Ordre ou désordre ?
L’évidence des premiers inventaires du Trésor des chartes des ducs de Bretagne
p. 121-135
Texte intégral
1Le 20 décembre 1430, Maître Jean Prégent, official de Vannes, nouvellement nommé « trésorier et garde des lettres, papiers et autres choses appartenant à Mons. le duc », officialisait la reprise de l’office de son prédécesseur, Pierre Piedru, récemment promu au diocèse de Tréguier, en signant chaque page d’un inventaire des documents placés sous sa garde1. Cet inventaire, conservé à Nantes avec ce qui a survécu du Trésor des chartes des ducs de Bretagne, se compose de 44 folios de papier, reliés dans un parchemin2. On se servit pour la couverture de la copie contemporaine d’un traité rédigé le 27 juin 1387 entre le duc Jean IV (1364-1399) et son pire ennemi, Olivier V, sire de Clisson, connétable de France, que le duc avait brièvement emprisonné à Vannes3. Par parcimonie ou par volonté de ne pas gaspiller un matériel encore relativement cher, ce traitement cavalier d’un document ancien qui, en 1430, n’était plus d’aucun usage, relevait d’une pratique largement répandue dans la plupart des chancelleries du bas Moyen Âge, et qui avait encore une longue vie devant elle. Certaines de nos découvertes les plus importantes concernant le gouvernement de la Bretagne médiévale viennent en effet des couvertures de registres de l’état civil du XIXe siècle, faites de vieux parchemins considérés comme sans valeur après la Révolution – mais cela, c’est une autre histoire4. Ici, nous pouvons constater que la couverture de seconde main et le soin mis à s’assurer que les folios individuels de l’inventaire furent écrits d’une main économe, avec des marges étroites et un espace réduit entre chaque nouvelle entrée, démontrent qu’il s’agissait bien d’un document administratif de routine, « un procès-verbal de transmission des pièces d’un garde des lettres à un autre », ainsi que René Blanchard, le premier savant à l’avoir étudié sérieusement, le notait dans l’introduction de son édition magistrale des Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne5.
2Écrite il y a plus de 120 ans, cette introduction est encore le meilleur point de départ pour une étude de la chancellerie des ducs de Bretagne, de ses pratiques et de ses règles diplomatiques. Les recherches modernes ont pu apporter ici et là quelques précisions, sans toutefois modifier substantiellement les grandes lignes définies par Blanchard, notamment quant au fait que la Bretagne ne créa un Trésor des chartes qu’assez tardivement. Ce Trésor n’apparaît en effet qu’à la fin du XIVe siècle, alors que l’administration royale et d’autres administrations princières avaient progressivement institué des Trésors semblables au XIIIe ou début du XIVe siècle.
3C’est un autre inventaire de 1395, dû à maître Hervé Le Grant nouvellement commis à la garde des lettres du duc, qui révèle son existence pour la première fois dans un endroit fixe de la Tour Neuve à Nantes, une des trois principales villes qui abritaient par tradition les offices gouvernementaux (les autres étant Vannes et Rennes)6. D’autres témoignages indiquent qu’il s’agissait d’un développement récent, dû à une restructuration de l’administration du duché qui visait à donner la possibilité au duc de formuler un programme politique et de gouverner de manière plus efficace7. Il faut bien sûr se demander pourquoi s’aligner sur les autres chancelleries prit autant de temps aux ducs et à leurs officiers de la chancellerie. Toutefois, mon intention première est ici de comparer ces deux premiers inventaires des archives ducales bretonnes et de souligner leurs différences, afin de voir ce qu’ils nous disent à propos de ce qui y était conservé et d’évaluer leur efficacité en tant que guides de ce que contenait le Trésor.
I – Les inventaires de 1395 et de 1430
4À première vue, l’inventaire de 1395 est, à presque tous égards, un volume plus impressionnant que celui de 1430. Plus large (295 x 397 mm contre 215 x 295 mm), il paraît aussi avoir été produit avec un plus grand soin. C’est une belle copie et non un brouillon. Des marges larges, un espacement généreux, l’usage de capitales, quelques modestes fioritures et d’autres décorations scripturales aux entrées individuelles, qui se comptent au nombre de 5 ou 6 par page, en rendent la lecture agréable. Au contraire, l’inventaire de 1430 se présente sous une forme nettement moins généreuse : il y a en moyenne neuf entrées ou plus par page, et il est presque complètement dépourvu de fioritures (à l’exception de la note sur chaque page : « Je Jehan Prigent, tresorier dessud. confesse avoir reçeu lesdites lettres »). Logiquement, cet inventaire ne contient à peu près que 37 folios écrits contre 79 dans celui de 1395. Il a également subi des dommages dus à l’humidité, de sorte que quelques entrées au bas de certaines pages sont perdues ou illisibles. Ajoutons que le papier sur lequel elles sont écrites était devenu très fragile, avant qu’un récent travail de conservation ne corrige ce problème de façon tout à fait remarquable.
5En ce qui concerne le contenu et les matières (sur lesquelles nous reviendrons), l’inventaire de 1430, ainsi que Blanchard le fit remarquer, contient environ 745 articles, alors qu’ils sont au nombre de 838 dans l’inventaire de 1395 (comme nous le notons dans notre récente édition). Toutefois, ces deux nombres représentent chacun une plus grande quantité de documents isolés qui se trouvaient alors au Trésor. En effet, pour plusieurs articles, deux documents ou plus se trouvent sous la même entrée, souvent parce qu’ils étaient joints physiquement, soit qu’ils aient été scellés, soit qu’ils aient été cousus ensemble. Le meilleur exemple est une liasse de « XVI veilles lettres du roy » concernant des appels de Bretagne au Parlement de Paris qui apparaît à la fois en 1395 et en 1430 et dans des inventaires suivants8. En conséquence, l’inventaire de 1395, qui manque d’une conclusion formelle et qui est donc incomplet, mentionne au moins 906 documents séparés, tandis que celui de 1430 qui est « bien complet » (R. Blanchard) n’en compte qu’environ 870.
6Aucun des deux inventaires ne fournit d’identification précise concernant les items séparés par un nombre ou une lettre. Ceux-ci sont simplement catalogués seriatim avec une petite indication sur la façon dont ils étaient entreposés. Il est très probable qu’ils étaient conservés dans des boîtes, cassettes, placées sur des étagères dans un placard ou dans les tiroirs d’une armoire ou dans des coffres. Telle était la pratique dans d’autres Trésors et il y a des indices qui suggèrent que c’était déjà le cas à Nantes en 1395 et de toute évidence avant le milieu du XVe siècle, ainsi que deux notes marginales dans l’inventaire de 1430 – « coffretz » (fo 4) et « ensemble en Ie cassete » (fo 19) − le montrent très clairement, tandis que des boîtes en bois datant du début du XVIe siècle ont été faites pour le Trésor au cours de l’une des nombreuses tentatives périodiques pour établir son contenu9.
7C’est en 1508-1509 aussi qu’un identifiant alphabétique a été attribué aux armoires et cassettes dans lesquelles les documents étaient conservés10. Les documents individuels dans chaque cassette furent finalement numérotés entre 1566 et 1579 : ceux qui avaient un accès libre à l’inventaire, qui avait alors été compilé11, pouvaient désormais les localiser aisément (Armoire A, cassette A no. 1, AA 2 etc. jusqu’à Armoire V). Ce système de référence a servi jusqu’au reclassement du Trésor en Série E aux Archives départementales de la Loire-Inférieure dans les années 187012.
8Mais que se passait-il avant que ces mesures élémentaires (tout au moins, dans notre manière de penser) aient été prises pour faciliter la consultation ? – d’où le point d’interrogation dans le titre de cette contribution, « Ordre ou désordre ? ». Quels indices nous livrent en effet les inventaires de 1395 et 1430 sur les façons de travailler dans la chancellerie bretonne dont le Trésor faisait partie ? Que peut-on déduire du système mis en place pour la conservation des documents particuliers qui sont catalogués dans les deux inventaires les plus anciens ? Dans quelle mesure nous renseignent-ils sur les impératifs des gouvernements respectifs de Jean IV et de Jean V (1399-1442) au moment de leur compilation ? Jusqu’à quel point ces inventaires et le Trésor jouèrent-ils efficacement ce rôle de « mémoire officielle de l’État breton », que nous-mêmes et d’autres leur ont attribué13 ? Il faut insister sur le fait qu’aucun des deux inventaires ne fournit de description complète du contenu du Trésor des chartes au moment de leur compilation. Comme on l’a dit, l’inventaire de 1395 s’arrête sans conclusion formelle au début du fo 79v. La présence actuelle au Trésor à Nantes d’autres documents, antérieurs à 1395, dont un bon nombre sont étroitement liés à ceux qui figurent dans la liste dressée par Hervé Le Grant, est une indication supplémentaire que celui-ci n’avait pas achevé son travail. Cette conclusion est encore renforcée par le fait que l’inventaire de 1430 dresse la liste d’au moins 120 autres documents antérieurs à 1395, qui sont absents de l’inventaire établi à cette date, mais qui avaient presque certainement leur place au Trésor, où la plupart se trouvent d’ailleurs encore. Inversement, la nature incomplète de l’inventaire de 1430 peut elle aussi être démontrée puisqu’il mentionne moins de la moitié des documents présents en 1395, dont la majorité a elle aussi survécu. L’inventaire de 1430 n’ajoute pas de document antérieur à 1220, date d’une charte qui figurait déjà dans l’inventaire de 139514, mais naturellement il contient des pièces plus récentes, quelque 350 ou plus, couvrant la période de 1395 à 1430. La plus tardive, à l’exception d’un document concernant la capitainerie de Lesneven (14 novembre 1430)15, est un accord, scellé le 30 janvier 1428, aux termes duquel le connétable de France Arthur de Richemont, Charles de Bourbon, comte de Clermont, et Bernard d’Armagnac, comte de Pardiac, s’engageaient à porter secours à Jean V dans sa lutte contre son cousin Jean de Châtillon, comte de Penthièvre ; l’original nous en est aussi parvenu16. Mais l’absence d’autres documents durant les trois années précédant l’accession de Jean Prégent à la garde du Trésor en décembre 1430 est une autre indication que son inventaire ne fournit qu’un enregistrement partiel.
9Sans surprise, beaucoup de documents qui en 1430 n’avaient qu’une valeur très limitée, comme les nombreuses quittances financières ou obligations listées en 1395 pouvaient être omis sans que cela pose un quelconque problème. Tel pouvait aussi être le cas des accords faits avec les maisons religieuses concernant divers services spirituels pour Jean IV et sa famille immédiate. À ce propos, l’inventaire de 1430 est moins instructif en ce qui touche les problèmes domestiques de Jean V ; peut-être devrait-on s’en étonner, étant donné son extraordinaire générosité envers l’Église quand, libéré, il accomplit les vœux qu’il avait faits, sous le coup de la peur, au temps où il était retenu prisonnier par ses cousins de Penthièvre en 142017. C’est un commentaire éloquent sur les mesures politiques prises respectivement par Jean IV et son fils, que les relations anglo-bretonnes transparaissent nettement moins bien dans la liste de 1430, tandis que les documents retraçant les relations turbulentes de Jean IV avec ses grands vassaux, notamment Jean, comte de Penthièvre, et Olivier, seigneur de Clisson, se trouvent en nombre très réduit18.
II – L’organisation des deux inventaires
10Sachant qu’aucun des deux inventaires n’est complet, il faut se demander si leur organisation nous fournit des indices valables sur leur raison d’être. Celui de 1395 représente plus qu’une simple liste, dès lors qu’il y a une certaine cohérence derrière un regroupement de documents qui révèle un classement préliminaire selon la forme diplomatique (actes scellés sur lacs de soie ou doubles queues, bulles papales), le sujet concerné (acquisitions, ventes, rachats effectués par le duc, ainsi que d’autres matières financières telles que des comptes, paiements, quittances et dettes), les relations entre les ducs et les grandes familles nobles ou seigneuries (Rohan, Rais, La Guerche) ou avec l’Église (les évêques de Quimper et Saint-Malo, les maisons religieuses, la papauté), la période qui suit la guerre civile et la longue rivalité de Jean IV avec les familles de Penthièvre et de Clisson, les relations diplomatiques avec d’autres puissances, et de toute évidence avec les rois d’Angleterre (à ce niveau, la possession intermittente par les ducs successifs de la grande seigneurie anglaise de Richmond était au cœur des débats), les mariages ou les alliances politiques, etc.19.
11Avant tout, bien que les documents soient répartis en sections de taille inégale dans l’inventaire de 1395, les questions d’ordre légal relatives au statut du duc comme pair de France, la nature des services qu’il devait au roi (militaire ou de conseil) et les prétentions du Parlement de Paris à exercer des droits souverains sur le duché en acceptant les appels de cours bretonnes offrent peut-être le principal leitmotiv tout au long de l’inventaire. De ce point de vue, il semble clair que le but principal du travail de classement de Le Grant dans le Trésor était de fournir des preuves pour la défense des privilèges et franchises ducaux, et de façon frappante contre les empiètements de la couronne. En regroupant les documents relatifs à des thèmes particuliers, l’inventaire de 1395 nous offre à nous autant qu’à ces premiers utilisateurs – les clercs de la chancellerie bretonne – un excellent rapport sur la manière avec laquelle, depuis le milieu du XIIIe siècle, les ducs ont étendu leur domaine au détriment de leur noblesse, développé de nouveaux pouvoirs financiers pour taxer leurs sujets, et établi un contrôle beaucoup plus étroit sur leur clergé en exerçant des pouvoirs régaliens sur les postes à pourvoir et les élections d’officiers. Surtout, il démontre comment la capacité de la couronne de France à s’immiscer directement dans les affaires locales a été restreinte, en réduisant le nombre de cas dans lesquels des appels pouvaient être légitimement faits au Parlement de Paris à deux causes principales : déni de justice et faux jugement20.
12Pour ce qui touche ces deux causes, la période critique se situe entre l’octroi de la pairie par Philippe IV au duc Jean II en 1297 et le début de la guerre de Cent Ans. Les règles de base pour les appels venant de Bretagne étaient déjà standardisées dans les années 1330, les pouvoirs respectifs des officiers du roi et du duc avaient été établis, leurs aires de juridiction définies à la fois territorialement et en termes de type de cas dont ils pouvaient se charger, comme les inventaires le montrent. Tous les appels qui ne se conformaient pas aux conventions établies étaient systématiquement renvoyés aux cours ducales. Avec la guerre de Cent ans, les appels de Bretagne commencèrent à décliner de manière significative, une tendance que les perturbations causées par le début de la guerre civile en Bretagne en 1341 et l’implication du duché dans le contexte plus large du conflit anglo-français ne firent qu’encourager. En conséquence, les appels à Paris devinrent extrêmement rares à partir du milieu du XIVe siècle, un état de choses que Jean IV et son conseil maintinrent avec une vigilance continuelle, comme le révèle l’inventaire de 1395.
13Les limites de cet inventaire comme travail de référence sont évidentes. Du fait du manque fréquent de dates précises et de la nécessité d’identifier les pièces individuelles sur les critères de la diplomatique (type de lettres, mode de scellement, couleur de la cire) ou grâce à leurs notes dorsales, il fallait laborieusement brasser et reclasser les parchemins pour trouver celui qui était recherché. Et pourtant, on trouve dans cet inventaire un certain sens de l’ordre. Il s’y reflète le souci constant de maintenir et de renforcer l’autorité ducale à l’intérieur du duché comme à l’extérieur, dans ses rapports de pouvoir avec les puissances voisines. Il met en valeur la documentation relative à des problèmes particuliers qui avaient été récemment à l’ordre du jour ou dont l’importance était constante. On trouve par exemple une sélection copieuse de documents concernant la dernière tentative infructueuse de Jean IV pour déposséder Jeanne, dame de Rais, de ses terres stratégiquement situées dans le Pays de Retz près de Nantes, au sud de la Loire, en échange d’autres dans le Finistère – des plans abandonnés à la fin de son règne21. Plus fructueuses furent son acquisition de la seigneurie de La Guerche et l’assise de droits régaliens, à la suite de vacances à Quimper et à Saint-Malo22, bien que Thibaud de Malestroit, évêque de Cornouaille, soit reparti au combat après la mort de Jean IV. De nombreux documents concernant les appels de l’évêque au Parlement – appels qui étaient alors inhabituels – et son âpre bataille légale contre Jeanne de Navarre, duchesse douairière et gardienne de son fils, le jeune Jean V, sont répertoriés dans l’inventaire de 143023, tandis que la cité rebelle de Saint-Malo ne fut réellement placée sous l’autorité ducale qu’en 1415, après avoir joui d’une indépendance virtuelle sous la protection de Charles VI depuis 1387 – des événements qui n’apparaissent qu’en filigrane dans l’inventaire de 143024.
14La différence majeure entre cet inventaire et celui de 1395 a été succinctement résumée par Blanchard : « S’il a été écrit moins soigneusement que l’inventaire de 1395, il a sur celui-ci l’avantage de donner presque toujours la date des pièces ». Plus discutable est l’opinion de Blanchard selon laquelle, bien que cet inventaire ait inclus moins d’articles, « il formait un tout assez homogène. La majorité des actes inventoriés sont des lettres royaux [...] des bulles, des obligations de capitaines pour rendre les places dont on leur confiait la garde, des contrats entre le duc et ses sujets, notamment les sires de Rohan, de Clisson et de Rays ». Ceux qui concernent Rais, comme nous l’avons vu, avaient été largement rassemblés dès 1395, même si la façon avec laquelle Jean IV fut finalement forcé d’abandonner ses prétentions et de faire la paix avec Jeanne de Rais engendra l’addition de quelques autres documents avant 143025. Dans le cas des familles de Rohan et Clisson, une grande quantité de matériel nouveau apparut dans l’inventaire de 1430, principalement du fait de différents mariages, certains au sein même de la famille ducale et de celle des Penthièvre, et des rivalités politiques continuelles entre Jean V et ses cousins de Penthièvre. Celles-ci culminèrent avec la capture du duc et ses dures conditions d’emprisonnement pendant cinq mois en 1420 aux mains de Jean et de Charles de Châtillon ; à la suite de quoi ceux-ci furent poursuivis pour crime de lèse-majesté, leurs états confisqués et la plupart des membres de la famille de Penthièvre durent s’exiler loin du duché26. La plus grande partie de cette histoire peut être facilement retracée dans l’inventaire de 1430.
15Les relations avec d’autres grandes familles, particulièrement avec les comtes d’Alençon et d’Armagnac, grâce au mariage en 1396 de Marie, fille de Jean IV, avec Jean d’Alençon27, et en 1406, celui de sa sœur Blanche avec Jean, vicomte de Lomagne, fils du comte d’Armagnac, peuvent également être suivies28. Les changements kaléidoscopiques d’alliance et d’allégeance qui eurent lieu pendant les guerres entre les Armagnacs et les Bourguignons durant les deux dernières décennies du règne de Charles VI sont aussi bien illustrés29. Toutefois – chose surprenante − l’inventaire n’offre que peu d’informations sur les contacts de Jean V avec Henri IV d’Angleterre (son beau-père par le mariage de sa mère Jeanne de Navarre en 140330) ou avec Henri V, avec lesquels les contacts étaient pourtant fréquents. Seulement deux ou trois documents émis au nom d’Henri IV et quatre ou cinq au nom d’Henri V apparaissent dans l’inventaire de 143031, ce qui contraste nettement avec la quantité de matériel anglais présent dans celui de 1395. Même la diplomatie tortueuse de Jean V dans les années 1420, alors qu’il tentait de préserver sa neutralité et de monter les Anglais et les Bourguignons contre le dauphin et ses alliés après le traité de Troyes (1420) ne concourent qu’à une accumulation modeste de ce type de documents : six au nom d’Henri VI et un nombre similaire concernant les contacts avec Jean, duc de Bedford, régent de France32, plus quelques autres relatifs à Philippe le Bon, duc de Bourgogne33. En effet, à l’exception de reconnaissances de capitaines pour la garde de villes et châteaux34, la décennie 1420 fournit beaucoup moins de documents à l’inventaire de 1430 que les deux décennies précédentes.
16On peut penser toutefois que le manque le plus sérieux de cet inventaire réside dans la manière aléatoire, presque insouciante, avec laquelle sont classés les contenus du Trésor, lesquels sont en outre décrits de façon sélective. L’ordre que l’inventaire de 1395 avait introduit paraît avoir été volontairement ignoré, en termes de forme diplomatique des lettres comme d’unité thématique. La plupart des regroupements faits en 1395 sont complètement négligés. Prenons, par exemple, cinq documents concernant les relations de Jean IV avec les évêques de Saint-Malo : un accord de 1365 et quatre actes garantissant un autre accord de 1384 − des matières de première importance pour le maintien de la dignité du duc, de son prestige et de ses droits cérémoniels dans la ville, des questions toujours d’actualité pendant le règne de Jean V35. Alors que ces documents avaient été rassemblés par Hervé Le Grant en 139536, l’accord de 1365 est absent de l’inventaire de 1430, tandis que les quatre autres documents se trouvent dans ma liste numérique de son contenu aux nombres 312 (Inventaire de 1395, no 353), 351 (ibid., 354), 472 (ibid., 351) et 518 (ibid., 350). Une autre poignée de documents relatifs à la famille de Rohan pendant le règne de Jean IV (ibid., nos 239-249) sont pour la plupart éparpillés entre les numéros 286 et 702 ; ceux qui se rapportent aux Rais (ibid., nos 250-276) sont de même dispersés entre les numéros 294 et 720. Un petit ensemble de bulles papales listées individuellement en 1395 (nos 373-383) sont regroupées en un seul item en 1430 (737). Plusieurs quittances relatives à la pension octroyée à Jeanne de Penthièvre pour compenser la perte de ses droits en tant que duchesse à la suite du premier traité de Guérande (1365) (ibid., nos 640-647) étaient encore ensemble en 1430 (721-725), bien que deux en aient été séparés (176, 597). Mais c’est un rare exemple de documents qui doivent avoir été classés en petites piles ou liasses en 1395 ou placés ensemble dans un tiroir ou dans une boîte, et qui se trouvaient encore ensemble 35 ans plus tard.
17De façon assez curieuse, peut-on penser, la confirmation donnée par Charles V, en mai 1366, du premier traité de Guérande, placé à raison en tête de liste en 1395, dès lors qu’il était en effet le titre principal justifiant la possession du trône ducal par la dynastie des Montfort, est presque en toute fin de liste dans l’inventaire de 1430 (732), tandis que les documents que les contemporains et les historiens modernes pourraient considérer comme d’importance comparable, comme l’octroi de la pairie par Philippe IV en 1297, classé 8e en 1395, est à la 438e place en 1430. À cet endroit, il pourrait presque passer inaperçu, submergé par de nombreuses reconnaissances de capitaines ducaux datant du XVe siècle, qui forment le plus large regroupement thématique en 1430. Un tel inventaire, de toute évidence dépourvu d’un système de classement du contenu divers et peu maniable du Trésor, pose quelques questions intrigantes sur lesquelles on peut conclure – sans pouvoir apporter de réponse vraiment convaincante.
III – Trois faux
18Avant cela, un point important doit être relevé : la présence dans l’inventaire de 1430 de trois documents qui sont clairement des faux. Comme nous avons approfondi cette question à la fois dans notre édition de l’inventaire de 1395 et dans différents articles préparatoires, nous pouvons ici être brefs37. Ces faux – une pseudo-charte d’Alain « par la grâce de Dieu, roi des Bretons létaviens ou armoricains », prétendument datée du 15 mai 689, la relation d’un supposé Parlement tenu par Alain Fergent, duc de Bretagne (1084-1113/1116) en mai 1087 ou 1088, et un traité hypothétique conclu entre Pierre Mauclerc, duc de Bretagne (1213-1237) et le roi Louis IX à Angers en 1231 − semblent avoir été forgés dans la chancellerie bretonne vers la fin du règne de Jean IV, peut-être même par maître Hervé Le Grant, le premier gardien du Trésor des chartes connu de ce jour. Ils étaient certainement connus de l’auteur du Chronicon Briocense – la première tentative majeure de construction de l’histoire du duché depuis ses origines jusqu’au présent, qui fut mise en œuvre entre les environs de 1389 et 1416. En effet, ils viennent, selon nous, soutenir la théorie selon laquelle cette compilation, jusqu’ici considérée comme anonyme, fut réalisée par Le Grant lui-même, dès lors que le Chronicon cite, souvent mot-à-mot, de nombreux documents authentiques qui émanaient du trésor ducal – que Le Grant avait classé – ou qu’il avait personnellement rédigés, dans quelques cas, en sa qualité de secrétaire ducal38. Nous ne pouvons en être absolument sûrs, mais il est très probable que Le Grant ait été responsable non seulement de la fabrication de ces faux, dont le but était de renforcer les arguments en faveur de différentes prérogatives ducales, mais aussi de la conception d’originaux qui furent entreposés avec d’autres lettres et actes prêts à être utilisés, quand des ambassades – de toute évidence celles qui se rendaient à la cour de France – avaient besoin de produire des preuves écrites pour appuyer les revendications qu’elles faisaient au nom de leur maître. Qui plus est, il apparaît clairement dans les exemples qui ont survécu que plusieurs copies de ces faux furent préparées autour de 1400, très probablement par des clercs de la chancellerie bretonne, et que certains furent déposés au Trésor où ils se trouvaient lors de la rédaction de l’inventaire de 1430 et où ils sont encore aujourd’hui conservés39. D’autres copies furent encore faites en différentes occasions au cours de ce siècle ; certaines, dont le fameux pseudo-traité d’Angers de 1231 et le pseudo-Parlement de 1315, ont trompé des savants de renom jusqu’au XXe siècle40. Ce qui importe ici, c’est de noter que leur authenticité semble avoir été acceptée en toute quiétude par les successeurs de Le Grant en 1430 dans l’arsenal de « franchises et privilèges » sur lesquels les ducs et leurs conseillers se fondaient jusqu’à la fin de l’indépendance du duché41, tandis que d’autres copies étaient encore forgées jusqu’au XVIIIe siècle42.
**
19Il est temps de conclure sur la valeur et l’utilisation de l’inventaire de 1430. Compte tenu de l’habitude qu’avaient les bureaucrates médiévaux de se rapporter textuellement à des documents précédents en n’introduisant que des modifications minimales pour les mettre à jour, en se gardant donc d’une charge supplémentaire de travail, pourquoi les compilateurs de cet inventaire n’ont-ils apparemment pas utilisé celui de 1395 comme base de travail ? Pourquoi ont-ils permis à un tel désordre de régner ? Pourquoi cet inventaire a-t-il été un enregistrement si inadéquat du contenu réel du Trésor en 1430 ? Quel genre de procédés mentaux sous-tendait les efforts des compilateurs ? Ceux-ci ne semblent avoir réuni deux documents sur le même thème que très occasionnellement, en les cousant ensemble, par exemple, alors qu’ils étaient séparés en 1395 (nos 255-257, devenus le 706 en 1430). Comment s’occupaient-ils du Trésor depuis qu’Hervé Le Grant avait introduit un minimum d’ordre, si ce n’est apparemment en détruisant son système ? On doit avouer ne pas avoir de réponse claire à offrir. Peut-être le lecteur aura-t-il quelques idées, ou tout au moins sera-t-il en mesure de confirmer ou d’infirmer que c’était une pratique typique dans d’autres Trésors43 ? En ce qui concerne la chancellerie bretonne, les inventaires suivants qui nous sont parvenus, datant des années 1450-1456, bien que partiels, commencent à affronter quelques-uns de ces problèmes en compilant des listes qui sont de nouveau plus clairement thématiques44. Mais ce n’est pas avant la fin du XVIe siècle que des documents individuels peuvent être identifiés précisément ou facilement localisés dans le Trésor des chartes et que l’ordre a finalement été établi.
Notes de bas de page
1 Nous remercions vivement Rémy Ambühl pour la traduction en français de cet article.
2 Arch. dép. Loire-Atlantique, E 239/1, désormais cité comme « Inventaire de 1430 ». Nous sommes très reconnaissant à M. Philippe Charon, directeur des Archives départementales de Loire-Atlantique, et à son équipe, pour leur aide pendant nos visites à Nantes. Il existe une édition dactylographiée par Maëlle Dubreuil-Le Gouefflec, « Transcription et étude de l’Inventaire de 1430 sous Jean V, duc de Bretagne », Travail d’étude et de recherche en Histoire Médiévale sous la direction de M. Jean Kerhervé, Université de Bretagne Occidentale, Brest, 1999, 231 p., que nous avons consultée au Centre de recherche breton et celtique, Brest. Malheureusement, elle a omis quelques articles ; la numérotation donnée ci-dessous est la nôtre.
3 Cf. Michael Jones, Recueil des actes de Jean IV, duc de Bretagne, Paris, Klincksieck puis Rennes, Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 3 t., 1980-2001, t. II, no 624 ; John Bell Henneman, Olivier de Clisson et la société politique en France sous Charles V et Charles VI, traduction par Patrick Galliou, avec une introduction par Michael Jones, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010 (Olivier de Clisson and Political Society in France under Charles V and Charles VI, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1996), est le compte-rendu le plus complet des relations entre Jean IV et son grand vassal ; pour la prise de Clisson au château de l’Hermine et ses conséquences, p. 179 de la traduction (p. 120 et suiv. de l’édition anglaise).
4 M. Jones, « Membra disjecta of the Breton Chambre des Comptes in the late Middle Ages : treasures revisited and rediscovered », War, Government and Power in Late Medieval France, Christopher Allmand (dir.), Liverpool, Liverpool University Press, 2000, p. 209-220.
5 R. Blanchard (éd.), Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, Nantes, Société des bibliophiles bretons, cinq tomes, 1889-1895, t. I, p. IV.
6 Arch. dép. Loire-Atlantique E 238, publié par M. Jones, Le Premier Inventaire du Trésor des chartes des ducs de Bretagne (1395). Hervé Le Grant et les origines du Chronicon Briocense, Rennes, Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, « Archives historiques de Bretagne », 2007.
7 Le Premier Inventaire, p. 24-41 ; M. Jones, « Memory, invention and the Breton state : the first inventory of the ducal archives (1395) and the beginnings of Montfort historiography », Journal of Medieval History, t. 33, 2007, p. 275-296 et « Hervé Le Grant, garde des archives des ducs, et le premier inventaire du Trésor des chartes (1395) », Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, t. 145, 2010, p. 105-126.
8 Le Premier Inventaire, no 118 et note 132 ; Inventaire de 1430, fo 31v no 622 ; Arch. dép. Loire-Atlantique, E 240/1, Inventaires de 1450-1456, fo 10v-11 où on peut trouver des détails sur les seize ajournements datés entre 1312 et 1334. La majorité concerne Jean III (1312-1341) mais la plupart des originaux sont maintenant dispersés ou perdus. Pour « XVIII lettres cousues ensemble faisant mencions des deffenses faictes par le Roy [Charles VI] es parties de Normandie par les sergens royaux que nuls ne feust si hardi ne ouse de venir guerroier en Bretagne pour le duc de Bretaigne ne pour la comtesse de Penthevre, seellées chacunes d’un petit seel etc. » (Inventaire de 1430, fo 12v, no 199), voir Arch. dép. Loire-Atlantique, E 168, nos 11-28, septembre 1408.
9 C’est l’illustration de la couverture du Premier Inventaire.
10 Le Premier Inventaire, p. 61-62.
11 Arch. dép. Loire-Atlantique, E 243 ; il existe plusieurs copies des XVIIe et XVIIIe siècles, à Nantes et ailleurs.
12 Léon Maître, Inventaire-sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, Loire-Inférieure, t. III, Archives civiles [Série E], Nantes, Imprimerie de l’Ouest, 1879.
13 Cf. Le Premier Inventaire, p. 17-18 et, surtout, Philippe Contamine, « La mémoire de l’État : les archives de la Chambre des comptes du roi à Paris au XVe siècle », Media in Francia. Recueil de mélanges offerts à Karl Ferdinand Werner à l’occasion de son 65e anniversaire par ses amis et collègues français, Maulévrier, Hérault, et Paris, Institut historique allemand, 1989, p. 85-100 (repris dans son recueil d’articles Des pouvoirs en France, 1300-1500, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1992, p. 237-250).
14 Le Premier Inventaire, no 200, Inventaire de 1430, fo 33 no 653, dont l’original est aux Arch. dép. Loire-Atlantique, E 126 no 1, une enquête par Thierry de Galard, sénéchal du Poitou, 24 mai 1220, endossé Que le duc de Bretaigne puet faire ses bans comme il veult en Loyre.
15 Inventaire de 1430, fo 7 no 104, lettres de Jean Perceval, 14 novembre 1430.
16 Arch. dép. Loire-Atlantique, E 181 (cf. Inventaire de 1430, fo 5v no 75), publiée dans Eugène Cosneau, Le Connétable de Richemont. Arthur de Bretagne, 1393-1458, Paris, Hachette, 1886, p. 533.
17 L’article de l’abbé Arthur Bourdeaut, « Jean V et Marguerite de Clisson. La ruine de Châteauceaux », Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, t. 54, 1913, p. 331-417, reste le meilleur récit de ces événements.
18 J. Henneman, Olivier de Clisson et la société politique en France sous Charles V et Charles VI, op. cit., est le compte-rendu le plus complet des relations entre Jean IV et ses grands vassaux.
19 Le Premier Inventaire, p. 41-53 ; cf. M. Jones, La Bretagne ducale. Jean IV de Montfort (1364-1399) entre la France et l’Angleterre, traduction de Nicole Genet et Jean-Philippe Genet, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998, p. 181-203 pour les terres du duc en Angleterre (Ducal Brittany 1364-1399. Relations with England and France during the reign of duke John IV, Oxford, Oxford University Press, 1970).
20 L’étude pionnière fut celle d’Ernest Texier, « Des appels du Parlement de Bretagne au Parlement de Paris », Travaux juridiques et économiques de l’Université de Rennes, t. 1, fasc. 1, 1906, p. 113-151 ; malheureusement l’auteur dépendait exclusivement des sources imprimées, dont quelques-unes, comme le prétendu traité entre Louis IX et le duc Pierre Mauclerc (1213-1237) à Angers en 1231, et comme la prétendue réunion des États de Bretagne en 1315, sont des faux (voir pour ce dernier cas classique, Barthélémy-Amédée Pocquet du Haut-Jussé, « Les faux États de Bretagne de 1315 et les premiers États de Bretagne », BEC, t. 85, 1925, p. 388-406).
21 Le Premier Inventaire, nos 250-276 ; cf. Michael Jones, « Jean IV et le Pays de Retz : l’exercice et les limites du pouvoir ducal à la fin du XIVe siècle », Échanges et pouvoirs au pays de Retz à la fin du Moyen Âge. Le printemps de l’histoire. Machecoul, 14 avril 2007. Actes du colloque organisé par la Société des Historiens du Pays de Retz, La Mothe Achard, 2008, p. 31-41.
22 Le Premier Inventaire, nos 277-292 (La Guerche), 336-349 (Cornouaille), 350-354 (Saint-Malo).
23 Inventaire de 1430, fo 11 no 166 ; 11v no 173 ; 14 nos 224, 230 ; 14v nos 236-238, 240 ; 19 no 321 ; 19v no 337 ; 20 nos 340, 345 ; 20v no 360 ; les originaux se trouvent dans Arch. dép. Loire-Atlantique, E 73 nos 1-14 ; ces événements sont discutés brièvement dans Jean Kerhervé (dir.), Histoire de Quimper, Toulouse, Privat, « Univers de la France et des pays francophones », 1994, p. 66-67.
24 Inventaire de 1430, fo 24v no 454 ; 28v nos 543 et 544 ; pour des originaux, voir Arch. dép. Loire-Atlantique, E 159 et E 160.
25 Inventaire de 1430, fo 8 no 120 ; 15 no 248 ; 15v no 251 ; 19v nos 327, 332, 334 ; 20 no 346 ; 32 no 631 ; 33 no 659.
26 A. Bourdeaut, « Jean V et Marguerite de Clisson », art. cit. ; Michael Jones, « Trahison et l’idée de lèse-majesté dans la Bretagne au XVe siècle », Actes du 107e Congrès national des sociétés savantes, Brest, 1982. Section de philologie et histoire jusqu’à 1610, t. I, Paris, CTHS, 1984, p. 91-106, et « Marguerite de Clisson, comtesse de Penthièvre et l’exercice du pouvoir », Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, Éric Bousmar, Jonathan Dumont et Alain Marchandisse (dir.), Bruxelles, De Boeck, « Bibliothèque du Moyen Âge, 28 », 2012, p. 349-368.
27 Inventaire de 1430, fo 27 no 513 = Recueil des actes de Jean IV, t. II, no 1060 (lettres du duc et la duchesse annonçant les termes du contrat, 26 juin 1396). Deux lettres du comte d’Alençon, en date du 4 août 1396, concernant le paiement de 25 000 livres, une partie de la dot, sont mentionnées dans l’Inventaire de 1430, fo 9v no 145 et 14v no 232.
28 Inventaire de 1430, fo 9 no 133 = Lettres de Jean V, t. I, no 323 (lettres du duc pour le contrat de mariage, 30 juillet 1406, dont l’original se trouve aux Arch. dép. Loire-Atlantique, E 9) avec la souscription « Hervé Le Grant, notaire apostolique et par Pierre de Mayres, notaire royal ». D’autres lettres concernant ce mariage se trouvent dans l’Inventaire de 1430, fo 9 nos 129 (pouvoir du comte d’Armagnac pour recevoir 30 000 francs, 15 avril 1407), 130 (quittance du comte d’Armagnac pour 30 000 francs, 26 juin 1407), 131 (procuration d’Armagnac pour le mariage, 2 juillet 1406) et 132 (« Une rolle en papier [...] et certaines minutes en deux pieces de papier touchant la chose dessud »), l’un des rares groupes de documents sur le même sujet dans cet inventaire. Il y a aussi une mention de l’alliance entre Jean V et Bernard, comte d’Armagnac, à la date du 4 septembre 1408 (fo 12 no 185) dont la version publiée dans Lettres de Jean V, t. II, no 1041, avec la date du 30 septembre 1408, est faite d’après une copie du 7 février 1502 (Arch. nat., P 13721 no 2018).
29 Pour des relations avec la famille d’Orléans, voir, par exemple, l’inventaire de 1430, fo 12 no 184 (confirmation du traité d’alliance avec la duchesse d’Orléans, 28 septembre 1408) et 190 (ratification d’alliance par le duc d’Orléans, 16 mai 1408, cf. Lettres de Jean V, t. II, no 1031 et note 3).
30 Michael Jones, « Entre la France et l’Angleterre : Jeanne de Navarre, duchesse de Bretagne et reine d’Angleterre (1368-1437) », Autour de Marguerite d’Écosse. Reines, princesses et dames du XVe siècle. Actes du Colloque de Thouars (23 et 24 mai 1997), Geneviève et Philippe Contamine (dir.), Paris, Champion, « Études d’histoire médiévale, 4 », 1999, p. 45-72.
31 Inventaire de 1430, fo 1, nos 3 (trêve de Henri V et Jean V, 16 novembre 1417), 5 (lettres de Henri V, date et sujet illisibles) ; 1v no 8 (trêve, 19 mars 1419) ; 3 no 33 (lettres pour des procureurs de Henri V, 4 janvier 1414) ; 3v no 43 (trêve de 1405 ou de 1418, daté de la sixième année du règne d’un roi Henri) ; 13 no 208 (sauf-conduit de Henri IV, 18 juin 1410) ; pour les originaux voir Arch. dép. Loire-Atlantique, E 121.
32 Inventaire de 1430, fo 4 nos 55 (lettres de Henri VI pour la paix, 7 avril 1428), 56 (lettres de Henri VI pour maintenir les droits et franchises du duc, 3 juillet 1427) ; 4v no 57 (procuration de Henri VI, 3 juillet 1427) ; 5 nos 65 (traité d’alliance des ducs de Bourgogne, de Bedford et de Bretagne, Amiens, 17 avril 1423, dont un original se trouve aux Arch. dép. Loire-Atlantique, E 177 = Lettres de Jean V, t. III, no 1556), 67 (sauf conduit de Henri VI, 12 décembre 1422), 70 (traité d’alliance du duc de Bedford et Jean V, Amiens, 17 avril 1423, dont un original est aux Arch. dép. Loire-Atlantique, E 121 = Lettres de Jean V, t. III, no 1555), 71 (lettres de seurté du duc de Bedford, 12 février 1423) ; 5v nos 78 (autre copie du traité d’alliance du duc de Bedford et Jean V, 17 avril 1423), 79 (sauf-conduit de Henri VI et le duc de Bedford pour le mariage d’Arthur de Richemont, 13 décembre 1422), 81 (5 lettres closes des Anglais au duc Jean V, dont 4 du duc de Bedford, sans date).
33 Inventaire de 1430, fo 5 nos 65 (traité d’alliance des ducs, 17 avril 1423), 68 (lettres de seurté, 25 février 1423).
34 Inventaire de 1430, fo 17 no 290 ; 22 no 393 ; 23v nos 420, 424, 428 ; 24 no 443 ; 24v nos 446-451, 453 ; 25 no 459.
35 Michael Jones, « Malo au riche duc : retour sur les événements à Saint-Malo en 1384 », Annales de la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo, année 2002, p. 131-144.
36 Le Premier Inventaire, nos 350-354.
37 Le Premier Inventaire, p. 78-84 et les articles cités note 7.
38 Cf. Le Premier Inventaire, p. 80.
39 Inventaire de 1430, fo 3v no 42 (« Item un papier ou quel sont contenu les informacions faites en Bretaigne par Alain Roy de Bretaigne a la requeste des prelaz, contes et barons. Item comment lesd. prelaz et barons doyvent soir en parlement du duc selon l’ancien temps. Item comme Bretaigne fut premier subgite au Roy de France par Pierre de Drosco, duc de Bretaigne pour le temps. ») et 4v no 62 (« Item vidimus du privilege du duc contenant plusours libertez et declarations des droiz et libertez du duché, lequel fut donné l’an mil IIIc XV seell’d’un seau tout rompu en coue double et cire vert »). Pour un « original » de la pseudo-charte d’Alain Fergent, mais maintenant attribuée à un duc « J » et avec la date 9 mai 1062, voir Arch. dép. Loire-Atlantique, E 59 no 3, publié par M. Jones, « Memory, invention and the Breton state : the first inventory of the ducal archives (1395) », op. cit., p. 296, et dont une reproduction photographique se trouve dans M. Jones, « Hervé Le Grant », op. cit., p. 126.
40 Cf. note 20 ci-dessus. Dès le XVIIe siècle, Le Nain de Tillemont avait déjà dénoncé le pseudo-traité d’Angers, et Pierre Hévin, le grand avocat rennais, « avait justement qualifié de marchandise de contrebande » la fausse charte d’Alain Fergent (B.-A. Pocquet du Haut-Jussé, « Les faussaires en Bretagne », Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques [jusqu’à 1715], 1951 et 1952, Paris, Imprimerie nationale, 1953, p. 97).
41 Une copie de la pseudo-charte d’Alain Fergent (probablement la même que celle mentionnée dans l’Inventaire de 1430) se trouve dans un inventaire du 8 octobre 1450, Arch. dép. Loire-Atlantique, E 240/1 fo 26f, « Un cahier en papier intitulée : Qualiter prelati et proceres Britannie deberunt sedere in Parlamento ducis [...] ».
42 Albert Mousset, « Nicolas Delvincourt et le Nobiliaire de Bretagne », Annales de Bretagne, t. 79, 1914, p. 479-498.
43 Dans les archives des ducs de Bourbon, classées par leurs gens de comptes au cours du XVe siècle, « chaque sac, chaque coffret, chaque layette portait un titre indiquant le contenu général des documents qu’il renfermait », mais « on demeure frappé par l’absence totale de cotation » dans la majorité des inventaires, « ce qui laisse à penser que les actes ont été placés pêle-mêle, en fonction de leur contenu, dans les sacs ou les layettes [...] sans être distingués par un numéro d’ordre ou une marque caractéristique qui les renvoyât à l’inventaire. Dans ces conditions, il est clair que toute recherche de documents devait être rendue difficile lorsque les layettes et les sacs en comprenaient un grand nombre » (Olivier Mattéoni, « La conservation et le classement des archives dans les Chambres des comptes de la Principauté bourbonnaise à la fin du Moyen Âge », La France des principautés. Les Chambres des comptes XIVe et XVe siècles, Ph. Contamine et O. Mattéoni (dir.), Paris, 1996, p. 65-81, repris dans son recueil d’articles, Institutions et pouvoirs en France, XIVe-XVe siècles, Paris, Picard, « Les médiévistes français, 10 », 2010, p. 170-186, particulièrement aux p. 175 et 180 pour les citations.
44 Arch. dép. Loire-Atlantique, E 240/1, une série de cahiers en papier dont les principaux sont fo 1-15 « S’ensuyt l’inventaire des lettres estantes ou tresor du duc mon souverain seigneur en son chasteau de Nantes [...] » (septembre 1450), dont 118 articles ; fo 17-22 « S’ensuyt autre inventoire de certaines lettres [...] estantes a Vennes » (1er octobre 1450) ; fo 23-40 « S’ensuyt partie dudit inventaire desdites lettres baillées a Nantes par maistre Pierre Le Clerc, curé de Vitré en l’absence dudit messire Jean Prigent » (7-13 octobre 1450) ; fo 42-53, un cahier qui mentionne des documents diplomatiques et royaux (octobre 1450) ; suivent quelques listes assez courtes y compris fo 63-65, autres lettres baillées à Yves de Pontsal, évêque de Vannes, comme vice-chancelier, 20 mai 1451 ; fo 67-68, lettres concernant les Marches de Bretagne aussi livrées à Pontsal, 16 août 1451 ; puis fo 68v et suiv., un registre assez dense de lettres, testaments, comptes, livres, rôles, pour la plupart sans indication de lieu et sans ordre évident ; mais au fo 98, on donne une description du contenu de certaines armoires dans le Trésor des chartes à Nantes (« Item en une armoire prochaine de l’entrée a dextre, savoir la moyenne des trois de laquelle la claveure est levée [...] Item en l’aultre armoire au dessoubz [...] Item en l’aultre armoire prouchaine au cousté d’icelle [...] Item en la sizeme et derraine armoire par dessoubz dud. cousté [...] »). Vers la fin des listes courtes, des documents recommencent y compris ceux livrés par Pierre Le Clerc le 2 octobre 1451 (fo 103 et 104), et un inventaire « Des lettres que Reverend Pere en Dieu missire Yves evesque de Vennes a baillié du commandement du duc et de son conseil a Olivier de Coetlogon, conseiller et contrerolleur de la meson du duc, pour le voyage de Paris » (fo 109-112v, mai 1456), avec des documents Touchant les Regaeres (fo 110), mention du célèbre Livre des Ostz (fo 110v = 1395, no 837, dont l’original est aux Arch. dép. Loire-Atlantique, E 132, publié par Frédéric Morvan, « Le Livre des Ostz (1294). Un éclairage sur les rapports du duc et de la noblesse bretonne à la fin du XIIIe siècle », Noblesses de Bretagne du Moyen Âge à nos jours, Jean Kerhervé (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes – Institut culturel de Bretagne, 1999, p. 37-88) ; une section « Dei gratia » (fo 111), une autre section « Touchant le Parlement de Bretaigne [...] » et, à la fin, « S’ensuyt aultres lettres touchantes les noblesczes du duc » (fo 112-112v), avec la note « Cestes lettres contenues en cest inventoire j’ai eues de mondit seigneur de Vennes pour porter a Paris le quart jour de May l’an LVI. Coetlogon ». Dans Arch. dép. Loire-Atlantique, E 241 et E 242, se trouvent d’autres inventaires partiels assez semblables, quelques fois avec des thèmes précis, pour les années 1450-1509.
Auteur
Professeur émérite à l’Université de Nottingham.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Essai sur le philosémitisme catholique
Entre le premier et le second Vatican. Un parcours dans la modernité chrétienne
Olivier Rota
2012
La traversée France-Angleterre du Moyen Âge à nos jours
Stéphane Curveiller, Florence Hachez-Leroy et Gérard Beauvillain (dir.)
2012
Les religions dans le monde romain
Cultes locaux et dieux romains en Gaule de la fin de la République au iiie siècle après J.-C : persistance ou interprétation ?
Marie-Odile Charles-Laforge (dir.)
2014
Les archives Princières xiie-xve siècles
Xavier Hélary, Jean-François Nieus, Alain Provost et al. (dir.)
2016
Les Comtes d’Artois et leurs archives. Histoire, mémoire et pouvoir au Moyen Âge
Alain Provost (dir.)
2012
Mobilités et déplacement des femmes
Dans le Nord de la France du Moyen Âge à nos jours
Youri Carbonnier, Stéphane Curveiller et Laurent Warlouzet (dir.)
2019
Deux siècles de caricatures politiques et parlementaires
Pierre Allorant, Alexandre Borrell et Jean Garrigues (dir.)
2019