procurés par le droit de justice s’élevaient environ à 1 750 l.109. Ils furent estimés d’un trop bon rapport pour que le comte puisse consentir une concurrence en ce domaine hormis celles de l’Official et de quelques grands seigneurs, comme les Faucogney à Vesoul ou les Vaudrey à Arbois110.
21Selon ce document, le sire d’Arlay disposait seulement d’un revenu de 10 000 l. ; il est à noter que ceux procurés par les salines ne sont pas pris en considération, de même que ceux des péages. Selon les estimations de René Locatelli et d’Yves Jeannin, ses ressources peuvent être évaluées à plus du double, à 21 000 l. Les fiefs mouvant du comte se situaient pour la plupart dans les pays de la Saône, dans la vallée de l’Ognon, sur le cours inférieur du Doubs et sur une partie de celui de la Loue.
22Le roi de France envoya ses officiers administrer le comté. Il établit des baillis, des gouverneurs, des trésoriers, des receveurs et nomma les gardiens. Les revenus furent perçus en son nom, le sceau royal fut employé dans tous les actes et enfin, les veuves et les orphelins furent placés sous sa garde113. La bourgeoisie accueillit favorablement le nouveau souverain.
23Le conflit ouvert entre Philippe le Bel, Édouard Ier et Adolphe de Nassau, exacerbé en d’autres régions comme la Guyenne ou la Flandre, se concentra également dans le Barrois et dans le comté de Bourgogne. La réaction au traité de Vincennes ne s’y fit pas attendre : le roi des Romains écrivit aux Bisontins pour les inciter à la résistance et, le 21 mars, vidima l’enquête de Rodolphe de Habsbourg relative aux frontières de l’Empire. Le 8 avril, il adressa une lettre collective au duc de Lorraine, au comte de Luxembourg, à la cité et à l’évêque de Metz, au comte de Sarrebrück et enfin à l’évêque de Toul. Il y rappela les outrages que le roi de France faisait subir à l’Empire et sollicita leur aide pour le comte de Bar contre Philippe IV, ce que ne fit pas le duc de Lorraine qui se tourna vers la France. Henri de Bar, nommé lieutenant du roi des Romains sur les frontières de Champagne, se vit confier la vengeance contre son ennemi et l’ennemi de l’Empire. Adolphe de Nassau n’était pas lui-même en mesure de mener une expédition militaire. En comté, c’est de la noblesse que vint la résistance au roi immédiatement après le traité de Vincennes.
24Confédérés par un serment prêté le 29 mars 1295, nombre de seigneurs bourguignons sous la direction de Jean de Chalon-Arlay promirent de ne jamais devenir les vassaux de Philippe IV et d’appuyer par les armes leur refus d’hommage. S’engagèrent en ce sens les frères du comte Otton, Jean et Renaud de Bourgogne entrés en rébellion, ses oncles Jean de Chalon-Auxerre et Jean de Chalon-Arlay, mais aussi Gauthier de Montfaucon, seigneur de Vuillafans, Simon de Montbéliard, seigneur de Montrond, Henri, seigneur de Joux, Thiébaud, seigneur de Neuchâtel, Jean de Neuchâtel, connétable du comté, Girard, seigneur d’Arguel, Pierre de Joinville, seigneur de Marnay, Guillaume, seigneur de Corcondray, Hugues d’Annegray, Jean de la Chassagne, Jean de Vaites, étienne d’Oiselay, et Guillaume d’Arguel114. Le 2 août 1295, les mêmes coalisés s’allièrent au roi d’Angleterre, Édouard Ier, qui les encouragea à mener « une guerre vive et aperte », soutenue par le comte de Savoie. En 1296, son allié Adolphe de Nassau prononça la commise des fiefs d’Otton IV et le déclara traître à l’Empire. De son côté, le comte Otton tenta de grouper des fidélités. Il ordonna ainsi le 4 juin 1296 à Thiébaud, comte de Ferrette, de prêter serment de fidélité et d’obéissance à Philippe le Bel, par l’intermédiaire d’Hugues de Bourgogne, lieutenant du roi115. Dans le camp adverse, Adolphe de Nassau réunit à Coblence le 8 février 1297, une assemblée des nobles du comté de Bourgogne. S’y rendirent les sires de Faucogney, Joinville, Neufchâtel, Montfaucon et Montbéliard. Tous promirent de reprendre désormais en fief direct de l’Empire les terres qu’ils tenaient auparavant d’Otton IV, s’allièrent au roi d’Angleterre et jurèrent de ne jamais devenir vassaux du roi de France. Le même jour, le roi des Romains donna à Henri III de Bar les fiefs de Guy de Jonvelle mouvant du comté de Bourgogne116, et ceux confisqués sur Jean de Bourgogne jusqu’à Conflans dans la châtellenie de Vesoul117. Constatant l’occupation de Vesoul par les troupes françaises, le roi des Romains inféoda directement son château à Aymon de Faucogney118. Le comte de Ferrette, dont les terres jouxtaient le comté, changea de camp et entre dans l’alliance du roi d’Angleterre et des coalisés bourguignons. Au faisceau d’alliances noué par le roi des Romains et Édouard Ier, Philippe le Bel en opposa un autre, en se conciliant, outre les bonnes grâces d’Hugues de Bourgogne acquises depuis longtemps, celles de Robert II qu’il nomma gardien du comté de Bourgogne et de la baronnie de Salins et auquel il laissa une importante liberté d’action. Dans le même temps, il obtint l’hommage d’un certain nombre de seigneurs du comté, parmi lesquels celui de Vignory, ceux de Joinville et de Dampierre, le sire de Choiseul et celui de Baufremont, le seigneur de Ray, qui reçut contre sa fidélité 1 500 l. t.119. Guillaume de Chalon-Auxerre se rangea également dans l’armée de Flandre sous la bannière royale en 1297 alors que son père guerroyait encore contre le roi de France. Jean de Chalon-Auxerre lui prêta seulement hommage en 1298 en contrepartie d’une garantie de la protection de ses fiefs, de la possession de ses marches et de l’immunité judiciaire120. Philippe IV s’obligea à ne jamais le contraindre « de venir plaidoyer outre la Saonne »121.
25Philippe le Bel, occupé en Flandre, usa de diplomatie pour diviser ses ennemis dans le comté de Bourgogne. Les circonstances lui furent favorables : en 1297, la trêve conclue avec l’Angleterre à Vyve-Saint-Bavon avait déjà entraîné des défections dans la coalition des seigneurs bourguignons et de leurs alliés : Amédée V de Savoie avait cessé d’apporter son concours aux confédérés et se rapprochait de la France. Un contrat fut passé avec un seigneur du duché homonyme, Geoffroy d’Auxelles, qui, s’engageant auprès de Robert II, promit de libérer Gray, de capturer les coalisés, dont Jean de Chalon-Arlay, Renaud de Montbéliard et le sire de Joux avant de les livrer au roi122. Le premier à se soumettre fut Jean de Chalon-Rochefort, comte d’Auxerre123, qui entretenait des liens étroits et anciens avec le royaume de France, « demi français par son comté d’Auxerre » écrit F. Funck-Brentano124. Le comte Thiébaud de Ferrette capitula à son tour, provoquant par son acte un grave affaiblissement de la ligue. Le 28 avril 1298, les barons du comté se réunirent près de Besançon – à Morre – en considérant la situation créée par leurs divisions, le manque de secours provenant d’Allemagne, l’absence de subsides arrivant d’Angleterre. Ils missionnèrent Gauthier de Monfaucon auprès du Saint-Siège, pour requérir la médiation du pontife et faire valoir leurs droits. Tous promirent de se soumettre à sa décision125. Albert de Habsbourg, qui avait succédé à Adolphe de Nassau, reconnut le fait accompli, à la condition que le comté resterait terre d’Empire. La paix fut conclue au cours de l’année 1301. Bon politique, Philippe le Bel fit administrer le comté de Bourgogne par ses anciens adversaires, principalement par Jean de Chalon-Arlay, qui dès 1302 reçut une pension et devint gardien pour le roi en 1306. En 1309, à Marseille, sur l’injonction de Guillaume de Nogaret, le Chalon dut faire une reconnaissance de fief et entrer ensuite dans l’hommage du fils du roi à qui devait revenir le comté, du fait de son mariage avec Jeanne de Bourgogne en 1307. Il fallut attendre le décès de Robert l’Enfant en 1317, pour que l’année suivante soit rédigé le Cartulaire des comtes de Bourgogne.
Notes de bas de page
1 Le Cartulaire d’Hugues de Chalon, qui compte 640 actes, est compilé sur l’ordre d’Hugues Ier de Chalon-Arlay de 1317 à 1319. Bernard Prost, Étienne-Symphorien Bougenot, Cartulaire de Hugues de Chalon (1220-1319), publié d’après le manuscrit original du British Museum, avec introduction historique et table par Jules Gauthier, Lons-le-Saunier, 1904, Introduction, p. VI. En mode image sur Gallica (http://visualiseur.fr/ark:/12148/bpt6k111494j) et en mode texte sur le portail CBMA (Chartae Burgundiae Medii Aevi) (http://www.artehis.cnrs.fr/BDD/CBMA/fichiersTXT/CBMAfichiersTXT2.htm).
2 Maurice de Tribolet-Hardy, « Le cartulaire de Montfaucon en Franche-Comté », Positions des thèses de l’École des Chartes, Paris, 1966, p. 103-107.
3 Dès 1156, ce souverain gouverna activement le comté du chef de sa femme Béatrix, fille du comte de Bourgogne Rainaud III.
4 Jules Gauthier, Inventaire-sommaire des Archives départementales antérieures à 1790. Doubs. Archives civiles, série B, Chambre des comptes de Franche-Comté, t. I, Besançon, P. Jacquin, 1883, p. 1.
5 Au verso de la liste des fiefs, on lit la mention suivante : « […] primierement toutes les lettres sont en hun coffre et sunt mises en sacs par disennes et est escript un ainnonce qui pent a chascun sac : c’est la premiere liesce, c’est la seconde liesce et anssi ensuivant […] » ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, édité par Jules Gauthier, Joseph de Sainte-Agathe et Roger de Lurion, « Mémoires et documents inédits pour servir à l’histoire de la Franche Comté, VIII », 1908, Introduction, p. XV, n. 2.
6 Les éditeurs du Cartulaire des comtes de Bourgogne le présentent ainsi : « On lit à la première page le titre suivant à l’encre rouge : Cartulaire des titres et chartes du comté de Bourgogne contenant tous les fiefs et privilèges du pais ». Il se compose de 296 feuillets en parchemin, sous une reliure en bois recouverte de velours noir usé. Il est écrit à pleine page et presqu’entièrement de la même main. Il présente vingt-cinq lignes à la page.
7 B1 : grand in-folio, 102 feuillets papier, reliure en basane. Le cartulaire est écrit sur deux colonnes sans aucun blanc, avec environ cinquante lignes à la page. B2 : grand infolio, 127 feuillets papier, 1 pièce parchemin, reliure en basane, avec environ quarante-quatre lignes à la page. La liste des fiefs semble avoir été arrachée. Cartulaire des comtes de Bourgogne, édition citée, Introduction, p. XVI.
8 Bibl. mun. Besançon, coll. Droz, ms. 9 : Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit.
9 Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit.
10 Ce graphique a été réalisé à partir des actes du Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit.
11 Jean de Chalon-Arlay était le fils de Jean de Chalon l’Antique et de Laure de Commercy.
12 Selon Jules-Marie Richard, au cours des tractations, Otton IV et Philippe le Bel auraient négocié à cette occasion de la succession d’Artois. Le roi prévoit la situation où Mahaut d’Artois hériterait du comté paternel dans le cas d’un décès de Philippe d’Artois avant son père et dans celui où ses enfants n’auraient pas le droit de le représenter pour recueillir l’héritage du comté. Jules-Marie Richard, Une petite-nièce de Saint Louis : Mahaut, comtesse d’Artois et de Bourgogne, Paris, Champion, 1887, p. 20.
13 Arch. dép. Doubs, B 22.
14 Arch. dép. Doubs, B 442.
15 Jean de Chalon-Auxerre, fils de Jean de Chalon l’Antique et d’Isabelle de Courtenay, était un oncle d’Otton IV de Bourgogne.
16 Trois sceaux d’Otton IV datés de 1269 et un de 1275 sont encore frappés de l’aigle monocéphale. Katharina Koller-Weiss, « Vom Adler zum Löwen : des Wappenwechsel des Pfalzgrafen Othon IV. von Burgund – Neu interpretiert », Pierre II de Savoie « Le petit Charlemagne » († 1268), Lausanne, « Cahiers Lausannois d’Histoire médiévale, vol. 27 », 1999, p. 369-414.
17 Arch. dép. Doubs, B 343 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 216.
18 Arch. dép. Doubs, B 326.
19 Arch. dép. Doubs, B 442 et 490, publié dans François-Félix Chevalier, Mémoires historiques sur la ville et seigneurie de Poligny, Lons-le Saunier, 1767, t. I, p. 359 ; André Du Chesne, Histoire des roys, ducs et comtes de Bourgongne et d’Arles, 1619, p. 96 ; Étienne Pérard, Recueil de plusieurs pièces curieuses servant à l’histoire de Bourgogne, Paris, 1664, p. 352 ; Ernest Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, Paris, Lechevalier, 1885-1905, t. VIII, p. 250.
20 Arch. dép. Doubs, B 352 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 257.
21 Arch. dép. Doubs, H 8.
22 Arch. dép. Doubs, B 363 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 271.
23 Arch. dép. Doubs, B 317, publié par F. -F. Chevalier, Mémoires historiques…, op. cit., t. II, p. 584 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 274.
24 Arch. dép. Doubs, B 332, Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 281.
25 Arch. dép. Jura, G 73.
26 Marie-Thérèse Allemand-Gay, Le Pouvoir des comtes de Bourgogne au XIIIe siècle, Paris, « Annales Littéraires de l’Université de Besançon, 368 », 1988, p. 189.
27 Ibid., p. 188.
28 Marie-Thérèse Allemand-Stauffenegger, Le Gouvernement d’Othon IV, comte de Bourgogne, Dijon, « Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 25e fasc. », 1964, p. 8.
29 Arch. dép. Doubs, B 389 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 196.
30 Le regroupement des terres est un fait majeur du XIIIe siècle. Jean de Chalon-Arlay acheta des terres dans la montagne qui était le centre de sa puissance. Il usa lui aussi des inféodations.
31 À titre d’exemple : 1280, 6 900 l. ; 1281, 14 600 l. ; 1284, 5 130 l. ; 1287, 1 030 l. ; 1290, 140 l. ; 1292, 340 l. ; M.-Th. Allemand-Stauffenegger, Le Gouvernement d’Othon IV…, op. cit., p. 41.
32 Arch. dép. Doubs, B 354 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 304.
33 Arch. dép. Doubs, B 455.
34 Arch. dép. Doubs B 341, B 462 et B 484 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 327, 329 et 321 ; BnF, n.a.f, 8713 (coll. Jousanvault 69) (5).
35 Arch. dép. Doubs, B 468 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 321.
36 M.-Th. Allemand-Gay, Le pouvoir des comtes de Bourgogne…, op. cit., p. 197.
37 Une telle politique s’explique également par l’endettement des seigneurs, qui recherchent de la caution de plus puissants qu’eux.
38 M.-Th. Allemand-Gay, Le pouvoir des comtes de Bourgogne…, op. cit., p. 219. Arch. dép. Doubs, B 46 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 292.
39 Henri Buathier, Jean Ier de Grailly, un chevalier européen du XIIIe siècle, Mex, 1995, p. 44.
40 Arch. dép. Doubs, B 46 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 284.
41 Arch. dép. Doubs, B 421 ; ibid., p. 294.
42 Arch. dép. Doubs, B 426 ; ibid., p. 295.
43 Arch. dép. Doubs, B 579.
44 Marguerite de Provence s’employa à réconcilier Philippe de Savoie et Otton IV lors de diverses assemblées, dont celle de Mâcon à l’automne 1281.
45 Béatrix d’Orlemünde était la sœur de la comtesse Alix de Méranie.
46 Otton de Bourgogne racheta ces droits et se reconnut débiteur envers son beau-père Philippe de Savoie de 11 000 l. de viennois. Il s’obligea sous le sceau d’Alix sa mère. Arch. dép. Doubs, B 43.
47 F.-F. Chevalier, Mémoires historiques…, op. cit., t. I, p. 362, no°55, 1278 ; p. 56, 1278 ; p. 57-58, 1278 ; p. 54, 1277.
48 Arch. dép. Doubs, B 18.
49 Arch. dép. Doubs, B 470 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 333. M.-Th. Allemand-Gay, Le Pouvoir des comtes de Bourgogne…, op. cit, p. 182. La même reconnaissance est faite par Hugues de Bourgogne en 1292.
50 Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 292.
51 Arch. dép. Doubs, B 517 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 307, no°335.
52 Philippe III garantit cet accord en août 1281, ibid.
53 Canton de Champagnole, Jura.
54 Arch. dép. Côte-d’Or, Recueil Peincedé, t. 1, p. 542 ; Arch. dép. Côte-d’Or, B 290.
55 Le duc venait d’épouser Agnès, sœur du roi Philippe III le Hardi.
56 Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 326.
57 Jean Richard, Les Ducs de Bourgogne et la formation du duché du XIe au XIVe siècle, Paris, « Publications de l’Université de Dijon, XII », 1954, p. 223, n. 1.
58 Le projet avorte en 1281 à la suite de la mort d’Hartmann noyé dans le Rhin. Pourtant avant que son fils ne décède le 20 décembre 1281, Rodolphe avait promis aux Angevins de Naples la couronne du royaume d’Arles.
59 1282 : Béatrix, fille de Pierre de Savoie et dame de Faucigny, en présence de Hartmann de Baldeck, chevalier et bailli général en Bourgogne de Rodolphe (de Habsbourg), roi des Romains, cède et donne à titre irrévocable de donation entre vifs à Jean de la Tour, fils de Humbert, seigneur de la Tour et Coligny tous les droits qu’elle pouvait avoir sur les biens de son père et de sa mère Agnès ; et elle place son dit petit-fils Jean sous la garde et protection du dit Rodolphe, roi des Romains. Témoins : Guillaume de Prissy et Guillaume de Filinge, chevaliers.
60 Humbert Ier, avant son mariage, fut chanoine de Paris, chantre de l’église de Lyon et doyen de celle de Vienne.
61 Hugues épousa en 1282 Bonne de Savoie, fille d’Amédée V de Savoie et veuve du Dauphin Jean.
62 Ce traité stipulait que le duc Robert devait verser au comte Philippe une rente de 200 l. [Valbonnais], Histoire du Dauphiné, t. II, Genève, 1722, p. 24.
63 Arch. dép. Jura, 2 H 18 (fonds Saint-Claude).
64 Alain Kersuzan, Défendre la Bresse et le Bugey. Les châteaux savoyards dans la guerre contre le Dauphiné (1282-1355), Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2005, p. 43.
65 Bruno Galland, Jean-Daniel Morerod, Genèse d’une principauté épiscopale : la politique des évêques de Lausanne (IXe-XIVe siècle), Lausanne, « Bibliothèque historique vaudoise, 116 », 2000, p. 297.
66 Matthieu de la Corbière, L’Invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève. Étude des principautés et de l’habitat fortifié (XIIe-XIVe siècle), Annecy, « Mémoires et documents publiés par l’Académie salésienne, t. 107-108 », 2002, p. 77.
67 En décembre 1285, son frère Amédée ne le reconnaît pas encore comme baron de Vaud. Paul Lullin et Charles Le Fort, Regeste genevois, t. VIII, p. 222, no°7. Ibid. p. 96 (http://www.digi-archives.org/pages/edition.html, Regeste genevois, REG 0/0/1/1229).
68 M. de la Corbière, L’Invention et la défense des frontières…, op. cit., p. 74.
69 Cyrille Debris, « Tu, felix Austria, nube ». La dynastie de Habsbourg et sa politique matrimoniale à la fin du Moyen Âge (XIIIe-XVIe siècles), Turnhout, Brepols, 2005, p. 156.
70 Frantz Funck-Brentano, « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », BEC, t. 49, 1888, p. 5-40, ici p. 9.
71 M.-Th. Allemand-Gay, Le pouvoir des comtes de Bourgogne…, op. cit., p. 271.
72 Agostino Paravicini et al., Les Pays romands au Moyen Âge, Lausanne, Payot, 1997, p. 120 (2e partie, « Seigneurs et pouvoirs », ch. 3, « La Bourgogne et l’Empire », par J.-D. Morerod).
73 Arch. dép. Doubs, B 21.
74 En 1274, la comtesse Alix de Méranie donne sa fille Guie/Guyette de Bourgogne († 1316) à Thomas III de Savoie (1248-1282), comte de Maurienne, comte de Piémont, fils de Thomas II de Savoie et Béatrix Fieschi.
75 Arch. dép. Doubs, B 39.
76 Le Palatin se plaint en 1288 de ne pouvoir se rendre en sécurité à l’abbaye Saint-Maurice pour prêter l’hommage à l’abbé Girard « en raison des inimitiés capitales qu’on lui portoit ». Il demande à l’abbé de se déplacer jusqu’à Pontarlier (Inventaire Charles : http://www.digi-archives.org/pages/inventaires.html, CHA 57/2/12).
77 Jean de Chalon-Auxerre est davantage un allié placé sur un pied d’égalité qu’un vassal, selon M.-Th. Allemand-Gay, Le pouvoir des comtes de Bourgogne…, op. cit., p. 356.
78 M.-Th. Allemand-Gay, Le pouvoir des comtes de Bourgogne…, op. cit., p. 216.
79 Arch. dép. Doubs, B 47.
80 Ibid.
81 Inventaire Maison de Chalon, XVIIIe s., Arch. dép. Doubs, 7 E 2761, t. 4, fo 110v.
82 Beauregard et Montluel (Ain), Arch. dép. Doubs, B 531 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 148.
83 Vidimus de 1444 ; Jules d’Arbaumont, Cartulaire du prieuré de Saint-Etienne de Vignory, Langres, 1882, no°178 ; Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 374.
84 Le faisceau de chemins se concentrait sur le pont médiéval, passage obligé sur les gorges de l’Orbe.
85 J.-D. Morerod dans A. Paravicini et al., Les Pays romands…, op. cit., p. 80. Voir également Vital Chomel et Jean Ebersolt, Cinq siècles de circulation internationale vue de Jougne : un péage jurassien du XIIIe siècle au XVIIIe siècle, Paris, SEVPEN, 1951.
86 E. Petit, Histoire des ducs de Bourgogne…, op. cit., t. VI, p. 363, nos 4926, 4927 et 4928 ; Arch. nat., J 254 A, no°11 et no°12.
87 Cartulaire des comtes de Bourgogne, éd. cit., p. 346 ; Arch. dép. Doubs, B 462.
88 Auguste Castan, « Le siège et le blocus de Besançon par Rodolphe de Habsbourg et Jean de Chalon-Arlay », Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, 1868 (1869), p. 329-420 ; Bibl. mun. Besançon, coll. Chifflet, ms. 1, fo 95.
89 Arch. dép. Doubs, B 44.
90 E. Petit, Histoire des ducs de Bourgogne…, op. cit., t. VI, p. 364, no°4932 ; Arch. nat., J 250, no°2.
91 M.-Th. Allemand-Gay, Le pouvoir des comtes de Bourgogne…, op. cit., p. 180.
92 Arch. dép. Doubs, B 44 ; Arch. dép. Côte-d’Or, B 11912. Après le siège de Besançon, Rodolphe de Habsbourg força Otton, comte palatin de Bourgogne, à demander la paix, qui fut conclue à Bâle (1er août 1289). Joseph Trouillat, Monuments de l’histoire de l’ancien évêché de Bâle, Porrentruy, 1852-1867, II, acte 371 ; http://www.digi-archives.org/pages/edition.html, TRO2/2/0/371.
93 Bibl. mun. Besançon, Archives municipales anciennes, BB 1 ; compte des dépenses faites par la commune pour se défendre contre l’empereur Rodolphe de Habsbourg et Jean de Chalon-Arlay, lieutenant impérial, 1290-1291 ; lettre missive du comte de Bourgogne Otton IV engageant la commune de Besançon à faire la paix, 1290.
94 Bibl. mun. Besançon, Archives municipales anciennes, AA 1 et BB 1 ; Inventaire Maison de Chalon, XVIIIe siècle, Arch. dép. Doubs, 7 E 2763, t. 6, fo 399.
95 C. Debris, « Tu, felix Austria, nube »…, op. cit., p. 153.
96 F. Funck-Brentano, « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », op. cit., p. 11.
97 Regesta Imperii, VI, 213.
98 Arch. dép. Doubs, B 499.
99 Arch. dép. Doubs, B 222 et B 48.
100 F. Funck-Brentano, « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », op. cit., p. 17.
101 Alfred Leroux, Recherches critiques sur les relations politiques de la France avec l’Allemagne de 1292 à 1370, Paris, « Bibliothèque de l’école des hautes études, 50 », 1882, t. I, p. 74 ; Jean de Pange, Introduction au catalogue des actes de Ferri III, duc de Lorraine (1251-1303), Paris, Champion, 1904, p. 49.
102 Cet accord est passé peu après la naissance de Blanche, la deuxième fille du comte.
103 F. Funck-Brentano, « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », op. cit., p. 16.
104 Arch. dép. Doubs, B 22.
105 BnF, n.a.f. 23520 (189) ; n.a.f. 23520 (155 et 201) ; coll. Brienne 97, fo 95 ; Chantilly, Bibliothèque du château, ms. 1385, fo 127 (copie du XVIIe siècle) ; BnF, coll. Brienne 97, fo 81 et 103.
106 BnF, coll. Moreau 869, fo 365.
107 M.-Th. Allemand-Gay, Le Pouvoir des comtes de Bourgogne…, op. cit., p. 199.
108 Ibid., p. 212.
109 M.-Th. Allemand-Stauffenegger, Le Gouvernement d’Othon IV…, op. cit., p. 36-37.
110 Ibid., p. 35-36.
111 Recherche menée par René Locatelli et Yves Jeannin. Tableau inédit réalisé par leurs soins.
112 M.-Th. Allemand-Gay, Le Pouvoir des comtes de Bourgogne…, op. cit, p. 212.
113 F. Funck-Brentano, « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », op. cit., p. 18.
114 Arch. dép. Doubs, B 39.
115 Arch. dép. Doubs, B 48.
116 BnF, coll. Lorraine 184, no°11.
117 BnF, coll. Lorraine 348, fo 20.
118 Arch. dép. Doubs, B 411.
119 F. Funck-Brentano, « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », op. cit., p. 25-26.
120 Arch. dép. Doubs, B 48.
121 Arch. dép. Doubs, B 397.
122 F. Funck-Brentano, « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », op. cit., p. 29.
123 Arch. dép. Doubs, B 48.
124 F. Funck-Brentano, « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », op. cit., p. 29.
125 F. Funck-Brentano, « Philippe le Bel et la noblesse franc-comtoise », op. cit., p. 30.
Auteur
Maître de conférences à l’Université de Franche-Comté – Laboratoire des Sciences Historiques (EA 2273).
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