Dépasser les frontières entre les disciplines
p. 159-160
Texte intégral
1A l’heure du réchauffement climatique, les limites de la technoscience constituent un ensemble de phénomènes connus que la grande crise sanitaire actuelle ne dément pas. Elles confèrent au monde dans lequel nous vivons ce caractère incertain qui invalide l’idée de progrès continu de l’humanité. Comme l’évoquent Gilles Pollet et Jean Vigreux, en 2014 la Commission européenne a proposé de surmonter les difficultés liées aux approches technoscientifiques en organisant ses programmes de recherche autour de sept défis prioritaires où un investissement ciblé en recherche et innovation était supposé avoir un réel impact positif pour le citoyen. Les SHS étaient censément partout mais, de fait, fort peu présentes, comme en témoignent les éléments de bilan du programme Horizon Europe. Cette interdisciplinarité destinée à franchir la frontière entre sciences de la nature, sciences de la matière et de l’ingénieur et sciences humaines et sociales n’a été que peu effective, comme cela était prévisible. Une telle interdisciplinarité correspond en effet à un important changement de paradigme pour l’ensemble des sciences concernées et suppose de repenser la question initiale de la recherche en incluant les dimensions sociales et environnementales. Sur ce point, la réponse « locale » des MSH constitue sans nul doute une piste intéressante pour l’interdisciplinarité qui permet d’aborder, dans le cadre de partenariats inscrits dans le temps, des questions comme celles de l’environnement, du développement durable, de l’énergie, de la santé et de la prévention, de l’éducation, etc.
2Comme le montre Claude Didry, ce soutien politique à l’interdisciplinarité a plongé dans l’ombre l’interdisciplinarité (dénommée aujourd’hui pluridisciplinarité) qui prévalait au moment de la création des MSH et qui renvoie aux collaborations étroites entre les disciplines de SHS. Pourtant, la pluridisciplinarité reste féconde car elle « représente une propédeutique nécessaire à l’interdisciplinarité pour maintenir, voire renouer, l’"inscription" des SHS dans la cité et les "territoires", avec le souci de produire une forme de réflexivité tant pour le pouvoir que pour la vie sociale ».
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