Des structures et des métiers
p. 107-110
Texte intégral
1Si les principes fondateurs énoncés dans la Charte des MSH ont bien servi de riche socle théorique à leur développement, comme en témoignent les contributions de la première partie, ils ont aussi présidé aux choix de l’organisation concrète des Maisons et de leur fonctionnement.
2Ainsi, l’effort de structuration du dispositif engagé à l’orée des années 2000 a pris une double forme : la création en 1999 et à l’initiative du MESR du Réseau national des Maison des Sciences de l’Homme qui allait aboutir en 2006 à la mise en place d’un Groupement d’intérêt scientifique (GIS RnMSH) ; la rédaction en 2000 de la charte à laquelle devait adhérer chaque Maison. Toutefois, l’ambition intellectuelle du projet s’est longtemps accommodée d’une grande disparité de formes juridiques des MSH sur le territoire, le principal étant alors que toutes les Maisons œuvrent à une transformation dynamique et partagée des sciences humaines et sociales.
3Aujourd’hui la presque totalité des Maisons des Sciences de l’Homme a un statut d’Unité d’Appui et de Recherche (UAR)1, ce qui permet théoriquement à une MSH : (1) de mener une réelle politique scientifique, (2) de porter des projets de recherche inter-laboratoires interdisciplinaires (inter-SHS et/ou intersectoriels) soutenus par des crédits de recherche régionaux, nationaux ou internationaux, (3) de proposer un ensemble de services et d’outils aux communautés SHS présentes sur les sites concernés. Cette homogénéisation des structures2, impulsée par le CNRS et actée en 2019, s’est inscrite dans le prolongement des choix initiaux, avec d’une part l’établissement d’une nouvelle convention pour le GIS Réseau des MSH et d’autre part la rédaction d’une charte intégrant les nouvelles missions des Maisons notamment en matière d’infrastructures.
4Plus précise que la précédente, la convention du GIS articule plusieurs instances : une instance institutionnelle d’échanges stratégiques associant les tutelles universitaires des MSH et l’InSHS (le Comité des partenaires) ; un comité directeur regroupant l’ensemble des responsables des MSH qui disposent ainsi d’une arène pour faciliter le dialogue entre les sites et avec les infrastructures nationales (cette instance favorise également le développement conjoint des compétences des personnels d’appui à la recherche) ; un conseil scientifique international garant du bon usage du label MSH. Comme le montre Jean-Pierre Gaudin3 dans sa contribution, le rôle du conseil scientifique du Réseau est à plusieurs facettes. Outre la production d’avis auprès du conseil des tutelles, il est investi dans la valorisation des actions mises en œuvre par les MSH. La présence de nombreux collègues étrangers lui permet de discuter des avancées des MSH à l’aune de comparaisons internationales.
5Chaque MSH fait l’objet d’une convention spécifique entre les tutelles (universités et CNRS) qui précise les objectifs scientifiques et les moyens alloués par les différentes institutions. Les MSH s’investissent de manière différenciée dans quatre grandes missions :
- Mission de déploiement-relai : les MSH doivent déployer et ancrer territorialement les dispositifs nationaux que sont (i) les Très Grandes Infrastructures de Recherche en SHS, (ii) les actions coordonnées de valorisation, (iii) les actions nationales en faveur de l’information scientifique.
- Mission de mutualisation : les MSH doivent être en mesure de proposer des services mutualisés d’appui à la recherche à l’ensemble des unités de recherche qu’elles couvrent, CNRS et universitaires. Au-delà des économies d’échelle, la mutualisation encourage des solutions hyper-compatibles qui favorisent l’échange (interopérabilité des données) et le décloisonnement.
- Mission d’incubation : les MSH doivent s’organiser autour d’une logique de transversalité par rapport aux unités, en capacité de cristalliser des initiatives de recherche qui alimentent le cœur scientifique des unités sans pour autant se situer à l’intérieur de celui-ci. Les MSH doivent en particulier constituer des dispositifs de soutien aux projets interdisciplinaires portés par les jeunes chercheurs et organiser éventuellement les formations nécessaires.
- Mission de fédération : deux types d’actions peuvent être envisagés. Le premier consiste à fédérer des unités d’un site pour un projet particulier, en vue d’atteindre un poids scientifique suffisant pour légitimer un leadership national et une visibilité internationale. La MSH exerce alors un rôle de coordinateur pour le projet dont le périmètre et les objectifs doivent être clairement précisés. Le deuxième type d’action, lié à la mise en œuvre de la politique de site, conduit à proposer que les MSH jouent un rôle important dans l’animation et la structuration de la communauté scientifique SHS du site.
Chaque MSH est accompagnée par un conseil scientifique international qui, comme l’écrit Pierre Rouillard, a toujours été un élément majeur destiné à « ouvrir aux échanges internationaux, enrichir la vie scientifique, faire vivre un espace propre à la réflexion stratégique et à éviter les localismes en étant force de proposition pour les établissements ».
6Ces missions dans leur diversité et par leurs dimensions novatrices techniquement très pointues exigent de disposer d’un ensemble de personnels aux compétences variées et complémentaires. Comme le soulignent Myriam Danon-Szmydt et Cécilia Mendes « la collaboration étroite entre techniciens, ingénieurs et chercheurs, chacun contribuant avec son expertise et son expérience, enrichie par le regard de l’autre, est indispensable à la réussite de cette ambitieuse et exaltante feuille de route. » Mais, pour des profils polyvalents comme pour des institutions qui restent nouvelles vingt ans après leur création, le chemin de la reconnaissance n’est pas toujours simple.
Notes de bas de page
1 La MSH de Bordeaux devrait disposer de ce statut au cours de l’année 2021.
2 Il convient de noter que l’homogénéisation des structures ne correspond pas à une homogénéisation des moyens, ces derniers pouvant varier considérablement d’une MSH à l’autre comme en témoignent les pages ci-après, tant en termes de nombre de personnels que de surfaces allouées à la MSH ce qui ne permet pas à toutes les MSH du territoire d’assurer l’ensemble des missions.
3 Actuel président du conseil scientifique du réseau des MSH.
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