Émile Haguenin, un « homme d’influence » en Suisse pendant la Grande Guerre
p. 109-125
Texte intégral
1Géographiquement, la Suisse, petit état industriel, dépourvue de matières premières, occupait une position unique par rapport aux autres pays neutres. Carrefour européen, elle était encerclée par les belligérants, l’Allemagne, l’Autriche, la France et, à partir de 1915, par l’Italie. Elle faisait ainsi figure de fragile îlot de neutralité1.
2Depuis le 3 août 1914, cette situation impliqua un mouvement de convergence quasi spontané de « réfugiés » de toutes sortes et de tous les pays qui sévirent parfois dans le domaine de l’espionnage, du contre-espionnage et de la propagande.
3Unique était aussi cette division de la population entre les deux camps français et allemand. La Suisse comptait alors moins de quatre millions d’habitants répartis entre trois groupes ethniques, celui des Suisses romands, celui des Suisses alémaniques dans les proportions d’un tiers et de deux tiers et le groupe des Suisses de langue italienne, dans le Tessin, qui occupait une place particulière2.
4Outre les autochtones, la Suisse abritait un nombre important d’étrangers. Les Allemands en représentaient la colonie la plus importante et s’étaient bien sûr installés essentiellement en Suisse alémanique. Les Italiens étaient surtout présents à Zurich, Berne, Saint-Gall, dans le canton de Vaud, à Genève et dans le Tessin. La colonie française était installée dans le Jura bernois, dans les cantons de Vaud et de Neuchâtel et surtout dans celui de Genève. Genève représentait le contrepoids français face à la très germanique Zurich3.
5Toute la période de la guerre fut marquée par l’opposition entre Suisses romands et Suisses alémaniques, justifiant le titre du livre de Louis Dumur, Les deux Suisses (1918) et Romain Rolland écrivait dans Journal des années de guerre 1914-1919 : « Toute la Suisse française est enragée contre les Allemands... En revanche, le peuple et la petite bourgeoisie de Suisse allemande sont pour les Allemands... l’opposition est grave entre les deux Suisse4 ».
6Bien sûr le clivage n’était pas aussi strict et à l’intérieur des deux groupes antagonistes, il existait des éléments « dissidents » qui ne prenaient en considération que leur avenir économique et commercial. Mais l’influence allemande en Suisse alémanique était plus nettement marquée que celle de la France en Suisse romande. Là encore, l’infiltration allemande dans tous les domaines de la vie remontait à des décennies et les Allemands avaient joué un rôle très important dans la formation des cadres militaires suisses.
7La masse des commerçants bâlois et zurichois, les patriciens bernois faisaient également partie des inconditionnels de l’Empire ainsi que les catholiques et la bourgeoisie des cantons de Fribourg, de Lucerne et des Grisons. Dans ce monde viscéralement germanophile, les Français étaient les moins détestés de tous les Alliés. Dans les milieux paysans, chez les intellectuels et les industriels ayant beaucoup voyagé, les sympathies allemandes étaient plus nuancées. D’une manière plus générale, même dans ce monde pro-germanique, on nourrissait bien des craintes à l’égard des Allemands et on redoutait leur main mise sur le commerce et sur la finance helvétiques. Les Suisses alémaniques, rejoignant en cela leurs compatriotes romands, ne souhaitaient pas voir s’instaurer une Allemagne prédominante en Europe. Ils espéraient qu’un équilibre s’établirait entre leurs différents voisins, seule garantie de leur indépendance politique et économique. Ce clivage entre les deux Suisse était dépassé par la peur commune de l’Allemagne. La puissance militaire allemande, ses actes de violence, les drames de Reims et de Louvain firent prendre conscience aux Suisses que le danger était à leurs portes. Quelques incidents militaires se produisirent d’ailleurs, en juillet 1917, des bruits persistants de l’invasion de la Suisse par les Allemands se répandirent un peu partout. Cette peur était doublée d’une peur économique car les Suisses étaient conscients de leur dépendance énergétique à l’égard de leur grand voisin germanique. C’est donc dans ce pays institutionnellement neutre mais écartelé moralement que la « guerre intellectuelle », pour reprendre la terminologie de Gonzague de Reynold, atteignit son paroxysme :
Qui ne voit donc clairement ceci : pour le moment, la guerre des armes nous a épargnés mais nous sommes atteints par la guerre économique, mais nous sommes envahis par la guerre intellectuelle... Autrefois on disait : le marchand précède le soldat ; il faut dire aujourd’hui : l’écrivain, le conférencier, le professeur et le journaliste précèdent le marchand, le diplomate et le soldat5.
Il le déplorait encore après la guerre :
Rappelons que, de 1914 à 1918, nous étions le champ clos de toutes les propagandes étrangères, de ce bellum scolaticum aussi dangereux pour les esprits que les gaz pour le corps6.
8La division en deux camps de ce petit pays fut encore exacerbée par la propagande des belligérants. Y eut-il un Etat, pendant la guerre, où l’on se référa autant à la notion de neutralité morale et où on la respecta moins ? Les autorités fédérales se virent ainsi dans l’obligation d’édicter deux ordonnances, le 2 et le 27 juillet 1915, la première concernant la répression des outrages envers les peuples, chefs d’Etat et gouvernements étrangers, la seconde instituant paradoxalement dans cet Etat profondément démocratique, une Commission fédérale du Contrôle de la Presse, compétente pour tous les imprimés et organes de presse importés par la Suisse. La presse se mit à publier des listes d’ouvrages interdits à l’exposition dans les vitrines, de journaux interdits à la vente et à la distribution, de numéros de journaux saisis etc. Mais l’équilibre devait être respecté ainsi quand la première brochure de Bédier sur les Crimes allemands fut interdite d’exposition dans les devantures et d’expédition postale, la brochure allemande qui lui répliquait se vit appliquer la même mesure.
9La presse refléta parfaitement dans ses tendances la coupure en deux de ce pays. La presse de la Suisse alémanique était, à deux exceptions près très germanophile et souvent agressive, celle de la Suisse romande soit ententophile, soit francophile, soit les deux à la fois. Les organes essentiels étaient pratiquement tous engagés dans la « lutte ».
10La propagande allemande s’était installée en Suisse comme chez elle dès 1870. L’action allemande en Suisse au cours de la guerre fut identique à celle de la France du moins quant au but poursuivi : il fallait agir sur le moral de ce de pays neutre en ruinant le prestige de l’adversaire et en s’attachant à donner une haute idée de l’Empire. À travers cet état neutre, comme à travers tout pays neutre, il fallait tenter d’atteindre l’adversaire. En exerçant une action de propagande chez les neutres, c’était toujours à l’ennemi que l’on songeait au moins autant qu’aux neutres eux-mêmes. Cette remarque est certes valable pour tous les pays neutres mais bien davantage pour un Etat comme la Suisse, centre de confrontation et d’interpénétration entre la France et l’Allemagne7.
11L’action des Allemands en Suisse présenta plusieurs caractéristiques. Elle était forte et faible à la fois. Elle exaspéra souvent par son manque de mesure et de discrétion. Faible aussi parce que dans ce pays, elle eut à répondre aux reproches très vifs de tous les Suisses concernant les responsabilités de guerre, les violations du droit des gens, les atrocités commises dans les territoires occupés. Les notions de droit international et de respect des nations étaient fortement ancrées dans la mentalité suisse.
12Par contre, la propagande allemande fut forte dans les domaines militaire et commercial. Cette propagande allemande inquiéta beaucoup les autorités françaises. La France partait avec un handicap d’importance dans cette lutte car l’ambassade de France à Berne, poste capital s’il en fut, ne put recevoir le personnel qui lui était nécessaire qu’en 1918 en raison de la mobilisation qui avait désorganisé les services diplomatiques à Paris et dans les postes. L’ambassadeur, Paul Beau, à Berne de 1911 jusqu’au début de 1918, était la personnalité qui convenait à ce pays. C’était un homme aimable, fin, réservé et connaisseur sûr des affaires suisses. Ses qualités furent appréciées par les Suisses à tel point qu’ils virent arriver avec un certain déplaisir, en février 1918, un nouvel ambassadeur, Paul Dutasta, considéré comme l’homme de Clemenceau. Pour bien des observateurs suisses, cette nomination laissait prévoir une diplomatie plus « musclée ». De plus, comme une large partie de l’opinion suisse estimait que Clemenceau était hostile à la neutralité de la Suisse, nombreux furent ceux qui pensèrent qu’il allait donner à Dutasta des consignes en vue d’une action plus vigoureuse tendant à influencer le gouvernement dans un sens interventionniste.
13Dès le début de 1915, la très active Commission des Affaires extérieures de la chambre entra en action, considérant qu’il était bon de se renseigner sur ce petit pays devenu « l’échiquier de la diplomatie mondiale ». Plusieurs délégations se rendirent sur place. Les conclusions tirées des observations faites par les envoyés de la commission aboutirent à la remarque suivante : la Suisse devait être désormais considérée comme « le centre d’informations mondial par excellence8 ».
14La légation de la France s’était montrée active en matière d’information mais l’activité la plus originale fut déployée par le bureau de presse français de Berne, créé en 1916 et qui dura jusqu’en 1919, placé sous l’autorité d’une forte personnalité, le Professeur Emile HAGUENIN. Ce fut d’ailleurs lui qui donna de la propagande à entreprendre en Suisse la conception la plus judicieuse en fin connaisseur qu’il était des hommes et de la psychologie suisse :
... Il est évident que tout ce travail ne peut s’opérer de façon mécanique et en bloc. Il y faut beaucoup de prudence et une ingéniosité qui n’exclut pas le discernement. La Suisse est un terrain fécond, mais dangereux. De plus en plus défiant à l’égard de l’étranger, le Suisse devient aussi de plus plus ombrageux en ce qui touche à son indépendance de jugement et d’action. Il ne s’agit donc pas là de répandre des brochures, de provoquer des polémiques, d’imposer des idées et des procédés. Il faut suggérer lentement, en tenant compte du pays et des gens. Il y a un art qui n’est pas reluisant, mais qui ne laisse pas d’être malaisé, de parler aux neutres9 ».
15L’importance de ce personnage encore méconnu a été relevée par des chercheurs tel Jacques Bariéty10. Il avait réussi à faire du bureau de Berne un modèle de propagande d’où il supervisait toute l’action de propagande menée en Suisse ou à partir de la Suisse. François-Emile Haguenin naquit à Cuchery, dans la Marne, le 6 février 1872 et mourut à Paris le 25 janvier 1924, à l’âge de 52 ans11.
16Issu d’une famille de la petite bourgeoisie provinciale, après de brillantes études à Reims, il entra, en 1890, au lycée Janson-de-Sailly comme élève-pensionnaire pour préparer le concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure. Reçu en 1892 dans la section Lettres, intellectuellement, sa subtilité d’esprit, son sens de la nuance, sa finesse de réflexion, son goût pour la discussion, sa facilité d’élocution, sa capacité d’observation et de synthèse frappaient déjà ses maîtres et ses camarades.
17Le 30 août 1896, il était nommé « agrégé des lycées pour l’ordre des lettres » après avoir été reçu au concours de l’agrégation.
18Il commença une carrière de professeur de lycée à Moulins dans l’Allier mais sollicita au bout d’un an un congé d’inactivité qu’il fit renouveler trois années de suite. Son mariage en novembre 1896 avec Noémi Pellault Saint Agnan lui avait apporté des revenus importants, ce qui lui permettait donc de prendre ainsi ses distances avec un enseignement qui ne lui plaisait guère. Il préférait briller dans des conférences publiques régionales où il dissertait avec autant de facilité du roman russe que des poètes français contemporains. Il ambitionnait avant tout d’entrer à l’Université et les loisirs que lui procurait ses congés étaient occupés à la préparation de sa thèse latine sur la poésie de Perse et de sa thèse française sur la philosophie de Cicéron. Pour mener à bien ses recherches, il sollicita, en 1897, l’accord du ministère de l’instruction publique pour une mission en Italie. Il y fut accrédité auprès des agents diplomatiques et consulaires français utilisant les relations de son beau-père, relations dont il abusa par la suite pour parvenir à ses fins, mû par une volonté et une ambition sans limite. Il passa ainsi huit mois en Italie puis il postula aux fonctions de maître de conférence de latin. Grâce à l’intervention de Louis Liard alors Directeur de l’Enseignement Supérieur au Ministère de l’instruction publique, il fut nommé à l’Université de Nancy en Littérature française en 1901. Mais Haguenin voulait encore plus. En octobre 1901, il était appelé à Berlin où il demeura jusqu’en août 1914 comme professeur de littérature française à l’Université et au Séminaire des langues orientales vivantes. Ainsi s’ouvrait devant lui une carrière brillante et pleine d’avenir. Une fois encore, il devait cette promotion à Louis Liard. Le Chancelier comte von Bülow fit prendre des renseignements sur ce jeune professeur. L’ambassadeur d’Allemagne à Paris y répondit de la manière la plus favorable et soulignait que par son mariage Haguenin se trouvait placé sur le même rang social que ses collègues allemands, tous issus de la haute bourgeoisie aisée.
19Le poste attribué à Haguenin était nouvellement créé, ce qui représentait une promotion universitaire car cela supposait que l’enseignant choisi pour l’occuper présentait des qualités particulièrement remarquables pour représenter son pays dans un milieu plein de préjugés envers la science française. Haguenin se sentait capable d’aider au rapprochement culturel souhaité entre les deux pays. Du côté français, on attendait qu’il fût en même temps un bon propagandiste de la pensée française. De la sorte, Haguenin pouvait ambitionner de devenir une sorte d’attaché culturel, collaborateur de l’ambassadeur Jules Cambon en poste de 1907 à 1914, ce qui lui ouvrirait des débouchés prometteurs dans le milieu diplomatique. Haguenin n’était pas homme à s’engager à la légère et il avait évalué les avantages et les inconvénients tant professionnels que matériels de cette nouvelle situation.
20Parti à Berlin pour un contrat de trois ans, il y resta treize ans !
21Le gouvernement impérial porta un vif intérêt à l’enseignement dispensé par Haguenin et chargea le ministère de l’instruction d’insister auprès de celui des Affaires étrangères pour qu’il recommandât avec insistance aux officiers et aux fonctionnaires habitant Berlin et ses environs d’assister à ses cours.
22Haguenin avait pris sa tâche très au sérieux. Il veillait à la bonne assiduité de ses étudiants, il essaya de donner de l’extension à l’enseignement du français dans les lycées et il travailla à un projet de développement des échanges culturels franco-allemands. Il peut donc être considéré comme un pionnier de ces échanges bien que l’Alliance française ait déjà agi dans ce sens depuis plusieurs années. Il fut le premier à envisager la question sous un angle aussi vaste et à tenter de centraliser des efforts jusque là dispersés. Il finit ainsi par être considéré comme l’interprète officieux des intérêts allemands auprès des autorités françaises compétentes dans le domaine des relations culturelles. Il se forgea de la sorte une renommée de solidité et d’impartialité dont jamais il ne se départit même dans les périodes difficiles de la guerre et de l’après-guerre. Les origines de ses futures fonctions, que ce soit au bureau de presse de Berne pendant la guerre ou son action « diplomatique » des années 1919 à 1924, à Berlin, datent de cette époque. Mais Haguenin n’était pas un homme désintéressé. Il avait conscience de la valeur de son travail et briguait en conséquence des décorations qu’il ne voyait pas arriver assez vite. Officier d’Académie depuis 1902, il espérait recevoir la croix de chevalier de la Légion d’Honneur. Il reçut cette distinction en 1908, après trois ans de travail acharné et de démarches. La raison évoquée était « pour services rendus à la littérature et à l’influence française ».
23Le succès amène souvent des jalousies et ses collègues allemands ne lui rendirent pas toujours la vie facile. Il s’agissait en fait de désagréments mineurs mais Haguenin leur attachait une importance considérable, ce qui peut paraître curieux de la part d’un homme qui faisait preuve par ailleurs d’une si grande largeur de vue. Haguenin était aussi un esprit chagrin, susceptible, affligé d’un certain complexe de persécution. Mais il était aussi un homme de contact facile, aimant discuter et personnaliser ses relations. Ces caractéristiques ne sont d’ailleurs pas paradoxales.
24Son enseignement donnant entière satisfaction aux autorités allemandes, son contrat fut renouvelé jusqu’au 14 août 1914 : le ministère de l’instruction public prussien ayant pris acte qu’Haguenin devait être incorporé dans l’armée française comme officier de réserve, déclarait le contrat rompu. Haguenin devait quitter Berlin avec le personnel de l’Ambassade vraisemblablement. Il avait noué de nombreux contacts dans la mesure où tout Français se rendant dans la capitale allemande trouvait accueil dans son appartement. Parmi ces visiteurs, citons les plus marquants, Valéry Larbaux, Marcel Ray, André Gide, dont la pièce Le Roi Candaule fut joué à Berlin en 1908, Jean Giraudoux, L. Réau, Pierre Comert, correspondant du Temps à Berlin, Henri Guilbeaux qui tenait la chronique des arts de la France dans le Berliner Tageblatt. Les hasards de la vie firent qu’il retrouva certains d’entre eux en Suisse au cours de la guerre, où ils travaillèrent parfois ensemble pour la défense de la cause française.
25Haguenin mis en sursis d’appel, à la disposition du ministère des Affaires étrangères, rejoignit le gouvernement à Bordeaux. Là, il fut chargé de travailler sur la presse allemande d’Autriche puis sur la presse italienne et suisse dans un service du ministère des Affaires étrangères. Il parlait couramment l’allemand, il connaissait parfaitement le monde germanique qu’il avait appris à apprécier et à estimer. Il pouvait donc être considéré à juste titre comme un des spécialistes, voire comme le spécialiste des questions allemandes. Très vite, il fut amené à s’occuper des questions humanitaires telle que l’aide aux prisonniers de guerre par l’intermédiaire de la Croix Rouge en Suisse et, par ce biais, des problèmes de la paix. Ce fut sans doute le ministre des Affaires étrangères, Delcassé, qui le chargea de traiter ces questions. Quoi qu’il en soit, s’il se rendit en Suisse à l’automne 1914, c’était bien parce qu’il en avait reçu mission en haut lieu. L’arrivée d’Haguenin dans ce petit pays neutre attira aussitôt l’attention des Allemands. N’ayant évidemment pas oublié qu’Haguenin avait déjà été un négociateur officieux de la diplomatie française avant la guerre, ils furent convaincus qu’il venait en Suisse en émissaire quasi officiel du gouvernement français chargé d’éventuels sondages de paix. Dès son arrivée à Berne, début novembre 1914, Haguenin se mit au travail. Il prit contact avec les services de l’ambassade de France. Par leur intermédiaire, il se fit envoyer de Paris des publications de nature à « éclairer l’opinion publique en Allemagne et en Suisse ». Puis il alla à Bâle où il rencontra plusieurs professeurs allemands auxquels il remit quelques unes de ces publications afin de « faire connaître, grâce à quelques personnes autorisées, en Allemagne, l’état d’esprit français bien mal décrit par les presses françaises et allemandes » et, à plus long terme, afin de préparer les populations à l’idée de paix12. Certes, il n’échappait pas à Haguenin que le moment n’était pas encore approprié pour parler de paix. Il estimait que, dans un premier temps, les parties en présence devaient prendre le temps de réfléchir aux divers événements, aux possibilités qu’ils ouvraient pour de tels pourparlers. Après mûre réflexion, il serait alors « possible de rendre plus convenable la fin de cette affreuse guerre et de préparer – fût-ce de très loin – une solution acceptable » et Haguenin poursuivait dans sa lettre au conseiller allemand Frederik Schmidt de Berlin : « ... vous saurez en tout cas que pour ce genre d’échanges de vues je suis un intermédiaire toujours prêt et absolument sûr13 ».
26Les termes étaient à peine voilés afin de ne laisser aucun doute aux Allemands : en fait, il était contraint de se présenter comme le porte-parole officieux du gouvernement afin de trouver des interlocuteurs allemands représentatifs. Jusqu’à la fin de la guerre et toujours en tant « qu’agent du Quai d’Orsay », Haguenin resta l’homme ouvert à la négociation, prêt à écouter tous ceux qui voulaient lui parler. 11 ne « doublait » pas l’ambassadeur, il remplissait un rôle qu’aucun diplomate de carrière ne pouvait jouer. Sa mission fut connue au plus haut niveau puisque copie de sa correspondance fut transmise à Von Jagow, secrétaire d’État à l’Office des Affaires étrangères14.
27Haguenin profita de cette mission pour s’occuper de propagande, question qu’il avait déjà abordée à Bordeaux : c’était à cette époque qu’il était entré dans ce qu’il appela lui-même « le maquis de la propagande ».
28Enfin, outre ces deux aspects de son activité en Suisse, son rôle dans les questions humanitaires ne fut pas négligeable. Pour lui, par le truchement de telles oeuvres, l’Allemagne et la France avaient la possibilité d’entrer en contact, d’apprendre à se connaître et à écarter les malentendus et les préjugés, de constater l’inutilité des horreurs de la guerre auxquelles il était très sensible, ne serait-ce qu’en tant que fils d’une famille touchée par l’occupation allemande. Sa mère vivait en zone occupée, dans les Ardennes, à Signy l’Abbaye, et il resta longtemps sans nouvelles d’elle jusqu’au joùr où les autorités militaires allemandes lui en firent parvenir. Une telle attention tout à fait exceptionnelle témoigne la volonté des Allemands de ménager Haguenin.
29Après cette première mission, Haguenin en effectua une seconde en février-mars 1915. Il revint à Bâle. Les Allemands surveillèrent de très près ses activités et, en particulier, sa correspondance car Haguenin poursuivit ses relations avec certains Allemands de Berlin et surtout avec Schmidt. Du côté français, le ministère des Affaires étrangères se taisait. Mais alors plusieurs questions viennent à l’esprit : le Quai d’Orsay le laissa-t-il volontairement isolé ? Les services du contre-espionnage français s’intéressaient-ils à lui ? Jouissait-il d’une totale liberté d’action ? En tout cas, il agissait dans un climat fort tendu où la presse française ne manquait pas de faire des commentaires désobligeants sur ses nombreuse relations en Suisse alémanique. En France, la haine contre l’Allemagne était grande : on pensait à venger trois cent cinquante mille morts, on pensait à se libérer de l’occupant dans les provinces envahies, les Taube sur Paris, le bombardement des cathédrales de Reims et de Soissons ne faisaient que renforcer les Français dans leur volonté de poursuivre la guerre jusqu’à la victoire. En Allemagne, la propagande patriotique battait son plein. Au milieu de ce tourbillon de passions déchaînées, Haguenin se sentait un peu au-dessus de la mêlée tel Romain Rolland et il pouvait écrire :
... Il me semble qu ’à présent je reste à peu près le seul capable de comprendre – je ne dis pas d’admettre – mais de comprendre avec une parfaite liberté d’intelligence les points de vue opposés...15.
30Pour Haguenin, il ne s’agissait pas d’une paix au sens zimmerwaldien du terme mais d’une paix négociée en vue d’un avenir solide marqué par la réalisation d’une Europe stable et équilibrée, d’une paix qui rendrait la justice à ceux qui virent leurs droits bafoués, d’une paix qui sauvegarderait la civilisation occidentale, civilisation qui ne se maintiendrait que si l’Allemagne et la France survivaient à la guerre.
31Puis en juillet 1915, Haguenin effectua une troisième mission en Suisse, il cherchait à savoir quelles étaient les idées allemandes, plus particulièrement celles des milieux intellectuels concernant les conditions de paix et surtout à sonder les intentions des Allemands au sujet des territoires français et belges occupés. Il se renseigna sur divers socialistes allemands et rencontra deux socialistes français qui se rendaient régulièrement en Suisse, Jean Longuet et Salomon Grumbach. L’arrivée en Suisse, à la même époque, d’Albert Thomas, la présence à Genève de l’ancien consul allemand à Belgrade, Schlieben, les contacts Schlieben-Comert, l’ami d’Haguenin, intriguèrent beaucoup les Allemands. Ils remarquèrent à quel point Haguenin insistait sur ses rapports privilégiés avec Delcassé et combien il avait une vision réaliste de la situation en France et en Allemagne, à telle enseigne qu’après avoir tâté le terrain, Haguenin orientait maintenant les discussions dans une autre direction. Il cherchait à évaluer l’état d’esprit en Suisse et en Allemagne, à se renseigner sur l’évolution des mouvements d’opposition au régime impérial surtout sur le mouvement socialiste allemand et international, sur les mouvements pacifistes et sur le rôle des révolutionnaires russes en Suisse tel Lénine. A partir de ces observations, il préconisait la mise sur pied d’une action dirigée vers l’Allemagne. Il porta aussi son attention sur les tendances de la propagande allemande dans le monde universitaire et sur l’importance sans cesse croissante des relations entre le Vatican et l’Allemagne. Il avait effectué un travail en profondeur, raisonné, prudent tant sur l’Allemagne que sur la Suisse, mais en complète indépendance avec l’ambassade qu’il estimait « pleine de nullités ».
32Depuis janvier 1916, Haguenin occupait les fonctions de chef de l’agence du service d’information diplomatique à Berne, dite Agence de correspondance parisienne. De la sorte, il était officiellement établi en Suisse, sans que cela signifiât encore un temps complet. Mais ce nouveau statut lui permettait de franchir la frontière comme il voulait, sans avoir à subir la surveillance des services de renseignements suisses. De plus, cette activité lui convenait parfaitement dans la mesure où il ne relevait pas hiérarchiquement de l’ambassade mais directement du Quai d’Orsay et de Philippe Berthelot. Ses relations avec le Quai d’Orsay étaient constantes. Il avait même ses entrées directes auprès du ministre des Affaires étrangères, Aristide Briand. Il poursuivait en outre ses contacts avec la commission des Affaires extérieures de la Chambre où il comptait de solides appuis. S’il avait atteint ces fonctions, c’est vraisemblablement parce que, dès la fin de l’année 1915, il avait soumis au Département plusieurs propositions sur l’action à mener en Suisse, tant à l’égard de la Suisse elle-même qu’à celui de l’Allemagne par la Suisse sur le plan de la presse et de la propagande. A ses yeux, l’objectif à viser était de contrecarrer l’activité des correspondants allemands dans les journaux suisses en utilisant les services de journalistes français, en créant un journal de langue allemande en Suisse alémanique, en améliorant le service télégraphique dans le sens d’une accélération de l’arrivée des informations, en surveillant les traductions et leur diffusion16. Il songea aussi à la nécessité d’organiser progressivement une publicité française pour l’industrie et le commerce dans les journaux de la Suisse alémanique et, à l’image de ce que les Allemands avaient réalisé, il proposait de créer une ou plusieurs agences de correspondance dont la Neue Korrespondenz pour fournir des informations, sans soulever de polémique, en vue de démentir les fausses nouvelles répandues par l’Allemagne et pour contribuer à préparer des campagnes politiques et économiques. Enfin, il insistait sur la création d’un service d’analyse de la presse austro-allemande chargé de transmettre en France et en Suisse même « non seulement les nouvelles mais des résumés substantiels des principaux articles de la presse allemande et des extraits judicieux de ces articles ».
33Intéressé par ces propositions, le Quai d’Orsay fit preuve de diligence pour que fût mis sur pied un nouveau bureau qui remplacerait l’agence de Berne et qui travaillerait à la réalisation de ce programme. Il transmettrait quotidiennement à la Maison de la presse une analyse de la presse suisse et de la presse allemande pour éclairer la presse parisienne et fournir des renseignements en tous genres. En échange, il devait recevoir journellement de la Maison de la Presse des informations parisiennes destinées à la presse suisse et allemande. Briand choisit Ponsot et Stéphane Lauzanne, entre autres, pour participer à la mise en place de ce service. Massigli, François-Poncet, Robert de Jouvenel et Winger du Journal des Débats se portèrent candidats pour collaborer17. Ce bureau reprit le nom de l’Agence de correspondance parisienne puis il devint tout simplement le bureau de Berne et, ce qui est significatif, le bureau Haguenin. C’était le centre de propagande française en Suisse, supervisant les bureaux de Genève, de Lugano et l’agence d’informations Neue Korrespondenz.
34Les débuts furent difficiles : Haguenin se plaignit de manquer d’effectifs mais là encore le Département fit au plus vite pour pallier cette carence, ce qui prouve à quel point Haguenin était bien vu à Paris.
35L’histoire de la propagande en Suisse et par la Suisse constitue ainsi une exception car le Quai d’Orsay, soit directement, soit par le truchement de la Maison de la Presse, n’a nulle part ailleurs fait preuve d’autant de bon vouloir. Mais, au-delà de la question de personne, on peut se demander s’il n’eut pas conscience du rôle que pouvait jouer la propagande pour défendre la cause de la France dans ce pays particulier qu’était la Suisse. Sur le plan financier, Haguenin obtint tout aussi facilement des crédits sans cesse en augmentation.
36Ce bureau représentait donc une création originale et acquit très rapidement une réputation telle que le service de presse anglais en Suisse délégua un de ses membres pour aller se rendre compte sur place des méthodes de travail de la petite équipe. Ce qui fut surtout admiré chez cet homme « grand et large d’épaules... très intelligent, très bien renseigné, très au courant des choses allemandes », c’était sa manière de diriger son action dans un esprit de neutralité et de modération et cette renommée lui resta attachée jusqu’à la disparition du bureau en 191918. Haguenin dirigeait tout d’une main de maître, avec une autorité parfois difficile à supporter aux dires de certains de ses collaborateurs. C’était un gros travailleur, habitué à rester assis à sa table de travail jusqu’à une heure avancée de la nuit, malgré des ennuis de santé et qui exigeait beaucoup de ses collaborateurs. Ceux-ci dépouillaient chaque jour une trentaine de journaux allemands, une quinzaine de journaux autrichiens, suisses et polonais dont beaucoup avaient deux, trois, voire quatre éditions quotidiennes. Ils devaient également constituer des dossiers et des fiches afin d’avoir « une sorte d’office de renseignements sur l’Allemagne et la Suisse » et publier quotidiennement un bulletin polycopié d’une trentaine de pages en moyenne, de cette importante documentation, seule une infime proportion fut transmise à la Maison de la presse19.
37Haguenin se réserva les domaines du renseignement et de la propagande. Il mena une double action dans deux directions, en Suisse même et, par la Suisse, en Allemagne. Ce fut sur le terrain, comme il l’avait toujours fait, qu’il partit glaner les renseignements qui servaient aussi bien à la propagande que comme renseignements en tant que tels à l’usage de divers services.
38Il poursuivit les contacts déjà pris, en noua de nouveaux avec les libéraux autrichiens et allemands, avec les autrichiens surtout, d’après lui « plus accessible que les allemands à toutes sortes de considérations et d’arguments », avec des révolutionnaires allemands ou autrichiens résidant en Suisse. 11 rencontra plusieurs fois Femau qu’il connaissait déjà, Adolf Müller député au Landtag de Bavière, vice-président du parti socialiste bavarois, rédacteur en chef de la Münchner Post ainsi que Muehlon et des démocrates allemands réfugiés en Suisse. Il entretint des relations avec les milieux catholiques, avec le délégué apostolique Monseigneur Marchetti, avec Erzberger lui-même, avec le professeur Mut, directeur de la revue catholique allemande Hochland, avec Annette Kolb qui était en rapport avec certaines personnalités allemandes proches du gouvernement, avec le comte Kessler, avec le monde des affaires, du commerce, de l’industrie, de la finance. Il sut intelligemment profiter du creuset humain qu’était devenue la Suisse pour influer sur tout ce qui faisait figure de mouvement séparatiste ou indépendantiste, en particulier sur les mouvements baltes. Il chercha à les amener à organiser des manifestations publiques en Suisse même contre leur incorporation à l’empire allemand. Il chercha aussi à agir sur le mouvement socialiste irrédentiste de Trieste et de Trente. Il établit des contacts permanents avec les organismes des nationalités opprimés d’Europe centrale. Il s’efforça aussi de ménager certains suisses, professeurs d’Université comme Bovet, Gonzague, certains hommes politiques et journalistes suisses et étrangers qui entretenaient des rapports réguliers avec les Allemands20. Il tissa de la sorte une toile très dense de relations qui lui permettait de se faire une idée juste de la situation en Suisse et chez l’ennemi, mais tout cela avec une remarquable prudence.
39De ce bureau de presse émanaient des brochures, des rapports, des tracts bien rédigés, solidement documentés, persuasifs, le plus souvent adressés aux pacifistes, « ces bonnes à tout faire des relations internationales », à des cercles, à des groupes d’opposition. Des manifestes, des feuilles volantes étaient préparés par le bureau Haguenin, imprimés par le service de propagande aérienne de Hansi et de Tonnelat et lancés sur les lignes ennemies et chez l’ennemi. Dans l’ensemble, le principe était de renouveler constamment les documents afin de pouvoir échapper à la censure allemande.
40A l’automne 1916, Haguenin, en collaboration avec l’attaché militaire, le colonel Pageot, donna une forte impulsion à l’action menée en Allemagne à partir de la Suisse parce qu’à cette époque on commençait à évoquer les conditions de la paix future. Le signal en avait été donné par le discours du chancelier Bethmann-Hollweg du 9 novembre au Reichstag sur les origines de la guerre et les propositions de paix.
41Haguenin jugea tout à fait opportun de « lui emboîter le pas ». Ainsi fit-il diffuser le nouveau livre de l’auteur de J’accuse, Das Verbrechen, R. Grelling. Pour Haguenin, à cette date, le « discours de propagande » le mieux adapté aux circonstances devait évoquer les origines lointaines de la guerre, c’est-à-dire la question d’Alsace-Lorraine, le Maroc, la Bosnie-Herzégovine et les plus récentes telles que la crise de juillet 1914. Il estimait important de mettre en évidence la préméditation de l’Allemagne grâce à la diffusion de textes allemands. Le but était de dissocier le peuple allemand de son gouvernement, de lui faire connaître les conditions préalables de paix de F Entente avec garanties et sanctions.
42La propagande d’Haguenin fut une propagande de faits plus que d’idées, une action de guerre destinée à faire connaître la vérité et la réalité, d’informations précises souvent basées sur des chiffres et des statistiques sous formes attrayantes d’affiches comme celles intitulées Guerre sous-marine.
43Haguenin fut véritablement « the right man in the right place » : c’est lui qui contrôlait l’ensemble de la propagande française, indépendant de la Maison de la presse, de l’Ambassade, toujours en activité. Il communiqua à la Maison de la presse, à l’Ambassade, à la Commission des Affaires extérieures de la Chambre, au ministère de la Guerre, à l’attaché militaire une quantité considérable de renseignements dans les domaines les plus divers. L’ampleur du travail fourni par la bureau français de presse de Berne sur laquelle il est nécessaire d’insister fut inversement proportionnelle au nombre de personnes qui le composait. Plus le temps passait, plus les tâches s’alourdissaient. Haguenin était fier de son équipe, de la confiance que lui témoignait Berthelot mais il « était gonflé d’impatience, de chagrin, de ressentiments et de fureurs » devant les erreurs commises par les administrations françaises qui se mêlaient de propagande, par l’incapacité criante de certains services français en la matière qui utilisaient des moyens de propagande souvent préjudiciables à la cause de la France.
44C’est au comte Begouen que l’on doit l’une des plus justes appréciations de l’action menée par Haguenin :
Haguenin... fut l’agent le plus actif et le plus utile de la France en Suisse durant toute cette période. Son rôle fut plus important et son action plus féconde que ceux de nos ambassadeurs. Il fut dans la vaste machine diplomatique une des pièces maîtresses que la masse ignore. A côté des personnages officiels et représentatifs, il constitue ces rouages dissimulés à l’intérieur du système, qui donnent sans qu ’on s’en doute, l’impulsion nécessaire...21.
Notes de bas de page
1 Pingaud Albert : Histoire diplomatique de la France pendant la Grande Guerre, Paris, 1940, tome III, p. 50 sq.
2 Annuaire général de la France et de l’étranger, Paris, 1919, p. 182.
3 M.A.E., Papier Massigli (2).
4 Paris 1952, pp. 37-38.
5 Reynold Gonzague de : L’influence intellectuelle de la Suisse in : Les Annales fribourgeoises n° 5, septembre-octobre 1916, p. 195 sq.
6 Reynold Gonzague de : La démocratie et la Suisse : Essai d’une philosophie de notre histoire nationale, Berne, 1929, p. 314.
7 Schoell Franck-L. La propagande allemande en Suisse française in : Revue de Paris, mars-avril 1918, p. 240-262 et 519-549.
8 Archives nationales C 7488 : Procès-verbaux de la Commission des affaires extérieures, 8 mars 1915.
9 M.A.E. Papiers Berthelot, 9 décembre 1915
10 Bariety Jacques : Stresemann et la France in : Francia 1975, p. 564-565
11 Montant J.-C. : La propagande extérieure de la France pendant la première guerre mondiale : l’exemple de quelques Neutres européens, thèse de Doctorat d’Etat, tome 6, p. 1017 sq.
12 M.A.E. Dossier général 40, Berne 17 novembre 1914. Auswärtiges Amt Bonn : WK Nr 2 Geheim. Band I. Lettre de Haguenin à Schmidt, 16 novembre 1914.
13 Lettre du 16 novembre 1914, cité.
C’était par l’intermédiaire du professeur Bouvier de Genève, beau-frère du conseiller Schmidt, qu’Haguenin avait retrouvé sa trace. Ce fut d’ailleurs aussi par son intermédiaire qu’Haguenin et Schmidt correspondaient. Cf A.A. Bonn, WK 2, Geheim 2 D95 5802 et D 95 5810. Schmidt s’occupait du sort des prisonniers de guerre.
14 A.A. Bonn WK2, Geheim, Band 1.
Sur la suite des contacts d’Haguenin concernant les problèmes de la paix avec les Allemands en Suisse cf. Soutou Georges : la France et les marches de l’Est 1914-1918 in : Revue historique octobre-décembre 1978, p. 341-388. Sur l’action d’Haguenin en particulier, p : 366-367.
15 A.A. Bonn, Bâle, 5 mars 1915.
16 M.A.E. Allemagne. Guerre 1914-1918/1920, Haguenin à Laroche ou à Berthelot, 15 novembre 1915 et Papiers Berthelot 16, Haguenin à Ponsot, 9 décembre 1915.
17 M.A.E. Papiers Massigli, Bureau de presse français de Berne 1916-1919
idem Papiers Berthelot 16, Haguenin, 9 décembre 1915, cité.
idem Papiers Massigli, bureau de presse français de Berne, cité.
idem col. de télégrammes Berthelot télég. n° 8 à Berne. Presse. Paris 6 janvier 1916.
idem Y 2-Presse. Affaires étrangères. Établissement d’un bureau d’informations en Suisse. Henri Ponsot, 11 janvier 1916. Lauzanne resta en Suisse jusqu’à ce que l’agence donnât entière satisfaction pour ce qui concernait son fonctionnement.
18 M.A.E. col. de télégrammes. Berthelot, télég. n° 279 à Berne, 21 mars 1916.
idem Dutasta, télég. n° 1082, Berne, 30 juillet 1918.
19 M.A.E. Suisse/797, Massigli, Berne, 23 février 1916. Ce qui corrobore les remarques de la délégation de la Commission des Affaires extérieures.
Entretien avec l’ambassadeur Massigli.
M.A.E. Papiers Massigli. Bureau de presse français de Berne, cité.
Archives privées de Madame Catherine Gide.
M.A.E. Papiers Massigli, cité.
M.A.E.C 120 (1) 1918-1920, ambassadeur à Pichon, rapport 177 AJ, Berne, 19 octobre 1918.
20 M.A.E. Papiers Berthelot 16. Propagande en Suisse. Note Haguenin à Ponsot, 9 décembre 1915.
idem Jules Cambon n° 21, Berne, 19 décembre 1916.
idem col. de télégrammes, Pichon à Berne, télég. n° 1545, Paris 26 décembre 1917.
idem C 120 (1) 19 octobre 1918.
idem Papiers Klobukowski 61, Kozakiewicz à Klobukowski, Paris 4 octobre 1918.
idem Maison de la presse 59, ministère des Affaires étrangères à Franklin-Bouillon, Paris 10 août 1918 et Pichon à Dutasta, télég. n° 1322, Paris 10 août 1918. Sur le problème des nationalités, cf. Carrere d’Encausse, Hélène : Le grand défi. Bolcheviks et nations. 1917-1930, Paris, 1987, p. 69-82.
21 Begouen, comte : En mission officieuse en Suisse pendant la guerre (août-septembre 1917) in Revue hebdomadaire, 12 et 19 août 1933, pp. 139-161 et 355- 379. Begouen avait été chargé de certaines missions officieuses, à ses frais, pour se rendre compte de l’état d’esprit à l’étranger, de la propagande allemande, pour lire journaux et revues. Arrivé à Berne, il alla tout d’abord voir Haguenin qui le mit en rapport avec plusieurs personnalités étrangères.
Auteur
Université d’Artois
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