Introduction
p. 9-17
Texte intégral
1Depuis quelques années, un certain nombre de travaux historiques significatifs ont permis à l’histoire du sport d’abandonner une inquiétante situation de marginalité et de quitter le « territoire du vide » qui paraissait être le sien. Situation d’autant plus paradoxale que l’objet sportif constituait déjà pour les sociologues, philosophes, économistes ou anthropologues un objet légitime, dont la dimension culturelle ne saurait être contestée. Cette relative « distance culturelle » des historiens à l’égard de l’objet sportif, pour reprendre la formule de Ronald Hubscher1, pourrait suffire à expliquer le nombre limité de travaux de recherches et d’ouvrages sur le sujet : les tables analytiques des Annales ne mentionnent aucun article consacré aux pratiques sportives avant 1990 et il faut attendre 1981 pour que la Bibliographie annuelle de l’histoire de France insère, sous la rubrique « vie quotidienne », une sous rubrique plutôt hybride consacrée à la fois aux jeux et aux sports. Quant à l’index thématique de L’annuaire annuel des historiens de la période moderne et contemporaine, il ne fait aucune mention du sport ou des pratiques sportives, que ce soit dans le chapitre « histoire sociale » ou « histoire des civilisations ». Le constat est cependant plus nuancé si l’on considère les tables de la revue L’Histoire, depuis 1978 : la trentaine d’articles recensés met en évidence une vision plutôt polysémique de l’histoire du sport, et la prééminence du fait olympique2.
2 Les causes de cette confidentialité de l’histoire du sport sont finalement autant structurelles que conjoncturelles. L’une des principales difficultés consistant en la définition de cet objet sportif polysémique. Le fait qu’il recouvre précisément de multiples domaines demeure finalement un obstacle à son intégration dans l’un ou l’autre des domaines ou champs de la recherche historique. Situé aux marges de l’histoire sociale ou de l’histoire des mentalités, il semble aujourd’hui participer aux « vagabondages de l’histoire culturelle », pour reprendre l’expression de Gérard Noiriel, pour qui la nature même du sport et l’espace sémantique multidimensionnel qui le caractérise en compliquent l’approche3.
Recensement des articles de la revue L’Histoire consacrés à l’histoire du sport (1978/1998)
Thèmes abordés | 1978/90 | depuis 1990 | Total |
Jeux olympiques antiques | 3 | 3 | |
Olympisme et jeux de Père moderne | 5 | 1 | 6 |
Jeux traditionnels sous l’Ancien Régime | 1 | 1 | 2 |
Histoire des pratiques sportives. Généralités Pratiques sportives (tir à l’arc, rugby, |
2 | 3 | 5 |
alpinisme, cyclisme, boxe, tauromachie) | 9 | 1 | 10 |
Histoire du football | 2 | 4 | 6 |
Total | 33 |
3 Longtemps considérée comme le parent pauvre de la recherche historique, en dépit de travaux pourtant nombreux au-delà de nos frontières4, l’histoire du sport semble cependant connaître depuis quelques années un nouvel essor, qui résulte pour partie de la césure opérée entre une histoire de l’éducation physique quelque peu phagocytée par les « historiens des STAPS » et une histoire du sport moderne ou des pratiques sportives, qui dépasse une simple approche techniciste5. Ces nouvelles approches plurielles ne témoignent pas simplement d’une plus grande maturité scientifique de l’objet sport. Elles l’inscrivent délibérément dans les sphères sociale et culturelle et dans ce temps des loisirs, mis en lumière par Alain Corbin6. Pourtant, cette histoire culturelle, profondément revisitée depuis les années quatre-vingts, peine encore à considérer les pratique sportives comme « œuvres de culture », au même titre que le cinéma, la radio, et différentes formes d’art. La définition que donne Jean Pierre Rioux des pratiques culturelles (Formes de sociabilité et de mémoires particulières, us et coutumes des groupes humains) pourrait d’ailleurs fort bien convenir à l’objet sportif7.
4A l’image de la voie ouverte par Dominique Lejeune dès 19748, l’historien ne doit donc pas hésiter à « bousculer les vieilles écoles et sortir de son pré carré » et investir en toute légitimité le champ des pratiques sportives. Par contre, si l’histoire du sport représente depuis peu un nouvel itinéraire balisé par des travaux reconnus, l’histoire du football constitue encore un chemin de traverse, où rares sont les historiens qui s’y aventurent. En considérant effectivement le football comme « nouveau territoire de l’historien », Alfred Wahl répond d’emblée aux interrogations et doutes qui subsistent quant à la légitimité et à la pertinence d’une approche historique de l’objet football9. Refusant le principe d’un traitement satellite et affirmant la nécessité de constitution d’un champ autonome, Alfred Wahl met en avant le paradoxe déjà évoqué à propos d’une recherche historique en mouvements, en quête de nouveaux objets et de nouvelles approches, mais qui curieusement se met à distance de l’objet sportif en général et du football en particulier : son exotisme supposé et sa banale popularité constituent pour le moins de confortables alibis, au-delà des difficultés méthodologiques, conséquence d’une relative précarité des sources disponibles.
5Soulignant le caractère européen de ce « complexe d’abandon » (exception faite des historiens anglais, ayant ouvert le vaste champ d’une histoire sociale du football), Alfred Wahl rappelle que la pertinence du regard historique sur le football moderne suppose au préalable une clarification conceptuelle, permettant de dégager questionnements et thématiques. Une fois posée, elle autorise non seulement un regard périphérique, qui utilise les instruments de l’histoire sociale, politique ou économique, mais doit aussi conduire à une étude de la discipline elle-même, par l’identification et l’analyse de « son propre temps, ses propres lois d’évolution, ses propres crises ».
6Dix années après que l’éditorial de Jean-Pierre Rioux ait consacré le football comme « sport du siècle »10, le processus de construction d’une histoire du football français est indéniable. Les axes de traitement proposés par Alfred Wahl dans la revue Vingtième Siècle correspondant aux itinéraires majoritairement empruntés : ses propres travaux, associés à ceux de Pierre Lanfranchi, constituent désormais des références historiques incontournables faisant autorité. Ils offrent non seulement un cadre chronologique précis à partir de la thématique dominante du professionnalisme, mais proposent également une approche plus transversale, qui s’intéresse à l’histoire des clubs, des instances fédérales, et des joueurs. C’est à partir de ce socle originel que des travaux plus récents ont été publiés, qui s’intéressent particulièrement aux phénomènes migratoires et à la typologie des joueurs étrangers évoluant dans les championnats de France professionnels11.
7Autant de recherches qui permettent au football moderne d’apparaître comme un puissant révélateur des changements affectant la société au tournant du XIXe (Alfred Wahl), à mesure de son enracinement et de son développement en France. Si la « greffe britannique » ne tarde pas à prendre sur notre territoire, à partir d’un essaimage géographique plutôt complexe, son succès s’explique par un ensemble de facteurs croisés que l’on peut rapidement énumérer : La précocité puis la densité du mouvement associationniste au XIXe favorisent la création de sociétés sportives et de clubs qui participent à l’émergence de liens de sociabilité entre acteurs ou communautés, à l’origine de phénomènes identitaires. L’enracinement de la Troisième République et le choix du modèle démocratique permettent au football d’en devenir « la transposition sportive ». La nature du jeu, la simplicité de ses règles qui autorisent l’universalité de sa pratique, et son accessibilité technique vont progressivement effacer le processus historique d’une pratique distinctive, au profit de la valorisation d’individualités issues de catégories sociales populaires12.
8 L’historien doit cependant demeurer vigilant, en imposant ses exigences méthodologiques et son regard distancié. L’organisation en France de la Coupe du Monde de football en 1998 aura montré les dérives provoquées par ce processus « d’accélération par les médias », dénoncé par Georges Vigarello : il aboutit à une véritable frénésie littéraire (plus de 110 ouvrages consacrés au football ont pu être recensés à cette occasion), où les travaux d’historiens constituent de trop rares exceptions, et voisinent généralement avec des productions indigentes13. Monopolisée par les journalistes sportifs, l’histoire du football devient « forcément fabuleuse ». L’accumulation de superlatifs (qui transforme l’histoire des clubs en épopées, la carrière des joueurs en fabuleux destins, et le parcours de l’équipe de France en aventure mythique...) devant inciter à la prudence : un traitement événementiel, forcément hagiographique, généralement accompagné d’un traitement statistique, ne peut que valider la thèse d’Yves Vargas sur la vacuité de l’objet sportif14. Les pratiques de savoir et les pratiques de mémoire de l’historien (pour reprendre l’expression de Gérard Noiriel) doivent permettre à l’historien de proposer ses analyses, fondées sur la consultation des sources et la rigueur des outils méthodologiques.
9L’histoire du football nordiste se situe dans cette logique de confidentialité : les historiens qui évoquent la naissance du football dans la région Nord – Pas-de-Calais l’inscrivent dans le processus plus global d’implantation de pratiques sportives importées d’Angleterre à la fin du XIXe. Complétant en quelque sorte le maillage des jeux traditionnels, les sports modernes constituent un élément non négligeable d’une sociabilité nordiste particulière. Les mentions des premiers clubs, rencontres ou compétitions organisées dans la région demeurent allusives ou étroitement liées à l’histoire des villes : le club devient alors un élément constitutif de l’identité et de la culture urbaines (à l’image de l’Union Sportive Boulonnaise, du Racing-Club de Calais, du Racing-Club de Lens ou du Stade Béthunois)15. Les deux histoires du football nordiste recensées sont l’œuvre de journalistes sportifs de la région et répondent à des impératifs commémoratifs précis. Elles permettent toutefois de disposer de matériaux de première main16.
10Le premier objectif de ce travail de recherches consiste donc en la reconstitution d’un « puzzle historique », dont les éléments disséminés doivent être replacés dans une temporalité également reconstruite. Si l’histoire du football nordiste peut aussi être envisagée selon une approche globale ou thématique, il convient au préalable de penser son écriture à partir d’une exhumation des faits et des événements sportifs qui, une fois contextualisés, autoriseront des analyses et tentatives d’explication thématisées. Approche méthodologique peut-être convenue, mais que l’absence de travaux sur le sujet rend nécessaire, sans pour autant être suffisante. Dans un article de référence, Alfred Wahl soulignait en effet les limites d’une approche strictement chronologique, qui aurait pour effet de présenter une histoire régionale « désincarnée », simple « parallèle à une histoire générale », et à peine prise en compte : une simple présentation linéaire des clubs, des compétitions, et des principaux joueurs ne peut se concevoir qu’à partir d’autres éclairages, notamment social (identification des catégories pratiquant l’activité) et culturel (analyse des phénomènes d’organisation de la pratique)17. A l’inverse, une histoire du football se focalisant sur cet environnement, et négligeant par-là les aspects ludiques et sportifs de la discipline aboutirait à une « dilution de la pratique » au sein d’une histoire régionale qui deviendrait rapidement l’objet du récit.
11Il s’agit donc de proposer une histoire du football nordiste qui puisse disposer à la fois de sa propre temporalité et qui s’inscrive dans un temps politique, social et culturel spécifiques. C’est effectivement la condition préalable à l’écriture d’une histoire autonome du footbal, qui possède « ses propres lois d’évolutions et ses propres crises » et ne soit « ni subordonnée, ni dépendante ».
12La reconstruction de cette temporalité permettra donc d’identifier les phases de continuité et de ruptures autour de trois époques : Le temps des origines (avant 1914), Le temps de l’enracinement (1914/1931), et Le temps des mutations (de 1931 à 1940). Chacune des périodes étant abordée selon trois entrées principales, autorisant une approche plus thématique : les pratiques sportives (évolution du jeu et des styles, identification de schémas tactiques, caractéristiques principales des clubs, organisation des rencontres puis des compétitions, cohabitation entre l’amateurisme et le professionnalisme), les réalités sociales (origine des joueurs et des dirigeants des clubs et instances sportives, évolutions des publics et en particulier ce passage du spectateur au supporter, place des clubs dans le tissu économique, social et associatif de la région ou d’une cité, etc.), et le ciment culturel (le football comme élément constitutif de la sociabilité nordiste et comme fait culturel, fonctionnement associatif des clubs, football et immigration dans le bassin minier, etc.). Le Racing-Club de Lens, creuset de la nation artésienne (pour reprendre la formule d’Alain Lottin), bénéficiant en quelque sorte d’un traitement particulier, dans la mesure où l’histoire du club épouse non seulement le découpage chronologique proposé, mais permet d’illustrer la majorité des thématiques évoquées.
13Ce parti pris d’un certain éclectisme dans la démarche est aussi la conséquence de difficultés méthodologiques, en partie liées aux sources : Les archives du football, et particulièrement celles du football nordiste, sont en effet pour le moins dispersées et fragmentaires. Les séries M, W et Z (Archives Départementales du Pas-de-Calais) ne contiennent aucune référence aux clubs de football. Les sources imprimées, si elles témoignent de la vitalité du mouvement associationniste dans la région (en particulier les sociétés de gymnastique), permettent de consulter les journaux, publications internes et rares plaquettes-anniversaires des principaux clubs du département, pour une période souvent très contemporaine. Forcément hagiographiques, souvent statistiques, ils n’en constituent pas moins des documents de première main, essentiels à la reconstitution du puzzle. Quant aux archives de la Ligue du Nord de football, elles ne sont réellement constituées qu’à partir de 1962, date de la publication régulière d’un Annuaire de la Ligue18.
14Ce constat de précarité est heureusement atténué par l’apport de matériaux périphériques, provenant de la presse locale et régionale. Le phénomène de « sportivisation » des pratiques ludiques est visible à partir des années 1905/1907, période où les comptes-rendus des rencontres de football association se font plus présents, au sein d’une rubrique « sports » identifiée. Au lendemain de la première guerre mondiale, l’éclosion d’une presse sportive régionale accordant au football une place souvent prépondérante, prolonge le phénomène.
15Le choix des clubs étudiés ainsi que leur cadre géographique de référence ont été imposés par des sources qui assurent une reconstitution sans doute partielle de cette histoire du football nordiste, où le département du Pas-de-Calais est naturellement privilégié. Le découpage sportif du territoire de la Ligue, qui ne se superpose pas aux limites administratives de la région (les limites des districts prendraient plutôt en compte des frontières historiques), explique le regard plus particulier porté aux clubs du littoral et de l’Artois.
Notes de bas de page
1 Se reporter à la bibliographie annexe. La première approche historique significative de l’histoire des pratiques et des associations sportives en France dans : Hubscher (Ronald), Dir. L’histoire en mouvements : le sport dans la société française (XIXe/XXe), Armand Colin, 1991, 559 p.
2 Les trois articles recensés témoignent de cette diversité : le premier évoque « Les jeux au royaume de France du XIIIe au début du XVIe », le second « La compétition sportive en Languedoc au début du siècle », le dernier enfin reprend les travaux de Pierre Arnaud (Le militaire, l’écolier, le gymnaste. Naissance de l’éducation physique en France. 1869/1889). Consulter : Table analytique des Annales (1989/1993), Armand Colin, 1995, p. 138. Se reporter également à : Les historiens de la période moderne et contemporaine. Annuaire 1991, Editions du CNRS, 1991, 313 p. Le récent numéro anniversaire de la revue L’Histoire (1978/1998 : Chronique des vingt ans qui ont changé le monde), publié au mois d’avril 1998 contient, un récit du sacre de l’Olympique de Marseille en 1993.
3 Noiriel (Gérard), Sur la crise de l’histoire, Belin, 1996, 348 p. La reconnaissance récente du champ sportif par l’historiographie contemporaine n’est pas encore manifeste : Gérard Noiriel évoque seulement les recherches de Pierre Arnaud sur « la pédagogie du sport », tandis que Jean Maurice Bizière et Pierre Vayssière, abordant les territoires ignorés et ceux revisités par la Nouvelle Histoire, ne mentionnent à aucun moment l’objet sportif. Sans doute est-il victime de la parcellisation du champ et d’un éclectisme historiographique qui pourtant l’ignore. Se reporter à : Noiriel (Gérard), Qu’est-ce que l’histoire contemporaine, Hachette supérieur, 1998, p. 158. Bizière (Jean Maurice), Vayssière (Pierre), Histoire et historiens. Antiquité, Moyen Age, France moderne et contemporaine, Coll. Hachette supérieur, 1995, 251 p.
4 Consulter plus particulièrement : Zeldin (Théodore), Histoire des passions françaises (1848/1945). Goût et corruption (vol. 3), Seuil, Coll. Points histoire, 1979, p. 376. Weber (Eugen), Ma France, Fayard, 1991, pp. 273-298.
5 Se reporter aux ouvrages suivants : Arnaud (Pierre) Dir., Les athlètes de la République (gymnastique, sport et idéologie républicaine). 1870/1914, L’Harmattan, 1998, 418 p. Terret (Thierry) Dir., Histoire des sports, L’Harmattan, 1996, 250 p. Delaplace (Jean Michel), L’histoire du sport, l’histoire des sportifs. Le sportif, l’entraîneur, le dirigeant (XIXe/XXe), l’Harmattan, 1999, 411 p.
6 Corbin (Alain), Dir., L’avènement des loisirs (1850/1960), Aubier, 1995, 469 p.
7 Rioux (Jean Pierre), Sirinelli (Jean François), Pour une histoire culturelle, Seuil, Coll. L’univers historique, 1997, p. 18.
8 Lejeune (Dominique), Les alpinistes en France à la fin du XIXe et au début du XXe, thèse de troisième cycle, Université de Paris X Nanterre, 1974, 2 vol. Dactyl.
9 Wahl (Alfred), « Le football, un nouveau territoire de l’historien », In Vingtième siècle, n° 26, avril/juin 1990, pp. 127-131.
10 « Un sport à propos duquel l’adjectif ‘collectif’ prend son plein sens, un spectacle ‘supporté’ et médiatisé, une industrie non négligeable, un miroir tendu aux imaginaires et aux fureurs des sociétés de tous les continents : le football est devenu tout cela à la fois. Sa croissance spectaculaire en a fait peu à peu le ‘sport du siècle’ que nous présentons aujourd’hui ». Rioux (Jean Pierre), « Le football, sport du siècle », In Vingtième siècle, n° 26, avril/juin 1990, p. 3.
11 Se reporter à la bibliographie en annexe, en particulier : Lanfranchi (Pierre), Wahl (Alfred), Les footballeurs professionnels des années trente à nos jours, Hachette, Coll. Actuelles, 1995, 290 p., Wahl (Alfred), La balle au pied. Histoire du football, Gallimard, Coll. Découvertes, 1998, 160 p. (réed.), Les archives du football. Sport et société en France (1880/1980), Gallimard, Coll. Archives, 1989., Barreaud (Marc), Dictionnaire des footballeurs étrangers du championnat professionnel français (1932/1997), L’Harmattan, 1998, 317 p. A l’occasion d’un récent colloque, Alfred Wahl souhaitait que l’on puisse dépasser le cadre économique et social (devenu classique) de l’histoire du football, pour se consacrer à une histoire du jeu, des styles et des tactiques. Colloque de l’INSEP (Institut National du Sport et de l’Education Physique), Football : jeu et société, 11/13 mai 1998.
12 Alfred Wahl insiste particulièrement sur les rapports étroits entre football et démocratie : « la démocratie exacerbe l’esprit de compétition et d’initiative, tout en impliquant une discipline librement consentie », autant de caractères que l’on retrouve dans la pratique du football (acceptation des règles du jeu, esprit de groupe et coopération nécessaire entre les partenaires d’une même équipe, valorisation des potentialités individuelles dans un cadre compétitif), à l’origine de sa rapide démocratisation. De même, le jeu ne s’accompagne pas de pré-requis sociaux, financiers ou culturels : si l’image est quelque peu réductrice, « au football, l’ouvrier peut être meilleur que le bourgeois ».
13 Quelques ouvrages, parus à l’occasion de la Coupe du Monde de Football 1998, méritent d’être signalés : Boniface (Pascal) Dir., Géopolitique du football, Complexe, 1998, 147 p. Barreaud (Marc) Dir., La Coupe du Monde de football : miroir d’un siècle, Chiron, 1998, 1919 p. Guillain (Jean Yves), La Coupe du Monde de football : l’œuvre de Jules Rimet, Amphora, 1998, 123 p.
14 La vacuité du football et de l’objet sportif en général rendent inévitable ce genre de publications, qui privilégient des modèles descriptifs et statistiques, faisant fi des enjeux et de la spectacularisation croissante des phénomènes sportifs, situés à la périphérie de l’objet sportif. Consulter : Vargas (Yves), Sur le sport, P.U. F, 1992, 128 p. Si le jugement peut paraître sévère, le principe d’immédiateté déjà évoqué aboutit effectivement à une multiplication de publications parfois édifiantes : la frénésie statistique met l’histoire du football en fiches, avec les publications désormais régulières des « années du football » ou « saisons du football » (classements en tous genres, comptabilisation des buteurs, spectateurs, points marqués, etc.). Quant à l’hagiographie sportive, elle multiplie les histoires de clubs français aux parcours européens toujours prestigieux (la fabuleuse épopée des « Verts » constitue un classique) et les biographies de joueurs qui relatent généralement de formidables ascensions... Le récit des compétitions internationales (Coupes d’Europe, Coupe du Monde) s’accompagne généralement d’un chauvinisme aux relents parfois populistes.
15 La collection Histoire des villes du Nord – Pas-de-Calais (se reporter à la bibliographie annexe), consacre pour chacune des villes étudiées un chapitre à la vie culturelle de la cité à la fin du XIXe. La naissance des premiers clubs et sociétés sportives montre une « greffe bourgeoise et aristocratique » du modèle anglais, notamment en ce qui concerne les clubs de football.
16 Hurseau (Paul), Histoire du football nordiste, Ligue du Nord de Football, 1977, 277 p. Publié à l’occasion du 60e anniversaire de la Ligue, il présente une rapide histoire des institutions sportives, des clubs, et des principaux joueurs ayant évolué sur le territoire de la Ligue, dans une perspective commémorative. Dremière (Laurent), Un siècle de football en Nord, éditions la Voix du Nord, 1998, 144 p. Vision plutôt hagiographique du football nordiste, dans un style très lyrique...
17 Wahl (Alfred), « Pour une histoire du football », In Sports et loisirs en Alsace au XXesiècle, Editions de la revue EPS, 1994, pp. 9-13.
18 Consulter la bibliographie annexe. La consultation des Annuaires de la Ligue du Nord de football permettra, à partir des années soixante, de procéder à une approche quantitative du football nordiste (recensement systématique du nombre de clubs et de licenciés, qu’il faudrait compléter par une cartographie adaptée, mettant en évidence les phénomènes de spatialisation et hiérarchisation). Les archives du District Artois sont hélas inexistantes pour la période concernée. Elles se limitent d’ailleurs à la conservation des documents officiels de la saison écoulée.
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