Introduction : pour une histoire documentaire des principautés
p. 9-21
Texte intégral
1Depuis une quinzaine d’années, les mécanismes et les enjeux de la conservation documentaire bénéficient d’un intérêt croissant de la part des historiens qui étudient, toujours plus nombreux, les usages de l’écrit dans la société médiévale. L’attention traditionnellement portée par les diplomatistes aux pans de l’activité des « chancelleries » orientés vers la production et la compilation d’actes a longtemps fait écran à une histoire renouvelée des archives, mais, fort heureusement, ces deux axes privilégiés de la diplomatique portaient en eux les germes d’un retour vers ces dernières : on se souvient aujourd’hui que les bureaux d’écriture des chartes sont aussi des laboratoires de l’archivistique naissante, et que les cartulaires représentent toujours l’aboutissement d’un processus complexe de remodelage de la mémoire écrite d’une institution. Le renouveau des recherches sur l’archive et l’archivage au Moyen Âge présente toutefois certains déséquilibres. Les enquêtes se sont concentrées sur les grands foyers monastiques de la culture écrite1, gardiens d’un passé séculaire jalousement et savamment préservé, ainsi que sur les administrations urbaines, tout particulièrement dans les espaces où prospèrent les « cités-États » à la fin de la période médiévale2. Dans le champ du gouvernement séculier (villes mises à part, donc), les travaux disponibles, qu’ils soient récents ou même plus anciens, sont encore rares. Ils éclairent préférentiellement le niveau supérieur des pouvoirs souverains3 et, dans une bien moindre mesure, celui des États princiers de la toute fin du Moyen Âge, en marche vers la bureaucratie4. Les antécédents « féodaux » de ces principautés, en revanche, manquent globalement à l’appel. Le long chemin qui, entre la fin du XIIe et la fin du XIVe siècle environ, a conduit de la genèse des chartriers familiaux des princes à la création d’organes institutionnels chargés d’accueillir les archives devenues foisonnantes de leurs administrations, n’a été que timidement exploré par les médiévistes.
I - Des chartriers aux chambres des comptes
2La naissance des « archives princières » est pourtant, au même titre que celles des rois ou des villes, une facette importante de la grande mutation documentaire qu’a connue le Moyen Âge central, et bien sûr un aspect essentiel de l’évolution du gouvernement princier durant la même période. La notion peut évoquer dans les esprits deux représentations diamétralement opposées, en général associées à des temporalités elles aussi bien différenciées. D’un côté, dans le domaine francophone tout au moins, elle appelle immanquablement un autre concept, celui – intraduisible ou presque – de « chartrier », qui correspond à une vision épurée de l’archive médiévale comme collection d’actes scellés formant un tout conservé dans des conditions spécifiques. Largement entretenue par l’érudition du XIXe siècle, elle reste associée à des temps et à des milieux volontiers perçus comme empreints d’un certain archaïsme « moyenâgeux »5. Elle s’inscrit socialement dans le rite plus que dans la pratique quotidienne. D’un autre côté, les « archives princières » sont volontiers associées à la production des bureaucraties proto-étatiques du bas Moyen Âge, à l’amoncellement incontrôlable et bigarré de documents de toutes sortes dans les salles d’archives des institutions officiellement chargées de les préserver, et donc à une omniprésence de la chose écrite qui annonce déjà l’Ancien Régime.
3Au vrai, cette dichotomie n’est peut-être pas sans rapport avec la réalité. Les parchemins collectés au compte-goutte à partir du XIe ou du XIIe siècle (en tout cas si l’on se réfère, comme c’est le cas dans ces pages, à l’espace français et ses marges) pour former le premier noyau des archives des dynastes séculiers semblent être passés par le filtre de sélections drastiques, de manière à ne conserver que les pièces qui asseyaient durablement la légitimité et l’autorité de leur possesseur, définissaient ses relations avec ses voisins et établissaient donc directement ou indirectement son rang et son prestige. Une « mise en trésor » de ces documents importants s’est produite assez naturellement dès lors que l’idée de les centraliser et de les déposer dans un lieu choisi – à caractère religieux le plus souvent – a progressivement fait son chemin. Les chartriers princiers n’ont pas forcément connu le même degré de sanctuarisation que le trésor des chartes des rois de France à la Sainte-Chapelle, mais il semblerait, pour autant qu’on puisse en juger, qu’un certain nombre d’entre eux aient acquis et conservé une identité spécifique au sein de la masse documentaire multiforme que constituèrent les archives princières à dater du XIIIe ou du XIVe siècle. Cette situation a pu entraîner une « fossilisation » du chartrier dès lors que, entreposé à part et plus guère alimenté en documents nouveaux, il cessait d’être au cœur de la pratique administrative pour devenir un lieu de mémoire et un symbole politique.
4Cette évolution a-t-elle touché tous les « trésors des chartes » princiers ? C’est là une des questions importantes auxquelles ont cherché à répondre les intervenants des deux journées d’études dont le présent volume est issu. Organisées à Arras (Université d’Artois) et à Bruxelles (Archives générales du Royaume), ces deux rencontres visaient en effet à dresser un premier bilan des recherches récentes sur la formation des archives princières durant la période fondatrice des XIIe-XIVe siècles, l’une dans l’espace capétien, l’autre dans les « anciens Pays-Bas » – autrement dit l’actuel Benelux6. Dans les cas d’espèce traités à l’intérieur de cette vaste zone géographique, là où les auteurs ont réussi à atteindre le noyau d’actes « primitif » des archives qu’ils étudiaient, apparaît souvent une collection d’actes anciens qui se distingue du reste de la documentation par son statut particulier. Ainsi, en Provence, comme l’explique Thierry Pécout, les « Chartes de la Tour du trésor » constituent-elles dès le XIVe siècle une « collection morte de titres anciens » conservée en un lieu distinct sous la responsabilité d’officiers différents de ceux qui gèrent les archives vivantes. En pays toulousain, après 1250, le chartrier des anciens comtes, bien que fermé, reste un symbole fort que les agents d’Alphonse de Poitiers ne réussissent pas à extraire de son lieu de conservation méridional, le château de Penne d’Albigeois, pour l’envoyer à Paris ; ils sont obligés d’en tirer des copies sur place. Il existe de fait entre le chartrier et l’endroit où il se trouve un lien intime qui participe aussi de son identité. Celui des dauphins de Viennois, placé dans la collégiale Saint-André de Grenoble, accolée au palais de ces princes dont elle est également la chapelle et nécropole, reste sur place jusqu’à une date avancée du XIVe siècle, alors que le cœur de la vie administrative s’est depuis longtemps déplacé ailleurs dans la ville. À l’inverse, le déménagement des chartes d’une principauté peut être l’expression symbolique d’une mutation politique. Tel est bien le cas lorsque les archives parisiennes de Philippe de Valois, devenu roi de France, quittent la Tour de Nesle – dès 1328 – pour gagner la Sainte-Chapelle et la Chambre des comptes. Tel est aussi le cas, selon Jan Burgers, lorsque, peu après 1300, le comte de Hainaut ordonne le transfert des chartes du comté de Hollande en terre hennuyère. Ce lien peut également être rompu à la suite de tensions avec l’institution dépositaire ou parce que des considérations pragmatiques l’emportent. Les comtes indépendants de Hollande, en conflit avec les moines de l’abbaye d’Egmond, ont créé un nouveau chartrier sous la garde de leurs officiers dès 1160. Les comtes de Flandre, eux, retirent leurs archives du chapitre Saint-Donatien à Bruges au milieu du XIIIe siècle.
5Dans ce dernier cas, les chartes anciennes ne se sont jamais figées dans une collection spécifique : centralisées au château de Rupelmonde avec les autres archives du comté, elles sont disséminées à l’intérieur d’un nouveau cadre de classement au milieu du XIVe siècle. Le « trésor des chartes » comme écrin des privilèges qui fondent le pouvoir princier n’est donc pas une réalité universelle. Parfois, alors même que les sources les plus anciennes paraissent lui donner corps, il se révèle être une fiction de clercs plus qu’une réalité archivistique matérielle. C’est ce qui ressort de l’analyse des inventaires produits au XIIIe siècle dans l’entourage d’Alphonse de Poitiers et du dauphin Jean Ier : leurs auteurs se concentrent sur les chartes, ou même une sélection de chartes jugées importantes, au détriment de toute une typologie de documents qui gravitent pourtant autour d’elles. Tel est le cas, en particulier, des comptes et des enquêtes, qui se multiplient dans les deux dépôts princiers au XIIIe siècle, mais dont les inventaires conservés gardent mal le souvenir.
6C’est pourtant là l’autre face des archives princières : un peu partout dans l’espace considéré par le présent volume, passé le milieu du XIIIe siècle, la masse grandissante des documents fabriqués par les administrations pour leurs besoins propres fait basculer le centre de gravité de la mémoire écrite des principautés. Bilans financiers renouvelés d’année en année, relevés en tous genres (censiers, états des fiefs, etc.), enquêtes administratives, registres de chancellerie, séries de minutes ou de copies, recueils de décisions judiciaires, dossiers de correspondance et autres produits de la vie institutionnelle posent désormais de nouveaux défis. Aux difficultés que créent l’explosion du nombre de documents et la diversification des catégories d’écrits concernées, s’ajoute la multiplication des lieux de conservation ordinaires. La réalité du chartrier sédentaire et centralisé, difficilement mise en place quelques décennies plus tôt, se fissure de toutes parts. Au niveau central, la spécialisation progressive des rouages du gouvernement, en particulier dans le domaine des finances – secteur d’activité dont le rôle dans la « révolution de l’écrit » du Moyen Âge central apparaît aujourd’hui déterminant –, suscitent l’apparition de nouvelles modalités d’archives plus ou moins informelles, tantôt simplement liées à un serviteur du pouvoir qui stocke des documents par-devers lui (on sait que ce mode d’archivage élémentaire existera pendant toute la période médiévale, et même au-delà), tantôt associées à un lieu où s’exercent des compétences données (une résidence ordinaire de la cour le plus souvent). Si le prince se trouve à la tête de plusieurs ensembles territoriaux, comme c’est par exemple le cas d’Alphonse de Poitiers, la réalité archivistique du « gouvernement central » n’en devient que plus complexe. Des efforts de regroupement sont le plus souvent entrepris – ainsi lorsque les agents d’Alphonse tentent d’arracher le chartrier toulousain à son nid d’aigle albigeois, ou lorsque le comte de Hainaut, plus déterminé, fait déménager les archives hollandaises à Mons –, mais ils n’aboutissent jamais complètement : les particularismes locaux et les impératifs de l’administration régionale s’y opposent. Autre facteur de dissémination archivistique, et non des moindres : les circonscriptions qui quadrillent l’espace de la principauté – châtellenie, prévôtés, bailliages, sénéchaussées et autres – pour assurer diverses compétences à l’échelon local – financières et judiciaires en particulier – génèrent elles aussi une documentation croissante à partir du XIIIe siècle. L’essor des archives des administrations locales (en général assez mal conservées pour les plus anciennes, quoiqu’il existe ici et là des épaves évocatrices) est une question encore peu étudiée, sur laquelle il serait souhaitable que des recherches soient engagées7.
7La plupart des contributions réunies dans ce volume constatent l’existence d’une polarisation (mais rarement d’une césure nette) entre le noyau « diplomatique » des archives, plutôt tourné vers le passé, et leurs développements « gestionnaires », plus directement soumis aux impératifs concrets de l’administration, et dont découleront logiquement les solutions trouvées au XIVe siècle pour adapter l’organisation des archives de la (ou des) principauté(s). Dans la plupart des grands ensembles territoriaux, l’évolution majeure de la période est l’instauration de « chambres des comptes » investies de larges prérogatives dans ce domaine de la préservation de la mémoire administrative8. Témoignant à nouveau du rôle central des enjeux économiques et financiers dans l’amélioration de l’archivage, ces institutions, instruments privilégiés de la centralisation étatique aux derniers siècles du Moyen Âge, non seulement recueillent une part considérable de la documentation produite après leur création (dont les centaines de comptes auditionnés chaque année dans leurs murs), mais attirent aussi à elles les fonds constitués antérieurement en différents points du territoire qu’elles coiffent9. Bien souvent, toutefois, ces transferts, dérangeants pour les particularismes régionaux et institutionnels, apparaissent très progressifs et restent en définitive partiels, les fonds anciens se trouvant finalement écartelés entre leur réceptacle originel et les armoires de la Chambre. Tel est par exemple le cas des archives pré-ducales de Flandre, partagées après 1386 entre le château de Rupelmonde et la Chambre des comptes de Lille, qui en absorbera des morceaux par à-coups, sans jamais recevoir la totalité de la collection. En Provence, trésor des chartes et archives de la Chambre seront certes réunies en un même lieu, le palais d’Aix, mais en des endroits séparés, sous la responsabilité d’officiers distincts : les titres anciens, dans la Tour du Trésor sous la garde du sénéchal et du juge mage, et les documents de la Chambre, dans la salle de l’Archivium publicum sous l’autorité d’un « archivaire » attesté à partir du début du XIVe siècle. En Dauphiné, par contre, l’organisation duelle des archives disparaîtra une trentaine d’années après l’annexion de la province au domaine royal, lorsque les documents de la collégiale Saint-André de Grenoble seront phagocytés par la nouvelle institution.
8Les remarques qui précèdent illustrent la nécessité d’un dialogue permanent entre l’histoire des archives et des pratiques d’archivage et l’histoire institutionnelle. Le fonctionnement de la mémoire écrite d’une principauté, les enjeux de pouvoir dont cette mémoire est invariablement porteuse, ne peuvent se comprendre sans une connaissance poussée des rouages administratifs et des individus qui les animent. En retour, cette approche intégrée est susceptible de déboucher sur une connaissance renouvelée de l’organisation interne des institutions princières, dont le processus de spécialisation aux XIIIe et XIVe siècles présente encore de nombreuses zones d’ombre. Une perspective comparatiste, encore trop peu pratiquée, est également souhaitable. Elle peut paraître difficile dans un domaine où les singularités régionales sont effectivement très appuyées, mais les contributions réunies dans ce volume montrent qu’il existe des trames communes dont il est déjà possible, en dépit de l’état embryonnaire des recherches, de mettre certains aspects en lumière. S’y découvrent les prémices d’une « histoire documentaire » des principautés10 qui reste largement à écrire.
II – Cartulaires, inventaires, mentions dorsales
9La tâche n’est certes pas aisée. La physionomie actuelle des fonds princiers d’Ancien Régime, modelée par des siècles d’usage et des tribulations parfois brutales, implique un pesant effort d’érudition de la part du chercheur soucieux de remonter à leur noyau médiéval. Seule l’expertise combinée des documents originaux, des compilations telles que cartulaires et inventaires – lorsqu’elles existent encore –, ainsi que d’une panoplie de sources occasionnelles, permet de reconstruire approximativement l’état des collections au XIIIe ou au XIVe siècle, d’en découvrir les modes de constitution et de gestion, de deviner enfin les fonctions que lui assignent les serviteurs du pouvoir. On ne peut que regretter que le recensement exemplaire lancé par Robert-Henri Bautier dans les années 1960 n’ait vu le jour que pour certains espaces régionaux11. En effet, là où il a abouti (Provence, Dauphiné, États savoyards, États bourguignons du Nord), apparaît toute la richesse d’une documentation souvent relativement bien conservée, mais aussi la complexité d’une masse documentaire dont les subtilités typologiques et les articulations institutionnelles ne se livrent pas aisément. Cette complexité rend d’autant plus redoutable la mise œuvre d’une « histoire documentaire » telle qu’évoquée à l’instant.
10Le présent volume est un premier pas dans cette direction. Certaines contributions esquissent déjà un panorama fondé sur un croisement de toutes les informations disponibles, du moins pour la période du premier essor des archives concernées (Hollande, Flandre, Hainaut, Provence, Alphonse de Poitiers). D’autres mettent en lumière l’apport des sources systématiques qui résultent elles-mêmes de l’activité des archivistes chargés de veiller sur les fonds princiers, en particulier les cartulaires (Franche-Comté et Navarre/Évreux) et les inventaires (Bretagne, Dauphiné, Hainaut également avec l’édition d’un document de ce type).
11Le cartulaire, star indétrônable de la diplomatique médiévale depuis les années 199012, s’invite en effet, quoique trop discrètement sans doute jusqu’à présent, dans les recherches sur l’archivistique princière. Dans l’un de ses derniers articles, Robert-Henri Bautier avait tenté de dresser un inventaire panoramique des cartulaires (et registres) princiers de l’espace français13. Ce point de départ prometteur n’a pourtant pas provoqué l’émergence d’un courant d’investigations qui aurait placé le cartulaire princier au cœur du questionnement. Le processus de « cartularisation » dans les sphères de l’autorité séculière reste perçu comme un avatar plutôt tardif, et sans beaucoup d’originalité, de l’art de la compilation tel que le maîtrisaient les clercs depuis des siècles, ou tel que les souverains se l’approprient au tournant des XIIe et XIIIe siècles. C’est là une image assez fausse. Il ne faut pas attendre l’automne du Moyen Âge pour voir apparaître l’objet fétiche dans les chancelleries laïques. L’impressionnante série des cartulaires des comtes de Champagne – inspirée peut-être par le chancelier méridional Rémi de Navarre – commence avec les recueils de 1211 et 1224 publiés par Theodore Evergates14, et l’on voit se multiplier tout au long du siècle, à la faveur des compléments et correctifs que les publications récentes apportent malgré tout au recensement (fort imparfait) de R. -H. Bautier, les entreprises de compilation qui s’attaquent avec appétit à des fonds princiers en pleine croissance. Le petit cartulaire du comté gascon de Bigorre au milieu du XIIIe siècle15, les cartulaires en rouleaux réalisés sur ordre de Pierre II de Savoie pour sa baronnie de Vaud – et pour son comté anglais de Richmond – dans les années 126016, les cartulaires des comtes de Bar et des comtes de Provence à la fin de la décennie suivante17, le premier cartulaire des comtes d’Artois vers 129018 sont quelques-uns des jalons ramenés à la lumière dans les travaux de ces dernières années. L’étude interne de ces compilations révèle par ailleurs les efforts des administrateurs princiers pour trouver des solutions nouvelles, adaptées aux besoins du gouvernement laïque et répondant efficacement – assez loin, en général, des préoccupations mémorielles facilement prêtées aux cartularistes – à l’évolution des modes d’exercice du pouvoir entre le XIIIe et le XVe siècle. Sans surprise, donc, les recueils laïques offrent souvent des variantes typologiques qui les éloignent des cartulaires traditionnels : le « cartulaire-dossier », reflet de l’actualité du moment, est volontiers pratiqué ; le « cartulaire-registre », fusion partielle du chartrier et des minutes accumulées par la chancellerie, est aussi un cas de figure relativement fréquent, comme le révèlent petit à petit des travaux plus attentifs à la provenance et à la nature des pièces copiées. La plupart des contributions du présent volume font intervenir des cartulaires, non seulement en tant que médiateurs pour accéder à des fonds qui sont aujourd’hui perdus, amoindris ou bouleversés, mais aussi comme témoins et acteurs de l’organisation des archives et de leur exploitation au service du pouvoir. L’une d’elles est spécifiquement dédiée au « cartulaire dit de Charles II de Navarre », réalisé dans les années 1370 ou 1380 dans l’entourage du roi Charles II ou de son fils Charles III – on en discute encore – pour défendre des intérêts français de la famille d’Évreux face aux souverains de la maison de Valois ; ce cartulaire, notons-le, a fait l’objet d’une édition critique publiée en 201019. Un second cartulaire, celui du comté de Bourgogne rédigé en 1318 sur l’ordre du roi de France, est évoqué par Nicole Brocard.
12Comme le cartulaire, l’inventaire saisit l’instant d’un bilan, d’une mise en ordre, d’une réappropriation de la mémoire administrative. Objet de beaucoup d’attention de la part des érudits du XIXe siècle, en quête d’informations sur l’histoire des fonds d’archives auxquels ils tentaient eux-mêmes de rendre un agencement souvent perdu (s’ils n’entendaient pas, moins humblement, les réorganiser à leur manière…), cet autre héros de l’archivistique médiévale a ensuite sombré dans un oubli si profond qu’il nous faut aujourd’hui redécouvrir les exemplaires déjà sondés par nos devanciers, et partir à la recherche de ceux – nombreux à n’en pas douter – qui dorment encore dans les dépôts d’archives, trop souvent mal classés et mal identifiés. Heureusement, quelques travaux pionniers balisent désormais le terrain d’exploration. Le fin décorticage par Olivier Guyotjeannin de la gestion archivistique et des travaux d’inventorisation des moines de Saint-Denis et des administrateurs capétiens fait figure de modèle20, et l’on ne manquera pas de relayer le plaidoyer du même auteur pour l’étude des inventaires de chartriers seigneuriaux21. L’inventaire est naturellement pourvoyeur de deperdita : l’exemple fameux des archives françaises (royales, mais aussi, massivement, princières et seigneuriales, en raison des versements effectués au fil accroissements du domaine) qui ont péri dans le grand incendie de la Chambre des comptes de Paris en 1737, mais dont tous les inventaires ont miraculeusement survécu, est un cas d’école22. Mais il est aussi, et beaucoup plus fondamentalement, source de l’histoire des pratiques archivistiques et lui-même produit essentiel de cette histoire. Une source bien plus ancienne qu’on ne pourrait le croire : les plus vieux inventaires sont contemporains de l’essor des fonds princiers et des premiers cartulaires qui en sont tirés au XIIIe siècle. Gaël Chenard évoque ici-même un inventaire « ouvert » des archives d’Alphonse de Poitiers, commencé dès 1249 et mis à jour jusqu’au début des années 1260. Anne Lemonde revient pour sa part sur l’inventaire des archives des comtés de Vienne et d’Albon dressé en 1277, lequel, fait rare, a bénéficié d’une édition intégrale dans la seconde moitié du XIXe siècle23. Il faut encore ajouter à ces témoins précoces l’inventaire du chartrier des comtes de Namur en 126324. Ces premières expériences en matière d’inventorisation sont exactement contemporaines des récolements effectués par les archivistes capétiens sur le trésor des chartes et d’autres fonds déjà entrés dans les archives royales25. Il faut cependant attendre le XIVe siècle pour voir apparaître des inventaires de chartes qui se rapprochent de notre conception moderne de l’inventaire d’archives, avec une attention portée à l’unité documentaire autant qu’à l’information qu’elle contient, avec aussi un lien mieux établi avec le système de cotation des documents et leur agencement matériel dans la salle des archives. D’un siècle à l’autre, le regard sur le document d’archive se transforme, se fait plus technique, en même temps que l’inventaire devient un monument administratif à part entière, objet possible d’une forme de représentation du pouvoir. Les états du chartrier de Charles de Valois dressés en 1328, finement analysés par Ghislain Brunel et Marie Dejoux, sont encore à cet égard des documents de transition. Pour autant qu’on puisse en juger, l’inventaire du bas Moyen Âge, en dépit de son volume parfois imposant, ne vise pas encore l’exhaustivité. Il peut bien sûr porter sur des portions de fonds, comme celui, étudié et édité par Valeria Van Camp, qui fut réalisé lors d’un déménagement partiel des archives du comté de Hainaut vers 1320. Mais même lorsqu’il embrasse une collection complète, il reste le fruit d’un tri intellectuel plus ou moins drastique, qui met au rebut de la mémoire administrative les pièces jugées « de nulle valeur » ou peut-être défavorables dans la conjoncture du moment. On le voit dans le présent volume avec l’inventaire breton de 1395 étudié par Michael Jones26, avec ceux du duché de Bourgogne commentés par Armando Torres Fauaz, avec le deuxième inventaire delphinal de 1346 analysé par Anne Lemonde, ou encore avec l’inventaire flamand de 1388 survolé par Jean-François Nieus. Il faut attendre les travaux des fonctionnaires de l’Ancien Régime pour voir décrits sans états d’âme particuliers – mais parfois avec paresse, autre ennemi, intemporel celui-là, de l’exhaustivité – des blocs complets d’archives anciennes.
13Cartulaires, inventaires, campagnes d’endossement aussi : les mentions portées au dos des originaux (cotes de classement et/ou analyses), quand elles apparaissent en série synchronique et systématique, constituent un troisième mode de recensement des archives qui, s’il n’a pas donné pas lieu à la production d’un instrument de gestion autonome, n’en constitue pas moins une démarche de même portée que les deux précédentes. Les unes et les autres sont d’ailleurs fréquemment associées, en ce sens que les notes dorsales peuvent devenir des rubriques de cartulaire ou des entrées d’inventaire, et vice-versa. L’étude des campagnes d’endossement importe donc au même titre que celle des inventaires. Concrètement, les marques qui en résultent sont autant de « signatures » qui permettent de relier les originaux à leur fonds d’origine, et donc éventuellement de reconstruire des chartriers dispersés ou mélangés à d’autres ensembles. En Provence, par exemple, à défaut d’inventaire médiéval, les indications anciennes de catalogage seraient, comme l’observe Thierry Pécout, le « seul moyen d’analyse pour entreprendre un jour une hypothèse de reconstitution du chartrier médiéval ». Dans le cas des archives dispersées des comtes de Flandre, cette utilité pratique des notes dorsales est tout aussi évidente, mais leur intérêt va bien au-delà : elles permettent de dater une étape décisive dans l’histoire des archives – celle de leur retrait du chapitre Saint-Donatien à Bruges et de leur prise en main par les officiers comtaux, vers 1248 – et de constater que cette étape s’est accompagnée d’un récolement minutieux des actes, réalisé par le principal responsable de l’administration princière.
14Les différents écrits que nous venons d’évoquer témoignent des efforts déployés par les archivistes médiévaux pour dominer la masse documentaire confiée à leur garde. Ces efforts sont le plus souvent consentis dans des circonstances qui appellent un bilan documentaire. Les cas d’espèce réunis dans ce volume suggèrent que ce ne sont pas des temps de crise, mais au contraire des moments de renouveau qui inspirent la mise en chantier de ces bilans. L’aube d’un principat nouveau, en particulier, insuffle une dynamique positive : l’arrivée au pouvoir de Marguerite de Constantinople en Flandre, celle d’Alphonse de Poitiers en Toulousain (avec le cartulaire improprement dit « de Raymond VII »), la fin de la minorité du dauphin Jean Ier (et non cette étape délicate en tant que telle), l’intronisation de Philippe de Valois en sont quelques exemples éloquents. Loin de tout passéisme, donc, les récolements s’inscrivent dans l’immédiateté d’un agenda politique, répondent à une sollicitation qui, à n’en pas douter, oriente le travail des archivistes. L’inventaire d’archives n’est pas un témoin froid de l’histoire, il en est un intervenant à part entière. C’est ainsi qu’il faut l’étudier.
Notes de bas de page
1 Signalons par exemple l’étude modèle de Sébastien Barret, La mémoire et l’écrit : l’abbaye de Cluny et ses archives (Xe-XVIIIe siècle), Münster, Lit, « Vita regularis. Abhandlungen, 19 », 2004.
2 À titre d’exemple, parmi la production des dix dernières années : Tobias Herrmann, Anfänge kommunaler Schriftlichkeit. Aachen im europäischen Kontext, Siegburg, Franz Schmitt, « Bonner historischer Forschungen, 62 », 2006 ; Archivi e comunità tra Medioevo ed Età moderna, Attilio Bartoli Langeli, Andrea Giorgi, Stefano Moscadelli (éd.), Rome, Ministero per i beni e le attività culturali, « Pubblicazioni degli Archivi di Stato. Saggi, 92 », 2009 ; Pierre Chastang, La ville, le gouvernement et l’écrit à Montpellier (XIIe-XIVe siècle). Essai d’histoire sociale, Paris, Publications de la Sorbonne, 2013. Les travaux relatifs aux villes d’Italie, étudiées sous l’angle des usages de l’écrit depuis la fin des années 1970, sont particulièrement abondants ; certains titres sont mentionnés dans la bibliographie du présent volume.
3 Pour la France : Olivier Guyotjeannin et Yann Potin, « La fabrique de la perpétuité. Le Trésor des chartes et les archives du royaume, XIIIe-XIXe siècle », Revue de synthèse, t. 125 : Fabrique des archives, fabrique de l’histoire, Étienne Anheim et Olivier Poncet (dir.), Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2004, p. 15-44.
4 Le cas du duché de Savoie mérite une mention particulière. Déjà au cœur de l’article fondateur de Peter Rück, « Die Ordnung des herzoglich-savoyischen Archive unter Amadeus VIII. (1398-1451) », dans Archivalische Zeitschrift, t. 67, 1971, p. 11-101 (trad. italienne augmentée : L’ordinamento degli archivi ducali di Savoia sotto Amadeo VIII, 1398-1451, Rome, Ist. Poligrafico e Zecca dello Stato - Archivi di Stato, « Quaderni della Rassegna degli Archivi di Stato, 48 », 1977), les riches archives ducales ont depuis lors été admirablement mises en perspective par Guido Castelnuovo, « Les officiers princiers et le pouvoir de l’écrit : pour une histoire documentaire de la principauté savoyarde, XIIIe-XVe siècle », dans Offices, écrit et papauté (XIIIe- XVIIe siècle), Armand Jamme et Olivier Poncet (éd.), Rome, École française de Rome, « Collection de l’École française de Rome, 386 », 2007, p. 17-46, et, avec Bernard Andenmatten, « Produzione documentaria e conservazione archivistica nel principato sabaudo, XIII-XV secolo », dans Bullettino dell’Istituto storico italiano per il Medio Evo, t. 110, 2008, p. 279-348.
5 Lire à ce propos Joseph Morsel, « En guise d’introduction : les chartriers entre “retour aux sources” et déconstruction des objets historiens », dans Défendre ses droits, construire sa mémoire : les chartriers seigneuriaux, XIIIe-XXIe siècle. Actes du colloque international de Thouars, 8-10 juin 2006, Philippe Contamine et Laurent Vissière (éd.), Paris, Société de l’histoire de France, 2010, p. 9-34.
6 Les chartriers princiers au temps des derniers Capétiens (v. 1250-v. 1330), Arras, 29 septembre 2010 ; Le premier essor des archives princières dans les anciens Pays-Bas (XIIe-XIVe siècles). État des lieux et perspectives de recherche, Bruxelles, 17 décembre 2010.
7 Il faut ici encore évoquer l’exception savoyarde. Les comptabilités bien conservées des châtellenies du duché, entre autres, ont fait l’objet de recherches très poussées : Christian Guilleré et Guido Castelnuovo, « De la comptabilité domaniale à la comptabilité d’État : les comptes de châtellenies savoyards », Écrire, compter, mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, Natacha Coquery, François Menant et Florence Weber (éd.), Paris, Éditions rue d’Ulm, 2006, p. 213-230 ; Christian Guilleré, « Dernières recherches sur les comptes de châtellenies savoyards », Le gouvernement des communautés politiques à la fin du Moyen Âge. Entre puissance et négociation : villes, finances, état. Actes du colloque en l’honneur d’Albert Rigaudière, Corinne Leveleux-Teixeira, Anne Rousselet-Pimon, Pierre Bonin, Florent Garnier (éd.), Paris, Éditions Panthéon-Assas, 2011, p. 333-360.
8 Sur les chambres des comptes, voir les collectifs La France des principautés. Les chambres des comptes, XIVe et XVe siècles. Colloque tenu aux Archives départementales de l’Allier, à Moulins-Yzeure, les 6, 7 et 8 avril 1995, Philippe Contamine et Olivier Mattéoni (dir.), Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1996 ; Les chambres des comptes en France aux XIVe et XVe siècles. Textes et documents, éd. eid., Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1998 ; Contrôler les finances sous l’Ancien Régime : regards d’aujourd’hui sur les chambres des comptes. Colloque des 28, 29 et 30 novembre 2007, Dominique Le Page (dir.), Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 2011.
9 Sur les compétences des chambres en matière d’archives, signalons aussi les études de cas d’Olivier Mattéoni, « La conservation et le classement des archives dans les Chambres des comptes de la principauté bourbonnaise à la fin du Moyen Âge », Les chambres des comptes…, op. cit., p. 65-81 (repris dans id., Institutions et pouvoirs en France, XIVe-XVe siècles, Paris, Picard, « Les médiévistes français, 10 », 2010, p. 170-186), et Jean-Baptiste Santamaria, La chambre des comptes de Lille de 1386 à 1419. Essor, organisation et fonctionnement d’une institution princière, Turnhout, Brepols, « Burgundica, 20 », 2012, p. 363-372.
10 Pour reprendre l’intitulé de G. Castelnuovo, « les officiers princiers… », op. cit.
11 Robert-Henri Bautier, Janine Sornay et collaborateurs, Les sources de l’histoire économique et sociale du Moyen Âge, 5 vol. parus, Paris, Éditions du CNRS, 1968-2001.
12 Voir en dernier lieu Pierre Chastang, « Culture médiévale de l’écrit et cartulaires », Mitificadores del pasado, falsarios de la historia : historia medieval, moderna y de América / XI Jornadas de Estudios Históricos del Departamento de Historia Medieval, Moderna y de América (Vitoria-Gasteiz, 3 al 5 de noviembre de 2009), José Antonio Munita Loinaz (éd.), Bilbao, Universidad del País Vasco, 2012, p. 67-90.
13 Robert-Henri Bautier, « Cartulaires de chancellerie et recueils d’actes des autorités laïques et ecclésiastiques », Les cartulaires. Actes de la table ronde organisée par l’École nationale des Chartes et le G. D. R. 121 du CNRS (Paris 5-7 décembre 1991), Olivier Guyotjeannin, Laurent Morelle et Michel Parisse (éd.), Paris, École nationale des chartes, « Mémoires et documents de l’École des chartes, 39 », 1993, p. 363-377.
14 Theodore Evergates, “Littere baronum” : the earliest cartulary of the Counts of Champagne, Toronto, The Medieval Academy of America, « Medieval Academy books, 107 », 2003 ; id., The cartulary of countess Blanche of Champagne, Toronto, The Medieval Academy of America, « Medieval Academy books », 112, 2009.
15 Xavier Ravier et Benoît Cursente, Le cartulaire de Bigorre (XIe-XIIIe siècle), Paris, CTHS, « Collection de documents inédits sur l’histoire de France », 36, 2005 ; Benoît Cursente, « Le cartulaire comtal de Bigorre. Trois témoins, deux cartulaires », Les cartulaires médiévaux. Écrire et conserver la mémoire du pouvoir, le pouvoir de la mémoire, Véronique Lamazou-Duplan et Eloísa Ramírez Vaquero (dir.), Pau, Presses de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, « Cultures, arts et sociétés, 3 », 2013, p. 145-156.
16 Voir B. Andenmatten et G. Castelnuovo, « Produzione documentaria… », op. cit., p. 283-288, ainsi que B. Andenmatten, La maison de Savoie et la noblesse vaudoise (XIIIe-XIVe s.). Supériorité féodale et autorité princière, Lausanne, Société d’histoire de la Suisse romande, « Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande. 4e série, 8 », 2005, p. 130-133. Pour le cartulaire anglais, non exploité par les auteurs précités : Godfrey R. C. Davis, Medieval cartularies of Great Britain and Ireland, 2e éd. revue par Claire Breay, Julian Harrison et David M. Smith, Londres, 2010, p. 276, no 1316/7.
17 Bar : Jean-François Nieus, « Formes et fonctions des écrits de gestion féodaux, du XIIe au XIVe siècle », Décrire, inventorier, enregistrer entre Seine et Rhin au Moyen Âge. Formes, fonctions et usages des écrits de gestion, Xavier Hermand, J.-F. Nieus et Étienne Renard (éd.), Paris, École nationale des chartes, « Mémoires et documents de l’École des chartes, 92 », 2012, p. 123-163, aux p. 135 et 159-160. – Provence : voir la contribution de Thierry Pécout, ainsi que, du même, « Mémoire de l’État, gestion de la mémoire. À propos de deux cartulaires de la Chambre des comptes de Provence (1278c. 1332) », Memini. Travaux et documents publiés par la Société des études médiévales du Québec, t. 8, 2004, p. 29-58.
18 Bernard Delmaire, « Le premier cartulaire d’Artois et les originaux de la série A des Archives départementales du Pas-de-Calais », Les comtes d’Artois et leurs archives. Histoire, mémoire et pouvoir au Moyen Âge, Alain Provost (éd.), Arras, Artois Presses Université, 2012, p. 33-66.
19 Le Cartulaire dit de Charles II roi de Navarre. El Cartulario llamado de carlos II rey de Navarra, éd. Véronique Lamazou-Duplan, Anne Goulet et Philippe Charon, Pampelune, Principe de Viana, « Corpus documental para la Historia del Reino de Navarra. Sección Códices y cartularios, 1 », 2010. Voir également V. Lamazou-Duplan, « L’édition du “Cartulaire dit de Charles II roi de Navarre” : son inscription dans le paysage historiographique français, perspectives de recherche », Les cartulaires médiévaux…, op. cit., p. 23-42, et Philippe Charon, « “Le cartulaire dit de Charles II de Navarre” et la principauté d’Évreux », ibid., p. 43-55.
20 Olivier Guyotjeannin, « Les méthodes de travail des archivistes du roi de France (fin XIIIe -début XVIe siècle) », Archiv für Diplomatik, t. 42, 1996, p. 295-373 ; id., « La science des archives à Saint-Denis (fin du XIIIe -début du XVIe siècle) », Saint-Denis et la royauté. Études offertes à Bernard Guenée, Françoise Autrand, Claude Gauvard et Jean-Marie Moeglin (éd.), Paris, Publications de la Sorbonne, « Histoire ancienne et médiévale, 59 », 1999, p. 339-353 ; id., « La tradition de l’ombre : les actes sous le regard des archivistes médiévaux (Saint-Denis, XIIe-XVe siècles) », Charters, cartularies and archives : the preservation and transmission of documents in the medieval West. Proceedings of a colloquium of the Commission internationale de diplomatique (Princeton and New York, 16-18 september 1999), Adam J. Kosto and Anders Winroth (éd.), Toronto, University of Toronto Press, « Papers in mediaeval studies, 17 », 2002, p. 81-112.
21 O. Guyotjeannin, « Les chartriers seigneuriaux au miroir de leurs inventaires (France, XVe-XVIIIe siècle) », dans Défendre ses droits, construire sa mémoire…, op. cit., p. 35-50.
22 Léon Mirot, Répertoire critique des anciens inventaires d’archives. Archives nationales. Série P (Chambre des comptes de Paris), Paris, H. Didier, 1931. Exemple d’exploitation : Jean-François Nieus, « Le chartrier des comtes de Saint-Pol au XIIIe siècle : approche d’un fonds disparu », Histoire et archéologie du Pas-de-Calais, t. 21, 2003, p. 11-36.
23 Ulysse Chevalier, Inventaire des archives des Dauphins à Saint-André de Grenoble en 1277, Paris-Lyon, A. Franck, « Documents historiques inédits sur le Dauphiné, 1 », 1869.
24 Pierre Dehove et Jean-François Nieus, « Aux origines de la science princière des archives : le premier chartrier des comtes de Namur et son inventaire de 1263 », BEC, t. 168, 2010, p. 95-149.
25 Voir les travaux déjà cités d’O. Guyojeannin (supra, note 20), ainsi que la contribution de G. Chenard.
26 Inventaire également publié par le même auteur, rappelons-le : Michael Jones, Le premier inventaire du trésor des chartes des ducs de Bretagne (1395). Hervé Le Grant et les origines du “Chronicon Briocense”, Rennes, Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, « Archives historiques de Bretagne », 2007. Voir encore id., « Archives, chancellerie et historiographie dans le duché de Bretagne vers 1400 », “De part et d’autre des Alpes” 2. Chancelleries et chanceliers des princes à la fin du Moyen Âge. Actes de la table ronde de Chambéry, 5 et 6 octobre 2006, Guido Castelnuovo et Olivier Mattéoni (éd.), Chambéry, Université de Savoie, « Sociétés, religions, politiques, 19 », 2011, p. 179-196.
Auteur
Chercheur qualifié du F.R.S.-FNRS à l’Université de Namur – Centre PraME.
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