Les archives des comtes de Flandre jusqu’au milieu du xiiie siècle
Chronique d’une naissance difficile
p. 43-65
Texte intégral
1Le comté de Flandre au Moyen Âge central est présenté à raison dans l’historiographie comme l’une des principautés territoriales les plus solides d’Occident, tenue d’une main ferme par des dynastes doués d’un grand talent politique et servis par des rouages institutionnels qui ont très tôt favorisé la centralisation du pouvoir1. Cette précocité administrative a logiquement conduit les historiens à comparer la Flandre à l’Angleterre voisine, dont il n’est pas besoin de rappeler l’avance sur les autres régions du nord de l’Europe dans le domaine du gouvernement par l’écrit2. L’existence d’une organisation financière sophistiquée et d’une chancellerie efficace dès le premier tiers du XIIe siècle, l’existence aussi de circonscriptions administratives très anciennes (les châtellenies) gérées dès la seconde moitié du XIIe siècle par des officiers salariés et révocables (les « proto-baillis ») sont autant d’éléments qui ont contribué à la réputation de « modernité » du comté de Flandre – réputation bien évidemment confortée par son extraordinaire essor économique et urbain3.
2La richesse de la bibliographie consacrée au développement institutionnel de la Flandre par des générations de médiévistes, depuis la somme de Leopold August Warnkönig4 jusqu’aux travaux les plus récents de l’école de Gand5, ne surprend donc nullement. Ce qui étonne, en revanche, c’est l’absence ou presque d’études relatives aux archives des comtes de Flandre, à la formation et à l’utilisation d’une « mémoire écrite » par les gouvernants de cette principauté de premier plan, et ce malgré le regain d’intérêt général dont ces thématiques bénéficient grâce à la vogue des recherches sur les pratiques de l’écrit6. Il n’existe guère qu’une note d’Egied Strubbe relative à un petit lot de chartes retrouvées dans les archives du chapitre Saint-Donatien à Bruges, et un article plus récent dans lequel Maurice Vandermaesen analyse une liste dressée par le chancelier Guillaume d’Auxonne à l’occasion d’un déménagement d’archives vers le château de Rupelmonde, près d’Anvers, dans les années 13307. On en retire d’utiles données sur les localisations successives des archives comtales au Moyen Âge, mais l’état des connaissances s’arrête là.
3Il faut dire que la situation moderne des archives comtales est de nature à décourager le chercheur pressé. De démembrements en déplacements, le fonds médiéval a connu pendant tout l’Ancien Régime des tribulations impossibles à résumer ici, qui ont mis son unité à mal et pourraient aussi (mais cela reste à démontrer) l’avoir considérablement appauvri8. Ce qui était conservé au château de Rupelmonde au sortir de la période médiévale se trouve aujourd’hui éclaté entre les Archives de l’État à Gand, les Archives départementales du Nord à Lille et la Bibliothèque nationale de France à Paris, qui se partagent la plus grande partie du fonds, mais auxquelles s’ajoutent encore, pour des fractions plus modestes, les Archives générales du Royaume à Bruxelles, les Archives du Grand Séminaire de Bruges et les Archives de l’État à Mons9. L’approche des deux plus grosses portions du fonds est en outre compliquée par des contingences propres : la partie gantoise est divisée en trois sous-ensembles ayant chacun leur inventaire distinct (Fonds de Saint-Genois, Fonds Gaillard, Fonds Wyffels)10, tandis que celle de Lille a été mélangée aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles à des documents provenant d’autres archives médiévales, en particulier celles des comtes de Hainaut (pour former la série B)11.
4Les archives des comtes de Flandre ont donc de nos jours des allures de fourbi, aggravées encore par la disparité des instruments qui y donnent accès (dont aucun ne répond par ailleurs aux exigences scientifiques en matière d’inventorisation). Leur étude interne implique donc un lourd effort de reconstitution, tout spécialement si l’on veut s’intéresser, comme c’est le cas ici, à leur noyau le plus ancien, celui des XIIe et XIIIe siècles. Il s’agit non seulement de reconstituer le corpus des originaux dispersés, mais aussi de croiser ce corpus avec les informations complémentaires que fournissent les autres voies de transmission des documents comtaux, à savoir essentiellement les cartulaires et les inventaires. Il n’existe au demeurant pour la Flandre aucune source de ce type contemporaine de la période qui nous occupe, comparable à la belle liste – une réalisation flamande, pourtant – des actes qui se trouvaient dans le chartrier des comtes de Namur en 126312. Hormis les notes sommaires de Guillaume d’Auxonne concernant le transfert de certaines archives en 1336, le plus ancien inventaire conservé date de 1388. Ce monument, qui mériterait une étude en soi, décrit pièce par pièce, avec souvent de copieuses analyses, les milliers de documents qui reposaient au château de Rupelmonde à la fin du XIVe siècle, répartis dans dix-sept grandes armoires13. Il présente toutefois le défaut, gênant pour nous, de négliger facilement les chartes les plus anciennes au motif que, comme le dit crûment son auteur, elles « sont expirées et ne valent pas aujourdui un parisis »14. Aucun cartulaire qui aurait recopié une partie significative du chartrier comtal n’a été produit par l’administration comtale. Le seul recueil qui s’en rapproche est le « cartulaire de Flandre » compilé par Guillaume d’Auxonne dans les années 1330, qui regroupe en fait une série de dossiers thématiques, constitués surtout au départ d’actes trouvés dans les registres de la chancellerie (tenus dès les années 1260) ; les actes tirés des archives n’y sont représentés qu’en petit nombre15.
5Les pages qui suivent visent à esquisser un aperçu du premier siècle de l’histoire des archives flamandes, dont les plus anciennes traces remontent aux années 1160, sur la base des données extraites de ces différentes sources d’information. Les ambitions sont modestes. Il s’agit de tenter de répondre à quelques questions simples, qui ont du moins le mérite d’être posées pour la première fois. Quand les comtes de Flandre ont-ils commencé à tenir leurs archives ? À quel rythme celles-ci se sont-elles développées jusqu’au milieu du XIIIe siècle ? Quel fut l’impact de l’union personnelle avec le Hainaut ? À qui était confiée la garde des archives ? Quelles furent les pratiques archivistiques mises en œuvre ?
I – Des débuts laborieux, entre Flandre et Hainaut (ca. 1160-1206)
6Dans son article de 1934, E. Strubbe avait attiré l’attention sur un tout petit groupe de huit chartes datées entre 1167 et 1242, conservées dans les archives du chapitre Saint-Donatien à Bruges, mais que leur objet rattache indiscutablement aux archives comtales. Comme l’écrivait Strubbe, ces chartes apportent la preuve que le chartrier comtal avait été originellement confié aux chanoines de Saint-Donatien, avant d’être retiré à leur garde à une date postérieure à 1242. Il va sans dire que ces quelques parchemins oubliés dans le fonds canonial ne représentent qu’une infime fraction du chartrier comtal tel qu’il existait au milieu du XIIIe siècle. Le recensement systématique des documents antérieurs à 1251 conservés en original ou en copie, ou figurant parmi les deperdita de l’inventaire général de 1388, permet d’identifier 270 actes qui proviennent des premières archives des comtes de Flandre16. Ils se répartissent comme suit :
Tableau 1 – Tradition des archives comtales (1167-1250)
Modes de transmission | Nombre d’actes |
Originaux (235) : Arch. dép. Nord | 159 |
R.A. Gand | 31 |
BnF | 26 |
A.G.R. | 10 |
A.B. Bruges | 7 |
A.É. Namur | 2 |
Copies | 8 |
Inventaire de 1388 | 27 |
Total | 270 |
7Le chiffre brut de 270 actes peut paraître relativement maigre, si on le compare par exemple, pour évoquer une principauté septentrionale assez similaire à la Flandre, aux 443 actes que contient déjà le cartulaire compilé au seuil des années 1220 pour la comtesse de Champagne Blanche de Navarre17. Faiblesse initiale de l’archivage ? Effet d’une subtilité institutionnelle qui nous échapperait ? Conséquence de coupes documentaires ultérieures ? Des pertes sont avérées, nous allons le voir, mais dans des proportions somme toute réduites. Deux éléments incitent en fait à l’optimisme. D’une part, la grande majorité des actes décrits dans l’inventaire de 1388 sont parvenus jusqu’à nous : pas moins de 119 sur 146, soit 81,5 %. D’autre part, un chartrier seigneurial qui a été versé dans les archives comtales au milieu du XIIIe siècle, celui des sires de Béthune, apparaît lui aussi, après étude, en excellent état de conservation, alors qu’il se compose pour une bonne part de petites quittances financières qui n’intéressaient plus personne en 138818. La part des pertes accidentelles ou des destructions volontaires serait donc finalement très limitée. La question de la représentativité du matériel documentaire préservé est toujours délicate à trancher dans un contexte tel que celui-ci, mais en l’occurrence, il ne semble pas déraisonnable de penser que le corpus de 270 actes dont nous disposons autorise des observations point trop biaisées sur les débuts de l’archivage en Flandre.
8À quand remonte la naissance des archives comtales ? Au moment d’aborder cette question épineuse, un détour par les premières sources liées à l’administration financière de la principauté s’impose, en vue d’un double constat. D’un côté, en effet, ces sources sont singulièrement précoces dans le cadre européen du XIIe siècle : Galbert de Bruges évoque dans son récit bien informé les « brevia et notationes de redditibus comitis » gardés par le prévôt de Saint-Donatien en 112719, et le plus ancien fragment de comptabilité qui nous est parvenu date effectivement du début du XIIe siècle20. Mais d’un autre côté, il existe entre ces premiers témoignages fortuits et les plus vieux documents comptables encore présents dans les archives – à savoir le Gros brief de 1187, lui-même isolé21 – un hiatus important qui trahit une défaillance dans la transmission de la documentation antérieure au milieu du XIIIe siècle22. L’avance prise par la Flandre dans le domaine des pratiques administratives fondées sur l’écrit ne serait-elle pas allée de pair avec une mise en place rapide de mécanismes de conservation dans la longue durée ? Que devenaient, au bout de quelques années ou décennies, les brevia produits annuellement depuis le début du XIIe siècle ? Le fait que les fragments comptables de la première moitié du XIIe siècle ont été retrouvés dans des reliures fabriquées avant la fin du même siècle ne plaide pas en faveur de l’existence de procédure de conservation à cette époque23. C’est là tout ce qu’on peut dire. Les lots de viez comptes qui remplissaient deux armoires du château de Rupelmonde 1388 n’ayant pas été décrits dans l’inventaire, nous n’aurons jamais de certitude sur le sujet24.
9Certes, dans cette réflexion sur les origines, la documentation comptable et le pan proprement diplomatique des archives ne doivent pas nécessairement être traités sur le même pied, puisque les chartes reçues par les comtes possédaient souvent une valeur perpétuelle qui justifiait – mieux : nécessitait – leur préservation à très long terme. À cet égard, au terme de mes dépouillements, le jalon chronologique de 1167 fourni par l’un des actes « oubliés » à Saint-Donatien après 1242 se trouve confirmé : le traité de paix négocié cette année-là entre le comte Philippe d’Alsace (1157/68-1191) et son voisin hollandais Florent III est le plus ancien document connu des archives comtales25. Il est toutefois curieusement esseulé, puisqu’on ne conserve par ailleurs qu’un second acte de l’époque de Philippe d’Alsace, daté de 1189, qui se présente comme lui sous forme de chirographe26 (tabl. 2). Philippe, qui fut en son temps l’un des princes les plus influents d’Occident27, a pourtant dû sceller un certain nombre d’autres chirographes durant sa longue carrière, en particulier des accords politiques, dont on trouve parfois la trace dans les chartriers de ses interlocuteurs. Tel est le cas du renouvellement du traité de Douvres de 1101, conclu avec Henri II Plantagenêt en 116328, ainsi que du contrat réglant les modalités du mariage de sa nièce avec le fils du duc de Brabant en 117929. Notons cependant que l’exemplaire flamand de ce second document existait encore à la fin du XIIIe siècle, entreposé dans les archives de l’abbaye Saint-Pierre de Gand30.
10Il est encore plus étonnant de constater que les deux gouvernements suivants, ceux de Baudouin VIII (1191-1194) et Baudouin IX (1194-1205), devenu empereur de Constantinople en 1204, n’ont pas laissé de traces plus tangibles dans les archives comtales : quatre actes au maximum pour le premier, une dizaine pour le second (tabl. 2). Autant dire rien. La Flandre ne fait donc absolument pas exception à cette caractéristique générale de l’archivage princier au Moyen Âge central, qui en est aussi l’une des grandes énigmes : le tournant des XIIe et XIIIe siècles constitue une sorte de barrière en amont de laquelle les parchemins conservés se comptent littéralement sur les doigts de la main. Le phénomène touche tous les niveaux d’autorité séculière. Le trésor des chartes capétien, à peu près vide de pièces antérieures à 1194 – conséquence ou non de la perte des bagages royaux à Fréteval, on en discute encore –, en est la preuve au sommet de la hiérarchie31. Peu de principautés septentrionales sont à retirer du lot ; même la Champagne, dotée d’une administration très performante et dont les archives, on l’a dit, se dilatent à une allure impressionnante après 1200, obéissent à la règle32. On ne constate ni avance, ni retard dans les comtés de second rang et dans les grandes baronnies, où les chartriers bourgeonnent exactement au même moment33. Il y a donc bien, dans le champ de la conservation, un « moment 1200 », qui est du reste l’un des symptômes majeurs de la « révolution de l’écrit » qui a marqué l’Occident médiéval à cette époque34. Reste que le quasi-désert qui précède l’essor rapide des archives princières au XIIIe siècle ne s’explique pas de manière satisfaisante. Il est difficile d’admettre, me semble-t-il, que les grandes administrations n’aient rien engrangé, ou presque, durant la seconde moitié du XIIe siècle. Un doute plane toujours sur de possibles pertes documentaires, peut-être massives, causées ou aggravées par un sous-développement persistant de la « conscience archivistique » des autorités laïques en amont du XIIIe siècle.
11Ce qui surprend vraiment dans le cas flamand, c’est l’atonie des décennies 1190 et 1200, lesquelles donnent tout de même le signal du départ dans la plupart des principautés voisines. Il faut patienter jusqu’au gouvernement personnel de Jeanne de Constantinople (1212-1244) pour assister à une crue régulière des archives comtales. Certes, le départ de Baudouin IX pour l’Orient en 1202, puis la minorité de sa fille aînée (1204-1212) n’ont probablement pas été des circonstances propices à une gestion scrupuleuse du chartrier. La vie institutionnelle ne s’est cependant pas arrêtée ; il semble au contraire que l’appareil administratif ait continué à fonctionner à peu près normalement35.
12À côté de probables saignées documentaires, le problème n’est peut-être pas étranger au fait que Baudouin VIII et ses successeurs possédaient également le comté de Hainaut. Il faut en effet se demander quelles furent les conséquences de cette union personnelle pour les pratiques d’archivage naissantes. Baudouin VIII, alias Baudouin V de Hainaut (1171-1195), aurait-il gardé l’habitude, après son accession au pouvoir en Flandre (1191), de rediriger la plupart des actes qui lui étaient adressés, y compris ceux qui étaient relatifs aux affaires flamandes, vers son chartrier « familial » ? Et de même son fils Baudouin IX/VI après lui ? L’étude de ce qui subsiste encore des premières archives hennuyères, esquissée par Valeria Van Camp dans le présent volume, paraît en effet corroborer cette hypothèse : le cartulaire comtal des années 1290 renferme plusieurs actes de la fin du XIIe et du tout début du XIIIe siècle (parfois aussi conservés en original) qui se rapportent à la politique générale des Baudouin, comme les traités d’alliance conclus avec le duc de Brabant et le roi d’Angleterre entre 1194 et 119936.
13Il en est même quelques-uns qui concernent exclusivement la Flandre. Le dossier de la « gavène du Cambrésis », en particulier, est très éclairant à cet égard. La « gavène » est un impôt perçu par les comtes de Flandre en tant qu’avoués des églises du diocèse de Cambrai, qui fut une source de conflits incessants avec le clergé local durant tout le Moyen Âge37. En 1189, un accord entre Philippe d’Alsace et l’Église de Cambrai fut coulé dans un chirographe dont les deux moitiés subsistent encore aux Archives départementales du Nord, l’une dans la série B, l’autre dans le fonds du chapitre cathédral38. Jusqu’au XIVe siècle, chaque comte de Flandre rénove solennellement cet accord en recopiant son texte dans un nouveau chirographe qui vient s’ajouter à ceux déjà présents dans les archives des deux parties39. L’exemplaire de Philippe d’Alsace a logiquement rejoint le chartrier flamand : des notes dorsales des XIIIe et XIVe siècles, caractéristiques de celui-ci, en font foi40. La version reçue par Baudouin VIII/V, elle, a disparu, mais on en trouve une copie de la fin du XIIIe siècle dans… le premier cartulaire de Hainaut41. Mieux : celle produite au nom de Baudouin IX dès son accession en Flandre à la fin de 1194, qui existe toujours en original, porte des mentions dorsales qui la rattachent sans ambiguïté au chartrier de Hainaut42. Il faut attendre les exemplaires ultérieurs de Thomas de Savoie (1238) et de Marguerite de Constantinople (1245) pour que la série flamande recommence à être alimentée43. Le cas de ces chirographes est d’autant plus révélateur qu’ils n’ont rien à voir avec la politique hennuyère. Ils trahissent clairement l’existence, à la fin du XIIe siècle, d’une propension à privilégier les archives des comtes de Hainaut. Bien sûr, l’état actuel de ces dernières, peut-être très fragmentaires, empêche de mesurer l’ampleur des versements ainsi opérés au détriment du fonds flamand. On peut seulement observer qu’ils semblent s’être arrêtés après 120444, et subodorer qu’ils pourraient s’être produits sous l’influence du chancelier Gislebert de Mons, chef des services administratifs du comte Baudouin V de Hainaut depuis de nombreuses années au moment de la réunion des deux principautés45, sans doute mû par la perspective d’une unification politique durable.
14Dans le même ordre d’idées, on notera qu’un acte de décembre 1204 concernant les relations entre la Flandre et la Hollande – il porte ratification du traité de 1167 par le comte Louis II de Looz, candidat à la succession du défunt Thierry VII de Hollande – n’a pas non plus, à l’origine, trouvé le chemin des archives comtales flamandes. Cette réfection du vieux traité hollandais, négociée à Bruges sous les auspices du régent de Flandre Philippe le Noble, marquis de Namur, a été expédiée vers le chartrier namurois, où sa présence est attestée jusque dans les années 126046 ; elle semble n’avoir été rapatriée vers les archives flamandes qu’au XIVe siècle47. Gislebert de Mons, dont on sait qu’il a travaillé pour Philippe le Noble entre 1196 et 1212 en relocalisant son activité administrative à Namur48, doit peut-être encore être mis en cause dans cet autre « détournement » d’archives.
15Le phénomène conduit au demeurant à s’interroger sur la pertinence du concept monolithique de « chartrier de Flandre » (ou de « chartrier de Hainaut ») à ce stade précoce de la genèse des archives princières : les actes reçus étaient-ils systématiquement rassemblés dans un réceptacle unique et statique, alors même que la « chancellerie » n’avait pas encore de siège fixe49 ? Il paraîtrait somme toute logique que la gestion des archives ait été marquée par le fonctionnement en réseau des « clerici comitis », dont les uns partageaient la vie semi-nomade de leur maître, tandis que les autres étaient attachés à des relais locaux jumelés aux grandes résidences princières (bureaux de recette, chapelles comtales, etc.)50. Des documents ont certainement fait partie des bagages ordinaires de la suite comtale. D’autres ont pu être entreposés, au gré des circonstances, dans plusieurs de ces lieux associés aux points de chute ordinaires de la cour. Saint-Pierre de Gand, où l’on conservait encore au bas Moyen Âge le traité brabançon de 1179 évoqué plus haut, fut peut-être l’un d’eux51.
16Le chapitre Saint-Donatien de Bruges pourrait donc ne s’être imposé que progressivement comme dépôt principal des archives. Néanmoins, ce rôle de conservatoire de la mémoire écrite du comté, guère inattendu de la part d’une institution dont le chef était ex officio à la tête de l’administration princière depuis le XIe siècle, est tout à fait réel. Les historiens de la Flandre l’ont supputé de longue date, guidés par les indices déjà mentionnés plus haut, c’est-à-dire l’évocation des brevia gardés par le prévôt en 1127 et les chartes retrouvées par E. Strubbe au XXe siècle. Un élément concret permet aujourd’hui de prouver qu’il existe bien une unité organique entre les documents restés à Bruges et les archives princières conservées ailleurs : une des chartes brugeoises, en l’occurrence un acte du roi Louis IX daté de décembre 1226, comporte une note dorsale en écriture livresque qui résulte d’une campagne d’endossement du chartrier comtal menée au seuil des années 123052. La corrélation ressort également d’un examen plus poussé des trois plus anciens actes brugeois. Datés de 1167, 1206 et 1217, ils constituaient manifestement, avec d’autres pièces qui reposent aujourd’hui dans la série B de Lille, un dossier spécifique concernant les relations avec le comté de Hollande, dont tout indique qu’il a été essentiellement produit, et intégralement archivé, à Saint-Donatien. Le traité de 1167 a été délivré « in domo prepositi Brugensis »53. Une première renégociation de celui-ci, en décembre 1204, a elle aussi été conclue « in templo Sancti Donatiani »54. Deux ans plus tard, le 14 octobre 1206 exactement, soit le jour de la Saint-Donatien, le régent Philippe le Noble notifiait un arbitrage entre les prétendants à la succession de Thierry VII au comté de Hollande55. Simultanément, les deux compétiteurs, Louis II de Looz et Guillaume de Hollande, furent chacun priés de vidimer le texte de 1167, ce qu’ils ont fait dans deux actes datés de Bruges « die festo sancti Donatiani »56. Les jeux d’écriture engendrés par le contentieux hollandais ont donc été systématiquement gérés par le chapitre Saint-Donatien. Chaque fois que l’évolution politique l’imposait, on se rendait sur place pour consulter les documents antérieurs et les mettre à jour.
17Voilà tout ce qu’on peut savoir de cette première étape de l’histoire des archives comtales flamandes. Elle semble correspondre à une longue et chaotique phase de gestation, qui s’étire des années 1160 à la première décennie du XIIIe siècle, et a laissé des documents éparpillés dès l’origine entre Gand, Bruges, Mons et Namur. Même en poussant l’investigation à l’extrême, il n’est guère possible d’identifier plus d’une vingtaine de documents entrés dans les archives comtales (lato sensu) au cours de cette période (tabl. 2). À l’évidence, ce ne sont pas là tous les parchemins engrangés par les comtes de Flandre à l’apogée de leur puissance. Peut-être faut-il mettre en cause une défaillance des pratiques de conservation avant le XIIIe siècle.
II – Premier essor et sécularisation (1212-1248)
18Après un « blanc » de plusieurs années correspondant à la fin de la minorité de Jeanne de Constantinople, le chartrier comtal prend enfin son envol (fig. 1). La princesse, devenue majeure en 1212, mariée à Ferrand de Portugal qui la représente désormais57, reçoit dès cette année des chartes relatives à des accords passés avec le prince Louis, avec son ancien tuteur Philippe le Noble et avec les bourgeois de Gand58. C’est le début d’un développement régulier des archives jusqu’au milieu des années 1230. Le taux d’accroissement semble ensuite faiblir après la mort de Ferrand, survenue en juillet 1233. Le décès de Jeanne en décembre 1244 et l’avènement de sa sœur Marguerite (1244-1278, † 1280) coïncident avec un nouveau décollage qui annonce l’essor de la bureaucratie princière dans la seconde moitié du XIIIe siècle (fig. 2).
19Nous ne disposons toujours d’aucune information directe sur le chartrier comtal et sa gestion durant ce demi-siècle. Les notes dorsales figurant au revers des documents originaux nous livrent les seuls indices exploitables. On distingue nettement trois « campagnes » d’endossement, menées chacune par un seul individu sur l’ensemble des documents qui n’avaient pas encore reçu de note au moment de l’entreprise. De façon assez classique, ces notes donnent des indications plus ou moins développées sur l’objet des documents. Elles devaient donc servir de repères pour s’orienter dans le fonds. Elles procèdent aussi, manifestement, de la volonté de disposer d’une vue globale des archives et de leur contenu. Elles fixent le moment d’un bilan.
20La plus ancienne remonte à la fin du XIIe ou au tout début du XIIIe siècle, mais ne s’observe que sur la poignée d’originaux issus des archives hennuyères (ill. 3). N’ayant pas d’équivalent en Flandre, elle pourrait être interprétée comme un indice supplémentaire du glissement du centre de gravité archivistique de la principauté unie de Flandre-Hainaut vers la partie hennuyère.
21La deuxième campagne – la première en Flandre, en fait – doit être datée des environs de 1231-1233, d’après la chronologie des actes les plus récents qui en portent la trace59. Les notes sont tracées dans une écriture posée qui ne s’apparente pas aux écritures alors en vigueur à la chancellerie comtale (ill. 4). Elles donnent un aperçu sommaire de l’objet de l’acte, parfois précédé d’une indication sur son auteur (ill. 4 : « Littere Reneri de Bomont et uxoris » / « De gavalo Cameracensi dato E. filio R., Jo. Predictorum »). On ne peut que constater une certaine concomitance entre ce travail archivistique, l’amorce du tassement du chartrier à la fin du gouvernement de Jeanne et le décès du comte Ferrand, sans savoir s’il faut établir des corrélations entre ces trois données. Il y a aussi une coïncidence de dates avec l’arrivée d’un nouveau chancelier de Flandre, le prévôt Francon de Maldegem, en 123160. Les notes de la deuxième campagne confirment en tout cas que les chartes reçues par la comtesse Jeanne depuis vingt ans formaient une collection unique, hébergée dans les bâtiments du chapitre Saint-Donatien61.
22La dernière campagne d’endossement est quant à elle intervenue autour de 124862. Elle couvre la quasi-totalité des actes entrés dans les archives comtales depuis la précédente campagne. L’auteur des notes est également revenu sur un certain nombre de mentions antérieures pour leur apporter des précisions supplémentaires63. L’écriture diffère radicalement de la précédente : il s’agit cette fois d’une cursive documentaire très négligée, « de travail » pourrait-on dire, tracée sans le moindre effort calligraphique (ill. 5). Elle se rapproche indiscutablement de certaines écritures en usage à la chancellerie comtale dans le deuxième tiers du XIIIe siècle, bien qu’elle se prête mal à des comparaisons avec les échantillons beaucoup plus apprêtés que nous livrent les chartes originales. Le contenu des analyses est devenu nettement plus précis. Elles indiquent toujours le nom de l’auteur, ceux des parties concernées, la nature et l’objet de la transaction, et parfois même à qui appartiennent les sceaux qui valident le document. Elles sont manifestement l’œuvre d’un clerc qui a une connaissance intime du travail de l’administration comtale et des interlocuteurs du pouvoir princier. L’une d’elles nous met d’ailleurs sur la piste de ce clerc, qui se présente incidemment comme l’un des exécuteurs testamentaires de la comtesse Jeanne64. Or, le seul fonctionnaire comtal qui figure dans la liste des dignitaires ecclésiastiques chargé de réaliser les dernières volontés de la princesse est Gilles de Bredene65.
23Ce personnage bien connu – E. Strubbe lui a même consacré une monographie66 – était une figure-clé de l’administration flamande au milieu du XIIIe siècle. Chanoine de Saint-Donatien et clericus comitis depuis le milieu des années 1220 au plus tard, gardien du sceau comtal entre 1227 et 1233, il a progressivement endossé le rôle de « clerc principal » de la comtesse Jeanne, combinant de hautes responsabilités financières avec celles d’un conseiller de premier plan. Dans son étude de la chancellerie sous cette comtesse, Els De Paermentier pense en outre avoir détecté la main de Gilles dans une série de chartes délivrées entre 1219 et 1244 ; elle lui prête même une influence prépondérante dans le travail de la chancellerie à partir de 122767. On sait aussi que Gilles a conservé sa position éminente sous Marguerite de Constantinople, au moins jusqu’à sa mise à l’écart supposée après 125568. Son profil concorde donc parfaitement avec celui du clerc très au fait des réalités du gouvernement comtal qui a passé en revue toutes les pièces du chartrier vers 1248. La gestion des archives n’était donc nullement une tâche ancillaire déléguée aux petites mains de l’administration. C’est le chef de cette administration en personne qui s’est chargé du lourd travail de récolement dont témoignent les notes de la troisième campagne, ce qui montre l’importance que la mémoire écrite revêtait désormais aux yeux de l’entourage comtal.
24Pourquoi 1248 ? La question doit être mise en rapport avec le problème des localisations successives des archives. Comme nous l’avons vu, les comtes de Flandre, à l’instar de la plupart des autorités laïques du XIIe siècle, s’en sont initialement remis au savoir-faire ecclésiastique en matière de conservation documentaire pour veiller à la préservation de leurs chartes. Parmi les grands établissements religieux liés au pouvoir comtal, c’est Saint-Donatien, siège officiel de la chancellerie et de l’administration financière de la principauté depuis la fin du XIe siècle, qui s’est imposé progressivement comme lieu de dépôt des archives. Mais lorsque, vers 1336, le chancelier Guillaume d’Auxonne nous livre les premières informations directes sur la localisation de ces dernières, la situation a radicalement changé. La tutelle cléricale sur les parchemins comtaux appartient au passé. Les documents s’amoncellent désormais au sein des services de la chancellerie, entassés dans une multitude de coffres qui paraissent témoigner du caractère encore et toujours ambulatoire de cette dernière69. Guillaume d’Auxonne décide alors d’en expédier une partie au château de Rupelmonde, dont la fonction de dépôt central des archives apparaît ainsi au grand jour. Depuis quand cette forteresse frontalière du Pays de Waas, citée à partir de la fin du XIIe siècle70, jouait-elle ce rôle ? Bien que Guillaume fasse référence aux « nova thesauraria Rypemonde »71, les origines du dépôt seraient plus anciennes. M. Vandermaesen a observé que l’ensemble documentaire transféré sur ordre du chancelier, et sommairement décrit par celui-ci dans une sorte de « bordereau de versement », ne remontait pas au-delà des années 127072. Autrement dit, le noyau primitif des archives comtales – soit tout de même plusieurs centaines de chartes – en était absent. Il avait dû être versé antérieurement, puisqu’il se trouvait lui aussi à Rupelmonde en 1388 lors de la réalisation du premier inventaire général.
25M. Vandermaesen suppose donc que les archives ont été retirées aux chanoines de Saint-Donatien et transférées au château de Rupelmonde entre 1242 et le début des années 1270. Mais ce scénario un peu vague n’entrevoit qu’imparfaitement la réalité du processus.
26Sur le plan de la chronologie, tout indique en fait que la « sécularisation » des archives comtales s’est produite avant la campagne d’endossement de la fin des années 1240. Un petit détail suffit à le prouver : les quatre actes datés des années 1240-1242 qui sont restés à Saint-Donatien après le retrait du fonds princier ne présentent aucune note dorsale de la main de Gilles de Bredene73. On peut du reste penser que ce dernier s’est mis au travail dans la foulée immédiate du transfert – qui aurait donc eu lieu en 1247 ou 1248 –, non seulement en raison du rapport qui est susceptible d’exister entre les deux démarches (au XIIIe siècle déjà, les déménagements d’archives peuvent donner lieu à une forme de récolement au départ ou à l’arrivée74), mais aussi parce que, autour des années 1247-1249, le vieux lien organique entre le chapitre Saint-Donatien et l’appareil administratif de la principauté – assurément mis à mal par l’évacuation des archives – connut justement une grave crise. En effet, le nouveau prévôt-chancelier depuis 1240, Philippe de Savoie, qu’une brillante carrière ecclésiastique avait détourné de son office en Flandre (il venait d’être promu archevêque de Lyon), était entré en conflit ouvert avec la comtesse Marguerite qui cherchait sinon à l’évincer, du moins à le priver des émoluments du sceau75. On devine aussi que, dans ces circonstances, personne n’était mieux placé que Gilles de Bredene, fort de son double statut de chanoine de Saint-Donatien et de haut représentant du pouvoir comtal, pour conduire l’opération douloureuse qui mettait fin, techniquement et symboliquement, à l’implication historique du chapitre brugeois dans le gouvernement princier. À cet égard, enfin, il est intéressant de noter que la rupture archivistique de 1248, si c’est bien sous ce millésime qu’il faut la placer, a aussi affecté les archives comptables. On sait en effet qu’au début des années 1270, les responsables de l’administration financière disposaient dans leurs bureaux de séries de comptes qui remontaient précisément à l’année 124976.
27Il est hautement improbable que Gilles de Bredene ait déménagé le chartrier comtal vers le château de Rupelmonde, bâti à la lisière orientale du comté de Flandre, fort loin de tous les centres habituels du pouvoir (Bruges, Gand, Lille, etc.). Le château de Male, à proximité immédiate de Bruges, est un bien meilleur candidat ; c’était une résidence privilégiée des comtesses, tout près de laquelle Gilles avait d’ailleurs construit sa propre demeure dans les années 123077. La Salle de Lille et le château de Wynendaele (à Torhout), qui apparaissent comme des lieux de conservation réguliers d’archives dans la seconde moitié du XIIIe siècle, pourraient également être cités78. Il fallait en tout cas que le « clerc principal » et ses adjoints disposent d’un accès facile à la documentation accumulée dans les archives pour accomplir leurs tâches. Tout au contraire, la relocalisation des archives dans la forteresse reculée de Rupelmonde ressemble à une mesure d’éloignement, très vraisemblablement prise dans un climat d’insécurité, peut-être lors du conflit franco-flamand de la fin du XIIIe siècle, qui débouchera sur une invasion de la Flandre par les armées de Philippe le Bel. Quoi qu’il en soit, divers indices montrent que le noyau ancien des archives comtales fut encore régulièrement consulté et manipulé pendant toute la seconde moitié du XIIIe siècle. Ainsi, après 1263, deux pièces de 1229 et 1232 seront transférées vers le chartrier du comté de Namur, fraîchement acquis par Gui de Dampierre79. D’autres actes feront quant à eux l’objet d’une transcription dans le registre tenu par la chancellerie dans les années 127080. Des documents politiques des années 1220-1240 circuleront encore parmi les clercs de l’administration centrale à l’extrême fin du siècle81. Il est certain que, loin de se fossiliser après 1248, les archives anciennes restèrent longtemps des points de référence indispensables.
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28Tel que nous pouvons le reconstituer, le premier siècle de l’histoire des archives et des pratiques d’archivage de la principauté flamande s’apparente à une longue genèse qui se diviserait grosso modo en trois temps. Une première période, qui court des dernières années du comte Thierry d’Alsace (1128-1168) à la minorité de Jeanne de Constantinople, semble être celle d’un archivage sporadique, guère institutionnalisé, qui se caractérise surtout par une pluralité de lieux de dépôt récurrents ou occasionnels. Cette phase difficile à appréhender n’a laissé que très peu de traces dans la documentation conservée de nos jours. Une deuxième période, qui coïncide avec le gouvernement de la comtesse Jeanne, correspond à la mise en place d’une procédure de versement régulier dans la collection comtale abritée par les chanoines de Saint-Donatien à Bruges, qui devient le réceptacle unique des parchemins reçus par la comtesse (du moins ceux relatifs aux affaires de Flandre). De cette phase de centralisation nous sont restés environ 140 documents, un chiffre plutôt modeste, mais qui témoigne tout de même de l’émergence d’une certaine conscience archivistique, également illustrée par la réalisation une première campagne d’endossement systématique des actes. Une troisième période, dont nous n’avons en réalité abordé que les prémices, s’amorce après l’arrivée au pouvoir de Marguerite de Constantinople. Elle a pour point de départ un moment déterminant de l’histoire des archives princières : celui de leur « sécularisation », en 1248 probablement, sous la houlette du clerc principal Gilles de Bredene, qui entendait disposer de la mémoire écrite de l’administration comtale dans ses bureaux et s’est d’ailleurs empressé d’analyser minutieusement toutes les pièces du chartrier dans la foulée de leur transfert. Cette nouvelle étape était le fruit d’une évolution logique dans un contexte de renforcement général des structures de la bureaucratie princière, dont les différents rouages commençaient doucement à se spécialiser (ce qui conduira d’ailleurs à la multiplication des foyers d’archivage) et employaient désormais des « professionnels » de la gestion par l’écrit82.
Notes de bas de page
1 Voir récemment Thomas N. Bisson, The crisis of the twelfth century. Power, lordship and the origins of European government, Princeton-Oxford, Princeton University Press, 2009 (et trad. fr., Paris, Les Belles Lettres, 2014), surtout p. 142-154 et 339-343.
2 Outre l’ouvrage de T.N. Bisson cité à la note précédente, voir Brice Lyon et Adriaan Verhulst, Medieval finance. A comparison of financial institutions in Northwestern Europe, Bruges, De Tempel, « Rijksuniversiteit te Gent. Werken uitgegeven door de Faculteit van de Letteren en Wijsbegeerte, 143 », 1967.
3 On se reportera à la synthèse commode de Daniel Lambrecht et Jan Van Rompaey, « De staatsinstellingen van het Zuiden van de 11de tot de 14de eeuw », Algemene geschiedenis der Nederlanden, t. 3, Haarlem, Fibula-Van Dishoeck, 1981, p. 77-134.
4 Leopold August Warnkönig, Flandrische Staats-und Rechtsgeschichte bis zum Jahr 1305, 3 vol., Tübingen, L.F. Fues, 1835-1842.
5 Signalons l’achèvement de la monumentale édition critique des actes de Thierry et Philippe d’Alsace, ainsi qu’une première étude de la chancellerie sous Jeanne de Constantinople : Thérèse de Hemptinne et Adriaan Verhulst, De oorkonden der graven van Vlaanderen (Juli 1128-September 1191), 3 vol., Bruxelles, Académie royale de Belgique, « Commission royale d’histoire. Recueil des actes des princes belges, 6 », 1988-2009 ; Els De Paermentier, Oorkonden en kanselarijwerking in de entourage van de graven en gravinnen van Vlaanderen en Henegouwen (1191-1244). Een diplomatische en paleografische studie, thèse de doctorat en histoire inédite de l’Université de Gand, 2 vol., 2010.
6 Hormis dans le champ spécifique de l’enregistrement : voir infra, note 15.
7 Egied Strubbe, « De oorkonden uit het Vlaamsche gravelijke archief op het S. Donaasfonds te Brugge », Annales de la Société d’émulation de Bruges, t. 77, 1934, p. 96-112 ; Maurice Vandermaesen, « Het slot van Rupelmonde als centraal archiefdepot van het graafschap Vlaanderen (midden 13de-14de eeuw) », Bulletin de la Commission royale d’histoire, t. 136, 1970, p. 273-317.
8 Voir l’historique détaillé fourni par Erik Aerts, Geschiedenis en archief van de Rekenkamers, Bruxelles, Archives générales du Royaume, « Algemeen Rijksarchief en Rijksarchief in de Provinciën. Overzichten en gidsen, 27 », 1996, p. 434-451.
9 Vues d’ensemble, assez complètes : ibid., p. 434-451 ; Robert-Henri Bautier et Janine Sornay, Les sources de l’histoire économique et sociale du Moyen Âge. 2 : Les États de la maison de Bourgogne, t. 1 : Archives des principautés territoriales, vol. 2 : Les principautés du Nord, Paris, éditions du CNRS, 1984, p. 19-22. Voir aussi le tabl. 2, infra.
10 Jules de Saint-Genois, Inventaire analytique des chartes des comtes de Flandre, avant l’avènement des princes de la maison de Bourgogne, autrefois déposées au château de Rupelmonde, et conservées aujourd’hui aux Archives de la Flandre-Orientale, précédé d’une notice historique sur l’ancienne trésorerie des Chartes de Rupelmonde, Gand, Vanryckegem-Hovaere, 1843-1846 ; Victor Gaillard, Inventaire analytique des chartes des comtes de Flandre autrefois déposées au château de Rupelmonde, et récemment retrouvées aux archives de l’ancien Conseil de Flandre, Gand, Librairie de Duquesne, 1857 (complément : Charters van de graven van Vlaanderen (13de-14de eeuw) : index op V. Gaillard, Inventaire analytique des chartes des comtes de Flandre, Gent, 1857, Bruxelles, Archives générales du Royaume, « Rijksarchief te Gent. Toegangen in beperkte oplage, 45 », 1988 ; Carlos Wyffels, Inventaris van de oorkonden der graven van Vlaanderen. Chronologisch gerangschikt supplement, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 1958.
11 Chrétien Dehaisnes et Jules Finot, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790. Nord. Archives civiles, série B, t. 1 (en 2 vol.), Lille, L. Danel, 1899-1906. La série B comprend les archives centralisées par la Chambre des comptes de Lille à partir de la fin du XIVe siècle : Jean-Baptiste Santamaria, La chambre des comptes de Lille de 1386 à 1419. Essor, organisation et fonctionnement d’une institution princière, Turnhout, Brepols, « Burgundica, 20 », 2012, p. 363-372.
12 Pierre Dehove et Jean-François Nieus, « Aux origines de la science princière des archives : le premier chartrier des comtes de Namur et son inventaire de 1263 », BEC, t. 168, 2010, p. 95-149.
13 L’original du XIVe siècle est perdu, mais on en conserve deux bonnes copies du XVIe siècle : Gand, R. A., Kleine varia, no 18, fo 45-58 puis 1-405v ; Lille, Arch. dép. Nord, B 121, fo 21-262. Il a été rédigé par Pierre Blanchet et Thierry Gerbode, conseiller et secrétaire du duc de Bourgogne.
14 Lille, Arch. dép. Nord, B 121, fo 101r : « Et aussi sont oudit coffre plusieurs lettres, obligacions et quittances rompues et cassees, et dont le temps est expiré, et plusieurs lettres closes, avecques autres lettres et bulles, toutes lesquelles lettres et bulles sont expirées et ne valent pas aujourdui un parisis et ne sont point dignes d’estre signées ».
15 Lille, Arch. dép. Nord, B 1562. Ce « cartulaire » s’insère dans une série de recueils géographiques et thématiques compilés sous la direction de Guillaume d’Auxonne, concernant les comtés de Flandre, de Rethel et de Nevers, ainsi que la seigneurie de Malines, les villes de Flandre, les relations avec l’Angleterre, etc. Voir Maurice Vandermaesen, « Het ontstaan van enkele ‘ Cartularia van Vlaanderen’in 1336. De grafelijke kanselarij aan het werk », Actief in archief. Huldeboek Hilda Coppejans-Desmedt, Anvers, Vlaamse vereniging voor bibliotheek-, archief-en documentatiewezen, « Archiefkunde : verhandelingen aansluitend bij Bibliotheek-en archiefgids, 4 », 1989, p. 147-153 ; id., De besluitvorming in het Graafschap Vlaanderen tijdens de veertiende eeuw. Bijdrage tot een politieke sociologie van de Raad en van de Raadsheren achter de figuur van Lodewijk II van Nevers (1322-1346), t. 1, Bruxelles, Genootschap voor geschiedenis, « Bronnen en bijdragen tot de Vlaamse geschiedvorsing, 6 », 1999, p. 79-129. À propos des registres de chancellerie, la communication d’Aurélie Stuckens, « À l’origine de l’enregistrement dans les principautés des anciens Pays-Bas : le recueil de Marguerite de Constantinople, comtesse de Flandre et de Hainaut (1260-1276/78) », présentée lors de la journée d’études consacrée à « L’art du registre en France, XIIIe-XVIe siècle. Registres princiers du Moyen Âge », Archives nationales, Paris, mai 2011 ; Walter Prevenier, « Kanselarijregisters als ambtelijk geheugen en als politiek instrument. Het register van de Vlaamse graaf Lodewijk van Nevers uit 1323-1338 », Qui valet ingenio. Liber amicorum aangeboden aan Dr. Johan Decavele, Joris De Zutter, Leen Charles et André Capiteyn (éd.), Gand, Stichting mens en kultuur, 1996, p. 417-429.
16 Je retranche immédiatement de ce total 190 actes qui proviennent du chartrier des seigneurs de Béthune, lequel a été versé dans celui des comtes de Flandre après le milieu du XIIIe siècle. Cet autre corpus est actuellement en cours d’étude et d’édition par Jean-François Nieus et Timothy Salemme.
17 Theodore Evergates, The cartulary of countess Blanche of Champagne, Toronto, The Medieval Academy of America, « Medieval Academy books, 112 », 2009.
18 Voir supra, note 16.
19 Galbert de Bruges, De multro, traditione, et occisione gloriosi Karoli comitis Flandriarum, c. 35, éd. Jeff Rider, Turnhout, Brepols, « Corpus christianorum. Continuatio mediaevalis, 131 », 1994, p. 79-83.
20 Voir en dernier lieu Th. N. Bisson, The crisis of the twelfth century…, op. cit., p. 341-342, et Georges Declercq, « “Habent sua fata libelli et acta” : la destruction de textes, manuscrits et documents », La destruction dans l’histoire : pratiques et discours, David Engels, Didier Martens et Alexis Wilkin (éd.), Bruxelles, Peter Lang, 2013, p. 129-161, ici p. 147.
21 Adriaan Verhulst et Maurits Gysseling, Le compte général de 1187 connu sous le nom de “Gros Brief” et les institutions financières du comté de Flandre au XIIe siècle, Bruxelles, Académie royale de Belgique, « Commission royale d’histoire. Publications in-8°, [74] », 1962.
22 Après le Gros brief de 1187, plus rien n’est conservé avant 1255 : R.-H. Bautier et J. Sornay, Les sources de l’histoire économique…, op. cit., t. 1/2, p. 75.
23 Voir supra, note 20.
24 Ils sont simplement mentionnés en passant : Lille, Arch. dép. Nord, B 121, fo 31.
25 Bruges, A.B., Fonds Sint-Donaas, A 240, no 18 (= E. Strubbe, « De oorkonden… », op. cit., p. 98-100, no 1) ; éd. Th. de Hemptinne et A. Verhulst, De oorkonden…, op. cit., t. 2/1, p. 424-427, no 269).
26 Lille, Arch. dép. Nord, B 1492, no 165 ; éd. Th. de Hemptinne et A. Verhulst, De oorkonden…, op. cit., t. 2/3, p. 346-349, no 770.
27 Hans Van Werveke, Een Vlaamse graaf van Europees formaat : Filips van de Elzas, Haarlem, Fibula-Van Dishoeck, 1976.
28 Th. de Hemptinne et A. Verhulst, De oorkonden…, op. cit., t. 2/1, p. 321-325, no 208.
29 Th. de Hemptinne et A. Verhulst, De oorkonden…, op. cit., t. 2/3, p. 47-50, no 549 bis.
30 Voir infra, note 52.
31 Voir en dernier lieu Olivier Guyotjeannin et Yann Potin, « La fabrique de la perpétuité : le Trésor des chartes et les archives du royaume, XIIIe-XIXe siècle », Revue de synthèse, t. 125, no 1 : Fabrique des archives, fabrique de l’histoire, Étienne Anheim et Olivier Poncet (éd.), Paris, 2004, p. 15-44, aux p. 22-23.
32 L’existence d’un cartulaire compilé dès 1211 permet de mesurer précisément la situation du chartrier champenois à cette date précoce : Theodore Evergates, “Littere baronum” : the earliest cartulary of the Counts of Champagne, Toronto, The Medieval Academy of America, « Medieval Academy books, 107 », 2003, p. 8-10. D’autres exemples princiers sont signalés dans P. Dehove et J.-F. Nieus, « Aux origines de la science princière des archives… », op. cit., p. 109-110.
33 Voir P. Dehove et J.-F. Nieus, « Aux origines de la science princière des archives… », op. cit., p. 109-110, et J.-F. Nieus, « Des seigneurs sans chancellerie ? Pratiques de l’écrit documentaire chez les comtes et les barons du nord de la France aux XIIe-XIIIe siècles », Chancelleries princières et “scriptoria” dans les anciens Pays-Bas, Xe-XVe siècles / Vorstelijke kanselarijen en “scriptoria” in de Lage Landen, 10de-15de eeuw, Thérèse de Hemptinne et Jean-Marie Duvosquel (éd.), Bruxelles, Académie royale de Belgique, 2010 (= BCRH, t. 176/2), p. 285-311, aux p. 299-302.
34 François Menant, « Les transformations de l’écrit documentaire entre le XIIe et le XIIIe siècle », Écrire, compter, mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, Natacha Coquery, François Menant et Florence Weber (dir.), Paris, Éditions rue d’Ulm, 2006, p. 33-50 ; Paul Bertrand, « À propos de la révolution de l’écrit (Xe-XIIIe siècle). Considérations inactuelles », Médiévales, t. 56 : Pratiques de l’écrit, VIe-XIIIe siècles, coord. Étienne Anheim et Pierre Chastang, Paris, 2009, p. 75-92.
35 Benjamin Hendrickx, « Het regentschap over Vlaanderen en Henegouwen na het vertrek van Boudewijn IX (VI) op kruisvaart (1202-1211) », Revue belge de philologie et d’histoire, t. 48, 1970, p. 377-393 ; Els De Paermentier, « La chancellerie comtale en Flandre et en Hainaut sous Baudouin VI/IX (1195-1206) et pendant la régence de Philippe Ier de Namur (1206-1212) », Chancelleries princières et “scriptoria” dans les anciens Pays-Bas, Xe-XVe siècles / Vorstelijke kanselarijen en “scriptoria” in de Lage Landen, 10de-15de eeuw, Thérèse de Hemptinne et Jean-Marie Duvosquel (éd.), Bruxelles, Académie royale de Belgique, 2010 (= BCRH, t. 176/2), p. 259-284.
36 Dans les années 1190, les seuls documents « politiques » passés dans les archives flamandes concernent les relations avec la France (voir le tabl. 2).
37 Paul Denis du Péage, Le droit de gavène de Cambrai, Lille, S.I.L.I.C., « Société d’études de la province de Cambrai. Recueils, 51 », 1943.
38 Th. de Hemptinne et A. Verhulst, De oorkonden…, op. cit., t. 2/3, p. 346-349, no 770.
39 Lille, Arch. dép. Nord, sous les cotes B 1492 et 4 G 794.
40 Concernant ces notes dorsales, voir la suite de l’exposé.
41 Walter Prevenier, De oorkonden der graven van Vlaanderen (1191-aanvang 1206), t. 2 : Uitgave, Bruxelles, Académie royale de Belgique, « Commission royale d’histoire. Recueil des actes des princes belges, 5 », 1964, p. 34-40, no 6. On prendra garde au fait que l’exemplaire conservé aux Arch. dép. Nord sous la cote B 1492 est en réalité – comme le révèlent les notes dorsales dont il est porteur – l’exemplaire de l’Église de Cambrai. Force est d’en conclure qu’il a été extrait de la cote 4 G 794 et placé sous le B 1492 par les archivistes du XIXe siècle.
42 Ibid., p. 74-77, no 28. Elle présente notamment une cote en chiffres romains correspondant à celle du premier cartulaire de Hainaut (voir V. Van Camp, dans le présent volume).
43 Lille, Arch. dép. Nord, B 1492, nos 670 et 791.
44 Dernier acte concerné : W. Prevenier, De oorkonden…, op. cit., no 275. Les actes ultérieurs qui se trouvent dans les archives hennuyères sont ceux de la famille d’Avesnes, surtout à dater des années 1230.
45 Sur Gislebert de Mons, chancelier de Hainaut depuis 1172, voir en dernier lieu E. De Paermentier, Oorkonden…, op. cit., t. 1, p. 378-383 et 495-500 ; ead., « La chancellerie comtale… », op. cit., p. 259-284 ; P. Dehove et J.-F. Nieus, « Aux origines de la science princière des archives… », op. cit., p. 114-115.
46 Lille, Arch. dép. Nord, B 222, no 261 ; éd. Anton C. F. Koch, Jaap G. Kruisheer et Eef C. Dijkhof, Oorkondenboek van Holland en Zeeland tot 1299, t. 1, La Haye, Nijhoff, 1970, p. 451-452, no 272. L’original porte une note dorsale tracée vers 1230 (Carta comitis de Los super pace comitis Flandrie et comitis de Holandria) qui se rattache non pas à la campagne d’annotation dont le chartrier de Flandre a été l’objet à cette époque (voir la suite de l’exposé), mais bien, sans aucun doute possible, à celle que le chartrier de Namur a connue au même moment. En outre, l’acte est mentionné dans l’inventaire des archives namuroises dressé en 1263. Voir à ce propos P. Dehove et J.-F. Nieus, « Aux origines de la science princière des archives… », p. 116 (campagne d’annotation) et 122, no 6 (mention de l’inventaire de 1263 ; faute d’avoir fait le lien entre la pièce analysée et le présent acte au moment de l’édition, je l’ai faussement rapportée à des tractations diplomatiques de l’année 1206).
47 Deux indications dorsales du XIVe siècle (Registrata est ; XIC XXXVII) se rattachent à la gestion archivistique du chartrier de Flandre à cette époque. La première est de la main de Guillaume d’Auxonne et se rattache à la création de son « cartulaire de Flandre » (voir supra, note 15).
48 Sur cette phase discutée de la carrière de Gislebert, voir P. Dehove et J.-F. Nieus, « Aux origines de la science princière des archives… », op. cit., p. 114-115, et surtout E. De Paermentier, « La chancellerie comtale… », op. cit., p. 279-282.
49 Walter Prevenier, « La chancellerie des comtes de Flandre dans le cadre européen à la fin du XIIe siècle », BEC, t. 125, 1967, p. 34-93, aux p. 66-68.
50 À propos des seconds, Thérèse de Hemptinne a présenté une communication intitulée « Les “breviatores”, scribes de documents comptables des comtes de Flandre au XIIe siècle » lors du colloque sur « Le scribe d’archive dans l’Occident médiéval : formations, carrières, réseaux », Namur, mai 2012.
51 Il est décrit dans un inventaire de la fin du XIIIe siècle, sous la rubrique « De diversis scriptis : Conventio inter comitem Flandrie et ducem Lovanie super contractu matrimonii » (Gand, R.A., Fonds Sint-Pieters, Rollen, no 996 ; concernant cet inventaire, voir Georges Declercq, « Le classement des chartriers ecclésiastiques en Flandre au Moyen Âge », Scriptorium, t. 50, 1996, p. 331-344, aux p. 337-338 ; je remercie vivement G. Declercq de m’avoir signalé cette mention). Le même acte apparaît encore dans un inventaire gantois du XVe siècle, cité par Th. de Hemptinne et A. Verhulst, De oorkonden…, op. cit., t. 2/3, p. 48.
52 Bruges, A.B., Fonds S. Donaas, A 243/74 (= E. Strubbe, « De oorkonden… », op. cit., p. 165-167, no 4). Les trois autres pièces comtales antérieures à 1230 dans le fonds brugeois – celles qui forment le dossier hollandais – sont dépourvues d’une telle note. Pour les campagnes d’endossement, voir la suite de l’exposé.
53 Bruges, A.B., Fonds Sint-Donaas, A 240/18 ; éd. Th. de Hemptinne et A. Verhulst, De oorkonden…, op. cit., t. 2/3, p. 424-427, no 269.
54 Voir supra, note 47.
55 Bruges, A.B., Fonds Sint-Donaas, A 243/75 ; éd. A.C.F. Koch et al., Oorkondenboek…, op. cit., p. 461-465, no 280.
56 Les originaux, perdus, ont été eux-mêmes vidimés en 1246 : ibid., p. 465-466, nos 281 et 282.
57 Voir la monographie que lui a consacrée Theo Luykx, Johanna van Constantinopel, gravin van Vlaanderen en Henegouwen. Haar leven (1199/1200-1244), haar regeering (1205-1244), vooral in Vlaanderen, Anvers-Utrecht, Standaard Boekhandel-W. De Haan, « Verhandelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor wetenschappen, letteren en schoone kunsten van België. Klasse der letteren. Jaargang VIII, 5 », 1946.
58 Paris, BnF, Collection Colbert, t. 344, no 4 ; Gand, R. A., Oorkonden der graven van Vlaanderen, Fonds de Saint-Genois, no 8 ; Lille, Arch. dép. Nord, B 121, fo 170r (analyse dans l’inventaire de 1388).
59 L’acte le plus récent date de juillet 1233 : Lille, Arch. dép. Nord, B 1493, no 570. Mais un certain nombre d’actes des années 1230-1232 n’ont pas été annotés au cours de cette première campagne : Lille, Arch. dép. Nord, B 1159, no 536 ; B 1260, no 520 ; B 1342, no 501 ; B 1396, no 546 ; B 1411, nos 562-563.
60 E. De Paermentier, Oorkonden…, op. cit., t. 1, p. 507-508.
61 Il faut ici observer que les archives de la comtesse Jeanne conservées à Saint-Donatien intéressaient exclusivement la partie flamande de la principauté de Flandre-Hainaut. Il est pourtant inconcevable que le gouvernement du Hainaut n’ait produit aucune archive entre 1212 et 1244. Les documents relatifs au Hainaut furent-ils initialement déposés à Bruges avec ceux que nous connaissons, puis triés et remis aux Avesnes après la scission des deux comtés ? Furent-ils plutôt archivés d’emblée dans l’ancien chartrier des comtes de Hainaut ? Dans un cas comme dans l’autre, leur disparition constitue un vrai mystère, puisqu’on ne les trouve ni dans le cartulaire hennuyer des années 1290, ni dans le chartrier de Hainaut tel qu’il nous est parvenu… La seule exception est un acte d’août 1240 concernant la justice comtale à Onnaing et Quarouble (Fr., Nord, Valenciennes, Valenciennes-Est), qui a été inscrit dans le cartulaire (Lille, Arch. dép. Nord, B 1582, fo 75-77 ; je remercie V. Van Camp de m’avoir fourni cette référence), et dont l’original porte en effet les notes dorsales caractéristiques du chartrier de Hainaut (Lille, Arch. dép. Nord, B 1207, no 706). Mais cet original présente aussi une autre note, du milieu du XIIIe siècle environ, qui dit ceci : « Ista littera reddatur comiti vel comitisse Hayonie ». On dirait donc que l’acte de 1240 (et d’autres avec lui ?) a d’abord été conservé en Flandre, puis, une fois acquis le principe de la séparation des deux principautés, mis de côté en vue de sa restitution au futur comte de Hainaut.
62 Parmi les actes de l’année 1248, certains présentent la note caractéristique de cette campagne (exemples : Lille, Arch. dép. Nord, B 226, no 954 ; B 495, no 934), d’autres pas (exemples : Lille, Arch. dép. Nord, B 222, no 956 ; B 226, no 953 ; B 1018, nos 938-939).
63 Exemples : Lille, Arch. dép. Nord, B 1292, no 319 (1218) ; B 1485, no 452 (1227) ; B 1260, no 551 (1232).
64 Lille, Arch. dép. Nord, B 1551, no 671 : « Littere reddite de facto domini Simonis Montis Fortis cum quo fecimus p[…]e nos, exequtores testamenti domine Johanne comitisse, in mille libris ». La partie centrale du mot qui suit fecimus est effacée par l’usure (peut-être preesse ?). Le document endossé est une lettre de l’évêque de Soissons datée de 1239, informant le trésorier de la collégiale de Soignies d’une injonction du pape relative au remboursement d’une dette de 2 800 marcs d’argent due par Simon de Montfort, comte de Leicester, à Pierre de Dreux, comte de Bretagne (éd. Charles Bémont, Simon de Montfort, comte de Leicester. Sa vie (120 ?-1265), son rôle politique en France et en Angleterre, Paris, A. Picard, 1884, p. 263-264). On sait que cette dette fut partiellement reprise par Thomas de Savoie, époux de la comtesse Jeanne, en cette même année 1239 : ibid., p. 11-12 ; John R. Maddicott, Simon de Montfort, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p. 24-25.
65 Sur le testament de Jeanne, voir Th. Luykx, Johanna van Constantinopel…, op. cit., p. 423-425.
66 Egied Strubbe, Egidius van Breedene (11..-1270), grafelijk ambtenaar en stichter van de abdij Spermalie. Bijdrage tot de geschiedenis van het grafelijk bestuur en de cisterciënser orde in het dertiendeeeuwsche Vlaanderen, Bruges, De Tempel, « Rijksuniversiteit te Gent. Werken uitgegeven door de Faculteit van de Letteren en Wijsbegeerte, 94 », 1942.
67 E. De Paermentier, Oorkonden…, op. cit., t. 1, p. 402-413 et 515-516.
68 E. Strubbe, Egidius van Breedene…, op. cit., p. 80-87. Voir aussi Théo Luykx, De grafelijke financiële bestuursinstellingen en het grafelijk patrimonium in Vlaanderen tijdens de regering van Margareta van Constantinopel (1244-1278), Bruxelles, Palais des Académies, « Verhandelingen van de Vlaamse academie voor wetenschappen, kunsten en letteren van België, Klasse der letteren, 39 », 1961, p. 56-58.
69 M. Vandermaesen, « Het slot van Rupelmonde… », op. cit., p. 278-279.
70 Piet Avonds, art. « Rupelmonde », Lexikon des Mittelalters, t. 7, Munich-Zurich, Artemis & Winkler, 1995, col. 1105.
71 M. Vandermaesen, « Het slot van Rupelmonde… », op. cit., p. 304.
72 Ibid., p. 277-278.
73 E. Strubbe, « De oorkonden… », op. cit., p. 107-112, nos 5-8.
74 C’est bien ainsi que s’explique l’inventaire namurois de 1263, très vraisemblablement dressé par les clercs de Gui de Dampierre à l’occasion du rapatriement des archives comtales, qui avaient été mises en sécurité à Paris quelques années plus tôt : P. Dehove et J.-F. Nieus, « Aux origines de la science princière des archives… », op. cit., p. 101-104.
75 E. De Paermentier, Oorkonden…, op. cit., t. 1, p. 508-510. Un arrangement trouvé en 1241 a été rediscuté à la fin de la décennie et plusieurs fois vidimé à ce moment : outre le vidimus de 1249 signalé par E. De Paermentier, il en existe un de l’année 1247 (Gand, RA, Oorkonden der graven van Vlaanderen, Fonds de Saint-Genois, no 55).
76 Gand, R.A., Oorkonden der graven van Vlaanderen, Fonds Wyffels, no 37. Ce document listant les pièces comptables remises à Jean Makiel en 1271 m’a été signalé par Aurélie Stuckens, que je remercie.
77 E. Strubbe, Egidius van Breedene…, op. cit., p. 58-66.
78 Je me permets de renvoyer ici aux résultats de la recherche doctorale d’A. Stuckens (Université de Namur) sur l’administration du comté de Flandre entre le milieu XIIIe et le milieu du XIVe siècle, qui est actuellement en voie de finalisation.
79 Namur, A.É., Chartrier des comtes de Namur, nos 32 et 42. Ces deux actes portent la note dorsale qui se rattache à la deuxième campagne d’endossement des actes flamands.
80 Lille, Arch. dép. Nord, B 1561, fo 10v (acte de 1189 issu des archives de Béthune), 51 (traité de Péronne, 1200), 51-51v (traité de 1167 avec la Hollande), etc. Sur ce registre, voir A. Stuckens, « À l’origine de l’enregistrement… », op. cit., passim.
81 Une liste de chartes originales remises à un clerc comtal en 1301 (Gand, R.A., Oorkonden der graven van Vlaanderen, Fonds Wyffels, no 406 ; je remercie une fois de plus A. Stuckens de m’avoir signalé cette pièce) énumère notamment des diplômes de Frédéric II de Hohenstaufen, toujours conservés de nos jours, qui datent de 1220 et 1245 (originaux : Paris, BnF, Collection Colbert, t. 378, nos 491 et 493).
82 Rapide survol, avec la bibliographie essentielle : Marc Boone et Maurice Vandermaesen, « Conseillers et administrateurs au service des comtes de Flandre au bas Moyen Âge : intérêts économiques, ambitions politiques et sociales », À l’ombre du pouvoir. Les entourages princiers au Moyen Âge, Jean-Louis Kupper et Alain Marchandisse (éd.), Liège, Université de Liège, « Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, 283 », 2003, p. 295-308, aux p. 297-301.
Auteur
Chercheur qualifié du F.R.S.-FNRS à l’Université de Namur – Centre PraME.
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